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Bulletin Monumental

Etude sur les sculptures de Sainte-Foy de Conques et de Saint-


Sernin de Toulouse et leurs relations avec celles de Saint-Isidore de
Léon et de Saint-Jacques de Compostelle
† Paul Deschamps

Citer ce document / Cite this document :

Deschamps Paul. Etude sur les sculptures de Sainte-Foy de Conques et de Saint-Sernin de Toulouse et leurs relations avec
celles de Saint-Isidore de Léon et de Saint-Jacques de Compostelle. In: Bulletin Monumental, tome 100, n°3-4, année 1941.
pp. 239-264;

doi : https://doi.org/10.3406/bulmo.1941.8566

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1941_num_100_3_8566

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ÉTUDE

SUl! LES

SCULPTURES DE SMNTE-FOY I)E CONQUES

ET DE SAINT-SERNIN DE TOULOUSE
HT

LEURS RELATIONS AVEC CE [.LES DE SAINT-ISIDORE 1)E LÉON


ET DE SAINT-JACglTES DE COMPOSTELLE

Dans un article paru dans le Bulletin, luonumental en


1923 (:L), j'ai étudié les relations entre l'art. roman du
Languedoc et celui de l'Espagne.
Je répondais à la thèse du regretté savant américain
Kingsley Porter, qui pensait que la renaissance de la
sculpture monumentale s'était produite en Espagne, à
Compostelle et à Silos, et que nos grandes églises du Lan¬
guedoc, en particulier Saint -Semi n de Toulouse el Saint-
Pierre de Moissac, n'avaient fait qu'imiter ces modèles.
Depuis, plusieurs auteurs sont revenus sur ce même
sujet, et surtout M. Gomez Moreno qui maintient la thèse
espagnole (2), et M. Georges Gaillard qui a publié une

l'Espagne,
1934.
(1) Noies
(2) Manuel
p.sur
305-351.
Gomez
la sculpture
Moreno,
romane
El Arte
en Languedoc
romanico ciespahol,
dans le Madrid,
nord de

« M. Gomez Moreno croit que l'art roman est né en Espagne avant


de se développer en France et que l'église Saint-Sernin de Toulouse
est fille de Saint-Jacques de Compostelle. Mais son erreur porte tou¬
jours sur les dates des monuments français plutôt que sur celles des
monuments espagnols, et l'analyse qu'il a donnée de ceux-ci garde
toute sa valeur, » Georges Gaillard, Ouvrage cité ci-dessous, p. 21.
240 SCULPTURES DE CONQUES, DE TOULOUSE

étude remarquable sur la sculpture romane dans le nord


de l'Espagne (1), confirmant mon opinion par de nom¬
breux arguments à propos de Saint-Sernin de Toulouse.
Cet excellent érudit reconnaît toutefois à l'art espagnol
une grande part d'originalité.
Dans ce débat, on n'a pas fait apparaître le rôle impor¬
tant joué par la grande église de pèlerinage Sainte-Fov
de Conques. Je voudrais montrer ce rôle par des textes et
des comparaisons. Je voudrais rappeler aussi certaines
des marques les plus évidentes de l'influence exercée par
l'atelier de Saint-Sernin de Toulouse sur le décor sculpté
des églises d'Espagne.
Résumons d'abord la chronologie des églises situées
des deux côtés des Pyrénées sur les grandes roul es de pè¬
lerinages qui conduisaient à Compostelle.
Sainte-Foy de Conques est. l'aînée de cette famille
d'églises de pèlerinages bâties dans la seconde moitié du
xie siècle et qui ont comme prototype l'église Saint-
Martin de Tours, construite dans les premières années de
ce siècle.
Saint-Sernin et Saint-Jacques sont des répliques agran¬
dies et perfectionnées de Sainte-Foy. La nef de l'église de
Conques est flanquée de chaque côté d'un collatéral. Ce
collatéral est double à Saint-Sernin. Les bras du transept
de Conques sont bordés à l'ouest et à l'est d'un collatéral.
On avait prévu d'en établir un aux extrémités du tran¬
sept, mais on n'a pas effectué cette construction, qui a été
réalisée à Saint-Sernin et à Saint-Jacques.
A Sainte-Foy, des tribunes voûtées en quart de cercle
surmontent les collatéraux de la nef ainsi que les côtés
ouest et est du transept ; aux extrémités des croisillons,
une coursière réunit les tribunes. A Saint-Sernin et, ù
Saint-Jacques, des tribunes, également voûtées en quart

Léon,
(1) Georges
Jaca, Compostelle,
Gaillard, Les
Paris,
débuts
1938.
de la sculpture romane espagnole :
DE LÉON ET JDE COMPOSTELLE 241

de cercle, surmontent la nef et font le tour complet du


transept.
A Conques, quatre chapelles s'ouvrent à l'est du tran¬
sept et trois sur le déambulatoire. A Toulouse et à Com-
postelle,
sur le déambulatoire.
on voit quatre chapelles sur le transept et cinq

La pose de la première pierre de Sainte-Foy (1) eut lieu


entre 1041 et 1052, au temps de l'abbé Odolric. L'abbé
Etienne II, puis l'abbé Bégon III (1087-1107) poursui¬
virent les travaux. Ce dernier et son successeur Boniface
(1107-1119) durent reprendre vers l'est les parties hautes
de l'église qui menaçaient de s'effondrer. Vers 1120-1130
au plus tard, les grands travaux d'architecture s'ache¬
vaient et, c'est à cette même époque, me semble-t.-il, qu'on
devait exécuter deux admirables ensembles de sculp¬
tures : au mur nord du Iransept, le groupe de l'Annoncia¬
tion et deux grandes statues représentant Isaïe et saint
Jean-Baptiste ; au portail occidental, le tympan du Juge¬
ment dernier avec cent vingt-quatre personnages ornés
de peintures qui se sont en grande partie conservées (2).
Saint-Martial de Limoges, qui a disparu, mais qui avait
les mêmes dispositions que Conques, fut bâtie de 1053 à
1095.
Saint.-Sernin de Toulouse, dont les plans furent élaborés
vers lOfiO, fut terminée en 1118.
A Saint-Isidore de Léon, une première église fut com¬
mencée après 1.054 et consacrée, avant son achèvement,
en 1003. 11 en reste un grand narthex appelé la chapelle
des Rois. Une seconde église fut commencée à la fin du
xie siècle et consacrée en 1149. Cette église a deux por¬
tails sculptés, le portail principal ou de l'Agneau, et le

528.
(1) M. Aulicrt, dans Congrès nrchéol. de France, 1937, p. 459-

(2) P. Deschamps, Les sculptures de l'église Sainte-Foy de Conques


185.
et leur décoration peinte , dans Monuments Piot, t. XXXVIII, p. 1 56-
16
242 SCULPTURES DE CONQUES, DE TOULOUSE

portail du Pardon au sud du transept. Tous deux ont été


montés dans le deuxième quart du xne siècle, mais
M. Gaillard constate qu'on y remploya des morceaux plus
anciens datant, selon lui, de la fin du xie siècle.
Enfin, Saint-Jacques de Compostelle fut commencée en
1078. Deux architectes aux noms bien français, Bernard
le Vieux et Robert, dirigèrent les travaux, qui marchèrent
lentement. En 1105, au cours d'une imposante cérémonie,
on consacrait les cinq chapelles du déambulatoire et trois
chapelles du transept. A cette même date, une partie du
chœur et la croisée du transept étaient encore occupées
par l'ancienne église qu'on se proposait de remplacer et,
qui ne fut démolie qu'en 1112. En 1117, un incendie rava¬
geait la nouvelle église, qu'on se hâta de restaurer. Il
semble que, vers 1120, on travaillait aux dernières travées
de la nef et à la façade. Vers 1122-1124, la plus grande
partie de l'édifice était achevée (1).
Outre les chapiteaux qui se trouvent à l'intérieur de
l'église, un important ensemble de sculptures est consti¬
tué par le portail des Orfèvres avec ses deux tympans et.
leur encadrement ; il est situé au sud du transept. Ce por¬
tail est décrit tel qu'il est aujourd'hui dans le Guide du
pèlerin de Saint-Jacques rédigé vers 1139 (2).
D'autres églises, Iguacel, Jaca, Loarre, Pampelune,
Armentia, Fromista, Nogal, Santa Cruz de la Seros, pla¬
cées aux abords des roules qui conduisaient de France
vers Compostelle, montrent dans le décor de leurs chapi¬
teaux des relations avec Conques, Toulouse et Moissae.

confiée
grande
cuter
ria
2e
postelle,
les (1)
(2)
édit.,
manuscrits
Compostellana,
Jeanne
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426-427.
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1. XIIe
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Le
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français,
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Protat,
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français
1938.
avait
Sagraân.
, de
fit
d'après
Histo-
Com¬
exé¬
été
de
DE LÉON ET DE COMPOSTELLE 243

L'abbaye Saint-Pierre de Moissac, affiliée à l'ordre de


Cluny en 1047, se trouvait aussi sur la route de Compos-
telle. Anquetil, abbé de Moissac de 1085 à 1115, fut l'âme
d'un grand mouvement artistique. On lui doit le magni¬
fique cloître du monastère avec ses nombreux chapiteaux
sculptés de rinceaux, d'ornements végétaux et de scènes
à personnages, et les grands bas-reliefs ornés de figures
d'apôtres et de l'effigie de l'abbé Durand, mort en 1071,
qui occupent les faces des lourds piliers au milieu et aux
angles de chaque galerie. Sur un de ces piliers, une inscrip¬
tion nous apprend que le cloître fut exécuté en l'an 1100.
A la mort d' Anquetil, la plus grande partie des chapiteaux
devaient être sculptés.
.l'ai montré dans le Bulletin archéologique (1) les étroites
ressemblances qui existaient, d'une part, entre les grands
bas-reliefs aujourd'hui placés au pourtour du chœur de
Saint-Sernin de Toulouse et ceux du cloître de Moissac ;
d'autre part, entre les figurines ornant les tranches du
maître-autel de Saint-Sernin, consacré en 109() par le pape
Urbain II, et les personnages décorant les chapiteaux de
Saint-Sernin et du cloître de Moissac.
Le célèbre portail de l'église de Moissac dut être exécuté
entre 1115 et 1131 au temps de l'abbé Roger, successeur
d' Anquetil.
Ayant rappelé cette chronologie des églises de pèleri¬
nages, nous examinerons maintenant la place que tient
Sainte-Foy de Conques dans l'épanouissement de l'archi¬
tecture et de la sculpture romanes pendant la seconde
moitié du xie siècle et le début du xne.
La puissante abbaye de Conques joua alors dans le
monde religieux un rôle considérable. Son influence artis¬
tique se répandit jusqu'en des lieux éloignés. On en voit
même le témoignage en Italie, comme l'a montré Camille

cloître
(1) L'autel
de Moissac,
romandans
de Saint-Sernin
le Bulletin archéologique,
de Toulouse1923,
et les p.
sculptures
239-250.du
244 SCULPTURES DK CONNUES, DE TOULOUSE

Enlart : l'église Sant'Antimo de Toscane (1), prieuré de


Cluny, eut Sainte-Foy de Conques comme modèle. Ce
sont très probablement les moines de Conques qui cons¬
truisirent cette église en 1118. Certains de ses chapiteaux
sont des répliques de ceux de Sainte-Foy.
L'abbaye était fort riche et, possédait, ainsi que l'a rap¬
pelé récemment M. Jean Vallery-Radot (2), tout le terri¬
toire l'environnant dans un rayon de cinq lieues. Ce do¬
maine était couvert d'églises imitant Sainte-Foy dans
leur plan, leur élévation et leur décoration sculptée.
Cette maison religieuse nous apparaît comme une pépi¬
nière d'architectes allant au loin bâtir des églises et des
monastères. Le Cartulaire de Sainte-Foy de Conques cite
des bienfaiteurs donnant des terres à cette abbaye à con¬
dition que ses moines aillent construire une église sur ces
terres. Et l'on voit les moines de Conques se rendant dans
la région de Bazas pour y édifier une église dédiée à
sainte Foy (3).
A cette époque, l'abbaye de Conques jouit en Espagne
du même prestige que Cluny. Le grand monastère bour¬
guignon et le monastère du Rouergue rivalisent de zèle.
Partout ils fondent des prieurés. Tous deux apportent un
précieux concours aux Croisés de France qui, chaque
année, passent les monts pour aller aider à la « recon¬
quête » les rois d'Aragon et de Castille dans leur lutle
contre les Maures. Leurs maisons servent, de gîte d'étape
aux troupes françaises. Dès qu'une cité est conquise,
c'est un moine de Clunv ou de Conques qui monte sur son

logues.
la
construirait
1879,
Bulletin
dais.
condition
(1) Cartulaire
Revue
(2)
(3) C.
Donation
J. monumental,
n° Enlart,
Vallery-Radot,
de
50,Vune
qu'une
p.
Artfaite
51.
église
de
L'église
chrétien,
l'abbaye
mission
Le
vers
1940,
dédiée
cartulaire
abbatiale
Les
1076
1913,
p.deàéglises
de 5-68.
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Conques,
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Amance
1-14.
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àd'autres
Esclottes
l'abbaye
du par
Rouergue,.
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G.
exemples
Toscane,
dans
dele
Desjardins,
Conques
donateur
ledans
Baza-
dans
ana¬
leà
DE LÉON ET DE COMPOSTELLE 245

siège épiseopal et les deux maisons peuplent de religieux


les prieurés qui se fondent sur les territoires repris par les'
chrétiens.
Cluny fonde les prieurés de Najera en 1052, las Due-
gnas en 1077, Carrion en 1095. Le premier évêque de
Valence, reconquise en 1094, est Jérôme de Périgueux,
compagnon du Cid et ancien moine de Cluny.
Au moment d'assiéger la ville de Barbastro, le roi
d'Aragon, Sanche Ramire, f ai t. le vœu s'il a la victoire de
donner la mosquée aux moines de Conques pour qu'ils en
fassent une église et il tient son serment. Plus tard, il
prend le même engagement en allant à l'attaque de Sara-
gosse et de Lérida. Entre 1097 et 1104, au temps de Pons,
évêque de Barbastro, ancien moine de Conques, Sanche,
comte d'Erro, donne à Saint e-Foy de Conques l'église et
l'hôpital de Roneevaux. En l'année 1100, le même évêque
de Barbastro offre à l'abbé de Conques, Bégon 111, un
autel portatif encore conservé et qui est l'une des pièces
les plus intéressantes du fameux trésor de l'abbaye.
En 1105, l' évêque de Compostelle, assisté de plusieurs
prélats, procédait, dans sa cathédrale commencée, à la
consécration des autels des chapelles du déambulatoire.
L'un de ces autels fut dédié à sainte Foy et ce fut F évêque
de Pampelune, Pierre de Roda, qui le consacra. Or, cet
évêque, né à Toulouse, avait fait son éducation à Conques,
puis avait été moine à Saint-Pons-de-Thomières. Il gar¬
dait d'étroites relations avec l'abbaye où il avait passé
son adolescence. Pendant son épiscopat, le monastère de
Conques acquit des domaines dans son diocèse et envoya
plusieurs de ses moines construire des églises en Navarre.
Quelques années plus tard, c'était l'abbé de Conques,
Boniface, qui se rendait à Pampelune pour y consacrer
une église, peut-être la cathédrale elle-même (1).

1938,
(1) Georges
p. 221. Gaillard, Les débuts de la sculpture romane espagnole,
246 SCULPTURES DE CONQUES, DE TOULOUSE

Ainsi, dans toute l'Espagne chrétienne, la renommée de


Sainte-For de Conques était très grande. Si des archi¬
tectes allaient y construire des églises, il est évident
qu'ils décoraient aussi ces monuments ou qu'ils emme¬
naient avec eux des sculpteurs. 11 est donc tout naturel
que l'on retrouve entre les sculptures de Sainte-Foy de
Conques et (Milles des églises d'Espagne de nombreuses
ressemblances.
Et d'abord les auges porteurs de phylactères ou de
livres chargés d'inscriptions gravées.
On trouve des anges partout dans l'église de Conques,
aux chapiteaux du transept, dans les trompes de la croi¬
sée, dans la nef et les tribunes. Sur un petit chapiteau très
lin placé contre une fenêtre du mur sud du transept, on
voit un ange tenant une banderole avec une inscription
où est écrit le nom du sculpteur : « Bernardus nie fecil. »
Au mur nord du transept apparaît le groupe de l' Annon¬
ciation avec la grande figure de Farchange Gabriel.
On voit encore des anges aux sculptures extérieures : à
une porte de la tour d'escalier flanquant l'angle sud-est
du transept, sur les quelques chapiteaux de ce qui reste
du cloître, au bas-relief situé contre la première travée
sud de la nef ; ce bas-relief est encadré par l'épitaphe de
l'abbé Bégon III, mort en .1:107, qui construisit le cloître.
Enfin, on compte vingt-trois anges parmi les personnages
du tympan de la façade occidentale.
Aux piles occidentales de la croisée du transept, quatre
chapiteaux sont; ornés chacun de deux anges. Quatre
anges portent des phylactères, quatre portent des livres.
Les inscriptions qui s'y trouvent désignent les archanges
Gabriel et Raphaël, un chérubin et un séraphin (fig. 1)
et les quatre Evangélistes. Cet usage de représenter les
évangélistes par des personnages ailés se retrouve aux
chapiteaux d'églises auvergnates, à Notre-Dame-du-Port
de Clermont et à Volvic (Puy-de-Dôme) (fig. 1).
DE LÉON ET DE COMPOSTELLE 247

Des anges porteurs de banderoles se trouvent aussi à


Chauriat et à Mo /.al (Puy-de-Dôme), à Hrioude ( i laute-
Lni re), et dans le voisinage de Conques à I îozouis (!) et à

FIG. 1
C ON OU KS VOL V1C
LÉON COMPOSTELLE

Bessuéjouls (2) (Aveyron). Ces anges porteurs de phylae-

Figeac,
(1) Paul
(2) Bernard
Cahors
Deschamps,
de
et Rodez
Gauléjac,
L'autel
, 1937,
dans
et
p. les
442.
Congrès
chapiteaux
archéologique
romans dudeclocher
France.
de
248 SCULPTURES DE CONQUES, DE TOULOUSE

tères, nous les retrouverons exactement semblables sur un


chapiteau de la nef de Saint-Isidore de Léon (fig. I). Ils
encadrent le Dieu de Majesté. L'inscription se poursuit de
l'un sur l'autre phylactère ; elle est ainsi conçue : « Bene-
dical nos Dominas de sede majestati-s. » Comme aux chapi¬
teaux de Conques et comme en Auvergne, ces anges
posent leurs pieds sur l'astragale du chapiteau.
A Compostelle, nous verrons aussi des anges portant
des banderoles sur deux chapiteaux du déambulatoire.
Sur chacun de ces chapiteaux, deux anges sont debout aux
angles ; entre eux se trouve un petit personnage qu'ils
semblent vouloir emporter au ciel. De leur bras levé, vers
le milieu du chapiteau, ils tiennent les deux extrémités
de la banderole qui, retombant très bas, passe devant eux
et le personnage. Les inscriptions portent les noms du roi
Alphonse VI, mort en 1109, et de l'évêque Diego Pelaez,
qui commença les travaux de l'église. Elles sont ainsi con¬
çues : « Regnanle Principe Adefonso conslructuiu opus »
(fîg. 1). — « Tempore Presulis Didaci inceplum opus fuit. »
Le tympan de Conques présente des anges dans trois
attitudes que nous retrouverons sur les portails espa¬
gnols : au sommet du tympan, deux anges descendant du
ciel la tête en bas ; deux anges volant horizontalement et
sonnant de la trompe (fig. 2) ; un ange allant déposer
une couronne sur la tête d'un bienheureux (fig. 2).
On voit un ange volant la tête en bas au tympan de
Souillac, un autre dans la scène du sacrifice d'Abraham au
trumeau du même portail. On en voit quatre au sommet
du tympan de l'Ascension à la cathédrale de Cahors.
A Compostelle, au tympan de droite de la porte des
Orfèvres, un ange vole la tête en bas en portant une cou¬
ronne qu'il va poser sur la tête du Christ (1) (fig. 2).

Saint-Pierre
p. (1)
73, Georges
74, 79.deGaillard,
Bessuéjouls,
ouvr.dans
cité, lepl.Bulletin
CY. monumental , 1940, fig.
DE LÉON ET DE COMPOSTELLE 249

Des anges volant horizontalement se voient au tympan

fig. /
TYMPAN DE CONQUES
TYMPAN DE CONQUES TYMPAN DE COMPOSTELLE

de Saint-Bertrand-de-Coinminges et de Beaulieu. A Beau-


250 SCULPTURES DE CONQUES, DE TOULOUSE

lieu, l'un d'eux porte une couronne. Au tympan de gauche

FIG . 3
CONQUES. - LOAURE

de la porte des Orfèvres à Compost elle, on en voit un qui


DE LÉON ET DE COMPOSTELLE 251

porte un encensoir (1.) clans la scène de la Tentation du


Christ. Il faut remarquer la chevelure de cet ange déga¬
geant les oreilles, qui rappelle tout à fait la chevelure des
anges de Conques. Aux écoinçons de la porte des Orfèvres,
des anges sonnent de la trompe (2).
L'église de Conques a certains de ses tailloirs qui sont
ornés de fleurettes, d'oiseaux ou d'animaux ; sur un autre,
on voit des anges en huste. .V l'enfeu, qui, à l'extérieur
contre le mur sud de Bégon, encadre l'épitaphc de l'abbé
liégon III, les tailloirs portent des séries de tètes d'anges
pourvues d'ailes (fig. 3).
Nous retrouvons des tètes d'anges encadrées d'ailes sur
un tailloir de l'église espagnole de Loarre (3) (iig. 3) ; on
les voit aussi au cloître de Moissac.
On sait que l'école de sculpture romane d'Auvergne a
une iconographie particulière et des thèmes favoris qu'on
retrouve presque dans chaque église auvergnate possé¬
dant des chapiteaux sculptés. Outre les anges porteurs de
banderoles, les sujets le plus fréquemment représentés
sont l'avare portant sa bourse au cou, les sirènes et les
centaures (4)\
Ces figures se voient à Conques, et l'on est en droit de
se demander si ces sculptures de Sainte-Foy n'ont pas le
privilège de l'antériorité sur celles qu'on verra si souvent
répétées en Auvergne. L'avare portant sa bourse au cou
se voit deux fois à Conques : sur un chapiteau d'une tri¬
bune du transept (5) et sur le tympan. Le centaure appa-

Auvergne.
cription
L'avare
mons
tant
(1)
(2)
(3)
(4)
On
(5) une
Georges
qui
voit
Sur
Voyez
:est
inscription
leDécor
Tula
aussi
assis
menacent.
pro
dernière
Gaillard,
Pierre
l'avare
des
malum
au chapiteaux,
àmilieu
Quarré,
Notre-Dame-du-Port
pile
pl.
Une
entre
pl.
acipe
XCVIII.
LXV,
XGVI.
de
banderole
dules
meritum.
la
La
chapiteau
Aurillac,
démons
ûg.
tribune
sculpture
25.
placée
et
1938,
ouest
etavec
deentouré
romane
devant
Clermont,
p.du
une
34.croisillon
banderole
lui
de porte
quatre
àlaBrioude,
Haute-
nord.
l'ins¬
por¬
dé¬
252 SCULPTURES DE CONQUES ET DE COMPOSTELLE

raît dans le déambulatoire. Une sirène à double queue


figure sur un chapiteau de Conques. On retrouve ce sujet
à l'église de Bessuéjouls (Aveyron), où l'influence de Con¬
ques est évidente, et à Saint-Sauveur de Figeae. En Au¬
vergne, on pourrait en énumérer une quantité (1).
Nous trouvons sur un chapiteau du déambulatoire de
Compostelle deux sirènes à double queue. Conques pré¬
sente des oiseaux buvant dans un vase et l'on voit à Com¬
postelle deux griffons buvant dans un vase (2).
Mais ce sont là. des sujets très répandus.
Celui des sonneurs d'olifant est beaucoup plus rare. Un
chapiteau de Conques nous présente deux guerriers son¬
nant de l'olifant (iig. -f\). On voit aussi des sonneurs d'oli-
lanl à Notre-Dame-des-iVIiracles de Mauriac et à Jou-sous-
Montjou (Cantal). Nous retrouvons un sonneur d'olifant
au déambulatoire de Compostelle (fig. 4).
Voici un dernier témoignage des emprunts que l'église
de Compostelle lit à celle de Conques. Dans les scènes si
originales e.t si variées des supplices infligés aux damnés
qui figurent sur le Lympan de -Conques, on voit un per¬
sonnage qui représente l'avarice, car il porte une bourse
au cou (fig. 5). 11 est suspendu à une potence. Un démon
s'arc-boutant du pied au montant de la potence tire sur

à désigne.
Notre-Dame-du-Port
1912,
M.
logue
l'avare,
le Ennezat,
L'avare
Bréhier
àp.celui
bien
258-259,
avec
signale
àqu'il
deOrcival.
Notre-Dame-du-Port
une
n'ait
fig.
à bourse
de
Saint-Nectaire
pas
6,
Cf.
Clermont,
7,
de
L.
au8,
bourse
Bréhier,
cou
Notre-Dame-du-Port
dans
seun
au
etvoit
Les
la encore
chapiteau
qui
cou Revue
paraît
chapiteaux
et pasde
dans
bien
d'inscription
tout
l'Art
etle
historiés
représenter
à fait
Ennezat.
Cantal
chrétien,
ana¬
qui
de
à

Lanobre et à Mauriac. Il semble qu'il apparaît sur des tailloirs à


Saignes et à Champagne. Cf. Pierre Quarré, ouvr. cité, p. 53.
à Saint-Semin
Hors d'Auvergne,
de Toulouse
l'avarice
et àest
Moissae.
parfois représentée, notamment
(1) Yoy. Denise Jalabert, De l'art oriental antique à l'art roman.
Recherches sur la faune et la flore romane; II : Les sirènes, dans le
Bulletin monumental, 1936, p. 433-471. P. 458-461, sirènes-poissons
d'Auvergne ; et Pierre Quarré, ouvr. cité, Haute-Auvergne, p. 34-35.
(2) Georges Gaillard, pl. LXXVII.
254 SCULPTURES DE CONQUES, DE TOULOUSE

la corde qui l'étrangle. Un serpent s'enroule autour de ce


montant et vient piquer le damné à la tempe.
Nous trouvons exactement la même scène, sauf que le
damné n'a pas de bourse au cou, sur un chapiteau du
déambulatoire de Compostelle (fig. 5). Ce chapiteau se
trouve justement tout près de la chapelle dédiée à Sainte-
Foy, qui est la première des chapelles rayonnantes au
nord (1). Comme à Conques, un démon s'arc-boute du pied
contre le montant de la potence pour tirer sur la corde.
Un autre démon tient un serpent qui vient piquer à l'œil
le supplicié. La langue de ce démon sort de sa bouche et
l'on voit exactement la même ch.ose au démon de Con¬
ques.
On remarque aussi sur les visages des démons de ce
chapiteau de Compostelle un détail curieux qui se re¬
trouve sur presque tous les visages de démons de Conques,
aussi bien au tympan que sur un chapiteau de la nef
représentant l'avare : ces diables ont une double ride sur
le nez. Les figures grimaçantes des démons de Compos¬
telle ont tout à fait la même expression que celles des
démons de Conques. Dans tout l'art roman, il serait diffi¬
cile de trouver deux scènes présentant autant de ressem¬
blance que celles du supplice de l'avare à Conques et à
Compostelle. M. Gaillard observe très justement que ce
chapiteau de Compostelle (2) n'est pas semblable aux
autres chapiteaux de cette église. « Sans doute, dit-il,
ce beau chapiteau est-il l'œuvre d'un artiste de pas¬
sage. »
C'est probablement le sculpteur du tympan de Conques
venu à Compostelle, ou tout au moins un artiste connais¬
sant bien les détails de cette magnifique composition, qui
a reproduit près de la chapelle Sainte-Foy une des scènes
de damnation qu'on voyait au-dessus de l'entrée de cette

(1) Georges Gaillard, p.


(2) pl. 179.
LXXXT.
\
DK LÉON KT DK COM PO STELLE 255

église où s'arrêtaient, pour prier la célèbre sainte du


Rouergue, les pèlerins qui se rendaient à Compostelle.
Et nous avons là un témoignage particulièrement élo¬
quent des liens artistiques qui unissaient les grandes
églises de pèlerinages.

* ★ *

L'art espagnol fit aussi de nombreux: emprunts à Tou¬


louse et à Moissac. La porte Miègeville, au flanc de Saint-
Sernin de Toulouse, inaugure la série de nos portails
romans présentant toul un ensemble de sculptures. J'ai
proposé pour son exécution les environs de l'an L 100 (1),
et M. Raymond Rey, qui a étudié avec tant de soin la
sculpture toulousaine, adopte la date approximative de
i L 10 (2).
(V est à la porte Miègeville qu'apparaissent pour la pre¬
mière fois deux personnages debout, saint Pierre et saint
Jacques, occupant les écoinçons.
Les portes de Saint-Isidore cle Léon (3) et de Saint-
Jacques de Compostelle procèdent de la porte Miègeville
de Toulouse. Toutefois, elles ne présentent, pas le bel
équilibre qu'on voit dans la composition de cette porte de
Saint -Sernin. Si M. Georges Gaillard vante le talent des
sculpteurs espagnols, il est le premier à reconnaître qu'ils
n'ont pas su réussir l'ordonnance d'un portail. On y a
remployé tant bien que mal des morceaux anciens qui
nuisent à l'harmonie de l'ensemble (4).

cloître
porte
c'est
jamais
les
Paris,
(1)
(2)
(3)
(4)
sculptures
le
Raymond
G.
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1936,
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239
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1923,
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XXXII),
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n. du
1.
256 scuja'TuuKs de Toulouse et de compostelle

Les écoinçons des deux portails de Saint-Isidore de


Léon sont ornés de statues comme la porte Miègeville.
Voici à Compostelle un détail fort curieux sur lequel
M. Mâle a appelé l'attention : le saint Jacques de la porte
Miègeville est encadré de deux cyprès. Ce même décor se
retrouve au-dessus de la porte des Orfèvres où l'on voit
une magnifique statue de saint Jacques (1). Les deux sta¬
tues de saint Jacques portent le livre des Évangiles.
Toutes deux ont le nom du saint gravé sur le nimbe.
La statue de saint .Jacques de la porte des Orfèvres
s'accompagne d'une inscription (2) qui a exactement les
mêmes formes de caractères allongés et d'un très beau
style qu'on voit au bas-relief célèbre des Vierges de Saint-
Sernin portant sur leurs genoux un lion et un bélier (3).
Ces Vierges ont leurs prototypes à Saint-Sernin même, à
la porte Miègeville : ce sont les deux figurines de femmes
chevauchant des lions qui décorent la console servant de
soubassement à la statue de saint Jacques (4). On voit
deux autres personnages chevauchant des lions sur une
console soutenant le linteau de cette porte (5).
M. (laillard a remarqué l'extraordinaire ressemblance
qui existe entre ces personnages aux figures bouffies et la
femme tenant un lion qui orne le piédroit de droite de la
porte de gauche du porlail des Orfèvres à Compostelle (G).
« Le détail caractéristique d'un pied chaussé et l'autre nu
enlève toute espèce de doute quant au rapprochement.

sculpture
La
1924,
que
Sernin
%.
pl. (1)
(2)
(3)
(4)
(5)
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181,
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293.
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p.1930,
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FIG. (1
PORTE MIEGEVILLE A SAINT-SERNIN DE TOULOUSE
PORTE MIEGEVILLE PORTE DU PARDON
A SAINT-SERNIN DE TOULOUSE A SAINT-ISIDORE DE LEON
17
258 SCULPTURES DE TOULOUSE ET DE COMPOSTELLE

Ces figures se retrouvent sur certaines sculptures de la


porte méridionale de Saint-Isidore de Léon et sur un cha¬
piteau de Jaca (1). »
Il faut insister sur la frappante analogie qui se re¬
marque dans la construction des visages de certains per¬
sonnages de Saint-Sernin de Toulouse, de Saint-Isidore de
Léon et de Saint-Jacques de Compostelle. Ce type très
caractéristique, avec le bas du visage très accusé, le
maxillaire inférieur très fort, le menton proéminent, les
lèvres charnues, apparaît déjà dans les figurines qui
ornent les tranches de la table du maître-autel de Saint-
Sernin daté de 1096.
Le drapé des vêtements formant sur la poitrine des plis
s'échelonnant de bas en haut en demi-cercles qu'on voit
sur les hauts-reliefs du Christ et de trois anges du tympan
de la porte Miègeville (fig. G), ainsi que sur les deux sta¬
tues des écoinçons (11g. 6), se retrouve sur la statue de
saint Paul de la porte du Pardon de Saint-Isidore de
Léon (2) (fig. 6), sur un très beau buste conservé au Mu¬
sée de Léon (3) et sur plusieurs statues de la porte des
Orfèvres de Compostelle. Ailleurs, les plis se drapent en
demi-cercles du haut en bas, notamment sur deux anges
du tympan de la porte Miègeville, sur les deux Vierges
portant le lion et le bélier et sur la figure de Simon le
Magicien (fig. 7) ; on les retrouve à la porte des Orfèvres
sur le saint André (4), sur le David (5) (fig. 7) et, sur plu¬
sieurs autres statues. Enfin, les plis en virgule au bas des
robes des personnages de la porte Miègeville (6) se retrou¬
vent à la porte des Orfèvres, notamment sur la belle sta¬
tue de saint André.

(1) Georges Gaillard, Estudis Universitaris Catalans, XV, 1930.


(2) G. Gaillard, pl. XXXVII.
(3) G. Gaillard, pl. XXXIV.
(4) G. Gaillard, pl. CVII.
(5) G. Gaillard, pl. CXXTT.
(6) R. Rey, p. 59, fig. 34.
2H0 SCULPTURES DE CONQUES, DE TOULOUSE

Les analogies que nous constatons aux portails s'ob¬


servent, aussi aux chapiteaux des mêmes églises,
Un personnage dans une gloire représentant une âme
portée au ciel par des anges orne un chapiteau de la porte
des Comtes à Saint-Sernin de Toulouse (1). Le même
groupe apparaît à Saint-Isidore de Léon (2).
Un personnage assis au milieu d'un chapiteau se voit
au croisillon nord de Saint-Sernin (3). On trouve sa
réplique à Compostelle (4).
Des archers bandant leur arc figurent dans le second
collatéral sud à Saint-Sernin (5) ; on retrouve ce sujet à
Léon (6) et à Compostelle (7).
A la porte des Comtes à Saint-Sernin de Toulouse, on
voit plusieurs chapiteaux avec un personnage assis, écrasé
sous la volute d'angle (8). Des personnages également
accroupis sous la volute d'angle se voient à Léon (9),
à Jaca (10), à Huesca (11), à Loarre (12) et à Fro-
mista (13).
Les oiseaux affrontés à l'angle d'un chapiteau avec une
tige de feuillage dans le bec apparaissent à Toulouse (14),
à Moissac, à Lescar et Lescure. On les voit aussi à
Léon (15), à Loarre (16) et à Compostelle (17).

fig.(12)
(1)
(2)
(3)
(4)
(5)
(6)
(7)
(8)
(9)
(10)
(11)
(13)
(14)
(15)
(16)
(17)
65.G.
Auriol
R.R.Gaillard,
G. Rey,
Gaillard,
Rey,
Gaillard,
etp.p.Rey,
79-83,
77,
79,
73,
pl.
pl.
pl.fig.
XXVII.
fig.
CVIII.
XVIII,
XXVIII.
LXXXIV.
Saint-Sernin
XXIV.
LX.
LXIX.
LXV.
L.
LXXIX.
XLIII.
fig.
54,
58.57,
48, etXIX.
G.
59
Gaillard,
àGaillard,
de63.Toulouse,
pl. XXIX.
pl. XXIX.
p. 80 ; Rev, p. 85,
DE LÉON ET DE COMPOSTELLE 261

On voit des lions dressés et affrontés d'un type tout à


fait, analogue à Toulouse (!) et à Compostelle (2).
On peut rapprocher des personnages, des quadrupèdes
et des animaux entremêlés dans un enchevêtrement de
rinceaux à Toulouse (3), à Moissac (4), à Lescar, à
Léon (5), à Compostelle (6) et à Jaca (7).
Des chapiteaux ornés de têtes de lions sans mâchoire
inférieure, de la bouche desquelles partent des rinceaux,
se trouvent au transept (8) et à la façade occidentale (9)
(fig. 8) de Saint-Sernin de Toulouse. Ces chapiteaux ont
été exactement copiés à la porte des Orfèvres (10) (fig. 8).
On les retrouve sur un chapiteau d'une fenêtre de Saint-
Isidore de Léon (11).
Parmi les chapiteaux sans ligures animées, pourvus
d'ornements végétaux ou stylisés, on en voit à Tou¬
louse (12), à Moissac (13), à Lescar dont la corbeille est
enveloppée d'un décor continu de palmettes ou de rin¬
ceaux encadrant des rosaces. On les retrouve en Espagne,
à Compostelle (14), à Nogal (15), à Jaca (16), à Loarre (17)
et à Fromista (18).
Certains chapiteaux de Conques, de Toulouse (19) et

nol,
(1)
(2)
(3)
(4)
(5)
(6)
(7)
(8)
(9)
(10)
(11)
(13)
(14)
(15)
(16)
(18)
(12)
(17)
(19)
Madrid,
Auriol
R.
G.
G,G.
R.Gaillard,
Rey,
Gaillard,
Rey,
Gaillard,
et
et
1934,
p.Rey,
p.
Rey,
125,
71,
117-119,
pl.
p.
pl.
pl.
p.
fig.
p.
XV.
fig.
XXIII
LXXXIV.
XLII.
LXXVIII
134.
XVI
XXIX
LXXXIV,
124
XCIII.
LXII.
LXIX
LIV.
XL,
XXIX
125.
46,
95.et
fig.
;et
fig.
Gomez
et
125.
; ;G.
84-88.
R.
Gomez
XXIV.
R.
6.etGaillard,
fig.
Rey,
Rey,
LXXIX.
Moiéno,
2.Moreno,
p.p. 66-69,
pl.
68,El
XV.
fig.
pl.
Arte
fig.
42.
109.
romanico espa-
39-44.
262 SCULPTURES DE CONQUES, DE TOULOUSE

de Lescar ornés de feuillages présentent des fruits ronds


en forme de boule. On les retrouve à Léon (i) et à Com-
postelle (2).
Les tailloirs des chapiteaux présentent aussi les ressem¬
blances les plus évidentes. Le décor en damier, les séries

FXG. 8
SA1NT-SEKNIN DE TOULOUSE SAINT-J ACQUES
DE COMPOSTELLË

de palmettes qu'on voit si fréquemment à Conques, à


Toulouse et à Moissae se retrouvent dans les églises
d'Espagne (fîg. 8). Remarquons en particulier le décor
absolument semblable que présentent les photographies
rapprochées de tailloirs de chapiteaux à Toulouse, Saint-
Gaudens, Compostelle et Sant'Antimo de Toscane.

(1) G. Gaillard, pl.


(2) pl. LXXXII.
XX.
DE LÉON ET DE COMPOSTELLE 263

Enfin, l'une des analogies les plus remarquables n'est-


elle pas celle des modillons sculptés qu'on voit à l'exté¬
rieur de tous ces édifices tant aux corniches des chevets
qu'au-dessus des portails?
Le chevet de Conques, le plus ancien, ne présente que
des modillons à copeaux. Mais la corniche qui surmonte
le croisillon sud du transept ajoute aux modillons un nou¬
veau décor : les métopes, qui constituent la partie supé¬
rieure du mur entre les modillons, s'ornent de rosaces.
A Saint-Sernin de Toulouse, la corniche de la porte
Miègeville est encore plus richement décorée : on voit sur
ses modillons des masques et des bustes humains, des
corps et des têtes d'animaux, toutes figurines sculptées
avec une rare habileté ; les métopes et les soffites, c'est-à-
dire la face inférieure de chacune des dalles qui forment
la corniche, s'ornent de rosaces et de marguerites à six
ou huit pétales enfermées dans un cercle.
Le portail de Lescure (Tarn) est surmonté d'une cor¬
niche munie elle aussi de modifions, de solïites et de mé¬
topes d'un style tout à fait analogue à ceux de la porte
Miègeville.
Ce décor si élégant, nous le retrouverons, pareil dans
son ensemble, malgré la diversité de ces nombreuses
sculptures, à Notre-Dame-du-Port à Clermont-Ferrand
et dans maintes églises auvergnates. Nous le verrons
aussi en Espagne : les chevets de Saint-Isidore de Léon
et de Fromista n'ont que des modillons ornés de figurines ;
à Jaca, entre les modillons sculptés apparaissent de petits
bas-reliefs représentant des animaux de profil ; mais la
corniche qui surmonte la porte des Orfèvres à Compostelle
offre des modillons ornés de figures humaines et animales,
des soffites et des métopes ornés de marguerites encadrées
dans un cercle qui fait aussitôt penser aux corniches de
la porte Miègeville à Saint-Sernin de Toulouse,
264 SCULPTURES de CONQUES ET DE TOULO

On voit, par tous ces exemples, combien étaien

les liens artistiques qui unissaient les grandes é

pèlerinages échelonnées sur les routes de Saint-

en particulier la route du Puy, qui, traversant l

d'Auvergne, gagnait Conques et Moissac, et

d'Arles, qui passait par Toulouse.

Il semble bien qu'un certain nombre de sc

allant d'un chantier à l'autre participèrent au déc

églises situées des deux cotés des Pyrénées.

Dans les œuvres qu'ils oui exécutées, les per

ont les mêmes attitudes et leurs visages ont vérit

un air de famille. La sculpture ornementale est t

façon toute semblable. Les architectes et les sc

de Conques paraissent avoir les premiers créé

mouvement artistique que la vogue des pèlerinag


susciter.

On doit constater que les sculptures de Con

Saint-Serinn de Toulouse, de Moissac et des église

voisinage présentent plus de ressemblance avec l

d'Espagne situées sur le chemin de Compostelle

celles des églises de nos provinces où l'art du s

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