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Université Batna -2-

Faculté des Lettres et Langues Etrangères


Département de langue et littérature françaises
Module : E.T.L.
Niveau : 3ième année LMD Groupes : 1et 2

Cours 2:

Le Texte et ses contextes/ Quelques approches critiques

1. Le contexte historique et social

Chaque œuvre nait à une époque particulière, c’est-à-dire dans un contexte historique et social qui est
aussi le cadre dans lequel l’écrivain a vécu et conçu son œuvre. L’analyse d’un texte prend en compte les
événements historiques et le fonctionnement de la société au moment où il été écrit.

A- Le contexte historique

Recréer le cadre historique, c’est éclairer le texte par le contexte politique de l’époque, par les
événements et les hommes qui l’ont marquée : personnalités historiques, nature des régimes politiques,
conflits idéologiques et religieux, guerres, révolutions.

Approche : L’approche historique mise au point par Gustave Lanson (1857-1934) est une méthode
historique faite à partir de l’étude des sources (Histoire de la littérature française, 1894).

B- Le contexte social

Connaitre le fonctionnement d’une société - c’est-à-dire l’état des rapports sociaux, les mentalités, les
valeurs dominantes- permet de mieux comprendre les thèmes et les problématiques qui traversent le
texte.

Approche : La sociocritique

Terme inventé par Claude Duchet, la sociocritique a pour but de dégager la socialité des textes. Celle-ci est
analysable dans les caractéristiques de leurs mises en forme, lesquelles se comprennent rapportées à la
semiosis sociale environnante prise en partie ou dans sa totalité. L’étude de ce rapport de commutation
sémiotique permet d'expliquer la forme-sens (thématisations, contradictions, apories, dérives sémantiques,
polysémie, etc.) des textes, d’évaluer et de mettre en valeur leur historicité, leur portée critique et leur capacité
d’invention à l’égard du monde social. Analyser, comprendre, expliquer, évaluer, ce sont là les quatre temps
d’une herméneutique. C’est pourquoi la sociocritique – qui s’appellerait tout aussi bien « sociosémiotique »
-peut se définir de manière concise comme une herméneutique sociale des textes. (Popovic, 2011).

La sociocritique vue par Gyory Lukacs (La théorie du roman, 1920) et par Lucien Goldmann (Pour une
sociologie du roman) allie méthode structuraliste et analyse marxiste.

2. Le contexte artistique et littéraire

Une œuvre apparait dans un contexte culturel. Elle participe à un vaste mouvement dans lequel tous les
arts sont engagés. Elle s’inscrit dans un genre littéraire qui a lui-même une histoire et une tradition.

A- La participation à un mouvement

Identifier le mouvement artistique auquel appartient un auteur permet de mettre son œuvre en
relation avec les autres arts ; la peinture, la musique, l’architecture et la littérature partagent un
cadre esthétique général, les mêmes principes, les mêmes thèmes, des techniques analogues.
L’adhésion à un mouvement peut aussi s’exprimer par la participation à un manifeste littéraire qui
en fixe les principes.

B- L’inscription dans un genre


Chaque œuvre –roman, pièce de théâtre, recueil de poème, essai- s’inscrit dans l’histoire du genre
auquel elle appartient ? Le genre a ses traditions, ses règles d’écriture. Connaitre ces règles permet
de mesurer l’originalité de l’auteur, qui écrit à la fois en les respectant et en les modifiant.

3- Le contexte biographique

Toute œuvre contient des traces de la vie de son auteur. Connaître la biographie de l’écrivain permet ainsi
de mieux comprendre le texte. On peut faire la distinction entre ce qui relève des années de l’enfance et
les événements qui ont marqué la vie de l’écrivain devenu adulte.

A- La scène familiale
Le contexte familial dans lequel nait l’écrivain, le milieu social auquel il appartient, les
paysages familiers de sa jeunesse exercent une influence déterminante. Les rapports avec les
parents, les rêves, les angoisses forment la mémoire profonde de l’auteur, qui reviendra, à
travers son œuvre, sur les premières impressions de l’enfance.

B- L’expérience du réel

L’engagement de l’écrivain dans la vie professionnelle, ses voyages, ses rencontres, ses deuils, ses
liaisons amoureuses, sa participation à la vie littéraire ou à la vie publique marquant profondément
son œuvre.

Approches : Psychologie, psychanalyse et psychocritique

La psychologie est la discipline et l’étude qui analyse le psychisme humain. Comme bien des
disciplines littéraires ou appliquées au littéraire, elle peut être envisagée selon trois perspectives :
la production (émotions, vécu, etc., de l’auteur), le produit (psychologie du texte, des
personnages, etc.) ou le récepteur (émotions, vécu, etc., du lecteur ou de l’analyste). Auteurs :
Freud, Lacan, Bellemin-Noël, Kristeva, Mauron, etc. (Hébert, 2013 :44)

4- Le contexte de la publication

Les rapports entre l’écrivain et l’éditeur qui publie son œuvre ont évolué tout au long de l’histoire. Cette
évolution est marquée à la fois par la transformation du statut de l’écrivain, par la modification des
contraintes esthétiques et politiques, et par le bouleversement des techniques de l’édition.

A- Les conditions matérielles de l’écriture

Les rapports entre l’écrivain et l’éditeur qui publie son œuvre ont évolué tout au long de l’histoire. Cette
évolution est marquée la fois par la transformation du statut de l’écrivain, par la modification des
contraintes esthétiques et politiques, et par le bouleversement des techniques de l’édition.

B- Les contraintes esthétiques et politiques

Jusqu’au 17 ième siècle, l’écrivain recherche le beau style, imite l’Antiquité, respecte la hiérarchie des
genres littéraires tandis que ses œuvres sont soumises à l’approbation d’un censeur. Depuis les
romantiques, la littérature se libère progressivement de ces contraintes pour revendiquer aujourd’hui une
totale liberté.

C- Les conditions techniques de la publication

L’histoire du livre est marquée par le passage de techniques artisanales à une production de masse, rendue
possible par la création de grands groupes éditoriaux.

- Le copiste : Au moyen âge, les copistes reproduisent écrits religieux, textes de l’Antiquité, poème
ou romans de chevalerie. Le papier n’existe pas. Le support de la copie est constitué d’une peau de
veau traitée, ou d’une peau d’âne.
- L’imprimeur : L’invention de l’imprimerie par Gutenberg, en 1440, permet la diffusion du livre.
Dans toute l’Europe, les grandes imprimeries multiplient les progrès techniques qui favorisent son
évolution.
- L’éditeur : Le 19ème siècle voit l’apparition de maisons d’édition qui traitent directement avec les
auteurs. Les tirages ne cessent d’augmenter.

Approche : Génétique textuelle ou critique génétique

La génétique textuelle est la discipline et l’étude qui analyse, sous l’angle de leurs causes, modalités et effets de
leur présence, les relations comparatives (identité, similarité, altérité, etc.) et opérations de transformation
(adjonction, suppression, permutation, etc.) intervenant entre un avant-texte (« brouillon ») et un autre et/ou entre
un avant-texte ou un groupe d’avant-textes et le texte final. (Hébert, 2013 : 36)

5- L’horizon d’attente du lecteur

La tradition, les habitudes et la critique déterminent l’horizon d’attente du lecteur, c’est-à-dire ce qu’il
attend d’une œuvre au moment où elle est publiée.

A- Les fonctions de la lecture


Depuis son apparition, le livre remplit de multiples fonctions : il permet de se cultiver ou de se
distraire. Il peut être un instrument capital dans la formation de l’individu. Aujourd’hui, ces
fonction du livre son concurrencées par d’autres médias, comme le cinéma.
B- Le jugement du lecteur
Certaines œuvres rencontrent le succès en répondant au gout dominant de leur époque ; elles sont
parfois rapidement oubliées. D’autres, qui imposent une esthétique nouvelle, modifient d’emblée
l’horizon d’attente du lecteur ou, au contraire, doivent patienter avant d’être reconnues.

C- Le rôle de la critique
Jusqu’au 18ème siècle, ce sont les écrivains qui font la critique des œuvres littéraires. Au 19 ème
siècle apparaissent des critiques professionnels, comme Sainte-Beuve, par exemple, qui font
partager leurs goûts au lecteur. Aujourd’hui, les prix littéraires (Goncourt), les émissions
télévisées, la publicité assurent la promotion et la reconnaissance des auteurs et de leurs œuvres.

Approches : Théories de la lecture/ Théories de la réception (Hébert, 2013 :47)

1. Théories de la lecture

Distinguons trois grandes formes de la réception d’un texte : la critique normative, l’analyse (ou
critique descriptive) et la lecture. On peut considérer que la critique normative des œuvres
présuppose un minimum d’analyse et que celle-ci présuppose (au moins) une lecture. C’est à cette
dernière opération que s’attardent les théories de la lecture. Les théories de la lecture peuvent donc
être considérées comme une subdivision des théories de la réception. Cela étant, même la lecture la
plus « naïve » comporte un minimum d’analyse et, bien sûr, comporte une critique normative, fût-
elle inconsciente et involontaire. Les théories de la lecture ont notamment pour tâche de définir des
typologies de lecteurs et de lectures. Voir Théories de la réception. Auteurs : Gervais, Saint-Gelais,
Jouve, etc.

2. Théories de la réception

L’expression « théories de la réception » désigne un groupe de théories qui ont pour point commun
de se placer dans la perspective de la réception des œuvres plutôt que dans les deux autres
perspectives possibles que sont la production et l’étude immanente du produit sémiotique. La
lecture et l’analyse (description, interprétation, etc.) sont les deux principaux processus décrits par
ces théories. On peut considérer que les théories de la réception sont apparues en réaction et en
complémentarité aux approches basées sur l’auteur et la production et à celles basées sur le produit
lui-même (approches immanentes). Auteurs : Ingarden, Jauss, Iser, Fish, Eco, etc.

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