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Dans cet extrait, Colette se lève à l’aube et parcourt la nature endormie. Elle est en harmonie
parfaite avec son environnement à tel point qu’elle semble se fondre, se confondre avec lui. Elle
propose une écriture basée sur les sens et observe, touche, sent, goûte et écoute le décor de son
enfance
La lecture du texte nous invite à nous demander comment les souvenirs de Colette sont ravivés
grâce à la sollicitation des sens.
L’extrait étudié débute par une communion privilégiée avec la nature de la ligne 1 à 7 (§1), et se
termine avec le regard de Colette sur l’enfant qu’elle était de la ligne 8 à 24 (§2+3).
C’est bien plus qu’une promenade dans la nature que Colette décrit, c’est une communion, une
fusion. Ce que nous pouvons noter, en premier lieu, c’est que la nature est endormie et que la
narratrice va vivre un moment privilégié. Les trois adjectifs : « un bleu originel, humide et
confus » (l 5) plantent un décor mystérieux qui trouble les sens. Notons ici que la nature est
bleue, couleur composant plusieurs éléments du monde et couleur que Colette privilégie
énormément dans ses écrits. Le brouillard entoure la jeune fille jusqu’à faire corps avec elle. Il
est vrai qu’elle plonge, au sens propre comme au sens figuré, dans le paysage. Progressivement,
chaque partie de son corps va être en communion avec la nature et ce grâce à la personnification
: « « le brouillard retenu par son poids baignait d’abord mes jambes puis mon petit torse bien
fait, atteignait mes lèvres, mes oreilles et mes narines plus sensibles que tout le reste de mon
corps… » (l 6 à 8) Il y a une forme de synesthésie dans la mesure où le brouillard paraît brouiller
les sens : « mes lèvres, mes oreilles et mes narines » Il devient un brouillard que Colette goûte,
entend et surtout respire. La narratrice mesure la chance qui est la sienne. L’énumération :
« C’est sur ce chemin, c’est à cette heure que je prenais conscience de mon prix, d’un état de
grâce indicible et de ma connivence avec le premier souffle accouru, le premier oiseau, le soleil
encore ovale, déformé par son éclosion… » (l 8 à 11) rend compte du privilège qui lui est offert.
Le lecteur ressent le bonheur de l’enfant mais également celui de l’écrivaine adulte qui se
remémore cet instant. Elle est décrite comme observant la Terre à son commencement, comme si
elle était le premier être à parcourir le monde. En effet, la répétition de l’adjectif « premier » :
« le premier souffle accru, le premier oiseau » (l 10) et la métaphore du soleil : « le soleil encore
ovale, déformé par son éclosion … » semblent indiquer que Colette assiste à la naissance du
monde.
II/ Le regard de Colette sur l’enfant qu’elle était (l 12 à 26)