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T.C.

SELÇUK ÜNİVERSİTESİ
EDEBİYAT FAKÜLTESİ
FRANSIZ DİLİ VE EDEBİYATI BÖLÜMÜ

HISTOIRE DE LA LITTERATURE FRANCAISE – IV DERSİ


2022-2023 BAHAR DÖNEMİ FİNAL ÖDEVİ

Hazırlayan
Hatice GÖKKAYA
202609004

Öğretim Üyesi
Prof. Dr. Ahmet GÖGERCİN

KONYA – 2023

Hatice GÖKKAYA 202609004


ÖDEV KONUSU:
Expliquez les courants réaliste et naturaliste et essayez d’en analyser les principes
essentiels à travers les extraits que vous avez déjà étudiés pendant les cours.
Öncelikle akımları ayrı ele alın ve açıklayın. Önemli yazarlarından, varsa manifestolardan
bahsedin ve temel prensiplerini maddeler halinde yazın. Derslerde bu konular yeterince
detaylı bir şekilde incelendi. Ayrıca internet üzerinden araştırmalar yaparak da yeni bilgiler
edinebilirsiniz. Akımların temel prensiplerini maddeler halinde sıraladıktan sonra her birini
ayrı ayrı ele alın ve kitabınızdaki metinlerden alıntılar yaparak örneklendirmeye çalışın. Son
olarak; Realizm ve Natüralizm arasındaki benzerlikleri ve farklılıkları açıklayın. Özellikle
Natüralizmin Realizmden ayrıldığı yönleri vurgulayın.

Réalisme VS Naturalisme
Le XIXème siècle se caractérise par de multiples instabilités politiques avec la
succession de sept régimes politiques différents, siècle qui débute par les guerres
napoléoniennes et finit par la guerre franco-allemande. En parallèle, la France connaît une
révolution scientifique et industrielle. Le XIXème siècle est également marqué par la liberté
de pensée et ainsi la naissance de grandes idées modernes du libéralisme et du socialisme.
Parmi les courants littéraires, nous distinguons le romantisme, représenté par Victor Hugo, le
réalisme initié par Honoré de Balzac, le naturalisme accentué par Émile Zola, le parnasse avec
Théophile Gautier et enfin le symbolisme représenté par Baudelaire et Mallarmé.

Nous allons nous attarder sur le réalisme et le naturalisme dans cette composition afin
de les expliquer en nous appuyant sur les styles et les méthodes des grands écrivains réalistes
et naturalistes. Après avoir défini et analysé ces deux courants, nous allons essayer de les
comparer en énonçant leurs similitudes et leurs différences.

Né pendant la seconde moitié du XIXème siècle, le réalisme s’oppose à la littérature


mise en place lors du Second Empire, le romantisme. Ce courant est apparu avec la montée de
la démocratie et du libéralisme, du positivisme (culte du progrès). Après la mélancolie et le
sentimentalisme du romantisme, l’heure est maintenant à la volonté de décrire la réalité telle
qu’elle est. Même Victor Hugo criait « La nature et la vérité ! ». Nous pouvons ainsi définir le
réalisme par quelques valeurs et principes suivants :

- Décrire le réel, la réalité.


- Relater l’interaction homme/milieu.
- Être objectif en laissant un peu d’imagination à l’auteur pour construire le récit.
- Effectuer une documentation approfondie.
- Plus de place à l’idéalisme, le nouveau mouvement prône le respect des faits
matériels avec à l’appui le positivisme et le scientisme.
- Écrire de façon réaliste, faire vrai.
- Les thèmes abordés sont les défauts et vices de la bourgeoisie et de la noblesse
(bêtise, égoïsme, hypocrisie, corruption, lâcheté, bassesse, l’argent,…).

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Un des précurseurs du réalisme est Honoré de Balzac : il est le premier à écrire des romans
dans une organisation méthodique et rigoureuse. Il écrit plus de 90 romans qu’il place sous
différentes catégories (Études de mœurs, Études philosophiques et Études analytiques) dans la
Comédie Humaine. Il étudie la société et les hommes comme un vrai scientifique, comme un
zoologiste le ferait avec les animaux. Selon Balzac, l’homme est une créature sociale, une
espèce sociale. C’est alors que s’est créé un monde balzacien avec des personnages réalistes,
vrais reflets de la société. Chaque type symbolise une passion : la générosité avec Le Père
Goriot, les hors-la-loi dans Histoire des Treize, la bourgeoisie superficielle et gaspilleuse dans
La Peau de Chagrin, l’avarice avec Eugénie Gandet, l’honnêteté commerciale avec le
parfumeur Birotteau dans César Birotteau parmi tant d’autres. Les personnages balzaciens
sont des gens normaux, qui vivent des histoires proches de la réalité et non des héros
merveilleux. Ils sont universels car ils dépassent leur époque et les intentions de l’auteur.
Dans La Maison Nucingen, Balzac utilise l’argent comme thème principal de son roman et y
explique comment un banquier malhonnête fait fortune (page 322) 4 : « L’année 1815 arrive,
mon gars réunit ses capitaux, achète des fonds avant la bataille de Waterloo, suspend ses
payements au moment de la crise, liquide avec des actions dans les mines de Wortschin qu’il
s’était procurées à vingt pour cent au-dessous de la valeur à laquelle il les émettait lui-
même ! » Grand observateur, il se donne comme mission de relater les faits sociaux, il dit «
La société française allait être l’historien, je ne devais être que le secrétaire. » Les thèmes
qu’il traite dans ses romans sont ceux de la vraie vie : la philosophie, la psychologie, la
politique, la société, l’économie. Une des méthodes que Balzac emploie, méthode dite
balzacienne, est la théorie des milieux : le milieu et l’environnement ont une grande influence
sur les états moral et physique de l’homme. D’où les longues descriptions préliminaires dans
ses romans. Dans l’extrait suivant du Père Goriot (page 311)4, Balzac effectue des
descriptions détaillées de la pension où vit le père Goriot afin de démontrer au lecteur
l’influence du cadre, l’interaction entre les lieux et leurs habitants « [...] le rez-de-chaussée se
compose d’une première pièce éclairée par les deux croisées de la rue, et où l’on entre par une
porte-fenêtre. Ce salon communique à une salle à manger qui est séparée de la cuisine par la
cage d’un escalier dont les marches sont en bois et en carreaux mis en couleur et frottés. »
Dans Le Lys dans la Vallée, Balzac nous fait ressentir les émotions du narrateur à travers les
descriptions du paysage de la Vallée (page 318) 4 : « L’amour infini, sans autre aliment qu’un
objet à peine entrevu dont mon âme était remplie, je le trouvais exprimé par ce long ruban
d’eau qui ruisselle au soleil entre deux rives vertes, par ces lignes de peupliers qui parent de
leurs dentelles mobiles ce val d’amour, par les bois de chênes qui s’avancent entre les
vignobles sur des coteaux que la rivière arrondit toujours différemment, et par ces horizons
estompés qui fuient en se contrariant. » Après avoir dressé le cadre de l’action, Balzac passe à
la description physique de ses personnages (page 312) 4 : « Il avait quitté l’habit bleu barbeau,
tout son costume cossu, pour porter, été comme hiver une redingote de drap marron grossier,
un gilet en poil de chèvre et un pantalon gris en cuir de laine. Il devint progressivement
maigre ; ses mollets tombèrent ; sa figure, bouffie par le contentement d’un bonheur
bourgeois, se rida démesurément ; son front se plissa, sa mâchoire se dessina. » Balzac
présente son personnage principal Le père Goriot avec la même précision utilisée pour le
décor. Il manie tellement bien sa plume qu’il arrive à faire comprendre au lecteur à quel point
le père Goriot a chuté socialement. L’appareil scientifique que Balzac utilise est une méthode

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d’exposition : il parvient à démonter les mécanismes d’une société pour les remettre en
mouvement dans une société de fiction.

Autre défendeur du réalisme : Stendhal. Même s’il n’est pas au même titre que Victor Hugo,
le romantisme de Stendhal ne l’empêche pas d’affirmer que « le roman, c’est un miroir que
l’on promène le long d’un chemin. » En effet, son observation réaliste l’empêche de faire
vagabonder son imagination, il contrôle les réactions de ses personnages selon les méthodes
des sciences exactes (positivisme, déterminisme). Stendhal applique ce qu’on appelle le
réalisme psychologique : les sentiments de ses personnages sont très importants pour lui. Et
un des plus grands thèmes de ses romans est évidemment l’amour : il considère l’amour
comme une science et lui est le mathématicien. Dans son ouvrage De l’Amour8, Stendhal fait
une analogie chimique pour expliquer comment l’on tombe amoureux : « Aux mines de sel de
Salzbourg, on jette dans les profondeurs abandonnées de la mine un rameau d’arbre effeuillé
par l’hiver ; deux ou trois mois après, on le retire couvert de cristallisations brillantes. [...] Ce
que j’appelle cristallisation, c’est l’opération de l’esprit, qui tire de tout ce qui se présente la
découverte que l’objet aimé a de nouvelles perfections. » Le réalisme de Stendhal se remarque
très bien dans son roman La Chartreuse de Parme, où il peint les mœurs politiques dans les
monarchies italiennes du XIXème siècle. Dans Lucien Leuwen, Stendhal relate la Monarchie
de Juillet et la Restauration dans Le Rouge et le Noir, sous-titré d’ailleurs “Chronique de
1830”. L’extrait suivant du roman Le Rouge et le Noir indique bien que l’histoire se situe
juste après la chute du Ier Empire ; Julien Sorel admire Napoléon Bonaparte, qu’il lit en secret
(page 332)4 : « En passant, il regarda tristement le ruisseau où était tombé son livre ; c’était
celui de tous qu’il affectionnait le plus, le Mémorial de Sainte-Hélène. » En plus d’être un
vrai tableau des mœurs, les romans de Stendhal sont tirés d’histoires vraies. L’histoire de
Julien Sorel est en fait celle d’Antoine Berthet, condamné à mort pour tentative de meurtre de
Madame Michoud, chez qui il avait été précepteur (page 337) 4 : « Julien ne la reconnaissait
plus aussi bien ; il tira sur elle un coup de pistolet et la manqua ; il tira un second coup, elle
tomba. » L’art de Stendhal s’exprime ici via un réalisme psychologique : il nous fait vivre
l’action de l’œil du meurtrier.

Tout comme Stendhal, Prosper Mérimée est un romantique réaliste qui sait contrôler ses
sentiments et ses passions. Son talent d’observation, son envie de documentation précise et
des faits réels l’ont poussé à devenir un écrivain réaliste. Son domaine de prédilection est la
nouvelle. Le style et le langage employés dans ses récits rendent l’histoire comme vraie :
Colomba et Carmen regorgent de termes typiquement corse ou gitane. Dans l’extrait de
Colomba comme suit (page 350)4, Mérimée emploie des termes corses comme Saveria (la
servante) ou le bruccio (fromage, mets national en Corse) : « Orso s’étant retiré dans sa
chambre, Colomba envoya coucher Saveria et les bergers, et demeura seule dans la cuisine où
se préparait le bruccio. » Mérimée montre à quel point la documentation est primordiale dans
le réalisme, il nous montre dans l’extrait suivant (page 351) 4 qu’il a étudié les traditions corses
: « Il faut savoir que mutiler le cheval de son ennemi est, pour les Corses, à la fois une
vengeance, un défi et une menace de mort. » À cela s’ajoute l’art du récit détaillé montrant
ainsi le réalisme de son histoire (page 350) 4 : « Par-dessus une redingote bleue bien serrée à la
taille, il portait en bandoulière une petite boîte de fer-blanc contenant des cartouches,
suspendue à un cordon de soie verte ; son stylet était placé dans une poche de côté, et il tenait

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à la main le beau fusil de Manton chargé à balles. » De la même façon, dans Carmen,
Mérimée n’hésite pas à employer des termes du rommami, qu’il a appris pour construire son
récit (page 354)4 : « Tout est fini entre nous. Comme mon rom, tu as le droit de tuer ta romi ;
mais Carmen sera toujours libre. Calli elle est née, calli elle mourra. » Rom signifiant mari,
romi sa femme et calli veut dire noir, faisant référence à la peau sombre des gitans. Carmen
est une histoire inspirée de la réelle histoire de José Navarro, un jeune basque qui s’est
transformé en un bandit pour et par la belle Carmen. Aveuglé par son amour, il a trahi l’armée
puis est devenu un voleur parmi les gitans. Sa passion pour Carmen l’a poussé à la tuer (page
354)4 : « - José, répondit-elle, tu me demandes l’impossible. Je ne t’aime plus ; toi, tu
m’aimes encore, et c’est pour cela que tu veux me tuer. [...] Je la frappai deux fois. C’était le
couteau du Borgne que j’avais pris, ayant cassé le mien. Elle tomba au second coup sans
crier. »

C’est seulement après 1850 que le réalisme commence à s’affirmer réellement, qui atteint son
apogée avec Madame de Bovary de Flaubert. Ce roman a été inspiré de l’histoire d’un ancien
élève de son père, Eugène Delamare, médecin dont la femme infidèle finit par s’empoisonner.
Dès son enfance, Flaubert avait le goût pour la science, l’observation méticuleuse et objective,
goût qui vient de son père chirurgien. C’est ainsi qu’il souhaite faire passer la méthode des
sciences à la psychologie. Sûrement l’influence de son père, la documentation est la condition
primordiale pour Flaubert pour écrire : pour relater les choses vraies, il faut absolument
effectuer des observations objectives et des enquêtes. Rien que pour écrire cette scène,
Flaubert a énormément lu de traités médicaux et il a même testé un léger contenu d’arsenic.
Tout ce qu’a ressenti et vécu Flaubert lors de son expérience, il l’a fait pour être le plus
réaliste possible dans son roman (page 467) 4 : « Une saveur âcre qu’elle sentait dans sa
bouche la réveilla. [...] Elle fut prise d’une nausée si soudaine. [...] Cependant, elle sentait un
froid de glace qui lui montait des pieds jusqu’au coeur. [...] À huit heures, les vomissements
reparurent. [...] Son pouls inégal était presque insensible maintenant. » Comme Balzac,
Flaubert accorde une grande importance au cadre : il raconte avec une exactitude presque
scientifique les personnages, la pharmacie, l’auberge,... Flaubert présente Yonville et plus
précisément, ici, le climat avec une telle précision que nous avons l’impression de lire un
document scientifique (page 464)4 : « Le thermomètre (j’en ai fait les observations) descend
en hiver jusqu’à quatre degrés, et, dans la forte saison, touche vingt-cinq, trente centigrades
tout au plus, ce qui nous donne vingt-quatre Réaumur au maximum, ou autrement cinquante-
quatre Fahrenheit (mesure anglaise) pas davantage ! » Le réalisme de Flaubert a même ancré
la notion de bovarysme dans la littérature française comme celui qui est contraint de vivre
selon les circonstances extérieures. Ce que vit Emma Bovary est exactement ce que veut faire
passer Flaubert : l’interaction des circonstances et les travers du caractère poussent Emma
vers le conflit réel/rêve. À travers Madame de Bovary, Flaubert critique ainsi les travers de la
société bourgeoise : qui est coupable ? Emma ou son entourage qui lui a imposé cette vie ?

Les écrivains travaillent généralement seuls mais les frères Goncourt choisissent d’écrire
ensemble et ce dans une parfaite communion. Les frères Goncourt sont des réalistes
passionnés pour les documents “d’après nature”, ils se documentent énormément. Ils se disent
les “raconteurs des présents”, s’inspirent des méthodes des historiens qui sont les “raconteurs
du passé”. Ils se fondent sur l’observation du réel en se plongeant dans la réalité, en enquêtant

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sur le terrain. Leur processus méthodique et logique a même été approuvé par Sainte-Beuve.
Les personnages des frères Goncourt sont ceux de la réalité : Renée Mauperin est Blanche
Passy, ami de jeunesse de Jules de Goncourt, Germinie Lacerteux est leur servante Rose
Malingre ou Sœur Philomène, infirmière de l’hôpital de Rouen. Les milieux sont eux-aussi
réels : les descriptions des hôpitaux, des banlieues ou auberges sont décrites selon leurs
observations faites sur place. Chacun de leurs romans porte sur un “secteur” différent de la
société : la vie d’un hôpital, les hommes de lettres ou les artistes, la “jeune bourgeoisie”, les
milieux catholiques, les “basses classes”. Pour exemple, les frères Goncourt ont fréquentés les
salles d’hôpitaux pour écrire Sœur Philomène, le récit nous emporte dans la froideur d’un
hôpital et le lecteur le ressent bien (page 478)4 : « L’air est tiède, d’une tiédeur moite. Il est
chargé d’une odeur fade, d’un goût écœurant de cérat échauffé et de graine de lin bouillie. [...]
Là-bas où une lampe à bec est posée, à côté d’un petit livre de prières, sur une chaise. [...] De
distance en distance, des veilleuses, dont la petite flamme décroît à l’œil, laissent tomber une
traînée de feu sur le carreau luisant. » De vrais réalistes, les frères Goncourt traitent de tous
types de sujets dans la vie, même des profiteurs malhonnêtes. Dans l’extrait suivant de Renée
Mauperin (page 479)4, le lecteur étudie la société bourgeoise de l’époque via les frères
Goncourt. Le “jeune homme moderne” n’est plus un romantique, il est un profiteur, prêt à tout
faire pour s’enrichir, même se marier : « Eh bien, j’ai vu qu’il y avait un moyen d’arriver à
cela, à l’argent, tout droit et tout de suite, sans fatigue, sans peine, sans génie, simplement,
naturellement, immédiatement et honorablement : ce moyen, c’est le mariage... » Ils étudient
également les cas anormaux, les détraquements nerveux avec une rigueur scientifique. Leur
littérature idéaliste ayant pour but de créer “la plus vive impression du vrai humain” se place
de plus en plus entre le réalisme et le naturalisme. Leur “écriture artiste” font des frères
Goncourt les précurseurs du naturalisme et l’inspiration d’Emile Zola.

Lors de la période du Tanzimat (« réorganisation » en arabe), Sami Pacha Zade Sezai Bey est
l’un des précurseurs du réalisme dans la littérature turque. Avec son œuvre parue la première
fois en 1888 nommée Dilber, Esclave et l’Eunuque Amoureux7, l’auteur turc raconte
l’aventure d’une fille devenue esclave çà et là, et ayant vécu une liaison amoureuse interdite
avec un fils de Pacha. Le roman est tellement réaliste et vrai qu’il choque, l’auteur est alors
contraint à l’exil à Paris à l’époque du sultan Abdul-Hamid-Han II.

Le roman réaliste, qui est documentaire, devient expérimental avec l’arrivée du


naturalisme. Le mouvement littéraire naturaliste consiste à observer la réalité mais jusque
dans les tous petits détails. Les réactions humaines sont observées et analysées comme le fait
un scientifique devant les animaux ou les plantes. Dans le courant naturaliste, l’auteur montre
la misère et la tristesse des hommes et dénonce les injustices de la vie sociale, en supprimant
le bon goût. En somme, le naturalisme respecte les principes suivants :

- Le naturalisme nie le surnaturel.


- L’écrivain naturaliste relate le réel des milieux populaires et des basses classes.
- Le naturalisme a un but : exposer les problèmes de la société pour en déterminer
les causes.

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- Les écrivains naturalistes utilisent des méthodes scientifiques plus radicales (esprit
positiviste).
- Le naturalisme est pessimiste, les thèmes abordés sont tristes et moroses (la
pauvreté, l’alcoolisme, la prostitution, la violence,…).

En effet, c’est avec Emile Zola que le réalisme prend une forme plus radicale et se transforme
en naturalisme. Comme le réalisme, le naturalisme a pour objectif d’explorer le réel,
notamment dans les milieux populaires et même dans les bas-fonds. L’influence du
philosophe et critique Taine pour ses idées déterministes, du naturaliste britannique Darwin
pour ses idées positivistes, du fondateur de la médecine expérimentale Claude Bernard et des
frères Goncourt lui a permis de découvrir sa vocation pour le naturalisme. Emile Zola utilise
le naturalisme à des fins pédagogiques car pour lui, le savoir et l’éducation sont essentiels. Il
étudie la société à travers sa série des Rougon-Macquart dans le but de faire ressortir ses
plaies et ainsi d’en trouver les remèdes. Pour ce faire, il applique des méthodes scientifiques
beaucoup plus radicales que le réalisme. Il devient “le maître” de l’école naturaliste et
rassemble tous les écrivains naturalistes qui publient ensemble Les Soirées de Médan. Zola
explique sa doctrine dans Le Roman Expérimental, Le Naturalisme au Théâtre et les
Romanciers Naturalistes : pour lui, les conditions physiologiques, l’influence des milieux
géographiques et des circonstances déterminent la personne humaine. Zola croit à
l’interaction psychologie/physiologie (les 5 sens humains) : il développe la conception d’un
homme déterminé par son milieu (déterminisme des phénomènes) et les lois de l’hérédité. Le
romancier naturaliste est un “expérimentateur” qui vérifie les lois dégagées par l’observation :
son expérience consiste à “faire mouvoir les personnages dans une histoire particulière pour y
montrer que la succession des faits y sera telle que l’exige le déterminisme des phénomènes
mis à l’étude”. Il joue en modifiant les circonstances et les milieux sans jamais s’écarter des
lois de la nature. Dans la pratique, Zola rédige une vingtaine de romans dans la série des
Rougon-Macquart pour exposer “l’histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second
Empire” : Zola montre ainsi les transformations lentes et profondes que les événements
entraînent sur la société. Le lecteur peut ainsi comprendre les passions et les caractères
différents des enfants d’un même père. Pour L’Assommoir, Zola explique son roman à
scandale comme suit : « C’est une œuvre de vérité, le premier roman sur le peuple, qui ne
mente pas et qui ait l’odeur du peuple. Et il ne faut point conclure que le peuple tout entier est
mauvais, car mes personnages ne sont pas mauvais, ils ne sont qu’ignorants et gâtés par le
milieu de rude besogne et de misère où ils vivent. » L’Assommoir est un vrai documentaire
expliquant la condition ouvrière médiocre (page 487) 4 : « Le long du corridor, il y avait un
silence de crevaison, et les murs sonnaient creux, comme des ventres vides. Par moments, des
danses s’élevaient, des larmes de femmes, des plaintes de mioches affamés, des familles qui
se mangeaient pour tromper leur estomac. [...] et les poitrines se creusaient, rien qu’à respirer
cet air, où les moucherons eux-mêmes n’auraient pas pu vivre, faute de nourriture. » La
misère que subit Gervaise va l’entraîner peu à peu vers la descente aux enfers (pages 389-
390)4 : « Tiens ! tu as raison, c’est une bonne idée. Comme çà, nous boirons la monnaie
ensemble. [...] Au deuxième verre, Gervaise ne sentit plus la faim qui la tourmentait.
Maintenant, elle était raccommodée avec Coupeau, elle ne lui en voulait plus de son manque

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de parole...La vie ne lui offrait pas tant de plaisirs... » Emile Zola montre à travers ses
personnages qu’il y a tellement de Gervaise et de Coupeau dans les rues de France, qui
sombrent et qui finissent par mourir de faim dans un coin d’une rue. Autre étude faite par
Zola : les ouvriers de la mine. Il a écrit son plus grand succès Germinal en faisant une étude et
analyse sur place au préalable, pour cela, il a travaillé en tant que mineur dans une mine pour
écrire ce livre. Dans l’extrait suivant (page 491) 4, Zola raconte la vie pénible des ouvriers qui
se mettent finalement à protester et à donc faire grève : « Et, en effet, la colère, la faim, ces
deux mois de souffrances et cette débandade enragée au travers des fosses, avaient allongé en
mâchoires de bêtes fauves les faces placides des houilleurs de Montsou. À ce moment, le
soleil se couchait, les derniers rayons d’une pourpre sombre ensanglantaient la plaine. Alors,
la route sembla charrier du sang, les femmes, les hommes continuaient à galoper, saignants
comme des bouchers en pleine tuerie. [...] C’était la vision rouge de la révolution qui les
emporterait tous, fatalement, par une soirée sanglante de cette fin du siècle. »

Tout comme Zola, Guy de Maupassant refuse toute forme d’idéalisme, tout récit dominé par
l’imagination. Avec l’influence de Flaubert, ami proche de sa mère, Maupassant apprend
l’observation. Sa passion est l’humble vérité, son but est de rendre compte le plus fidèlement
possible la réalité observée. Le naturalisme de Maupassant est différent de celui de Zola, son
naturalisme est pessimiste et virulent : l’homme est “une bête à peine supérieure aux autres”.
Contrairement à Zola, Maupassant n’a pas de grandes attentes du naturalisme : il n’attend rien
d’autre qu’un retour à la souffrance. Devenu disciple de Zola, il publie des nouvelles
naturalistes dont la plus connue est Boule de Suif dans les Soirées de Médan. Dans sa
nouvelle, Guy de Maupassant décrit en fait les lieux où il a grandi, la guerre à laquelle il a
participé et les personnages sont vrais. Cornudet est l’oncle de Maupassant et Boule de Suif
est une prostituée nommée Adrienne Legay. Il dénonce l’hypocrisie des gens bourgeois et le
sacrifice (de Boule de Suif)6 : « Personne ne la regardait, ne songeait à elle. Elle se sentait
noyée dans le mépris de ces gredins honnêtes qui l’avaient sacrifiée d’abord, rejetée ensuite,
comme une chose malpropre et inutile. Alors elle songea à son grand panier tout plein de
bonnes choses qu’ils avaient goulûment dévorées, à ses deux poulets luisants de gelée, à ses
pâtés, à ses poires, à ses quatre bouteilles de Bordeaux. » Maupassant écrit dans ses contes
avec un grand souci de vérité et d’expressivité, il traite des mœurs, des types les plus divers
du monde rustique, des bourgeois ou des employés. Selon Maupassant, “la seule réalité qui ne
mente pas est la souffrance”.

Même s’il se dirige vers une littérature fantaisiste et poétique (Le Petit Chose, Les Lettres de
Mon Moulin), Alphonse Daudet s’oriente par la suite vers la littérature naturaliste aux côtés
d’Emile Zola. Son véritable travail de documentation, sa prise de notes de détails tirés du réel
sur un carnet constitue sa méthode de travail préliminaire à l’écriture d’un récit. Fromont
jeune et Risler aîné est son premier roman naturaliste le rapprochant de Zola. Pour écrire ce
roman, l’auteur s’inspire des souvenirs de son enfance et a mené des observations pour savoir
et pour comprendre ce que fait agir les individus. Sa méthode consiste donc au-delà d’une
simple méthode d’observation et de documentation, au résultat d’une sensibilité, à un sincère
désir de comprendre la société. En tant que naturaliste, Daudet pensait que le milieu pouvait
influencer et déterminer le caractère d’une personne. En effet, Sidonie Chebe dans Fromont
jeune et Risler aîné2, dégoûtée de son milieu, cherche à s’en échapper. Elle devient ainsi

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calculatrice et pleine d’intrigues, elle ferait n’importe quoi pour réaliser ses ambitions 5 : « Son
mari n’était guère plus heureux qu’elle. Cette cruelle Sidonie semblait prendre plaisir à le
tourmenter. Elle se laissait faire la cour par tout le monde. [...] Il y avait un mois que Sidonie
espérait cette lettre, un mois qu’elle mettait en œuvre toutes ses câlineries et ses ruses pour
amener son beau-frère à cette explosion de passion écrite. » Cependant, Alphonse Daudet ne
suivra jamais entièrement Zola. En effet, il se dit de lui-même “une machine à sentir”. Il
donne plus d’importance à ses sensations qu’aux enquêtes scientifiques. Il n’est plus objectif,
il observe les faits avec ironie, sympathie et émotion. Il est devenu comme il l’a rêvé “un
marchand de bonheur”.

Aux débuts de sa carrière littéraire, Joris-Karl Huysmans emprunte la voie du naturalisme.


Disciple et admirateur de Zola, il publie quelques recueils et récits dont le roman Marthe,
histoire d’une fille. Huysmans raconte les mésaventures d’une jeune ouvrière vaincue par la
fatalité, elle se prostitue. Huysmans semble vraiment comprendre la souffrance des femmes
françaises du XIXème siècle. Dans l’extrait suivant 3, Huysmans nous fait ressentir la
décorporalisation de Marthe prostituée, qui subit la séparation de sa personne et de son
enveloppe corporelle : « Elle ne pouvait croire que cette image fût la sienne. Elle regardait
avec étonnement ses bras poudrés de perline, ses sourcils charbonnés, ses lèvres rouges
comme des viandes saignantes, ses jambes revêtues de bas de soie cerises, sa poitrine
ramassée et peureuse, tout l’appât troublant de ses chairs qui frissonnaient sous les fanfioles
du peignoir. Ses yeux l’effrayèrent, ils lui parurent, dans leur cerne de pensil, s’être creusés
bizarrement et elle découvrit, dans leur subite profondeur, je ne sais quelle expression
enfantine et canaille qui la fit rougir sous son fard. »

Les auteurs de l’Empire Ottoman ne sont pas restés indifférents au courant naturaliste
français. S’inspirant du grand écrivain français Emile Zola, Ahmet Midhat Efendi écrit
Müşahedat1, dans lequel il fait preuve contrairement à Zola à un naturalisme positiviste.

Comme nous avons pu le voir, le réalisme et le naturalisme sont deux mouvements


littéraires très proches, qui se distinguent difficilement. Ils sont tellement voisins que Guy de
Maupassant a navigué entre ces deux courants. Les deux mouvements sont voués à décrire la
réalité telle qu’elle est. Le réalisme est apparu en réaction au romantisme, dans le but de
relater la vie réelle et présenter des sujets familier. Le naturalisme est issu du réalisme mais il
possède un réalisme beaucoup plus poussé, beaucoup plus détaillé que le mouvement réaliste.
La seule obsession du naturalisme est la réalité : la description des faits et des objets doit se
faire avec précision et objectivité. Pour cela, les naturalistes utilisent les méthodes
scientifiques. Les réalistes par contre, peuvent s’accorder quelques écarts en donnant leurs
propres impressions ou en exprimant une opinion subjective. Flaubert écrit à Tourgueniev en
1877 : « La réalité, selon moi, ne doit être qu’un tremplin. Nos amis sont persuadés qu’à elle
seule constitue tout l’État ! Ce matérialisme m’indigne, et, presque tous les lundis, j’ai un
accès d’irritation en lisant les feuilletons de ce brave Zola. » Nous assistons donc à une
bataille de points de vue entre les réalistes et les naturalistes. D’un côté les réalistes
s’efforcent de représenter la réalité de façon véridique et objective, de l’autre côté les

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naturalistes exposent la réalité de façon objective et scientifique en réalisant des expériences.
Par ailleurs, les personnages utilisés sont légèrement différents : le réalisme écrit
habituellement sur les familles de la classe moyenne ou les personnes ordinaires alors que le
naturalisme est orienté vers les classes inférieures. Enfin, les thèmes abordés par les réalistes
sont concentrés sur la vie quotidienne des gens ordinaires comme si l’écrivain réaliste rendait
des rapports des activités quotidiennes des classes moyennes et inférieures de la société ;
tandis que les naturalistes sont axés sur des sujets plus sombres : la prostitution, la violence, la
corruption, le vice, la pauvreté et d’autres.

Pour conclure, nous pouvons affirmer que les courants réaliste et naturaliste sont deux
mouvements littéraires du XIXème siècle apparus l’un dans l’autre en réaction au romantisme
Ils ne sont ni séparables ni attachables. En effet, le naturalisme est le prolongement du
réalisme. Fini les sentiments mélancoliques, le mal du siècle et le moi, place maintenant aux
vrais problèmes de société, de politique, de mœurs avec pour outil les sciences nouvelles.
L’écrivain n’est plus un raconteur mais un sociologue, il expose les faits réels, les dénonce
pour que la société évolue.
Comme toutes les bonnes choses ont une fin, ces deux courants littéraires se sont vus
dépassés par de nouveaux mouvements comme le symbolisme et le parnasse, apparus suite à
un sentiment de lassitude provoqué par ces courants trop sérieux et à force trop lourds.

Hatice GÖKKAYA 202609004


Bibliographie
1. AHMET MITHAT EFENDI (1891), Müşahedat, Osman Gündüz, Ankara, Akçağ
Yayınları
2. DAUDET. A (1874), Fromont jeune et Risler aîné, Editions Charpentier
3. HUYSMANS JK (1876), Marthe, histoire d’une fille, Libraire-Editeur Jean Gay
4. LAGARDE A., MICHARD L. (1969), XIXè siècle, Editions Bordas
5. LEHNER-JONES GM. (1965), Les limites d’Alphonse Daudet dans ses romans de
moeurs parisiennes, thèse donnée à l’Université Rice à Houston
6. MAUPASSANT G. (1880), Boule de Suif, Les Soirées de Médan
7. SAMI PACHA ZADE SEZAI BEY (1933), Dilber, Esclave et l’Eunuque Amoureux,
Société Anonyme Turque d’Imprimerie et de Publication
8. STENDHAL (1822), De l’Amour, Bibliothèque Municipale de Grenoble
9. https://www.espacefrancais.com/
10. https://www.maxicours.com/
11. https://fr.wikipedia.org/

Hatice GÖKKAYA 202609004

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