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THÉORIE LITTÉRAIRE :
DÉFINITIONS
0) INTRODUCTION :
Canon : Il s’agit de l’ensemble des références dans un domaine et les narrations
(généralement concordantes, parfois irréconciliables et conflictuelles) dans lesquelles ces
noms se trouvent intégrés. Il existe un nombre restreint d’histoires, de narrations canoniques
de la théorie littéraire dans lesquelles on retrouve ces noms.
Séries de poétique : Des théories de la création littéraire qui imputent une ou plusieurs
fonctions de la littérature (émouvoir, plaire, faire réfléchir etc). On les retrouve dans des
textes littéraires qui s’expriment implicitement ou explicitement sur des questions de
poétique, dans de la production littéraire, les études littéraires, la critique et les corpus
hétérogènes d’écrits politiques, sociologiques, économiques, historiques, philosophiques,
religieux, didactiques et bien d’autres.
L’herméneutique : C’est l’art d’interpréter. C’est une discipline philologique qui remonte à
l’exégèse (l’étude approfondie) des textes bibliques. Elle a pour objet l’étude minutieuse des
textes sacrés. C’est le Moyen Age qui renoua avec cette tradition qui s’étendit en influence,
mais surtout dans l’interprétation d’autres textes (philosophiques, légaux etc). L’impact de
cette tradition fut énorme en Allemagne, dont l’essor fut aux XVII ème siècle jusqu’à
maintenant.
Herméneutique romantique : Phénomène du 19ième siècle qui se caractérisait sur
l’importance de l’empathie (faculté de partager les sentiments et émotions d’autrui). Elle se
concentre sur l’auteur et le contexte dans lequel l’œuvre a été produite. Il s’agissait dans la
première tendance à expliquer un texte ou une œuvre en faisant un effort d’empathie pour
l’auteur au point d’en renouveler la genèse. La deuxième tendance est le fait de se déplacer
dans l’esprit de l’époque (Zeitgeist) qui a vu naitre l’œuvre. Sous l’impulsion de Dilthey, cette
deuxième tendance devint un courant dans les sciences humaines, la Geistesgeschichte.
Herméneutique phénoménologique : C’est le fait de tenir compte de l’historicité de l’auteur
de l’œuvre. Cette inspiration philosophique de ce nouvel avatar de l’herméneutique fut
l’œuvre « Wahrheid und Methode » de Heidegger et Gadamer.
Le positivisme : Courant philosophique qui apparut dans la moitié du 19 ième siècle qui
ambitionnait de tenir compte que de la connaissance fondée sur des données empiriques
« positives » et acquise selon une méthode scientifique. Les figures de proue de ce courant
furent Saint-Simon et Comte qui publia un « cours de philosophie positive ».Taine :
Représentant du positivisme littéraire, c’est un historien et philosophe français qui intégra les
idées du positivisme dans « Histoire de la littérature anglaise ».
1) LE FORMALISME RUSSE :
Le formalisme russe : Le formalisme russe a surtout comme but d’étudier les œuvres
littéraires d’une manière scientifique, tout en écartant les causes de celles-ci comme la vie de
l’auteur ou les évènements historiques de l’époques dans lesquelles elles ont été écrites. Le
formalisme met la forme du texte en avant. Cette préférence fut inspirée par les pratiques
avant-gardistes contemporaines. C’est grâce à des poètes comme Maïakovski et Khlebnikov
que la tendance à l’abstraction (surtout dans la production picturale) fut créée car ils ont donc
expérimenté le langage littéraire. Au fil du temps, les thèses formalistes se retrouvaient
toujours remplacées par de nouvelles et malgré le fait que cette manière de procéder ait été
polémique et expérimentale, elle était surtout très innovatrice et stimulante. Il n’empêchera
que l’objectif principal de formalisme restera toujours de moderniser et révolutionner le
champ de études littéraires.
retrouve également Grigori Vinokur et les linguistes de l’Opoïaz. Ils furent influencés par :
Les idées de De Saussure sur les lois et les structures « profondes » du langage.
La phénoménologie de Husserl.
La recherche sémiotique de Peirce.
Selon eux, la littérature est un phénomène de langage et il est possible de l’ étudier à l’aide de
techniques développées par la linguistique. Le cercle se base sur la distinction du langage
littéraire au langage quotidien. Ils avancèrent que le langage littéraire est autoréférentiel
(=qu’il attire l’attention sur sa propre forme) et il affaiblit la relation entre le signe
linguistique et son référent.
techniques développées par la linguistique. Les études littéraires se virent subordonnées à
! L’Opoïaz : Société d’étude du langage poétique fondée en 1916. Chklovski, Eikhenbaum,
Iakoubinsky, Brik, Tomachevski et Tynianov en font partie. Ses activités se situaient à
Petrograd. L’Opoïaz se composaient d’historiens de la littérature qui considéraient la
littérature comme un phénomène particulier. Ses membres sont pour la plupart des historiens
de la littérature, ils avancent que l’œuvre littéraire n’est pas un simple reflet de la réalité ni
l’effet d’une volonté de communication. Mais un phénomène particulier, spécifique. Son
objectif est dès lors la recherche scientifique de cette spécificité. Les études menées à cette fin
se concentrent sur la forme du texte.
! Les procédés : C’est l’objet de l’analyse formaliste qui est la forme, la fracture du texte.
Dans « L’art comme procédé », Chklovski définit le texte littéraire comme la somme de ses
procédés. Le formalisme ultérieur affine cette définition : le texte littéraire est un ensemble
fonctionnel, un système cohérent de procédés.
! Le mot poétique : étudié surtout par Jakobson, est hautement autonome, c-à-d indépendant
de la réalité extérieure (de toute forme d’expression ou de description). Cette autonomie, ce
caractère autoréférentiel constitue sa « poéticité ».
! La distinction fabula /sujet : la fabula : l’histoire, les événements présents dans le texte.
Le sujet : la façon dont ces événements y sont présentés, agencés. Narrer consiste à
transformer fabula en sujet. La littérarité réside dans l’ensemble des choix formels –
techniques et stylistiques – opérés à cette fin. La distinction fabula / sujet sera reprise dans la
narratologie.
! Fonction littéraire : l’étude de ces mêmes éléments formels dans leurs relations au système
littéraire contemporain (aux genres, écoles, courants, groupes, styles,... d’une époque).
L’identité même d’une œuvre dépend de ces relations.
! Fonction sociale : Les éléments du texte sont mis en rapport avec les faits sociaux de la
réalité extralittéraire.
Péché anachronique : Le fait d’appliquer des critères propres à système (en admettant que
chaque époque constitue un système particulier) pour juger les phénomènes d’un autre
système.
! Ustanovka : C’est l’ensemble des orientations et attitudes propres à une époque en question.
! Synfonction d’un élément : la relation d’un élément aux autres éléments de la même
œuvre.
! Autofonction d’un élément : la relation de cet élément aux systèmes littéraires et sociaux.
! Langage dialogique : C’est le fait que le langage s’éclate en une multitude de discours qui
eux-mêmes s’éclatent en interactions. Il est dialogique parce que les différents discours
réagissent à la multitude d’énoncés produits dans l’espace social, participant à un dialogue
idéologique perpétuel dans lequel chacun de ces discours visera à renforcer sa position. Le
langage littéraire est lui aussi dialogique car chaque texte littéraire formule une réponse à des
textes littéraires antérieurs.
! Hétéroglossie : Chaque société est caractérisée par une situation d’hétéroglossie, c’est-à-
dire, la coexistence (la plus souvent tendue) de plusieurs formes de langages.
! La polyphonie : C’est la présence de plusieurs « voix » idéologiques irréconciliables) d’une
société donnée parvient à s’y exprimer, sans qu’une seule des voix présentes dans le texte
(p.ex. celle du narrateur) ne finisse par s’imposer et réduise ainsi le dialogue (tendu, mais
ouvert et démocratique) à un monologue(autoritaire, tyrannique).
2) LE STRUCTURALISME :
! le signe : une unité symbiotique du signifiant (la forme, la séquence de phonèmes, le Sa) et
le signifié (le contenu, le sens, le Sé). La relation entre Signifiant et Signifié est arbitraire,
conventionnelle.
! La valeur : le sens du signe est le produit de sa différence avec d’autres signes. Elle est
préservée tant que cette différence est maintenue. Le langage est un système différentiel, sans
termes positifs. Dans le système linguistique, il n’y a que des différences.
! L’indice : Le signe est associé à ce dont il est le signe ( boutons signifiant la rougeole,
fumée signifiant feu).
! Le symbole : Le signe n’est que conventionnellement lié à son référent (les mots dans une
langue).
! Le code : Le système des règles gouvernant la combinaison des signes. Par exemple, la
grammaire.
! Un paradigme : Une classe entière de signes à l’intérieur de laquelle chaque signe est
différent de manière significative. Exemple : les verbes dans une langue naturelle.
Youri Lotman : avance une sémiotique de la culture, conçoit la littérature comme une
corrélation fonctionnelle de différents systèmes de signes. Entreprend l’étude de sujets très
variés (la poétique, le cinéma, la mythologie, les dessins animés, les jeux de cartes).
! Une langue secondaire : les langues complexes construites à partir des langues naturelles.
Par exemple : la langue de l’art. La littérature est une langue secondaire car la structure d’un
texte littéraire est porteuse d’information. Il est impossible de le paraphraser sans perte
d’information, une modification de sa structure comporte une modification de l’information
transmise.
! L’information, c’est la beauté : La poésie est riche en signes qui ne servent pas en premier
lieu à faciliter la compréhension et à écarter les « bruits » qui nuisent à la communication,
mais plutôt à produire un ensemble plus riche en messages que toute autre forme de langage.
Un poème est mauvais lorsqu’il ne transmet pas assez d’information – car, comme le dit
Lotman, « l’information, c’est la beauté ».
! La narratologie : Discipline voyant le jour en France dans les années 60-70, elle a été
élaborée dans le contexte des recherches structuralistes entreprises par Greimas, Todorov,
Barthes, Bremond, Genette. C’est la science du récit. Parmi les ouvrages qui ont joué un rôle
pionnier dans la genèse de la narratologie, on peut citer : le numéro 8 de la revue
Communications, les collaborateurs à ce numéro furent Barthes, Genette, Todorov, Greimas,
Bremond et le sémioticien italien Umberto Eco. Greimas avec Sémantique structurale du sens
(1966). Essais sémiotiques (1970) ainsi que Maupassant, la sémiotique du texte (1976).
Gérard Genette, Figures I-III (1966-1972), dont le troisième tome contient l’étude cruciale «
Discours du récit »; Bremond avec Logique du récit (1973), Poétique du récit (1977) un
ouvrage collectif auquel collaborèrent entre autres Roland Barthes et Philippe Hamon. La
narratologie n’est pas à confondre avec l’étude structuraliste du récit. Elle se penche sur des
problèmes plus concret et pratiques de l’analyse. La narratologie est vitale et répandue
internationalement. Elle est utilisée en tant que discipline auxiliaire des plusieurs autres
disciplines. Mais la narratologie devient moins centrale et dynamique.
! Un mythème : Tout mythe est une combinaison de mythèmes (unités minimales), faites
selon des règles grammaticales. Les mythes ne sont pas des créations originales. Ils se pensent
à travers les individus, ce sont des produits de mécanismes symboliques.
Mythe : Claude Lévi-Strauss a consacré ses études aux mythes (récits et forme de langage
reposant sur des thèses, des structures universelles constantes). Il les a analysées en les
réduisant en unités minimales, des mythèmes. Chaque mythe est une combinaison de
mythème en suivant des règles, la grammaire des mythes. Les mythes ne sont jamais des
créations originales. C’est une combinaison d’unités existant déjà. Ils ont une existence
collective transindividuelles. Ils se pensent à travers les individus.
! Un sème : une unité sémantique minimale, le résultat d’une opposition. Ils permettent de
construire des lexèmes, des mots.
Analyse structurale d’un récit : Inventorier tous les sèmes dans un texte, identifier les
isotopies (ensemble récurrents de sèmes). Cette identification est basée sur une décision
interprétative et des critères scientifiques (procédure universelle et nécessaire). L’analyse est
culturellement contingente, cela dépend de la personnalité du chercheur/lecteur. Tout cela
mène à l’interprétation du texte. Pour analyser des textes narratifs, il faut donc utiliser le
modèle actantiel.
! Un actant : Ce n’est pas un personnage, c’est une unité structurelle, fonctionnelle :
l’instance (le personnage, l’objet, la notion…) qui exécute une action. Il s’agit d’une unité
structurale, un actant exécute ou subit une action. Il est déterminé en fonction du rôle qu’il
joue dans le récit. Il y a 6 types d’actant qui sont présent dans tous les récits : le sujet, l’objet,
le destinateur, le destinataire, l’adjuvant et l’opposant.
D’après Greimas, les relations entre les actants sont identiques dans tous les récits :
- Sujet – Objet : désir
- Destinateur – destinataire : communication (le destinateur charge le sujet d’acquérir un
objet pour le remettre au destinataire)
- Adjuvant – opposant : pouvoir (l’adjuvant aide le sujet à acquérir l’objet, l’opposant
veut le contrecarrer).
! Introduction à l’analyse structurale des récits : parut d’abord dans le célèbre numéro 8
de Communications (1966) et fut postérieurement intégré à l’ouvrage collectif Poétique du
récit (1977). Comme la plupart des structuralistes, Barthes exprime ici l’opinion que la
linguistique saussurienne doit être prise comme modèle de la sémiotique en général et de
l’étude du récit en particulier: « le plus raisonnable est de postuler un rapport homologique
entre la phrase et le discours, dans la mesure où une même organisation formelle règle tous les
systèmes sémiotiques ».
! Modèle actantiel : il s’agit d’une approche typiquement structuraliste qui réduit le récit à
ses unités minimales (chaque récit est une séquence de quatre phases, organisée autour de six
actants) et s’intéresse uniquement à la structure profonde, sous-jacente à tous les récits
concevables (cf. le penchant structuraliste pour l’abstraction, l’universalité).
Barthes préconise une analyse à plusieurs niveaux, liés entre eux par des rapports
hiérarchiques et dans laquelle il faut : décrire les éléments des différents niveaux et décrire les
relations distributionnelles (se situant sur un même niveau) ou intégratives (passant d’un
niveau à l’autre).
! Niveau des actions : concerne les « agents » (Barthes reprend ici les idées avancées par
Bremond, Todorov et Greimas).
! des fictions carnavalesques : visent à ébranler tout système scientifique et/ou théorique,
ainsi que ses prétentions à l’objectivité et à la neutralité, et à démasquer la nature idéologique
de toute forme de discours.
! Intertextualité : La présence effective d’un texte dans un autre texte. Cela peut être une
citation (explicite et littérale), plagiat (présence inavouée et littérale), l’allusion (la présence
est inavouée et moins littérale ex : paraphrase). L’attention pour l’intertextualité va de pair
avec la popularité des pratiques intertextuelles dans la littérature « ludique » et
postmoderniste.
! Hypertextualité : quand un texte est dérivé d’un autre texte, présupposant qu’une opération
de transformation ait lieu. Un matériau peut se transformer : l’imitation, transposition,
parodie, pastiche, travestissement, la charge (imitation caricaturale). Tous les textes sont des
hypertextes, l’hypertextualité a un aspect universel de la littérature, mais certains textes sont
plus hypertextuels que d’autres.
Selon T.S. Eliot, le poème doit fonctionner idéalement comme un ! « corrélat objectif »
(corrélat objectif = ensemble d’objets, situation, chaine d’évènement qui représentent
une certaine émotion que le lecteur peut ressentir et interpréter) = un artefact linguistique
capable de produire sur le lecteur les effets correspondants aux sensations originales du poète.
L’émotion est immédiatement suscitée par l’organisation formelle du langage. Ce poème
n’exprimerait donc pas les émotions et la personnalité de l’auteur.
! Tradition and the Individual Talent (1919) : une œuvre littéraire n’existe que dans la
Tradition tout comme l’Individu ne peut trouver le sens de son existence que dans un ordre
impersonnel.
! Lecture méthodique (close reading) : Il s’agit d’une interprétation analytique détaillée, qui
appelle une attention rigoureuse aux « mots sur la page » et aux éléments constitutifs d’un
texte plutôt qu’aux contextes qui ont les produits ou qui les entourent . Tout texte peut être
compris isolément. Cette approche trouve son aboutissement dans le New Criticism. William
Epson est l’inventeur du « close reading », qui se focalise d’abord sur les mots individuels
d’un texte et explore leur signification, qui est ensuite mis en relation avec celui d’autres mots
du texte. Le critique peut ensuite interpréter le texte. Cette méthode ignore l’auteur, le lecteur
et le contexte.
! Fallacy of communication : Les New Critics refusaient de paraphraser l’œuvre littéraire (la
simplifier et la raccourcir) car cela constituait une erreur grave, la « fallacy of
communication ». Elle est dénoncée dans l’essai de Cleanth Brooks « The Heresy of
Paraphrase ».
! The Intentional Fallacy : C’est un essai de Wimsatt et Beardsley (New Critics). Ils y
dénoncent l’illusion qu’il est indispensable, afin de pouvoir interpréter une œuvre littéraire, de
connaitre la biographie et la psychologie de son auteur, la genèse de ses textes et surtout les
intentions qui en étaient à la base. La genèse de ses textes est un processus immanent du
langage. Cf. poètes et artistes modernistes du 20 ième siècle : le poème naissant s’écrit
partiellement de lui-même et donc indépendamment de leur intention. Ils découvrent le poème
dans le travail « expérimental » soutenu avec le matériau langagier. Les intentions de l’auteur
n’ont aucune pertinence pour l’interprétation du texte.
! The Theory of Literature (1949) : Cet ouvrage est le produit d’une rencontre entre la
tradition formaliste et structuraliste et le New Criticism, qui prend la forme d’une
collaboration entre les théoriciens Wellek et Warren. L’ouvrage parle de la nature, la fonction,
la forme et le contenu de la littérature. Il devient une véritable étape dans le développement de
la théorie littéraire en Occident et sera souvent employé comme un manuel et contribue
largement à l’institutionnalisation de la théorie littéraire en tant que discipline autonome,
indépendante de la philologie et de la littérature comparée.
4) THEORIE DE LA RECEPTION
! Roman dialogique : Mikhaïl Bakhtine et son concept du roman dialogique. L’auteur y cède
sa place aux voix qui s’expriment dans sa fiction, sans qu’aucun point de vue ne soit
privilégié. Pour que ces différentes voix soient « ramenées à la vie », il faut que la voix du
lecteur vienne s’y greffer à la lecture.
! Horizon d’attente : Afin de lire et étudier un texte littéraire, il faut établir son horizon
d’attente (Erwartungshorizon), c.-à-d. l’ensemble des connaissances, des normes, des valeurs
et des attentes existant auprès d’un public utilisé pour émettre un jugement par rapport à une
œuvre. Il y a un écart entre le texte et l’horizon d’attente : l’écart esthétique. Un texte
relativement distant par rapport à l’horizon d’attente sera généralement apprécié comme
éminemment littéraire. Cette appréciation est rarement d’emblée : les réactions sont souvent
hostiles. La disparition de ces réactions signalent l’établissement d’un nouvel horizon
d’attente. L’horizon d’attente est le produit d’une évolution historique et donc en état de
réorganisation permanente, une même œuvre sera comprise et évaluée de façon différente à
plusieurs époques consécutives.
! Ecart esthétique : Il s’agit du décalage entre le texte littéraire et l’horizon d’attente. Un
texte relativement distant par rapport à l’horizon d’attente (qui propose au lecteur d’autres au
lecteur d’autres normes) est appréciée comme étant éminemment « littéraire »/ « artistique » -
> Etablissement d’un nouvel horizon d’attente, qui choque en premier lieu, avant de devenir
une nouvelle norme littéraire. Jauss prend par la suite ses distances avec l’écart esthétique
qu’il trouve trop partial ; une texte ne peut être autonomiste mais cependant procurer du
plaisir au grand public.
! Lecteur implicite : Il s’agit du rôle du lecteur virtuel sollicité par le texte même. Le lecteur
réagit au parcours que l’œuvre lui impose. C’est le modèle du rôle que le texte veut que le
lecteur joue dans le processus de la communication littéraire. L’œuvre organise et dirige la
lecture. Une des tâches du chercheur littéraire est de repérer le lecteur implicite inscrit dans
le(s) texte(s) qu’il étudie.
5) LE POSTSTRUCTURALISME
Post-structuralisme : réaction critique contre le structuralisme élaboré en France dans les
années 60 et se concentre sur la philosophie, psychanalyse et théories littéraires et culturelles.
Derrida, Deleuze, Lyotard, Foucault, Lacan, Barthes et Kristeva en sont les figures de proue.
Derrida est le « père » du post-structuralisme, se produit sur la scène théorique en tant que
critique du structuralisme avec des œuvres critiques contre la psychanalyse, le structuralisme
ainsi que plusieurs travaux de philosophes occidentaux (Husserl, Heidegger, Nietzsche). Il a
plusieurs textes fondateurs (« structure, signe et les jeu des discours des sciences humaines »,
« de la grammatologie », « l’écriture et la différence ») et Barthes (« La mort de l’auteur »).
Aux USA, à partir de la fin des années 60, Derrida exerce une influence profonde sur les
études littéraires. La réception américaine jette ses fondements sur une école : Yale critics
(centre principal de déconstructionnisme) avec De Man, Hartman, Miller, Bloom. Les centres
de déconstructionnisme : Les universités de Yale, Johns Hopkins, California Irvine. Les effets
du post-structuralisme a transformé plusieurs disciplines des sciences humaines et à jeté la ase
de la création d’autres (ex : Cultural Studies) et dans les années 1980 : donne cours à des
débats. L’influence du déconstructionnisme américain reste limté au domaine anglophone et à
quelques pays européens, très influent dans les années 1980, malgré une opposition farouche
(polémique autour du nazisme de Heidegger et la collaboration culturelle de De Man). Le
déconstructionnisme décline dans les années 90 et son accueil francophone a toujours été
réservé, limité. Le post-structuralisme est souvent associé au post-modernisme littéraire.
! Le sens n’est jamais présent dans le signe (Derrida) : La seule « partie » du signe dont la
présence nous est donnée est le signifiant – que l’on peut identifier au signe-même. Le post-
structuralisme sépare le signifiant du signifié. Le signifiant est un supplément, absolument
indispensable pour qu’il ait du sens -> C’est le signifiant qui instaure la signification.
! Différance : La signification n’est jamais présente que comme absence et est un produit de
la différance, qui caractérise tout énoncé elle peut être décrite comme une promesse dont la
réalisation est différée indéfiniment, elle est toujours à venir.
! Itérabilité (Derrida) : Tandis que le signifiant reste identique, le sens auquel il renvoie ne
cesse de se modifier. Le signifiant ne peut en principe être réitéré (répété, reproduit)
éternellement. Mais chaque réitération se fait à l’intérieur d’une nouvelle constellation de
signifiant. Leur contexte se modifie continuellement. Exemple : Un texte a toujours le même
signifiant mais son signifié est instable car le texte est interprété différemment en fonction de
l’époque, du lecteur etc.
! Métaphysique de la présence : Illusion que le sens puisse être présent directement (sans
médiation par le signifiant) et est instaurée par l’apparition du supplément qui nous promet la
présence du sens qui ne sera jamais tenue, mais qui nous incite coup sur coup à chasser cette
présence annoncée par le signifiant. C’est donc une illusion de croire que nous obtiendrons la
présence directe du sens (du signifié, du contenu) en enlevant le supplément (le signifiant, la
forme). Sans supplément, le sens n’existe même pas comme promesse.
Derrida critique également !le logocentrisme : la croyance en un dernier mot, une vérité
ultime, un signifiant transcendantal, qui donnerait un sens univoque (signifié transcendental) à
tous les autres signifiant.
Une métaphysique : un système de pensée qui dépend d’une fondation censée être
incontestable
! Déconstruction : C’est l’opposition théorique qui permet d’au moins partiellement annuler
les oppositions binaires. (Ex : La femme est un non-homme, valeur négative assignée par
rapport au principe premier mâle. L’homme a besoin de la femme pour être défini.). La
déconstruction a montré que les oppositions binaires qu’utilisent le structuralisme classique
sont caractéristiques des idéologies. La déconstruction remet en question ces oppositions
idéologiques.
Le déconstructionnisme : Paul de Man en est la figure de proue. C’est une école qui se base
sur l’idée derridienne que le langage n’est jamais univoque, et développe une méthode de
lecture qui vise à révéler que l’univocité espérée n’est qu’une illusion. La plupart des New
Critics avaient déjà mis l’accent sur l’ambiguïté fondamentale du langage littéraire. La
critique déconstructionniste prend comme point de départ un élément à première vue marginal
(extrait du texte) qu’il utilise comme levier d’une lecture qui disloque le message
proclamé/interprétation du texte. Le déconstructionnisme vise à déstabiliser les
présuppositions métaphysiques et les hiérarchies traditionnelles qui sont ancrées dans le texte.
Le résultat d’une lecture déconstructionniste est le renouveau perpétuel de l’expérience du
critique, qui va au-delà des cadres interprétatifs établis et en révèle la « cécité » (blindness)
pour la remplacer par une nouvelle « vue/vision » (insight), qui se fonde elle-même sur une
nouvelle forme de cécité qui pourra à son tour être déconstruite.
Les leçons à tirer du déconstructionnisme sont notamment qu’il n’existe pas d’interprétation
correcte, dictée par l’auteur ou le texte lui-même et qu’il est impossible de développer une
méthode littéraire « scientifique » en cherchant à mettre au point une méthode pour « lire
correctement ». Le structuralisme estimait que le sens d’un texte était retenu par les catégories
de sa structure. D’après Derrida, il est impossible de fixer le sens de ce qu’il appelle écriture,
puisque le sens flotte et glisse sans cesse, ce qu’il appelle la dissémination (=dérive d’un
message de sa destination originelle). Un signifiant peut produire toute une série de
significations. La dissémination caractérise tout écrit.
Doxa : Ce sont les ensembles d’idées reçues d’une société. Barthes s’était mis à écrire des
fictions carnavalesques qui parodiait les langages de plusieurs systèmes scientifiques
modernes pour s’efforcer de démontrer les impossibilités d’une représentation homogène et
systématique du monde. Cette technique était également utilisée contre la doxa.
Le plaisir du texte : C’est un essai de Barthes où il dénonce toute théorie et idéologie, tout
sens déterminé et tout engagement social. L’écriture est la seule enclave dans laquelle on peut
jouer et savourer la somptuosité du signifiant. Barthes aborde problématique du sujet : la
notion de sujet autonome et transparent n’est qu’une illusion créée par le discours
idéologique. Cette illusion est renforcée par ce qu’il appelle les textes de jouissances qui
contrecarrent l’identification avec le discours idéologique en offrant un contre-discours
fragmentaire et hybride. Ils visent à saper la souveraineté d’un sujet idéologique. Ils effacent
tous les points de référence du sujet et forcent le lecteur à se réécrire. Cette activité lui procure
un plaisir ambivalent et presque morbide, que Barthes appelle jouissance.
Désir : Par « désir », Lacan entend un mouvement potentiellement sans fin d’un signifiant
vers un autre. Tout désir surgit d’un manque qu’il tente de combler. Le langage humain
fonctionne par le biais de ce manque : l’absence de l’objet réel que le signe désigne, le fait
que les mots ont un sens grâce à l’exclusion d’autres mots. Entrer dans le langage, c’est
devenir la proie du désir : le langage, dit Lacan, est ce qui « creuse le désir ». Le langage
divise la plénitude de l’imaginaire.
Le réel : Entrer dans le langage, c’est en outre se séparer de ce que Lacan appelle le « réel »,
ce domaine hors d’atteinte de la signification et à l’extérieure l’ordre symbolique. Nous
devons nous contenter d’un objet substitutif (ce que Lacan appelle « l’objet petit a »), avec
lequel nous cherchons vainement à combler le vide qui estau centre de notre être en tant que
sujet. Cet objet constituera le point focal de nos désirs et jouera dès lors un rôle essentiel dans
le fonctionnement de notre subjectivité. Dès que le sujet réalise que son objet petit a est
incapable de lui rendre la complétude connue dans l’imaginaire, cet objet sera remplacé par
un autre objet, dans un mouvement métonymique en principe interminable.
Sujet de l’énoncé : Le je est un point de référence intelligible et stable qui dément les
profondeurs ténébreuses du je qui prononce (sujet de l’énonciation). L’unité que ces deux
sujets semblent réaliser relève de l’ordre imaginaire. Le « sujet de l’énonciation » ne peut
jamais se représenter pleinement dans le langage par un pronom adéquat : il passera toujours
au travers du filet du langage.
Canon: Il s’agit de
l’ensemble des références
dans un domaine et
noms se trouvent intégrés.
Il existe un nombre
restreint d’histoires, de
narrations
canoniques de la théorie
littéraire dans lesquelles on
retrouve ces noms.
Concepts qui viennent souvent aux examens :
le lecteur implicite
la norme esthétique
itérabilité
hétérodiégétique
la « fabula »
le texte de jouissance
« the Intentional fallacy»
le tournant langagier
le cercle herméneutique
polysémie
un « corrélat objectif »
Opoïaz
CLM
la littérarité
le stade du miroir
l'écart esthétique
un lexème
Ostranenye
un interprétant
« Leerstellen »
une narration à focalisation externe
une fonction (propp)
la métaphysique de la présence
un artefact / un objet esthétique
l’horizon d’attente
le sujet de l’énoncé
the Intentional fallacy
synfonction / autofonction
blindness / insight
sémiotique vs sémiologie
actant
ustanovska
langues secondaire
parole et langue de Saussure
mythème
scrutiny
prolespe analepse
doxa
Canon: Il s’agit de
l’ensemble des références
dans un domaine et les
narratio