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Dans la m ê m e collection :

Robert Ardre y : Les enfants de Caïn.


Docteur Louis Corman : Nouveau manuel de mor-
pho-psychologie.
Claude Duneton : Parler croquant.
Karen Horney : L'auto-analyse.
Krishnamurti : Se libérer du connu.
Krishnamurti : La révolution du silence.
Krishnamurti : Aux Etudiants.
Pierre Kropotkine : L'éthique.
Ronald D. Laing : Nœuds.
Ronald D. Laing : La politique de la famille.
Ronald D. Laing : Le moi divisé.
Louise Michel : La Commune.
Jean Rostand : Pensées d'un biologiste.
Max Stirner : L'unique et sa propriété.
Stefan Zweig : Freud.
Stefan Zweig : Nietzsche.

Série « Grands textes de l'humanité »

Le livre des morts des anciens Egyptiens.


Le Kalévala.

Série « Moyen Age »

Maurice Toesca : Le roman de Renart.


Chrétien de Troyes : Perceval le Gallois ou le conte
du Graal.
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Ce que disent les rêves


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D u même a u t e u r :

TRAUMSYMBOLIK, Ed. Rascher, Zürich.


LE RÊVE, UNE PORTE SUR LE RÉEL, Ed. Stock, Paris.
(Epuisé.)
ZWIEGESPRACHE UBER TRAUM UND LEBEN, Chr. Wegner
Verlag, Hambourg.
L'AME ET L'ÉCRITURE, Ed. Stock, Paris. (Réédité par
les Ed. Traditionnelles, Paris, 1968.)
HANDSCHRIFTENDEUTUNG AUF TIEFENPSYCHOLOGIS-
CHER GRUNDLAGE, Ed. Francke, Berne (Samm-
lung Dalp, 1964.)
LA DIMENSION INCONNUE, Ed. de la Baconnière, Neu-
châtel, 1960. (Distribution en France : Payot.)
DIE UNBEKANNTE DIMENSION, Otto Reichl Verlag,
Remagen, 1959.
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Ania Teillard

Ce que disent
les rêves
Le symbolisme du rêve

STOCK+PLUS
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C e t o u v r a g e e s t p a r u s o u s le t i t r e
L e S y m b o l i s m e d u rêve
© S t o c k 1944.

Tous droits réservés p o u r tous pays,


© 1970, 1979, E d i t i o n s S t o c k .
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Préface

Ce livre traite du monde des rêves — de leur étude


expérimentale par voie d'introspection, et, p a r suite, de
leur symbolisme et de leur interprétation. Des explica-
tions ont été données de tout temps par l'intuition
des devins ou par la recherche des scientifiques ; nous
tentons ici une synthèse de ces différents essais et espé-
rons fournir ainsi à ceux qui cherchent la clef de leur
vie onirique.
Les rêves accompagnent notre vie, de la naissance à
la mort ; ils s'occupent toujours des problèmes actuels
de la vie du rêveur et ne sont compréhensibles et sujets
à interprétation que p a r rapport à cette vie même, cepen-
dant ils visent en même temps une dimension inconnue,
plus vaste que la vie personnelle et cachée derrière ces
réalités palpables.
Pour le « rêve », rien n'est trop petit, et rien n'est
trop grand. Les rêves prennent part aux manifestations
les plus insignifiantes de la vie de tous les jours, mais
pénètrent également dans les questions considérées de
tout temps comme les plus élevées.
Dans les rêves, nous touchons aux expériences primor-
diales, dont parlent les Mystiques. De telles expériences,
faites p a r la voie onirique, constituent la matière pre-
mière de laquelle surgissent la poésie, les religions, les
arts, certains systèmes philosophiques, tout comme d'un
langage universel dériveraient les langues humaines.
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Cette conception du rêve en tant que vie parallèle à


celle de veille et en étant inséparable explique l'ordre
de ce livre 1. Il traite d'abord, en effet, de l'existence des
rêves touchant à l'enfance de l'homme, c'est-à-dire à la
mère et à tout le symbolisme qui l'entoure ; puis des
rêves concernant le père et le symbolisme du principe
paternel. Dans les chapitres suivants, nous abordons les
rêves qui accompagnent la vie de l'adolescent, songes
qui se tissent autour du problème de l'amour et des
relations entre sexes différents. Enfin, dans le dernier
chapitre, seront traitées les visions oriniques 2 qui expri-
ment les expériences spirituelles de la vie, rêves philo-
sophiques, pour ainsi dire, qui touchent au problème
de la mort et de l'évolution de l'âme.
P o u r pénétrer les problèmes posés p a r les rêves, il
faudrait une grande érudition embrassant les connais-
sances les plus vastes de la philosophie, de la science,
de l'histoire des religions, de la culture humaine, des
mythes et des langues — et pour tenter leur interpré-
tation, une grande sagesse. Il ne s'agit p a r conséquent
ici que d'apporter une modeste contribution à la cons-
truction de la science des rêves.
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Introduction
Le rêve : émanation
de l'inconscient

Qu'est-ce qu'un rêve ?


Les opinions furent aussi nombreuses que variées :
messages des dieux, effets d'une digestion difficile,
visions d'avenir, images sans cohésion puisées à la vie
de tous les jours, déformées sans aucun sens — reflets
imaginatifs, bâtis sur le bruit d'un volet battant.
L'art d'interpréter les songes a toujours existé, et cet
art a parfois même été considéré comme résultant d'une
des plus hautes facultés humaines. Des Devins comme
Artémidore de Daldia, au II siècle avant notre ère, des
scientifiques et des occultistes, des prêtres de l'antiquité,
après le sommeil sacré dans le Temple, des médecins et
des philosophes se sont voués à l'étude des phénomènes
oniriques ; aucun esprit profond n'est passé indifférent
à côté de ce problème, et le peuple n'a jamais abandonné
la croyance que des messages étaient ainsi transmis aux
hommes.
Malgré ces efforts, nous ignorons ce qu'est un rêve.
Nous connaissons les qualités et les effets du rêve,
ainsi que ses images typiques (se trouver en chemise
dans la rue, oublier sa valise, voir partir un train, etc.),
nous sommes au courant du travail du rêve (Freud 3
mais malgré tout cela, jamais personne n'a pu définir
d'une manière satisfaisante ce tissu étonnant, fait de
souvenirs personnels et de symboles les plus anciens, ce
flot d'images plein de contresens apparents et de beautés
insolites.
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La question ainsi posée dépasse les données de notre


époque, mais nous pouvons nous demander : que
contient un rêve ? quelle est sa signification ? Et, en
vérité, y a-t-il question plus fascinante et qui nous
touche plus au cœur que celle-ci : « Que signifie mon
rêve ? »
Faire des rêves, en effet, est une activité psychique
primordiale, commune à tous, et qui lie les humains ;
mais, chose étrange — et naturelle — chacun ne s'in-
téresse qu'à son propre rêve ; les rêves des autres : on
écoute leur narration avec indifférence ; on se moque un
peu d'une méthode qui se préoccupe d'en fournir l'inter-
prétation ; seul notre propre rêve fait exception.
L'homme, même le plus matérialiste, le plus sceptique, a
une sensation désagréable quand il fait un rêve d'an-
goisse, car à ce moment-là, il devient conscient de la
réalité du monde psychique, de cet univers inaccessible
dans la vie ordinaire, monde qui néanmoins existe tou-
jours, et d'une façon plus permanente que le conscient
éphémère.
Bien des personnes ont fait l'expérience d'un seul
rêve ayant pris une grande importance dans leur vie,
mais très vaste est le nombre de ceux qui méconnaissent
la continuité de leur vie onirique, et ignorent qu'ils pos-
sèdent dans leurs rêves un facteur puissant, un guide
intérieur qui leur parle tantôt en sourdine, tantôt de
façon impérieuse.
Il faut se donner la peine de comprendre le langage du
rêve, enfantin, archaïque, souvent fruste et qui déroute
le rêveur.
L'expression du rêve est symbolique. Les images en sont
puisées le plus souvent dans les époques anciennes,
voire préhistoriques. Certaines de ces images appartien-
nent à l'âme de l'homme des temps reculés et se repro-
duisent dans les rêves de l'époque contemporaine, par
exemple celle de la Terre : féminine et déesse, rendue
féconde par l'étreinte d'amour d'un dieu de la pluie
étendu sur elle (voir les rêves de Claudine, chap. IV). La
coutume, dite de la Couche nuptiale sur le Champ,
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d'après laquelle en certains pays un couple de paysans


venait pour la nuit coucher sur le terrain que l'on voulait
rendre fertile, signifiait : « Que la terre soit fécondée de
même que je féconde la femme !» et le songe de labou-
rer la terre, cité par Artémidore, répétait tout simple-
ment cette métaphore. La charrue était dans ce sens
un symbole phallique et elle a gardé cette signification
dans nos rêves, même aux temps actuels.
Chaque époque contribue à enrichir ce trésor d'images.
Ainsi, notre siècle profite des apports venant du domaine
de techniques que l'antiquité ignorait. Les images de
l'avion et du vaisseau spatial s'ajoutent ainsi aux repré-
sentations du phallus. Et que de personnes rêvent de
bombes à l'heure actuelle, cachant tous les maux imagi-
nables, allant des bombes véritables jusqu'aux reproches
matrimoniaux tombant sur la tête du mari innocent !
L'antiquité, du reste, connaissait bien le rêve de voler
dans les airs (désir de tant de siècles, réalisé seulement
de nos jours), et l'interprétation qu'Artémidore donne
de ce geste symbolique ne s'éloigne pas beaucoup de
l'explication moderne.
L'histoire de toutes les grandes civilisations est pleine
de récits de rêves et de leurs interprétations. Que d'im-
portance ne donnait-on pas aux songes dans l'Inde
antique ! La valeur spirituelle qui leur fut attribuée
ressort du passage suivant du Yoga-Sutra de Patanjali
(environ deux mille ans avant notre ère) : « Que l'on
médite sur les connaissance acquises pendant le som-
meil », et plus tard, le Swâmi Vivekananda disait dans
le Raja Yoga 4 : « Quelquefois un homme rêve que des
anges sont venus à lui et lui ont parlé, qu'il est dans un
état d'extase, entendant la musique des sphères et sen-
tant un bonheur suprême. Considérez ce rêve comme
une réalité et méditez dessus ; si cela vous est impos-
sible, méditez sur un sujet sacré qui vous est cher. »
L'interprétation des songes dans l'antiquité puisait
dans la plénitude des symboles vivants, et personne ne
mettait en doute la réalité du symbole et la possibilité
de composer dans son sens. Le rêveur et celui qui lui
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expliquait son rêve se trouvaient dans la même atmos-


phère psychique et s'entendaient parfaitement. Le rêve
faisait partie de la vie. Il pouvait être aussi bien ou
aussi imparfaitement compris que tout autre message
des dieux. Souvent, un interprète de songes profes-
sionnel, qui connaissait mal son métier, n'était pas
payé, parfois mème était puni (surtout lorsqu'il avait
affaire à un personnage important), mais le fait même
de vouloir en détecter le sens n'était jamais discuté.
Dans l'Epopée de Gilgamesh qui date de l'antiquité
la plus haute, on raconte que le roi Gilgamesh rêva à
plusieurs reprises que la montagne sur laquelle il se
trouvait avec Enkidu, son ami, s'écroulait. Le roi en
conclut qu'il vaincrait Chumbaba, son ennemi (ce qui
arriva) ; la légende ajoute que la mère de Gilgamesh
était une prêtresse très versée dans l'art d'interpréter
les songes. Dans la Rome antique, des rêves impression-
nants furent même soumis au sénat.
L'antiquité admettait la vérité du rêve, et même, plus
récemment, l'époque d'Artémidore vivait dans un contact
étroit avec les images archétypiques primordiales, tout
en les rationalisant et en les comprenant avec un certain
raffiniment
Les phénomènes oniriques ont été étudiés à divers
points de vue à toutes les époques. Mais il faut noter
que les différentes recherches marchaient en général
parallèlement et, si elle se rencontraient, ce n'était que
pour créer des malentendus encore plus néfastes. Mysti-
ques du rêve et sceptiques matérialistes se regardaient
avec un certain dédain et des sourires de pitié.
Loin des recherches scientifiques, deux voies
côtoyaient le secret du rêve : la voie intuitive et fantas-
magorique de la poésie et du roman et la voie populaire
dans les Clefs des Songes, lexiques des symboles du rêve.
Et, comme la Cartomancie qui garde les vestiges de l'an-
cienne tradition du Tarot, cartes, à leur origine, consa-
crées à la prophétie, les Clefs des Songes populaires
conservent des restes d'images archétypiques, mal com-
prises et souvent déformées.
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La science moderne du rêve, qui embrasse toutes les


conceptions antérieures, prit naissance là où l'on s'y
attendait le moins : du côté de la médecine. Le fait que
nous soyons plus proches que jamais d'une profonde
compréhension du rêve, dans toute son étendue, nous le
devons aux recherches des médecins psychologues, des
psychiatres et des psychanalystes. Continuant une tradi-
tion créée en France par Charcot, Bernheim et Janet,
cette science nouvelle se fonde sur les travaux de Freud,
Bleuler, Breuer, Jung, Maeder, Adler, Stekel, Rank,
Flournoy, Allendy et autres.
La science des rêves a sa résurrection vers 1900, épo-
que où dans tous les domaines, artistiques, scientifiques,
littéraires, de nouveaux courants d'idées vinrent s'oppo-
ser au rationalisme et à l'intellectualisme de la fin du
XIX siècle. La philosophie de Bergson qui réhabilitait
l'intuition, avait préparé le chemin à la nouvelle concep-
tion du rêve, et avait bouleversé la vision mécanique
de la vie. L'inconscient, décrit théoriquement p a r Carus,
Schopenhauer, Hartmann et d'autres philosophes, fut
découvert expérimentalement par les psychologues.
Freud, le grand pionnier de cette nouvelle science,
reconnut l'importance sans pareille du rêve comme
expression directe de l'âme inconsciente ; il désigna le
rêve comme étant la voie royale vers l'inconscient. Grâce
à cette nouvelle conception, le rêve fut réintégré dans le
sentiment et la pensée de l'humanité.
Cependant Freud et son école n'avaient pas encore
compris le rêve dans toute son étendue et s'arrêtaient
à certaines .limites. Le rêve, en effet, était conçu comme
un moyen de ramener les éléments inconscients ou sub-
conscients dans le domaine de la conscience qui, elle,
était considérée comme supérieure à l'inconscient. Le
rêve était ainsi conçu comme le serviteur d'une psycho-
thérapie orientée dans le sens matérialiste. Ce furent le3
découvertes du docteur C. G. Jung, chef de l'Ecole suisse
de psychanalyse 6 qui, les premières, créèrent un pont
entre les rêves et les expériences spiritualistes faites par
les hommes à travers les âges. Jung, par son hypothèse
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d'un inconscient collectif, immanent dans la psyché


humaine, libérait l'art de l'interprétation des rêves du
concept selon quoi ceux-ci étaient purement individuels.
Pour pouvoir donner au rêve toute sa valeur psycholo-
gique, il faut admettre, dans le psychisme, une partie
inconsciente pénétrée p a r une âme collective, et l'in-
terprétation des rêves dépend entièrement de cette
hypothèse.
Les expériences faites p a r l'analyste et l'analysé au
cours d'un t r a i t e m e n t pendant des mois et souvent des
années, leur montrent, à leur grand étonnement, qu'au-
cun mystique, aucun interprète des songes n'avait
jamais trop exalté la portée des rêves ; ils restent stupé-
faits et ressentent une admiration toujours croissante
pour l'âme inconsciente qui se révèle ainsi.
Chacun de nous, dans sa vie onirique, est un poète et
un clairvoyant ; chacun de nous peut dépasser ses pro-
pres limites et, p a r instants, toucher aux secrets de la
vie : révélation que nous pensions réservée à quelques
êtres privilégiés.
La conception du rêve introduite par Freud — celle
d'un désir satisfait symboliquement — est en grande
partie dépassée aujourd'hui. Freud considère le rêve
comme une fonction qui décharge le psychisme en cana-
lisant certaines émotions et protégeant ainsi le sommeil
du rêveur. Le rêve est alors conçu comme un serviteur
du Moi du rêveur. Jung a infiniment élargi cette concep-
tion : le rêve exprime des désirs, mais il peut aussi bien
les anihiler. Les possibilités du rêve sont inépuisables :
il y a des songes télépathiques, prémonitoires, des rêves
qui expriment une critique vis-à-vis du rêveur, d'autres
qui donnent une orientation générale souhaitable pour
sa conduite, des rêves fantasques, des rêves créateurs.
Mais tous, sans exception, doivent être considérés
comme une émanation psychique venant de la totalité
de la psyché et de l'ensemble de la vie. Le rêve
apporte au conscient des éléments inconnus, accomplis-
sant ainsi une fonction complémentaire et compensatoire.
Car, de même que le corps en réagissant contre les
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microbes et les toxiques, tend à la santé intégrale, la


vie psychique aspire à l'équilibre. Nous parlerons plus
tard de la force régénératrice de l'âme humaine, force
immanente à chaque être, et nous verrons comment la
névrose évolue ; c'est la tentative de l'âme inconsciente
pour se libérer et se guérir.
Les émotions, canalisées p a r la fonction du rêve,
viennent en grande partie, d'après Freud, de la zone
sexuelle. Cette opinion qui lui a valu tant d'adversaires,
l'auteur l'a d'ailleurs plus tard révisée et atténuée lui-
même.
Il faut comprendre la doctrine de Freud dans l'évo-
lution de notre culture, comme un élément d'opposition
à la conception de la vie et aux mœurs de la seconde
moitié du XIX siècle. A cette époque, l'on refoulait tout
ce qui était naturel et instinctif ; et l'inconscient, qui
crée toujours les compensations nécessaires à une atti-
tude exagérée et unilatérale de la vie consciente, mettait
au jour les désirs et les fantaisies refoulés. Cette sup-
pression de la vie sexuelle et les répercussions qui en
dérivaient existaient surtout dans les pays anglo-
saxons. En France, où demeure encore la tradition des
troubadours, on admettait depuis toujours la vie senti-
mentale et érotique ; et l'âme osait vibrer de toutes ses
cordes, sans la contrainte qui caractérise les pays du
Nord. Le roman psychologique, de Balzac, Stendhal et
Maupassant jusqu'aux auteurs les plus modernes, mon-
tre l'espace ouvert à la vie sexuelle qui n'a jamais été
séparée brutalement du conscient, et qui, pour cette rai-
son, ne fut jamais la proie des forces inconscientes.
De plus, l'Eglise catholique avait, chez les croyants,
organisé et canalisé ces énergies inconscientes ; elle les
avait captées dans son symbolisme puissant, tandis que
le protestant et l'athée, livrés à leur seule conscience et
aux oppositions qui lui sont inhérentes, avaient un
besoin intérieur beaucoup plus aigu de se connaître
eux-mêmes et d'établir la concorde entre leurs instincts
et leurs principes moraux et sociaux.
Le rêve — comme nous allons le voir — donne accès
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à la vie inconsciente. Cette découverte une fois faite


et expérimentée, l'interprétation des rêves devient une
partie importante de la psychologie et de la psycho-
thérapie modernes.
Nous voulons étudier ici, sans idée préconçue, les
données scientifiques et traditionnelles, en les coordon-
nant d'après la méthode pratique de la psychanalyse.
Mais si le lecteur croit trouver dans cette Clef des
Songes moderne un moyen pour mieux comprendre ses
rêves, il devra se souvenir qu'un livre comme celui-ci
ne peut donner que des lignes générales pour l'inter-
prétation de symboles dont la signification peut varier
dans chaque rêve individuel.
Les Clefs des Songes populaires commettent l'erreur
fondamentale de vouloir simplifier, donnant des inter-
prétations stéréotypées, valant pour tous les lecteurs,
sans s'occuper de l'atmosphère affective du rêve, de la
polyvalence des symboles et de la vie du rêveur qui
est à la base de toute production psychique.
Contrairement aux explications populaires, la science
moderne ne donne jamais d'un rêve une interprétation
définitive, à réalisation obligatoire. Une image onirique
isolée n'annonce pas « la mort » ou « le mariage »,
tout dépend de l'attitude intérieure du rêveur. Nos rêves
dénoncent notre état d'âme, nos forces psychiques et
nos tendances latentes qui peuvent se réaliser sur des
plans différents.
Certaines Clefs des Songes disent, p a r exemple, qu'un
nombril vu en songe signifie la mort. Il y a là une
affirmation erronée et dangereuse — de telles sugges-
tions peuvent inspirer une terrible angoisse à des natures
faibles et ainsi précipiter leur mort. Mais, chose étrange,
il y a tout de même une parcelle de vérité dans ce
mélange paradoxal d'un symbole et du sens qu'on lui
octroie. Et cette interprétation montre une fois de plus
que les anciennes Clefs des Songes ont senti une relation
secrète entre une image symbolique et la psyché, et
qu'elles ont gardé cette relation à travers les âges.
Nombril évoque symboliquement la naissance, l'en-
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fant, la mère. Mourir, c'est « retourner au sein mater-


nel de la terre » ; aux temps préhistoriques les morts
étaient enterrés dans la position du fœtus dans le
sein de la mère, afin d'y attendre une autre naissance.
Rêver d'un nombril peut signifier beaucoup de choses
et sur des plans bien différents : ce rêve peut révéler la
nostalgie de l'enfance ; ou un heurt psychique datant
du moment où fut coupé le cordon ombilical qui reliait
l'enfant à sa mère (Freud a montré que des souvenirs
pouvaient même remonter à l'époque prénatale). Un
tel rêve peut signifier aussi le désir intense d'avoir un
enfant — enfant en chair et en os, ou enfant spirituel.
Le même rêve peut également faire allusion au nom-
bril, centre du corps humain et, p a r généralisation,
centre de l'univers ; en concordance avec les méthodes
de méditation orientale, le rêveur exprimerait ainsi
le désir ardent d'un développement spirituel.
La vision onirique du nombril peut révéler des idées
fantastiques et anciennes ayant trait à la création du
monde, sortant du nombril d'un Dieu ou d'un démon.
Bien d'autres explications sont également possibles.
Le choix de l'interprétation dépend entièrement de
l'atmosphère psychique du rêve, des détails, des circons-
tances spéciales qui entourent le symbole (personne à
qui appartient le nombril, forme du nombril, etc.)
et des associations d'idées qui s'y rattachent librement et
spontanément. Muni de cette documentation, on peut
risquer une évaluation des symboles.
Vues sous l'angle symbolique, les Clefs des Songes ne
nous apparaissent plus comme étant uniquement enfan-
tines et primaires ; derrière les démarches souvent
absurdes et puériles, on peut discerner une tradition
perdue, une image mal comprise, mais grande néanmoins
p a r son ancienneté et son sens initial.
Il en est de même du sentiment qui pousse à consulter
une Clef des Songes : c'est une curiosité primitive et
quelquefois maladive, mais qui cache un intérêt et une
attitude légitime : la foi inébranlable dans la vérité du
rêve.
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Cependant, on ne saurait trop le répéter : il n'y a pas


et il ne peut y avoir d'interprétation valable pour tous
les cas. Il faut chaque fois envisager le problème indivi-
duel du rêveur, et pour cette raison les Clefs des Songes
populaires ne peuvent jamais être utilisées comme un
dictionnaire ; même quand elles sont écrites par Arté-
midore, dont le don divinatoire a tant de fois trouvé
des interprétations d'une exactitude psychologique éton-
nante ; quant aux Clefs des Songes populaires, on peut
dire qu'elles donnent les explications les plus arbitraires,
contenant souvent, il est vrai, le symbole primordial
mais déformé ; souvent leurs auteurs manquent du sens
de la responsabilité, indispensable à tous ceux qui pénè-
trent dans le secret de la personnalité humaine.

La science des rêves remonte à la plus haute anti-


quité ; toutefois, la forme qu'elle revêt aujourd'hui est
relativement récente et elle se trouve encore à son
stade d'expérimentation. Peu de personnes ont travaillé
sur elles-mêmes durant de longues années, notant leurs
rêves et vérifiant l'influence de ce travail sur leur vie ;
cependant, quelques acquisitions caractéristiques ont
déjà été faites, grâce à ceux qui ont suivi ce chemin
d'introspection.
C'est au cours des traitements par la psychanalyse
qu'on obtient actuellement les expériences les plus pré-
cieuses faites dans le domaine de l'inconscient. Le fait
que les premiers essais furent effectués sur des malades
éloigna encore beaucoup de personnes. Pourtant,
ceux qui souffrent psychiquement et se soumettent à
un traitement analytique ne sont pas nécessairement
des malades, mais des êtres particulièrement sensibles
et pour cela même en conflit avec la vie réelle ; une
personne névrosée, sans être quelqu'un d'anormal, res-
sent à l'excès les difficultés de la v i e
La psychanalyse a évolué constamment et elle s'est
éloignée du stade primitif où elle ne représentait qu'une
psychothérapie. En fouillant le psychisme de leurs sujets,
les psychanalystes ont obtenu des résultats d'une très
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grande portée dépassant de beaucoup les limites du


traitement même. L'influence de la psychologie moderne
s'étend à tous les domaines de la vie, non seulement à
la philosophie et à la pédagogie, mais aussi à l'ethno-
graphie et à l'histoire des religions, à toute la culture !
Cependant, c'est l'étude des rêves qui s'est vue le plus
enrichie par les progrès de la psychanalyse.
Il y a de grands et de petits rêves. Chaque fragment,
si insignifiant qu'il puisse paraître, cache un sens. Les
associations d'idées (images ou pensées spontanées)
qu'un tel fragment peut déclencher en sont la preuve.
Les grands rêves dévoilent le but d'une destinée humaine,
et plus encore, ils peuvent présager le destin collectif
d'un peuple ou d'une époque.
De tels songes sont devenus célèbres dans l'histoire,
comme par exemple celui de Calpurnia avant l'assassinat
de Jules César, celui du serpent effroyable d'Annibal
qui le suivait partout et qui — comme il le fit lui-même
plus tard — dévastait l'Italie.
Les peuples primitifs font également la distinction
entre les grands et les petits rêves : quand un chef de
tribu ou un sorcier a fait un grand rêve, la tribu entière
est rassemblée afin que lui soit communiqué le mes-
sage qui concerne toute la collectivité. Quand un Noir,
dans la brousse, fait un mauvais rêve, aucune promesse
ou menace ne peut l'amener à entreprendre quoi que ce
soit.
Ceux qui, pendant assez longtemps, « ont vécu avec
leurs rêves », savent qu'il existe effectivement des songes
prémonitoires, lesquels sont d'ailleurs mentionnés dans
toutes les Clefs des Songes. Ce pouvoir d'anticipation
fut de toutes les caractéristiques du rêve la première à
être découverte dans l'antiquité et les anciens y atta-
chaient une grande valeur ; le songe prophétique était
à la base de beaucoup d'oracles et jouait un rôle pré-
pondérant dans les rites de nombreuses religions.
Les rêves peuvent prévoir les événements futurs
parce que dans la vie rien n'arrive par hasard : les
événements, au contraire, sont préformés dans notre
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âme ou dans l'âme collective à laquelle nous participons,


avant de prendre forme dans la vie réelle. Notre propre
attitude inconsciente attire les hommes et les événe-
ments, nous pouvons donc éviter certaines situations ou
en attirer d'autres en nous changeant nous-mêmes.
Les choses se déroulent souvent de la façon suivante :
nous faisons un rêve qui nous présente comme dange-
reux notre comportement, auquel cependant nous nous
maintenons obstinément. Puis, ce rêve se répète, repre-
nant le même sujet, en variant les images, soulignant
le danger, accentuant le sens des symboles. Très sou-
vent les rêves se rapportent à la solution d'un conflit
latent que le rêveur ignore, et en livrent le sens caché.
Le sujet, la plupart du temps, ne comprend pas le
sens de son rêve ou ne veut pas le comprendre. Quel-
quefois il accepte le message, mais il manque de cou-
rage et de force morale pour se changer, lui, et par cela
même, transformer la situation extérieure : les événe-
ments prennent une tournure néfaste, l'équilibre vital
du rêveur se trouve déréglé au point de le rendre malade,
voire d'entraîner sa mort (cf. le rêve du marchand de
parfums, cité d'après Artémidore, chapitre III).
Le mythe d'Isis et d'Osiris nous présente une situa-
tion analogue, mais la déesse se conduit en initiée. Cher-
chant le corps du dieu soleil Osiris, elle eut, dans sa
détresse, une triple vision. Elle fut conduite par de
joyeux enfants (force de la jeunesse), guidée par des
chiens (son instinct), appelée par son propre démon
(sa voix intérieure). La déesse, écoutant les voix
de son inconscient, retrouva le bien-aimé : le soleil, la
lumière.
Jung cite des cas où ses clients avaient été avertis
p a r leurs rêves d'accidents qui se sont effectivement
produits. Une de ses patientes, très mystique, rêva à
plusieurs reprises être une prostituée. Ses rêves reflé-
taient ce côté refoulé d'elle-même par des images de
plus en plus nettes. Enfin, elle rêva d'un souteneur qui,
dans un endroit sombre et isolé, l'assassinait.
Le D Jung la mit en garde contre un danger éventuel
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et lui déconseilla ses promenades solitaires ; n'en tenant


aucun compte, elle fut réellement attaquée et griève-
ment blessée dans une forêt.
Que de fois des rêves ne nous avertissent-ils pas
d'événements qui ne se réalisent que bien des années
plus tard ! La structure de ces rêves est souvent drama-
t i q u e Un seul songe peut, sous une forme symbolique,
représenter toute une vie.
Pour les rêves, le temps et l'espace semblent ne pas
exister. Quelque chose en nous est donc libéré de ces
limitations habituelles.
Qu'est-ce qui distingue en principe l'interprétation
ancienne des songes de la compréhension moderne
Les devins de l'Antiquité, suivant leurs connaissances
psychologiques, philosophiques et l'image qu'ils se fai-
saient de la vie, considéraient le rêve comme une chose
venant du dehors, comme un message des dieux. Le
rêve venait de l'extérieur et agissait sur la vie extérieure
— il présageait un événement. L'homme frappé d'un
rêve, avait la même attitude passive qu'il prenait devant
toute chose venant des dieux. Les songes qui se réali-
saient dans la vie courante étaient considérés comme
véridiques.
Tout au contraire, dans notre conception moderne,
les rêves viennent de «l'intérieur». Le rêve est un pro-
duit de notre âme, il est nous-mêmes, notre propre
substance psychique. Il est notre vérité intérieure
inexorable.
Les Clefs des Songes populaires, descendants affai-
blis des livres anciens, acceptent avec le vieux symbo-
lisme une attitude psychique dépassée depuis longtemps.
Et tandis que le conscient de l'humanité évolue en s'élar-
gissant et voit « les étoiles de la destinée dans notre
propre sein », leurs auteurs s'acharnent à des consi-
dérations puériles qui deviennent rigide superstition.
Les Clefs des Songes veulent être trop habiles et
avoir toujours raison. Un de leurs auteurs s'égare même
jusqu'à affirmer qu'un rêve se réalise dans 3 562 cas
sur 3 761 ! Autre exemple : Chacal : votre gendre sera
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d'un caractère affreux (5 771 cas réalisés sur 7 503).


Courge : vous aurez affaire à des idiots (1 945 cas réa-
lisés sur 1950). Douane : dégoût (4 331 cas réalisés sur
4 485) !
Voyons ce que veut dire réellement p o u r nous « un
rêve qui se réalise». Un rêve peut se réaliser sur tant
de plans différents et sous des formes si multiples que
le rêveur, qui attend un événement extérieur, peut ne
pas s'en rendre compte. D'ailleurs, peu de gens savent
réellement s'ils sont heureux, s'ils souffrent, ou s'ils
périssent d'une mort spirituelle.
On peut également se demander : la réalisation maté-
rielle d'un rêve est-elle seule importante, ainsi que le
prétendent les Clefs des Songes ? L'événement qui arrive
dans la vie extérieure n'est que la matérialisation d'une
réalité déjà existante, mais moins tangible. L'essentiel
d'une situation évolue interieurement et se réalise sans
cesse au cours de la vie. Et si pour quelques instants
la réalisation devient évidente, alors nous disons : « C'est
un rêve véridique ! »
Chaque détail de nos rêves veut nous communiquer
quelque chose de spécial et s'exprime en langage sym-
bolique. Aucun hasard dans le choix des détails — et
tous ont de l'importance. Ils annoncent un désir, une
crainte, une possibilité latente. Quand nous ne com-
prenons pas ce langage symbolique ou quand nous ne
voulons pas l'accepter, alors le rêve se matérialise.
Les rêves, messagers de l'inconscient, accompagnent
notre vie tel le chœur dans la tragédie ancienne : ils
expriment le destin. Et, comme le dit Jung, c'est l'incons-
cient, le joueur d'échecs invisible, qui gagne la partie.
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Interprétation des rêves


aux temps modernes
et dans l'Antiquité

Chaque rêve est nouveau, inconnu et unique. Il


contient toujours en lui-même plus d'éléments que n'en
réalise le conscient du rêveur ; il dépasse les limites de
la connaissance de l'analyste le plus expérimenté.
Mais quand le rêve atteint le conscient, il n'est plus
uniquement un « rêve p u r » , il est alors mêlé d'éléments
conscients. C'est pourquoi les rêves doivent être notés
immédiatement, dès le réveil, tant que l'atmosphère du
rêve persiste et avant que celui-ci n'ait subi trop profon-
dément les corrections du conscient.
Beaucoup de personnes prétendent ne jamais rêver,
ou ne pouvoir se souvenir de leurs rêves. Toutefois,
l'expérience de la psychanalyse et de la psychologie
analytique apprend que les rêves apparaissent en foule
dès que le conscient se tourne avec intensité vers l'ac-
tivité de l'inconscient ; cela nous prouve que l'intérêt
apporté à la vie onirique accroît la faculté d'en garder la
mémoire.
Les rêves sont fréquemment déclenchés p a r des fac-
teurs extérieurs, tels que bruits, lumière, une couverture
qui glisse découvrant une partie du corps, un repas trop
copieux, etc.
Cette influence typique (souvent décrite d'ailleurs) 10
sur la sphère sensorielle provoque toutefois des images
différentes suivant les rêveurs. P a r exemple, le bruit
produit par un camion passant dans une rue fait
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pour le salut duquel un irrésistible instinct les porte à se


sacrifier si souvent... » (Stanislas de Guaita dans Le
Serpent de la Genèse).
Ce nouvel état qui s'impose est réfractaire à tout ce
que nous sommes et croyons être. Que le lecteur se
souvienne du rêve de Bernard, de la montagne bâtie de
mensonges. Qui donc a trouvé cette désignations de
l'orientation de sa vie ? Qui formula cette critique ?
Non pas le rêveur, bien entendu, en tout cas ce n'était
pas sa personne consciente. A la rigueur, il pouvait en
hésitant avouer ce jugement et, à contre-cœur, en com-
prendre l'exactitude. Et pourtant, c'était lui qui avait
rêvé cette critique de lui-même. Son être profond recon-
nut le monde qu'il avait créé infantile et faux, et cette
partie incorruptible de lui-même lui montra en rêve la
véritable situation.
Peut-être la psychologie des profondeurs arrive-t-elle
à cristalliser et extérioriser une conscience supérieure
provenant de l'inconscient. Dans sa conception du Soi
dans les rêves, Jung a reconnu un élément plus élevé que
le Moi individuel et a ainsi fait la liaison avec les
doctrines orientales du Soi et du Superconscious des Hin-
dous.
Ce qui voit plus profondément en toi que toi-même,
qui conçoit clairement, tel un cristal inaltérable, non
troublé par le raisonnement ou le désir, c'est le Soi.
Le travail préparatoire à ces expériences est aussi
bouleversant qu'un tremblement de terre et c'est la
raison pour laquelle il s'exprime souvent dans les rêves
sous forme de catastrophe cosmique : tremblements de
terre ou éruptions volcaniques, ou même effondrement
d'une maison (l'écroulement de la « Maison-Dieu », dans
le système du Tarot, constitue un parallèle à ces sym-
boles de l'inconscient). La personnalité tout entière est
atteinte par le processus d'évolution, aucune pierre ne
reste debout. Car il ne s'agit de rien de moins que
d'une transformation radicale de la psyché, au cours de
laquelle le principe dominant, le Moi individuel, abdique
en faveur d'un nouveau maître. Dans les rêves, cette
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transformation se présente sous la forme de la mort du


« Vieux roi» ou du « Père ». (Voir le rêve initial de
Sylvie.)
Suivre une voie intérieure au but encore indéterminé,
tracée uniquement par un désir impérieux, renoncer à
tout ce qui semblait sûr jusqu'alors, croire aux fantas-
magories du rêve plus qu'à la réalité palpable du jour,
c'est une attitude qui entraîne l'individu dans les conflits
humains et sociaux les plus aigus. Mais chez certains
êtres l'évidence de la vie du rêve devient si dominante
que la vie extérieure s'efface et qu'ils ne peuvent résister
à l'appel de la voix intérieure.
Mais ne trouvons-nous pas ailleurs ces mêmes expé-
riences ? L'histoire des religions n'est-elle pas riche
d'événements semblables ? La vision qui, de Saül, fit
l'apôtre Paul, provenait d'un bouleversement intérieur,
amenant à la surface le Soi, enfoui jusqu'alors dans les
profondeurs. Il appelait « Christ » le Soi aperçu, et
exprimait cette vision archétypique dans les mots : « Ce
n'est pas moi qui vis, mais le Christ qui est en m o i »
Les noms de ces expériences changent, mais les expé-
riences restent les mêmes. Ce qu'aujourd'hui nous dési-
gnons en disant : « Ce n'est qu'un songe, une fantaisie
vide de sens ou une imagination hystérique » était
considéré dans l'Antiquité comme la voix de Dieu, l'appel
d'un Sauveur, d'une manifestation sanctifiée, la plus éle-
vée qui soit donnée à l'homme. Si quelqu'un recevait en
rêve ou à l'état de veille un tel message, il était un enfant
de Dieu, un élu. La véritable compréhension des songes
est en même temps une clef de la vision mystique, de
l'éveil spirituel.
Mais les chercheurs isolés, qui, aujourd'hui à nou-
veau, suivent cette voie, doivent, comme les « éveillés
spirituels » d'autrefois, éviter d'être « gonflés de savoir ».
Le Fou du Tarot a surmonté ce danger. Il est au-delà
de l'identification avec les trésors de la connaissance, il
a tout traversé et ne possède rien que la besace qu'il
porte sur le dos.
Pressentir le Soi, le rechercher inlassablement der-
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rière les apparences, donne le vrai sens à la vie. Si vrai-


m e n t les rêves peuvent nous transmettre cette expé-
rience, toute la peine et tous les désenchantements de
l'existence que cette évolution comporte ne sont-ils pas
compensés ?
L'interprétation moderne des rêves ouvre à nouveau
la voie aux expériences intérieures, voie qui a été barrée
p a r le rationalisme des derniers siècles. La relation avec
les connaissances du passé se renoue sur la base d'une
introspection spontanée, et nous constatons alors que de
tout temps, dispersés dans le monde entier, des êtres ont
cherché le même idéal et ont souffert pour lui.
La conception psychanalytique du rêve touche à l'An-
tiquité p a r l'interprétation qu'elle donne des symboles ;
elle rejoint en même temps le concept moderne de la
constitution de la matière. Cette dématérialisation du
monde des apparences, fonction si frappante du rêve,
nous rapproche aussi d'une idée fondamentale de la
philosophie hindoue, celle d'une substance universelle,
le P r â n a : tous les phénomènes ne sont que des aspects
et des condensations différentes de cette même substance
universelle. Dans notre inconscient, lorsque nous dor-
mons, nous ressentons l'aspect Sukshma des phénomè-
nes, leur forme affinée, non l'aspect grossier Sthula, que
nous percevons p a r nos sens. Ainsi en songe, un arbre
devient le sens secret de l'arbre, symbole de la crois-
sance.
Il semble que les rêves ne soient compréhensibles
que si, lors de leur observation, les limites du conscient,
Temps et Espace, sont considérées comme éliminées.
Voyons Jung dans La Réalité de l'Ame, et consultons
aussi le docteur Osty : « Qu'il s'agisse de phénomènes
objectifs, comme l'extériorisation, ou de phénomènes
subjectifs, comme la préconnaissance de l'avenir, tous
nous conduisent à un aspect nouveau de la personnalité
humaine et à une révision de nos concepts Temps et
Espace. »
Deux millénaires avant le médecin analyste et le
praticien métapsychiste modernes, Tertullien avait déjà
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déclaré : « Il n'est qu'un temps pour le Prophète, et


devant lui tout est présent ! »
Dans cette désagrégation du monde des apparences
réside le danger de l'interprétation du rêve, danger com-
mun à toute analyse : celui d'éloigner de la vie. Mais les
rêves contiennent aussi un espoir, celui de l'évolution.
Dans notre inconscient, les forces se trouvent à l'état
primordial et il est en notre pouvoir de les libérer des
ténèbres, de les livrer à la lumière du conscient. Le
destin extérieur ne fait pas exception. Nous le saisissons
en rêve, avant qu'il soit matérialisé et, en cet état
latent, notre propre attitude peut encore le transformer.
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Appendice

1. Aucun des rêves décrits dans cet ouvrage n'a été composé
dans un but démonstratif ; tous ont été réalisés et proviennent
de notre documentation personnelle ou de celle de chercheurs
autorisés.
2. Onirique : qui se rapporte au rêve.
3. Sigmund Freud : la Science des rêves, Paris 1926. Le rêve
et son interprétation, Paris 1932. Introduction à la psychanalyse,
Paris 1956. La Psychopathologie de la vie quotidienne.
4. Swami Vivekananda, Raja Yoga, Inana Yoga, Karma
Yoga.
5. La définition du terme archétype se trouve au chapitre III.
6. C. J. Jung, lors de sa séparation de Freud, appela sa
méthode Psychologie Analytique. Plus tard, il la nomma éga-
lement Psychologie Complexe, et ceci surtout quand il parle de
son œuvre en tant que doctrine de psychologie. Suivant l'usage
adopté en France, nous désignons par le terme « Psychanalyse »
les trois doctrines : la Psychanalyse de Freud, la Psychologie
Individuelle d'Alfred Adler et la Psychologie Analytique de
Jung, tout en tenant compte de leurs différences.
7. Le traitement par la psychanalyse a pour but de décou-
vrir les origines d'une névrose, d'élucider les inhibitions, refou-
lements et autres troubles d'origine inconsciente dont elle se
compose, et de relier le conscient à l'inconscient. Par névrose,
nous comprenons un état troublé de la psyché, caractérisé par
une inharmonie entre les tendances conscientes et inconscientes
qui provoque un arrêt dans l'évolution du sujet. Freud recon-
naît surtout comme base de la névrose des troubles d'ordre
instinctif sexuel, Adler, un complexe d'infériorité avec ses
« sur-compensations » d'orgueil et Jung a établi une synthèse
des deux doctrines, tout en y apportant des éléments nouveaux.
Pour lui, la névrose représente un essai manqué de la psyché
de se libérer et de trouver son équilibre.
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Aux débuts des recherches et expériences psychanalytiques,


les médecins employaient l'hypnose (Freud et Breuer, Studien
über Hysterie, Wien 1895), plus tard ils se servaient surtout du
rêve et des associations spontanées qui s'y rattachent pour déce-
ler les tendances inconscientes de leurs sujets. Le rêve ainsi
mis au centre de la psychanalyse, celle-ci dépasse le cadre d'une
psychothérapie et devient une « Psychologie des Profondeurs ».
Nous revenons souvent sur le processus du traitement analytique,
surtout au chapitre II.
Analyse, traitement analytique, analyste, analysé — ces
mots se rapportent au cours de ce volume à la technique de
thérapeutique psychologique pratiquée par la psychanalyse.
8. Le présent livre, en effet, est écrit pour les lecteurs nor-
maux, curieux de connaître l'état actuel de l'interprétation
des rêves, mais leur description et la recherche de leur sens
a été poussée particulièrement dans des cas plus ou moins
morbides et il est naturel qu'un ouvrage sur ce sujet s'y
réfère souvent. Ce fait ne signifie nullement le caractère mor-
bide ou inquiétant du rêve en soi.
9. Dramatique, dramatisation, ces mots sont pris dans le
présent ouvrage au sens adopté par les psychanalystes depuis
Freud et indiqué ci-dessous, chapitre II, Structure du Rêve ; ils
évoquent l'idée d'une représentation théâtrale, spectaculaire ;
des idées abstraites ou états psychiques, sont ainsi visualisés
en personnages, symboles, scènes animées.
10. Voir A. Maury : Le Sommeil et les Rêves, Paris 1961, et
Havelock Ellis, le Monde des Rêves, Paris 1912.
11. Voir Michel Jouvet et Pierre Wertheimer : Rêves et
Conscience, Presses Universitaises, Paris 1968.
12. C. Jung : l'Energétique psychique. Genève 1956.
L'Homme à la découverte de son âme, Genève 1962. Métamor-
phoses de l'âme et ses symboles. Dialectique du Moi et de
l'Inconscient. Problèmes de l'âme moderne. Psychologie et reli-
gion, Paris 1962. Psychologie et Alchimie. Les Types psychologi-
ques, Genève 1950. Ma vie, Editions Gallimard, Paris 1966.
13. J. Jacobi : La Psychologie de C.G. Jung, René Allendy :
Rêves expliqués (Ed. Gallimard, Paris 1938), et Luc Durtain :
Les secrets du rêve, 1944.
14. Nous employons le terme Libido dans le sens que Jung
lui donne, c'est « l'intensité de l'activité psychique », sa valeur
psychologique. Il ne faut pas comprendre par cela une valeur
morale, esthétique ou intellectuelle, la valeur psychologique est
définie d'après sa force déterminée qui s'extériorise en certaines
activités psychiques.
15. Voir Jung : La Dialectique du Moi et de l'Inconscient,
Paris. D'ailleurs le grand mystique et savant suédois Emma-
nuel Swedenborg à qui nous devons un Journal de rêves (1743-
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1744) observe le même danger ; après avoir eu sa vision du


Christ, il craignait devenir orgueilleux et désirer être adoré
commé le Christ.
16. Artémidore de Daldia. Onirocriticon, traduit du grec
par Henri Vidal sous le titre : La Clef des songes d'Artémidore
d'Ephèse, Paris.
17. Mot à mot : marche (dromos) du contraire (énantios).
Swedenborg, par exemple, dans son Journal de rêves, ne relate
pas seulement des rêves d'une haute élévation d'esprit, mais
aussi des rêves d'un caractère extrêmement sensuel.
18. Jung divise les humains en deux groupes fondamentaux :
le groupe de ceux dont l'attitude générale, dont l'intérêt et
l'énergie psychique sont dirigés principalement vers le dehors,
vers l'objet, le groupe des extravertis, et le groupe de ceux
dont l'attitude générale est principalement dirigée en dedans,
vers le sujet, vers le monde intérieur, le groupe des introvertis.
Ces deux attitudes sont aussi vieilles que la civilisation elle-
même. Jung démontre l'existence de ces deux types d'attitude
à toutes les époques de l'histoire et dans tous les domaines de
la vie, chez les sages de l'Antiquité aussi bien que chez les
Pères de l'Eglise, chez les primitifs comme chez les savants
et les artistes (Les Types psychologiques).
Les deux types psychologiques de l'extraversion et de l'intro-
version représentent des réactions psychiques, devenues auto-
matiques. Ces réactions ne relèvent pas uniquement du domaine
conscient, mais aussi de l'inconscient dans ses réactions com-
pensatoires. L'attitude extravertie ou introvertie commande la
totalité des expériences d'un individu ; elle exerce une influence
prédominante sur ses relations humaines et sur toute l'évolution
de sa vie. Cependant, chaque individu renferme en lui les deux
possibilités d'orientation, et Gœthe, ce grand connaisseur de
l'âme humaine, compare le double mouvement de l'âme, celui
qui s'épanche vers le monde et celui qui se replie sur l'individu
lui-même, au double mouvement du cœur dans la diastole et dans
la systole. Ce principe est pour lui un principe universel. Chez
Jung, la diastole, l'expiration psythique, correspond à l'extra-
version ; la systole, l'inspiration psychique, à l'introversion.
19. Alfred Adler : La Psychologie individuelle, et Oliver
Brachfeld : Les Sentiments d'infériorité.
20. Voir Jung : Métamorphoses de l'âme et ses symboles et
l'Homme et ses symboles.
21. Toni Wolff dans la Signification culturelle de la psycho-
logie complexe de C.G. Jung, 1935 (en allemand).
22. Voir Dr Esther Harding : The Way of all Women
et Women's Mysteries (Les Mystères de la femme).
23. Le chat dans les rêves symbolise souvent les instincts
sauvages non domestiqués, de l'homme et de la femme.
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24. Il faut comprendre l'âme humaine comme un ensemble


de fonctions, destiné à l'adaptation de l'individu aux conditions
de son ambiance et parallèlement aux conditions de sa structure
intérieure. C'est un système d'énergie psychique, régi par des
lois, comparable à celles qui régissent un système d'énergie
physique. Les quatre fonctions principales : Pensée, Sentiment,
Sensation, Intuition, forment le contenu du conscient. Jung les
caractérise comme suit : la fonction Sensation constate ce qui
existe autour de nous, elle est perception pure ; la Pensée nous
indique ce que signifie la chose perçue, le Sentiment nous
transmet sa valeur, il met le sujet en relation directe avec
l'objet, et l'Intuition vise les possibilités immanentes que cache
une chose ou une situation. Chaque individu possède les quatre
fonctions d'une manière plus ou moins développée. L'une
des fonctions prévaut habituellement sur les trois autres, elle
détermine le type fonctionnel d'un individu. Une autre fonction
sert de fonction auxiliaire : ainsi se forme le type pensée-
intuition, le type sentiment-sensation, etc. On peut observer que
dans les rêves une fonction jusqu'ici inconsciente sous une forme
personnifiée se fait jour ; le rêve du médecin qui sort du
tombeau en est un exemple.
25. Le Yoga : Chemin initiatique des Hindous, Tibétains et
Chinois, venant des Indes.
« Yoga » au sanscrit signifie : « joindre ». Il est défini
dans le Oxford Dictionary comme « a Hindu system of philoso-
phic meditation and ascetism designed to effect the reunion of
the devotee's soul with the universal spirit ». C'est une disci-
pline à l'aide de laquelle le disciple aspire à harmoniser le
rythme de son « Moi supérieur » (the Self) avec le rythme d'une
force universelle.
Dans la symbolique des anciens maîtres : la déesse Kun-
dalini sous forme de serpent est enroulée à la base de la colonne
vertébrale de l'homme. Elle est réveillée par des exercices
respiratoires et autres et monte le long de la colonne verté-
brale jusqu'à la tête de l'adepte. Il y a sept stations sur ce
chemin, les sept chakras qui correspondent à des centres ner-
veux. Ce chemin évolutif symbolise l'union de la force vitale
créatrice avec le Dieu Shiva, force créatrice universelle. Voir les
œuvres de Swâmi Vivekananda citées ci-dessus : Yeats-Brown,
Yoga Explained (London, Victor Gollanez Ltd, 1938), H. Zim-
mer, Kunstform und Yoga, également, the Serpent Power d'Ava-
lon. Voir aussi les rêves de Serpent de Sylvie, chapitre VII.
26. J.J. Bachofen : Mutterrecht und Urreligion et Gräbersym-
bolik der Alten (Kröner, Editeur).
27. Voir Eranos-Jahrbuch, 1938, Rhein-Verlag, Zurich. Ce
volume contient plusieurs ouvrages remarquables concernant
la grande Déesse Mère.
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28. L'Anima, au contraire, produit des caprices et des


humeurs dans la psyché de l'homme. C'est la féminité incon-
trôlée et inconsciente dans l'homme qui, une fois devenue cons-
ciente, peut devenir son guide intérieur, son inspiratrice. Voir
Jung, la Dialectique du Moi et de l'Inconscient et Ania Teillard :
Le Rêve, une porte sur le réel. Ed. Stock, Paris.
29. La définition du Yin et du Yang, principes féminin et
masculin dans la philosophie chinoise se trouve au chapitre VII.
30. Le terme Participation mystique est emprunté à Lévy-
Bruhl (Les fonctions mentales dans les sociétés inférieures,
Paris 1912). Il exprime la fusion inconsciente d'un psychisme
avec un autre, une identité partielle entre sujet et objet. La par-
ticipation mystique a été observée d'abord chez les peuplades
primitives, où l'homme fait un avec d'autres hommes, avec
des animaux, avec toute la nature. La psychologie analytique
peut constater que cet état d'âme existe également dans l'in-
conscient de l'homme civilisé ; il peut être le vestige d'un état
primitif.
31. « L'enfant, symbolisant l'adepte naissant, se tient entre
la tradition vulgaire, symbolisée par l'âne avec tout son rigo-
risme ignare, et le bœuf, symbolisant la foi aveugle et naïve. »
(R. Ambelain : Dans l'ombre des cathédrales.)
32. Au sujet de l'œuf, voir Bachofen, Mutterrecht und Urreli-
gion. Alexandre Krappe, La Genèse des Mythes, et chapitre V.
33. G.R. Heyer compare ces relations à des tubes communi-
quants dans Der Organismus der Seele et Wickes : The Inner
World of Childhood et The Inner World of Men.
34. Voir Charles Baudoin : Introduction à l'analyse des rêves,
Genève 1945, et Raymond de Becker : Les rêves ou les machina-
tions de la nuit, Paris 1965.
35. Voir Jung : Métamorphoses de l'âme et ses symboles.
36. J. Jacobi cite un cas analogue dans La Psychologie de
C.G. Jung.
37. Voir Alexandre Krappe : La Genèse des Mythes et Loeffler-
Delachaux : Le Symbolisme des contes de fées, Paris 1950.
38. Voir Jung : L'Homme et ses Symboles.
39. Hey : Der Traumglaube der Antike, Munich 1908.
Thylbus : Le Mystérieux domaine des songes, Paris.
40. Dugaston : Les Songes et les Présages. Ed. Albin Michel,
Paris.
41. De Helva : La Science impériale des songes, Paris 1935.
42. Gaston Bachelard : La Psychanalyse du Feu. La Terre
et les Rêveries du repos, Paris 1948. L'Eau et les Rêves, Paris
1942. L'Air et les Songes, Paris 1943.
43. Cet élément du rêve indique chez Bernard un complexe
jouant un rôle important : il indique son amour-propre, son
narcissisme. Bernard était amoureux de sa propre image comme
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l'était Narcisse, le bel adolescent grec. Cette attitude est très


répandue autant chez les femmes que chez les hommes et
empêche un être de se donner entièrement à une autre per-
sonne.
44. Mircea Eliade : Mythes, Rêves et Mystères, Paris 1957, et
L'Eternel Retour.
45. Le Crapouillot, Nr. 6.
46. Artémidore cite un grand nombre de rêves de la mort.
Voir aussi Ignace Jezower, Das Buch der Träume (Ernst
Rowohlt Verlag, Berlin 1928), et Havelock Ellis, Le Monde des
Rêves (Paris, Mercure de France).
47. Sri Aurobindo, Lettres.
48. Le Livre des Morts tibétain (Evens-Weutz, Paris 1958).
Voir aussi Arnaud Desjardins : Les Tibétains, Ed. La Palatine.
49. Jung : préface au Livre des Morts itébain.
50. Ania Teillard : La Dimension inconnue. Ed. La Bacon-
nière-Payot.
51. John M. Dunne : Le Temps et le Rêve.
52. Philippe de Félice : Poisons sacrés et ivresses divines
(Albin Michel, Paris).
53. Le succès du film de Walt Disney, Blanche-Neige et les
Sept Nains, repose en grande partie sur le fait que des motifs
archétypiques y sont représentés, qui font vibrer le spectateur,
même s'il ne se rend pas compte de leur portée.
54. Jung incite ses sujets en analyse à dessiner ou peindre
leurs rêves, pour mieux visualiser leurs expériences oniriques,
ceci toutefois sans aucun but artistique.
55. Voir Granet : La Pensée chinoise et le I Ging (le livre
des transformations).
56. Voir Jacob Boehme : Le Livre sur l'âme.
57. C.G. Jung : L'Homme et ses Symboles. Ed. Port-Royal,
Paris).
58. Voir C.G. Jung : Psychologie et Alchimie. Buchet-Chastel,
Paris, et Le Secret de la Fleur d'Or.
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Table des rêves

T A B L E DES R Ê V E S

RÊVES DE MONIQUE
ytpe="BWD" du Tigre 28
Rêve d'un Orchestre d'Animaux 69
RÊVES DU MARCHAND DE PARFUM
Rêve du Nez 37
RÊVE DU CHAMP DE COURSES 46
RÊVES DE SYLVIE
Rêve du Père 73
Rêve des Empreintes de Pieds dorés 75, 204
Rêve du Monstre 77
Rêve du Petit Bonhomme qui fait le Temps 81
Rêve des Opinions 81
Rêve du Serpent sortant d'un Livre 83
Rêve du Serpent à double Tête humaine 198
Rêve du Serpent sur un Iceberg 203
Rêve du Serpent au Ciel 203
Rêve du Serpent intérieur à l'Homme 204
RÊVES DE CLAUDINE
Rêve du Jardin 91
Rêve des Fleurs colorées 92
Rêve des Signes du Zodiaque 92
Rêve du Jardin enneigé 94
Rêve de l'Enfant qui meurt de faim 95
Rêve du Jardin reverdissant 98
Rêve des Chevaux craintifs 114
Rêve du Cheval blanc 115
Rêve du Lion 134
RÊVE DE GABRIELLE
Rêve de la femme noire 100
RÊVE D'ABE
Rêve des Petits Chevaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
RÊVES DE Mme H.
Rêve de la Sorcière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
Rêve du Rocher . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
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RÊVE D'ELISABETH
ytpe="BWD" de la Mère Monde 104
RÊVE DE LA NAISSANCE 111
RÊVE DU CHEVAL AUX PLUMES D'AUTRUCHE 113
RÊVE DU PÈRE SUR LA COLLINE 124
RÊVE DE Mme L.
Rêve du Prophète 126
RÊVE DE Mme B.
Rêve du Musée 127
RÊVE DU CIEL EN FLAMMES 131
RÊVE DE L'INCENDIAIRE 131
RÊVE DE LA FOUDRE 132
RÊVE DE LA LUMIÈRE 132
RÊVE DE L'ATRE 132
RÊVE DU FAGOT DANS LE FOUR 133
RÊVE DU LION 133
RÊVE D U FRONT DE LION 133
RÊVE D U LION EMPRISONNÉ 134
RÊVE DE LA FLAMME DU GAZ 137
RÊVE DE Mme X.
Rêve du Furoncle à la nuque 139
RÊVE DE L'ŒUF AU CIEL 161
RÊVES D'HÉLÈNE
Rêve de l'Ascenseur 168
Rêve d'une Chemise flottant au vent 168
Rêve du Tombeau du Médecin 173
Rêve de l'Homme au Fouet 175
Rêve du Paradis 177
Rêve de la Facture à régler 178
Rêve de Chidher 178
RÊVES DE BERNARD
Rêve d'un Théâtre en flammes 170
Rêve du Chien qui voudrait parler 171
Rêve du Chien crevé 173
Rêve de la Montagne 176
RÊVES DE MARIANNE
Rêve du Mammouth 189
Rêve du Fou 189
Rêve du Gué 191
Rêve du Cheval rouge 192
Rêve du Temple à l'intérieur de l a T e r r e 193
RÊVE DE LA QUENOUILLE . . . . . . ......... 195
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Index

Adolescent, 128, 187. Bateau, 78.


Aigle, 155, 156. 207. Bâton, 99.
Aiguille. 196. Battre des grenouilles, 152.
Aller d'une pièce à l'autre, 56. Berceau, 96.
Allumer une bougie, 136. Bois, 154.
— du feu, 133. Boîte, 87.
— une lampe, 136. Bombes, 11.
Alouette, 155. Borgne, 145.
Amie, 30, 32. Bouche, 142, 145.
Ange, 208. Bouche (Intérieur de la), 36.
Animal préhistorique, 189. Bougie, 136, 160.
Animaux, 33, 69, 187, 190, 196. ytpe="BWD" dorée, 206.
Animaux carnassiers, 87. Brigand, 188.
Araignée, 87. Bureau, 55.
Arbre, 22, 30, 67, 87, '08, 109,
187.
Archet, 157. Calice, 87.
Armes, 157, 187. Canne, 158.
Armoire, 87. Canne (Perdre sa), 67.
Arriver en retard, 67, 68. Capuchon, 46.
Atre, 132. Capre, 187.
Autel, 170, 193. Catastrophe cosmique, 187.
Auto, 24, 68. Cave, 54.
Avalanche (Etre enseveli sous Caverne, 87, 190.
une), 24. Cercle, 65, 102, 175, 187.
Aventurier, 188. — surmonté d'une croix, 66.
Aveugle devenir), 145. Chambre à coucher, 54, 55.
Avion, 11, 68. Chapeau, 46, 158.
Charrue, 11.
Chasse, 59.
Bagages (Avoir oublié ses), 67. Chauffeur, 188.
Baguette magique, 157. Chaussure, 141.
Bain (Prendre un), 56. Chauve (Devenir), 140.
Balai, 157. Chemin de fer, 68.
Balcon, 56. Chemise, 169, 177.
Baleine, 79, 105, 190. — propre, 174.
Balustrade, 136. Chemise de nuit, 169.
Bandit, 171. Cheval, 27, 47, 105, 113, 114,
Barbe, 137. 117, 187.
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Cheval blanc, 115, 197. Danse, 96.


— de feu, 192. Danse de sorcière, 96.
— fougueux, 192. Défenses de mammouth, 189.
— (petit), 117, 119. Dents, 36, 138, 143.
— rouge, 192, 194. — arrachées, 143.
Chevaucher avec aisance, 116. — (grandes), 145.
— — fatigue, 116. — noires, 143.
Cheveux, 138, 140. — (perte des), 142.
— abondants, 140. Descente vers le lac, 207.
— en désordre, 140. Désinfectant, 174.
— (Perdre ses), 141. Diable, 208.
Chidher le Verdoyant, 178, 180, Diamant, 67, 206.
182. Dirigeable,
Chien, 87. 171. 173, 175, 176, Doigts, 138.
177, 208. Domestique, 188.
Ciel, 161, 203. Dragon, 33, 79, 105, 146, 150.
Ciel en flammes, 131. Dragon-baleine, 111.
Cigare, 157. Drapeau, 70.
Cigarette, 157. Droite, 142.
Cigogne, 118.
Cirque, 175.
Clairière, 189.
Clef, 134. Eau, 93, 105, 111, 116.
Cocon, 191. Eaux dormantes, 93.
Colombe, 84, 156. Ecrous, 24.
Commode, 87. Effondremnt d'une maison, 210.
Comptoir, 181. Eglise, 194.
Constipation, 55. Eléphant, 147.
Coq, 73, 81, 148, 184. Empreintes de pied, 75.
Coquillage, 87. Enfants, 93, 187.
Corbeau, 130, 155. — abandonnés, 96.
Corbeille, 161, 162. — intérieur, 191, 206.
Corps humain, 36, 137 à 146. — mourant de faim, 95, 96.
Cou, 138. Enfants en train de jouer, 31.
Couleurs, 54. Enterrement, 183.
Couleurs : Eruption volcanique, 210.
bleu, 56, 58. Escaliers, 56.
rouge, 57, 58. Espace, 54.
jaune, 57, 58. la gauche, 59, 61.
vert, 57, 58, 193. la droite, 59,61.
blanc, 57, 175. le milieu, 59.
noir, 58, 59, 175. le haut, 61, 62.
argent, 58. le bas, 61, 62.
Coup, 152, 162. Esprit, 160.
Course au flambeau, 186. Etages de la maison, 54.
Couteaux, 141. Etang, 152.
Cravate, 158. Eteindre le feu, 133.
Croix, 78, 108. — la lampe, 136.
Croix isocèle, 187. Etoile, 203, 208.
Crucifix, 187. Etre enfermé, 67.
Cuillère à pot, 136. — en scène et ne plus se sou-
Cuisine, 54. venir de son rôle, 67.
Cuisson dans le four, 190, 207. — suspendu, 187.
Cygne, 147, 155, 206. Excréments, 55.
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Façade de la maison, 54. Hâte nerveuse, 68.


Facture, 178. Héros, 187.
Fagot, 133. Hippopotame, 78.
Faucon, 206. Hirondelles, 156.
Fausses couches, 93. Homme, 78, 108, 175, 189.
Fécondation par la tête ou l'oreil- Hommes primitifs, 146.
le, 147. Hôtel, 93.
Fécondité de la terre, 117. Hutte, 109.
Fées, 33.
Fenêtre,
Feu, 110, 130, 133, 195. Images techniques, 24.
Feu de l'âtre, 133. Incendiaire, 131.
Feu clair, 133. Incendie, 131, 171.
Feu fumeux, 133. Index allongé, 99.
Feu qui s'éteint, 132. Indiens, 146.
Figuier, 206. Indigènes, 190.
Figures géométriques : Individus dépenaillés, 146.
cercle, 65, 176. Inondations, 187.
cercle surmonté d'une croix, 66. Instruments, 187.
triangle, 66, 87.
carré, 66.
rectangle, 66. Jardin, 30, 91, 92.
pentagramme, 66. — enneigé, 94, 95.
Flamme, 133, 160. — verdissant, 98, 99.
— du gaz, 137. Joyau, 206.
Flamme du sacrifice, 194. Jument, 87.
Flèches, 141.
Fleurs, 67, 92, 187.
— de lotus, 67. Labourer, 11.
Fonts baptismaux, 178. Lac, 87, 93, 116, 181.
Forêt, 87, 93, 189, 190. Lampe, 136.
Fou, 209. Lance, 141. 157.
Foudre, 132. Langue, 138, 145.
Four, 133, 190. Larmes, 171.
Frayer un passage (se), 67. Lèvre pendante, 99.
Frère, 127. Lézard, 146, 149.
Front de lion, 133. Licorne, 147.
Fruits, 67. Lièvre, 116.
Furoncles, 139. Lion, 31, 131, 133, 134, 136, 156,
Fusil, 136, 157. 190, 208.
Livre, 83, 84.
Lotus, 67.
Garçon (petit), 96. Loup, 79.
— d'hôtel, 188. Lumière, 132, 136, 158 à 160,
Gardien, 136. 200 à 206.
Gauche, 59, 61. Lumière blanche, 201, 206.
Glace, 81, 93, 203. Lune, 103, 116, 117, 120, 208.
— (couche de), 93. Lune (Déesse de la), 189.
Glace à la framboise, 172. Lunettes, 146.
Gobelet, 87.
Grappe de raisin, 67.
Grenouille, 187. Mâchoire vide de dents, 145.
Grotte, 95, 187. Magicien, 187.
Gué, 187, 191. Main, 138.
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Maison. 54. Objets mis au rebut, 96.


Mammouth, 189. Œil, 145.
Manquer le train, 67. Œuf, 161, 162, 187.
Marâtre, 196. Œuf cosmique, 96.
Matrice, 117. Oiseau, 130, 155 à 157, 173, 191.
Médecin, 174. 195.
Menton, 138. Ombre, 50, 51, 52, 92, 188.
Mer, 78, 87, 116, 187. Opinions, 81, 82.
Or, 160.
Mère, 96, 116.
Orage, 192.
Mère céleste, 87. Orchestre d'animaux, 69.
Mère-Monde, 104, 176, 177. Oreille, 145.
Moine, 188. — (percement des), 145.
Monstre, 44, 77 à 79, 105. Oreilles de satyre, 137.
Monstre dévorant, 207. Outils, 157.
Montagne, 93, 176, 210. — de cambrioleurs, 157.
Monter à cheval, 116.
Montre, 184.
Morsure de vipère, 149. Pain, 190, 191.
Mort, 118, 183, 197. Papillon, 191.
Mort d'un proche, 183. Parapluie, 158.
Mort ressuscité, 174. — (perdre son), 67.
Mur, 78. Passage dangereux, 187.
Musique, 54, 68. Passer d'une pièce à l'autre, 184.
Paysages désolés, 81.
Pentagramme, 66.
Pente, 172.
Nager, 187. Perdre son temps, 184.
Nains, 196. Père, 74, 122, 124, 157.
Naissance, 111. Père géant, 125.
— issue d'un rocher, Perle, 206.
Nappe, 151. Petit bonhomme qui fait le temps
Nègres, 146. (Le), 93.
Nez, 36, 37, 138, 146. Petits chevaux, 117.
Nom (changer de), 110. Peur, 27, 190.
— (oublier son), 110. Peur de tomber, 68.
Nombres : Phallus, 189.
un, 62. Pièce voisine, 96.
deux, 63. Pied, 138, 141.
trois, 63. Pierres précieuses, 67.
quatre, 63. Pigeon, 83, 147.
cinq, 63, 74. Pipe, 157.
six, 64. Plaies au cou ou au menton, 138.
sept, 64. Plaie nue, 162.
huit, 64. Plaisir de conter, 93.
neuf, 64. Planer, 187.
dix, 64. Pluie, 98.
onze, 65. Plumes, 113.
douze, 65. Poche, 151.
treize, 65. Poêle, 87.
Nombril, 17. Poisson, 79, 153, 154, 181.
Nu (Se trouver nu dans la rue), Pomme, 66, 196.
68. Porte, 56, 134.
Nuages, 81. Pouce, 138.
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Prêtre, 188. Taureau, 187.


Prison, 24. Temple, 193.
Procession, 136. Terrasse, 136.
Profondeur, 61, 189. Terre, 10, 78.
Promenade, 24. Terre à labourer, 117.
— solitaire, 95. Tête, 36, 76, 117, 138, 139.
Théâtre, 171.
Tigre, 28, 31, 33.
Quenouille, 195. Tiroir, 151.
Queue, 113. Toit, 54.
Tombe, 173.
Tombe ouverte, 174.
Rat, 154. Tonneau, 87.
Récipient, 87. Torche, 109.
Rectangle, 66. Tourbillon, 203.
Résurrection de la tombe, 207. Tramway, 67.
Roi, 74. Tremblement de terre, 210.
Rose, 67, 187, 193, 195. Trésor, 206.
Roue, 187, 206. Triangle, 66, 87.
Rythme, 200.

Sac à main, 87. Vache, 87.


— (oublier son), 67. Valise, 87.
Salle de bains, 56.
Vautour, 87, 156.
Salles communes, 55. Veilleuse, 160.
Salon, 55. Vent, 120, 124.
Sanctuaire, 192. Ventres d'animaux, 87.
Sarcophage, 87. Vermine, 87.
Scarabée, 147, 196. Vers de terre, 87.
Sceptre, 157.
Sein maternel, 105. Vêtements neufs, 174.
Sel, 190. — (quitter ses vêtemnts), 184.
Vieil homme, 126.
Serpent, 76, 81, 83, 84, 146 à 149, Vieille femme, 161.
198.
Vierge, 139.
Serpent ailé, 148.
Vieux sage, 187.
— à plusieurs têtes, 202. Ville, 78.
— sortant d'un livre, 83.
Serviette, 87. Vipère, 149.
Vis, 24.
— (oublier sa), 67. Voir, 69.
Signes du Zodiaque. 92, 93.
Voiture de police, 24.
Soleil, 158 à 161, 162, 187. Voleur, 188.
— (lever du), 81.
Sorcière, 87, 96, 99, 102, 103,
114.
Soulagement physique, 55. Water-Closets, 95.
Source, 87.
Souris, 154.
Sphinx, 79, 208. Yeux, 93, 145.
Suicide, 27. — d'enfants, 92.
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ACHEVÉ D ' I M P R I M E R LE 1 0 JANVIER 1979


SUR LES PRESSES DE L'IMPRIMERIE HÉRISSEY
A ÉVREUX
P O U R LE COMPTE DES ÉDITIONS STOCK
14. R U E DE L ' A N C I E N N E - C O M É D I E
PARIS-6

Imprimé en France
N° d'édition : 3755
N° d'impression : 22933
Dépôt légal : 1 trimestre 1979
54-33-2660-01
ISBN 2-234-01016-0

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