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Du réalisme au naturalisme

Article détaillé : Naturalisme (littérature).

Journal La Petite Lune d'avril 1879. La critique du romantisme par Zola attire les caricaturistes.

Caricature de Gill (16 avril 1876) représentant Zola en écrivain muni d'une loupe et de pincettes.

« Notre héros, écrit Zola, n'est plus le pur esprit, l'homme abstrait du XVIIIe siècle. Il est le sujet
physiologique de notre science actuelle, un être qui est composé d'organes et qui trempe dans
un milieu dont il est pénétré à chaque heure. »
Naturalisme : au début du XVIIIe siècle, ce dérivé savant de « naturel » distinguait le système
symbolique d'interprétation de phénomènes naturels. L'expression « naturalisme » s'employa
plus tard dans le cadre de théories excluant une cause surnaturelle. Au XVIIIe siècle, on utilise
aussi ce mot dans le vocabulaire scientifique pour désigner le caractère naturel d'un phénomène.
Ce terme tomba en désuétude jusqu'en 1857, au moment où la Revue moderne publia une
critique. Celle-ci qualifia la peinture de Gustave Courbet de naturaliste, dans le sens de « peintre
de la nature réaliste ».
Henri Mitterand69 distingue deux périodes dans le naturalisme théorique de Zola, qu'il situe au
carrefour du romantisme (Jules Michelet et Victor Hugo), dont il a été imprégné par ses lectures
de jeunesse, et du positivisme, qu'il a pratiqué à la librairie Hachette (Taine et Littré). La première
époque court de 1866 à 1878, avec un point de départ posé par la publication de Mes haines.
Zola s'y veut moderniste, révolutionnaire dans l'âme, en réaction. Il rejette le romantisme
démodé « comme un jargon que nous n'entendons plus 70 ». Au Congrès scientifique de France
en 1866, Zola adresse un mémoire qui compare le roman naturaliste à l'épopée. L'écrivain y
affirme que le genre épique est spécifique à la Grèce antique, et ce lien nécessaire entre un
genre littéraire et un contexte spécifique donné manifeste clairement un déterminisme littéraire
proche de celui de TaineN 27. Cette démarche critique est ainsi définie par le philosophe : « la race,
le milieu, le moment et la faculté maîtresse ». Mais Zola se distingue de Taine en affirmant la
prédominance du tempérament. C'est la différence principale entre le réalisme de Taine et le
naturalisme. Ainsi, pour l'écrivain, « une œuvre d'art est un coin de la création vu à travers un
tempérament71 ».
Après 1878 et la lecture de Claude Bernard 72, Zola introduit la notion de méthode expérimentale N
28
, afin que la littérature « obéisse à l'évolution générale du siècle73 ». Zola applique cette
définition à la technique romanesque transformée « en étude du tempérament et des
modifications profondes de l'organisme sous la pression des milieux et des circonstances N 29,74 ». Il
ne faut toutefois pas voir dans les textes de critique littéraire de Zola l'exacte clé des thèmes et
du style de l'écrivain, même si une relation évidente existe entre l'œuvre technique et l'œuvre
dramatique.
Le naturalisme consiste donc en la recherche des causes du vice dans l'hérédité. De ce fait, le
romancier naturaliste est « observateur et expérimentateur ». L'observateur accumule des
renseignements sur la société et ses milieux, sur les conditions de vie et d'environnement. Il doit
cerner de près la réalité, qu'il transpose par un usage serré et acéré du langage.
L'expérimentateur joue dès lors son rôle, par la construction d'une trame qui amalgame les faits
et construit une mécanique où il enchaîne ces faits par une forme de déterminisme des principes
liés au milieu et à l'hérédité. Le personnage naturaliste est ainsi la conséquence déterminée de
constantes physiques, sociales et biologiques. Le romancier naturaliste a un but moral. Zola
écrit : « Nous sommes les juges d'instruction des hommes et de leurs passions, c'est-à-dire des
moralistes expérimentateurs. »

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