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Sandu Mihăiță-Bogdan

Études francophones - I ère année

Thèmes et innovations dans l’espace théâtral.


Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce ou la nouvelle parabole du fils prodigue ?
« Au commencement était la Parole, et la
Parole était avec Dieu, et la Parole était
Dieu ».
(Évangile selon Jean, ch.1-
1)
Un individu reste incapable de communiquer au moment où il refuse entendre les
autres. Qui est coupable ? 

Un individu qui refuse entendre les autres rejette la valeur de la relation.

Quel est le but de la relation ?

Une relation est un contrat social dont l’individu choisis de l’accepter ou de l’annuler.

Quelle utopie, alors, la vie !

L’errance et le véhicule pour la rupture et le conflit au sein de la famille. Et c’est à cet


égard que l’utilisation de la répétiton renvoie au passé et au retour mais aussi à une
actualisation des évènements qui peuvent réveiller dans la conscience du lecteur la surprise, la
complicité et la prévisibilité. Le processus de réitération est une forme d’insistence
dramaturgique qui s’articule vraiment sur le discurs narratif sur un point d’interférence et de
récupération en s’articulant sur le socle du passé et de la mémoire. Le protagoniste fait une
promesse au lecteur dès le début de son discours: il va raconter ou plutôt annoncer sa mort.
Les membres de la famille parlent et écoutent, cherchent et ils ne trouvent jamais soit les
reponses aux questions, soit la manière dont ils peuvent s’exprimer. Ils utilisent un discours
réflechi, replié sur eux-mêmes.

Qui est Louis ? Le protagoniste est un homme agé de 34 ans pour lequel le fait de
mourir est un fait certain, au de-là d’une illusion surtout, ainsi qu’il prend la décision de
visiter sa famille. Son retour a le but de « communiquer » sa mort ? Faire adieu aux ses
proches? La présence de Louis dans la maison de ses proches démontre surtout l’incapacité
d’établir une relation permanente et authentique ou un sincère contact humain entre les
membres. La famille semble n’avoir pas les outils pour briser le mur de la solitude et du
refuge. Rentré à la maison, il constate que personne ne l’écoute et assiste à la dissolution de
cette famille.

Le thème du retour du fils « prodigue » renvoie vraiment à une attestation de la famille


au sein de laquelle le protagoniste sent le besoin de se retourner et d’annoncer son avenir. Le
retour part d’un ressentiment et d’une impossibilité de communiquer avec eux antérieurement,
car au fil des année la relation s’est détériorée. En plus, on observe un type d’hostilité
amplifiée par la tonalité de la dérision qui pourrait provoquer en fait une bataille entre les
deux frères, Antoine et Louis. Bien évidemment, c’est vraiment Antoine qui essaie de
discréditer son frère Louis et provoquer une frustration à cause de son retour. Ainsi, le verbe
devient un instrument d’échange et d’articulation du conflit. Dans ce cas, le retour du fils
prodigue déclenche des hostilités et les rapports familiaux sont irrémédiablement compromets
afin que le protagoniste puisse récupérer le temps perdu. Chaque personnage vit dans un
espace clôt d’où sors seulement pour accuser l’autre ou pour montrer l’aveuglement au sens
camusien du terme.

Antoine regarde suspicieusement le retour de Louis ainsi qu’il essaie de l’accueillir


avec peu d’intérêt. La relation entre ces deux frères et le conflit plutôt qu’il s’installe
progressivement empêchent Louis de s’exprimer clairement devant sa famille. Le retour de
Louis a généralement des similarités avec la parabole religieuse. Quoique différente – c’est où
le père dans la pièce ? – la parabole et la pièce s’articulent sur l’idée du départ et du retour
puisque Louis est parti de longtemps. Le départ est une action qui déstabilise la famille, qui la
rendre faible devant le temps, aliénée. Le retour a comme fonction principale mettre en
exergue la destruction de cette famille, une fausse acceptation du Louis qui n’est pas capable
de mener son projet à la fin à cause principalement - et paradoxalement ! - de la
communication.

Le traitement de son retour s’articule autour de cette isolation consciente du fils


« perdu » dès le moment de la décision de rompre avec la famille et partir au monde. La
parabole nous en offre le témoignage de ce fils retourné à son père :

« Père, j'ai péché envers le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d'être appelé ton fils.
Traite-moi comme un de tes ouvriers ».
Le refus de communiquer et la haine contre le frère Louis part vraiment de la
séparation issue du départ, le conflit s’amplifie progressivement entre ces deux frères ainsi
que ces deux ne réussissent pas à se reconnaitre d’où ce besoin de la part de la famille de faire
connaissance aux autres comme celui revenu était un vrai étranger comme celui de la
parabole :

« C'est ton frère qui est arrivé, et ton père a tué le veau gras parce qu'il l'a vu revenir en
bonne santé. Alors, il se mit en colère et il ne voulait pas entrer ».
Ainsi, l’absurde de la situation est mis en évidence par l’aspect visionnaire du texte et
l’expérience directe des personnages qui connaissent tout et rien en même temps : la nécessité
du retour de lui est un fait connu et attendu par les membres de la famille qui ne peuvent que
deviner ce moment quoique d’incertitude :

« Ils ont su que tu revenais et ils ont pensé qu’ ils pourraient
te parler,
un certain nombre de choses à te dire depuis longtemps et
la possibilité enfin ».
La Mère joue un rôle crucial dans la cohésion de cette famille matriarcale car on
observe ses capacités uniques d’interpréter la réalité. Ainsi, dans une famille matriarcale, la
Mère assume le rôle du père at reconnaît l’impossibilité des membres de parler à cause de
l’absence physique car « ils ne te connaissent pas, ou mal ». Une famille qui vit dans
l’imagination et dans la fantaisie du retour d’un membre absent établie une relation pourrie et
incompréhensible. Il y a toujours ce besoin apparent d’« expliquer » et de faire « connaître »
des réalités hétérogènes c’est-à-dire un ensemble de « non-dires », des variétés du « parler »
maladroit. La fantaisie de l’absence dissolue la relation entre les membres de la famille mais
aussi le temps duquel les membres de la famille disposent pour se « connaître » et la peur de
se perdre est encore dans la conscience de la mère :

« Ils auront peur du peu de temps que tu leur donnes,


du peu de temps que vous passerez ensemble ».
La phobie pour cette « peur » s’articule sur les limitation spatiales et temporales qui
supposent la séparation entre Louis et la famille et renforcent encore une fois le fait que
l’absence et un motif réel à cause duquel la famille est détruite et vit dans une erreur.
Recevoir de Louis dans tous ces années que des fleurs et « ces juste deux ou trois mots » ou
de « petits sourires » raisonne dans la conscience d’une mère qui aime Louis et pour lequel
souffre. Le souvenir de Louis est gardé dans le sourire qui paradoxalement « aura aggravé les
choses » entre la relation avec Antoine, par exemple, qui devra toujours parler de lui
silencieusement.
La volonté de partir est imprégnée dans la conscience des personnages qui tout
probablement aspirent à s’éloigner dans d’autres espaces pour échapper du quotidien, voire la
famille. Le besoin de se séparer s’articule soir sur une volonté personnelle ou sur l’héritage
familial : il est où le Père ? Est-ce qu’il est parti ? Personne ne parle de lui, il y a seulement les
réminiscences d’une mémoire incertaine dans la conscience de quelques personnages. Mais ce
voyage est conçu d’un côté comme un moment de liberté et de l’autre, comme « le même »
abandon qui se répète obsessivement et provoque le repli sur le soi. La soif de la liberté d’un
Antoine ou la volonté de partir de Suzanne préfigurent l’avenir de cette famille et la
séparation physique et morale qui produisent des effets au moment où Louis a pris la décision
du déracinement.

La huitième scène de cette pièce est tellement symbolique et une réflexion sur les
erreurs du passé mais aussi sur la compréhension des mécanismes de fonctionnement de la
relation entre les membres de la famille : la Mère essaie de donner une définition à cette
incompréhension qui survole sa famille, l’absence de son fils bien aimé et le pivot autour
duquel le « parler » et remplacé par le « taise ». La passivité de son fils « prodigue » est
envisagée dans le discours de la Mère qui explique intelligemment le désir d’une
compréhension :

« Qu’elle peut bouger et partir et revenir encore et que tu t’y


intéresse,
non que tu parasses t’y intéresser mais que tu t’y intéresses,
que tu t’en soucies »
La peur de l’avenir est une illusion issue de « la lâcheté », de l’abandon et de la
possibilité que le départ de Louis est en clair le motif de cette rupture qui provoque dans la
famille un désordre difficile à réparer. La Mère aspire toutefois que ces frères puissent gagner
du respect les uns aux autres, « se quereller » et se réconcilier au nom de la liaison sanguine.
La responsabilité de Louis sera le modèle pour celle d’Antoine et leur respect au nom de la
relation serait la manière unique de sortir de cette crise :

« Tu serais un peu responsable


Et ils deviendront à leur tour,
Ils en auraient le droit et pourraient en abuser ».
L’individu est celui coupable des vides dans une relation car le but d’un être social est
celui de communiquer, de transmettre aux autres sa propre vision sur le monde. L’abandon
provoque de la souffrance et l’éloignement devient difficile à accepter. On oublie et on se
demande : qui est tu  ? Suis-je celui du passé ou du présent ?

Je suis un étranger.

Schéma de l’arbre généalogique de la famille matriarcale :

La Mère

Suzanne Catherine
Louis
Antoine

la fille Louis

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