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SOCIOLOGIE

GENERALE

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1) INTRODUCTION

But de la sociologie : répondre à « Pourquoi ce changement/phénomène social ? »

è La socio peut comprendre la société et ses évolutions

2) HISTORIQUE ET CONCEPTS

2.1) DIFFICULTES A DEFINIR LE PERIMETRE D’ETUDE SOCIOLOGIQUE (ENJEUX DEFINITIONNELS)

Il n’existe pas de définition de la sociologie qui ferait consensus.

Définition générale : - la sociologie est l’étude de la structuration des interactions sociales.

- la sociologie est l’étude scientifique des sociétés humaines et des


faits sociaux.

Objet sociologique hétérogène, mais méthodologie assez homogène => Archives,


observation, entretien, analyse…

- Il y a 3 traditions méthodologiques :

- Herméneutique : interprétation

- Positiviste : on doit pouvoir prouver empiriquement ce qu’on conclut

- Radicale : au service de l’activité politique

2.2) HISTORIQUE

Emergence au 19ème

- Abbé Sieyès est le premier à parler de sociologie

- Comte (19ème) reprend le terme : sociologie = science de la société

- Sociologie débouche de :

Révolution Française : début de la démocratie, baisse de l’importance de la situation sociale

=> L’ordre social est remis en question

Révolution industrielle (urbanisation, début du salariat)

=> La socialisation et les relations sociales sont remises en question

Révolution intellectuelle (on dépasse la superstition, l’homme est au centre)

=> La valeur de l’individu est remise en question

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La Sociologie doit alors servir à :

- Décrire les nouvelles formes du vivre ensemble

- Imaginer de nouvelles formes collectives

è COMMENT LA SOCIETE FONCTIONNE-T-ELLE ?

2 systèmes de relations sociales de Durkheim

- Mécanique : pas d’individualité (système religieux)

- Organique : individualité (système industriel)

L’institutionnalisation de la sociologie (fin 19ème)

Weber, Durkheim et Kant sont les trois piliers fondateurs. Ils portent la sociologie comme une science
empirique.

Années 50 : associations professionnelles de sociologues.

Années 60 et 70 : expansion scientifique (étudiants, chercheurs)

Années 80 : nouveaux sujets modernes (études sur le genre)

Années 90 : la sociologie s’intéresse au global

2.3) OBJETS DE LA SOCIOLOGIE

L’objet du sociologue est d’emblée familier, car c’est l’expérience des gens ordinaires, dans la vie de tous les
jours. => Le sociologue doit donc suspendre son jugement.

Mais alors, la sociologie est-elle réellement légitime ? Le sociologue occupe lui-même une place dans la
société, en quoi ses analyses seraient-elles plus juste que celle des autres ?

è « Le danger sociologique » de Bronner et Géhin : certains sociologues préfèrent l’idéologie utilitaire


à l’argumentation scientifique.

Cela dit, la sociologie utilise des méthodes et une démarche scientifique. (vs Idéologie)

è La sociologie nous permet de remettre en question le fonctionnement d’un système et de le changer

Spinoza : si l’on comprend ce qui nous détermine, on peut changer les choses.

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Les principales composantes étudiées

1. Le lien social => Comment former une famille, un groupe, une société ?

2. La régulation sociale => Règles, normes, valeurs qui structurent la société. D’où viennent-elles et de qi ?

3. Structures sociales => Deux types de stratification :

- Horizontale

- Verticale

4. Le conflit social => Mouvements au sein d’une même société

5. Le changement social => Pourquoi une société change-t-elle ?

3) LA DEMARCHE SOCIOLOGIQUE : DURKHEIM ET LE SUICIDE

3.1) DURKHEIM

19ème siècle. Sociologue français, il a clarifié comment faire une analyse sociologique.

3.2) LE SUICIDE SELON DURKHEIM

L’ouvrage apparaît dans un moment où l’on veut professionnaliser la sociologie. Il est célèbre notamment pour
la clarté du raisonnement sociologique.

« L’étude du suicide s’inscrit dans un souci d’affiner la réflexion théorique en la confrontant aux faits
empiriques. Cela constitue un cas exemplaire de la démarche sociologique. »

Structure du livre :

- Introduction : définition de l’objet

- 1ère partie : les facteurs extra sociaux du suicide

- 2ème partie : les causes sociales et types sociaux

- 3ème partie : les solutions pour diminuer le taux de suicide

Etape n.1 de la démarche : se distancer des prénotions de l’objet

Durkheim commence par démontrer que le suicide n’est pas un acte intime, mais un fait social. Il réfute les
explications psychologiques, météorologiques et héréditaires.

èLe suicide est de dimension sociale, car ses taux sont réguliers au niveau des sociétés.

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Régularités statistiques affectant le taux de suicide

Durkheim mesure l’effet de telle ou telle variable sur le taux de suicides.

- Régularité des écarts entre pays

- Régularité des taux à travers le temps

- Relation entre rythmes sociaux et taux de suicide : le suicide se commet plus souvent de jour et en début de
semaine.

- Relations entre caractéristiques individuelles et taux de suicide :

- Age : taux croit avec l’âge

- Sexe : taux plus fort chez les hommes

- Lieu : taux plus fort en ville

- Etat civil : taux plus fort chez les célibataires

è Le suicide est un fait social : les individus sont influencés par la dimension sociale dans laquelle ils sont
imprégnés inconsciemment. Le fait social est une contrainte, ce sont des manières d’agir, de penser, qui sont
extérieurs à l’individu.

Interprétation 1 : l’intégration. Le suicide varie en fonction du degré d’intégration de l’individu dans un groupe
social.

è Intégré lorsque croyances communes, interactions et buts communs.

Interprétation 2 : la régulation. Le suicide varie en fonction du degré de régulation de l’individu dans un


groupe social.

è Régulé lorsque hiérarchie sociale, passions modérées et ordre social légitime.

3.3) TYPES DE SUICIDES

Principe de l’analyse durkheimienne : chaque déficience dans le processus de socialisation détermine un type
de suicide.

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3.4) DURKHEIM DEROGE A SES PROPRES PRINCIPES

Pour lui, le mariage est très bien pour les hommes, car il permet de réguler leurs désirs sexuels infinis. Mais ce
n’est pas le cas des femmes, qui n’ont pas autant de désirs et qui subissent du coup une réglementation inutile.

3.5) LE SUICIDE DANS L’EUROPE DU 20 E M E

- Les pauvres et les villageois sont plus touchés

- Les plus vieux sont toujours les plus touchés

- Le mariage protège toujours les hommes du suicide

- Baudelot & Establet ont remarqué que, lorsque l’on a modifié les horaires scolaires dans les années 70, les
femmes se suicidaient moins parce qu’elles étaient avec leurs enfants à la maison plus souvent.

4) LA COMPLEMENTARITE DES METHODES EN SOCIOLOGIE

Rappel :

- Les travaux de Durkheim et de Weber ont permis l’indépendance de la discipline de la sociologie.


- La constitution de la sociologie en tant que science passe par la définition d’une démarche qui précise
aussi bien son objet que sa méthode
- Le métier de sociologue consiste à comprendre et, dans une certaine mesure, à expliquer le monde
qui l’entoure et la nature des phénomènes sociaux, tels qu’ils sont (démarche d’objectivité)

4.1) SIGNIFICATION DES METHODES EN SOCIOLOGIE

La démarche : elle pose les cadres généraux de l’approche sociologique.

Les méthodes et les techniques : ce sont les outils pour réaliser les étapes de la démarche.

Les deux pôles de la sociologie n’ont pas les mêmes méthodes

Sciences sociales Sciences humaines

- Méthodes quantitatives (statistiques) - Méthodes qualitatives (entretiens, observations)

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Les sociologues n’ont pas les mêmes buts

Sociologie explicative Sociologie compréhensive

- Déterministe (les individus sont déterminés par - Explication des raisons des acteurs
leur contexte social)

Les 3 grandes étapes de la recherche sociologique

1. Approche descriptive : description du phénomène étudié

2. Approche compréhensive : on veut comprendre l’action individuelle de l’intérieur. On va alors


étudier l’expérience personnelle/sociale, les objectifs de la personne => Afin de comprendre
son action. è Ex : Weber, « L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme ».

è Ex : les travaux interactionnistes, la méthode biographique

3. Explication : lorsque le chercheur a une hypothèse et des variables. Il va tenter de mesurer le


poids de tel variable sur un phénomène, afin de l’expliquer.

è Ces trois approches étudient toutes un objet sociologique, mais pas avec les mêmes méthodes et le même
but.

Les méthodes d’enquête sociologiques et leurs champs privilégiés

- Méthode quantitatives : outils de recherche quantitatives (questionnaires, sondages)

- Méthodes qualitatives : techniques qualitatives donc forte immersion (observation, entretiens, analyse
documentaire)

=> Observation participante vs non-participante

=> Entretiens directifs, semi-directifs ou libres

Approche descriptive Approche compréhensive

- Méthode quantitative - Méthode qualitative

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4.2) BOURDIEU ET L’UTILISATION DES METHODES QUANTITATIVES ET QUALITATIVES

Bourdieu est l’exemple du sociologue qui utilise des méthodes à la fois quantitatives et qualitatives.

4.2.1) Bourdieu le « quantitativiste » : Les Héritiers

Dans « Les Héritiers », Bourdieu veut montrer que la reproduction sociale (l’individu hérite des attributs
sociaux de ses parents) passe par l’école.

=> Il utilise des méthodes quantitatives => Des statistiques

Résultats

è Les statistiques montrent que l’école reproduit les inégalités sociales de départ.

è Selon Bourdieu, les enfants de haute classe partent déjà avec un avantage culturel, ils sont donc meilleurs
que les enfants de basse classe, qui s’adaptent moins bien au système scolaire. L’école fait croire aux moins
aisés que leur échec n’est dû qu’à eux-mêmes. (Violence symbolique)

4.2.2) Bourdieu le « qualitativiste » : La Misère du monde

Bourdieu s’intéresse ici à la violence sociale et à la violence symbolique de l’école et de la société. Il passe des
entretiens avec des personnes de classes dominées et intermédiaires. Le but de son livre est de dénoncer les
effets de la mondialisation sur les classes sociales du bas de l’échelle.

Le problème dans cette étude, c’est que Bourdieu ne respecte pas les règles sociologiques, c’est-à-dire la
construction préalable de l’objet, de l’hypothèse, de la neutralité et de l’analyse approfondie.

4.2.3) Bourdieu et la complémentarité des méthodes : La Distinction

Dans « La Distinction », Bourdieu s’intéresse aux goûts selon les classes sociales (habits, nourritures).

Les classes sociales se distinguent selon deux dimensions : le capital économique et le capital culturel. Les
styles de vie varient selon ces deux caractéristiques.

=> Les classes dominées ont un faible capital économique et culturel, au contraire des classes dominantes.

4.3) CONCLUSION

Il est très difficile, en sciences sociales, de ne suivre qu’un courant de méthode. Dans chaque objet d’étude, il y
a très souvent un aspect quantitatif et qualitatif.

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5) WEBER ET LA SOCIOLOGIE DU CAPITALISME

5.1) WEBER

19ème, un des fondateurs de la sociologie contemporaine, s’intéresse au sens donné par les individus pour
comprendre les phénomènes sociaux (Bottom-up).

5.2) CLEFS DE LECTURE

Weber étudie la modernité et ses domaines variés. Sa sociologie cible les actions réfléchies des individus.

DURKHEIM WEBER

- Explique le social par le social : HOLISME - Explique le social par l’individu : INDIVIDUALISME

- Faits sociaux - Sens de l’action individuelle

- Modèle causal des sciences

- Individu agit de manière non-rationnelle, contrôlé par son - Individu agit de manière rationnelle, s’adaptant à son
monde social. contexte.

Méthode de Weber

Imputation causale : on se demande ce qui se passerait si on retirait tel élément. La suppression d’une variable
et son résultat permet de cibler quelles variables sont importantes.

Action sociale : Weber se concentre sur l’acteur et non sur la structure du système pour comprendre un
phénomène social. Les individus sont rationnels : ils agissent selon les opportunités et les contraintes de leur
situation. => Ils ne sont pas contrôlés par une force sociale (Durkheim).

Activité communautaire vs activité sociétaire

Idéal type : outil qui permet d’établir les motifs d’une action sociale. => On peut faire la même chose mais dans
des buts différents.

è 4 types d’action :
- L’action rationnelle en finalité à but :
Ex : On aide des personnes handicapées car on veut gagner de l’argent.

- L’action rationnelle en valeur :


Ex : On aide des personnes handicapées car on est fidèle à la valeur d’aider ceux qui en ont
besoin.

- L’action traditionnelle :
Ex : On aide des personnes handicapées car il est une tradition de le faire chaque année.

- L’action affective :
Ex : On aide des personnes handicapées car on y est poussé par nos sentiments (vs action rationnelle
en finalité)

Contrairement à Comte, Weber ne cherche pas à définir des lois sociales universelles. Weber veut expliquer
des phénomènes sociaux relativement à un contexte socio-historique donné.

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5.3) L’ETHIQUE PROTESTANTE ET L’ESPRIT DU CAPITALISME

La question : « Dans quelle mesure les conceptions religieuses ont-elles influencé le comportement
économique des diverses sociétés ? » Plus précisément, il veut comprendre comment les styles de vie
caractéristiques des grandes religions ont favorisé ou non l’émergence de la modernité/ du capitalisme.

Weber, comme Durkheim avec le suicide, applique les règles de la méthode sociologique.

Weber constate trois faits statistiques :

1. Protestants sont au sommet du capitalisme

2. Catholiques sont sous-représentés dans l’éducation secondaire => Etudes + humaines que
techniques

3. Protestants beaucoup plus recrutés que catholiques

Weber veut se distancer des prénotions concernant les protestants et les catholiques. Il réfute l’interprétation
idéologique de Offenbacher : « Les catholiques sont plus tranquilles, veulent moins de profit. »

Démonstration de Weber du lien entre protestantisme et capitalisme

Weber va alors démontrer les liens entre le protestantisme et le capitalisme en trois étapes :

1) Idéal-type du capitalisme : - Concurrence, on saisit les occasions

- Les dépenses ne sont pas pour les petits plaisirs, mais pour pouvoir
dépenser à nouveau. Travail, investissement productif, beaucoup
d’épargne. Augmentation du capital.

2) Principales caractéristiques du protestantisme :

- Calvinisme = doctrine qui dit que les protestants sont élus ou non
au paradis. Pour l’être, les pasteurs recommandent le travail.

- La réussite professionnelle = signe d’élection divine

3) Affinités entre les deux mentalités :

- Calvinisme et protestantisme = travail, modération des désirs personnels,


épargne.

è Le protestantisme est une circonstance favorable à la montée du


capitalisme, on ne peut pas non plus affirmer que c’est la seule
cause.

è Comment en est-on arrivé à là ?

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5.4) AUX ORIGINES DU CAPITALISME

Selon Weber, plusieurs facteurs historico-culturelles ont mené au capitalisme. è Quels sont ces facteurs?

Le processus de rationalisation : avant, il n’y avait pas de séparation entre le naturel et le surnaturel. => La
Terre était donc un monde magique. Les grandes religions mondiales (Bouddhisme, Islam, Judaïsme et
Christianisme) vont introduire cette séparation : il y a le monde des humains et le monde des dieux.

è Cela a favorisé le capitalisme. Ce processus de rationalisation a été graduel, et le protestantisme n’en est
que la dernière étape.

Comment ce processus a-t-il opéré ?

Pour Weber, le capitalisme ne peut être créé que si l’on a un processus de rationalisation, c’est-à-dire un
dépassement de la magie et un dépassement du dualisme éthique.

- Dépassement de la magie : c’est arrêter de croire que les dieux sont parmi nous et que la Terre est magique.
Les figures comme Jésus et Mahomet sont les intermédiaires entre les dieux et les hommes. Ils demandent
l’obéissance des humains aux dieux. => Ce ne sont plus les divinités qui animent directement le monde, la
science et la technique peuvent croître.

- Dépassement du dualisme éthique : dans les sociétés préindustrielles, il y avait un dualisme éthique. C’est-à-
dire une différenciation des codes de conduite entre la communauté religieuse et les personnes extérieures à
cette communauté.

=> Au sein de l’appartenance religieuse : éthique interne. On exclut la poursuite du profit.


Relations fraternelles.

=> A l’extérieur de l’appartenance religieuse : éthique externe. On peut avoir du profit dans les
transactions économiques.

Cela dit, les grandes religions et leur prophétie ne permettent pas toutes le dépassement du dualisme éthique
et de la magie.

Chaque religion a un type de prophétie, qui va permettre ou non de dépasser la magie et le dualisme éthique.

- Prophétie exemplaire : on prescrit un comportement exemplaire qui va seulement aux élites


religieuses. Ne permet pas le dépassement du dualisme éthique et de la magie. (Bouddhisme)

- Prophétie éthique : on a un prophète qui commande le peuple. L’obéissance est un devoir moral
pour accéder au salut dans l’au-delà. Permet le dépassement du dualisme éthique et de la magie.
(Protestantisme)

DEPASSEMENT DU DUALSIME ETHIQUE DEPASSEMENT DE LA MAGIE

JUDAISME NON. Il y a toujours une OUI. Car prophétie éthique avec


communauté juive différenciée Jésus.
du peuple.
CATHOLICISME NON. Il y a toujours une NON. Les traditions et les cultes ne dépassent pas la
communauté catholique différenciée du peuple. magie.

PROTESTANTISME OUI. La distinction entre les OUI. Car le calvinisme élimine le côté magique.
vertueux et les masses disparaissent.

è Le protestantisme est la religion qui pousse le mieux le capitalisme.

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5.5) BECHER ET WORRMANN

Les économies protestantes ont prospéré parce que leur éducation était meilleure. => Martin Luther voulait
justement une meilleure éducation, tous devaient savoir lire la Bible. (Réforme)

5.6) SCHALTEGGER & TORGLER

Reprennent Weber et Becher & Worrmann.

Montrent par des études statistiques que l’éthique de travail protestante est à la fois dû à l’éducation et à la
religion.

5.7) HAYWARD & KEMMELMEIER

Il ne faut pas forcément être un protestant croyant pour avoir une éthique de travail protestante. La culture
protestante de sa situation a déjà une grande influence.

è Pas contradictoires avec Weber.

6) SOCIALISATION

6.1) LE CONCEPT DE SOCIALISATION

Qu’est-ce qu’un fait social ? Avec Durkheim, on avait pu voir que la plupart de nos idées et de nos tendances
n’étaient pas élaborées par nous, mais de notre contexte social, du « dehors ». Ces phénomènes sont des faits
sociaux : on est influencé par quelque chose qui nous dépasse.

è Comment les faits sociaux nous atteignent ? Par la socialisation.

La définition de la socialisation (Darmon) : la socialisation est la façon dont la société forme et transforme les
individus.

=> La socialisation, c’est la transmission de la culture. Les individus intériorisent les valeurs, les normes et les
rôles qui régissent le fonctionnement social.

Deux types de socialisation (Paugam)

- Socialisation manifeste : processus volontaire et explicite de la formation de la personne.

- Socialisation latente : processus involontaire et implicite, l’enfant intériorise les normes.

Deux étapes de la socialisation

- Socialisation primaire : enfance, cadre familial/scolaire

- Socialisation secondaire : âge adulte, cadre amical/professionnel…

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6.2) LES PRINCIPES DU PROCESSUS DE SOCIALISATION

6.2.1) La socialisation chez Durkheim : un processus hypnotique

L’enfant est comme hypnotisé, il ne se rend pas compte que l’adulte inscrit ce qu’il veut sur lui.

L’importance du fait social : le fait social prescrit à l’éducateur la manière d’élever l’enfant.

La reproduction sociale : les éducateurs transmettent ce qu’ils ont eux-mêmes acquis, l’éducation reproduit
donc la société.

Socialisation manifeste ou latente ? Pour Durkheim, la socialisation est plus souvent latente, non
intentionnelle.

6.2.2) La socialisation chez Mead

La socialisation primaire : l’enfant s’identifie émotionnellement à ses proches => Les autruis significatifs.

L’abstraction progressive : les règles mises en place avec ses proches sont généralisées à la société entière.
=> Chaque individu se crée donc son autrui généralisé.

La socialisation secondaire : l’adulte apprend des règles spécifiques à une situation

6.3) LES DIFFERENTES APPROCHES DE LA SOCIALISATION

6.3.1) L’approche fonctionnaliste de Merton

La socialisation a pour fonction d’assigner aux individus leur statut et leur rôle, afin de renforcer la
reconnaissance des individus, l’anticipation de leurs actions. => La société peut alors être ordonnée.

Le statut : la place qu’occupe l’individu

ð Dans les sociétés traditionnelles, les individus avaient des statuts assignés de base
ð Dans les sociétés industrielles, les individus ont la possibilité d’acquérir des statuts différents : les
statuts acquis

Le rôle : l’attitude qu’on attend de l’individu

Cela dit, il peut y avoir une pluralité des rôles et des statuts : source potentielle de conflits, les individus doivent
s’ajuster du mieux possible.

è L’approche fonctionnaliste ne répond pas à la question : « Comment assurer la


socialisation des individus à des devenirs sociaux qui sont largement imprévisibles ? »

è L’approche structuraliste tente, elle, d’y répondre

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6.3.2) L’approche structuraliste

La théorie de l’habitus (Bourdieu) : l’habitus assure la constance des pratiques à travers le temps. Il est déposé
en chaque individu sous la forme de structures mentales.

Par l’habitus, l’individu a certaines pratiques et des représentations précises des classes d’individus.

L’habitus vient de la socialisation primaire, largement latente. L’individu incorpore les conditions sociales et les
expériences enfantines.

En bref, l’habitus est une structure de pensée qui nous sert de lunettes, à travers desquelles on perçoit le
monde social. Entre deux individus de même classe, les lunettes seront assez similaires.

è Concernant le problème de la pluralité des statuts : « Les individus sont socialisés à préférer les devenirs
sociaux auxquels ils sont objectivement destinés. » (Les filles préféreront une orientation scolaire non-
scientifique)

Critique de la théorie de l’habitus

A présent, la famille n’est plus le seul lieu de socialisation. Bien d’autres agents socialisent l’individu (médias,
école, …) => Comment l’individu gère-t-il les contradictions de sa socialisation ?

6.3.3) L’approche dispositionnelle de Lahire

Lahire reprend la théorie de l’habitus de Bourdieu.

Tout individu en socialisation est soumis à des principes multiples, parfois contradictoires.

=> L’individu est donc porteur d’une pluralité de dispositions, qui vont être activées ou pas selon le contexte.
Par ex : si l’on a incorporé plusieurs façons de manger, on va choisir la façon qui convient le
mieux au contexte. (Avec mes parents je mange comme ceci, avec ce groupe asiatique je mange
comme cela, …)

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7) MISE EN COUPLE

7.1) RECUL SUR LES PRENOTIONS

7.1.1) Recul de Kaufmann

Depuis le 20ème siècle, le conjoint n’est plus le choix des parents et on estime que l’amour ignore le contexte
social. => Utopie de l’amour.

Le mariage amoureux, avant impossible, est devenu une norme. De 1910 à 1960, le mariage et l’amour
semblent pouvoir être unis malgré les différences. Mais depuis la fin des années 60, la contradiction réapparait
et le couple est soumis aux caprices des sentiments.

L’utilité de la notion de coup de foudre : l’amour hasardeux, indépendant des caractéristiques sociales de
l’autre, permet de repousser l’idée qu’on aurait pu évaluer le partenaire selon nos intérêts sociaux.

7.2) CLARIFICATION DES MECANISMES A L’ŒUVRE POUR COMPRENDRE LES REGULARITES


STATISTIQUES

L’ouvrage classique : « Le choix du conjoint », de Alain Girard. Il étudie la mise en couple dans l’âge d’or de
1910-1960. Une époque différente de la nôtre, où les rôles sociaux entre les hommes et les femmes sont très
clivés.

Eléments de définition)

- Homogamie = union entre deux individus du même groupe social


- Hétérogamie = union entre deux individus de groupe différent
- Hypergamie = union d’une personne avec quelqu’un de niveau social plus élevé
- Hypogamie = union d’une personne avec quelqu’un de niveau social moins élevé
- Endogamie = union avec quelqu’un de la même origine géographique

7.3) L’AMOUR EST UN PHENOMENE SOCIAL

Statistiques qui montrent l’impact social

En appliquant l’hypothèse de l’« amour aléatoire », on devrait retrouver une homogamie de 17%. Or, en 2006,
les couples homogames sont à 30%.

=> L’homogamie socioprofessionnelle est forte, surtout aux deux extrémités de l’échelle
sociale. (Agriculteurs très homogames)

GRAPHIQUE LIGNE NOIRE è L’amour n’est pas hasardeux.

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3 pistes d’interprétation de l’homogamie

Interprétation probabiliste : il y a beaucoup d’homogamie car deux individus du même groupe social ont plus
de chance de se rencontrer que s’ils n’étaient pas du même groupe.
Ex : les agriculteurs forment une petite communauté, ils ont peu de chance de rencontrer des.
personnes haut placées.

Interprétation culturaliste : il y a beaucoup d’homogamie car deux individus du même groupe social ont les
mêmes habitus, donc les mêmes goûts et pratiques.
Ex : les agriculteurs ont des perceptions semblables du monde et les mêmes centres d’intérêt. Ils ne
« vont pas » avec des personnes haut placées.

Interprétation rationaliste : il y a beaucoup d’homogamie car les individus ont de bonnes raisons de se mettre
avec quelqu’un du même groupe.
Ex : les agriculteurs se mettent ensemble afin d’augmenter leur capital et leur réseau.

è Toutes ces interprétations ne sont pas contradictoires !


è Il n’y a pas que de l’homogamie, il y a des règles de « dissemblance »

La Règle de dissemblance de sexe

Les femmes ont tendance à choisir un homme avec un niveau social au-dessus. =>
C’est de l’hypergamie.
è Pourquoi cette différenciation entre les sexes ?
Parce que les hommes et les femmes ne se vendent pas pareil.
Siegler : les hommes et les femmes ne se vendent pas sur le marché matrimonial de la même façon.
- Hommes = valorisés par argent et travail
- Femmes = valorisées par la beauté et leurs relations
è Plus un homme est riche, plus il cherche un équivalent esthétique chez sa femme. L’inverse pareil.
è Les hommes et les femmes ne cherchent pas la similitude, mais une complémentarité sociale.

La Règle de dissemblance des âges

La femme choisit très souvent un homme plus vieux, et ce dans toutes les époques et cultures.
è Pourquoi cette différentiation d’âge ?
Plusieurs interprétations)
L’autorité masculine : la différence d’âge illustre l’autorité de l’homme
ð Cette interprétation n’est pas valide dans les sociétés modernes d’aujourd’hui
L’échange des capitaux : l’homme et la femme veulent échanger leurs atouts (argent et beauté). Il y a donc un
écart d’âge parce que l’homme est riche lorsqu’il est plus vieux, et la femme est belle lorsqu’elle est jeune.
ð Si tel était le cas, l’écart devrait être de 20 ans. Or, il est en moyenne de 2 ans. L’interprétation est
donc fausse.
Les préférences intériorisées : c’est le passé biographique et la situation sociale qui permettent d’expliquer
l’écart d’âge moyen entre les époux.
ð En effet, les statistiques montrent des constantes. Par exemple, l’écart d’âge se rétrécit à mesure
que la femme vieillit. Plus la femme a d’unions loupées, plus l’écart d’âge rétrécit également.

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La Règle de dissemblance de taille

Les femmes cherchent un homme plus grand qu’elles.

Bozon : « Tout ceci aboutit à des jugements de type moral, psychologique ou intellectuel sur les individus, qui
dessinent, mais de façon indirecte, les oppositions d’un espace social. »

è Les individus sont influencés, dans leurs choix, par leur contexte social.

Synthèse des mécanismes sociaux dans la mise en couple

De l’amour à l’homogamie, il y a en résumé deux facteurs importants dans la mise en couple :

- Cadre de l’interaction : il y a une forte correspondance entre les lieux de rencontre et les
appartenances sociales.
ð Par exemple, les hautes classes sont plus souvent dans des lieux privés.

- Catégories de perception : chaque individu a des normes qui l’influencent dans sa mise en couple

7.4) CONCLUSION

Eviter les interprétations rationnelles

Les individus ne sont pas très rationnels dans leur choix amoureux homogames. Ils sont largement influencés
inconsciemment, par les autres facteurs que l’on a pu observer.

Homogamie

L’homogamie permet la reproduction sociale par des mécanismes qui guident les individus. Il ne faut pas
surestimer l’homogamie => Moins de 50% des couples sont homogames !

Règles de correspondance/dissemblance

Varient historiquement.

è Les mécanismes sociaux du choix (homogamie + règles de dissemblance) du conjoint poussent à


l’association des semblables. Mais les acteurs/individus gardent une certaine liberté.

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8) LE COUPLE DANS LES SOCIETES DE L’INDIVIDUALISME

8.1) PERSPECTIVE SOCIOHISTORIQUE DU COUPLE ET DE LA FAMILLE

8.1.1) La famille traditionnelle (Ariès)

Famille traditionnelle => Fonction économique (X affectif, enfant doit être moral)

8.1.2) La famille moderne (Ariès)

Famille moderne => Fonction affective (Mariage d’amour, enfant à potentiel, limitation de naissances)

Approche sociohistorique : Le passage de la famille traditionnelle à la moderne est associé à une


« sentimentalisation » des relations entre conjoints et générations. La séparation entre ces deux types de
famille commence à se faire au 17ème.

8.2) APPROCHES SOCIOLOGIQUES DE LA CONJUGALITE ET DE LA FAMILLE DANS LES SOCIETES


INDUSTRIELLES

8.2.1) Approche structuro-fonctionnaliste (Parsons)

La famille moderne doit remplir deux fonctions :

1. Socialisation primaire : préparer à la vie économique


=> Fonction instrumentale : on doit avoir des ressources

2. Stabilisation de la personnalité : soutien affectif


=> Fonction expressive : les enfants doivent pouvoir s’intégrer dans la société industrielle

è Selon Zelditch de l’époque, les familles doivent se diviser ces deux fonctions :

- L’homme s’occupe de la fonction instrumentale


- La femme s’occupe de la fonction expressive

Critiques de l’approche structuro-fonctionnaliste de la famille

Cette organisation ne marche pas forcément mieux.

Parsons et Zelditch sont biaisés par leur contexte social américain des années 50. Ils pensent que l’attribution
des rôles stéréotypés est ce qu’il faut, alors que c’est juste ce qui est.

- Ont observé familles des classes moyennes urbaines et ont appliqué ça à tout le monde

- Cette organisation conjugale ne reste pas régulière => Femmes pas forcément leaders affectives car
elles ont commencé à + travailler et donc + de divorces

è Ces critiques sont intéressantes, car elles soulèvent le problème général du fonctionnalisme :
- Il ne permet pas de comprendre l’évolution des choses dans le temps

ð En effet, les fonctionnalistes attribuent aux phénomènes sociaux une fonction, nécessaire à
l’équilibre de la société. Mais lorsque ce phénomène change, comment l’expliquer ?

18
8.2.2) Démarche typologique de Menahem

Typologie des mutations de la famille moderne.

Trois formes d’organisation familiales)

1. La famille patrimoniale : structure hiérarchisée en fonction du patrimoine économique. Le pouvoir est


principalement aux hommes. Spécialisation des tâches.
2. La famille conjugale : différentiation des rôles entre les sexes. Il faut assurer la reproduction de la
force de travail de l’homme salarié. Les hommes ont le pouvoir. Les femmes s’occupent de la maison.
3. La famille associative : indépendance fonctionnelle des conjoints. L’homme et la femme suivent leur
trajectoire individuelle, le couple n’intervient que pour assurer un certain équilibre affectif. C’est un
système très individualiste, où les membres sont associés, mais restent très indépendants les uns des
autres.

è Normalement, on applique notre système familial sur notre propre famille, à moins que nos deux
parents eussent de grandes mésententes. Dans ce cas-là, soit on accentue, soit on réduit fortement notre
ancien système sur notre famille actuelle.

8.3) LES INTERPRETATIONS SOCIOLOGIQUES DES EVOLUTIONS ACTUELLES DES FORMES


FAMILIALES

Comment expliquer l’évolution des relations amoureuses ? Pourquoi y a-t-il plus de séparations de nos jours ?

8.3.1) L’interprétation de Giddens

Les relations intimes ont évolué en 3 étapes :

1. Relations intimes fondées sur des intérêts économiques (-> 18ème)


2. Relations intimes fondées sur le vrai amour, infidélité acceptée chez l’homme mais pas la femme
(18-20ème)
3. Sexualité plastique et amour confluant (Modernité)

La sexualité plastique ?

- La sexualité n’est plus synonyme de reproduction


- Les choix sont beaucoup plus larges, beaucoup plus de liberté
- Idéologie selon laquelle l’amour participe à la construction de soi

è La sexualité plastique/Amour confluent est une idéalisation de l’amour (relation pure).

Selon Giddens, il y a plus de séparations aujourd’hui parce qu’on a plus de possibilité juridique de le faire, mais
également parce qu’on attend trop de cet amour.

8.3.2) L’interprétation de Beck et Beck-Gernsheim

Pour eux, l’évolution des relations amoureuses est très influencée par « la société du risque » dans laquelle
nous vivons.

Par « Société du risque », ils entendent par là que nous vivons de manière très libre. (trop ?)

Avant, le poids des normes et des traditions sur les relations étaient très importants. (Durée de la relation,
tâches différentiées). => A présent, les individus sont tellement libres que les relations intimes sont dans une
constante négociation.

19
Le « chaos normal »

Les individus, libres et individués, cherchent une relation à la fois amoureuse et à la fois qui leur permettent de
rester libre. Une vie de contradictions permanentes, un « chaos normal » selon les Beck.

8.3.3) L’interprétation de Bauman

Les sociétés modernes sont caractérisées par une fluidité croissante des relations interpersonnelles et une
individuation toujours plus forte.

L’amour liquide

Les individus veulent à la fois être libres de s’extraire de relations intimes insatisfaisantes sur le long terme,
tout en étant dans ces relations idéales qui leur procurent sécurité.

=> Contradictions permanentes

8.4) CONCLUSION

TABLEAUX.

Les valeurs individuelles ont beaucoup changé au cours du 20ème siècle. Progressivement, ce sont des qualités
individuelles plutôt que relationnelles qui sont préférées. Cela est dû, de manière générale, à l’individualisation
de la société.

Ce changement a un impact sur les relations intimes. On l’a vu, l’amour conflictuel de notre époque est
caractérisé par les nombreuses contradictions que rencontrent les individus. Ils cherchent à la fois :

- Liberté individuelle
- Amour, affection et sécurité

è Les organisations conjugales et familiales changent avec le temps, sans que les fonctions sociales ne soient
modifiées en profondeur.

è Ces évolutions sont caractérisées par quelque chose de très large.

è Les structures conjugales s’affaiblissent, mais pas forcément les structures familiales.

20
9) LES INEGALITES SCOLAIRES

9.1) L’EDUCATION, DE DURKHEIM A 1950

L’éducation est l’objet principal de la sociologie à l’époque.

Pour Durkheim, l’éducation est une action des adultes sur l’enfant. L’enfant doit développer des
caractéristiques que la société et son milieu social exigent de lui. => L’éducation est un moyen d’ajuster les
jeunes à la société.

Durkheim va beaucoup étudier l’éducation, et il fait l’hypothèse que l’école a un rôle essentiel à jouer dans
notre type de société. Elle est nécessaire dans la socialisation des enfants. Cela dit, l’école reste un problème
majeur d’un point de vue moral.

La dualité de la nature humaine

La dualité humaine : l’homme a une part d’individualité et une part de sociabilité.

=> L’éducation morale est là pour contenir les désirs infinis de l’individu, et le rendre apte à la société. Sans
société, celui-ci ne peut exister.

Triple-objectif de l’éducation

1) Discipline

2) Lier l’individu au collectif social

3) Le respect de la science et de la raison

è Cette conception de l’école comme institution qui intègre et régule la société va marquer son époque.

La 1ère Guerre Mondial, un tournant

La mobilisation des soldats français prouve la force intégrative de l’école.

9.2) LE DEBAT « ECOLE ET EGALITE DES CHANCES » DANS LES ANNEES 60-80

Après la deuxième guerre mondiale, l’école veut être un lieu d’égalité des chances.

A partir des années 60, les faits statistiques sont là : la trajectoire scolaire des jeunes est fortement liée à leur
origine sociale.

è Plusieurs interprétations de ce phénomène social se posent.

Les deux principaux modèles interprétatifs de la traduction des inégalités sociales en inégalités scolaires

1. Le structuralisme génétique, de Pierre Bourdieu


2. L’individualisme méthodologique, de Raymond Boudon

=> Ces deux modèles vont être en forte opposition¨

Ils partent d’un constat commun : il existe des inégalités d’orientation entre les différents niveaux scolaires.

21
9.2.1) BOURDIEU : LES HERITIERS ET LA REPRODUCTION

Résultats

1. Les enfants de cadre supérieur ont beaucoup plus de chance d’aller dans études supérieures.

=> Pourquoi ?

Selon Bourdieu et Passeron, les inégalités économiques ne sont pas suffisantes pour expliquer un tel
phénomène.

Leur hypothèse centrale : l’école participe activement à la production des inégalités

Le fil conducteur :

- Le rôle de l’école est de légitimer les héritiers, et de faire croire aux autres qu’il est légitime qu’ils
soient écartés.
- Les enseignants utilisent des codes de langages qui ne sont pas partagés par tous les groupes sociaux.
Les classes les plus hautes, elles, ont une culture proche de celle de l’école, et sont adaptés à ces
codes.

UN DETOUR PAR BASIL BERNSTEIN – DIFFERENTS CODES

Bernstein complète ce « code » utilisé par l’école, qu’il appelle « code sociolinguistique ». Celui-ci a deux
dimensions :

1. Le code restreint : c’est un ensemble de codes réservé aux « insiders », il crée un sentiment
d’inclusion, d’appartenance à un groupe. Il traduit beaucoup de significations avec peu de mots. Ce
code est utilisé dans toutes les classes sociales. Chez les amis et la famille.
ð Ex : (…) tu vois ce que je veux dire ?

2. Le code élaboré : ce code est utilisé lorsqu’on n’est pas sûr si le savoir est partagé. C’est un code auto-
suffisant, dans le sens où il est plus abstrait que le code restreint. Les phrases sont plus compliquées.

Enfants de milieux modestes Enfants de milieux favorisés

Code restreint Code élaboré

è Bernstein observe que les enfants avec des codes élaborés (milieux favorisés) s’adaptent beaucoup mieux
aux exigences scolaires. Parce que l’école utilise des codes élaborés, base sur l’abstraction et la généralisation.
=> L’école fait de la sélection sociale.

è Quant aux enfants avec des codes restreints, ceux-ci ont plus de peine et peuvent être en échec scolaire. On
sait que l’école récompense les capacités de généralisation plutôt que des capacités créatrices, les enfants de
milieux modestes ont alors plus de peine à assimiler la matière.

22
On revient à Bourdieu

L’école a une double mission :

1. Une fonction d’inculcation visant à légitimer la sélection scolaire


2. Une fonction de perpétuation de structures sociales

Comment s’opère le transfert des structures sociales en structures scolaires ?

Par un habitus de classe/ une promotion scolaire.

- D’une part, l’école prétend évaluer les élèves de manière égale.


- D’autre part, l’école donne un enseignement qui ne convient qu’aux classes les plus élevées.

La violence symbolique : c’est la capacité de faire croire aux enfants que leur place est légitime. Cela entretient
donc les rapports de domination. Les enfants intériorisent leur domination sociale.

ð (En Suisse, les classes moyennes ont 5x plus de chance d’aller au gymnase que les milieux
défavorisés)

è La théorie de la reproduction de Bourdieu représente-elle l’interprétation la plus convaincante des


inégalités scolaires et sociales ?

Contexte de l’opposition Bourdieu vs Boudon

En sociologie, deux grands paradigmes s’affrontent : l’holisme vs l’atomisme/individualisme

L’holisme : la société prime sur l’individu

ð Bourdieu est holiste. Les inégalités scolaires sont dues à la société.

L’atomisme : le sens que les individus donnent à leurs actions priment sur la société

9.2.2) Critiques de la théorie de la reproduction sociale de Bourdieu

La reproduction sociale (Bourdieu) se fait par le biais d’habitus de classes et de la violence symbolique. L’école
utilise des méthodes qui ne conviennent qu’aux classes dominantes, il y a donc une « promotion sociale ». La
violence symbolique, c’est le fait de légitimer cette promotion sociale.

Si cette sélection sociale est aussi légitime, c’est parce qu’elle est invisible aux plus grands nombres. Les classes
dominées acceptent que leurs enfants soient moins bons, comme si c’était normal. Cela encourage encore plus
la reproduction sociale. => Ce qui veut dire que ce n’est pas forcément l’objectif de l’école de créer cette
reproduction sociale, elle utilise surtout les mauvaises méthodes.

23
Les réponses de Bourdieu aux critiques

Pour Bourdieu, qui est très holiste, les individus ont effectivement une perception du monde, mais cette même
perception est influencée par le contexte social. Les individus n’ont donc pas de vrai recul sur la réalité sociale,
et c’est le travail du sociologue de comprendre comment fonctionne la société. La société ne va pas de soi.

9.2.3) LA PERSPECTIVE ACTIONNISTE DE BOUDON

En contradiction avec l holisme de Bourdieu. => Boudon part des mêmes données statistiques que Bourdieu,
mais a une interprétation radicalement différente du phénomène.

Pour Boudon, il est nécessaire qu’il y ait des inégalités de rémunération, mais il n’est pas nécessaire qu’il y ait
des inégalités scolaires. => En quoi les inégalités scolaires peuvent-elles contribuer au fonctionnement social. ¨

Boudon attaque férocement la théorie de la reproduction sociale de Bourdieu, en disant qu’il est insensé
d’affirmer que l’école cherche à perpétuer les inégalités scolaires, alors qu’il n’y a aucune utilité de le faire.

Les deux questions de recherche

A. D’où vient l’inégalité des chances devant l’école ?


B. Est-il pertinent de les corriger ? Jusqu’à quel point et comment ?

Boudon attaque férocement la théorie de la reproduction sociale de Bourdieu, en disant qu’il est insensé
d’affirmer que l’école cherche à perpétuer les inégalités scolaires, alors qu’il n’y a aucune utilité de le faire.

Avant de passer à l’analyse de Boudon, un mot sur l’actionnisme (son approche)

Actionnisme = individualisme méthodologique.

Pendant longtemps, la pensée sociologique française, sous l’influence de Durkheim, était holiste. Les individus
étaient vus comme des marionnettes. Leurs comportements étaient issus de déterminisme sociaux.

Mais dans les années 70, l’actionnisme fait une rupture avec la tradition holiste, en revalorisant l’acteur social.
=> Les phénomènes sociaux sont le produit d’actions individuelles.

En bref : - l’holisme : traite les actions sociales comme produits de la société

- l’actionnisme : traite les actions sociales comme influencées par la


perception que les individus ont de leur situation et du choix qu’ils
effectuent.

Les trois principes de l’actionnisme :

1. Tout phénomène social est le résultat de le comportement individuels


2. Les individus sont très souvent rationnels. Ils ont de bonnes raisons d’agir comme ils le font.
3. Tout phénomène social est l’effet de compositions de comportements individuels.

24
L’analyse de Boudon

Boudon, en actionniste, part du principe que les inégalités sociales partent de choix rationnels des individus. On
parle surtout des éducateurs et de comment ils influencent les enfants, créant ainsi les inégalités.

L’hypothèse de Boudon, c’est que les parents veulent que leur enfant atteigne le même niveau social qu’eux.

Théorie des groupes référentiels : Boudon vérifie son hypothèse.

Il obtient plusieurs résultats :

- Au début de l’école, le milieu a un grand impact sur le niveau scolaire


- A la fin du cycle primaire, les bons élèves des différents milieux vont à peu près tous dans le
secondaire.
- Cependant, lorsque ce sont des élèves moyens, il y a un effet social. Les élèves moyens des milieux
favorisés vont tenter d’aller en secondaire, mais ceux des bas milieux vont préférer arrêter.

Avec deux élèves de niveau faible, mais de milieux sociaux différents, les parcours scolaires ne seront pas du
tout les mêmes. C’est bien là que les inégalités s’opèrent selon Boudon.

Le choix d’orientation dépend de trois choses :


1. Le niveau scolaire
2. Le statut social visé
3. La perception des risques et des coûts

è Selon le milieu social, on va traiter ces trois données différemment. Par exemple, la famille de bourges qui a
un enfant de mauvais niveau va vouloir qu’il ait également un statut de bourge, peu importe les coûts. Donc cet
enfant continuera en secondaire.

Chez Bourdieu, les enfants de classes moyennes étaient dés le départ défavorisés, et avaient donc un moins
bon niveau scolaire. Mais chez Boudon, on voit que ce n’est pas aussi simple que ça. Il y a des élèves de classes
défavorisées qui sont très bons. Ce qui fait qu’il y a des inégalités scolaires, c’est la façon dont les familles
gèrent le niveau et l’orientation de l’enfant.

« Dès que les doutes apparaissent, on décroche plus facilement dans les classes défavorisées. »

ð TABLEAU PARIS GENEVE


ð A Genève, la réussite scolaire détermine plus strictement l’orientation, car il y a moins de liberté
aux familles d’appliquer ses vœux, sources d’inégalités scolaires.

En bref

La cause principale des inégalités scolaires résulte de la combinaison de deux facteurs :

1. Un facteur institutionnel : tout système scolaire a un certain pouvoir d’orienter ou non. Plus l’école
s’occupe de l’orientation elle-même, moins il y aura d’inégalités scolaires.
2. Un facteur psychosociologique : les choix d’orientation sont affectés par la position sociale des
individus.

Solutions :

- Baisser les coûts


- Orienter les élèves avec leurs résultats, afin qu’il n’y ait pas d’interférence
- Donner des choix d’orientation moins engageants pour l’avenir

25
9.3) LES INEGALITES SCOLAIRES III

L’approche de Duru-Bellat

En 1980, on veut dépasser l’opposition Bourdieu vs Boudon (Holisme vs Actionnisme)

ð On s’intéresse à la différentiation des parcours scolaires entre les sexes

Premiers travaux de Duru-Bellat : elle dénonce l’inattention concernant les inégalités de sexe dans le système
scolaire. Il y a un constat de différences mais très peu d’interprétations.

ð Parmi ces faibles interprétations, on a les théories biologisantes sexistes.


ð

Les faits empiriques :

1. Les performances scolaires sont différentiées, mais cela varie beaucoup selon le pays et l’époque.

ð Différences sexuées d’aptitude scolaire : filles ont meilleure scolarité mais sont moins bonnes en
maths/science. Tentatives d’explication :

Tentatives d’explication :

- Théorie neurobiologique : FAUSSE


- Théorie des interactions prof/élève :

o Evaluation des comportements des élèves :


o Il y a un habitus scolaire sexué (Bourdieu) : à l’école obligatoire, les filles doivent être
conformistes et passives, mais cela est critiqué en études supérieures. Les garçons, eux, sont
plus créatifs et originaux.
o Interactions en classe : les garçons sont plus valorisés.

o Exigences pédagogiques :
o Les profs ont tendance à voir ce qu’ils s’attendent à voir (garçons bons en maths, filles
bonnes en français)
o Quand les filles réussissent : c’est grâce à leur travail
o Quand les garçons réussissent : c’est grâce à leur intelligence, c’est naturel. S’ils échouent,
c’est parce qu’ils n’ont pas fait assez d’efforts.

è Ces comportements et cette structure de perception est inconsciente, mais les effets sont bien réels.

2. A résultats égaux, les taux de poursuite des études varient selon le sexe

=> L’orientation des garçons et des filles n’a pas de rapport direct avec leur niveau dans les matières.

Tentatives d’explication :

- Théorie actionniste :
o Les filles n’osent pas se mettre dans des filières sélectives, à moins qu’elles soient très fortes.

26
3. Les choix d’orientation varient selon le sexe

=> Il y a des filières presque 100% masculines (maths, science)

Tentatives d’explication :

- Théorie actionniste :
o Les filles excluent des filières, qui sont considérées comme masculines.
Pourquoi ?
Parce que les filles anticipent qu’elles auront peu de chance de réussir et peu de chance de
bien trouver un travail ensuite.
Parce que les filles recherchent un statut moins élevé que les garçons.

4. Les diplômes scolaires des filles sont moins rentables

=> Entre garçons et filles à qualification égale, les emplois sont moins bons chez les filles.

=> Lorsque les filles osent faire quelque chose d’atypique, elles peuvent être cadres plus
facilement que les garçons.

=> C’est également le cas pour les garçons dans des filières féminines, ils s’en sortent mieux que
les filles dans cette même filière, mais surtout les filles en général.

Paradigme explicatif de Duru-Bellat

=> Comme Boudon : Les filles ont des bonnes raisons de se comporter comme elles le font.

Hypothèse de départ : le choix d’orientation des filles et de leur famille = des solutions de compromis, avant
d’avoir une carrière compatible avec la famille.

1. Approche structuraliste : les habitus de sexe influencent les individus.


2. Approche actionniste : les filles et leurs familles sont rationnels, ils font les choix qui leur paraissent le
meilleur possible dans leur contexte.

è Pour Duru-Bellat, le choix scolaire des individus est déterminé par des stratégies qui prévoient le bénéfice
de tel ou tel choix.

CONCLUSION

Le système scolaire n’est pas responsable directement des inégalités de genre, l’école est influencée par les
attentes sociales globales.

27
10. LES APPROCHES SOCIOLOGIQUES DU TRAVAIL I

10.1) LE TRAVAIL, C’EST QUOI ?

Travail = Toute activité humaine productrice de valeurs

- Rémunérées, non-rémunérées ou créatrices => La frontière entre travail et hors travail est parfois
floue => Tout dépend du contexte social et des rapports sociaux

Définitions du travail à travers le temps :

- Moyen-Age : travail = punition de Dieu


- 18ème : travail = pénible
ð Puis, le travail prend une connotation plus positive (Weber et l’Ethique protestante)
- Capitalisme : travail = salariat
ð Le vrai travail, c’est quand il produit de l’argent. Cette définition masque les autres activités
productrices de valeurs (travail domestique, bénévolat)
- 1970 : Montée du chômage => Le travail est synonyme d’intégration sociale

è Au fur à mesure de l’histoire, le travail a été valorisé et a une valeur centrale (Castel). Ca ne fut pas toujours
le cas. Les sociologues s’interrogent encore maintenant du bienfait de cette centralité du travail.

10.2) UN DEBAT : LA CENTRALITE DU TRAVAIL

10.2.1) L’analyse de Castel

Robert Castel : a travaillé sur la centralité du travail. Il analyse en détail ce qu’il appelle la « société salariale ».

- Le salariat est devenu la voie d’accès la plus directe à un ensemble de protections contre les risques de vie
quotidienne.

Comment en est-on arrivé à la société salariale ?

- Dans l’ère préindustrielle :

- Salariat = vendre sa force de travail

- Travail = Situation incertaine, misérable

- Première révolution industrielle :

- Modification de l’organisation sociale du travail => Séparation avec la vie quotidienne

- La relation salariale devient le statut majoritaire

- 20ème à Années 60 :

- Salariat = mécanisme d’intégration sociale

- Depuis les crises des années 60 :

- Montée du chômage, il faut distinguer les bons des mauvais pauvres.

28
Les conditions qui ont permis la création de la société salariale
1. Distinguer les actifs et les mauvais pauvres
2. Séparation du travail et de la vie quotidienne
3. Consommation de masse
4. Emergence du droit de travail qui fait que le travailleur a un statut social

è Avec ces conditions, le salariat n’est plus un travail indigne

Si le salariat est synonyme d’intégration sociale, quid des non-travailleurs ?

Les non-travailleurs sont aidés par leur politique sociale nationale. On distingue les trois formes d’Esping
Anderson :

1. Social-démocrate
2. Traditionnel
3. Libéral

Dans le système libéral, le salariat est très important pour être intégré socialement. Mais dans le système
traditionnel, une femme peut être intégrée par le biais du mariage, sans le salariat. Aujourd’hui, le salariat
reste très important.

Le taux d’intégration dans la société salariale dépend de deux dimensions :


1. La place dans la division du travail
2. La participation aux réseaux de sociabilité

Ainsi, on peut être soit dans une forme sociale :


- D’intégration : les deux dimensions sont validées
- De désaffiliation : absence d’emploi et isolement relationnel
- De vulnérabilité sociale : forme intermédiaire, instable.

è Pour faire face contre le chômage, et donc la forme de désaffiliation, Castel ne voit pas un changement de
société. On ne peut remplacer la société salariale, mais on peut la renforcer :

Deux ordres soutenant la société salariale :

- L’ordre contractuel : un accord entre individus autonomes (contrat de travail)


- L’ordre statutaire : un ensemble de droits et de protections liés au travail

è Le renforcement de ces deux ordres peut être une protection contre le chômage et l’individualisme, qui
menacent la cohésion sociale.

Conclusion intermédiaire sur Castel

Castel montre à quel point la valeur du travail a changé depuis l’ère préindustrielle jusqu’à aujourd’hui.

- Au début, le salariat était synonyme de précarité et de vulnérabilité


- Depuis le milieu du 20ème, le salariat est synonyme de protection, parce qu’il était rattaché à une
protection collective.

è En une phrase, Castel défend la nécessaire centralité du travail dans l’intégration sociale des individus, mais
ce n’est pas le cas de tous les sociologues.

29
10.2.2) L’analyse de Méda : le travail est une valeur en voie de disparition

Pour Méda, le travail est trop central et source d’exclusion sociale.

Le caractère contradictoire du travail : à la fois source de richesse, d’identité et de protection.

La solution de Méda : il faut remettre le travail à sa place, ce n’est pas à lui d’être la source de réalisation de
soi. Les protections ne devraient pas non plus venir du travail, ce fut déjà le cas auparavant, notamment avec
les femmes mariées. Méda propose une autre forme de contrat social, qui permettrait aux individus d’être
moins dépendants du travail => Au final, meilleure cohésion sociale.

10.2.3) La place du travail dans les identités (Méda, Garner, Senik)

Question de recherche : le travail est-il bon ou mauvais pour soi-même ?

ð Résultat : le travail est essentiel, mais pas prioritaire. (Questionnaires)


Le travail est 2ème, loin derrière la famille. L’importance du travail augmente quand même avec
l’âge.

Synthèse intermédiaire

Les sociologues sont d’accord pour dire que le salariat a un rôle majeur dans la cohésion des sociétés actuelles.
Mais la société salariale se fissure sous l’influence de la mondialisation et de la dérégulation progressive du
marché du travail.

ð Globalisation du marché : les entreprises peuvent échapper aux Etats et contourner les droits de
travail, ce qui crée une insécurité des salariés.
ð Augmentation de la concurrence

è Castel : il faut améliorer la société salariale avec des politiques publiques de lutte contre le chômage.
è Madé : la société salariale est dépassée dans notre contexte de mondialisation, il faut une autre forme
d’organisation sociale, en décentralisa

10.2.4) Ulrich Beck

Première modernité : marché du travail organisé selon économie nationale. Femmes exclues. Modèle du male
bread winner. Bourgeois vs Ouvriers.
=> Transition entre première et deuxième modernité = crise du travail
=> Pourquoi la fin ? A cause de l’individuation, intégration progressive de toute la population.

Deuxième modernité : moins de stabilité sociale, risques globalisés, les normes anciennes sont déchues et
laissent place à un doute persistant. Insécurité générale.
ð Contrairement à Castel, Beck ne pense pas que l’on puisse sauver cette société du travail. Il est
plutôt d’accord avec Méda. Il propose un contrôle du marché.

10.3) CONCLUSION

Le travail fait mal car les individus y sont trop dépendants, vu qu’il est source d’identité, de protection et de
ressources.

30
11) SOCIOLOGIE DU TRAVAIL II

Plan :

1. Débat : centralité du travail


2. Approfondir : rôle des groupes professionnels dans la société => Différentes perspectives théoriques

11.1) FOCALE SUR LE ROLE DES GROUPES PROFESSIONNELS (SOCIETE INDUSTRIELLE)

11.1.1) Les trois propositions structurantes (Dubar et Tripier)

Premier ouvrage de synthèse francophone sur la sociologie du travail.

Trois propositions structurantes :

- Le développement et l’organisation des professions sont au cœur des sociétés modernes


- Elles assurent une fonction essentielle : la cohésion et la moralisation du système social
- Elles représentent une alternative à la domination capitaliste concurrentielle

11.2) LA PLACE DES PROFESSIONS SELON DURKHEIM (FONCTIONNALISME)

Question : Durkheim s’interroge sur la cohésion sociale. Il s’inquiète des conséquences de l’individualisme et de
la misère ouvrière.

Proposition : dans ce contexte d’individualisation, on est en train de perdre les groupes sociaux intermédiaires
entre l’individu et l’Etat. Durkheim propose de compenser ce manque par les groupes professionnels.

Groupes professionnels : peuvent contenir les égoïsmes individuels et entretenir la cohésion sociale. Ils
garantissent à tous des droits de travail et des relations sociales.

ð Pourquoi c’est important ? Parce que la famille n’assure plus son rôle de régulateur social, et
parce que religion/l’Etat perdent leur contrôle sur l’individu. (Individualisation générale)
ð Les professions doivent assurer le processus de socialisation secondaire de l’intégration sociale
des individus. Nécessaire car l’école est insuffisante dans l’intégration totale de l’individu.

11.3) L’APPROCHE FONCTIONNALISTE DE TALCOTT PARSONS

Peu de prolongement de la pensée de Durkheim en Europe mais Parsons reprend son idée au 20ème siècle.

Parsons : héritier de Durkheim. Insiste sur la place importante des professions dans la civilisation moderne
occidentale. Il y a 4 types de profession (médecine, technologie, droit, enseignement).

Traits communs des professions :

1. Les professionnels se distinguent des entrepreneurs, car ils font leur travail de manière
désintéressée.
2. Le professionnel a un champ de compétences limité, le client ne doit lui faire confiance que dans
ce champ.
3. Le professionnel a une neutralité affective.
4. Le professionnel s’oriente vers la collectivité plutôt que pour le profit égoïste.

31
Les fonctions des relations professionnelles :

La relation thérapeutique entre le médecin et le patient illustre l’activité professionnelle. Il y a une


structuration des rôles sociaux.

- Le rôle du patient :
o Ne pas travailler
o Être aidé
o Doit vouloir aller mieux
o Coopérer avec un médecin
è La structure du rôle du malade est complémentaire à celle du médecin :

- Le rôle du médecin :
o L’aider à guérir
o Tout faire pour y arriver
o Coopérer
è Il y a une réciprocité des rôles

L’influence des travaux de Parsons


Inspire de nombreuses recherches américaines sur « Comment le professionnel acquiert son statut ? ».

11.4) L’APPROCHE FONCTIONNALISTE DE MERTON

Fait partie de ces recherches sur les processus par lesquels le professionnel acquiert son statut. Merton analyse
des étudiants en médecine.

Institutionnalisation de la médecine :
- Fonctions manifestes : sélectionner les meilleurs
- Fonctions latentes : orienter les étudiants dans les différentes spécialités médicales, pourvues de
degrés de prestige et de statuts différents.

Processus d’institutionnalisation : pour qu’une profession soit constituée, il faut qu’il y ait une filière de
formation spécifique + universitaire. Dans une approche fonctionnaliste, la filière de sa profession est
nécessaire.

è La formation sert à reproduire des règles professionnelles, cette reproduction est justifiée par des savoirs
scientifiques.

11.5) CONCLUSION SUR L’APPROCHE FONCTIONNALISTE DU PROFESSIONNEL

Fonctionnalisme : pour qu’il y ait la reconnaissance d’une activité professionnelle, il faut qu’il y ait une
institutionnalisation de la formation. Le moment universitaire est une phase clé.

ð L’approche fonctionnaliste juge ce qui peut être ou ne pas être une profession.

Les fonctionnalistes accordent donc un grand rôle à l’Etat, car c’est d’eux que partent la reconnaissance d’une
profession. L’Etat définit les frontières des compétences par l’université.

è Cela va être critiqué par les interactionnistes.

32
12) SOCIOLOGIE DU TRAVAIL III

Plan

1. Les groupes professionnels – Approches interactionnistes


2. La division sexuelle du travail

12.1) LES APPROCHES INTERACTIONNISTES DES GROUPES PROFESSIONNELS

Les interactionnistes de l’Ecole de Chicago critiquent l’approche fonctionnaliste des groupes professionnels.

Critique du fonctionnalisme (Everett Hughes) : les problèmes rencontrés par les hommes dans leur travail sont
les mêmes. Les fonctionnalistes prennent des métiers par rapport à d’autres. Pour les interactionnistes, il faut
prendre l’ensemble des métiers en considération.

Le point de vue interactionniste de toutes les activités de travail :

Dans toutes les activités de travail, on a :

- Des processus biographiques (intérêts subjectifs individuels)


- Des interactions dynamiques avec les autres activités de travail

è Les fonctionnalistes insistent sur le rôle des professionnels dans l’organisation sociale. VS Les
interactionnistes insistent sur l’activité professionnelle comme un accomplissement de soi. Le travail est une
activité identitaire.

La centralité du travail : les interactionnistes pensent que le travail est nécessaire à l’individu. Ici, les
interactionnistes suivent l’idée de Durkheim comme quoi les groupes professionnels sont nécessaires à la vie
saine de l’individu.

Synthèse de l’approche interactionniste par Dubar et Tripier


1. Logique de clôture : Les groupes professionnels se forment des clôtures, se protègent de la
concurrence. C’est le résultat des interactions internes.
2. Processus biographique : l’activité professionnelle est un processus biographique, une construction
d’identité.
3. Relations d’interdépendance : la dynamique d’un groupe professionnel dépend des trajectoires
biographiques.
4. Recherche de reconnaissance : les groupes professionnels cherchent à se faire reconnaître par les
autres.

Quatre moments du processus de socialisation professionnelle selon Hughes


ð Comment se fabrique un médecin ?
1. On se sépare de la culture profane
2. On prend les « lunettes » du médecin, on perçoit le monde comme un médecin
3. Dédoublement de soi : les étudiants doivent vivre avec le côté profane et le côté professionnels.
4. Gestion des dilemnes identitaires

Fonctionnalisme vs Interactionnisme : pour les fonctionnalistes, une profession est logiquement légitime du fait
de son rôle social. Les interactionnistes, eux, s’interrogent sur le processus de cette légitimité. Ils fondent leur
analyse sur les acteurs et les actions banales du quotidien.

33
Les concepts clés de l’approche interactionniste des groupes professionnels

Licence et mandate : tout métier a une autorisation et une mission que d’autres n’ont pas

Carrière : tout groupe pro offre des parcours biographiques

Segments professionnels : pour les fonctionnalistes => Stabilité

Pour les interactionnistes => Conflits d’intérêts

Mondes sociaux : tout groupe pro a un univers cognitif interne

Ordre négocié (de Strauss) : développement des mondes sociaux, mélange d’intérêts individuels et de
négociations collectives.

12.2) LA DIVISION SEXUELLE DU TRAVAIL


Les formes de travail des femmes et des hommes varient selon le temps et l’espace.
Pour comprendre la division sexuelle du travail, il faut s’intéresser à trois pôles.
- Etat, Marché du travail et Normes familiales

3 modèles de contrat de genre

1. Modèle du « male bread winner »


Il y a une spécialisation des sexes en fonction des sphères d’activité : l’homme = dans le publique, femme =
dans le privé.
2. Dual breadwinner
Les activités sont partagées à part égales entre les sexes. Les activités sont toujours attribuées aux femmes,
mais rémunérées par la collectivité et non plus gratuites.
3. Modified male bread winner
Les femmes travaillent mais à temps partiel. Elles sont toujours prioritaires aux activités domestiques.

Les différentes formes d’activité féminine


COURBES
è Comme on peut le voir, les pays européens n’ont pas la même division sexuelle du travail. Le travail à temps
plein/partiel varie selon le pays.

Le travail à temps plein et à temps partiel

En Suisse : taux de femmes à temps partiel très élevé. Il est présent surtout lorsque les femmes ont des enfants
à charge.

Pourquoi est-ce particulièrement le cas en Suisse et moins dans les autres pays ?

è Les politiques publiques incitent les femmes au travail à temps partiel par des dispositifs fiscaux et des
lourds tarifs des crèches.

è Les femmes au foyer, c’est aussi à cause d’une stratégie rationnelle : lorsque les revenus du couple sont
différents, un des deux partenaires doit moins travailler pour une meilleure rentabilité des journées supp.

La rentabilité des journées supp. dépend des caractéristiques de la femme et du revenu de son conjoint :
inégalités entre femmes.

34
13) MIGRATION & INTEGRATION SOCIALE

13.1) LES CONCEPTS SOCIOLOGIQUES DE LA MIGRATION ET DE L’INTEGRATION SOCIALE

La migration urbaine a beaucoup intéressé les sociologues.

L’étude de la migration des polonais en villes américaines (Thomas & Znaniecki) :

Les migrants polonais ont beaucoup de peine à s’adapter, et sont pour la plupart en mauvaise santé.

=> Dans leur analyse, les sociologues ont étudié le sens que les acteurs attribuaient à leurs actions. =>
Sociologie compréhensive, comme Weber

è Thomas a fortement contribué à changer l’image qu’on avait des immigrés. L’état mental des immigrés
n’était pas lié à un problème psychologique, mais à un problème de désorganisation et de réorganisation
sociale.

Organisation et désorganisation sociale : l’organisation sociale est un ensemble de règles qui l’emportent sur
les intérêts individuels. La désorganisation sociale, elle, est le contraire : les règles ont moins de force, il y a une
plus grosse individualisation. Les individus sont confrontés à une anomie générale.

è Dans le cas de l’étude, les polonais sont en pleine désorganisation sociale, mais PAS PARCE QU’IL ONT
EMMIGRE ! L’émigration est le résultat d’une désorganisation sociale.

La réorganisation : construction d’une société américano-polonaise, qui permet une meilleure assimilation des
générations futures. Pour maintenir cet équilibre, il faut maintenir des traditions polonaises.

Le cycle des relations ethniques chez Park

S’inspire du processus de désorganisation – réorganisation chez les immigrants.

Park distingue 4 étapes :

- Compétition => Répartition des migrants dans la division du travail


- Conflit => Les conflits créent une solidarité au sein des groupes minoritaires et donc d’avoir une force
politique
- Adaptation => Les groupes migrants s’ajustent aux conditions créées par les conflits
- Assimilation => Les différences entre les groupes sont estompées, personnalité de l’individu se
transforme.

è L’assimilation est un phénomène de groupe, mais cela est freiné par les préjugés de la population.

Les concepts complémentaires de la génération suivante de sociologues américains

- L’acculturation (Frazier) : l’individu acquiert la culture du pays d’installation


- L’assimilation : processus qui englobe l’acculturation, mais suppose surtout que l’individu a intégré les
valeurs du nouveau pays
- L’amalgame : processus ultime de l’intégration d’un groupe immigré : ce groupe n’est plus considéré
comme immigré mais comme faisant partie de la nation.

35
13.2) LES JEUNES ISSUS DE FRANCE/ALLEMAGNE
è Pourquoi n’y a-t-il pas d’émeutes urbaines des immigrés en Allemagne ? (Loch)
è Comprendre les différences de contextes sociaux et leur importance
è Illustre la démarche comparative en sociologie

FRANCE ALLEMAGNE
- Emeutes régulières - Violences entre jeunes
- Initiées par une jeunesse multiethnique, - Conflits intergroupes
d’origine maghrébine. - Peu de visibilité
- Violences contre l’Etat
- Forte visibilité médiatique

Comment expliquer de telles différences ?

INTEGRATION SOCIALE
FRANCE ALLEMAGNE
- Bonne intégration scolaire - Mauvaise intégration scolaire
- Taux de chômage élevé - Taux de chômage faible

SEGREGATION SPACIALE
FRANCE ALLEMAGNE
- Forte concentration des populations - Faible concentration des populations
migrantes migrantes

POLITIQUES D’ASSIMILATION
FRANCE ALLEMAGNE
- Forte politique d’assimilation : les migrants - Faible politique d’assimilation, tolérance du
doivent devenir français. « multiculturel ».

RAPPORTS AU PAYS D’ORIGINE


FRANCE ALLEMAGNE
- Peu de structures assurant la diversité - De nombreuses structures intermédiaires
culturelle conçues pour la diversité culturelle
- Rupture radicale avec les valeurs culturelles - Liens étroits avec valeurs du pays d’origine.
du pays d’origine

è De manière générale, les immigrants en France sont frustrés, c’est la frustration relative : il y a un écart
entre leurs attentes et la réalité perçue.

On le voit, les immigrés en France sont « sur-intégrés », par exemple dans l’école. De manière officielle, ils sont
français, mais en réalité, il n’est pas si aisé d’intégrer une autre culture. Ils n’ont pas les mêmes privilèges que
les français. Tout cela cause une frustration et, donc, des conflits.

36
14) DEVIANCE & CRIMINALITE

Plan

1. Quelques éléments de définition


a. Déviance
b. Criminalité
2. Les approches fonctionnalistes
a. Durkheim
b. Merton
3. Les approches interactionnistes
a. Becker
4. Les approches structuralistes
a. Stuart Hall

La sociologie s’intéresse à la déviance et à la criminalité urbaine car elle survient en conséquence du grand
changement de la société.

En essayant de comprendre le phénomène de criminalité, la sociologie est accusée d’excuser les délinquants.
=> « La culture de l’excuse ». Lahire va défendre la sociologie, en rappelant que ces critiques avantagent les
vainqueurs de la compétition sociale.

14.1) QUELQUES ELEMENTS DE DEFINITION

La déviance : c’est la non-conformité à un ensemble de normes acceptées par la majorité de la population. =>
Comportement déviant n’enfreint pas forcément la loi.

La criminalité : c’est un comportement hors-normes qui est sanctionné par la justice.

è Attention, un comportement est vu déviant ou criminel selon le contexte…

L’analyse sociologique de la déviance et de la criminalité

1. Définition des normes : définir quelles sont les normes qui régissent les comportements sociaux
(postulat de Durkheim : la transgression d’une norme = sanction)
2. Portée des normes : déterminer à quel point les normes sont-elles adoptées ou non par la population
3. Sanction légale : identifier les normes dont la transgression implique une sanction légale (=> crimes,
délits)

La société impose des sanctions :

- Sanctions formelles : réaction des autorités


- Sanctions informelles : réaction de l’entourage immédiat

è Les individus sont confrontés à des normes contradictoires, ils doivent donc faire des choix

è Quels sont les groupes qui ont le pouvoir d’imposer des sanctions formelles ?

37
14.2) LES APPROCHES FONCTIONNALISTES DE LA DEVIANCE + CRIMINALITE (DURKHEIM)

La déviance existe parce que la société peine à maintenir une bonne régulation sociale.

Comportement déviant : trop grand décalage entre les objectifs de l’individu et ses chances d’y parvenir. (cf.
immigrés en France, frustration relative)

ð Cela renvoie au concept d’anomie : les envies de l’individu ne sont pas assez contenues par la
régulation sociale.

La déviance est nécessaire

Les deux fonctions de la déviance :

1. Fonction adaptative : la déviance permet de s’adapter à des situations nouvelles.


2. Mobilisation collective : la déviance suscite une réaction, on se mobilise pour ce qui est juste et ce qui
ne l’est pas. (Passage d’une mauvaise loi : la population se mobilise contre elle) è La déviance peut
donc, paradoxalement, renforcer la cohésion sociale

La déviance est inévitable

Les sociétés modernes actuelles ne peuvent imposer des règles communes à l’ensemble de ces membres,
tellement que les individus se sont diversifiés avec l’individualisation.

è Comme pour le suicide, la déviance n’est pas un comportement psychologique, mais une conséquence d’un
contexte social.

14.3) L’APPROCHE FONCTIONNALISTE DE MERTON

Inspiré de Durkheim. Insiste sur les tensions qui pèsent sur les individus quand les normes sociales dominantes
entrent en conflit avec la réalité sociale.

è Merton développe une explication sociologique des comportements criminels.

Dans les années 50 aux USA : la norme dominante est la réussite matérielle individuelle, par le travail et
l’autodiscipline. Cette capacité de réussir est dite équiprobable, « tout le monde peut réussir ».

Tensions

Norme de réussite matérielle (norme dominante) vs la réalité des groupes sociaux désavantagés, qui ont peu
de chances de réussir.

è Ces groupes doivent réussir alors qu’ils ont peu de chance de le faire. Il est nécessaire de réussir pour
l’intégration sociale.

è La déviance et la criminalité est le résultat de cette haute tension : ces groupes mobilisent des moyens
illégaux pour, au final, se conformer à la norme dominante.

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Typologie de 5 réactions

- Les conformistes : majoritaires, reconnaissent les normes et les moyens institutionnels pour y arriver.
Continuent de croire à la réussite peu probable.
- Les innovateurs : reconnaissent les normes, mais mobilisent des moyens illégitimes.
- Les ritualistes : copient le comportement normatif mais oublient le but.
- Les retranchés : sont en marge de la société, ont d’autres modes de vie, ne veulent pas atteindre les
normes.
- Les rebelles : n’acceptent pas les normes, mais se distinguent par le fait qu’ils veulent imposer les
leurs. Contrairement aux autres, leur réussite serait un changement de normes.
è La typologie de Merton permet de comprendre que la criminalité ne baisse pas forcément en fonction de la
richesse de la société.

14.4) L’APPROCHE INTERACTIONNISTE

Les interactionnistes cherchent à comprendre les mécanismes qui font que des groupes ou pratiques sont
définis comme « déviants ».

L’outil conceptuel principal : la théorie de l’étiquetage (Becker)


Certains groupes sociaux ont la possibilité d’imposer des normes aux autres. Ces groupes ont un « pouvoir
légitime ». C’est bien le processus d’étiquetage qui crée les catégories de déviance.
Comment mettons-nous une étiquette de « mauvais comportement » ?
- Selon le comportement
- Selon la catégorie sociale de l’individu => Grosse différence avec les fonctionnalistes, qui restaient sur
le simple comportement
è On interprète un comportement pas seulement par son acte lui-même, mais par l’individu et ses
caractéristiques. C’est ça poser une étiquette.

La déviance selon les interactionnistes : la déviance est déterminée par la manière dont les individus se
perçoivent (interactions).

Lemert : comment les individus s’auto-étiquettent-ils ?


Dans la déviance primaire, l’individu a un comportement qui transgresse les normes, mais cela passe inaperçu
au quotidien. Ces actes sont donc normalisés.

Dans la déviance secondaire, les actes de l’individus sont jugés déviants, l’individu est dans une culture de la
déviance. Il s’auto-étiquette lui-même. Il est coupé du monde social. Il va alors ajuster son comportement,
c’est-à-dire fréquenter d’autres « étiquetés ».
è La déviance secondaire augmente la déviance (ex : prison).

39
14.5) L’APPROCHE STRUCTURALISTE

Les structuralistes veulent comprendre comment les règles sont définies et mises en place. (Comme les
interactionnistes)

Perspective de « nouvelle criminologie » => se distingue des approches fonctionnalistes et interactionnistes.

La déviance selon structuralistes : pas seulement le résultat d’un processus d’étiquetage ou d’une tentative
d’intégration sociale. C’est une forme active de résistance à l’égard des injustices du système social
(capitaliste).

L’analyse de Stuart Hall

Stuart Hall : montre que les groupes marginaux de la société (cf. banlieues de Castel) sont des boucs émissaires.
En effet, la peur de ces groupes masque le vrai problème : les inégalités.

è La théorie structuraliste est celle de l’interactionnisme, mais plus poussé.

Les processus d’étiquetage reflètent des rapports de pouvoir inégaux :

1. Le système juridique est orienté en faveur des groupes privilégiés. (Par ex : la fraude est bcp moins
criminalisée que le marché de la drogue)
2. La non-conformité à la légalité est une stratégie de résistance contre les inégalités.

è La structure de notre société fait que nous criminalisons les individus avec la mauvaise étiquette, mais nous
invisibilisons les individus avec l’étiquette de pouvoir.

15) LA SOCIOLOGIE DU GENRE

Plan :

1. Le genre : un concept aux multiples facettes


2. Le genre comme construction sociale de la différence des sexes
3. Le genre comme principe organisateur de la vie sociale
4. Le genre comme rapport de pouvoir
5. Imbriqué à d’autres rapports de pouvoir

Les questions sur le genre :

- Les débats sur l’innée et l’acquis è Le déterminisme biologique


- Comment le genre s’impose ? Par des structures ou des interactions ? è La socialisation
- Le pouvoir masculin est-il légitime ? è Les inégalités
- Les inégalités de genre sont-elles en train de se réduire ? è Les mouvements féministes

15.1) LE GENRE COMME CONCEPT BIOLOGIQUE (APPROCHE ESSENTIALISTE)

- Un concept de bi-catégorisation entre les sexes : représentations différentes rattachées au masculin et au


féminin.

Il y a des dimensions qui différentient les sexes : le statut, le pouvoir, les ressources, les caractéristiques
psychologiques. => Un concept contesté

40
15.2) LE GENRE COMME CONSTRUCTION SOCIALE DE LA DIFFERENCE DES SEXES (APPROCHE
ANTI-ESSENTIALISTE)

- La différence hommes/femmes est socialement construite, et pas biologique.

« On ne naît pas femme, on le devient » Simone de Beauvoir.

ð Mise en avant de l’apprentissage des comportements genrés (via socialisation)

- Théorie de Touraille : les hommes sont plus grands à cause d’une certaine organisation sociale sur des
millénaires. => La taille est le fruit d’une construction sociale plutôt que biologique.

15.3) LE GENRE COMME PRINCIPE ORGANISATEUR DE LA VIE SOCIALE

La différentiation des deux sexes se fait pour un but : l’organisation sociale.

De nos jours, le droit ne fait pas de différentiation de genre, mais ce n’est pas le cas dans les faits…

15.4) LE GENRE COMME RAPPORT DE POUVOIR

La différentiation de genre illustre un rapport de pouvoir asymétrique.

Cela a des conséquences :

- Au niveau du travail : écart salarial, travail féminin moins reconnu


- Au niveau de la représentation sociale : sous-représentation politique des femmes
- Au niveau des violences physiques : hommes violents avec les femmes

Le genre est ce que nous faisons plutôt que ce que nous sommes.

15.5) LE GENRE COMME RAPPORT DE POUVOIR IMBRIQUE A D’AUTRES RAPPORTS DE POUVOIR

Les rapports de domination liés au genre sont liés à d’autres rapports de pouvoir qui sont présents dans la
société en général. => Les rapports de genre sont en relation avec d’autres rapports de domination.

ð Rapport de Genre/Classe/Race

Comment fonctionne cette articulation entre ces rapports ?

Le concept d’intersectionnalité de Crenshaw

Inspiré du Black Feminism aux USA : ce mouvement a été influencé par la lutte des Noirs.

è Les trois rapports se croisent et s’influencent l’un l’autre.

15.6) CONCLUSION

La sociologie du genre permet de rendre compte du système et des mécanismes qui produisent et reproduisent
les inégalités entre hommes et femmes (+ envers les minorités sexuelles).

41
LES PARADIGMES DE LA SOCIOLOGIE

Les paradigmes sont des manières de percevoir la réalité sociale. Les sociologues peuvent étudier le même
objet, mais pas la même explication de celui-ci.

Depuis 1960, la plupart des sociologues adhèrent tout de même aux idées de Merton, qui dit que la sociologie
doit :

1. Produire des interprétations qu’on peut prouver avec des données empiriques.
2. Produire des interprétations suffisamment généralisables pour expliquer un phénomène social.

LE POLE DETERMINISTE :

Regroupe le fonctionnalisme et le structuralisme.

Leur 2 propositions :

- Tout fait social ne s’explique QUE par la société


- L’individu « subit » une force sociale extérieure

L’individu est agi par des faits sociaux, fait social = extériorité + contraintes.

16) LE FONCTIONNALISME

Trois postulats :

1. Fonctionnalisme universel : tout a un sens ou une fonction.


2. Unité fonctionnelle de la société : tout est lié ensemble.
3. Chaque élément est nécessaire au fonctionnement de la société.

Le fonctionnalisme explique les phénomènes sociaux par leur finalité.

ð S’il y a de l’homogamie, c’est dans le but de perpétuer les statuts sociaux.


ð Comparaison de la société avec le corps humain et ses organes : chaque organe a une fonction à
assurer.
ð Modèle harmonieux de la société
ð Toute fonction est nécessaire au maintien de l’équilibre du système social

Critiques du fonctionnalisme :

- Le fonctionnalisme ne permet pas de penser le changement social

42
Le structuro-fonctionnalisme de Parsons
C’est la réaction aux critiques. Le structuro-fonctionnalisme est la forme « assouplie » du fonctionnalisme.

- Incarné par Merton et Parsons.

- L’action sociale de Parsons : ce sont les normes qui expliquent en majorité l’action sociale.

Les quatre fonctions essentielles du système social :


1. La socialisation
2. L’intégration
3. La réalisation des buts
4. L’adaptation

- Les acteurs sont motivés selon une tendance à rechercher un optimum de satisfaction.
- Les acteurs ont des rôles, la culture prescrit ces rôles.
- L’acteur a quand même des types de choix possibles. (Affectivité vs neutralité, individuel vs collectif, …)

Les critiques au structuro-fonctionnalisme de Parsons :


1. La légitimation de l’ordre établi) Parsons ne s’interroge pas sur l’origine des valeurs dominantes. Il y a
tel fait social pour le bénéfice la société, on ne remet pas beaucoup en question l’ordre établi. Parsons
laisse penser que tout ordre existant est légitime, voire nécessaire. => Parsons part du principe que tel
fait est bien.
2. Le statisme) On ne prête pas assez attention au changement social.
3. L’ethnocentrisme & évolutionnisme) Confondre ce qui est avec ce qui doit être. (cf. la société
américaine des années 50 comme exemple)
4. Le caractère non vérifiable et l’abstraction théorique)
5. La sous-estimation du libre arbitraire individuel)

Le fonctionnalisme de moyenne portée de Merton


Dans la lignée de Parsons, critique le surplus d’abstrait.
=> Merton crée sa propre théorie avec des concepts clés :
- Un seul élément peut avoir plusieurs fonctions
- Il peut y avoir de la dysfonction d’un élément, qui va gêner le fonctionnement social
- Fonctions manifestes et latentes

- Contrairement à Parsons, Merton pense que la société est organisée selon des besoins, mais on peut les
combler par PLUSIEURS MANIERES, pas seulement avec une. (Par ex : la quête de normes peut être comblée
notamment par la déviance, mais pas que.)

-La mobilité sociale : le fonctionnaliste de base penserait qu’un individu reste à sa place sociale, qu’il ne peut
bouger, pour des questions d’organisation sociale. Merton pense qu’il est possible pour un individu de
s’identifier aux valeurs d’un groupe dans lequel il veut s’intégrer.

-Les tensions de relations est là pour réajuster le système social.

Conclusion
A retenir :
o Le fonctionnalisme pense que la société assure une cohésion sociale
o La société préexiste les individus
o La société est composée de groupes sociaux qui sont nécessaires au bon fonctionnement de
l’ensemble du système

43
17) LE STRUCTURALISME

Plan :

1. L’influence marxiste sur la pensée sociologique structuraliste


2. Du marxisme aux structuralismes sociologiques
3. L’héritage conceptuel de Bourdieu : le structuralisme génétique
4. La démarche de Bourdieu : l’analogie économique
5. Conclusion

- Importance particulière du structuralisme dans les années 60-80 en France.


- Marx : un des fondateurs du structuralisme sociologique
- Années 50 : anthropologie structurale de Lévi-Strauss.
- Principe important dans le structuralisme, l’holisme :la société est une totalité (et pas la somme
d’individus) régie par des règles structurelles de base.

17.1) L’INFLUENCE MARXISTE SUR LA PENSEE SOCIOLOGIQUE STRUCTURALISTE

La lutte des classes = moteur de l’histoire et du changement social.

Les représentations individuelles sont données par l’organisation matérielle de la société.

Marx : « Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c’est au contraire leur
existence sociale qui détermine leur conscience. »

è La sociologie de Marx est déterministe radicale. (Par ex : la place occupée dans la division du travail
nous donne une vision de la vie, cette vision nous pousse à une certaine conscience et à un certain
comportement)

è La structure sociale a un grand impact sur les idées et les valeurs des individus : pour
Marx, les idées dominantes d’une époque étaient celles de la classe dominante.

La structure de la société selon Marx :

17.2) DU MARXISME AUX STRUCTURALISMES EN SOCIOLOGIE

Les principes fondamentaux du matérialisme historique qui sont encore présents chez les structuralistes :

1. Les structures sociales existent en dehors des consciences individuelles


2. Ces structures sont traversées de conflits

è Très important car illustre la différence entre le structuralisme et l’actionnisme.

- Bourdieu est la figure principale du structuralisme des années 60.

44
Postulats de l’analyse structurale :

1. La cohérence nécessaire des éléments


2. L’existence d’une structure sociale, dont la finalité/fonction n’a pas d’importance
3. La primauté de la société sur l’individu, celui-ci est influencé et motivé par quelque chose qui le
dépasse.

è Une démarche est structuraliste lorsque l’auteur s’intéresse aux structures cachées et donne la primauté à
la société.

Il y a des structures universelles : selon Lévi-Strauss, il y a toujours eu des structures empêchant l’inceste.

Conclusion intermédiaire

Peu importe de savoir ce que les individus pensent de ce qu’ils font : leurs actes sont déterminés par des
structures sociales qui leur sont inconscientes.

17.3) L’HERITAGE CONCEPTUEL DE BOURDIEU : LE STRUCTURALISME GENETIQUE

Même si Bourdieu est un héritier du structuralisme francophone, il cherche tout de même à s’éloigner des
principes déterministes originels.

ð Bourdieu, en structuraliste, pense que la société prime sur les individus. Mais il s’intéresse quand
même à l’intentionnalité des individus/acteurs sociaux. C’est la raison pour laquelle il est qualifié
de « poststructuraliste ».

Héritage du Big 3 de la Socio

Bourdieu est influencé par les trois dieux de la sociologie : Durkheim, Weber et Marx. Il retient des principes de
ces auteurs, tout en constituant une perspective qui lui est propre.

Héritage de Durkheim : Bourdieu veut transformer la sociologie en science. Il est donc très attentif à la
« démarche sociologique ».

Héritage de Marx : hérite de la perspective de conflit social perpétuel. Les analyses de Bourdieu montrent les
rapports de force inégaux entre les classes (cf. les inégalités scolaires qui, selon lui, sont dues à la promotion
des hautes classes par l’école).

Héritage de Weber : mais contrairement à Marx, Bourdieu s’intéresse plus au sens que les individus donnent à
leur pratique.

ð Mais ces mêmes pratiques sont quand même bien déterminées par la position sociale de
l’individu.

Le structuralisme génétique

Développé par Piaget et Goldman dans les années 50. C’est une démarche scientifique qui étudie le réel
comme un système organisé avec les relations.

Chez Bourdieu : il veut à la fois une construction théorique et des données empiriques. Il insiste sur les
caractéristiques objectives des individus et sur la genèse des perceptions/institutions.

45
17.4) LA DEMARCHE DE BOURDIEU : L’ANALOGIE ECONOMIQUE (MARCHE)

D’après Bourdieu, le sociologue voit des logiques sociales qui échappent à la perception des individus.

La société est un espace divisé en marchés spécifiques de capitaux. Il y a des capitaux économiques, culturels,
sociaux et symboliques.

- Le capital économique : ensemble de facteurs de production et de biens économiques. Marx pensait


que les rapports sociaux étaient uniquement régis par les capitaux économiques (des classes), mais
Bourdieu ne pense pas.
- Le capital culturel : ensemble de qualifications intellectuelles.
- Le capital social : c’est l’ensemble des relations sociales.
- Le capital symbolique : biens symboliques comme l’honneur, le prestige, la réputation…

è Dans chaque champ, on retrouve une lutte entre les dominants, qui ont bcp de capital, et les dominés, qui
tentent de convertir leur capital spécifique en autre capital, afin d’être à niveau.

ð Par ex : dans la haute couture, les groupes dominés, qui n’ont pas du tout le même niveau que les
groupes dominants, tentent d’imposer un certain capital, c’est-à-dire d’autres critères
d’excellence. => Cette couture est rayonnante, drôle vs cette couture est traditionnelle, luxueuse
(groupe dominant). => Le groupe dominé avance d’autres arguments, étant donné qu’il n’a pas le
même capital économique ou culturel que le dominant.

L’habitus : c’est la perception que les individus ont de leur réalité sociale. La théorie de l’habitus permet de
dépasser le débat « Primat de la société vs Primat de l’individu » : l’individu a un certain libre arbitre mais a des
perceptions similaires aux autres de son groupe, ce qui explique pourquoi on voit les mêmes comportements
sociaux.

17.5) CONCLUSION

- Le structuralisme est influencé par les théories marxistes.

- Le structuralisme génétique de Bourdieu est une construction théorique et empirique influencée par le
structuralisme et le marxisme mais qui s’en différencie.

46
18) L’ACTIONNISME/L’INDIVIDUALISME

Plan :

1. Les principes de l’actionnisme


2. La filiation wébérienne
3. L’actionnisme de Raymond Boudon
4. Critiques du paradigme actionniste

18.1) LES PRINCIPES DE L’ACTIONNISME

L’actionnisme est contre l’essentialisme et l’holisme, qui surestiment le pouvoir de la société sur les
comportements et les idées des individus.

18.2) LA FILIATION WEBERIENNE

Le paradigme actionniste découle de Weber. Celui-ci apporte des caractéristiques uniques :

- La façon d’interpréter les phénomènes sociaux


- La modernité

Durkheim et Marx VERSUS Weber : ceux-ci voyaient les structures sociales et les normes sociales s’imposer aux
individus. Weber, au contraire, a une approche individualiste. Il pense que les phénomènes sociaux doivent
être analysés à partir des pratiques et des représentations individuelles qui les produisent.

è Weber accord bcp d’intérêt au comportement des individus et à ce qu’ils en pensent, pourquoi ils le font.
(réf : protestants ont commencé à beaucoup travaillé à cause des raisons religieuses de leur époque)

ð Marx pensait que les individus ne savaient pas pourquoi ils faisaient tel acte, mais Weber pense,
lui, qu’ils ont de bonnes raisons de le faire. Les individus sont rationnels selon les actionnistes.
ð Pour comprendre le sens que les individus donnent à leur pratique, Weber développe l’outil de
l’idéal-type. Cet outil peut interpréter les comportements. (J’aide des personnes handicapées
pour des raisons émotives/pour des raisons rationnelles, etc…)

è Contrairement à Marx, Weber ne veut pas changer le cours de l’histoire, mais éclairer les événements
sociaux par son regard de sociologue.

47
18.3) L’ACTIONNISME DE BOUDON

Influencé par le fonctionnaliste Merton, mais Boudon remplace l’idée d’un « système fonctionnel » par un
« système d’interdépendance », en insistant sur l’autonomie des individus.

- Il critique fortement le structuralisme, notamment le structuralisme génétique de Bourdieu, qui « efface


l’individu ». Pour lui, la théorie de l’habitus suggère que l’individu est soumis à des forces extérieures, l’individu
est un jouet passif.

Trois principes de l’actionnisme de Boudon :

1. Les phénomènes sociaux sont dus à la somme d’actions individuelles soumises à des contraintes
externes.
2. Les acteurs sociaux sont rationnels.
3. Le travail sociologique se fait via la construction de modèles et d’idéaux types.

è L’individu évolue dans un espace de contrainte, et il fait des choix rationnels qui lui paraissent le mieux. Lors
de ces choix, l’individu a un rôle et doit répondre aux attentes.

Les rôles des acteurs sociaux :

- Fonctionnaliste : les rôles sont définis par le système et ils sont imposés aux individus.
- Actionniste : les rôles ne sont pas rigoureusement définis, les individus ont plusieurs rôles selon le
contexte. Le rôle est plus une opportunité qu’autre chose.
ð Tache de l’actionniste : examiner comment les individus assument leur rôle, comment ils les
utilisent.

Boudon sur les structures sociales : elles existent bel et bien, elles définissent les limites du possible pour les
agents, mais elles ne suffisent pas à déterminer les comportements. => On ne peut déterminer à l’avance le
sens ou les pratiques sociales.

Le changement social selon les actionnistes : il provient de la pluralité des relations sociales.

- Effet d’agrégation/émergent : effet pas explicitement recherché par les agents d’un système et qui
résulte de leurs interactions.
- Effet pervers : lorsque des individus ont un objectif de changement et que cela n’a pas le résultat
voulu.

18.4) CONCLUSION

Les actionnistes surestiment la rationalité et le libre-arbitre des individus : ils ne font pas que d’agir selon leur
intérêt, leurs actions découlent également de normes et de valeurs transmises par la société.

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19) L’INTERACTIONNISME

L’interactionnisme a deux courants internes :

- L’interactionnisme symbolique
- L’ethnométhodologie

è Se ressemblent dans les principes de base, mais se différentient par leurs méthodes de recherche

Point commun : s’opposent au déterminisme sociologique (fonctionnalisme et structuralisme), ils s’opposent


aussi aux excès de l’actionnisme qui n’envisage le social que comme un champ de possibles actions pour
l’individu.

19.1) L’INTERACTIONNISME SYMBOLIQUE

Les agents ont une certaine perception, souvent biaisée, des faits sociaux qui les entourent. Durkheim pense
que cette perception ne peut pas aider le sociologue. Les interactionnistes symboliques pensent qu’au
contraire la conception que les individus se font du monde social est primordiale pour comprendre leur
comportement social.

- Auteurs de ce courant : Howard Becker, Goffman et Strauss. + Ecole de Chicago.

è Ces travaux ont permis de donner un nouveau rôle au sociologue, celui de s’intéresser à la réalité sociale
des individus dont il fait lui-même partie.

Howard Becker
- Théorie de l’étiquetage : (réf. Comportements déviants de Becker)
Chaque individu a des comportements potentiellement déviants au quotidien, mais ceux-ci ne sont pas
considérés comme déviants. En revanche, si notre entourage social nous colle l’étiquette du déviant, on va
alors se comporter comme tel. => Ce sont bien les interactions qui créent ce changement.

- La stigmatisation : c’est la mauvaise étiquette mais en pire, car ce sont des institutions qui marquent un
individu ou un groupe avec une emprunte très négative.

Goffman
La réalité sociale découle des interactions entre individus.
- Goffman a étudié la façon dont l’individu se comporte en société.

Théorie de la représentation sociale : son attitude est déterminée par les interactions qu’il entretient : il doit
donner une certaine impression aux autres, parce que l’individu doit se faire comprendre. (Par ex : lorsqu’on se
trompe de chemin, on fait signe d’hésiter avant de repartir dans la bonne direction, par égard aux autres)
L’acteur a plusieurs manières de se représenter (façade, réalisation dramatique, idéalisation …)
è La représentation se fait à moitié consciemment.
- Si un individu doit se représenter, l’autre doit le comprendre.

Théorie des cadres : les cadres permettent à l’acteur de bien interpréter le geste de l’individu. => Les cadres
permettent de s’ajuster à la situation et préserver un ordre social.
- Cadre primaire : il nous permet, dans une situation, d’accorder du sens à un geste qui est insensé
(Lève-t-il le bras pour le bus ? Pour saluer qq1 ? Pour chasser une mouche ? …).
ð Ces cadres ont parfois des limites et sont mises à mal. (Lorsqu’on a affaire à une situation
surprenante.)

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19.2) L’ETHNOMETHODOLOGIE

Auteurs principaux : Cicourel, Schütz, Garfinkel (part de Parsons, mais critique du fonctionnalisme)

Proposition centrale : les faits sociaux sont des accomplissements pratiques.

Schütz

2 grands concepts :

1. L’intersubjectivité : c’est la perception qu’a l’individu sur le sens des actions d’autrui
2. La typicalité : c’est le processus par lequel l’individu construit des catégories générales de
comportements, lui permettant ensuite de mieux lire le social avec ses expériences.

è Les ethno-méthodologues insistent sur l’intelligence sociale des acteurs, sur leur capacité d’intersubjectivité
et d’adaptation sociale.

è L’individu a une compétence interactionnelle : il connait les normes et il sait lire ce qu’il se passe
socialement autour de lui. On est loin des déterministes, qui pensent que l’individu n’a pas conscience de ce
qui se passe, et que son comportement est déterminé par ses caractéristiques sociales. Ici, l’individu réfléchit, il
anticipe les réactions extérieures de ses actes et peut en tirer profit.

19.3) CONCLUSION

Critiques :

1. Surestimation de l’autonomie de l’individu. Vision assez utopiste.


2. Méthodes trop biographiques, ce qui peine à rendre crédible les propositions générales (= psycho)

L’interactionnisme ne tombe pas dans le « piège utilitariste » de l’actionnisme.

L’interactionnisme ne fait pas totalement abstraction des pressions sociales exercées sur l’individu => Les
interactions ont un poids conséquent.

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