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La démarche de la psychologie sociale et l'analyse des interactions

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 Repères en psychologie et psychologie sociale


 Les champs d'intervention de la psychologie sociale
 Les principaux domaines de la psychologie sociale
 Les concepts fondamentaux de la psychologie sociale
 Historique de la psychologie sociale
 Auteurs précurseurs de l'approche psychosociale
 L'approche psychosociale
 Psychologie – sociale et structure des organisations

Repères en psychologie et psychologie sociale

La psychologie ne permet pas d'expliquer pourquoi un automate ne tombe pas en panne, en


revanche, elle permet de comprendre, pourquoi quelqu'un va accepter de surveiller un automate qui
ne tombe jamais en panne.

Il ne faut pas confondre la psychologie d'amateurs, pratiquée par tout un chacun à l'occasion de
rencontres avec la psychologie, discipline scientifique. La psychologie se divise en trois grandes
catégories :

- la psychologie expérimentale pratiquée généralement par les psychologues - chercheurs


universitaires
- la psychologie appliquée pratiquée par les psychologues en entreprise, dans les organisations, dans
les groupes en général qu’ils soient gouvernementaux, sportifs,... ; cette discipline applique les
résultats des recherches de la psychologie expérimentale et des théories de la psychologie
- la psychologie clinique qui consiste à étudier, diagnostiquer, et traiter des problèmes psychologiques
; pour être reconnu comme psychologue par la société française de psychologie (S. F. P.) il faut avoir
suivi une formation universitaire et obtenu un diplôme de niveau bac + 5.
Les champs d'intervention de la psychologie sociale

La psychologie et ne serait pas un véritable domaine si elle ne prenait pas en compte les influences
sociales dans la détermination des comportements. La psychologie sociale étudie les causes sociales
d'un comportement et leur influence sur celui-ci. Nous évoluons dans une matrice sociale, dans
laquelle nous vivons des relations avec nos proches, parents, enfants, collègues, amis. En général
l'être humain se considère comme un individu pur et dur, il répugne à l'idée de suivre des normes. Ces
normes sociales améliorent le fonctionnement des situations sociales lorsqu'elles sont claires. Ainsi
lorsque ces normes sont définies clairement et approuvées par tous, les groupes qui travaillent
ensembles sont plus efficaces. Il existe des normes universelles et des variantes culturelles. Parmi
ces normes on trouve la notion de rôle qui est un type de normes spécifiques spécifiant comment les
individus doivent agir dans une situation donnée. L'individu endosse ainsi divers rôles selon les
situations : étudiants, employés, frère, soeur,.... La société est également l'expression d'un autre type
de rôle celui des sexes. La définition de ses rôles évolue selon les cultures et dans le temps.
Les groupes exercent une pression énorme sur les individus qui les poussent à se conformer et à
s'aligner sur les autres. Certains groupes disposent même de règles explicites pour que personne ne
dévie de l’attitude à avoir. La conformité est définie comme le changement entraîné par la pression du
groupe. La conformité est très fréquente. L'obéissance est une forme extrême de conformité. Les
facteurs qui jouent sur cette conformité, sur l'obéissance sont :

- la distance émotionnelle par rapport à la victime : plus le contact personnel est important plus la
compassion a tendance à s'exprimer ;
- la proximité et la légitimité de l'autorité : la probabilité d'obéissance est plus importante lorsqu'un
représentant de l'autorité est à proximité ;
- l'autorité institutionnelle : l'appartenance à une institution reconnue augmente l'autorité de son
représentant ;
- la taille du groupe : la taille des groupes joue sur leur capacité d'influence, le type de groupe qui a le
plus d'autorité correspond à un nombre de 3 à 5 personnes, plus petit ou plus gros les groupes auront
une influence moindre ;
- l'unanimité : l'accord parfait dans un groupe rend plus difficile pour un individu de résister à la
conformité ;
- la cohésion : le pouvoir du groupe sur les membres augmente s'il est bien uni et organisé ;
- le statut : les personnes qui ont un statut plus élevé ont plus d'influence ;
- la réponse publique : le désaccord est plus aisé lorsqu'il est privé ou anonyme, en revanche des
comportements rendus publics ont tendance à nous conformer.

En général les groupes font tout pour empêcher la dissidence. Janis a identifié huit symptômes de
pensée de groupe :

- l'illusion de l'invulnérabilité : situation où les groupes se croient intouchable ;


- la croyance en la supériorité morale du groupe ;
- la rationalisation : le groupe justifie collectivement ses actions et se sent plus soudé ;
- la transformation de l'opposant en stéréotype ;
- la pression de la conformité : le groupe fait pression sur les individus pour qu'ils s'alignent sur sa
volonté ;
- l'autocensure : les individus préfèrent garder leur opinion pour eux-mêmes ;
- l'illusion de l'unanimité : les différences sont cachées au groupe ;
- les gardiens de la pensée : certains membres du groupe s'attribuent le rôle de protection du groupe
contre toute dissidence ou information contraire.
Principaux domaines de la psychologie sociale

1°) Étude du champ social

(Dans lesquelles se construisent et se constituent les phénomènes sociaux)

Expression de base : - culture sociale


- cognition sociale

Niveau d'articulation : - le groupe


- l'organisation
- l'environnement

2°) Étude des processus du social

Les processus du social sont des mécanismes qui déterminent les relations, les opinions, les
attitudes.

- la socialisation : étude de l'intégration sociale par l'apprentissage des normes et des croyances
- la normalisation : étude des éléments de contrôle social et de la pression normative
- la différenciation: s’étudie sur la base :

- des éléments structurels (composante objective de la différenciation)


- des processus sociaux de différenciation (composante subjective)

3°) Étude de la dynamique du social

Cette étude revient à porter un éclairage sur le fonctionnement social en dégageant une interprétation
qui révèle la nature conflictuelle de la société.

- la violence (situations d’agressions)


- le pouvoir
- le changement social d'attitude, de production sociale, de normes

Les concepts fondamentaux de la psychologie sociale

- relation sociale
- influence sociale
- représentation sociale
- cognition sociale
- identité sociale
Historique de la psychologie sociale

1908 : premier manuel de psychologie sociale

W. Mac Dougall (psychologue) : travaille sur le rôle des instincts et le contrôle des instincts
McDougall W. : “Introduction to Social Psychology”, London, Mathuren and Co, 1908

E. A. Ross (sociologue) : travaille sur le comportement de l'individu étudié par le mécanisme de


l’imitation

Ross E. A.: “Social Psychology”, New York, Mac Millan, 1908

Auteurs précurseurs de l'approche psychosociale

Auguste Comte (1798 - 1857) : propose que l'approche de l'individu comme un être social soit
constitutif d'un domaine scientifique nommé : « Sciences Sociales »

G. Tarde (1903) : « Ecrit de Psychologie Sociale », Privat, 1973


Par le concept d'imitation explique le changement d'un individu pris dans une foule

G. Le Bon (1895) : « La Psychologie des Foules », Paris, PUF, 1963


- la foule considérée comme un être provisoire qui dote chaque individu le composant d'une âme
collective qui le fait sentir, penser, agir de façon différente de celles dont chacun sentirait isolément ;
- il met en évidence une loi de l'unité mentale qui fait tendre la foule vers l'unanimité, qui porte le
dogmatisme et l'intolérance ;
- les meneurs exercent une fascination sur la foule et leur existence marque le déclenchement de la
propagation des émotions et des opinions dans un processus hypnotique par lequel les individus de la
foule ne se sentent plus responsables de leurs actes ;

E. Durkheim (1898) : « Représentations Individuelles et Représentations Sociales », dans Revue de


métaphysique de morale VI p. 273 - 302
- démontre que le groupe est irréductible à ses individus ;
- ces travaux sur le suicide démontrent que cet acte a priori individuel trouve sa source dans la
défaillance des influences sociales.
L'approche psychosociale

C'est une approche de la vie sociale qui prend en compte :

- l'existence d'autrui ;
- l’irréductibilité des positions sociales à des sentiments interpersonnels ;
- le fait que toute relation est dominée par des statuts, attitudes et fonctions qui créent des
distances entre ceux qui sont en rapport

Être rationnel l'homme s'exprime par la communication, mais cette communication crée des barrières
(« la communication est un mur » Moles)

- Notre identité est façonnée par les relations que nous vivons et nous façonnons ces relations
- l'ensemble de ces relations est traversé et structuré par un jeu d'influences
- ces relations se présentent comme un système de contraintes implicites ou explicites (comme un
contrôle social) qui suscite, approbation, soumission aux résistances

Allport F. H. (1924) : « Social Psychology » Boston Houghton Miffles : « la psychologie sociale a pour
objet l'étude des relations réelles ou imaginées de personne à personne dans un contexte social
donné en tant qu'elles affectent les personnes impliquées dans cette situation »

- il s'agit de l'étude des relations interpersonnelles (du comportement social en tant qu'il est influencé
par la présence d'autrui)
- l'accent est mis sur le contexte
- il s'agit bien de l'étude des représentations sociales, c'est-à-dire de la façon dont l'individu se
représente la relation sociale. Cette représentation lui confère une réelle signification.

Le rapport : marque le processus dynamique d'évolution entre individus en relation, qui est marqué
nécessairement par la distance qui existe entre les individus (approche antagoniste de la réalité
sociale)

L'interaction : définit le processus de socialisation par lequel les individus existent dans un système
social et s'y intègrent.

Orientations théoriques :

Théories béhavioristes : largement dominantes en psychologie sociale, elles considèrent que le


comportement des individus est commandé par des stimuli. Toute conduite, toute action humaine est
définie comme une réaction. Dans cette approche l’individu est un être malléable, dont on peut
changer le comportement en changeant les éléments du milieu.

Théories cognitives : elles sont basées sur l'étude des processus mentaux et analysent l'impact des
connaissances, de leur interprétation sur l'activité sociale.

Théorie du champ : (Lewin Kurt : « Field Theory in social science », New York, Harper and Row) un
champ c'est l'environnement psychologique tel que l'individu le perçoit. C'est la façon dont il se le
représente. Il est façonné par les perceptions sociales, les préjugés, les opinions positives ou
négatives que l'individu perçoit de l'environnement. Ses perceptions sont des constructions sociales
qui influencent les conduites des individus.

L'approche phénoménologique : (théorie cognitive) En s’abstenant de tout jugement de la réalité qui


est considérée comme un possible appréhendé dans sa complexité, il s'agit d'identifier les
caractéristiques essentielles du comportement mettant entre parenthèses les éléments et fonctions
particuliers liés à une situation précise. Elle vise à dégager des phénomènes permanents explicatifs
d'un événement ou d'un comportement.

Le traitement de l'information : chacun traite information sociale avec des stratégies qui lui permettent
de juger et de donner du sens à son environnement. Or l'information utilisée ne représente qu'une
partie infime de l'information mémorisée, qui elle-même ne représente qu'une partie infime de
l'information perçue, qui ne représente à son tour qu'une partie infime de la réalité environnante.

Théorie de l'interaction symbolique : les valeurs, normes, croyances communes partagées par les
individus d'un groupe constituent les éléments symboliques qui dans l'interaction génèrent des
construits sociaux. Ses théories étudient l'objectivation des éléments sociaux lors d'un phénomène de
façon à mesurer l'efficacité symbolique de ces éléments.

Psychologie – sociale et structure des organisations

L'approche psychosociale nous renvoie aux logiques d'interaction. Par exemple, les stratégies
d'innovation relèvent dans cette approche du champ social. On rencontre d'ailleurs beaucoup de
psychologues qui interviennent dans l'insertion, la réinsertion professionnelle. Ces logiques
d'innovation reposent également sur la formation à la communication, la recherche de l'amélioration
des conditions de travail et portent sur des thèmes développés par la discipline psychologique :
l'approche de la dynamique des groupes, des réseaux de communication, de la communication dans
les groupes, du pouvoir dans les organisations, du leadership.

Les individus partagent en groupe une valeur sociale. Elle génère une conduite reconnue idéale et
estimable par l'ensemble des membres du groupe et guide leur comportement. Les valeurs sociales
constituent un système d'orientation qui influence la façon selon laquelle un événement est perçu,
évalué par rapport à d'autres événements. La socialisation en général et la culture d'entreprise en
particulier assure à l’individu l'intégration de ces valeurs qui garantissent le bien d'autrui et la survie du
groupe. La motivation d'un individu à agir dans une direction particulière dépend de la combinaison
des valeurs et attentes d'un individu par rapport à telle ou telle situation dans le groupe. Les valeurs
dominantes du groupe prennent la forme de normes. Ce sont des règles et les schèmes de conduite
très largement suivis dans un groupe donné. Ces normes permettent d'assurer la cohésion du groupe
et de réduire l'incertitude des individus, les exonérant ainsi de la désorientation et de l'angoisse. Ces
normes permettent de rendre la réalité non ambiguë et d'induire un sentiment de réassurance et de
maîtrise de l'environnement. La notion de statut social constitue également une norme du groupe. Le
statut correspond à des caractéristiques liées au fait qu’un individu vit dans un environnement social.
En fonction de ce statut les individus se voient attribuer une position particulière, des tâches, et des
fonctions spécifiques au sein des groupes. Les caractéristiques du statut sont spécifiées par le
groupe. Ce statut détermine la place de l'individu sur une échelle sociale. Deux types de statut sont
identifiés : les statuts assignés ; qui sont indépendants de tout choix de la part des sujets, ils sont
assignés dès la naissance, il s'agit par exemple du sexe ou de la caste en Inde ; et les statuts acquis
qui dépendent du choix, d'initiative ou du travail de l'individu. Toutefois on constate que les statuts
acquis dépendent pour partie des statuts assignés. En effet l'accession à certaines fonctions et plus
ou moins facilitée ou handicapée par les statuts assignés.

La confrontation à l'innovation nous renvoie en psychologie sociale à la notion d'attitude. Deux


caractéristiques principales permettent de définir l'attitude :

- un caractère impératif : il s'agit de la réponse d'un organisme à un stimulus, préparant l'action


- un caractère directionnel : l’attitude et le support intentionnel de l'action

Parmi les nombreuses définitions de l'attitude nous retiendrons celle de Stoetzel : « l'attitude désigne
en psychologie sociale la manière dont une personne se situe par rapport à des objets de valeur ».
L'attitude est donc « une position d'un agent envers un objet. Elle s'exprime à plus ou moins
ouvertement à travers divers symptômes ou indicateurs (paroles, gestes, actes, choix), elle exerce
une fonction à la fois cognitive énergétique et révélatrice sur les conduites qu'elle sous-tend ». Dans
cette définition de Maisonneuve, on voit que les attitudes sont acquises par l'individu et se
développent avec lui laissant des marques plus ou moins durables est susceptibles de changement
sous l'effet d'influences extérieures. On notera toutefois que la perception des éléments extérieurs ne
se fait pas par hasard. La sélection se fera au travers de notre système de valeurs et de nos
connaissances. L'attitude à pour fonction d'orienter l'individu à travers la multiplicité des stimuli issus
de son environnement.

La conception de la communication est une approche essentielle en psychologie sociale. Il y a


communication chaque fois qu'un organisme quelconque, et un organisme vivant en particulier peut
affecter un autre organisme en le modifiant ou en modifiant son action à partir de la transmission
d'une information. En 1949, Shanon distingue en communications : l'émetteur, le récepteur, le
message, le canal, le code. Ce premier modèle minimaliste voit lui succéder la proposition de Wiener
qui ajoute au modèle une boucle de rétroaction. D'autres éléments sont signalés tels que les bruits
(phénomène parasite de la qualité de la communication), le référent ou contexte de la communication.
Dans le modèle psychosocial de la communication il n'y a plus un émetteur et un récepteur mais un
locuteur et un allocuté. C'est-à-dire deux ou plusieurs personnalités qui dans une situation commune
se débattent avec des significations (Anzieu et Martin 1968/1986). Ce modèle prend en compte les
personnalités c'est-à-dire des individus auxquels sont associées des caractéristiques qu'ils
définissent : leur histoire personnelle, un cadre de référence, de niveau intellectuel et culturel, des
états affectifs, un statut social et des rôles psychosociaux. De même la communication ne sera pas
identique selon que l'un des locuteurs cherche à convaincre l'autre ou à le renseigner. Plus que les
informations les hommes échangent des significations et des associations de sens.

Cette approche de la communication a des conséquences. Ainsi il n'y a aucun intérêt à s'attacher au
mot tabou d'un message si on veut le comprendre, cette analyse risque même d’annuler le contenu
significatif qu'il comporte. On communique d'autant mieux avec autrui que celui-ci possède le même
cadre de référence est le même univers symbolique. Lors de la diffusion d'un message on observe
des effets de filtres et de halo. Par ces filtres l'individu rejette les informations qu'il ne peut pas saisir
car il n'a pas le code pour ça. Le halo est une résonance inconsciente suscitée par une chaîne
d'association qui suit l'émission la réception d'un message. Le mécanisme de la rumeur repose sur ce
dysfonctionnement. L'existence de la rumeur repose souvent sur un besoin profond des individus de
combler un manque d'information. La rumeur correspond à des lois d'altération du message :

- la loi d'appauvrissement ou de nivellement, la rumeur tend à devenir plus courte plus concise au fur
et à mesure qu'elle circule, elle adopte une forme canonique
- la loi d'accentuation : les détails frappants, bizarres, inattendus s'imposent aux autres détails
- la loi d'assimilation : la rumeur se transforme pour tendre à la cohérence avec une idée centrale. Les
informations sont conservées, réorganisées de façon à y correspondre.

Dans la mise en place d'un processus innovant, les processus d'influences entrent en oeuvre. Ces
processus sont la normalisation, la conformité, l'innovation. La normalisation correspond en l'absence
de normes reconnues collectivement, à l'élaboration d'une norme nouvelle. La conformité assure la
reconnaissance de la nouvelle norme par la majorité des individus du groupe. L'innovation se
présente donc comme la norme définie par la majorité remise en cause par une minorité qui tente
d'imposer la sienne. La norme collective aura un poids plus important chez un sujet que la norme
individuelle qu'il peut établir. Le processus d'innovation repose sur un processus d'influences
minoritaires. Pour que cette influence minoritaire puisse imposer sa norme il faut qu'elle paraisse
cohérente dans ses réponses. Si une division apparaît entre les membres de cette minorité la source
minoritaire perd toute influence potentielle.

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