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CM du 06/02/2024

Traductions et transferts littéraires

Fin 20e siècle, transferts littéraires : on essaye de regarde de façon + complexe le fait qu’un
texte littéraire passe d’un contexte à un autre.
Différence entre la réception d’un auteur / d’un texte dans sa propre littérature nationale et
celle dans une autre langue ?
Cette question est liée au lien entre société et littérature mais se pose d’une autre façon pour
les traductions.
René Wellek / Austin Warren, Theory of literature (1949 ; La Théorie littéraire, traduit en
français en 1971)  ils ont établi une théorie générale de la littérature.
Etude immanente = approche qui fait une analyse du texte et seulement du texte

On a l’idée de décortiquer ce qu’il se passe au moment de la communication pour


ensuite le transférer sur la communication littéraire :
- L’émetteur (terme pour la communication générale)  l’auteur.

- Le message avec une fonction poétique  le texte.

- Le récepteur  le lecteur/le spectateur

- Code métalinguistique : il faut que l’auteur et le récepteur partage le même


code (ex : maitrise de la langue)  d’autres codes entrent en jeu pour la
littérature comme les ≠ formes littéraires, tout ce qui permet d’appréhender
d’une façon avertie un texte litt.
 Plus l’émetteur et le récepteur partage de coxe plus cette communication fonctionne.
- Fonction référentielle : équivalent dans le monde réel du signifié  il faut
partager les mêmes réf./la même perception au monde réel pour que le
message puisse être entendu.

- Canal : il met en relation l’émetteur et le récepteur  c’est la matérialité de la


communication (journal, livre, télévision qui diffuse un film, ciné, radio, …).
 En regardant ce schéma on peut imaginer que pour les traduc ça se complique
puisqu’on a pas le même support (pas vraiment le même texte), pas les même
codes, et pas forcément les mêmes référents partagés avec le récepteur.

À partir de ce modèle de la communication, des critiques littéraires se sont intéressés


au public (d’autres se sont déjà intéressés aux textes et auteurs) :
Théorie de la réception (École de Constance)
Hans robert Jauss, Pour une esthétique de la réception (1972, trad. 1978)
Pour lui : « L’œuvre littéraire n’est pas un objet existant en soi » mais seulement par
l’actualisation que font les récepteurs  autrement dit un texte n’est pas stable, n’a pas un
seul message pcq les ≠ lecteurs d’un moment, d’un pays, à des moments historiques ≠ vont
comprendre/interpréter un texte autrement.
Méthode herméneutique (Hans-Georg Gadamer) : c’est une technique d’ interprétation
afin de trouver la bonne interprétation du texte. Les lecteurs ne vont pas poser les
mêmes questions aux textes, ils vont pas chercher les mêmes réponses ni les mêmes
messages
Horizon d’attente : c’est un concept qui s’explique par le fait que le récepteur ne va pas
comprendre la même chose car il ne va pas y chercher les mêmes éléments / on va tjrs vers
un texte littéraire avec une certaine attente et donc on ne va pas trouver les mêmes choses
selon ses propres attentes
La traduction mène à dédoubler le schéma de la communication :
Le traducteur est aussi un récepteur de la 1ère œuvre  c’est à partir de là qu’une nvlle
boucle de communication littéraire va commencer avec un nouveau canal, en partie de
nvx codes et d’autres référents pcq les lecteurs de la traductions ne partagent pas
forcément la même connaissance du monde que le public et l’auteur initial.

 Traducteur = récepteur / nouvel émetteur


 Reconsidération de tous les éléments de la partie centrale :
- Message
- Référent
- Canal
- Code

Quelles transformations de la réception ?


- Par le texte même : codes poétiques et métalinguistiques ≠.

- Horizon de compréhension : référents ≠ (pas la même vision du monde).


- Horizon d’attente : canaux ≠ (éditeur, revue, théâtre etc) statut ≠ de l’auteur
(critique, succès préalable, perception de la littérature nationale)  c’est donc
un élément fort dans la réception pcq chaque lecteur à une attente ( = idées
préconçues) vis-à-vis de la nvlle œuvre qu’il va lire (cet horizon est orienté par
≠.choses).

L’histoire de la traduction

 Traduction comme phénomène historique :


- Elle devient plus importante depuis l’accès plus large à l’écrit, à la culture. Ex : au
moyen-âge, où la culture savante était le latin, on ne traduisait pratiquement pas.
- Se pratique de façon différente selon les périodes historiques

2 éléments pour que la traduction devienne un phénomène important :

1. Importance de la Bible pour l’histoire de la traduction (accès plus large ; à partir de


quelle langue traduire ?)  particulièrement important depuis la Réforme, les
pères de la Réforme voulaient abolir un certain nombre d’aspects
problématiques, cela a donné lieu à l’émergence du protestantisme.

 Pour les protestants le recours au texte à l’origine du christianisme était très


important, cela a donné l’élan de la trad. de la Bible.

2. Importance de la traduction pour l’histoire de l’imprimerie à caractères amovibles  à


la fin des manuscrit il y a une courte période où on imprime à partir de
planches de bois (sculpteur de bois pour faire ressortir des lettres) ces ouvrages
se nomme incunables. À partir des incunables Gutenberg a eu l’idée de
rationnaliser le processus avec ces caractères amovibles dans les années 1450
 Bible de Gutenberg est écrite en latin, c’est la Vulgate qui faisait foi pour
tous. Mais cela va changer avec la Réforme pcq pour les protestants l’accès à
la religion est individuel donc chacun devait pvr lire la Bible  donc diffusion
assez large et langue accessible.

3. Importance de la traduction pour l’histoire de la littérature : p.ex. « Bible de Luther »


 Luther traduit la Bible en revenant au texte originel (écrit en hébreu et grec
alors que la 1ère trad. en allemand était à partir des textes latins) sans passer par les
textes latins. Cette idée de la fidélité au texte source est très important dans un
cadre religieux  il traduit d’abord le Nouveau Testament (1522) puis l’Ancien
Testament (1534).

Rôles de la traduction

 Rendre les textes accessible pour élargir le public (traduction de littérature d’idées au
siècle des Lumières)
 Trouver des nouveaux textes pour le marché littéraire.

 Fournir des modèles pour la littérature cible / enrichir la langue cible :


- Traductions des « classiques » jusqu’à la Querelle des Anciens et des Modernes, puis de
textes « modernes » (d’abord anglais).
- Traductions de pièces de théâtre français en Allemagne du XVIIIe siècle : les pièces de
théâtre pouvaient aussi s’adresser à un public plus large qui n’allait pas chercher la
lecture de texte d’autres pays ou qui ne savait pas lire  les trad. que l’on peut
observer à un moment donné ne rendent pas forcément compte de la réception (ex :
en Allemagne on traduisait l’italien dans des livres de recette pcq les érudits savaient parler
italien mais pas les femmes).
- Traductions de l’allemand par les romantiques (Nerval), de l’anglais (américain) par les
modernes (Baudelaire, notamment Edgar Poe).
- Traductions de romans français vers le russe au XIXe siècle.

 Ces ≠ rôles entraînent ≠ rapports de fidélité au texte source (ex : si on cherche de


nvx textes pour le marché littéraire on va trouver des textes qui « marchent » pour
qu’ils correspondent au goût du public).

Traduction ≠ Réception
• Dans l’histoire littéraire, il ne faut pas juger de l’influence d’une littérature ou d’un texte à
partir des traductions.
Problèmes:
- Réception dans le texte
- Décalage entre élites et réception populaire
- Traductions comme projets prestigieux

Question de la fidélité au texte source


Historiquement
Particulièrement importante pour le texte sacré : la Bible (notamment Luther qui a traduit à
partir des textes originels).
Pour d’autres textes, pas de « statut sacré »  donc plus de liberté où on peut faire des
adaptations et pas forcément des traductions.

Vers un droit d’auteur


À l’époque de Molière pas de droit d’auteur : on pouvait prendre le texte librement.
Le privilège du roi est le seul droit qui existe en France : il permet d’exploiter
commercialement un texte (=droit purement financier)  quand un auteur obtient ce
privilège il peut le céder à un éditeur et donc avoir de l’argent pour sa production (au
moment où il cède ses droits à un éditeurs qu’il est payé, et à ce moment que l‘éditeur à les
droit).
 Ce droit financier n’implique par le droit à la propriété intellectuel, càd le droit de
maitriser son texte sans qu’un autre ne vienne piller le texte.
1777 : Beaumarchais fondé la 1ère société d’auteurs pour promouvoir la
reconnaissance des droits d’auteurs  la propriété intellectuelle apparaît (qlqch de très
important pour lui qui parfois était inquiété par la censure pour des textes qu’ils n’avaient pas
écrits).
Dans cette société qui pratique la censure, cette idée de propriété intellectuelle et là pour
protéger les auteurs de fausses allégations, elle donne le droit à :
- Revenus
- Intégrité de l’œuvre (l’auteur peut s’opposer aux modifications de son œuvre).

Révolution :
- 4 août 1789 : abolition de tous les privilèges (y compris ceux sur les livres).
- 1791 /1793 : ≠ lois accordent aux auteurs le droit exclusif d’autoriser la
reproduction de leurs œuvres.

Question de la fidélité au texte source

Changement de paradigme autour de 1800


 Jusqu’au XVIIe siècle : adaptations selon le goût, les besoins du public (marché) cible
 on va passer de l’adaptation vers des trad. + fidèles (ex : adaptations de comédies
françaises à la scène anglaise).
 Madame de Staël condamne les « belles infidèles » (=trad. qui sont des versions corrigés
pour plaire au lecteur cible) (De l’esprit des traductions, 1816)
 Esthétique du génie : mvm qui rompt complétement avec une régularité de la litt. qui
doit correspondre au bon goût  c’est le génie qui va dicter ses propres règles (début
d’une littérature qui va aller vers le romantisme). Il va y avoir un culte de l’auteur génial,
celui qui a tout un monde en lui donc on a pas le droit d’y toucher  à ce moment
l’auteur et l’œuvre d’art vont adopter un statut sacré. (Paul Benichou appelle ce
phénomène Le sacre de l’écrivain (1750-1830)1973)
 1886 : convention internationale de Berne : droit d’auteurs sur les traductions  à ce
moment l’auteur peut aussi décider quand on peut traduire, quand publié, qui va
traduire. (Mais cela peut avoir des effets pervers : Henrik Ibsen  traduction qui ne
correspondait pas au bon rythme de la langue)

Question de la fidélité au texte source


 Quelle fidélité ?
 Adapté à l’usage (ex : Stéphane Braunschweig = il préfère traductions aux textes originaux
anciens)
 Rendre la langue dans l’état historique (traduction archaïsante) ?  faut-il rendre les faits
historiques d’un texte ? càd traduire Shakespeare comme on l’aurait fait au 16e siècle ou est
ce qu’on le traduit avec une formule d’aujourd’hui ?
 Récréer l’impression que le texte a pu donner à l’époque ?

Traduction comme médiation

 Nécessaire écart par rapport au texte source


 Mais aussi par rapport au système cible

 Comment amoindrir ou faire sentir ces écarts ?


Traduction – adaptation (=traduire en trouvant un équivalent).
Traduction fidèle nue (aucun ajout et expliquerai un écart avec le texte source).
Traduction fidèle avec explications (càd laisser le mot intraduisible avec une explication en
note ou un glossaire en fin de texte contenant des explications sur les mots du texte source
 essaie de donner plus qu’une simple traduction).
Traduction littérale (avec explications) but : connaissance du texte et/ou du contexte pour
une étude plutôt que pour la lecture)
Traduction en édition bilingue (essaie d’être fidèle, pas forcément de traduction littérale,
notamment en respectant l’ordre d’arrivée des mots).
Traduction interlinéaire : (traduction ligne par ligne  ne peut pas s’appliquer à tous les
textes, surtout pour la poésie pcq la disposition est très importante, c’est ce qu’on essaie de
rendre avec ce type de traduction. On peut rapprocher cela de la bible où il y a des versets :
système de notation international donc la disposition des versets dans la traduction doit être
la même que l’œuvre originale).

Théorie des transferts littéraires


La traduction est regardée dans cette théorie comme une médiation + complexe entre deux
systèmes culturels : traduction n’est pas seulement le fait d’une seule personne, ce
n’est pas seulement le traducteur qui décide de lancer la traduction, c’est qqlch de
très complexe qui est pris dans un réseau de différents acteurs  il faut comprendre
pq le traducteur qui est du pays du texte cible est entré en contact avec le texte.
 Donc tout un système littéraire qui accompagne ce transfert.
Cet élément nouveau dans la théorie des transferts littéraires est amené par Michael
Werner et Michel Espagne qui ont écrit l’ouvrage Transferts. Les relations
interculturelles dans l’espace franco-allemand, 1985.
- Il ne se concentre pas seulement sur le traducteur mais étudient toutes les
zones de contact (associations, revues, académies), toutes les actions et
acteurs qui interviennent dans ce transfert/de la traduction (les lettres écrite du
traducteur à l’auteur si possible, les échanges entre traducteur et éditeur, …).

- Il voit un transfert culturel comme processus d’échange (≠influence), car


« resémantisation »  càd que l’œuvre va gagner en signification voir changer
de signification car elle a été traduite et reçu dans un autre contexte. e transfert
culturel n’est pas pensé en termes d’influence, il n’est pas unidirectionnel.

 Pour eux le transfert n’est pas une simple traduction, c’est un échange + complexe
qui peut mener à reconsidérer, réinterpréter l’œuvre dans le contexte original pcq la
traduction a pris certain choix, jouer certains rôle ce qui affecte encore l’œuvre initiale
 c’est la resémantisation : même l’œuvre initiale reprend une nouvelle signification
par cet échange, ce transfert littéraire ou culturel.

Traduction comme médiation


- Mention du traducteur (relativité, identification)
- On peut étudier les traductions et la réception de manière comparée (comparer des
traductions d’un même texte, comparer la réception d’un objet littéraire à différents
moments ou dans différents pays
TD du 06/02/2024

Giacomo Leopardi, L’Infini


(L’Infinito, écrit en 1819, publié en 1825, dans le recueil Canti en 1831)

Yves Bonnefoy : a une production qui se distingue des autres par des libertés qu’il a prises
 il s’agit de récréer la poésie dans le langage poétique dans la langue de l’écrivain plutôt
que d’être fidèle à l’original.
Pour d’autres on retrouve un certains nombres de marqueurs structurants.
Éléments « invariants »/ « structurants » :
« toujours » se trouve au début du vers pour la plupart des traductions
« ainsi » se trouve à la fin du vers pour la plupart des traductions
« mais » se trouve au début du 3e vers pour la plupart des traductions

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