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TD – Histoire du livre et de l’édition

Semestre 1 – Année 2021-2022

Proposition de synthèse rédigée sur « La Révolution de l’imprimerie ? »

[Phrase d’accroche] Traditionnellement, l’imprimerie est considérée comme l’une des inventions les
plus importantes de l’histoire, fondatrice de l’époque moderne.

[Présentation des documents] Les quatre textes proposés, fictionnels ou historiques, s’interrogent les
conséquences, positives ou négatives de l’invention de « la presse lumineuse de Gutenberg » (Hugo), quoique
leur visée soit fort différente : tandis que Victor Hugo appréhende l’invention dans son opposition à
l’architecture dans son célèbre roman, Notre-Dame de Paris, tout en faisant entendre les arguments qui lui
tiennent à cœur pour convaincre son lecteur de la nécessité de défendre l’architecture, Gérard de Nerval
souligne les potentiels dangers de l’imprimerie en imaginant l’influence de Satan, dans une pièce de théâtre
dont l’intrigue se déroule elle aussi au XVe siècle. Le troisième texte, rédigé par un historien contemporain,
confronte deux points de vue et le dernier texte est un témoignage d’un imprimeur et humaniste du XVIe
siècle, Henri Estienne, qui raconte le déroulement de la Foire du livre de Francfort.

[Problématique et annonce d’un plan bipartite] Quelle est l’ampleur des bouleversements entraînés
par l’invention de l’imprimerie : s’agit-il d’une « révolution » bénéfique aux arts et aux sciences ou bien d’un
changement aux conséquences dangereuses ? Certes, la diffusion de l’imprimerie représente un progrès
considérable, néanmoins cette invention, qui ne révolutionne pas fondamentalement la diffusion des savoirs
ou les techniques d’impression, présente de nombreux inconvénients.

[Partie I : avantages et importance de l’imprimerie] Parmi les bouleversements induits par
l’imprimerie, l’essor du marché du livre et des grandes foires occupe une place importante. Henri Estienne
souligne l’importance intellectuelle et économique de celle de Francfort, véritable « Exposition universelle
des lettres » qui réunit une très grande variété de livres digne des plus bibliothèques antiques, ainsi que des
poètes, des orateurs, des historiens, des mathématiciens et des lettrés venus de toute l’Europe qui peuvent
échanger leurs savoirs. L’imprimerie n’a pas immédiatement constitué une « révolution » intellectuelle
comme le pense l’historienne Elizabeth L. Eisenstein, elle n’a pas introduit, dès son apparition, de
bouleversements majeurs dans les textes nouveaux et les connaissances scientifiques, sinon peut-être dans le
domaine des sciences naturelles ou de l’anatomie (Henri-Jean Martin et Lucien Febvre, cités par Jean-
François Tétu). Mais à partir du XVIe siècle, elle est au service de la diffusion de la culture humaniste
comme en témoignent les bibliothèques et les collections privées qui comptent parfois plus de 500 ouvrages,
le déclin progressif des ouvrages en latin et l’essor des « traductions d’auteurs classiques en langue vulgaire »
(Jean-François Tétu).

[Partie II : dangers, inconvénients et limites de l’imprimerie] Si la diffusion des savoirs et des
connaissances permis par l’imprimerie a été tardive, cette dernière a toutefois joué un rôle non négligeable
« dans l’expansion de la Réforme et des passions qu’elle a déclenchées » (Jean-François Tétu). Aussi a-t-elle
pu être regardée d’un œil suspicieux par l’Église : plus durable et plus volatile que le « livre de pierre », le
« livre de papier », qui permet aux idées émancipatrices de se diffuser plus aisément, menace les institutions
en place (Victor Hugo) et peut semer le chaos dans la société (Gérard Nerval s’interroge ainsi sur la
perversion de l’invention en imaginant les usages que le diable pourrait en avoir). L’imprimerie et l’essor du
marché du livre ont aussi entraîné le déclin d’une autre forme d’écriture, plus ancienne, celle que représentait
l’architecture : c’est la raison pour laquelle Victor Hugo met en garde ses contemporains contre l’abandon du
patrimoine architectural, véritable « Bible de pierre ».

[Conclusion] Ainsi, l’invention de l’imprimerie n’induit pas dès son apparition une révolution
fondamentale dans l’invention des savoirs, mais sitôt passée l’époque des incunables, elle « met à portée » les
connaissances scientifiques et les pratiques humanistes auprès d’un public de plus en plus nombreux.

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TD – Histoire du livre et de l’édition
Semestre 1 – Année 2021-2022

(594 mots – possibilité d’étoffer la conclusion pour formuler une ouverture – marge de tolérance de 10 %)

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