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Introduction à la Littérature (générale) et comparée

CM10-TD10 05/04/2022

Traversées génériques
1. Qu’est-ce qu’un genre littéraire ?
2. Pourquoi en littérature comparée ?
Définition d’un genre : « deux objets sont dits être du même genre lorsqu’ils ont en commun
quelques caractères importants » (Dictionnaire des littératures et langue française)  le
genre est donc une catégorie qui permet de réunir, selon des critères divers, un certain
nombre d’objets.
 Cela laisse la possibilité à de nombreuses classifications : on essaie depuis toujours
de rapprocher les textes / objets et de les mettre dans des cases.

La poétique d’Aristote (IVe avant J-C) est le 1er texte poétique, il s’agit d’une réflexion
complète  c’est une poétique de genre : « Nous allons parler de l'art poétique en lui-même
et de ses espèces (=genre) ». Elle est :
- Descriptive et normative : il a parlé de l'existence de ≠ types de poésie qu'il a
regroupé pour les étudier, puis est devenu normative car cela devait obéir à une
classification.
- Ensuite il commencé à différencier la poésie de la chronique :
o Écriture de l’histoire de l’histoire, de ce qui a été .

o Littérature où le poète tire du général, de l’universel à partir de ce qui


existe  donc apparaît comme + philosophique.

- Importance de la mimésis (définit l'œuvre d'art comme une imitation du monde tout
en obéissant à des conventions) et de la représentation de la réalité  Aristote
propose 3 façons de représenter un objet/nature :
o Comme il est.
o Comme il devrait être.
o Comme on dit qu’il est.

On classe les genres selon 3 critères :


- Représentation de l’objet : + élevée ou basse que la réalité.
- Moyens de représentation : (selon Aristote) question du style, métrique, prose/vers,

- Manière dont le poète intervient dans le récit : de quelle façon représente-t-il la
réalité ? par la narration, l’imitation, …

Moyen Dramatique Mixte (narratif et dramatique)


Objet
Élevé (=noble) Tragédie Épopée
Bas Comédie [Épopée basse] (terme qui n’existe
pas à l’époque)
La tragédie :
- Imitation d'une action : mise en scène.

- Catharsis opérée par pitié et crainte : besoin d'une représentation noble des objets
car sinon moins de sentiments et d'intérêt du spectateur. Définition catharsis : effet
de « purification » produit sur les spectateurs par une représentation
dramatique.

- Chaque poème dramatique obéit à la structure suivante : introduction,


développement et fin = unité d'action.

- Vraisemblance est importante : Aristote conseille qu’au moins un des perso


représente est réellement existé.

On parle de 3 approches théoriques des genres :


1. Les poétiques.
2. L’approche empirique / historique des genres.
3. Le concept de « genre » dans la théorie de la réception.

1. Les poétiques
Au Moyen-âge :
La poétique d’Aristote est perdue : les savants avaient qlq notions mais ne recourraient pas
à sa poétique  ils s’appuient alors sur la « Rota Vergilii » = La Roue de Virgile. Elle
différencie 3 niveaux de styles / registres hiérarchiques (ce ne sont pas des genres = notion
plus d’actualité à cette époque) :
- Style simple.
- Style moyen.
- Style élevé / noble.
 Aelius Donatus a dvp ce système à partir de son commentaire sur l’œuvre de Virgile
 grammairien latin du IVe siècle après J.C
Ces styles sont établis sur les œuvres de Virgile :
- Les Bucoliques (39 avant J.C) : simple.
- Les Géorgiques (29 avant J.C) : moyen.
- L’Énéide (19 avant J.C) : noble.

 Ce concept n’est pas nouveau, il remonte à la poétique d’Horace.


La divine comédie de Dante est un exemple d’application de cette classification :
- Enfer : style simple.
- Purgatoire : style moyen.
- Paradis : style élevé / noble.
 Chaque style correspond à un lieu de l’au-delà.
Le passage des styles aux genres est opéré par César Segare (cf. texte diapo) : encourage
la théorie des genres littéraires ainsi que sa transformation en un système VERIFIER

À la Renaissance :
C’est un moment où on redécouvre les philosophes grecs : à travers des discussions on a
une valorisation de l’approche générique aristotélicienne  cela renforce la définition des
genres.

À l’âge classique : ils actualisent la théorie aristotélicienne.


Nicolas Boileau, L’art poétique (1674) :
- Il fixe la définition des genres  elle devient + précise et normative.
- Il définit les 3 règles d’unités : lieu, action, temps.
- Les inspirations de son œuvre sont :
o Antiquité : Aristote et Horace.
o Théoriciens de l’époque : Malherbe, Corneille, …
- Chant II : genres mineurs  idylles, églogue, élégie, épigramme, sonnet.
- Chant III : grands genres  tragédie, épopée, comédie.

Ensuite arrive l’esthétique du génie : elle remonte à Emmanuel Kant qui fonde l’esthétique
moderne dans son œuvre Critique de la faculté de juger.
Les caractéristiques de l’esthétique du génie sont les suivantes :
- Originalité de ses productions.

- Leur exemplarité.

- C'est en tant que nature que le génie donne à l'art ses règles, en reliant l'imagination
et l'entendement. Ex : la façon de faire des romantiques qui écrivent des œuvres qui
ont leurs propres règles.

- La limitation du génie aux productions des beaux-arts, à l'exclusion de la science

 Rejet de la catégorie de genre, on ne peut plus les regrouper.

XXe siècle : structuralisme


Regain d’intérêt dans la critique avec notamment :
- Genette, Introduction à l'architexte (1979).
- Michel Riffaterre : « le genre est la structure dont les œuvres sont les variantes ».

 Les catégories sont prises à distance.

2. L’approche empirique / historique des genres.


L’historisation des genres a elle-même une histoire  on parle de cycle des genres
avec :
- L’émergence.
- La fonction : « Sitz in Leben »  une assise dans la vie (Erich Köhler).
- La disparition : moment où les genres ne remplissent plus leurs fonctions (Alain
Montandon)
 Ces idées sont à étudier genre par genre.

3. Le concept de « genre » dans la théorie de la réception.


On différencie 2 choses :
- L’horizon d’attente : détermine l’attente du lecteur par rapport au texte.
- L’écart esthétique : lorsque l’auteur fait qlqch à laquelle on ne s’attend pas dans
l’œuvre.
Robert Jauss est le père de la réception, il reprend : cf. extrait sur le diapo.

Philippe Lejeune, Le Pacte autobiographique (1975) :


- Dans son œuvre, Lejeune instaure un pacte de vérité sur sa vie  ce pacte
autobiographique ne peut s’appliquer qu’à l’autobiographie : l’auteur raconte sa vie et
demande à être cru par son lecteur.

- Cela va inspirer le « pacte de lecture » qui est + général puisqu’il peut s’appliquait
aux ≠ genres littéraires : l’auteur s’engage à proposer un univers complet et une
histoire cohérente tandis que le lecteur s’engage à y croire, à faire semblant si besoin
Le « genre » dans le « pacte de lecture » selon Lejeune : il est induit dans des codes
implicites qui forme un modèle à des horizons d’attente s’il est respecté sinon il rentre dans
l’écart esthétique // par rapport à des modèles, à des horizons d’attente (…)  il faut donc
bien identifier le genre pour déterminer le modèle. Cf. diapo

Karl Canvat instaure la notion de « cadrage générique » : il concrétise le pacte du lecteur en


fonction du genre et selon 3 niveaux de cadrage :
- 1er niveau : le paratexte qui est une indication explicite du genre  collection,
présentation, illustration, résumés, titres,…
- 2ème niveau : l’espace textuel  mise en forme, typographie spécifique et l’incipit 
formule, construction logique,…
- 3ème niveau : les superstructures textuelles et structures thématico-narratives :
intrigue, marqueurs thématiques (= roman sentimental, policier, fantastique, …),
perso et scène typique comme structure thématico-narratives.

Aussi bien la théorie littéraire que les genres se construisent au-delà des littératures
nationales. Exemples :
- Théorie : Poétique d’Aristote, L’art poétique d’Horace, L’art poétique de Boileau.
- Les productions littéraires de genre : roman picaresque, policier et épistolaire.

TD
Le roman picaresque
Picaresque vient de « picaro » qui signifie « geux », « misérable » mais aussi « futé » 
aujourd’hui on le qualifierait de « marginal ».
C’est un personnage de rang social très bas ou descendant de parents sans honneur, il est
en décalage avec les codes d’honneur propres aux classes dominantes de la société
espagnole  il est donc en marge de la société.
Le roman picaresque est apparu au 16e siècle (en 1554 La vie de Lazarillo de Tormes est le
1er de ces ouvrages) en Espagne au moment du siècle d’or  colonisation de l’Amérique
Latine fait parvenir en masse de l’or ce qui bouleverse les hiérarchies sociales espagnoles.
Caractéristique du personnage pícaro :
- Aspire à améliorer sa condition sociale.
- Il est souvent essentiellement animé par les besoins les plus basiques (alimentation).
- Il ne recule pas devant la tromperie ou l’escroquerie  il est cela un parent lointain
de l'Arlequin de la commedia dell'arte.
- En général toute espérance d'amélioration et vouée à l'échec : le picaro restera pour
toujours picaro.

Caractéristique du roman picaresque :


- c'est un anti-roman et donc un contre-modèle du roman pastoral : il décrit tout ce qui
ne va pas dans la société.
- C'est un roman raconté à la première personne (narrateur=picaro) : le personnage
présente ses tromperies donne naissance à ce qu'on peut appeler « récit de
mauvaise foi » ou « récit non-fiable »  s’apparente donc à une structure
autobiographique.
- Aussi structure qui est un itinéraire : le personnage se déplace dans ≠ villes.
- Roman réaliste : reflet d'une crise sociale et morale.
- L'ordre établi est contesté et on n'arrive plus à retenir la société.
- On retrouve là moquerie, une distance ironique  « Schelmenroman » = espiègle.
La Vie de Lazarillo de Tormes (cf. polycopié) :
- Texte anonyme.
- 1554 : édition la + ancienne retrouvée.
- Roman populaire qui se divise en pls épisodes  certains reprennent des motifs déjà
connus.
- Originalité :
o Invente un schéma autobiographique nouveau.
o L’ironie avec laquelle on raconte ce qu’il se passe dans la société.

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