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La cathédrale Notre-Dame-de-l ’Assomption de Pise : architecture et décor

Introduction.
La cathédrale Notre-Dame de l'Assomption de Pise aurait été commanditée par
l’évêque Guido de Pavie auprès de l’architecte Buscheto. Cette cathédrale se situe sur la
Piazza dei Miracoli, à Pise en Toscane, région Italienne. Elle est au centre d'un
ensemble de monuments (la cathédrale, le campanile, le baptistère et le Camposanto),
classés au patrimoine monumental de l'UNESCO. Plusieurs autres architectes
interviennent dans le complexe entre le XIe et le XVIe siècle, il faut souligner Rainaldo
qui qui continue le travail de Buscheto et prolonge la cathédrale. La cathédrale date de
la seconde moitié du XIe siècle. Un incendie au XVIe siècle a endommagé la cathédrale
dont la couverture originelle en bois et des marbres comprenant des chapiteaux, des
corniches et des linteaux. Cependant des rénovations importantes vont s’effectuer
cherchant à reproduire fidèlement le décor jusqu’au milieu du XXe. Aujourd’hui classée
et rénovée, elle attire de nombreux visiteurs pour son imposante structure et nous allons
voir, en quoi la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption de Pise est révélatrice d’un
nouveau style roman ? (Problématique envisagée).
Description.
Architecture.
Sur la Piazza dei Miracoli se situe donc un ensemble de monument comprenant
le fameux campanile connu sous le nom de tour de Pise, la cathédrale Notre-Dame de
l'Assomption ainsi que le Camposanto monumental (cimetière) et le baptistère de Pise
qui se trouve en face de la cathédrale.  Cette cathédrale est majoritairement composée
d'une utilisation massive de matériaux de réemploi provenant de monuments romains
qui soulignent la grandeur de la ville de Pise, « altera Roma » comme des chapiteaux
corinthiens. L'extérieur et l’intérieur sont construits de marbre pisan colorés créant un
décor polychrome. Selon la conception originale de Buscheto, la cathédrale possède un
plan basilical orienté, divisé en 5 nefs avec un transept saillant de trois nefs ainsi qu’un
dôme dans le croisé du transept. Rainaldo, au début du XIIe siècle agrandisse la
cathédrale en augmentant la longueur de la nef, allant jusqu’à 100 m. Pour cela il ajoute
trois travées conformes au style original. Les extrémités du transept se terminent par des
absidioles qui harmonisent l’espace en lien avec l’abside centrale du chœur.
En ce qui concerne l’élévation, nous distinguons trois niveaux d’élévation dans
le bâtiment. Tout d’abord, des arcs formerets en plein cintre sur croisée d’ogive
permettent la circulation dans les nefs latérales. Au-dessus des grandes arcades
s’étendent des tribunes, respectant la disposition de doubles travées des nefs latérales,
pour une raison d’harmonisation, des arcs aveugles au-dessus des baies de la tribune
prolongent les grandes arcades. Les baies qui ouvrent sur la nef sont doublés, donc il y a
une alternance de piles carrés dont chaque surface est recouverte d’un pilastre, situés
dans le prolongement de la haute colonne et de colonnettes sur lesquelles reposent deux
arcs. Au troisième niveau se trouvent des fenêtres hautes dont les percements sont assez
petits.
4 piliers robustes de plan carre interrompent le rythme de la nef. Ceux-ci
soutiennent la coupole ovoïde sur pendentifs. Étonnement un arc brisé et un arc
surhaussé surmontent la croisée du transept. La nef principale est couverte d'un plafond
à caissons en bois qui a été placé au 17e siècle à la suite de la disparition de la charpente
apparente d'origine causée par un incendie au 16e.
La façade ouest se constitue de quatre galeries superposées, formant des loggias
Ce plan est repris à deux niveaux pour le chevet semi-circulaire du côté Est et pour le
niveau le plus haut du dôme de la cathédrale.
Décor.
La décoration est abondante tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la cathédrale, en
plus l’utilisation du marbre colorée rendre dite décor bichrome. Sur la façade de
nombreuses parties sont sculptés : les voussures des arcades, les petites frises sous les
arcs aveugles qui encadrent l’entrée, les corniches et les écoinçons ainsi que certains
fûts de colonnes, sont décorés de motifs végétaux. Les chapiteaux sont à la fois
composites et corinthisant, à l’intérieur comme à l’extérieur, ceux qui encadrent l’entrée
principale sont surmontés de lions couchés. Certains sont des matériaux de réemplois de
l’Antiquité et certaines se contentent de l’imiter. Sur la façade son combinées des bas-
reliefs et des haut reliefs ou ronde bosse, effectuant un jeu d’ombres et de lumière. Sur
la voussure de l’arc supérieur de l’entrée principale se dresse une guirlande humaine. En
haut de la façade se trouvent des statues acrotères : deux évangélistes aux extrémités des
rampants des murs latéraux, accompagnés de 2 anges, et au centre se place une Vierge à
l’enfant, postérieure, du XIVe siècle. Avant, à sa place, se trouvait le « griffon du
Camposanto », une sculpture en bronze gravé d’origine arabe. Son rôle mémoriel serait
adressé dans la partie d’analyse.
La tombe de l’architecte Buscheto est présente en façade, incluant un sarcophage
antique à strigiles et une épitaphe. Une inscription commémore également
l’agrandissement effectué par Rainaldo et le contexte de construction de la cathédrale.
La cathédrale était connue également pour ses portes principales en bronze, exécutées
par Bonanno, disparues au cours de l’incendie du XVIe siècle.
Le décor intérieur se distingue par la polycromie de la pierre, entre autres.
L'intérieur de la cathédrale se voit fortement ornée de différents types de décorations
tels que des mosaïques ou des fresques.
Analyse.
1. La ville de Pise.
Pise commence son ascension au VIIe en tant que premier port du nord de la mer
Tyrrhénienne, en concentrant le commerce entre la Toscane et la Corse, la Sardaigne et
les côtes de l'Espagne ainsi que le sud de la France. La pression exercée par les pirates
sarrasins à partir du IXe siècle force la ville à se doter d'une importante flotte, qui va
servir l'expansion de la cité. La puissance maritime de Pise atteint son apogée au XIe
siècle, elle fait dès lors partie des quatre républiques maritimes d'Italie avec Amalfi,
Gênes et Venise. Pise devient un centre commercial primordial et contrôle une grande
partie de la marine marchande et de guerre de la Méditerranée. En 1017, avec l’aide de
Gênes, la cité capture la Sardaigne, île qu’elle gardera sous son contrôle après avoir
expulsé les troupes génoises. En 1087, elle se lance dans une expédition punitive sur la
ville nord-africaine de Mahdia. Les butins ramenés de cette expédition permettront de
financer la construction de la cathédrale. En 1077, le pape Grégoire VII reconnaît les «
Lois et coutumes de la mer » créées par les Pisans. L'empereur Henri IV reconnaît
l'indépendance politique de la ville en l'autorisant en 1081 à nommer ses propres
consuls. En 1092, le pape Urbain II reconnaît à Pise la suprématie sur la Corse et la
Sardaigne et promeut la ville au rang d'archevêché. Pise contribue à la première
croisade en fin d’été 1098 ce qui lui permet étendre ses relations commerciales en
fondant des colonies. Pise va donc devenir le premier partenaire commercial des
Byzantins. En 1113 Pise participe dans une expédition papale contre les îles baléares.
Cette expédition va se prolonger en Espagne où la cité est victorieuse. Cela accentue les
tensions entre Pise et Gênes, des guerres vont donc débuter à partir de 1119. La ville,
rivalise militairement avec les quatre républiques maritimes, et souhaite surpasser ces
dernières dans tous les milieux, artistique aussi. La cathédrale devient donc un autre
instrument de compétition.
2. Une cathédrale à l’effigie de la ville.
Construite à partir de 1063 sous la direction de l’architecte Buscheto, la
construction de la cathédrale sera prolongée sous Rainaldo à partir de 1118 jusqu’à
1180. La cathédrale est bénie en 1118 par le Pape Gélase II, à cette date l’église
semblait être achevée ou presque. Un concile s’y tient en 1136 sous le Pape Innocent II
assurant que la façade était édifiée. La ville, qui était sous contrôle de l’archevêque,
passe progressivement au régime communal. Les magistrats de la commune s’inspirent
des institutions antiques romaines, et prennent par exemple le titre de « consuls ». Les
remplois antiques participent donc à un discours qui fait de Pise la nouvelle Rome. La
plupart des éléments architecturaux proviennent de monuments antiques de Pise, des
chapiteaux provenant des thermes de Caracalla à Rome ont été achetés pour l’intérieur
de l’église, ce qui montre bien la volonté de s’approprier le prestige de Rome. Ainsi, le
premier architecte de la cathédrale, Buscheto, a été inhumé dans un sarcophage antique
à strigiles inséré dans la façade terminée au milieu du XIIe siècle, et une inscription le
compare à Dédale. Il y a une volonté très forte de faire de Pise « la nouvelle Rome ».
Le baptistère est ajouté pendant le XIIe siècle et le campanile pendant le XIIIe.
Comme annoncé précédemment, la cathédrale d’origine fut victime d’un incendie en
1595 détruisant de nombreuses structures d’origines dont les portes de Bonanno et la
charpente apparente. Malgré tout, et les nombreux architectes qui ont travaillé sur
l’ensemble au fil du temps, celui-ci maintient une unité stylistique non dénotant.
3. Entre Héritage et influence.
Dans le nord de la France et dans le Saint Empire, pendant la période romane,
les traditions carolingiennes et ottoniens ont beaucoup influé le développe d’un style
architecturale propre. De la même manière, en Italie et en Provence on retrouve plutôt
un héritage, une réminiscence, antique avec des édifices proche des basiliques romaines
pour leur élévation et l’utilisation de tribune. Dans cette cathédrale la présence de
l’héritage paléo-chrétien est marquée par la vaste nef dont les murs sont supportés par
des colonnes et non des piles, on parle de files de colonnes. L'utilisation massive de
pilastres en façade rappelle les bandes lombardes du premier âge roman méridional,
influence guère étonnante pour sa proximité avec la région de la lombardie. L’aspect
triangulaire de la façade semble se baser sur un héritage antique provenant des temples
romains ou grecques, avec notamment la mise en place de statues acrotères et
d’antéfixes en haut de la façade. De plus, parmi les remplois antiques, on trouve de
nombreuses inscriptions utilisées dans le parement extérieur, ce qui souligne encore plus
cette volonté de se rapporter à la Rome antique. En plus, les inscriptions choisies
présentent des noms d’empereurs. Les remplois antiques dans la cathédrale de Pise ont
donc une signification supplémentaire : leur connotation impériale rappelle que Pise est
une ville gibeline, c’est-à-dire fidèle à l’empereur germanique dans le conflit qui
l’oppose au pape. Et puis la cathédrale comporte également une influence importante et
directe du style byzantin. Buscheto est un architecte byzantin, c’est lui qui crée le plan
de la cathédrale correspondant aux attentes du Pape et à la puissance de la ville. Il a
incorporé une coupole, élément architectural typique byzantin, et on peut dire la même
chose de la polychromie, il suffit de regarder Sainte Sophie de Constantinople. La
cathédrale est donc marqueur d’un nouveau style : le style pisan. Apprécié notamment
pour sa façade à loggia, dite façade-écran car l’ordonnance ne correspond pas à la
division des espaces intérieurs ce style va être très utilisé en Italie souvent ornée de
frises et de statues comme à Saint Michele de Pavie ou d’arcatures comme à Saint
Michele de Lucques.
Conclusion.
La cathédrale Notre-Dame de l’Assomption de Pise est révélatrice d’un nouveau
style roman pour ses héritages antiques et influences byzantine mais aussi pour ses
dimensions imposantes reflétant le pouvoir, la puissance de la ville. Artistiquement la
cathédrale est impressionnante, la maîtrise de la taille de pierre est à son apogée
(stéréotomie). Elle a un rôle de commémoration aussi bien pour les victoires gagnées de
la ville mais aussi pour son statut qu’elle souhaite légitimé par les remplois antiques,
statut qu’elle veut égaler à Rome. De plus la cathédrale est un complexe très intéressant
à étudier pour sa répartition des fonctions liturgiques dans des bâtiments distincts, la
Cathédrale réservée au culte, le baptistère pour accueillir de nouveau fidèles, le
campanile pour appeler les fidèles au culte et le camposanto faisant office de cimetière.

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