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Dembo SADIO
Professeur de Lettres modernes
NOUVEAU LYCEE DE KAOLACK
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a. De leur différence
C’est fondamentalement au niveau de la démarche.
♦ En littérature
La démarche est poétique. L'écrivain est celui qui travaille sur le langage, celui qui
exploite la fonction poétique (cf. Appendice, 1, p. 183), c’est-à-dire cette fonction du langage
qui est propre à toutes les œuvres littéraires (poésie, roman, théâtre …), donc à ces œuvres
qui, parce qu’elles visent à capter l’attention du lecteur, se distinguent des autres textes par
l’usage esthétique qu’elles font du langage.
♦ En science
La science, elle, a une démarche analytique. Elle impose l’objectivité, la soumission aux
faits par l’expérience (faits positifs pour parler comme Auguste Comte), et parfois
l’observation de leurs relations invariables à travers des lois. Elle aune finalité utilitaire, mais
une finalité utilitaire qu’elle trouve dans la technique (comme une application de la science à
des fins pratiques).
En effet, comme le dit Louis de Broglie, la science et la technique « sont comme l’âme et
le corps de la science et leur union est indispensable à sa vie ». Ce sont, précise-t-il, deux
formes de l’activité scientifique, qui « procèdent l’une de l’autre. Les découvertes de la
science pure, très souvent faites sans aucun souci d’applications possibles, sont cependant la
condition nécessaire des progrès techniques et ceux-ci en général ne tardent guère à suivre
les progrès de la science pure ».
b. De leur complémentarité
Même si elles sont au service de l’homme, la science et la littérature divergent dans leurs
préoccupations.
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C’est une civilisation, au XIXe siècle, qui a inspiré, entre autres, des écrivains comme Honoré de Balzac, Victor Hugo et
Émile Zola. Dans leurs œuvres, ils ont parlé des réalités socio-économiques de l’époque, conséquences de la Révolution
industrielle, comme le développement de la puissance cynique de l’argent, la misère, l’écrasement des pauvres et des faibles,
la dureté des puissants, la naissance des mouvements ouvriers, l’antagonisme des nouvelles classes sociales.
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prodigieuses, qui sont l'espérance de demain, vont se répandre de plus en plus parmi les
hommes qui, tous, en profiteront de plus en plus, sur une planète harmonieusement
coordonnée, où la Maladie aura disparu, où la Vieillesse et la Mort auront reculé ».
Cependant la science favorise, au nom du progrès, tout ce qui asservit l'homme, le fait souffrir
dans certaines de ses applications (par exemple, les méfaits de la bombe atomique). Elle
méconnaît la sensibilité, n’a que faire des qualités du cœur. « La géométrie, souligne Blaise
Pascal, laisse l’esprit comme elle le trouve », parce que, comme science, elle ne donne pas le
sens moral qui pénètre les individus, n’éclaire pas sur le bien ni sur le mal.
En somme même « si la littérature, comme le souligne Henri Queffélec, n'est pas une
science, elle a sa place tout aussi naturellement que les sciences, dans le savoir humain. Il n'y
a pas de cloisons étanches entre elle et les chercheurs scientifiques. L'œuvre littéraire
s'ébauche et se crée, comme toute chose en ce monde, à partir de matériaux extérieurs
empruntés à la vie ». En fait, même si elles ont acquis leur autonomie et leur spécificité, les
deux disciplines trouvent dans les réalités de la vie leur matière première, cherchent
effectivement, à partir de ces réalités, à faire comprendre le monde. Elles « n’ont pas,
considère notre auteur, à rougir de travailler en commun à expliquer le monde, de travailler
en commun à faciliter aux hommes l’admiration du monde », en un mot de travailler en
commun pour que le progrès moral aille de pair avec le progrès scientifique.