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Le roman, qui ignoré et mis en marge, a connu un grand succès à partir de 1820
avec le roman historique. Le roman et l’Histoire sont complémentaire dans le
sens où les grands écrivains de l’époque notamment, Victor Hugo, Balzac,
Stendhal, Mérimée, Vigny, Baudelaire, Zola…., font la peinture de l’époque et
décrivent la progression des événements historiques et leur impact sur la société,
l’Homme et l’ Art.
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progrès scientifiques. En outre, La Curée, est une source inépuisable et
précieuse de témoignages de grands bouleversements qui ont eu lieu aussi bien
dans l’architecture de Paris, dans les habitudes des Français, que dans la
technologie et la politique.
Zola donne une étude de la société bourgeoise sous le Second Empire. Une
période complexe, étrange et confuse où les forces nouvelles se heurtent à
l’ordre établi. Une période où la nouvelle bourgeoisie qui domine l’édifice social
a remplacé l’ancienne noblesse et où la masse des travailleurs vit dans la misère.
L’argent acquiert une grande importance à cette époque. Or, cette richesse n’est
plus héréditaire ou foncière mais acquise par de bonnes affaires industrielles ou
commerciales. Par ailleurs, le XIX ème siècle fut un siècle de bouleversements
politiques et de grands développements intellectuels et marque la civilisation
occidentale. Guizot confirme que « la civilisation éveille l’idée d’un peuple qui
marche, non pas pour changer de place mais pour changer d’état ; d’un peuple
dont la condition s’étend et s’améliore ». La bourgeoisie constitue à cette
époque l’ensemble des cadres administratifs et juridiques, investissait dans de
fructueuses transactions industrielles ou commerciales et avait pour objectif
d’anéantir les privilèges de la noblesse, d’amoindrir son prestige et de devenir
l’unique interlocuteur de l’Etat et du peuple. Elle soutient les philosophes et les
idéologues pour lutter contre la double autorité monarchique et religieuse. Elle
continua tout au long des révolutions successives à s’enrichir des spoliations des
biens de la noblesse et du clergé et construit son pouvoir sur les ruines de ces
classes.
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bourgeoise riche et orgueilleuse où les jeunes abandonnèrent la vie
parcimonieuse et rude pour s’orienter vers une vie de luxe doublée de désir de
paraître. Or le contraste entre une richesse étalée sans pudeur et une misère
croissante dans les faubourgs des villes industrielles donnèrent naissance à des
luttes sociales inévitables.
Dans son œuvre, la Curée, Zola a insisté sur le second Empire notamment les
événements politiques et le règne de Napoléon III. Une période où la production
littéraire et artistique est très féconde. De surcroît, ajoute Jean Claude Yon1 que
l’entrée dans une nouvelle économie culturelle a amorcé une profonde
transformation de la vie littéraire et artistique et que de nouveaux mouvements
comme le réalisme, le Parnasse, impressionnisme…sont apparus. L’empire a
parfois combattu ces révolutions esthétiques sans pouvoir les empêcher.
Cependant, Zola s’appuie sur une solide documentation, mais aussi sur les
enquêtes qu’il fait dans les régions qu’il veut décrire. H. MITTERAND3dit qu’Il
croque les scènes vécues, mais toujours dans l’optique de son roman en cours,
jamais gratuitement. Il ajoute que Zola sélectionne ses observations et les utilise
quasiment toutes dans le roman qu’il est en train d’écrire, ainsi qu’un peintre
1
Jean Claude Yon , Le Second Empire, Armand Colin, Paris ,2004,p 175.
2 Colette Becker, Dictionnaire d’Emile Zola, Robert Laffont_coll. Bouquins, 1993, pp260-261
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Pages Alain et OWEN Morgan, Gude de Zola, Ellipses, Paris, 2002, pp204-205
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Déjà dans Thérèse Raquin qui ne fait pas partie des Rougons Maquarts, il dit
dans la préface « ans hérèse aquin, j'ai voulu étudier des tempéraments et
non des caractères. est le livre entier. J'ai choisi des personnages
souverainement dominés par leurs nerfs et leur sang, dépourvus de libre arbitre,
entrainés chaque acte de leur vie par les fatalités de leur chair. hérèse et
aurent sont des brutes humaines, rien de plus. ai cherché suivre pas pas
dans ces brutes le travail sourd des passions, les poussées de l'instinct, les
détraquements cérébrau survenus la suite d'une crise nerveuse. Les amours
de mes deux héros sont le contentement d'un besoin ; le meurtre qu'ils
commettent est une conséquence de leur adultère, conséquence qu'ils acceptent
comme les loups acceptent l'assassinat des moutons.» ces mêmes thèmes qui
sont dans Thérèse Raquin on va les retrouver en détaille dans chaque œuvre de
la série des Rougon Maquarts. Et en l’occurrence La Curée.
La Curée c’est le cœur de Paris, les larges avenus sous le règne de Napoléon III,
que des spéculateurs malhonnêtes s’arrachent. C’est Paris en pleine
transformation par les grands travaux haussmanniens. Ce deuxième volume des
Rougon-Macquart, est le plus violent car Zola dénonce ces fortunes rapides, les
personnes cupides et opportunistes Prêts à tout pour faire fortune.
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ou fleurissant à l’écart, les efflorescences féeriques de cette grotte, où les califes
des Mille et une Nuits avaient vidé leur trésor : Mme Haffner en Or, avec une jup
e roide et resplendissante d’évêque ; Mme d’Espanet en Argent, luisante comme
un clair de lune ; Mme de Lauwerens, d’un bleu ardent, en Saphir, ayant à son côt
é la petite Mme Daste, une Turquoise souriante, qui bleuissait tendrement ; puis s
’égrenaient l’Émeraude, Mme de Meinhold, et la Topaze, Mme Teissière ; et, plus
bas, la comtesse Vanska donnait son ardeur sombre au Corail, allongée, les bras
levés, chargés de pendeloques rouges, pareille à un polype monstrueux et adorab
le, qui montrait des chairs de femme dans des nacres roses et entrebâillées de co
quillages. Ces dames avaient des colliers, des bracelets, des parures complètes, f
aites chacune de la pierre précieuse que le personnage représentait. On remarqua
beaucoup les bijoux originaux de Mmes d’Espanet et Haffner, composés unique
ment de petites pièces d’or et de petites pièces d’argent neuves. Puis, au premier
plan, le drame restait le même : la nymphe Écho tentait le beau Narcisse, qui ref
usait encore du geste. Et les yeux des spectateurs s’accoutumaient avec ravissem
ent à ce trou béant ouvert sur les entrailles »