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Cathédrale Sainte-Marie de la Seds (Toulon)

I Aperçu d’ensemble
- Une région évangélisée de façon précoce, grâce à la Méditerranée
Une tradition invérifiable parle de saint Cléon, premier évêque de Toulon, l’un des 72 disciples du
Christ. Aucun document fiable ne peut en témoigner.
Le premier évêque connu est Honorat, en 451 (à ne pas confondre avec saint Honorat de Lérins).
Son successeur saint Cyprien (évêque de 517 à 541) est beaucoup plus célèbre : biographe de saint
Césaire d’Arles, il est le patron du diocèse et est fêté chaque 3 octobre (grande fête en 2017 pour le
1500e anniversaire de son épiscopat). À ne pas confondre avec saint Cyprien de Carthage.
- Une position centrale dans la ville
La cathédrale est au cœur de la vieille ville, qui était coincée au Moyen-Âge dans une petite
enceinte fortifiée allongée entre la mer et l’actuel collège Peiresc.
- Le plus vieux monument de la ville
La cathédrale romane aurait été construite lors de la Première Croisade, vers 1096, par le comte
Gilbert de Provence.
En 2018, des fouilles dans la cour du Chapitre, derrière l’actuel Café associatif Saint-Cyprien
(inauguré le 11 juin 2019 par Mgr Rey), ont mis au jour une structure de la fin de l’Antiquité, dont
sans doute l’ancien baptistère ! Une nouvelle campagne de fouilles est en projet.
- Un monument composite
Il reste les voûtes et le chœur de l’ancienne cathédrale romane, qui était orientée Ouest/Est : c’est
la première travée de l’édifice actuel. Le 2 e Dimanche de Pâques 1661, est consacrée par Mgr de
Pingré une cathédrale de style classique plus grande avec façade et changement de sens (le chœur
est désormais orienté vers le Nord) par manque de place dans le quartier.
- Une histoire complexe
L’édifice, consacré à la Sainte Vierge, d’où son nom de Sainte-Marie de la Seds (le siège
épiscopal) ou de Notre-Dame (surtout du XIXe siècle) a servi de cathédrale pour un petit diocèse de
25 paroisses (de Sanary à Hyères) jusqu’à la Révolution. Pendant l’hiver 1543, elle servit de
mosquée aux troupes turques du corsaire Barberousse, alliées de François I er. En 1564, le roi
Charles IX et sa mère Catherine de Médicis y sont reçus. Le 7 février 1660, elle accueille Louis
XIV, qui fait route vers le sanctuaire de Cotignac. Les reliques du pape Pie VI (1803), des
princesses Adélaïde et Victoire (1814) et de saint Augustin (1842) y ont séjourné au XIXe siècle.
Le diocèse est supprimé à la Révolution (la cathédrale est fermée), puis réuni au diocèse de Fréjus
en 1823. En 1958, l’évêque choisit de transférer son siège épiscopal à Toulon, tout en gardant le
titre d’évêque de Fréjus-Toulon (l’évêché est dans le quartier Beaulieu, près de La Valette-du-Var).
Après avoir fêté ses 900 ans, la cathédrale est classée monument historique le 14 nov. 1997.
- Une cathédrale en chantier
Attendu depuis de nombreuses années en raison de l’état de l’édifice, un programme de
restauration de 2 ans a enfin été lancé en juillet 2020 par la mairie, propriétaire de la cathédrale
(parce qu’elle n’était pas cathédrale principale au moment de la loi de Séparation de 1905,
contrairement à la cathédrale de Fréjus, qui appartient donc à l’État).

II Visite rapide
- Le parvis, bien que moins grand que devant d’autres cathédrales, permet d’admirer la façade
(achevée en 1701, avec 4 colonnes corinthiennes) et le clocher. Il y avait, côté gauche, une Tour de
Fos (pour garder la ville), détruite en 1822. Le parvis a pris le nom du saint pape Jean-Paul II.
- À gauche de la porte d’entrée, l’inscription de Dame Sibille, dédiée à son mari défunt au XIII e
siècle. Encastrée dans le mur, elle provient de l’ancien cimetière qui était situé devant la cathédrale.
- La chapelle de l’accueil, à l’entrée, côté gauche.
- La chapelle des confessions est l’ancienne chapelle de la Sainte Croix. C’est là qu’était jusqu’en
2019 la grande statue de Notre-Dame de la Paix, descendue près du pilier de la nef centrale. Le
bras de Jésus a été cassé en 1793 par les révolutionnaires. La couronne de la Vierge a été volée deux
fois depuis 2019.
- La sacristie, aménagée en 1848, est l’ancienne chapelle Saint-Maur (belles boiseries).
- La chapelle des Reliques conserve les reliques des grands saints fondateurs du diocèse (saint
Cyprien et ses disciples saint Flavien et saint Mandrier), ainsi qu’un tableau représentant deux
bienheureux martyrs originaires du diocèse, tués pendant les Massacres de Septembre 1792
(François-Joseph Pey et Jules Pazery de Thorame). Elle sert aussi de chapelle aux Chevaliers du
Saint-Sépulcre, qui y font régulièrement célébrer la messe.
- La Vierge « avocate des Toulonnais », réalisée en 1739 par le sculpteur Viau, attire les dévotions
de nombreux Varois ou gens de passage. C’est là qu’est récité quotidiennement le chapelet. Autour
d’elle, deux inscriptions rappellent les deux derniers dogmes proclamés sur la Vierge Marie :
l’Immaculée Conception en 1854 et l’Assomption en 1950. Au-dessus, peu visible, figure un
tableau de Mignard sur l’Assomption de la Vierge.
- En face, en hauteur, un tableau représente la vision de la Croix par l’empereur romain Constantin.
Il proviendrait de l’ancienne chapelle des Pénitents noirs (située jusqu’en 1789 dans l’actuelle rue
Garibaldi, en allant vers la porte d’Italie).
- La chapelle de la Vierge, qui était jadis la chapelle des Saintes Reliques, a été consacrée par Mgr
de Chalucet, fondateur à Toulon d’un hôpital détruit dans les années 2010. Marie est entourée des
statues de sainte Catherine de Sienne et de sainte Thérèse d’Avila. Plus petite, Notre-Dame de
Matemore a été ramenée par les Pieds-noirs d’Algérie.
- Le chœur, aménagé en 1859, précédé d’une belle table de communion, est décoré de peintures
datant de 1863, représentant Moïse et Élie, entourés des 12 apôtres. Sur la gauche, on voit le siège
de l’évêque avec ses armoiries épiscopales. L’autel actuel date de 1961.
- La chapelle du Corpus Domini, refaite en 1681 dans un pur style baroque par Christophe
Veyrier, élève de Pierre Puget, est réservée à l’adoration du Saint Sacrement. En rénovation depuis
juillet 2020, elle contient une sculpture saisissante de Dieu le Père et célèbre le mystère de
l’eucharistie. Sur la gauche, est conservé l’ancien bas-relief de l’autel du chœur. À l’entrée de la
chapelle, en hauteur, un très beau Christ peint du XVIIe siècle.
- Sur la droite, deux plaques sombres rappellent la consécration de la cathédrale en 1661 et le rôle
héroïque de Mgr La Tour du Pin-Montauban pendant la peste de 1720. Celui-ci a consacré Toulon
au Sacré-Cœur pendant l’épidémie.
- La chapelle du Saint Cœur de Marie et de sainte Anne conserve un tableau de Pierre Puget sur
saint Félix de Cantalice. On y voit aussi un rappel du passage des reliques du pape Pie VI en 1803
et la statue de saint Pierre portée en procession jusqu’à la mer lors de sa fête, le dernier dimanche de
juin.
- La chapelle Saint-Michel et du Purgatoire est, depuis le retour du siège épiscopal, la chapelle
des tombeaux des évêques contemporains de Fréjus-Toulon. Y reposent Mgr Gaudel, Mgr Barthe et
Mgr Madec (enterré en 2013).
- La chaire, côté nef, a été sculptée en 1829 par Sénéquier. Elle a notamment accueilli le célèbre
dominicain Lacordaire en 1847-1848 et Don Bosco en 1880.
- La chapelle de saint Joseph est l’ancien chœur de la cathédrale romane.
- Les fonts baptismaux, sous la clocher, contiennent une belle cuve et une représentation du
baptême du Christ. Un escalier mène jusqu’au clocher, terminé en 1740. Du sommet de ce clocher
a flotté le drapeau blanc à fleur de lys en l’honneur du jeune Louis XVII à la fin 1793, lors de la
révolte de la ville contre la Convention montagnarde, avant la reprise de Toulon par les républicains
grâce au jeune Napoléon Bonaparte.
- À la tribune, l’orgue inauguré en 1851 comprend près de 2000 tuyaux. Il joue pour les grandes
cérémonies de la cathédrale, comme la messe chrismale pendant la Semaine sainte ou les
ordinations, lorsqu’elles ne se déroulent pas au séminaire de La Castille.

Alain VIGNAL, Août 2020

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