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CONTEXTE, AUTORITE ET MODE DE SIGNIFICATION

DE LA LINGUISTIQUE A L’INTERPRETATION DE LA BIBLE

par

Christophe RICO
Université de Strasbourg
Ecole Biblique et Archéologique française de Jérusalem

SOMMAIRE

Les concepts linguistiques de diachronie, synchronie, métachronie, et autochonie, définis dans une
étude récente [RB 107 (2000)], pourraient permettre de porter un nouvel éclairage sur la relation entre l’AT et le
NT. Dans cette optique, ces quatre paramètres de l’étude du signifié nous permettront de resituer l’objet-texte
dans la triple perspective de son contexte, son autorité et son mode de signification.

SUMMARY

The consideration of the linguistic concepts of diachrony, synchrony, metachrony and autochrony, that I
have already dealt with in a previous article [RB 107 (2000)], could lead to a greater understanding of the
relationship between the OT and NT. These categories may be applied in the analysis of the signified. They
permit us to examine three major characteristics of any text, namely context, authority and manner of
signification.

Dans un article récent1, nous avons proposé d’envisager le texte, notamment biblique,
en fonction de quatre perspectives complémentaires. A l’opposition classique entre les axes
synchronique (centré sur le système du texte) et diachronique (centré sur les éléments qu’il
contient), il a paru opportun d’ajouter les perspectives qui transcendent la clôture du
signifiant : celles que nous avons qualifiées de métachronique (fondée sur le sens du texte) et
d’autochronique (fondée sur son récepteur).
Certaines circonstances historiques récentes ont pu favoriser l’intérêt croissant pour le
rôle du lecteur. Depuis les deux dernières décennies, en effet, la généralisation de nouveaux
modes d’accès à l’information (audiovisuel, multimédia, messages interactifs) a pu mettre en
évidence l’importance du destinataire du message (autochronie). Jusque dans les années 70,
en revanche, l’hégémonie de l’imprimé soulignait au contraire la distanciation que l’écrit fait
subir au texte, et permettait de ce fait de prêter une attention particulière au système que
détermine la clôture textuelle (synchronie).

1
Ch. RICO, « Synchronie et diachronie : enjeu d’une dichotomie », RB 107 (2000).
La prise de connaissance d’un texte sur le mode oral (récitation, lecture publique,
annonce publicitaire, spectacle vivant...) rend en effet plus difficile la distinction entre les
axes diachroniques et synchroniques du message : dans ces cas-là, le destinataire est surtout
conscient de recevoir le texte dans sa successivité. Dès lors, l’oeuvre semble se confondre, en
quelque sorte, avec sa réception, son autochronie. En revanche, la métachronie d’un texte
deviendra d’autant plus sensible que ce dernier comporte une forme fixe (disponible pour sa
consultation), et qu’il génère une activité d’interprétation. A ce titre, l’activité des
commentateurs de la Bible, dans l’Antiquité, représente un paradigme de la lecture
métachronique.
Dans la mesure où la métachronie et l’autochronie transcendent la clôture de la forme
textuelle, de son signifiant, elles permettent de poser plus directement le problème de
l’interprétation et de l’actualisation du texte. Dans cet article, nous tenterons donc de
combiner les quatre paramètres temporels évoqués afin de resituer l’objet texte, et plus
particulièrement le texte biblique, dans une triple perspective herméneutique : celle de son
contexte, celle de son autorité et celle du sens généré.

1. Texte et contexte

C’est dans le contexte qu’on s’accorde à reconnaître la clé de compréhension d’un


texte. Appliquée au texte biblique, cependant, cette notion très générale, demande à être
précisée. Au sens large, et dans la mesure où il permet d’éclairer tout texte quel qu’il soit, le
contexte peut être appréhendé, tout d’abord, comme histoire, c’est-à-dire comme un bain
culturel qui permet de décoder une œuvre particulière. Dans un sens plus restreint, et
notamment dans le cas de la Bible, le contexte apparaîtra comme une tradition qui actualise le
sens d’un texte en le réénonçant sans cesse.
Pour dire les choses autrement, alors que le contexte historique peut éclairer le sens
d’un texte littéraire pour ses destinataires, sans constituer pour autant une instance
interprétative (puisque, en faisant disparaître les traces de son énonciation, comme le rappelle
Henri Meschonnic, le texte littéraire transcende les circonstances où il a été produit2), le
contexte de la Tradition, lui, interprète et actualise constamment le sens du texte biblique dans

2
Il s’agit là d’une idée souvent évoquée par H. MESCHONNIC : cf., par exemple, Critique du rythme.
Anthropologie historique du langage, Paris, Verdier, 1982, p.73 et Pour la Poétique II, Paris, Gallimard, 1973,
p.337.
ses multiples potentialités3. Ainsi, la différence entre le texte biblique et le texte purement
littéraire tient, entre autres, à ce que celui-ci est beaucoup moins lié à son contexte que celui-
là. Le contexte de la Bible est en réalité celui d’une instance vivante. Son actualité est dès lors
d’un tout autre ordre que celle du texte littéraire.

1.1. Décodage, culture et histoire

Ainsi, l’actualisation d’un message dans sa dimension sémantico-pragmatique nous


renvoie automatiquement à l’idée de contexte, indispensable au décodage et à l’intelligence
d’un texte quel qu’il soit.
D’une certaine façon, la notion de contexte historique nécessaire au décodage d’un
texte est déjà en germe dans l’idée de topos chère à la rhétorique antique, qui oriente
inconsciemment l’attente du lecteur par rapport à une œuvre : la topique est en effet le « trésor
des sujets et des formes qui constituent le bien commun de la tradition et de la culture. La
thématique personnelle ne représente qu’un choix effectué entre les possibilités offertes par la
topique collective »4. La notion de topique est de la sorte reliée de façon étroite à celle de
vraisemblance, c’est-à-dire à « l’idée que le public se fait du vrai ou du possible. Les
distinctions entre les genres, les notions d’épique, de tragique, d’héroïque, de comique, de
romanesque répondaient à certaines grandes catégories d’attitudes mentales qui disposent de
telle ou de telle manière l’imagination du lecteur et lui font souhaiter et attendre des types
déterminés de situation, d’action, de valeurs psychologiques, morales ou esthétiques ».5
Dans ces conditions, on peut comprendre à quel point la littérature d’une époque est
déterminée par une façon particulière de lire : « S’il m’était donné de lire n’importe qu’elle
page d’aujourd’hui -celle-ci, par exemple- comme on la lira en l’an 2000, je connaîtrais la
littérature de l’an 2000 »6.
Comme on peut le voir, les paramètres du décodage et de la culture dépassent de loin
le cadre de la dichotomie saussurienne, dans la mesure où, au-delà de la notion de
successivité, elles pointent vers celle, autrement différente, d’histoire. On peut rappeler, dans
cet ordre d’idées, l’étonnante affirmation de John Austin: « L’histoire prime sur la

3
Les textes bibliques, qui sont aussi des textes littéraires, participent donc à la fois du double éclairage de
l’histoire et de la Tradition.
4
G. GENETTE, Figures I, Paris, Seuil, collection ‘Tel quel’, 1966, p. 162.
5
G. GENETTE, ibid., p. 163.
6
BORGES, Enquêtes 1937-1952, Gallimard, Paris, 1957, p. 224 [titre original : Otras inquisiciones, trad. Paul et
Sylvia BENICHOU].
diachronie »7. L’histoire implique en effet la présence du passé dans le présent. Elle diffère
donc à la fois de la diachronie, conçue comme une successivité aveugle et mécanique, et de la
synchronie, envisagée comme un état absolument autonome par rapport à ses états antérieurs.
Ni la synchronie, ni la diachronie telles que les concevait Saussure ne permettent donc au sens
strict d’intégrer l’histoire dans l’interprétation du texte.
En revanche, dans une perspective sémantique, on sera attentif à l’histoire de la
potentialité des sens d’un texte (ainsi, dans le cas des textes bibliques, on soulignera leur
dimension typologique, par exemple). Par ailleurs, avec la dimension pragmatique, on
évoquera à la fois l’histoire des applications de ce texte (l’histoire objective de sa lecture ou
Wirkungsgeschichte) et les possibilités d’application personnelle que chacun en tire au cours
d’une lecture (histoire subjective).

1.2. La Tradition comme instance interprétative

Il est vrai qu’une œuvre classique, comme le disait Meschonnic, tend à effacer sa
propre énonciation, mais cette tendance n’est pourtant jamais complète. Il n’y a pas de
compréhension pleine sans un contexte minimal portant sur la toponymie, les événements
historiques, les institutions, les pratiques culturelles. Un simple conte de Grimm implique une
connaissance préalable de l’institution de la royauté et du servage en Europe médiévale. Dans
le cas des textes bibliques, le contexte dans lequel ils ont vu le jour revêt un caractère
particulier puisqu’il constitue en même temps, dans la perspective catholique, une instance
qui juge de la canonicité de ces textes et en donne l’interprétation authentique, explicitée
ensuite par le Magistère8.
Pour dire les choses autrement, on peut avancer que, dans la Bible comme dans toute
œuvre littéraire, l’opacité du texte vient de sa clôture tandis que le travail d’élucidation, lui,
vient du contexte. On en arrive à ce paradoxe que c’est la Tradition qui permet l’actualisation,
l’éternelle jeunesse des textes bibliques9. On comprend dans ces circonstances que, si l’on
poussait le principe de la sola Scriptura jusqu’à ses extrêmes conséquences, en l’absence

7
Quand dire, c’est faire, Paris, Éditions du Seuil, p. 93 [titre original : How to do things with words, Oxford,
1962]. Cette affirmation d’Austin rappelle les vues de Guillaume que nous avons analysées plus haut.
8
Cela rend compte du fait que les évangiles parlent aujourd’hui : ils sont mis en contexte, de façon permanente,
par l’Église : on peut même dire, dans ces conditions, que celle-ci constitue un lieu herméneutique : « Le lieu
herméneutique constitué par l’Église est le seul qui puisse nous faire reconnaître les écrits de la Bible comme
Écriture sainte et qui puisse nous faire admettre les déclarations de l’Église comme étant vraies et pleines de
sens » (J. RATZINGER, « Transmisión de la fe y fuentes de la fe », Scripta Theologica 15, 1983, p. 27 [le texte de
l’article a été publié à l’origine en espagnol]).
d’une référence au contexte vivant dans lesquels ces textes ont été rédigés, ils resteraient
largement impénétrables, ou tout au moins redevables de la subjectivité d’une œuvre
purement littéraire, où seul le contexte purement historique (et non la Tradition) nous
permettraient de l’interpréter10.
Ainsi, le rôle de la Tradition est en quelque sorte de réénoncer constamment le texte,
en lui donnant les clés d’interprétation (qui dit je ? où se trouve l’ici du texte ? de quel
maintenant parle-t-on ?) et en les actualisant. Cette notion pose finalement la question de
l’autorité du texte, littéraire ou biblique.

2. Texte et autorité
2.1. Le texte, modèle et monument

D’après Michel Charles, l’autorité de tout texte11 est fondée sur deux caractères
opposés de ce dernier : soit le texte est appréhendé comme un modèle d’écriture, qui peut être
dépassé (c’est la culture du rhétorique, liée à la notion d’hypertextualité dégagée par Genette
dans ses Palimpsestes12), soit le texte est appréhendé comme un monument intouchable : c’est
alors la culture du commentaire qui prévaut13. L’histoire de la littérature montre comment,
plus un texte a d’autorité, plus il est commenté et moins on ose l’imiter. Ce sont en fait les
deux faces de l’intertextualité dans la Bible (au niveau de l’écrit). Les textes bibliques
engendrent à la fois : (a) une réécriture (le Nouveau Testament reprend le Premier; le livre de
la Sagesse réécrit l’Exode) et (b) une réinterprétation des prophéties et des textes (ce sont les
commentaires des Pères)14. La fermeture de la phase (a) en faveur de la phase (b) est

9
Sur cette idée, voir M. CHARLES, Introduction à l’étude des textes (« Poétique »), Paris, Éditions du Seuil,
1995, p. 41.
10
Etant donné la hiérarchisation des livres de la Bible selon leurs contenus de vérité, que pratiquent les Églises
issues de la Réforme, « la ‘tradition’ protestante, à travers l’inévitable problème herméneutique, aboutit à
contredire assez largement le principe de la sola Scriptura, selon lequel toute l’Écriture est inspirée ; il manque
une instance qualifiée pour le rappeler. » (É. NODET, « De l’inspiration de l’Ecriture », RB 104 (1997), 237-274,
p. 243).
11
« On dira ainsi que le texte a pour première caractéristique d’être ‘respectable’ et, le plus souvent, respecté. Ce
trait le distingue assez commodément d’autres objets discursifs : le texte, par exemple, doit être ‘établi’ selon
certains protocoles, il doit, en principe, être approché suivant une méthode définie, il doit être manié avec des
instruments particuliers, il est supposé délivrer de façon originale une information originale » (M. CHARLES, op.
cit., p. 34).
12
G. GENETTE, Palimpsestes. La littérature au second degré (« Poétique »), Paris, Éditions du Seuil, 1982 : voir
sur ce sujet tout particulièrement les pp. 11-17.
13
Cf. CHARLES, op. cit., pp. 36-38 : « la dimension monumentale du texte et sa capacité d’être cité sont les deux
faces de son exemplarité » (p. 38). Le cas des œuvres de s. Jean de la Croix est à cet égard significatif : au cœur,
les poèmes (autorité) ; dans un deuxième cercle, l’explication donnée par l’auteur lui-même (commentaire, qui
actualise le texte).
14
Ainsi, dans le judaïsme, et à la différence du christianisme, après les ‘Écrits’ (Ketoubim) on termine la phase a)
et on n’a plus que la phase b) (Talmud, commentaires rabbiniques). Les Miqre’ot gedolot nous donnent à cet
particulièrement nette dans le cas de la Bible à partir de la clôture du canon (opérée par la
Tradition et définie par le Magistère) : non que les textes bibliques, une fois canonisés, n’aient
plus engendré d’hypertextualité (bornons-nous à citer le cas de L’Annonce faite à Marie, de
Paul Claudel), mais il demeure que cette hypertextualité n’a plus jamais été rattachée au
canon, conçu comme une série définitivement close.

2.2. L’actualisation dans la liturgie chrétienne

L’autorité du texte biblique détermine les circonstances particulières de sa lecture.


Comment se fait concrètement l’actualisation de la Bible ? Nous savons qu’un texte existe
concrètement dans la mesure où je lui fais subir des opérations pour qu’il devienne texte. Tant
qu’une œuvre n’est pas lue ou entendue, l’existence du texte reste virtuelle. Dans le cas des
textes bibliques, ces opérations sont réalisées d’abord et avant tout dans la lecture liturgique.
C’est alors que Divina eloquia, comme l’affirmait s. Grégoire le Grand, cum legente
crescunt15. La parole grandit dans le cœur du lecteur.
En d’autres termes, le texte biblique se compare aisément à une pièce de théâtre ou à
une partition : à chaque ‘représentation’ (liturgie), on a une ‘nouvelle pièce’ (un nouveau
texte, qui n’est ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre) : « La multiplication du texte est
dans l’essence du théâtre »16.
En poussant un peu plus loin l’application de ces catégories, on pourrait dire que dans
la liturgie il y a (niveau du représenté) :
a) en quelque sorte, une réécriture (par actualisation) qui équivaut à la proclamation de la
Parole de Dieu (le texte, en étant lu, est redit, réénoncé, actualisé)
b) puis une réinterprétation actualisante : c’est l’homélie17.
Pour ce qui concerne les rapports entre lecture et écriture, Charles18 évoque la
digressivité fondamentale de l’écriture, faite de parenthèses et de ruptures du fil directeur,
opposée à la régression qu’opère sans cesse la lecture vers un sens unique. Appliquée à la
Bible et à ses rapports avec la liturgie, cette idée pourrait se révéler féconde. L’Ecriture est
digressive, puisque l’on part du type pour rejoindre les différents antitypes (après une longue

égard un exemple visuel de cette attitude : au cœur de la page, les versets de la Torah ; tout autour, comme une
monture enchâssant un bijou, les commentaires.
15
S. GREGOIRE LE GRAND, In Ezechiel, I, VII, 8 : PL 76, 843.
16
CHARLES, op. cit., p. 287.
17
On se reportera aux principes théoriques énoncés par M. CHARLES dans son Introduction à l’étude des textes
(pp. 36-38).
18
Pp. 298 et ss.
parenthèse), d’une prophétie à sa semi-réalisation, qui en annonce une autre ultérieure, et ce
de façon convergente, d’abord comme de petits ruisseaux qui coulent dans le désordre,
jusqu’à ce que des rivières plus cohérentes se constituent de plus en plus larges, vers l’océan
du Nouveau Testament et sa clé christologique, symbolisée par le de Jean19.
La lecture de l’interprète (et notamment la lecture liturgique), elle, est régressive, ou
plutôt totalisante : elle tente de ‘ré-capituler’, de ‘ne voir qu’une tête’ pour comprendre le sens
profond du texte. C’est la leçon que renferme le choix des textes dans la liturgie catholique,
par exemple, de la première lecture (Ancien Testament) à la deuxième (épître) en passant par
le Psaume pour aboutir à l’évangile (rôle de l’actualisation, de la Tradition donnant la clé de
lecture).

3. Texte et sens

La question de l’autorité du texte nous conduit finalement vers celle du sens que celui-
ci est censé proposer. Dans les lignes qui suivent, nous proposerons une distinction des
dimensions du sens d’un texte (notamment biblique) à partir des quatre paramètres que nous
venons de discuter : diachronie, synchronie, métachronie et autochronie. Il va sans dire que,
dans la mesure où chacun de ces paramètres nous permettra d’aborder le signifié d’un texte,
nous donnerons au termes de diachronie et de synchronie une valeur différente de celle qu’ils
revêtent chez Saussure, que nous expliciterons ci-dessous. Pour ce qui concerne les
perspectives méta- et auto-chroniques, elles nous permettront de distinguer les concepts de
sens et d’application :
-le sens, (riche et varié), dépend de l’énonciateur : il reste donc identique à la
potentialité du texte (Premier / Nouveau Testament ; prophéties, accomplissement ; sens
plein, littéral, spirituel ; etc). Nous sommes là dans l’ordre métachronique, dans la dimension
objective, quoique inépuisable, du signifié.
-l’application, elle, change selon l’histoire et les personnes (autochronie) : elle
représente la dimension subjective, mais essentielle pour le lecteur, du signifié.

3.1. La dimension longitudinale (diachronie)

Il serait possible d’aborder la signification d’un texte à partir de l’ordre diachronique,


à condition d’intégrer, au sein du processus de réception que connaît le sens, les traces des

19
Jn 19,30 : ‘C’est achevé’.
étapes passées dans les étapes en cours, et d’inclure l’épaisseur de l’histoire dans le
déroulement des événements. L’aspect diachronique du sens d’un texte offrira ainsi une
dimension longitudinale : celle de la successivité (Guillaume parlera de genèse) qui concerne
à la fois l’acte de la lecture (on ne peut lire autrement que dans la successivité, puisque lire
prend du temps) et l’histoire des interprétations (à une lecture en a succédé une autre, puis une
autre, indéfiniment, dans l’histoire de l’interprétation). Ce qui est ici en jeu, c’est à la fois le
paradigme, l’élément que constitue chaque tranche de signifiant (chaque morphème du texte
lu ou écouté), et le syntagme (l’unité globale du texte interprétée d’une façon particulière à
travers l’histoire)20.
Cela dit, dans l’approche diachronique du sens d’un texte, l’incessant va-et-vient entre
la perception du paradigme et celle du syntagme peut devenir relativement subtil. Au cours de
l’acte de lecture, en effet, on saisit d’abord le paradigme, puisque, tant que nous sommes dans
l’instant, nous ne saisissons que l’élément, ce qui est fragmenté, paradigmatique. Il faut en fait
dépasser l’instant pour saisir l’ensemble, le syntagme. Mais plus les instants qui
correspondent à un acte de lecture déterminé s’accumulent, plus on prend conscience de la
perspective globale, du tout, du syntagmatique.

D’autre part, le sens diachronique d’un texte semble impliquer deux perspectives
différentes : une perspective subjective et une perspective objective.

D’un point de vue subjectif (point de vue du sujet lisant), on peut dire que le sens d’un
texte comporte une perspective diachronique dans la mesure où il suppose un arrière-fond
historique, une histoire des lectures de ce texte. Dans le cas particulier de la Bible, et chez les
Pères de l’Eglise, cette histoire des lectures témoigne de l’instance d’une Tradition.

D’un point de vue objectif (point de vue de l’acte même de la lecture), la successivité
même du lire (découverte progressive du contenu d’un texte), peut être appréhendée dans une
perspective intertextuelle ou intratextuelle.

20
On distingue en linguistique l’axe de la combinaison (axe syntagmatique) de l’axe de la sélection (axe
paradigmatique). Quand nous parlons, nous opérons une sélection parmi les différents mots dont dispose la
langue pour exprimer une idée déterminée, et nous les combinons dans un syntagme particulier, qui relève de la
parole. Alors que le paradigme est virtuel, le syntagme, lui, est actuel. Cf. O. DUCROT et J.-M. SCHAEFFER,
Nouveau dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, Paris, Éditions du Seuil, 1995 (2e édition revue et
corrigée), pp. 267-275.
Nous parlerons de perspective intertextuelle chaque fois que la diachronie se référera
aux échos successifs d’autres lectures qui reviennent à l’esprit du lecteur au cours de sa
lecture. Ce sera généralement le cas lorsqu’un texte cite explicitement un autre texte ou
lorsqu’il y fait allusion. Pour prendre un exemple biblique, la lecture du de
21 22
Jn 13,18 , qui cite Ps 41,10 , rappellera à la fois le contexte de ce psaume et la présence du
mot dans le texte-source: l’écart / pourra dès lors paraître significatif
et susciter une réflexion.
Un cas plus clair de perspective intertextuelle est constitué par la multiplication des
pains et le discours du Pain de Vie (Jn 6) qui, plus qu’une allusion au texte-source (passage de
la Manne dans l’Exode), constitue une réécriture de ce texte (un hypertexte, dirait Genette) :
toute la lecture du passage de Jn 6, chez le lecteur averti, évoquera diachroniquement et en
filigrane, au cours de sa lecture, le passage correspondant du texte-source, dans une relation
typologique évidente.

En revanche, il faudra plutôt signaler une perspective diachronique intratextuelle du


sens, lorsque les échos provoqués par une lecture se référeront à la partie du texte déjà lue.
Ainsi, pour rester sur notre exemple, le lecteur (ou l’auditeur) du passage du Pain de Vie, en
découvrant vers la fin du texte le participe présent (qui revêt chez Jean un aspect
duratif et actualisant)23, mesurera l’écart intervenu par rapport au simple

21
: ‘celui qui est en train de manger mon pain a
levé contre moi son talon’.
22
. En
voici la traduction la plus littérale possible : ‘et de fait, l’homme avec lequel je suis en paix, en qui j’ai espéré,
celui qui mange mes pains, a fait grandir contre moi son coup de talon’. Le texte massorétique porte :
: ‘Même l’homme avec lequel je suis en paix, en qui j’ai
confiance, celui qui mange mon pain, a fait grandir contre moi son talon’. Le texte de Jean, qui ne correspond
pas à celui de la LXX, semble une traduction directe du texte hébreu, puisqu’il introduit le terme (à la
place de ), établissant de ce fait un lien avec le discours du Pain de Vie (Jn 6), comme nous le verrons ci-
dessous.
23
Il s’agit en fait d’un terme que Jean est le seul à utiliser dans tout le NT (à l’exception du seul passage de Mt
24,38). Quant à la LXX, elle ignore purement et simplement ce verbe. Le mot se rencontre en grec classique
avec le sens de ‘grignoter’ ou de ‘déguster’. Malgré l’opinion de C. SPICQ (« est-il synonyme de
et de dans le Nouveau Testament ? », NTS 26 (1980), pp. 414-419), nous ne pensons pas que ce sens
classique ait été conservé dans le NT. Dès les papyrus non littéraires des premiers siècles de notre ère,
apparaît en effet avec le sens de ‘manger’ (cf. J. H. MOULTON et G. MILLIGAN, The vocabulary of the greek
Testament illustrated from the papyri and other non literary sources, Londres, 1929, s.v.). En grec littéraire
byzantin, a déjà supplanté dans cette acception depuis longtemps. L’argument le plus décisif
nous semble reposer sur le fait que Jean n’utilise jamais le présent : on ne peut dès lors relever une
opposition significative / dans le quatrième évangile. Tout semble indiquer au contraire l’emploi,
chez Jean, d’un seul verbe ‘manger’, dans un système supplétif fondé sur les temps utilisés : ‘manger’ se
conjugue, dans le quatrième évangile, en , de même que l’on a, chez Jean, un verbe
‘voir’ conjugué en !" . Le plus important reste l’opposition aspectuelle entre un
présent duratif, un aoriste ‘instantané’ et un parfait ‘achevé’ : l’emploi aspectuel des temps verbaux, hérité sans
(‘manger’, aspect instantané, signalant un changement rapide, qui ne prend pas en
considération ses éventuelles conséquences) des versets précédents24, et resituera plus
facilement la fin du texte dans une perspective eucharistique, découvrant par de nombreux
signes le crescendo continu de cette péricope qui, à travers la foi au Fils de l’homme,
débouche sur la vie éternelle promise à celui qui a part au Corps et au Sang du Christ.
De même, le de Jn 13,18, qui apparaît dans une citation de l’AT où l’on
attendait en fait (c’est la leçon de la LXX), permettra de rattacher par contre-coup ce
passage à celui de Jn 6, où le terme (tout à fait exceptionnel dans le NT, comme nous l’avons
vu) apparaissait pour la première fois, et d’établir ainsi un lien entre la dernière Cène et le
discours du Pain de Vie25.

3.2. La dimension transversale (synchronie)

Dans une perspective sémantique, l’ordre du synchronique permet de centrer


l’attention sur la place stratégique des signes dans le texte, elle aussi porteuse de sens.
Autrement dit, la synchronie sera abordée ici du point de vue du signifié. L’aspect
synchronique du sens d’un texte offrira ainsi une dimension transversale : celle de la
simultanéité d’un état, qui concerne l’œuvre à la fois dans sa clôture et dans les relations
qu’elle tisse avec son intertexte. Ce qui est ici en jeu, c’est le syntagme : le système de
signification que constitue le texte, dans la mesure où l’agencement lui-même est significatif
(chaque élément du système se verra affecté, dans son sens même, par ses relations avec les
autres éléments).

Le sens synchronique d’un texte implique en fait deux perspectives différentes : une
perspective intertextuelle et une perspective intratextuelle. Dans la synchronie intertextuelle,
il nous faut d’abord évoquer les relations intratestamentaires. Ainsi, par exemple, dans le
cadre de l’AT tel qu’il est défini par le canon catholique, la réécriture de l’Exode par le livre
de la Sagesse, évoquée ci-dessus, modifie le sens du premier terme : on ne peut pas lire le
texte de l’Exode, au sein de l’AT, sans tenir compte de sa relation avec la Sagesse.

doute d’une langue maternelle sémitique, est en effet beaucoup plus fréquent chez Jean que chez les autres
auteurs du NT : il suffit, pour s’en convaincre, de relire le chapitre 20 du quatrième évangile : les oppositions
chronologiques ne permettent pas d’y rendre compte de l’emploi des thèmes verbaux.
24
L’opposition est nette jusqu'à la fin du discours : cf. Jn 6,58 : #
$ .
25
Comparons Jn 6,56 ( ), Jn 6,58 ( ) et Jn 13,18 (
).
Parallèlement, le texte de Sagesse prend son sens dans sa relation à celui de l’Exode.
L’interaction des deux textes permet en effet de comprendre l’épisode de la manne dans une
nouvelle perspective : cet aliment devient une nourriture capable de s’accommoder au goût de
celui qui la prend et devient le symbole même de la douceur de Dieu, car « ce ne sont pas les
diverses espèces de fruits qui nourrissent l’homme, mais c’est ta parole qui conserve ceux qui
croient en toi » (cf. Sg 16,20-29).

Pour ce qui concerne les relations intertestamentaires, l’approche synchronique agit


essentiellement dans la perspective typologique, en fonction de la clé christologique donnée
par le NT. Ainsi la manne de l’Exode est le type de l’eucharistie (cf. Jn 6), ce qui implique la
présence du type (manne) dans l’antitype (eucharistie) : chacun de ces deux éléments est donc
co-signifiant, l’un en tant qu’annonce, l’autre en tant que réalisation. Pour dire les choses
autrement, on pourrait considérer que la manne constitue le signifiant de l’eucharistie
(laquelle en serait le signifié). Parallèlement, le Corps du Christ renvoie à son tour vers une
autre réalité à venir, dans la mesure où il est gage de Vie éternelle.

L’approche intratextuelle, dans la perspective synchronique, dérive de la vision


synoptique d’une lecture : ainsi, le sens de , dans Jn 6, est affecté par la présence du
verbe à la fin de la péricope, et inversement : chacun de ces deux termes constitue
non pas un élément autonome mais une étape dans une progression, puisque le présent
signale, dans le système aspectuel des temps verbaux johanniques, une valeur
durative et actualisante, qui s’oppose à la valeur instantanée de l’aoriste . On pourrait
même envisager le système que constituent, dans l’évangile de Jean, les occurrences de
ou de ses synonymes, ainsi que les termes relatifs à la notion de repas à
travers les scènes de Cana (Jn 2), de la Samaritaine (Jn 4), de la multiplication des pains, du
discours du Pain de Vie (Jn 6), de la dernière Cène (Jn 13), du repas au bord de la mer de
Tibériade (Jn 21).

3.3. La dimension verticale (métachronie)

L’ordre métachronique permet d’explorer la profondeur sémantique des signes dans le


texte. Il offrira donc une dimension verticale, dans la mesure où il transcende à la fois la
matérialité du texte et la temporalité précise de son énonciation historique : verba volant,
sensus manet. Ce qui est ici en jeu, c’est le signe et son message, dans sa transcendance.
Il faut bien reconnaître, tout d’abord, que le signifié transcende la matérialité de son
signifiant. En effet, bien que le sens soit, dans une certaine mesure, inséparable de la forme
qui le propose, il n’en reste pas moins que tout message survit à ses cendres, à son
énonciation, à son signifiant, dans la mesure où il comporte un au-delà de sa matérialité, une
signification. Certes, on a pu caractériser le texte littéraire par « l’adhérence du sens aux
signes, par l’impossibilité constatée de le traduire, de le résumer, de le nier, d’en donner un
équivalent quelconque »26. Il n’en reste pas moins que l’existence même de traductions de
textes littéraires permet de nuancer la portée du vieil adage traduttore traditore. Tout bilingue
a pu éprouver la qualité variable d’une traduction, sa perfectibilité en fonction d’une plus ou
moins grande proximité à une fidélité idéale, toujours poursuivie sans être jamais vraiment
atteinte. Si traduire veut dire transposer, et si, selon le génie du traducteur, un texte peut être
plus ou moins bien transposé, c’est le signe que le sens d’un texte peut transcender sa forme.
Cette circonstance est d’autant plus manifeste dans le cas d’un texte véhiculant un message
dense, comme celui de la Bible, que l’on ne saurait réduire à sa dimension littéraire.
D’autre part, cet au-delà (meta-) temporel que représente le sens peut également être
envisagé par rapport aux circonstances précises de son énonciation. Cela est particulièrement
vrai des textes bibliques : une fois révolues les circonstances historiques particulières d’un
message (par exemple, les admonestations de Paul, auteur de l’épître, aux Corinthiens,
destinataires de la lettre), la valeur du message reste actuelle, dans la mesure où l’Eglise
reconnaît en l’Esprit l’énonciateur du message et en tout fidèle, voire en tout homme, son
énonciataire. On voit comment les notions d’énonciateur et d’énonciataire transcendent la
matérialité historique du message.

Le sens métachronique d’un texte, qui intègre et dépasse les deux dimensions
précédentes, implique en fait deux perspectives différentes : une perspective paradigmatique
et une perspective syntagmatique, chacune d’entre elles pouvant être articulée au niveau
littéral et spirituel.
Si nous reprenons l’exemple de Jn 6 cité précédemment, on pourra parler tout d’abord,
sur l’axe paradigmatique, de métachronie littérale et de métachronie spirituelle : le sens de
‘manger’ que revêt le terme est ici littéral, tandis que celui, à proprement parler
eschatologique, d’ ‘être uni au Fils dans l’éternité’, pourrait apparaître comme spirituel.
Sur l’axe syntagmatique, en revanche, on pourra insister sur la perspective littérale du
discours du Pain de Vie, qui propose une progression continue allant de la foi au Fils de
l’Homme jusqu’à l’eucharistie, gage d’éternité, tandis que la perspective spirituelle de ce
même discours pourra évoquer la progression du parcours du croyant, dont la foi conduit aux
sacrements qui guident vers la vie éternelle.

3.4. La dimension personnelle (autochronie)

L’ordre autochronique renvoie à la saisie du sens dans sa relation à celui qui le


découvre par l’écoute ou la lecture. Il offrira donc une dimension personnelle, dans la mesure
où il sera appliqué aux circonstances particulières de chaque lecteur ou de chaque auditeur. Ce
qui est ici en jeu, c’est le message en tant qu’il atteint un destinataire, en tant qu’il est
particularisé, adapté aux besoins de celui auquel il s’adresse : on parlera alors de l’incidence
du sens. Il sera donc question de l’actualisation du signifié dans une perspective pragmatique.

L’actualisation peut avoir lieu à travers la lecture (audition) collective ou privée dans
les circonstances les plus variées. Celle que propose la liturgie revêt cependant une
importance particulière. L’ordre des lectures proposées participe en effet d’une logique qui
n’est pas toujours forcément celle des sens littéral ou spirituel reconnus par la Tradition pour
un texte donné. Ainsi, l’application du passage du livre des Proverbes (VIII, 22 et ss.) à
certaines fêtes de la Vierge, dans la liturgie catholique, a pu être attribuée à un sens
accommodatice27. De même, l’actualisation particulière que représente le sermon relève elle
aussi de l’autochronie.28

26
GROUPE MU, Rhétorique générale, Paris, Éditions du Seuil, 1982 (2e édition revue et corrigée), p. 17.
27
« (...) on attribue parfois plus ou moins arbitrairement à tel passage biblique une signification qui n’a aucun
rapport avec les sens littéral ou spirituel. C’est le sens accommodatice, où l’on accommode, par simple analogie,
parfois purement verbale, le sens réel à une situation totalement étrangère à l’esprit de l’écrivain sacré» (A.
ROBERT et A. TRICOT (éd.), Initiation biblique, Paris, Desclée, 1954, 3e édition refondue, p. 502).
28
La possibilité d’un sens autochronique différent du sens métachronique a déjà été mise en lumière par s.
AUGUSTIN : « Notre Maître sait bien quels sont les deux préceptes sur lesquels reposent la Loi et les Prophètes.
Du moment que je les reconnais avec ferveur, que m’importe (...) de comprendre un sens différent de celui que
visait l’auteur sacré ? Tout lecteur tente de scruter et de comprendre l’intention de l’écrivain, et dans la mesure
où nous considérons l’auteur véridique, nous n’osons croire qu’il ait dit quoi que ce soit de ce que nous savons
ou croyons être faux. Lors donc que chacun tente de comprendre dans la Sainte Écriture l’intention de l’écrivain,
quel mal y a-t-il à en dégager le sens que Toi, lumière de tous les esprits véridiques, tu lui montres être vrai,
même si ce n’est pas là l’intention originelle de l’auteur, du moment que le lecteur a compris un sens vrai et
cependant différent de celui de l’écrivain ? » (Confessions, XII, 18 ; cf. également De doctrina christiana, III,
27,38 : PL XXXIV, 80).
Il vaut la peine de noter que, d’un point de vue linguistique, chacune des quatre
dimensions que nous venons d’énumérer intègre la précédente : pas d’actualisation sans une
transcendance préalable du signifié ; la transcendance du signifié repose de son côté sur un
système porteur de signification ; ce système à son tour est découvert diachroniquement.
En guise de conclusion, nous proposons le schéma suivant :

I) Diachronie (Signe et histoire) : Dimension longitudinale [Syntagme/ paradigme]

A) Macro-diachronie : Point de vue du sujet lisant : Histoire des lectures [Syntagme]


(pour la Bible, dans l’herméneutique catholique, référence à une Tradition)

B) Micro-diachronie : Point de vue de l’acte de lecture : [Paradigme et syntagme]

1) Perspective intertextuelle : souvenirs d’autres lectures


Pour la Bible, en particulier, typologie : Jn 13,18 / Ps 41,10
2) Perspective intratextuelle : souvenir, dans la lecture en cours, de la partie déjà abordée :
Jn 6,54 / Jn 6,52

II) Synchronie (Signe et système) : Dimension transversale [Syntagme]

A) Perspective intertextuelle :

1) Champ intratestamentaire : Rapport Exode / Sagesse : deux cosignifiants (la manne)


2) Champ intertestamentaire : Rapport signifiant (manne) / signifié (eucharistie)

B) Perspective intratextuelle : Vision synoptique (progression Jn 6 : / : le sens


de chacun de ces deux termes étant affecté par la présence de l’autre)

III) Métachronie (Signe et sens) : Dimension verticale

A) Métachronie paradigmatique :

1) Sens littéral : : ‘manger’


2) Sens spirituel : : ‘être uni au Fils’

B) Métachronie syntagmatique :

1) Sens littéral : Jn 6 : progression de la foi vers l’eucharistie


2) Sens spirituel : Jn 6 : parcours du croyant, de la foi aux sacrements, puis à la vie éternelle

IV) Autochronie (Signe et récepteur) : Dimension personnelle

A) actualisation générale de la liturgie : sens accommodatice (Proverbes 8,22, appliqué à Marie)

B) actualisation ponctuelle et publique du sermon

C) actualisations ponctuelles personnelles

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