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Thèmes, matières, motifs

Ce sont 3 éléments de la morphologie littéraire, avec parfois des ≠ terminologiques assez


minces/ténus : la question est de savoir comment on approche cette différence ?
Eléments de la morphologie littéraire = appréhender des formes littéraires (éléments formels
dans les textes)
Une possibilité d’y arriver avec l’approche d’Elisabeth Frenzel (grande comparatiste
allemande qui a fourni d’énorme dictionnaire sur les matières et motifs de la littérature
mondiale avec à chaque fois des articles relativement conséquent dans lesquels elle
ressence les textes importants.) : analyser ces entités par l’analogie musical. Elle
s’attache à définir cette ≠ entre thème et motif pour justifier l’étude de ces éléments
dans la critique littéraire, selon elle :
- « Thème » correspond dans la musique, à la mélodie entière (=ce que raconte la
musique dans son ensemble).

- « Motif » est le matériau de base avec une fonction structurante (=une partie
seulement de cette mélodie, qui peut être récurrente et qui structure éventuellement
le thème dans son ensemble).

➢ « thème » et « matière » sont plus fortement ancrés dans le « contenu » (dans


l’histoire qui est racontée), la substance narrative ;

➢ Alors que le « motif » est plutôt dans la forme donnée à cette histoire : « engage la
relation entre le contenu thématique et la forme d’une œuvre » (Bernard Franco).

Thème littéraire
Il corresponde à des éléments qui sous-tendent un texte entier, le « sujet » dont traite un
texte ou un discours (Cesare Segre, « Du motif à la fonction, et vice versa »,
Communications, 1988) → il dit que ce sujet peut être indépendant de l’œuvre en fonction de
référent ou de référence extérieure.
 On voit tout de suite que c’est qlqch qui n’est pas seulement existant dans l’œuvre et
dans le lien avec la société → l’histoire qui évolue est donc particulièrement important
pour le thème par rapport à d’autre élément comme la matière et le motif.

➢ Étude thématique (« thématologie »)


Exemples : fidélité, amour, amitié, mort, l’être et le paraître, le mal du siècle, le fils révolté,
etc. → ces sujets ne sont pas à priori seulement des faits littéraires, et ces ≠ thèmes
ont des liens particuliers avec certaines époques qui donnent plus d’importance à un
sujet pour le voir émerger et le faire devenir thème littéraire.

L’étude thématique est ≠ de la « critique thématique ».


La « critique thématique » est l’étiquette qu’a une école littéraire particulière que l’on
appelle l’école de Genève (représenté par Georges Poulet, Jean Starobinscki, Jean Pierre
Richard) → ils s’intéressent à la couleur affective de la représentation
Dans la critique thématique, les thèmes structurent l’œuvre en profondeur, cachés
(refoulés), univers personnel qui s’organise en texte littéraire
Donc ce qui les intéresse c’est l’écart entre la critique littéraire et ce qui existe dans le
monde réel : ils s’intéressent à l’appropriation du monde souvent centré sur un auteur
afin de voir sa conscience à l’œuvre dans ses textes.
 Cela n’a rien à voir avec l’étude de thème (=étude thématique) : c’est une approche
peu représentée en littérature comparée pcq elle se concentre en général sur un
auteur.

Matières littéraires
La matière est plus difficile à cerner pcq il n’y a pas dans toutes les langues un mot
pour cela (en anglais, et parfois en français, confusion avec le therme de « thème » =
literary themes).

On peut retenir ce que c’est en pensant à la « matière de Bretagne », = expression qui se


définit comme étant un ensemble de textes littéraires autour d’un même imaginaire → mythe
breton autour du roi Arthur, les chevaliers de la table ronde
Ce n’est pas simplement un texte mais tout un univers qui est exploré, cohérent
auquel participe de nombreux textes qui peuvent ajouter de nvx perso, histoires mais
tjs dans le cadre de ce même univers.
 La matière peut être un hypotexte mais dans le sens de « matière de Bretagne »
c’est qlqch de plus large, auquel on peut ajouter des choses.
La question est de savoir si on inclus ou non les mythes dans la matière (pour cette
« matière de Bretagne » on peut utiliser le terme de mythe) ? :
- Elisabeth Frenzel inclut les mythes dans son grand dictionnaire Les matières de la
littérature mondiale.

- Mais Pierre Brunel et Yves Chevrel dans leur introduction à la littérature comparé
souhaitent faire une distinction : la distinction thème (mais dans le sens de matière)
-mythes demeure le problème le plus délicat à résoudre.
Différences entre mythe ethnoreligieux et mythe littéraire :
- Il est d’origine orale donc a aussi une dimension/origine collective pcq il a été
transmit dans une culture avant d’être transcrit et devenir le fait d’auteur qui
l’investisse individuellement → il a une dimension religieuse dans le sens où
ceux qui le raconte accorde foi au récit.

- Il a une origine connue puisqu’il est le fait d’un auteur même s’il est anonyme, il
est donc écrit → la dimension du texte prévaut pcq c’est une certaine
élaboration d’un auteur sur la dimension de l’histoire qui est racontée et
transmise oralement.

 Le mot mythe signifie au départ histoire : c’est ce qui reste comme structure essentiel
de l’histoire que l’on raconte.
Pourquoi le mythe littéraire est autre chose qu’un texte ?
C’est un ensemble qui devient mythe pcq il est perpétué → il y a une certaine saturation
symbolique, donc un mythe n’est pas un texte réaliste c’est qlqch qui relève d’un
imaginaire fortement structuré, c’est donc qlqch qui relève par-là de la fascination.
Soit il y a une force de répulsion, soit une force de fascination qui interpelle le
destinataire → le mythe a une dimension métaphysique, c’est peut être ça qui est
l’essentiel.
 Donc même s’il n’est pas de l’ordre de la religion, il y a qqlch de métaphysique
comme la question du bien et du mal peut l’être sans être forcément religieuse.
Dans ce sens on peut penser que la matière est un ensemble qui relève d’un imaginaire
qui intéresse pour qu’elle soit aussi dvp mais qui n’a pas cet horizon métaphysique
qui est propre au mythe.
Comme le mythe, la matière littéraire à une sorte de « plot » préformé : événements
historiques intrigues, littéraires prégnantes → càd qu’on est là dans une chaine ou un
complexe de plusieurs motifs (=la matière est constituée par un certain nombre de motif).
Exemples de matières qui ne relèvent pas de mythe : Billy the Kid, le Cid, Ulenspiegel, Le
Juif errant, Guillaume Tell, Shylock, Golem, Hamlet, Romeo et Juliette, Turandot, Werther, le
franc-tireur (« Freischütz ») etc.
On peut aussi constater que les matières littéraires ont des relations assez typiques
avec les périodes littéraires mais d’une autre façon que les thèmes qui sont plutôt liés aux
évolution de la société simplement :
- Affinité avec certaines matières particulières (matières historiques, réflexion sur
comportements collectifs etc.)

- Tendance à utiliser ou non des matières préformées


Esquisse de l’affinité des matières en fonction des périodes littéraires :
Au Moyen-âge la matière importante est celle de l’imaginaire courtois et breton → mais au-
delà de ça on a d’autres cycles (parfois énorme) autour de perso. idéalisés qui sont donc ce
miroir idéalisé du monde chevaleresque. Les matières bibliques restent très importantes au
cours du Moyen-âge mais puisque c’est une période imprégnée de culture chrétienne elle ne
permet pas de faire évoluer des matières qui restent donc fidèles à leur sens initial fournit
par le cadre théologique.
 Moyen-âge : matières restent fidèles à leur sens initial fournit par le cadre
théologique.
Cela change avec la Renaissance où il y a une certaine distanciation par rapport à
l’interprétation religieuse du monde qui s’opère et où on reprend des matières antiques y
compris pour faire un certaine travail de répertorisation (période avec bcp de manuels,
dictionnaires, etc.)
 Renaissance : distanciation des matières par rapport à l’interprétation religieuse du
monde et reprise des matières antiques pour opérer une répertorisation.
A la période baroque on voit que les matière arrivent de toute sorte d’origine ≠ → c’est
certainement le signe d’une ouverture lié au grand voyage, découverte. Selon l’image de
l’homme de cette époque-là, les matières sont marquées entre le conflit de devoir et passion,
entre nature et culture en vue d’une certaine discipline dont l’homme aurait besoin. Ce qui
est typique de la période baroque c’est l’amplification des matières existantes par des perso
et des intrigues secondaire, dans ces énormes romans que connait le 17e siècle.
 Période baroque, les matières existantes s’amplifient à partir de perso. et intrigues
secondaires (liés au grandes découvertes, voyages).
Le siècle des lumières est plutôt hostile aux matières pcq elles sont souvent dominée par
des questions de grandes passions (=idée de fatalité) et donc ne correspond à l’esprit des
lumières. Il y a aussi cette question de la querelle des anciens et modernes avec les
modernes qui l’emporte et souhaitent une inscription de la littérature dans la société du
moment → donc les grandes nouveauté de la littérature sont plutôt des romans qui racontent
des histoires du moment même
 Siècle des lumières hostiles aux matières et préfèrent des romans qui racontent des
histoires du moment même.
Pendant le romantisme les matières ressortent mais ce sont de de nvlles matières, souvent
puisées dans le folklore. L’autre nvlle source des matières se trouvent dans l’histoire → le
romantisme à ce versant-là de romans historiques importants et qui sont parfois le début, le
noyau de matière qui se dvp.
 Romantisme développe de nouvelle matière à partir de 2 ressources : folklore et
l’histoire (=romans historiques).
La littérature réaliste a moins d’atomes crochus avec les matières. Il y a une certaine
tension entre une propension vers les matières et un contre argument/refus de ces matières
par les auteurs qui s’inscrivent dans le temps et leurs société (comme le romantisme) →
c’est l’importance de l’originalité dans le cadre de l’esthétique du génie. Le préromantique,
appelé Sturm und Drang est essentiellement animé par les grands forces émotionnelles
justement pcq c’est l’individu qui prime, il insiste sur l’individu en tant que géni qui a besoin
de s’exprimer, qui serait dérangeait par des règles → c’est un mvm en réaction à cet élan
collectif des lumières qu’ils trouvaient un peu trop raisonnable. Donc il puise son univers, sa
littérature en lui-même seul → évidemment cela ne va pas très bien avec la reprise de
matières préexistante qui sont en frottement avec cette idée.
 Littérature réaliste met en avant l’individu qui puise sa littérature en lui-même et cela
ne permet pas aux matières de se développer puisque l’homme est sa propre source.

Note : Le lien entre les textes appartenant à une même matière ≅ hypertextualité

Le motif
Il peut être appréhender en s’aidant d’autres arts comme l’art plastique où on a la répétition
de forme bien définie ; ≈ musique : phrase ou fragment complet qui se répète de façon
régulière (notamment les arts décoratifs où on parle de motifs) → le motif doit être une
forme que l’on peut isoler dans un contexte : répétions de forme bien définie, ce qui
caractérise le motif.
De façon analogue, c’est une phrase ou un fragment qui se répété de façon régulière.
 Cette idée de répétition n’est pas forcément propre au motif littéraire.
On étudie les motifs littéraires depuis qu’on s’intéresse à la littérature orale pcq on a
remarqué qu’il y a des motifs qui reviennent, qui peuvent être pris dans un autre
contexte → ils reviennent dans de nvlles histoires justement pcq la littérature orale
fonctionne en réutilisant des motifs.
A partir de là on est arrivé a considéré le motif littéraire : une petite forme esthétique qui
idéalement a une valeur signifiante/une signification importante dans le texte (elle peut
aussi être accessoire, mais alors ne donne pas lieu à une analyse).
➢ Leitmotiv (fonction structurante importante) : répétition à l’intérieur d’une œuvre dans
le sens où il structure le texte ou une œuvre musicale.
Réseau signifiant de motifs dans la littérature moderne : le motif est particulièrement
important dans la littérature moderne où ils peuvent même l’emporter sur l’histoire
raconté → la littérature moderne commence à se désintéresser de l’histoire raconté de
façon évidente et veut incruster dans le texte une autre signification sous-jacente qui
peut s’établir de façon signifiante.
On peut appréhender le motif selon 2 cas :
- Mythème : on peut appréhender le motif en le comparant au mythème dans la
mythocritique → sauf que le motif n’est pas constitutif, càd qu’on peut raconter
l’histoire sans motif.

- Image : on peut aussi comparer le motif à l’image pcq le motif a souvent une
dimension visuelle car matérielle, ce sont souvent des objets, mais ce ne sont
pas toute sortes d’images → seulement celles qui ont une certaine force
psychologique, thématique donc signifiante.
Exemples de motifs : descente aux enfers, tyrannicide, pacte avec le diable, preuve
d’amitié, épreuve du prétendant, repas, duel, miroir, épée, retour au pays, bague, lettre,
photo, (=objets) etc.
> Souvent objets ou situations (Didier Souiller & Wladimir Troubetzkoy)

Distinction entre matière est motif


La matière est l’équivalent d’un plot est → elle est liée à des noms propres
Alors que le motif est un des noyaux d’une matière.
Exemple : La matière → Brutus (histoire qui le rapproche des mythes et en même il est lié à
des noms propres qui rendent cette matière reconnaissable) / Le motif → tyrannicide (qlqch
de plus concret et isolable dans un texte littéraire) (Frenzel)
 On retrouve en qlq sorte cette distinction être mythe et mythème.

Distinction entre thème est motif


On peut considérer que le motif est la plus petite particule du matériau thématique.
Exemple : thème → amitié (peut être traiter par une histoire) ; motif → preuve d’amitié
(Frenzel)

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