Vous êtes sur la page 1sur 3

Module : littérature française

Sections : PES / PEM 3°année


Prof : B.Rezzoug

Suite aux différents mouvements qui ont marqué le XIX siècle, nous vous proposons un autre se situant dans
le sillage du mouvement réaliste :
1-Le Naturalisme
C’est dans les années 1880 que le mot naturalisme définit précisément un nouveau courant littéraire.
Zola, qui en est l’écrivain le plus représentatif inscrit le naturalisme dans le prolongement du mouvement
réaliste, en opposition claire au romantisme.
Naissance du mouvement naturaliste
Le terme naturalisme est emprunté à la fois aux sciences biologiques et à la philosophie. Mais c’est
dans l’article d’un critique d’art (Salon de 1863) que l’expression « école naturaliste » semble faire sa
première apparition. L’art « serait l’expression de la vie sous toutes ses modes et à tous ses degrés », et aurait
pour unique but « de reproduire la nature en l’amenant à son maximum de puissance et d’intensité : c’est la
vérité s’équilibrant avec la science ».
Sur le plan scientifique, ce sont les travaux de Darwin et surtout ceux de Claude Bernard, dont Zola dit souvent
s’être inspiré, qui définissent précisément le cadre expérimental de la nouvelle conception littéraire. Par
ailleurs, les réflexions de l’historien Taine invitent l’écrivain à adapter la méthode déterministe du savant aux
préoccupations du romancier.
La démarche naturaliste
Les écrits théoriques de Zola sur la question du naturalisme s’échelonnent de 1866 à 1880, l’écrivain
fait remonter cette pratique littéraire à …Diderot, qui introduit au XVIII° siècle les méthodes des sciences
expérimentales dans la littérature. Si le mouvement naturaliste se définit avant tout par la prise en compte des
sciences au service de la pratique littéraire, c’est d’abord contre l’école romantique dont les thèmes sont
inadaptés à l’esprit positiviste de cette fin du siècle. Mais c’est aussi dans le prolongement du courant réaliste :
on ajoute en effet au souci du détail vrai, à la documentation, à l’étude du milieu et à l’observation,
l’expérimentation. Il s’agit d’étudier le mécanisme des faits leur enchainement à partir d’hypothèses
scientifiques précises. L’ensemble des réflexions de Zola sont réunies dans des recueils d’articles : Les
Romanciers naturalistes (1881), et surtout Le Roman expérimental (1880) où l’on retrouve la célèbre et
concise définition du naturalisme : « la formule de la science moderne appliquée à la littérature ».
Emile Zola, le roman expérimental(1880).
« …Je passe à un autre caractère du roman naturaliste. Il est impersonnel, je veux dire que le
romancier n’est plus qu’un greffier, qui se défend de juger et de conclure. Le rôle strict d’un savant est
d’exposer les faits, d’aller jusqu’au bout de l’analyse, sans se risquer dans la synthèse ; les faits sont ceux-ci,
l’expérience tenter dans telles conditions donne tels résultats ; et il s’en tient là, parce que s’il voulait s’avancer
au delà. Des phénomènes, il entrerait dans l’hypothèse ; ce serait des probabilités, ce ne serait pas de la
science. Eh bien ! le romancier doit également s’en tenir aux faits observés, à l’étude scrupuleuse de la nature,
s’il ne veut pas s’égarer dans des conclusions menteuses. Il disparaît donc, il garde pour lui son émotion, il
expose simplement ce qu’il a vu… »
Pour mettre en œuvre ces présupposés théoriques et scientifiques, les romanciers naturalistes (Maupassant,
Huysmans, Céard , Daudet ou Mirbeau) usent abondamment de descriptions qui permettent d’insister sur le
milieu décrit et de montrer ainsi son influence déterminante dans l’évolution des personnages. Quant aux
effets de focalisation, ils donnent l’impression d’un exposé objectif des faits à analyser (focalisation externe).
C’est à la société qu’ Emile Zola va s’intéresser en réalisant une immense fresque sociale à travers les
vingt romans que constitue l’ensemble des Rougon- Macquart.
Le sous-titre de cette saga est explicite : Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire.
Naturelle parce que l’écrivain cherchera à décrire les conséquences héréditaires de l’alcoolisme et de la folie
dans les générations successives d’une famille ; sociale puisqu’il s’agira de voir cette famille évoluer dans
différents milieux sociaux qui détermineront son destin.
L’œuvre de Zola a donné lieu à des critiques virulentes : on lui a notamment reproché d’avilir la morale
publique en peignant avec autant de précision les bas- fonds de la société, et en multipliant les vocables
grossiers. A quoi Zola répondit dans la préface de L’Assommoir : « Mon œuvre me défendra. C’est une œuvre
de vérité, le premier roman sur le peuple, qui ne mente pas et qui ait l’odeur du peuple. » Les vices et les
maladies ne sont étudiés que dans une perspective scientifique : il s’agit de comprendre la pathologie sociale
sous toutes ses formes (alcoolisme ; érotomanie ; inceste ; hystérie meurtrière…). Zola sera toutefois le
premier surpris quand on commencera à douter scientifiquement des thèses scientistes élaborées dans cette
seconde moitié du siècle.
Mais l’univers romanesque de Zola est constitué également de mythes et de symboles qui tranchent avec la
démarche choisie. Comme exemple on peut citer les descriptions : la mine dans Germinal, des halls dans Le
Ventre de Paris, de la locomotive dans La Bête humaine qui sont autant de manifestations symboliques de
quelques grands thèmes idéologiques, fantasmatiques ou moraux : progrès social, pouvoir et tyrannie,
exploitation de l’homme par l’homme…

2- Le Symbolisme

DECADENCE ET SYMBOLISME
C’est dans un climat de défaite (guerre de 1870) et de révolte contre les valeurs bourgeoises de la fin
du siècle, fondée essentiellement sur un rationalisme positiviste1 , qu’un nouveau courant se développe.
Caractérisé de « décadent » par la société bien pensante, ce courant reprendra à son compte ce qualificatif
pour exprimer le sentiment de dépérissement des valeurs morales et esthétiques au profit d’un matérialisme
borné. Le symbolisme, mouvement poétique, naît de cette remise en cause et s’impose contre les mouvements
réaliste et naturaliste.

L’esprit décadent, naissance d’une nouvelle esthétique


« J’aime le mot décadence tout miroitant de pourpre et d’ors, écrit Verlaine dans Les poètes maudits
(1884). }…{ Nous pouvons faire une application ironique et nouvelle de ce mot, en y sous entendant la
nécessité de réagir par le délicat, le précieux, le rare contre les platitudes des temps présents… »
Verlaine fait l’analyse d’un mot et non d’une école : Jules Laforgue, Tristan Corbière, Charles Cros, Barbey
d’Aurevilly, Huysmans, Villiers de l’Isle-Adam…( les auteurs concernés) viennent d’horizons différents et
ne proposent pas une doctrine précise. Une motivation commune les réunit cependant : la recherche d’un idéal
contre la trivialité du quotidien. Tout cela se traduit dans l’écriture, à la fois par le désenchantement et
l’expression du dégoût, mais aussi par la recherche de l’exotisme, du surnaturel, en un langage volontairement
obscur. L’on passera du décadentisme au symbolisme lorsque ces artistes proposeront un nouvel art poétique.

Le Symbolisme
Le premier manifeste de l’école symboliste est une lettre de Jean Moréas (poète français, (1856 – 1910) , parue
dans le supplément littéraire du Figaro, le 18 septembre1886. Le symbolisme doit succéder au parnasse comme
celui-ci a succédé au romantisme ; le précurseur en est Baudelaire, le premier théoricien, Mallarmé, alors que
Verlaine en est l’un des premiers représentants, parce qu’il a su briser la structure du vers. La poésie doit servir
l’Idée et non plus la Pensée, c'est-à-dire que la poésie ne doit pas nourrir la réflexion mais proposer des
analogies ou correspondances inattendues. Enfin il faut retrouver la bonne langue, celle d’avant Vaugelas et
Boileau celle de Montaigne et de Rabelais.
C’est surtout son analyse des correspondances qui fait de Baudelaire le précurseur du symbolisme. Le
poète doit traduire par son écriture les analogies qu’il découvre dans le monde et celles qu’il perçoit au moyen
de ses sens : « …qui n’a connu ces admirables heures véritables fêtes du cerveau, où les sens plus attentifs
perçoivent des sensations plus retentissantes,}…{ où les sons tintent musicalement, où les couleurs parlent,
où les parfums racontent des mondes d’idées ? » (Curiosités esthétiques, 1869). Le monde contient des
mystères que le poète doit révéler, tout en laissant à ces énigmes leur part d’obscurité (« Correspondances »,
au début du recueil des Fleurs du Mal).
Le symbole : ce terme marque l’association de deux réalités (sensations / idées et objet du monde) qui
n’entretiennent en général aucune relation. Le symbole est précisément le signe qui désigne cette association.
La pensée symbolique procède donc par images et analogies. Ces rapprochements restent allusifs et imprécis,
le symbole ne dénomme pas, il suggère.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
1- Doctrine selon laquelle seule la connaissance des faits et de l’expérience scientifique compte

Vous aimerez peut-être aussi