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Au siècle des Lumières, les penseurs, scientifiques, philosophes, inspirés par Descartes
notamment vont tenter de comprendre la société, la nature, l’Homme de façon claire et
rationnelle. Ainsi vont apparaître les prémices de la psychologie ou de la sociologie, et vont se
renforcer les connaissances en biologie, anatomie, physique, chimie. C’est également à cette
époque que vont se dessiner les contours de ce que seront au 19 e siècle le positivisme et le
scientisme.
Certaines sciences tout à fait loufoques, et parfois dangereuses, vont même voire le jour, telles
que la physiognomonie de Lavater ou la phrénologie 1 qui donneront au nazisme et au fascisme
leurs arguments « scientifiques » de l’inégalité des races.
Toutes ces sciences et ce rationalisme ambiant ont fait du XIXe siècle une époque où les
hommes ont acquis l’habitude de poser un regard très pragmatique sur les choses qui l’entourent
et sur sa vie. Tout peut et doit s’expliquer de façon scientifique, mathématique, logique, après une
observation et une analyse objectives. Ce regard ne sera pas que celui des scientifiques. Dans les
arts, le réalisme, puis le naturalisme vont proposer une vision de la société qui empruntera aux
sciences leur observation objective, leurs descriptions exhaustives, leurs études expérimentales,
leur volonté de rationaliser les rapports sociaux.
Mais vivre de la sorte en posant un tel regard sur les choses, c’est ne plus croire en la magie de
la Nature, en la réalité du rêve, aux mystères de la vie et de l’Homme. C’est s’interdire les passions
sous prétexte qu’elles corrompent la raison. C’est la raison pour laquelle de nombreux artistes
vont remettre en cause ce positivisme, cette façon très rationnelle de voir le monde.
Il y eut tout d’abord les romantiques qui ont voulu fuir la société et son fonctionnement
systémique en se perdant dans la nature et se laissant submerger par leurs passions. L’homme
n’est plus un individu soumis au déterminisme, mais à ses passions et à la Nature.
Plus tard au 19e siècle, d’autres auteurs vont chercher à recréer le sens du mystère et de la
rêverie devant la contemplation du monde. Pour cela, les auteurs symbolistes vont notamment
recourir à l’univers du rêve et des mythes mais aussi aux symboles.
1La physiognomonie est l’étude des traits du visage comme indices caractériels et intellectuels. Ainsi, un grand front
est une marque d’intelligence, une bosse à l’arrière de la tête est garante d’un très grand esprit mathématique et
logique extrêmement. La phrénologie conclut des différences physiques entre les crânes des différences
d’intelligence.
1
n’admet que les vérités constatées par l’observation et l’expérience) et le scientisme (les vérités ne sont que dans
les sciences) qui favorisent une foi immense dans le progrès et les sciences. Malgré cet optimisme
général, l’homme de ce siècle se sent mal, il est déprimé. Il a le sentiment d’une régression de
l’humanité mais qui ne correspond pas à la réalité des faits puisque la France connait une période
positive et assez prospère dans l’ensemble. Cet état d’esprit des
hommes va bien entendu influencer un domaine comme la littérature
qui va alors évoluer.
En effet, d’un point de vue littéraire, on commence à
critiquer Zola et son mouvement naturaliste. On lui reproche de
décrire la réalité extérieure comme une photo c’est-à-dire sans le
moindre sentiment ou la moindre impression. Or, l’homme lettré de
la fin du XIXe siècle souhaite un retour aux sentiments, aux
sensations pour rompre avec la vision matérialiste et scientifique du
monde.
2. Apparition du symbolisme
Le mouvement symboliste va peu à peu émerger en
s’opposant à Zola et au réalisme. En septembre 1886 ; Jean Moréas
(un poète) va publier dans le Figaro un article intitulé : « Un manifeste littéraire. Le symbolisme. »
Nous allons lire certaines parties de ce manifeste pour essayer d’en dégager quelques pistes
proposées par Moréas pour le mouvement symboliste.
[...]
[...]
Ce manifeste de Moréas permet la création de l’école du symbolisme. Les idées de cette école
vont se répandre en Europe dès 1890. Comme nous l’avons vu dans le manifeste, le symbolisme
est décrit comme décadent. Il faut en effet savoir que dans un premier temps les symbolistes se
rencontraient de façon assez informelle dans des lieux comme les salons dont celui de Nina de
Villard (image) ou les cabarets comme celui du Chat Noir (image). A partir de ces petites
2
réunions informelles et décadentes, on voit émerger un noyau d’écrivains souhaitant acquérir un
statut littéraire à part entière.
3. Le mouvement symboliste et ses caractéristiques.
Le mouvement symboliste se constitue donc et très vite,
Mallarmé (image) s’impose comme le chef de file du mouvement
même si lui ne s’est jamais revendiqué comme tel. Il réunit chez lui,
tous les mardis, les artistes à la recherche d’un nouveau langage,
d’une nouvelle expression et d’une nouvelle forme poétique.
– La quête de l’idéal : la méditation et la rêverie sont les moyens utilisés pour atteindre un
monde idéal et opposé au caractère décevant de la réalité.
– La mélancolie : l’artiste symboliste exprime dans son œuvre la tristesse des paysages,
l’accablement provoqué par l’ennui ou par un amour impossible. Il y a aussi une mélancolie par
rapport à une époque idéale qui a disparu et face à laquelle les auteurs développent une nostalgie.
– La suggestion des états d’âme : les symboles évoquent des paysages fluides et changeants pour
créer une atmosphère et exprimer à travers eux des sentiments profonds et intimes.
– L’amour et l’érotisme
– La Nature
2) La musicalité du vers
a. Rythme irrégulier
b. Versification soumise au fond.
3
Propos sur Oedipe et le Sphinx de Gustave Moreau (1866)
Académie de Lille
http://www4c.ac-lille.fr/cdt.europe/cdt/fichiers_joints/12960_2valeursymboliquedel.pdf
Symbolique animale: le Sphinx est une créature hybride: corps de fauve (sauvagerie), buste de
femme (beauté), ailes de rapace (légèreté, habileté, domination du ciel: possibilité de
pourchasser ses proies sans leur laisser la moindre chance)
Symbolique des éléments naturels: ciel nuageux (menace), opposition ciel-rochers (air et terre),
végétaux (lien entre les 2)
Symbolique des formes: mise en valeur de la verticalité dans tout le tableau: le format, les
rochers, la colonne, le corps d'Œdipe, la lance, l'alignement vertical des ailes et de la queue du
Sphinx. Que symbolise cette verticalité ?
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L'Après-midi d'un faune
L’Après-midi d’un faune est un poème en cent dix alexandrins du poète français Stéphane
Mallarmé, publié en 1876 chez Alphonse Derenne à Paris, avec des illustrations d'Édouard
Manet. Il s'agit du monologue d'un faune qui évoque les nymphes et la nature qui l'entoure, dans
une succession d'images poétiques.
Le poème bucolique L'Après-midi d'un faune de Stéphane Mallarmé évoque l'état d'âme d'un faune qui
sommeille voluptueusement à l'ombre, sur la pente de l'Etna. Cette paresseuse béatitude, Debussy l'a fixée
dans son Prélude. Le compositeur lui-même commente en ces termes : « La musique de ce Prélude est une très
libre illustration du beau poème de Mallarmé. Elle ne désire guère résumer ce poème, mais veut suggérer les différentes
atmosphères, au milieu desquelles évoluent les désirs, et les rêves de l'Egipan, par cette brûlante après-midi. Fatigué de
poursuivre nymphes craintives et naïades timides, il s'abandonne à un sommet voluptueux qu'anime le rêve d'un désir enfin
réalisé : la possession complète de la nature entière. » [citation extraite de la notice de l'édition originale] Molle et
lointaine, une flûte joue sa mélodie méditative ; seul un oriental peu trouver pareils rythmes berceurs. De
la harpe, coulent quelques glissandi entrecoupés par les lents signaux des cors. Aussitôt la flûte reprend sa
méditation qui, cette fois, se développe par-dessus le léger bourdonnement des cordes, le reste des bois
jetant une note plus lyrique au milieu de ce concert champêtre. La flûte reste dominante, puis le hautbois
introduit un air plus vif, que les violons reprennent, tels des amants que brûle le désir. Un mélodie en
crescendo et un diminuendo se combinent pour produire un effet des plus curieux, préparant la transition
vers la partie médiane en ré bémol majeur. Dans ce passage, la mélodie rappelle le mélisme de
Massenet, mais après quelques mesures, ce lyrisme se double d'effets d'orchestre javanais. Durant un rien
de temps, des triolets « à la Hérodiade » risquent de faire tourner au pathétique l'acmé de la composition,
mais la poussée diminue en temps opportun et le violon-solo a tout l'air de vouloir terminer la partie
médiane, d'autant plus que la flûte reprend, mais en plus lent, le début du ,Prélude. Néanmoins nous
assistons encore aux ébats de l'égipan au milieu des rondes de nymphes folâtres : grotesque et languissant,
le hautbois se mêle aux bois et aux cordes. Puis, nouvelle reprise en plus lent du début du Prélude, ensuite
retour du satyre et des nymphes et, après l'intervention des aristocratiques cymbales antiques *,
l'atmosphère mollement voluptueuse, qui enveloppait tout le début du Prélude se recrée, puis se meurt
petit à petit dans une perspective de plus en plus lointaine. »
* Les crotales : elles sont « petites et épaisses, elles sonnent très dur et très strident. » (W. Stauder, Les instruments de
musique. Payot, 1963).
Capar Höweler, Sommets de la Musique. Flammarion, 1958.
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Charles Baudelaire
Il est né en 1821. Il fit des études au Lycée Louis-le-Grand, puis des études de droit. Il commença
à écrire ses premiers vers à 17 ans et fréquenta les cabarets littéraires.
En 1846, il découvrit Edgar Poe dont il présenta les œuvres au public français après 17 ans de
traduction.
En 1857, le recueil Les Fleurs du Mal fut jugé obscène et il fut condamné à payer 300 FF
d'amende.
Il écrivit encore les poèmes en prose du Spleen de Paris avant de mourir paralysé et infirme le 31
août 1867.
L'ennemi
Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage,
Traversé çà et là par de brillants soleils;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.
Voilà que j'ai touché l'automne des idées,
Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.
Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur?
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Stéphane Mallarmé
Il est né en 1842. La poésie représentait pour lui un refuge contre le réel.
Dès sa sortie du collège, il dut gagner sa vie et entra comme surnuméraire à l'Enregistrement de
Sens (enregistrement des droits immobiliers à l'Etat). Ses premiers poèmes parurent à partir de
1862, suite à un voyage en Angleterre.
Il devint suppléant au collège de Tournon puis, à partir de 1871, enseigna l'anglais à Paris. Cette
année-là, il publia des poème dans la revue l'Art libre. Il rencontra à cette époque Hugo et
Rimbaud.
Ses activités littéraires furent diverses: unique rédacteur de La Dernière Mode, gazette du monde et
de la famille, auteur d'un ouvrage de philologie, Les Mots anglais, d'un ouvrage de mythologie Les
Dieux antiques... C'est toutefois Prose pour Des Esseintes qui fit de lui le personnage le plus fascinant
du symbolisme naissant.
Son rêve était le livre unique. Il mourut en 1898 après avoir demandé qu'on détruise ses notes.
Brise marine
La chair est triste, hélas ! et j'ai lu tous les livres.
Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D'être parmi l'écume inconnue et les cieux!
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe
O nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai! Steamer balançant ta mâture,
Lève l’ancre pour une exotique nature!
Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l'adieu suprême des mouchoirs !
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages
Sont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles flots...
Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots !
Ce poème, en alexandrins, est intéressant par les rapprochements qu'on peut faire avec d'autres
textes.
Son rythme lent et ses sonorités douces suggèrent l'ennui (on peut le mettre en rapport avec
le Spleen de Baudelaire).
Le thème du voyage (cf. champ lexical: partir, steamer, mâts...) fait penser à l'Invitation au voyage de
Baudelaire mais ici, au contraire du poème de Baudelaire, c'est la fuite de l'ennui qui pousse le
poète, malgré des obstacles (la maison "de vieux jardins", la famille " la jeune femme allaitant son
enfant", le métier d'écrire "la clarté déserte de ma lampe"), à voyager. Toutefois, c'est sans
certitude (cf. 4 derniers vers).
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Verlaine
Il est né à Metz en 1844.Ses premiers poèmes parurent dans des revues. Il rencontre Banville,
Baudelaire et Hugo. Son premier recueil, Poèmes saturniens, paraît en 1866, grâce à l'appui financier
de sa cousine. Peu de temps après la parution de La Bonne chanson, il quitte sa famille pour aller
vivre avec Rimbaud.
Condamné pour avoir tiré sur Rimbaud en juillet 1872, il passe deux ans en prison à Bruxelles et
à Mons. C'est qu'il compose Les Romances sans paroles et Sagesse. Libéré en 1875, il exerce les
fonctions de professeur dans une école anglaise avant de rentrer à Paris.
En 1886, il sombre dans la misère et la déchéance, il meurt le 8 janvier 1896.
Clair de lune
Votre âme est un paysage choisi
Que vont charmant masques et bergamasques,
Jouant du luth et dansant et quasi
Tristes sous leurs déguisements fantasques.
Tout en chantant sur le mode mineur
L'amour vainqueur et la vie opportune,
Ils n'ont pas l'air de croire à leur bonheur
Et leur chanson se mêle au clair de lune,
Au calme clair de lune triste et beau,
Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres
Et sangloter d'extase, les jets d'eau,
Les grands jets d'eau sveltes parmi les marbres.
Le poème, composé de trois quatrains et écrit en décasyllabes est déjà symboliste: le premier vers
donne la clé du poème: l'âme est un paysage: le poète va donc évoquer son interlocuteur
(interlocutrice?) par petites touches, il l'identifie à un paysage (symbole). Comme le réclame
Mallarmé, il ne s'agit pas de nommer mais d'évoquer.
On relèvera les champs lexicaux
•de la musique: jouant, luth, dansant, chantant, chanson, mineur
•de la nature: paysage, oiseaux, arbres
•des sentiments: triste, bonheur...
•de la fête: masque, dansant...
ainsi que des thèmes symbolistes: la musique et l'eau
On ne sait pas exactement si le "personnage" est triste ou heureux: tout le poème est construit
sur l'opposition entre bonheur et tristesse. Heureux car on retrouve, d'une part, le thème de la
fête: déguisements fantasques, masques, bergamasques. Le luth peut faire office d'instrument qui
sonne bien quand on l'entend, sa musique coule à l'oreille. On a donc, à première vue, une
impression de bonheur, de gaieté.
Mais, sous les masques, on découvre un paysage triste. Le rythme est lent, il coule comme les
"grands jets d'eau sveltes parmi les marbres", comme la musique du luth. Les sonorités douces donnent
également une impression de tristesse.