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Nous sommes ici dans les premières pages de l’œuvre. Colette nous a présenté sa
mère comme une provinciale amoureuse de sa campagne. Elle se souvient alors des
moments ou «Sido» rentrait de ses excursions parisiennes.
I – Sido ou l’exaltation
De paris, Colette ne perçoit que ce qu’en rapporte et dit sa mère. Ainsi, à son retour,
c’est un déballage enthousiaste de cadeau qui témoignent de son caractère, de ses
activités et de ses intérêts. Sido a fait le pleins de produit que l’ont ne trouve pas en
province. Les friandises «chocolat en barre», «denrées exotique» ont été achetées en
quantité, comme l’indique l’expression «lourde de».
Les «étoffes en coupon» appesantissent aussi les bagages et signalent son besoin
d’élégance, son attrait pour les étoffes à la mode de Paris. La locution adverbiale
«mais surtout» attire cependant notre attention sur les « programmes de spectacles» et
l'«essence à la violette»: Sido est une femme raffinée, cultivée, possédant un certain
goût du luxe et une certaine sensualité.
Après cette énumération, la phrase rebondit et nous fait entendre la voix de Sido, qui
raconte, exaltée, son séjour: «et elle commençait de nous peindre Paris dont tous les
attraits étaient à sa mesure, puisqu'elle ne dédaignait rien».
L'antithèse entre l'adjectif «tous», auquel répond le pronom «rien», témoigne de la
curiosité de Sido, femme virevoltante, qui veut tout voir.
Le passage suivant détaille, en une nouvelle énumération, la variété de ses activités
parisiennes, condensées «en une semaine»: aucune des nouveautés culturelles et
commerciales de la capitale ne lui échappe, ni les curiosités archéologiques (" elle
avait visité la momie exhumée, le musée agrandi»), ni «le nouveau magasin», ni les
étoiles de la scène musicale («entendu le ténor»), ni les manifestations intellectuelles
(«et la conférence sur la Musique birmane»).
L'allitération en \ m \ restitue le mouvement virevoltant de Sido: «En une semaine,
elle avait visité la momie exhumée, le musée agrandi, le nouveau magasin, entendu le
ténor et la conférence sur la Musique Birmane.« L'énumération se contente de
désigner «la momie», «le nouveau magasin»,
«le ténor» avec un simple article défini, sans noms précis, comme si on entendait les
expressions mêmes de Sido. Mais les articles définis permettent aussi d'inscrire, avec
une pointe d'humour, ces récits dans l'habitude et la répétition: à chaque retour de
Paris, c'est un nouveau magasin qu'elle a vu, un nouveau ténor, une nouvelle
conférence qu'elle a entendus.Son goût pour la mode et le luxe sont une dernière fois
évoqués dans une énumération : « un nouveau manteau, des bas d'usage, des gants
très chers.«Cette énumération suggère également ses limites financières ou la
modérationde Sido: si elle peut s'offrir «des gants très chers», le manteau, lui, est
qualifié de «modeste» et les «bas d'usage» semblent ordinaires. De même, elle n'a
rapporté que des «étoffes en coupons», c'est-àdire des échantillons. Mais, comme le
souligne ensuite Colette, ce qui importe, dans ce retour, n'est pas matériel...
II - Sido, la mère adorée et l'éveil de la sensualité
De « Surtout elle nous rapportait son regard gris » à « jusqu'à l'effusion"L'adverbe
«surtout» détourne en effet notre attention des cadeaux rapportés par Sido, auxquels
la narratrice n'accorde finalement que peu d'importance. C'est le retour de la mère
adorée qui compte: «Surtout elle nous rapportait son regard gris voltigeant, son teint
vermeils, deux trésors dont la maisonnée ne saurait se passer. Ce regard protecteur se
pose avec bienveillance sur toute chose. La couleur de son teint «que la fatigue
rougissait» fait ressortir la vivacité et la gaieté du caractère de Sido: sans eux, la vie
semble s'éteindre dans la maison. La métaphore des «ailes battantes» assimile
d'ailleurs Sido à un oiseau revenu à tire d'ailes au nid, consciente de son rôle capital
pour sa famille: «inquiète de tout ce qui, privé d'elle, perdait la chaleur et le goût de
vivre». Sido est donc le véritable cœur de cette famille. La narratrice, enfin, en vient
au parfum du manteau de Sido. Elle confie au lecteur un secret d'enfance, jamais
avoué à sa propre mère: «Elle n'a jamais su que».La précision temporelle «à chaque
retour» suggère que Colette attendait cet instant pour s'enivrer de ce parfum, sans
doute respiré en cachette. Sensuelle et douce, la «pelisse en ventre-de-gris», manteau
de fourrure, est «pénétrée d'un parfum châtain clair»: une synesthésie associe couleur
et senteur, évoque un parfum chaleureux et une chevelure féminine «châtain clair».
La féminité et la pureté de cette présence sont confirmées par les adjectifs «féminin,
chaste»: ce parfum, celui du corps même de Sido, recèle en quelque sorte l'essence
même de cette femme. «Éloigné des basses séductions axillaires», il se distingue par
sa grande délicatesse, loin de toute vulgarité. Enfin, l'émotion intense qu'en ressent la
narratrice, qui la mène jusqu'à l'indicible («m'ôtait la parole jusqu'à l'effusion»),
témoigne également de l'intense sensualité qui habite l'enfant.