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Sandu Mihăiță-Bogdan

IIème année
Études Francophones

Méthodologie de la critique
(devoir)

PARTIE A :
1. Définissez le concept de défamiliarisation et donnez un exemple (que vous
commenterez).

Devant le texte, le lecteur se trouve dans un univers différent et unique,


perceptible toutefois par la force des mots. En même temps, il est attiré
immédiatement par tout ce qui lui paraît connu, familier, en jetant l’étranger dans le
coin de la curiosité. Jusqu’il puisse comprendre l’inconnu, le lecteur saisit
premièrement le familier et c’est celui-ci qui modèle la lecture du texte. Mais, la
beauté de la lecture réside dans l’art de l’écriture qui opère sur la réalité en changeant
parfois sur le sens : le réel devient l’irréel et le familier est perçoit comme l’étrange.
Une telle technique opère avec la modification de la réalité en présentant la réalité
ordinaire et vécue comme différente et surtout cachant derrière ses ombres l’insolite.
La défamiliarisation s’appuie surtout sur la naissance d’un nouveau sens,
d’une nouvelle tonalité littéraire comme dans le genre de l’absurde : Eugène Ionesco
utilise l’absurde dans ses pièces de théâtre comme « La leçon », en utilisant
fréquemment des situations habituelles, parfois « familières » et connues pour
manifester une nouvelle conception sur la mentalité humaine – on assiste aussi à la
naissance de l’absurde.

2. Donnez deux exemples commentés d’infraction temporelle (Genette).

Les digressions dans le temps de la narration résident dans la création d’une


esthétique spécifique de l’écrivain. Comme exemples, on propose un extrait du roman
« Notre-Dame de Paris » de Victor Hugo et un fragment de « Madame Bovary » de
Gustave Flaubert.
En effet, l’écrit marque dans l’incipit du récit l'antériorité des événements par
rapport au moment de la narration :
«  Il y a aujourd’hui trois cent quarante-huit ans six mois et dix-neuf jours que les
Parisiens s’éveillèrent au bruit de toutes les cloches sonnant à grande volée dans la triple
enceinte de la Cité, de l’Université et de la Ville. »

Lors de l’arrivée de Charles et d’Emma Bovary à la maison des Tostes, l’écrivain


utilise la technique du retour en arrière dans le sixième chapitre pour nuancer l’éducation
d’Emma par les livres :
«  Lorsqu’elle eut treize ans, son père l’amena lui-même à la ville, pour la mettre au
couvent. Ils descendirent dans une auberge du quartier Saint-Gervais, où ils eurent à leur
souper des assiettes peintes qui représentaient l’histoire de mademoiselle de la Vallière. »

3. Horizon d’attente, écart esthétique – définition et exemples.

Dans « La Poétique », Aristote met en premier lieu le rôle du vraisemblable et du


nécessaire dans l’écriture de l’histoire ainsi que l’œuvre littéraire est devenu féconde au
moment où elle transcrit une réalité, à un moment donné de l’histoire. Ce qui reste important
pour le lecteur c’est comment il puisse interpréter une œuvre littéraire en fonction de ce qu’il
pense sur le genre lui-même littéraire, l’esthétique ou les procédés employés par l’écrivain.
Cette analyse de l’œuvre correspond à un tel horizon d’attente au sens donné du terme par
H.R. Jauss qui met l’accent sur ce « système de références objectivement formulable ». Ainsi,
on puisse parler d’une expérience personnelle du lecteur qui génère cet horizon d’attente :
une nouvelle œuvre littéraire s’inscrit dans une sorte de contiguïté littéraire. Dans ce sens, le
lecteur est libre à faire des comparaisons et de définir son horizon d’attente. Mais, une
nouvelle forme artistique peut provoquer un écart esthétique, une conception nouvelle sur le
genre ce qui dépend directement de ce que l’écrivain veut aborder dans la nouvelle œuvre. Il
s’agit d’un côté du pouvoir de la réécriture et l’intertextualité comme on observe chez
Tournier et de l’autre côté dans les genres littéraires nouvellement abordés.

4. Donnez deux exemples commentés de transformation intertextuelle.

« Le temps s'en va, le temps s'en va ma Las ! le temps non, mais nous nous en
Dame, allons »
« L'amour s'en va comme cette eau L'amour s'en va
courante Comme la vie est lente »
Dans la strophe d’Apollinaire on revoit l’utilisation du thème de la fuite pour
exprimer la perte de l’amour comme une allusion au poème de Ronsard.
Au-dessous, le thème de la passante est utilisé par Gérard de Nerval :

« Elle a passé, la jeune fille


Vive et preste comme un oiseau
À la main une fleur qui brille,
À la bouche un refrain nouveau.
……………………………………
Mais non, – ma jeunesse est finie …
Adieu, doux rayon qui m’as lui, –
Parfum, jeune fille, harmonie…
Le bonheur passait, – il a fui ! »

L’image de la passante et différente mais au niveau du sens elle reste pareil comme chez celle
crayonnée par Gerard de Nerval :

La rue assourdissante autour de moi hurlait.


Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d’une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l’ourlet ;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.


Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son œil, ciel livide où germe l’ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
5. Mythe littéraire et mythe littérarisé. Expliquez la différence, avec des exemples.

Comme Mircea Eliade le soutient, le mythe raconte généralement une histoire sacrée
qui relate un évènement qui a eu lieu dans le temps primordial ». La définition du mythe
se rapporte à une conception ethno-religieuse englobant toutes les conceptions d’un
peuple sur la naissance de l’homme, de l’univers mais aussi sur les images mythologiques
les plus symboliques comme celle offerts par la civilisation grecque : Prométhée, ou
Ulysse ou dans l’actualisation de la mythologie antique chez Racine et de l’Electre chez
Sartre.
Le mythe littérarisé s’inscrit dans l’horizon mythologique d’une croyance, en
s’appuyant sur une réalité mythologique : par voie de conséquence, les écrivains vont
utiliser les images mythologiques ou « reprendre les éléments d'un récit archaïque »
comme il soutien André Siganos. De l’autre côté, le récit vu comme un produit de
l’imagination très féconde d’un écrivain à un moment de l’histoire littéraire qui raconte
une situation exemplaire et originelle pour la condition humaine s’inscrit dans le mythe
littéraire comme celui du Tristan et Iseut, Don Juan, le mythe de Faust.
6. Vous enseignez des éléments de narratologie/ d’intertextualité dans une classe de
français bilingue, au lycée. Créez une séquence didactique.

Bien que l’hypotexte doit être identifiable dans l’hypertexte, ce dernier ne peut être
totalement identique au premier. Des changements doivent s’imposer aux niveaux
différents de la narration, du récit et de l’histoire. En général, plutôt que raconter d’une autre
manière la même histoire, on préfère souvent relater une autre histoire sur la base de celle
d’auparavant, comme chez Tournier qui ajoute de nouveaux épisodes et un
dénouement tout à fait original à l’histoire de Defoe. En fait, c’est dans les différences entre
l’hypotexte et l’hypertexte que résident la légitimité et l’originalité d’une réécriture.
L’enseignement du F.L.E connaît beaucoup de variantes d’analyse textuelle
concernant soi le roman, soit la poésie. Ainsi, la séquence pédagogique proposée ci-dessous
s’articule sur la nécessité d’assimiler des connaissances de théorie du texte ainsi que de la
critique au sein des élèves de lycée en classe de bilingue une. Il s’agit premièrement
d’aborder la réécriture du mythe littéraire de Robinson Crusoé en classe de FLE :

OBJECTIFS :
- Lire une œuvre intégrale
- Comprendre les relations entre les personnages du roman
- Étudier la structure du récit et le traitement du temps
- mettre en évidence les différences entre l’histoire réelle rapportée dans le fait divers et la
fiction pour faire réfléchir les élèves à la notion de réécriture.
- Analyser les valeurs des temps du récit
- Rappeler la différence entre métaphore et comparaison
- Réviser la morphologie du présent de l’indicatif

Activité no. 1 : vérification de la lecture de ces textes : pour cette première étape, les
élèves seront invités à trouver les réponses concernant la bonne compréhension de la
lecture : qui parle ? quelles sont les personnages ? où se déroulent les actions ? etc.
DATES EVENEMENTS
Naissance d’Alexandre SelKirk
Embarquement sur le Cinq ports
Abandon sur l’île de Mas a Tierra
Arrivée du Duke

Activité no 2 : analyser les deux textes en faisant des comparaisons


a. Voici l’incipit de Robinson Crusoé, de Daniel Defoe :

«  En 1632, je naquis à York, d'une bonne famille, mais qui n'était point de ce pays. Mon
père, originaire de Brême, établi premièrement à Hull, après avoir acquis de l'aisance et
s'être retiré du commerce, était venu résider à York, où il s'était allié, par ma mère, à la
famille Robinson, une des meilleures de la province. C'est à cette alliance que je devais mon
double nom de Robinson-Kreutznaer ; mais, aujourd'hui, par une corruption de mots assez
commune en Angleterre, on nous nomme, nous nous nommons et signons Crusoé. C'est ainsi
que mes compagnons m'ont toujours appelé ».

Exercices proposés pour l’analyse des textes :

1. Comparez les deux textes. Qu’est-ce que vous observez au niveau de la structure narrative
?
2. Quelles sont les différences entre les personnages ?
3. Complétez le tableau pour faire la synthèse entre les deux œuvres.

Sujet Robinson Crusoé Vendredi, ou les limbes du


Pacifiques
Nom

Origine (pays, ville)

Date de l’histoire

Destination du bateau

La description du
personnage

Devoir : - Écrire un nouvel épisode de Robinson Crusoé.

PARTIE B :
Analyse narratologique des extraits littéraires :

Les extraits font partie du roman Madame Bovary de Gustave Flaubert. Ainsi, dans la
plupart du roman, le narrateur s’identifie facilement avec le personnage et devient narrateur
homodiégétique. Du point de vue de la structure narrative, il s’agit d’un narrateur
extradiégétique. La narration homodiégétique suppose l’accent mis sur les pensées des
personnages. La voix diégétique se retrouve sur le même point focal au moment de la scène
de la casquette de son époux Charles Bovary. Et c’est ainsi qu’on décrit un personnage doté
d’une autonomie narrative, donc d’une narration focalisée sur le personnage. En même
temps, il faut souligner la focalisation multiple, à voir le changement des points de vue :
l’alternance de Madame Bovary à Charles Bovary. Le narrateur est omniscient et devient un
témoigne de la diégèse.

«  Il se leva ; sa casquette tomba. Toute la classe se mit à rire. Il se baissa pour la reprendre.
Un voisin la fit tomber d’un coup de coude, il la ramassa encore 9 une fois. – Débarrassez-
vous donc de votre casque, dit le professeur, qui était un homme d’esprit. Il y eut un rire
éclatant des écoliers qui décontenança le pauvre garçon, si bien qu’il ne savait s’il fallait
garder sa casquette à la main, la laisser par terre ou la mettre sur sa tête. Il se rassit et la
posa sur ses genoux. […] Son père, M. Charles-Denis-Bartholomé Bovary, ancien aide-
chirurgien-major, compromis, vers 1812, dans des affaires de conscription, et forcé, vers
cette époque, de quitter le service, avait alors profité de ses avantages personnels pour saisir
au passage une dot de soixante mille francs, qui s’offrait en la fille d’un marchand bonnetier,
devenue amoureuse de sa tournure »

Concernant l’analyse des procédés littéraire dans un texte romanesque, Gerard Genette
propose trois types de focalisation en fonction desquels on établit le niveau de la perception
du lecteur. L’écrivain devient celui qui sait tout visant les actions ou les sentiments de ses
personnages et ainsi on envisage la focalisation 0 ou neutre, narrateur extradiégétique :

«  Resté dans l’angle, derrière la porte, si bien qu’on l’apercevait à peine, le nouveau était un
gars de la campagne, d’une quinzaine d’années environ, et plus haut de taille qu’aucun de
nous tous. ».
Gustave Flaubert, Madame Bovary
Si l’écrivain sait autant qu’un personnage et raconte l’histoire au regard du celui-ci, on
parle d’une focalisation interne et subjective. On observe généralement l’utilisation de la
première personne dans le récit ce qui donne le caractère subjectif à l’histoire.

«  Nous étions à l’étude, quand le proviseur entra, suivi d’un nouveau habillé en
bourgeois et d’un garçon de classe qui portait un grand pupitre. Ceux qui dormaient se
réveillèrent, et chacun se leva comme surpris dans son travail. » - l’écrivain paraît être l’un
des écoliers
Gustave Flaubert, Madame Bovary

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