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I) La célébration du monde : L’éloge de la beauté de la nature sous toutes ses

formes. Colette semble marquer une véritable extase à l’égard du monde qui
l’entoure. Cette nature se résume à tous ce qui n’est pas artifice, convention ou
mondanité. Cette véritable passion pour la biosphère se transmet de diverses
manières.
1. Le fond de l’écriture de la célébration :
Tout d’abord au travers de l’éloge de l’univers botanique par le biais du Jardin de Saint-
Sauveur en Puisaye dont elle nous fait part Colette présente le jardin d’agrément comme un
véritable jardin d’Eden, protégé et sans pareil devenant un modèle pour les autres familles
par son pouvoir de raffermissement des liens familiaux. (« Peut-être nos voisins imitaient-
ils, dans leur jardin, la paix de notre jardin où 30 années durant un homme et une femme
vécurent sans élever la voix l'un contre l'autre »). Cette citation suggère que les voisins en
imitant l’harmonie du jardin de Colette peuvent trouver la paix et la conciliation dans leur vie
tout comme les hommes en imitant la vertu de sainteté peuvent finir par l’égaler. Elle
renouvelle ainsi le thème du locus amoneus. Dans « Sido » , les jardins sont présentés
comme des lieux protégés où les rapports humains sont harmonieux (« des rideaux d’arbres
protégeaient notre jardin » l. 9). Dans cet éloge des jardins, Colette reprend le nom «
aménité » qui vient du latin amoenus. • Dans « jours gris », le pays natal apparaît comme un
lieu refuge (« une vallée étroite comme un berceau » l. 6). L’ombrage et l’humidité,
l’isolement (« forêt ancienne oubliée des hommes » l. 19) et la sérénité (« pareille au paradis
» l. 19), le plaisir des sens visuels et auditifs font du pays natal un véritable locus amoenus.
« Printemps de la Riviera » décrit la renaissance de la nature après l’hiver et s’inscrit donc
dans une autre tradition poétique, celle de la reverdie, qui date du Moyen Âge.
L’affection de Colette pour ce jardin est également marquée par l’usage à la page 48
d’interjections lyriques mises en anaphore afin de chanter sa flore : « Ô géranium, ô
digitales… » mais aussi par l’usage de G.N mélioratifs « chaud jardin », « sentimental
bonheur ». La nouvelle « Jour gris » accentue d’autant plus ce phénomène par le voyage
onirique dans son « pays ».
D’autres jardins font également l’objet de cet éloge, notamment celui d’Adrienne, l’amie de
sa mère. A l’image de la maîtresse de maison celui-ci est désordonné, sauvage mais robuste
tel un jardin à l’anglaise. Les verbes d’actions permettent aux éléments de prendre vie («
roses et glycines, dans son jardin escalader les ifs »). L’usage de la personnification y est très
important, celle-ci est d’ailleurs employée quelques lignes plus tôt pour décrire la
communion de Collette lors de ses balades matinales dans la jungle Yonnaise.
2. L’écriture de la nature :
Colette est également capable de décrire les mouvements des nuages ou encore du vent, ils
revêtent une dimension poétique rappelant le paysage état-d’âme Dans « Jour gris » le vent
déchainé et entêtant, engourdit l'esprit de Colette : exemple « Je ne veux plus voir la mer, ni
le vent qui court, visible, en risées sur le sable. Tantôt il bourdonne, patient et contenu, tapi
derrière la dune, enfoui plus loin que l'horizon. Puis il s'élance avec un cri guerrier(...) Ah qu'il
me fait mal... ». Ce sont les mouvements du monde qui l'assaillissent qu'elle projette sur le
vent.
Dans, « A la marge d'une page blanche I et II » ou « partie de Pêche » : la mer est le point de
concours de ces paysages pittoresques, en mouvement de la baie de Somme exemple : « La
mer est haute, paresseuse et plate, couleur de fer-blanc », « La mer est partie si loin qu'elle
ne reviendra peut-être plus jamais ?..Si, elle reviendra, traîtresse et furtive comme je la
connais ici». Les saisons sont la pleine matérialisation de cette force cosmique que les
hommes subissent bon gré mal gré qui n'échappent pas à l'œil affuté de l'écrivaine enfant et
adulte.
Trois saisons sont chantées : le printemps, saison symbolique dans Les vrilles de la Vigne ou
Nuit blanche, l'hiver dans « Rêverie du nouvel an » et l'été dans Sido ou encore une partie de
pêche puis dans les deux nouvelles prenant place dans la baie de Somme. Les saisons se
lisent dans des anecdotes ou des détails révélateurs. (« La dune est mauve avec une rare
chevelure bleuâtre » ou « La plage éblouit et me renvoie au visage, sous ma cloche de paille
rabattue jusqu'au épaules, une chaleur montante, une brusque haleine de four ouvert. »)

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