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Université Ibn Khaldoun TIARET

Faculté des Lettres et Langues Etrangères

Département de français

Module : Initiation à la littérature / niveau 1ère année / Mme MEKKI Sabrina

Cours / TD1 :

Parmi les multiples textes que nous lisons quel que soit leur type (narratif, descriptif,
argumentatif…), certains méritent une attention particulière en raison de leur qualité littéraire.
A quoi les reconnait-on ?

Il suffit de s’interroger sur le sens du mot littérature pour s’apercevoir qu’il désigne une
réalité fluctuante, qui a évolué dans l’Histoire. On peut aujourd’hui identifier certains critères
constants qui permettent de juger si un texte est littéraire ou non ; mais c’est surtout en situant
l’institution littéraire dans l’Histoire, et en tenant compte des conditions de production et de
réception des œuvres, que l’on pourra définir le « texte littéraire ».

1) « Littérature » histoire du mot :

La frontière entre la littérature et le non littéraire n’est pas stable. Elle se déplace selon les
époques, selon les cultures. Le sens du mot littéraire a lui-même connu une évolution.

 Au XVIe et au XVIIe siècle, le mot littéraire désigne la culture générale, les


connaissances que possèdent les « gens de qualité » (une minorité de privilégiés).
L’écrivain La Bruyère évoque ainsi «  des gens d’un bel esprit et d’une agréable
littérature ».
 Au XVIIIe siècle, le mot a pris les deux sens principaux qui sont les siens
aujourd’hui :
- Soit il désigne en général l’ensemble des productions intellectuelles qui se lisent et
s’écoutent : on parle ainsi de littérature scientifique, de littérature enfantine, de
littérature orale … ;
- Soit il désigne en particulier l’usage esthétique du langage écrit. Le texte littéraire se
définit alors par sa valeur, par sa beauté, par le plaisir qu’il procure au même titre
qu’une œuvre musicale ou un tableau…
 La littérature intègre ainsi aujourd’hui des textes qui n’étaient pas jugés « littéraires »
en leur temps. Elle est un ensemble ouvert, toujours en mouvement, qui se redéfinit
en fonction des normes esthétiques (quelles définitions des beaux textes ? ») et des
pratiques sociales (quels lecteurs ? issus de quels milieux ?) propres à chaque époque.
2) Principaux critères :

Même s’il n y a pas de définition absolue du texte littéraire, plusieurs critères sont
aujourd’hui couramment admis.

 La fonction du texte littéraire n’est pas utilitaire. Il recourt à la fiction, à la


l’imagination, alors que les textes non littéraires renvoient prioritairement au monde
réel. Un texte qui avait en son temps une finalité pratique, (dénoncer un adversaire,
écrire à un ami…) peut être jugé aujourd’hui littéraire quand il accomplit entre le sens
et la forme un accord remarquable.
 La forme est donc primordiale. Le texte littéraire est apprécié pour la qualité de son
écriture. Le langage lui-même fait l’objet d’une recherche, d’une invention : la
fonction poétique est au premier plan. Le texte littéraire recourt plus que d’autres aux
figures, est riche en connotations. Il préfère en effet l’expression indirecte à
l’expression directe. Il est volontiers en relation avec d’autres textes (reprise de
thèmes anciens, citations, parodies, allusions…)
 Le code que respecte le texte n’est pas seulement le code de la langue mais un code
esthétique : le texte littéraire s’inscrit dans un genre reconnu, met en œuvre (ou met
en cause) des règles (concernant la composition d’une tragédie, les conventions d’un
roman, la versification d’un poème…). La communication littéraire suppose le
partage d’un code commun entre auteur et lecteur.

3) une activité sociale :

La relation entre l’auteur et le lecteur n’est jamais directe. Le texte est reconnu comme
littéraire à travers de multiples réseaux qui assurent son existence et sa légitimité : on appelle
institution littéraire l’ensemble des organismes qui régissent la production et la diffusion des
œuvres

 L’institution littéraire comprend plusieurs composantes

a-Un cadre juridique et financier :

- Sous l’ancien régime, c’est l’aide du roi ou des seigneurs qui assure aux écrivains des
ressources, sous forme de charges ou de pensions,
- Les droits d’auteur, reconnus depuis la fin du XVIIIe siècle, permettent à l’écrivain
de vivre de sa plume
- Les contrats passés avec les éditeurs déterminent la répartition des bénéfices  ;
l’éditeur assure la commercialisation des livres.

b- Des moyens matériels et techniques :

- L’imprimerie favorise la diffusion des textes à partir du XVIe siècle


- Les progrès de la presse au XIXe siècle permettent d’atteindre beaucoup de lecteurs,
accroissent la diffusion du roman
- Le livre format de poche permet aujourd’hui une vaste diffusion des textes déjà
consacrés.

c- Des lieux de reconnaissance et d’évaluation :

la valeur littéraire est déterminée :

- Par les académies (Académie française, fondée en 1635), l’Ecole et l’Université, ou


l’on enseigne la littérature ;
- Par les groupes d’écrivains des salons (au XVIIIe siècle) ou des cénacles (cercles
d’artistes)
- Par la critique littéraire : journalistes, chercheurs, spécialistes
-
- Par les jurys des prix littéraires (prix Goncourt, depuis 1903).

d- Des moyens de conservation et de diffusion


- Les libraires, les bibliothèques. Dès la fin du XVIIIe siècle, on pouvait louer des
livres dans des cabinets de lecture
- Aujourd’hui, on recourt à la publicité, aux émissions médiatiques, pour faire
connaitre les livres.
4) Production et réception du texte
- Conditions de production
 Le texte littéraire est le produit d’un travail, d’une histoire. L’écrivain rédige des
brouillons, des esquisses, avant d’achever son manuscrit. Il peut remanier encore son
texte sur épreuves (impression provisoire). Il arrive qu’il ait plusieurs états d’un
même texte. On peut étudier la genèse d’une œuvre.
 Le texte est marqué par le statut social de l’écrivain : il peut refléter une situation de
dépendance. Les valeurs du texte correspondent souvent au goût dominant : il sera
jugé littéraire s’il plait aux mécènes, aux éditeurs, aux critiques.
- Conditions de réception
 L’accueil fait à un texte se mesure aux chiffres des tirages qu’il a atteints. On voit
ainsi. On voit ainsi évoluer la réception d’un texte.
 La réception critique du texte comporte les jugements des contemporains, mais aussi
la fortune critique ultérieure
TD1/

Quelles sont les connotations ou les images (métaphores, comparaisons) associées au


mot « littérature » dans les textes suivants ?

a- Je sais que la littérature ne nourrit pas son homme. Par bonheur, je n’ai pas
trop faim. (J.RENARD,1902)
b- Pourquoi ne travaillez vous pas davantage ? Le seul moyen de supporter
l’existence, c’est de s’étourdir dans la littérature comme dans une orgie
perpétuelle. Le vin de l’art cause une longue ivresse et il est inépuisable.
(FLAUBERT, 1858)
c- Que ton vers soit la bonne aventure

Eparse au vent crispé du matin

Qui va fleurant la menthe et le thym…

Et tout le reste est littérature.

(VERLAINE,1874)

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