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Théorielittéraire:introduction(UniversitédeLiège)
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Chapitre0:Introduction
1. Un canon
Un canon est l’ensemble des noms propres dans un domaines, et les narrations qui les incorporent. Ce
sontlesnomsprestigieuxd’undomaineetleshistoiresquilesentourent.Un canon est à prendre avec des
pincettes, car il contient toujours un événement fictionnel et narratif et résulte d’une série de choix
faite par des êtres humains. Cependant, il fait également référence à des événements réels, comme des
publications, des débats, etc.
2. Lemodèledelacommunicationverbale
Le modèle de la communication verbale est un schéma fait par Roman Jakobson. Ce modèle décrit
comment l’auteur envoie un message, le texte littéraire, à un destinateur, le lecteur. Il met en avant
quatre grandes tendances de la théorie littéraire : la production, la réception, les conditions et le texte
dans son autonomie, c’est-à-dire le texte en lui-même. C’est tendances dépendent des aspects étudiés :
letexte,l’auteur,lelecteuroulecontexte. Elles domine la théorie littéraire pour une bonne partie du XXe
siècle. Selon Jakobson, un texte est littéraire lorsque la fonction poétique, le message dans son
schéma, y est dominante.
3. Unepoétique
Une poétique est une sorte de théorie par rapport à la nature et la fonction delalittérature.
Cettetradition date de l’Antiquité, il existe donc ancienne et vaste variété de textes poétiques formulés
dans différentesformesdetexteslittéraires.Unepoétiqueapourrôlede répondre à la question “Qu’est-ce
que la littérature peut m’apporter ?”, etpréfèrepourcette raison les
textesnovateurs.Elleestgénéralementimplicite,intuitiveetsituéehistoriquement et culturellement. Elle
ne se veut pas scientifique contrairement à une théorie littéraire, cependant elle influence les théories
littéraires.
4. L’herméneutique
L’herméneutique, ou l’art d’interpréter, est une discipline qui prend racine dans l’étude approfondie
de la Bible. Elle reprend vie au Moyen Âge lorsqu’elle est appliquée à destextes non-religieux et
exerce ensuite un grand impact en Allemagne. On distingue deux types d’herméneutique : la
romantique et la phénoménologique. L’herméneutique romantique, du XIXe siècle, attache une
importance particulière à l’empathie et se focalise sur l’étude de l’auteur et du contexte. Quand elle se
focalise sur l’auteur, elle se déplace dans son esprit et tente de s’identifier à lui. Quand elle se
focaliser sur le contexte, elle se déplace dans le Zeitgeist, le contexte dans lequel le texte a été écrit.
L’herméneutique phénoménologique, au XXe siècle, tient compte de l’historicité de l’interprète. Son
grand inspirateur philosophique est Heidegger, et sa figure de proue est Gadamer.
La philologie romantique est active aux XVIIIe et XIXe siècle, l’époque des nationalismes européens.
Cette idéologie motive un intérêt croissant pour les composantes de l’identité nationale, comme la
langue et lalittérature.C’estcequiexpliquel’essordelaphilologie,car c’est l’étude d’une langue nationale
et desalittérature.Parcontre,ellen’estpasconsidérée comme scientifique, car elle provient d’une
idéologie. Cependant, elle contribue à l’institutionnalisation et à la valorisation des études littéraires
et, à partir de 1800, des orientations philologiques sont créées dans des universités.
6. Lageistesgeschichte
La geistesgeschichte est un courant allemand qui prend place en réaction contre le positivisme. Il
considère la littérature comme l’expression de l’esprit, de la Zeitgeist. Un écrivain talentueux
réussirait à capter etsynthétisercetespritetàexprimerenmêmetemps une valeur universelle. La figure
centrale de ce courant est Wilhelm Dilthey, un théoricien d’inspiration herméneutique. Sa méthode se
base sur uneprojectionempathiqueetintuitive dans le passé afin de saisir l’esprit de cette époque. Elle a
pour but de comprendre plutôt que d’expliquer.
Chapitre1:Leformalismerusse
7. Leformalismerusse
Le formalisme russe est un courant élaboré en Russie au XXe siècle par deux centres principaux. Le
premier est le Cercle linguistique de Moscou (1915) donc la figure centraleest Roman Jakobson.
Ce groupe se base sur la distinction entre langage littéraire et quotidien, avec un souci de scientificité.
Lesecondcentreduformalismerusseestl’Opoïaz,
unesociétéd’étudedulangagepoétiquefondéeen1916àPétrograd,l’actuel Saint-Pétersbourg. Pour
cegroupequirechercheégalementlascientificité,l’oeuvrelittéraire n’est pas un simple reflet de la réalité.
Les formalistes russes préfèrent les textes narratifs antiréalistes et parodiques. De plus, ils ne tiennent
pas compte de l’auteur, ni du lecteurou du contexte, mais ils se concentrent sur la forme du texte
comme un objet individuel.
8. LeCerclelinguistiquedeMoscou
Le Cercle linguistique de Moscou est un des deux centres du formalisme russe. Il a été fondé en
1915 sous inspiration de la linguistique, mais il a aussi été influencé par la linguistique structuraliste
de Saussure, la phénoménologie d’Husserl et la sémiotique de Peirce. Sa figure centrale, Roman
Jakobson, est animé par un souci de scientificité, qu’il partage avec les positivistes. Cependant, le
Cercle linguistique de Moscou rejette la conception positiviste selon laquelle l’oeuvre littéraire est
produit de causes extérieures.Pour les membres du Cercle, la littérature est surtout un phénomène de
langage, et ils se basent sur la distinction entre langage littéraire et quotidien.
10. Le positivisme
Le positivisme est un courant de pensée marqué par un souci de scientificité, car il se sert d’un
modèle descientificitéempruntéauxsciencesexactes.SescréateurssontSaint-Simon et Auguste Comte.
Ce courant est aussi une cause du formalisme russe, car ce dernier en est une réaction. Selon le
positivisme, l’oeuvre est leproduitdecausesextérieures,comme des événements historiques,
psychologiques ou sociologiques de la vie de l’auteur. Les positivistes portent ainsi une attention
exagérée pour la biographie et la personnalité de l’auteur. Leur méthode consiste en une observation
des caractéristiques empiriques de l’objet étudié, pour ensuite établir des relations causales entre elles.
Le positivisme conçoit ainsi l’histoire en termes de causalité
dontlescausespourraientêtretrouvéesendehorsde la littérature. C’est la première tentative de fonder
une science de la littérature.
11. RomanJakobson
Roman Jakobson est né en 1896 et mort en 1982. Entre 1915 et 1920, il vit à Moscou. Il y devient la
figure centrale du Cercle linguistique de Moscou, au sein duquel il partage un souci de scientificité
avec les positivistes, mais pas leur attention exagérée à la biographie de l’auteur. Il s’exile ensuite à
Prague jusqu’en 1939, où il fonde le Cercle linguistique de Prague, mais bientôt, étant juif, il doit
fuir pour éviter lesnazis.IlseretrouveauxÉtats-Unis de 1941 à 1967, où il sera le maître de Chomsky et
de Lévi-Strauss etenseigneradansde grandes universités. Il est linguiste mais également spécialiste de
la poésie. Il est aussi le créateur du modèle de la communication qui, appliqué à la littérature, décrit
comment l’auteur envoie un message, le texte littéraire, à un destinateur, le lecteur.
12. La défamiliarisation
La défamiliarisation est un concept venant de Chklovski qui remet en cause les relations signe-
référent habituelles endéformantlesmoyenslangagiershabituels.Elleromptainsiles clichés
etconventionsdulangagequotidienetdelalittératureantérieure.Decefait,ellemet l’accent sur l’innovation
du langage et de la littérature.L’importanceaccordéeparChklovski
àladéfamiliarisationestunnouvelindicedelacomplicitéduformalismeavecles avant-gardes. Cependant,
c’est un concept ambigu : il peut porter autant sur la perceptionde la réalité et du monde extérieur,
dans laquelle la défamiliarisation est une question référentielle, que sur les moyens langagiers, dans
laquelle elle devient une question imminente au langage et à la littérature.
14. La littérarité
La littérarité est la qualité littéraire d’un texte. Selon Jakobson par exemple, un texte est littéraire
lorsque la fonction poétique, le message dans son schéma de la communication verbale, y est
dominante. De plus, il dit aussi qu’un texte est littéraire lorsqu’il est autoréférentiel, c’est-à-dire que
le langage y est gouverné par des lois immanentes, et non par des lois de
lacommunication.Lalittéraritédépendparexemple,danslaprosenarrative, de la mise en forme de la
matière et des effets qu’elle produit. Elle réside dans l’ensemble des choix formels, c’est-à-dire
techniques et stylistiques, faits pour la narration. Selon la sémiotique russe, elle est une qualité
inhérentequidépendducontextesocialainsiquedes attentes du lecteur.
15. VladimirPropp
Vladimir Propp est un linguiste-folkloriste dont les recherches ont porté sur les contes fantastiques
russes traditionnels. Un de ses ouvrages importants pour ce domaine est Morphologie du conte, en
1928. Il y réduit les contes en un ensemble de structures abstraites et invariantes, qui sont supposées
générer les contes individuels.Ilintroduitainsi la notion de fonction, dont chaque conte serait une
séquence. Une fonction est l’unité minimale du conte et désigne une action d’un personnage définie
du point de vue de sa signification dans le déroulement de l’intrigue. Il identifie en tout 31 fonctions
et réduit également les personnages à 7 types. Propp représente une figure de transition entre le
formalisme et le structuralisme, au sein duquel il inspire la narratologie.
16. IouriTynianov
Iouri Tynianov est un historien de la littérature membre de l’Opoïaz, un des deux centres responsables
de la formation du formalisme russe. Dans sa publication de 1924 Le fait littéraire, Tynianov
s’efforce de rendre compte de l’évolutiondesgenreslittérairesetavance unenouvellevision de l’histoire
littéraire. Il la voit comme un système ouvert et dynamique en évolution perpétuelle, qui a pour
principe le déséquilibre, l’innovation, le conflit et la rupture. En 1927,
dansl’évolutionlittéraire,ilidentifietroisfonctionsàl’oeuvredansuntexte littéraire : la fonction
constructive, la fonction littéraire et la fonction sociale. Comme sa conception de l’histoire littéraire
ne plaît pas en Russie mais bien aux structuralistes tchèques, Tynianov devient une figure de
transition entre le formalisme russe et le structuralisme.
Mikhaïl Bakhtine est un critique des formalistes russes qui appartient à un cercle de théoriciens et
dont l’apogée des travaux est à situer dans l’entre-deux guerres. Cependant, dans les années 1930, la
démarche théorique collective de son cercle doit s’arrêter suite à l’hostilité croissant du régime
bolchévique à leurégard.Sestravauxsefocalisentsurl’étude du langage en général et du langage
littéraire en particulier. Il ne s’intéresse pas au fonctionnement du système langagier en soi, mais au
langage en tant que véhicule des batailles idéologiques d’une société.Selon Bakhtine, le langage est
dialogiqueetn’estpas un système unifié, il est un champ de bataille, il s’éclate
enunmilliondediscours.Bakhtine est un théoricien important et est devenu un nom canonique de la
théorie littéraire.
Chapitre2:Lestructuralisme,lanarratologieetlasémiotique
18. Le structuralisme
Le structuralisme est un courant théorique qui a connu deux stades : le structuralisme tchèque
notamment à Prague, dans l’entre-deux guerres, etlestructuralismefrançais,dans les années 1950-
1960.Cemouvementesttrèsvaste,ilsemanifestedanslalinguistiqueet la
théorielittéraire,maisaussidansbeaucoupd’autresscienceshumaines.Sonbutprincipal est de rendre les
études littéraires véritablement scientifiques, et dans ce but il s’aide beaucoup de la linguistique
saussurienne. Grâce à Saussure, le structuralismeétudieaussi les systèmes de signes. Cependant, il
connaît son déclinàpartirdesannées1970,carilse heurte à des apories et est très critiqué par les post-
structuralistes.
19. Lalinguistiquesaussurienne
20. FerdinanddeSaussure
Le structuralisme tchèque est une des deux branches principales du structuralisme. Il apparaît lors de
la floraison intellectuelle de 1910 - 1930enEuropecentrale,carPragueen est le centre culturel. Cela
coïncide également avec la traduction en tchèque des textes
formalistes,quiinfluencerontdoncbeaucouplestructuralisme.Jakobson,émigrantàPrague en 1920,
contribue également à l’apport du formalisme en formant sur place le Cercle linguistique de
Prague (1926 - 1939). Le structuralisme tchèque véhicule l’idée que lestextes littéraires sont des
structures fonctionnelles dont les signes entretiennent desrelations complexes
avecunensemblederègles.Ilconnaîtrafinalementundéclinaccéléré par la seconde guerre mondiale en
1939, et termine définitivement en 1948 suite à lamontée du communisme.
22. LeCerclelinguistiquedePrague
Le Cercle linguistique de Prague, qui a duré de 1926 à 1939, a été créé par Roman Jakobson quand
il a émigré à Prague en 1920.Ilaapportéavecluilesidéesduformalisme russe au même moment où les
traductions de textes formalistes en tchèque arrivent. C’est ainsi que les théoriciens de ce cercle ont
repris le concept formaliste de défamiliarisation, selon lequel la littérature déroute les systèmes de
signes conventionnels et renouvelle nos perceptions en portant notre attention sur la forme du texte.
Cette écoleconsidèreenfaitla littérature comme un système sémiotique complexe. Le cercle a aussi été
influencé par la littérature avant-gardiste, la linguistique saussurienne et la phénoménologie. Ses
membres importants sont, en plus de Roman Jakobson, Jan Mukarovsky, Felix Vodicka et René
Wellek.
23. La métaphore
24. La métonymie
Lamétonymieest un signe qui se substitue à un autre par association, par exemple aile peut
fonctionner comme métonymie d’avion. Selon Jakobson, la métonymie est la base de l’axe
syntagmatique, qui nous sert à combiner les signes sélectionnés dans l’axe paradigmatique afin de
former des phrases. La prose narrative est ainsi hautement métonymique, car elle lie les signes entre
eux principalement par associations. Savoir cela sert aussi à distinguer les courants littéraires, par
exemple le réalisme aurait une façon de fonctionner très métonymique.
Jan Mukarovsky est un linguiste qui cherche une histoire littéraire structuraliste et conçoit l’évolution
littéraire comme le produit d’une structure. Cependant, il pose aussi les textes dans leur contexte, car
il les considère liésàd’autresélémentspardesrèglesdel’évolution littéraire. En tant que théoricien,
Mukarovsky cherche à identifier ces règles. Dans ses travaux, il introduit la distinction entre artefact
et objet esthétique, l’artefact étant le texte matériel et physique, tandis que l’objet esthétique serait
l’interprétation de ce dit artefact. Plusieurs objets esthétiques peuvent ainsi être construits
àpartird’unseulartefact.Ilrejoint aussi Vodicka
afindedirequ’écrirel’histoirelittéraireveutdireretracerleschangementsque subissent la norme esthétique
en reconstituant la réception des oeuvres.
26. Normeesthétique
27. Valeurlittéraire
La valeur littéraire d’un texte est une valeur attribuée par des lecteurs sur la base de la norme
esthétique à laquelle ils “appartiennent”. Comme il y a souvent plusieurs normes esthétiques à la
même époque, cette valeur littéraire n’est pas la même selon legroupede lecteurs, et ces groupes
entretiennent entre eux des désaccords. Un classement des oeuvres de valeur est donc subjectif, même
si régulièrement un consensus s’établit, quifinira toujours par être remis en cause. Une des missions
des théoriciens littéraires et d’étudier la façon dont cette valeur est attribuée.
28. La sémiotique
La sémiotique est l’étude systématique des signes. Elle a été fondée par Peirce, qui y distingue trois
types de signes : l’icône, l’indice et le symbole. Un autre nom important est Hjelmslev, un membre du
Cercle linguistique de Copenhague,quiluidistingueladénotation de
laconnotation,doncentrelasignificationdirected’unsigneetsasignificationsecondaire. Entre 1930 et
1960, la sémiotique connut une phase structuraliste, à la suitedelaquelleon peut s’y référer par deux
termes : la sémiologie, qui désigne la sémiotique structuraliste en France,
etlasémiotique,termeplusgénéralpourtouteladiscipline.Attention,lasémiotique, un champ d’études, ne
doit pas êtreconfondueaveclestructuralisme,quiluiestuncourant théorique bien plus récent et révolu.
30. Lasémiotiquerusse:l’écoledeMoscou-Tartu
L’école de Moscou-Tartu, ou la sémiotique russe, a été élaborée dans les années 1960 - 1970 et a
comme chef de file Youri Lotman. Elleétudiedessujetstrèsvariésetavanceune sémitique de
laculture,conçuecommeunecorrélationfonctionnelledesdifférentssystèmes de signes. La sémiotique
russe introduit la distinction entre trois types de langues : naturelles, artificielles et secondaires. Selon
ce courant, la littérarité n’est pas une qualité inhérente : elle dépend du contexte social et des attentes
du lecteur. Selon Lotman, la littérature est une langue secondaire, car la structure d’un texte est
porteuse d’informations.
31. YouriLotman
Youri Lotman est le chef de file de l’école de Moscou - Tartu, qui représente la sémiotique
russeaprèssonélaborationdanslesannées1960-1970.Ilreconnaît,auseindesontravail dans la sémiotique
russe, que n’importe quel texte peut remplir une fonction esthétique, et est donc susceptible d’être
considéré comme littéraire. C’est une vision très novatrice pour son époque. Cependant, il
resteenluidestracesd’essentialisme.Ils’intéresseparexemple en premier lieu aux textes dits “riches en
information”, c’est-à-dire sémantiquement saturés et/ ou visant à la défamiliarisation. Lotman
présente ainsi des caractéristiques du relativisme et de l’essentialisme.
32. Lestructuralismefrançais
Claude Lévi-Strauss est le chef de file du structuralisme français. Il a été élève de Roman Jakobson
lorsque celui-ci donnait cours aux États-Unis et, une fois revenu en France,ilest devenu un auteur
influent. Il a par exemple écrit Structures élémentaires de la parenté et Anthropologie
structurale. Lévi-Strauss transpose les principes de la linguistique structuraliste à l’analyse des
représentations sociales. Son intuition est que ces représentations s’expriment au travers du langage,
et sont dès lors structurées par des relations d’opposition différentielles. Lévi-Strauss a aussi été un
précurseur de la narratologieenparlantdesmythes.Selonlui, les mythes sont une forme de langage mais
ne sont pas des création originales par des individus. Ils ont une existence collective et se pensent à
travers les individus.
34. RolandBarthes
Roland Barthes est un critique marxiste du sens communet des idées reçues. Il ajouéun grand rôle
dans la propagation du structuralisme. Selon lui, l’idéologie bourgeoise s’efforce de se
naturaliser,c’est-à-diredefairepassersesconceptionsidéologiquespouruniverselles et anhistoriques. Pour
aller à l’encontre de ce mythe bourgeois, il faut en dévoiler son caractère artificiel et repolitiser la
parole. Barthes est également un nom canonique de la narratologie, participera également au tournant
langagier du XXe siècle etàlanarratologie. Au début un structuraliste convaincu, il sera ensuite parmi
les premiers à prendre ses distances avec ce mouvement, quand il avance que le sens ultime d’un texte
n’existe pas.
35. Ledécentrementdusujet
36. TzvetanTodorov
Tzvetan Todorov est un nom important du structuralisme grâce à ses oeuvres des années 1960 - 1970.
Il fut un intermédiaire entreleformalismeetlestructuralisme,carilapportales textes formalistes en
Occident. Todorov fut aussi important en France dans d’autres disciplines que la théorie littéraire,
comme la linguistique, l’anthropologie, la sémiotique, la psychanalyse et d’autres encore. Il contribua
aussi à l’élaboration de la narratologie, une théorie structuraliste du récit. Il propose une approche
dans laquelle les personnages sont des substantifs, les caractéristiques sont des adjectifs, et les actions
sont des verbes.
Le tournant langagier est un revirement qui domine une bonne partie des scienceshumaines au cours
du XXe siècle et danslequels’inscritlestructuralismefrançais.C’esten réalité une prise de distance par
rapport à la tradition humaniste, selon laquelle le sens est créé par le sujet. Le
tournantlangagiercomporteégalementunrejetdelavisionromantique du texte littéraire comme
expression de l’auteur. On peut citer ici un ouvrage important de
RolandBarthes,Lamortdel’auteur,danslequellapersonnalitédel’auteurn’estplusdutout importante : ce
qui importe est le texte même et sa structure sous-jacente.
38. La narratologie
LanarratologieestunethéoriestructuralistequivoitlejourenFrancedanslesannées 1960
- 1970. Elle estpartiedeLagrammaireduDecamerondeTynianov,puisagagnélesrevues pour
finalement avoir une influence internationale. Cependant, elle n’est pas à confondre avec l’étude
structuraliste du récit, car la narratologie se penche sur des problèmes plus concrets de l’analyse. Des
précurseurs importants de la narratologie ont été Lévi-Strauss, pour les mythes, Propp, pour les
contes, et Greimas pour la sémantique structurale.
39. Un mythe
Unmytheestenfait,selonClaudeLévi-Strauss,uneformedelangage,carilreposesurune structure
universelle constante. Tout mythe est une combinaison de mythèmes faite selon des règles
grammaticales. Il n’est pas inventé par un individu, car celui-ci même n’est est créé par
lelangageetnonl’inverse.Lemytheadoncuneexistencecollectiveetunelogique transindividuelle, il se
pense à travers les individus. Ceci c’explique car il est le produit de mécanismes symboliques.
40. Greimas
Greimas est un linguistique qui avait pour ambition de découvrir la structure profonde de tous les
récits. Cependant, il est difficile voire impossible de le faire avec l’analyse structurale, car cette
méthode est trop longue. C’est pourquoi, au sein de la narratologie, il propose dans son
ouvrageSémantiquestructuraleen1966unmodèleamélioréencoreplus abstrait que celui de Propp : le
modèle actantiel
41. Un lexème
Un lexème est un élément lexical du langage formé de sèmes. Le sème est une unité sémantique
minimale, le résultat d’une opposition. Des lexèmes sont différent quand ils ont au moins un signe qui
les distingue. Par exemple, “fils” et “garçon” sont des lexèmes différenciés par le sème
jeune,quipeutêtreprésentounondans“fils”,maisquil’estd’office dans “garçon”.
Unlexèmecontientainsiunnoyausémique,quiestinvariable,etdessèmes, qui eux varient.
L’analyse structurale est une méthode d’analyse de texte littéraire divisée en trois étapes. tout
d’abord, il faut inventorier tous les sèmes contenus dans le texte. Ensuite, il faut
identifierlesisotopies,c’est-à-direlesensemblerécurrentsdesèmes.Cetteidentificationest subjective et
interprétative, elle ne repose sur rien de scientifique. Pour finir, on peut interpréter le texte sur base de
ces isotopies. Cette méthode est envisageable pour les textes assez courts, mais elle est impossible à
appliquer pour des textes de plus grande ampleur. C’est devant ce problème que Greimas a inventé
son modèle actantiel.
43. Un actant
44. Lemodèleactantiel
Le modèle actantiel est une méthode d’analyse littéraire développée par Greimas, car il ne pouvait pas
utiliser l’analyse structurale sur de grands textes. Selon le modèle actantiel, un récit est
uneséquencenarrativecomposéede4phases.D’abord,laphasedemanipulation, où le destinateur informe
le sujet de la nature et valeur de l’objet à acquérir, et l’incite à accepter le contrat. La deuxième est la
phase de compétence, qui prépare à l’action. Dans cette phase, le sujet saisit l’importance de sa
mission et acquiert les aptitudes et connaissances nécessaires à sa réussite. On trouve ensuite la phase
de performance, la pluscruciale : le sujet est en action, on peut aussi une transformation éventuelle. La
dernière est la phase de sanction où les personnages sont punis ou récompensés.
45. Uneséquencenarrative
L’analyse à plusieurs niveaux a été développée par Roland Barthes, on y trouve trois niveaux. Tout
d’abord le niveau des fonctions, leplusfondamental,danslequelondistingue deux types de fonctions.
Les fonctions proprement dites, avec les cardinales (les actions décisives et cruciales) et les catalyses
(les actions subsidiaires non-décisives), et lesindices, avec les indices proprement dits (ont un signifié
implicite à décrypter) et les informations (de nature directe et explicite), qui se combinent. Le niveau
suivant est celuides action,quiconcernentlesagents,puisleniveaudelanarrationpourl’instancequiparle,
divisée entre narration personnelle et narration a-personnelle.
47. GérardGenette
48. L’ordre
L’ordre est une des catégories introduites par Gérard Genette dans l’analyse narrative. Il concerne de
déroulement temporel de la narration. Lla majorité des récits sont anachroniques, c’est-à-dire que les
événements ne sont pas présentés dans leur ordre d’occurrence.
Ondistinguealorsdeuxprocédés:lesprolepses,aussiappeléesanticipations ou flashforwards, et les
analepses, aussi appelées rétrospective ou flashbacks. Ces dernières sont bien plus fréquentes que les
prolepses.
49. La durée
Laduréeestune des catégories introduites par Gérard Genette dans l’analyse narrative. Elle concerne
les relations entre la durée du texte et laduréedel’histoire.Ondistinguedès lors plusieurs types de
récits. Le récit isochrone est le degré zéro delanarration:iln’yani accélération ni ralentissement, le
rapport entre les deux durées reste constant. Le récit anisochrone représente la
majoritédesrécits,oùilyaaccélérationet/ouralentissement,le
rapportestdoncvariable.Plusieurstechniquesnarrativessontainsiutiliséespourmodifierle rapport entre
lesdeuxdurées:lapause(arrêtcompletdel’action,commedesdescriptions), la scène (les deux temps
coïncident, comme des dialogues), le sommaire (une partie de l’action est résumée) et l’ellipse (le
récit ignore toute une période de l’action).
La fréquence est une des catégories introduites par Gérard Genette dans l’analysenarrative. On
distingue trois types de fréquence de récit. Tout d’abord, le récit singulatif, où un événement se
produit une fois et est raconté une fois, ou se produit plusieursfoisetest raconté plusieurs fois
également. Ensuite, le récit répétitif, où un événement seproduitune fois et est raconté plusieurs fois.
Finalement le récit itératif, où un événement se produit plusieurs fois mais n’est raconté qu’une seule
fois.
51. La distance
52. Laperspectiveoufocalisation
53. La voix
Le voix est une des catégories introduites par Gérard Genette dansl’analysenarrative.Elle désigne qui
est le narrateur et s’articule en 3 catégories. D’abord, le temps de la narration, qui concerne la position
de l’instance narrative par rapport à l’histoire. On y distingue narration ultérieur, antérieure,
simultanée et intercalée. Ensuite, le niveau narratif ou diégétique, où on distingue narrateur
hétérodiégétique et homodiégétique (avec autodiégétique et allodiégétique). Finalement,
ladernièrecatégorieestcelledelapersonne, qui concerne la position du narrateur.
Là,ondistinguelenarrateurextradiégétique(externe) et intradiégétique (interne).
La notion d’intertextualité est introduite par le groupe Tel Quel. Elle est appelée transtextualité par
Genette et se décline en 5 formes. L’intertextualité, qui est la présence effective d’un texte dans un
autre. La paratextualité, qui désigne tous les signaux autographes ou allographes qui procurent au
texte un entourage et qui influent surlafaçon dont le texte est lu et signifié. La métatextualité, qui est
larelationdecommentaireentreun texte et celui dont il
parle,explicitementouimplicitement.l’architextualité,quiestl’ensemble
descatégoriesgénérales,typesdediscours,modesd’énonciation,genreslittérairesetcdont relève chaque
texte singulier. Et, finalement, l’hypertextualité, un texte dérivé d’un autre texte, préexistant au terme
d’une opération de transformation.
55. L’hypertextualité
L’hypertextualité est, selon Genette, un des cinq types de transtextualité. Un hypertexteest un texte
dérivé d’un autre texte, préexistant en terme d’une opération de transformation. Cette transformation
peutêtre:uneimitation,unetransposition(réécrituresansbutcomique ou satirique), une parodie
(transformation ludique, comique ou satirique), une pastiche (imitation
parexercice,jeuouparintentionparodique),untravestissement(imitationsouvent burlesque et vulgaire
d’un texte nobles, objectif satirique et dégradant) ou une charge (imitation caricaturale).
L’hypertextualité est un aspect universel de la littérature.
Chapitre3:LeNewCriticism
Le New Criticism est un courant théorique qui vient de Nashville, auxÉtats-Unis.Cetteville est dans le
Sud du pays, ce qui est surprenant, car d’habitude l’activité intellectuelle est
situéedanslesgrandesuniversitésduNord. C’est John Crowe Ransom qui est à l’origine
dunomdumouvement,avecsonouvrageTheNewCriticism.Cecourant,quideviendraune discipline
universitaire, fait preuve d’idées novatrices et modernes : il ne recherchentpasla scientificité des
étudeslittéraires,maisleurreconnaissanceuniversitaire.Ill’atteindrontdans les années 1940 - 1950 suite à
leur méthode pédagogique, mais le déclin commence lui aussi dans les années 1950. Le New criticism
sépare texte et auteur, car il voit le poème comme un objet en soi, et refuse de lier son interprétation à
des élémentsautobiographiques.
57. Fugitivepoets
Les Fugitive Poets sont un groupe de poètes modernistes des années 1920 - 1930dansle Sud des États-
Unis. Grâce à Ransom et Tate, ils entretiennent des liens importantsavecle New Criticism. Pour eux,
la poésie est l’opposé de la science, mais bien une forme alternative de connaissances. Il s’opposent à
la doctrine of relevance, c’est-à-dire la conviction que tout doit être utile politiquement et
socialement, ainsi qu’à la heresy of thewill, qui privilégie une réflexion fonctionnaliste.
L’Agrarianism est une idéologie américaine réactionnaire à laquelle plusieurs des représentants du
NewCriticismdonnentdelasympathie.Cetteidéologieexaltelasupposée unité organique du Sud rural, et
tente d’étouffer les influences progressistes du Nord. Les sympathies du New Criticism envers ce
mouvement explique les suspicions idéologiques à son égard.
59. LeCercledeCambridge
60. T.S.Eliot
T.S. Eliot est un poète américain qui a vécu à Londres à partir de 1915. Sa vision antidémocratique et
réactionnaire rejettelasociétémoderneetsonindividualisme.Cepoète repousse les idées libérales basées
sur le respect de l’individu.Selonlui,lebutestdevivre dans une communauté à laquelle chaque individu
se subordonne. Ces idées l'amènent à avancer une théorie impersonnelle de la poésie, selon laquelle le
langage de la poésiedoit aspirer à rentrer en communication directe avec les neurones et les couches
inconscientes de notre subjectivité.
61. F.R.Leavis
62. L.A.Richards
L.A. Richards représente le trait d’union entre le Cercle de Cambridge et le New Criticism.
Admirateur de la poésie moderniste et adversaire de la culture de masse, il s’intéresseàla façon dont
chacun analyse un texte et en fait d’ailleurs des expériences avec ses élèves.Il en déduit qu’un
minimum de contexte est nécessaire pour bien interpréter untextelittéraire
etenobteniruneinterprétationhomogène.PourRichards,lapoésieoccupel’ancienneplace de la religion en
utilisant son langage émotif, car elle est hautement fonctionnelle.
William Empson, qui fut élève de L.A. Richards, est retenu pour son invention du close
reading.Cette méthode sur les mots individuels du texte et leur potentiel de signification. Elle met
ensuite en relation ce potentiel avec les autres mots du texte. Cela permettrait d’analyser la
signification d’un texte dans son ensemble. Selon Empson, le langage a une nature polysémique et
imprévisible, qu’il dévoile grâce à son intérêt pour les ambiguités et complexités des oeuvres
poétiques. Même si Empson est un des inspirateurs des New critics, il est souvent en désaccord avec
eux.
64. Leclosereading
Chapitre4:Lesthéoriesdelaréception
65. Lesthéoriesdelaréception
Les théories de la réception est un terme qui désigne les pratiquesayantpourbutd’étudier la réception
des oeuvres littéraires ainsi que le rôle du lecteur dans leur actualisation.Elles connaissent leur succès
surtout dans les années 1970, ce qui signale un changement de l’intérêt, qui passe du texte au lecteur.
Ce courant aura beaucoup d’impact en Europe, etdes auteurs importants en parleront, comme Jauss,
Iser, Sartre, Barthes ou encore Eco.
66. Leromandialogique
Le roman dialogique est un concept avancé par Mikhaïl Bakhtine, et qui désigne un roman caractérisé
par l’interaction entre les discours du narrateur et ceux des personnages, ou alors l’interaction entre
les discours internes d’un personnage. Dans un roman dialogique, l’auteur cède la place de sa voix
pour celle de ses personnages. Il dramatise ainsi les oppositions idéologiquesplutôtquecelles-
cisoientmasquéesparlavoixdel’auteur.C’estle lecteur qui ramène ces voix “à la vie”, iladonc un rôle
crucial dans la communication littéraire.
L’esthétique de la réception est une école fondée par Jauss en 1967 lors de son premier cours à
l’Université de Constance, avec son apogée dans les années 1970. Elle vise à combler les lacunes du
formalisme et du marxisme, c’est-à-direlamonosémiedestexteset le manque d’explication pour les
variations d’interprétation. Elle détache l’interprétation des institutions pour la mettre entre les mains
des lecteurs, et grâce à cela elleestdansl’airdu temps des
années1960,untempsdémocratiqueetrévolutionnaire.Bienquel’esthétiquede la réception
permetderétablirlelecteurréel,ellesoulèvedenouvellesquestionsauxquelles elle ne peut pas répondre.
68. H.R.Jauss
H.R. Jauss est un historien responsable de l’esthétique de la réception lors de ses cours à l’Université
de Constance. Il cherche à revaloriser l’étude diachronique de la littérature. Selon lui, le travail du
théoricien littéraire n’est pas d’interpréter et d'évaluer les oeuvres littéraires, il rejette donc la
croyance d’une interprétation correcte. Il avance que l’objet de l’histoire littéraire devrait plutôt être
le déroulement et l’évolution desprocessusd’attribution de valeur et signification aux oeuvres. La
procédure des recherches littéraires de Jauss consiste à analyser les éléments formels et relier le texte
aux autres oeuvres de l’auteur. Il examine ensuite le lien avec le contexte historique et reconstitue la
réception de l’oeuvre.
69. WolfgangIser
Wolfgang Iser, dans ses méthodes, est plus rigoureux et systématique que Jauss, au contraire de qui,
de plus, il est synchronicien. Iser étudie surtout la réception des textes individuels, mais l’objet de
l’étude n’est pas le public empirique et historique, mais bien les appels lancés par le texte. Selon lui,
ilexistedesblancs,ouLeerstellen,danschaquetexte, que le lecteur s’efforce de remplir par ses propres
projections. La polysémie est donc essentielle, et Iser nie l’existence d’une lecture ou interprétation
correcte. Cependant, Iser est victime de deux critiques principales : ses traces d’essentialisme et son
idéologie humaniste libérale.
70. L’horizond’attente
L’horizon d’attente est un concept introduit par Jauss, qui désigne l’ensemble des connaissances,
normes, valeurs et attentes d’un public historiquement et culturellement situé. C’est l’outil que le
publi utilisepourjugeruneoeuvreetluiattribuersavaleurlittéraire. Cependant, ce concept risque
d’occulter la diversité des attentes à l’intérieur d’une même période historique. L’horizon d’attente
sera critiqué par Paul de Man, car il s’applique normalement à la perception sensorielle des
phénomènes.
L’approche herméneutique est celle d’Iser, qui prend en compte le rôle du lecteur sans renoncer à
l’apport personnel du chercheur. Il prête plus d’attention à la paralittérature et étudie l’impact de
plusieurs facteurs sur la réception del’oeuvre.,commelaclasse,l’âge,le sexe, les convictions
idéologiques,...
L’approche empirique étudie le comportement de lecteurs “réels” le plus objectivement possible, mais
le chercheur renonce à analyser et interpréter les oeuvres. Un nomcanonique de
l’approcheempiriqueestGroebenqui,pourcomprendrecommentleslecteurs réalisent la signification d’un
texte, leurensoumetunetleurdemanderleursinterprétations. Les approches empiriques se fondent sur
une conception très stricte et souvent contestéedu caractère scientifique des études littéraires. Ces
recherches empiriques jouent un rôle centrale dans la sociologie littéraire, mais leurs
résultatssontsouventtriviauxetobtenusau sein d’un cadre très normatif.
Chapitre5:Lepost-structuralisme
73. Lepost-structuralisme
74. JacquesDerrida
75. Lamétaphysiquedelaprésence
Le phonocentrisme est une forme de la métaphysique de la présence, qui désigne l’illusion que nous
ne connaissons unepersonnequelorsquenousnoustrouvonsenprésencedesa voix. En effet, la voix est
conçue comme unmédiumdelaconscience,etnousdevonsainsi l’entendre pour connaître quelqu’un.
C’est une métaphysique critiquée par Derrida, car il s’agit d’une vision dépassée de l’être humain, une
vision où il est capable de dominer le langage. Le phonocentrisme privilégie la tradition orale à
l’écrite, et en lacritiquant,Derrida revalorise l’écriture.
77. Lelogocentrisme
78. Le phallocentrisme
Autre sorte de métaphysique, le phallocentrisme désigne le système selon lequel l’homme est le
principe fondateur, le pôle positif, tandis que la femme estl’opposéexcluetdéprécié, le pôle
négatif.Derridacritiquecettemétaphysiqueenenproposantunedéconstruction,afin de démontrer que
l’homme est en fait intimement lié à la femme. L’homme a besoin de la femme en tant qu’antithèse.
Son identité est ainsidépendantedelafemme,carl’hommese définit
grâceàcettedifférence.AutantDerridacritiquelephallocentrisme,autantFreudaété critiqué par les
féministes du XXe siècle pour en avoir fait preuve.
79. Unemétaphysique
Une métaphysique est un système de pensée censé dépendre d’une fondation qui serait incontestable
sur laquelleonpourraitconstruireunehiérarchiedesens.Lasociétéabesoin de forger ces systèmes,
cependant nous pouvons les déconstruire en démontrant qu’en réalité, ils se définissent par
cequ’ilsexcluent.Lesmétaphysiquessontdoncdesidéologies qui tracent des frontières entre acceptable
et non-acceptable, sens et non-sens, etc. Ces oppositions sont remises en question lors du processus de
déconstruction.
80. Ladéconstruction
La déconstruction est un processus visant à remettre en question les oppositions mises en place par les
systèmes métaphysiques, en montrantquechaquesignesedéfinitparcequ’il exclue. Elle permet ainsi
d’annuler au moins en partie les hiérarchies qui sous-tendent une culture, une société ou encore une
époque, sonutilitéestdoncpolitiqueetsociale.C’estun projet émancipateur car elle montre que l’ordre
établi n’est pas forcément permanent. Cependant, la déconstruction est critiquée comme étant trop
négative et floue.
La dissémination est un concept avancé par Derrida, le père du post-structuralisme. Elle désigne
l’inévitable dérive d’un message de sa destination originelle. Cette dérive n’estpas une caractéristique
spécifique des textes littéraires ou du discours, elle se manifeste dans chaque écrit. C’est avec ce
concept de dissémination que Derrida déconstruit l’opposition entre littéraire et non-littéraire.
82. Le métalangage
Unmétalangageest un langage à propos d’autres langages, une notion élaborée par Roland Barthes
pour le souci de scientificité du structuralisme. Ces métalangages permettraient de connaître leur objet
comme il est vraiment, et étant ainsi objectifs et neutres. Cependant, Barthes considère cela comme
une illusion : aucun métalangagen’est ultime, car chacun peut lui-même être pris comme objet d’un
autre. De plus,aucunnepeut exprimer de vérité ultime, car celle-ci n’existe pas.
83. Letextedejouissance
84. Ledéconstructionnismeaméricain
La réception des idées post-structuralistes aux États-Unis jette les bases du déconstructionnisme des
Yale Critics, une école très influente de la théorie littéraire.Son influence, principalement dans les
années1980,restecependantlimitéeauxÉtats-Unisetà quelques pays européens, peut-être à cause des
suspicions idéologiques liées aux noms canoniques du déconstructionnisme américain. La méthode de
lecture de ce mouvement consiste à démarrer d’un détail du texte, un élément
marginal,avecpourbutderévélerque l’univocité du langage n’est qu’illusion. Une critique
déconstructionniste montre donc l’impossibilité de la vérité ultime.
85. PauldeMan
Paul de Man est la figure centrale du déconstructionnisme américain, même s’il participe à ses
idéologies suspectes, car il a collaboré avec le journal Le Soir, qui travaillait alors avec les nazis.
Dans ses travaux, Paul de Man transforme en profondeur les idées de Derrida. Selon de Man, la
littérature est la seule forme de langage à ne pas avoir l’illusion que le langage est capable de
transmettre un message de façon transparente et univoque. Deplus, il avance que tout langage est
métaphorique et fictionnel, et par-dessus tout la littérature. Il introduit les concepts de blindness
d’une lecture établie et le remplace par l’insight, la révélation d’une nouvelle lecture.
86. SigmundFreud
Sigmund Freud est le père de la psychanalyse, il commença à développer cette théorie à Vienne à la
fin duXIXesiècle.AuXXesiècle,ilgagneunegrandenotoriétéenEuropeeten Amérique du Nord.
87. Lathéoriepsychanalytique
La théorie psychanalytique a été développée par Sigmund Freud à Vienne à la fin du XIXe siècle. Le
point de départ de cette théorie est que tout être humain se trouve obligé de réprimer le principe de
plaisir au bénéfice du principe de réalité. Dans sa théorie psychanalytique, Freud introduit beaucoup
de concepts, comme la névrose, lapsychose,la moi, le surmoi, le ça, la sublimation, etc. Ses travaux
auront beaucoup de succès dans les sciences humaines en Europe et en Amérique
duNordaucoursduXXesiècle.Cependant, elle est aujourd’hui marginalisée en tant que thérapie
psychiatrique.
88. La sublimation
89. Lecomplexed’Oedipe
90. Lesujetfreudien
Le retour du refoulé, c’est le nom donné au fait que les désirs innacceptables du
Ça,conceptfreudien,necessentd’insisterpourgagner la négociation du Moi entre les dictats du Surmoi
et ces désirs du Ça. Pour se défendre contre ce retour, le Moi dispose de deux mécanismes. Tout
d’abord, la projection, qui consiste en l’attributionàautruidesespropres émotions, idées ou pulsions
inacceptables. Ensuite, il y a le souvenir-écran, c’est-à-dire l’actualisation d’un souvenir qui cache et
masque un autre souvenir, lui refoulé.
92. Letravaildurêve,ouTraumarbeit
Le travail du rêve, ou Traumarbeit, est le mécanisme avec lequel l’inconscient cache et déforme les
vraies significations, faisant ainsi du rêve un texte symbolique selon Freud. En effet, l’outil principal
de la psychanalyse est l’interprétation des rêves, considérés comme l’accomplissement symbolique
des désirs refoulés. Le travail du rêve fonctionne le deux façons : la condensation, quand plusieurs
images sont synthétisées en une seule, ou le déplacement, où le sens d’un objet est transféré sur un
autre objet. Cela ressemble auxdeux opérations du langage de Jakobson, c’est pourquoi Lacan, le
disciple de Freud,déclare que l’inconscient est structuré comme un langage.
93. La névrose
Lanévroseestundéséquilibrepsychologiquedontl’étudedonneraitaccèsàl’inconscientdu
patient.Ellesemanifestequandcelui-cineniepassesdésirs inconscients, mais que ceux-ci ne trouvent
aucune issue pratique.Ledésirforcealorssaroutedepuisl’inconscient, mais le Moi se bloque en
défensive et le patient développe ainsi des symptômes de protectioncontrece conflit. Les racines de la
névrose sont donc les conflits, et ils viennent de la période oedipienne du patient.
Lapsychanalyseapourbutdedécouvrirlescausesde cette névrose afin d’en libérer le patient.
94. La psychose
La psychose est un déséquilibre psychologique dont l’étude donnerait accès àl’inconscient du patient,
mais elle est bien plus difficile à aborder que la névrose. En effet, le Moi est incapable de réprimer
même partiellement le désir inconscient, et cela romptlelienentrele Moi et le monde extérieur et
social. L’inconscient se met alors à construire une réalité alternative et délirante.
95. Le transfert
Le transfert est le coeur du traitement psychanalytique. Il s’agit d’encourager le patient à parler, sans
lui mettre de cadre spécial, pour qu’il associe lui-même librement ses idées. Il transfère ses conflits
psychiques sur l’analyste et répète ou représente son conflit originel. L’analyste obtient de cette façon
un aperçu psychique privilégié de son patient, et ce dans une situation contrôlée où il peut intervenir
au besoin. C’est ce qu’on appelle la relation transférentielle. À l’issue du traitement, le patient doit
être capable derecueillirdesportions refoulées de sa vie et donner sens à ses difficultés avec une
nouvelle narration de sa vie.
La pulsion de vie et de mort sont des concepts du Freud tardif. La race humaine serait en proie à la
pulsion de mort, un certain masochisme, car le but final de la vie est la mort. La pulsion de mort,
Thanatos, est en contradiction tragique avec Éros, la pulsion de vie. Thanatos est ce qui explique les
tendances des communautés à parfois agir contre leurs propres intérêts. Aucune société ne peut se
défaire de ces deux pulsions, ce qui peut les amener à des comportements autodestructeurs.
97. Lacan
Lacan est un disciple de Freud qui réécrira et reverra la psychanalyse à la lumière du tournant
langagier de l’après-guerre, il est donc inspiré du structuralisme, mais aussi des
sciencesexactesetdeDerrida.Engénéral,sesoeuvressonttrèscontroversées:ilainspiré beaucoup de
théoriciens modernes et est soutenu par certaines féministes, cependant d’autres lui reproche un
phallocentrisme et une vision patriarcale de la femme. Il a travaillé sur le développement de l’enfant,
le désir, réel et l’inconscient en tant que langage.
98. Ledéveloppementdel’enfantselonLacan
Selon Lacan, le développement de l’enfant compte trois stades. Le premier, le stade initial, est entre
les 6 et 18 mois du bébé. Il éprouve alors son corps comme morcelé, comme un amalgame de
pulsions hétérogènes et dispersées, et il ne ressent ni unité ni identité. Le deuxième stade est le stade
imaginaire, ou stade du miroir. L’enfant découvre dans son reflet une image unifiée de lui-même, sur
laquelle il base son moi imaginaireetsonidentité stable, même si l’enfant s’y méreconnaît.
L’identification n’est donc pas totale, et l’image encore étrangère. Ensuite, il y a le stade symbolique,
le passage à travers le complexe d’Oedipe, où
l’enfants’intègredanssonrôleprédéterminédanslasociété,etoùlaprésence du père sépare l’enfant de sa
mère.
99. Lestadeimaginaire
100. Lestadesymbolique
Le stade symbolique est le dernier stade du développement de l’enfant selon Lacan, et représente en
fait le complexe d’Oedipe. L’enfant reconnaît grâce à la figure du père le réseau social auquel il
appartient et y trouve sa place. L’enfant estdoncséparédesamère et refoule son désir dans son
inconscient. Ce passage présente aussi l’acquisition du langage, où l’enfant apprend qu’un signe n’a
de sens que par sa différence aveclesautres signes.
Août 2016
101. LedésirselonLacan
Selon Lacan, tout désir surgit d’un manque qu’on tente de combler. Le langage humain fonctionne par
le biais de ce manque : l’absence de l’objet réel que le signe désigne,lefait que les mots ont un sens
grâce à l’absence et à l’exclusion d’autres mots. Entrer dans le langage, c’est devenir la proie du désir :
“le langage creuse le désir”.
102. Leréeletl’objetpetit∝(alpha)selonLacan
Selon Lacan, en entrant dans le langage, nous nous séparons du domaine à l’extérieur de l’ordre
symbolique, et nous devons donc nous contenter d’un objet petit ∝. Il désigne un objet substitutif
pour comblerlevideaucentredenotresubjectivité.Ilconstituelepointfocal de nos désirs. Mais quand le
sujet comprend que le petit ∝ est incapable de combler son manque, il le remplace par un autre objet,
dans un mouvement de métonymie interminable.
103. L’inconscientselonLacan
Août 2016
Le cercle linguistique de Moscou : Créé en 1915, dirigé par Roman Jakobson. On y retrouve
également Grigori Vinokur et les linguistes de l’Opoïaz. Ils furent influencés par :
- Les idées de De Saussure sur les lois et les structures « profondes » du langage.
- La phénoménologie de Husserl
- La recherche sémiotique de Peirce
Selon eux, la littérature est un phénomène de langage et il est possible de l’étudier à l’aide de
techniques développées par la linguistique. Les études littéraires se virent subordonnées à
la volonté de découvrir une approche scientifique de la littérature. Ce souci de scientificité
suppose l’existence d’une méthode d’analyse de ces textes littéraires qui donnent des résultats
cohérents, vérifiables et prévisibles. Le cercle s’efforça de découvrir les particularités du
langage littéraire qui font de lui une langue différente du langage quotidien. Ils avancèrent
qu’il est autoréférentiel (= il attire l’attention sur sa propre forme) et il menace la relation
entre le signe linguistique et son référent.
L’Opoïaz: Société d’étude du langage poétique fondée en 1916. Victor Chklovski, Eikhenbaum,
Iakoubinsky, Brik, Tomachevski et Iouri Tynianov en font partie. Ses activités se situaient à
Pétrograd. L’Opoïaz se composait d’historiens de la littérature qui considéraient la littérature
comme un phénomène particulier. Ils étudièrent ses propriétés pour découvrir ce qui la distingue des
autres pratiques discursives, tentant de démontrer que l’œuvre littéraire n’est pas que le simple reflet
de la réalité ou l’effet d’une volonté de communication. Ils veulent analyser les œuvres littéraires à
l’aide de techniques scientifiques. Ils se concentrèrent sur la forme du texte littéraire.
Littérarité: Roman Jakobson, invente le concept de littérarité (ou literaturnost) au début du XXe
siècle et le définit comme « ce qui fait d'une œuvre donnée une œuvre littéraire ». De nombreux
théoriciens et poéticiens ont tenté d'approfondir ce concept en définissant quelles étaient les
particularités du texte littéraire, sans parvenir à un résultat unanime. Néanmoins, deux grandes
tendances sont perceptibles :
Août 2016
• D'une part, une approche formelle. La littérarité est alors à chercher au niveau
du texte même, dans la densité des figures utilisées, dans le soin apporté à la
rythmicité de la phrase, etc. Dès lors, elle se détache du fond, de l'objet sur
lequel on écrit et réside entièrement dans la forme.
• D'autre part, une approche subjective dépendante de jugement de valeur
variable selon les époques et les pays et qui se perçoit de façon proportionnelle
au plaisir que provoque la lecture. Dès lors, la littérarité est un simple statut
accordé aux œuvres.
L’autonomie (en poésie): Jakobson célébra le mot poétique dans son autonomie (= dans son
indépendance de la réalité extérieure). Cette autonomie vaut également pour la genèse de la poésie,
qui surgit en obéissant à des lois formelles « immanentes ». D’après Jakobson, ces lois régissent le
déploiement des sons et des rythmes dans le poème, et ceci en indépendance totale de toute
contrainte liée à l’expression ou la description d’une réalité préalable dans un tel texte l’aspect
formel devient prépondérant. Cette autonomie de la forme, sa nature «autoréférentielle» (se
référant à lui-même), caractérise d’après Jakobson la poésie et en constitue donc la
«poéticité» (= le caractère poétique de la poésie).
Août 2016
Le formalisme fait la distinction entre deux notions de Tomachevski: la fabula (se compose
des évènements présents dans le texte) et le sujet (= la manière dont ces évènements y
sont organisés). L’analyse formaliste vise à dévoiler et à décrire les moyens utilisés par
l’auteur pour transformer fabula en sujet afin de créer un certain effet (suspense, obscurité,
…). C’est dans l’ensemble de ces choix formels (techniques et stylistiques) que réside la
littérarité du texte.
Fonctions (narratèmes) : Vladimir Propp s’est concentré sur l’étude du conte fantastique
traditionnel. D’après lui, chacun des contes étudiés s’articule autour de quelques «fonctions»
(ou narratèmes). La fonction est l’action d’un personnage, définie du point de vue de sa
signification dans le déroulement de l’intrigue. Un conte est une séquence de fonctions. Les
personnages peuvent être réduits à sept types de base : le héros, le méchant (ou adversaire),
le généreux donateur, l’auxiliaire, le faux héros, le personnage convoité et le mandateur.
Tynianov pense que ‘toute succession littéraire est d’abord un combat, la destruction de valeurs
anciennes et une reconstruction d’éléments anciens’. Il fait la distinction entre 3 fonctions dans son
article ‘De l’évolution littéraire’ :
- La fonction constructive: Le spécialiste de la littérature étudie le texte comme un
système en lui- même: il étudie les éléments formels dans le texte et leurs relations. Ces
relations sont souvent conflictuelles, car un élément nouveau s’impose et les autres
niveaux en subissent les conséquences. C’est le principe de construction. Il est
question d’évolution littéraire lorsqu’un autre principe (syntaxe, ordre des mots…)
parvient à prendre la place du principe régnant.
- La fonction littéraire: Les éléments formels du texte sont vus dans leurs relations au
système littéraire contemporain. L’identité même d’une œuvre littéraire dépend de ces
relations.
- La fonction sociale: Les éléments formels du texte sont mis en rapport avec la réalité
extralittéraire, les faits sociaux.
Tynianov fut parmi les premiers à mettre les historiens de la littérature en garde contre le
« péché anachronique » : l’application de critères propres au système d’une certaine époque pour
juger les phénomènes relevant d’un autre système (étant donné que la littérature évolue). Il ajoute
qu’en plus de mettre le texte en relation avec son contexte littéraire, il faut aussi le mettre en relation
avec le contexte extralittéraire (historique, social, culturel, politique) dans lequel il a vu le jour, ce qui
représente le système général.
Il introduisit la distinction entre la « synfonction » d’un élément (= ses relations aux éléments de la
même œuvre) et son « autofonction » (= ses relations aux systèmes littéraire (l’identité du texte se
base sur ses relations à d’autres textes, début de l’étude de l’intertextualité) et social).
Selon Ferdinand de Saussure, le système langagier est un système différentiel, «sans termes
positifs» : Tout signe dans un système a une valeur (= un sens en vertu de sa différence avec d’autres
signes). Ex: «père» a un sens non pas en lui-même, mais parce qu’il n’est ni «mère», ni «pure», etc.
Dans le système linguistique, il n’y a que des différences: le sens est le résultat de la différence du
signe avec d’autres signes.
De
AoûtSaussure
2016 marque une préférence pour l’universel, le général et l’abstrait afin de parvenir à une
scientificité aussi grande que possible. Et non pas sur la parole: (= le discours véritable, les énoncés
individuels et concrets) car elle est concrète. Il s’intéresse à la structure objective des signes qui rend
leur discours possible, ce qu’il appelle langue – le système général (collectif, supra-individuel) et
abstrait.
Cercle linguistique de Prague: fondé en 1926 par Jakobson, formaliste russe qui établit le lien
principal entre le formalisme et le structuralisme. Les autres fondateurs sont : Trubetzkoy (linguiste),
Mukarovsky, Vodicka et Wellek (les trois derniers étant des théoriciens littéraires). Ils élaborent la
théorie structurale, théorie de la langue et de la littérature à la fin des années 20.
L’Ecole de Prague : fondée en 1932. Elle référait initialement aux activités phonologiques du Cercle
(les recherches linguistiques de Jakobson et de Trubetzkoy de la fin des années 1920), mais s’appliqua
ensuite à l’ensemble de ses recherches.
Métaphore (Jakobson): Un signe se substitue à un autre parce qu’il lui est similaire (‘avion’
‘oiseau’, substitution basée sur une similarité).
Jakobson considère la poésie comme hautement métaphorique: Ces textes sont traversés par des
équivalences phonologiques, morphologiques, syntaxiques et sémantiques.
Métonymie (Jakobson): Un signe est associé à un autre. (‘aile’ est associée à avion parce qu’elle
en fait partie; ‘ciel’ est associé à «avion» parce qu’ils sont en contiguïté spatiale).
La fonction poétique projette le principe de l’équivalence sur l’axe de la combinaison: En poésie, les
mots ne sont pas seulement liés les uns aux autres pour assurer la sûreté des pensées qu’ils véhiculent,
comme dans le discours ordinaire, mais ils portent leur attention sur des modèles de similarité,
d’opposition, de parallélisme, etc. créés par leurs sons, leurs rythmes et leurs connotations.
L’objet esthétique (Mukarovsky): n’existant que par l’interprétation humaine de l’artefact matériel:
la concrétisation de l’artefact.
Cette concrétisation, lecture varie selon l’horizon d’attente (= le consensus sur la norme esthétique
obtenu à un tel moment de l’histoire dans la culture donnée).
Sémiotique (+/- sémiologie): Il s’agit de l’étude systématique des signes. C’est ce que font les
structuralistes mais la sémiotique n’est pas identique au structuralisme. C’est une discipline
scientifique, un champ spécifique d’étude. La sémiotique est la science qui étudie les signes. La
sémiotique est plus ancienne que la méthode structuraliste.
Distinction
Août 2016 ‘sémiologie’ / ‘sémiotique’: La ‘sémiologie’ réfère à la sémiotique structuraliste,
d’inspiration Saussurienne et modelée sur la linguistique. Principaux représentants de la
sémiologie: Todorov, Barthes, Kristeva
La ‘sémiotique’ réfère à la sémiotique non- et/ou post-structuraliste. Le fondateur de la sémiotique en
tant que discipline indépendante fut C. S. Peirce. Il a également distingué 3 types de signes :
- Icône (Peirce): Le signe ressemble d’une certaine façon à ce qu’il veut dire. Ex:
la photographie de quelqu’un, un panneau de signalisation…
- Indice (Peirce): Le signe est associé à ce dont il est le signe. Ex: la fumée
signifiant le feu, les boutons signifiant la rougeole, les traces signifiant l’animal qui
les a faites. Il y a une relation d’association entre le signe et ce à quoi le signe
renvoie.
- Symbole (Peirce): Le signe n’est qu’arbitrairement ou conventionnellement
lié à son référent. Ex: la vaste majorité des mots dans les langues naturelles. Il
est question d’une simple convention (cf. De Saussure).
Horizon d’attente : Selon Lotman, le texte dépend de «l’horizon d’attente» du lecteur (se
focalise sur le rôle du public) voir aussi théories de la réception
Décentrement du sujet : Le langage précède le sujet individuel et il est bien moins la création du
sujet que le sujet n’est la création du langage. Le structuralisme estime que le sujet n’est pas à
l’origine de son propre discours. Le sujet est devenu une fonction de la langue. (S’exprime dans la
thèse: «Ce n’est pas nous qui parlons la langue, mais la langue qui nous parle».)
La réalité n’est pas reflétée par le langage mais produite par lui : Tout ce que nous sommes à même de
penser est déterminé dès le début par la structure de la langue.
Tournant langagier : Il s’est accompli dans les sciences humaines au cours du 20 e: cette évolution
allait au détriment de l’importance traditionnellement attachée au sujet.
Dans le structuralisme: la structure ou le langage a usurpé la position privilégiée tradition- nellement
réservée au sujet.
La mort de l’auteur : Pour transmettre un message, l’émetteur doit déjà être pris et constitué par le
langage. Le structuralisme détruit la notion romantique selon laquelle un texte littéraire est la
transcription de la voix vivante d’un auteur s’adressant à ses lecteurs. Il remet en évidence le
texte même, qu’il construit comme une structure complexe, composée d’éléments langagiers
hiérarchiquement ordonnés. Barthes proclame en 1968 la « mort de l’auteur ». Pour Barthes, le rôle
de l’auteur est d’imposer au texte un sens ultime, sens que le lecteur est ensuite censé retrouver.
Mais il nous est impossible de retracer ce qu’un auteur avait en tête lorsqu’il écrivait ses textes. De
plus, un texte littéraire n’a pas qu’un seul sens, sa signification est plurielle et ne cesse de se
multiplier. Il est tissé avec la matière fournie par une multitude d’autres textes, et sa signification est
attribuée par le lecteur : « la naissance du lecteur doit se payer avec la mort de l’auteur ».
Geste fondateur : Le structuralisme ne relie pas le texte littéraire aux réalités dont il traite, ni aux
conditions qui l’ont produit, ni aux lecteurs qui l’ont étudié car le geste fondateur du structuralisme est
de s’écarter de telles réalités. Pour révéler la nature du langage et pour que la structure du signe
puisse être mieux analysée, De Saussure réprime le référent (= l’objet réel que le signe
dénote). Ce geste est semblable à la mise entre parenthèse (Einklammerung):
l’exclusion du monde matériel (pour éclairer au mieux la conscience que nous en avons).
La narratologie
Sème (Greimas) : Il s’agit de l’unité sémantique minimale qui est le résultat d’une opposition. Ex:
homme/femme, petit/grand, haut/bas.
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Lexèmes
Août 2016: Ce sont les éléments lexicaux du langage. Ils sont formés de combinaisons de sèmes. Ex: le
lexème ‘fils’ inclut les sèmes masculins, progéniture, humain, etc.
La première étape de l’analyse structurale consiste à inventorier tous les sèmes possibles des lexèmes
contenus dans le texte à étudier. Si deux lexèmes ont un sens différent, cela implique qu’ils possèdent
au moins un sème qui les distingue. Greimas postule l’existence d’un noyau sémique composé de
sèmes invariables, lequel formerait le cœur de tout lexème. Il peut aussi contenir d’autres sèmes qui
varient selon le contexte.
L’étape suivante: déterminer la signification du texte auquel les lexèmes analysés appartiennent. Pour
ce faire:
1. Regrouper en classèmes les sèmes apparaissant plus d’une fois dans un
poème. Cette opération permet de rapprocher des lexèmes ayant un sens
différent et de mettre au jour les réseaux sémiques qui traversent le texte
premier pas vers une interprétation
globale.
2. Identifier les isotopies (les ensembles récurrents d’unités de sens). Le lecteur
doit faire appel à son expérience, à sa sensibilité, à son intuition et prendre une
décision interprétative. Elle repose donc sur la compétence culturelle du lecteur.
Cette méthode est difficile à appliquer à des textes d’une plus grande ampleur, comme les romans.
Pour l’analyse de textes épiques plus volumineux, il fait appel à la notion d’actant.
Actant : Il s’agit d’une unité structurale, un actant exécute ou subit une action. Les
personnages, les objets et même les notions abstraites peuvent se trouver en position d’actant. Les
actants sont déterminés en fonction du rôle qu’ils jouent dans le récit. Il s’agit donc d’unités
fonctionnelles qui se divisent en six catégories universelles (présentes dans tous les récits): le sujet,
l’objet, le destinateur (l’instigateur de la quête ou de l’action), le destinataire, l’adjuvant (l’aide),
l’opposant.
D’après Greimas, les relations entre les actants sont identiques dans tous les récits :
- Sujet – Objet : désir
- Destinateur – Destinataire : communication (le destinateur charge le sujet
d’acquérir un objet pour le remettre au destinataire)
- Adjuvant – Opposant : pouvoir (l’adjuvant aide le sujet à acquérir l’objet,
l’opposant veut le contrecarrer)
Le schéma actanciel permet qu’un personnage assume plusieurs rôles actanciels. Inversement,
plusieurs personnages peuvent représenter un même rôle. Il est également possible qu’un acteur
change de rôle actantiel au cours du récit.
Le modèle actanciel de Greimas conçoit le récit classique comme une « séquence narrative »
se composant de quatre phases :
1. Phase de manipulation : le destinateur incite le sujet à chercher et obtenir
l’objet
2. Phase de compétence : le sujet doit disposer des compétences nécessaires
3. Phase de performance (=phase cruciale) : le sujet réalise une transformation
4. Phase de sanction : le destinateur juge la performance du sujet et le
récompense ou le punit
Cette approche est typiquement structuraliste, elle laisse de côté la psychologie des personnages et
se concentre sur la structure profonde de la dynamique du récit.
Gérard Genette :
Prolepse (anticipation, flashforward): un événement est narré avant qu’il ne se produise
dans le cours normal de l’histoire. Ex: un personnage annonce qu’il va se marier.
Analepse (rétrospection, flashback): un événement est narré après qu’il se soit produit.
L’analepse est plus fréquente que la prolepse. Ex: un personnage raconte qu’il vient de se
marier.
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Dans les deux cas, le récit est anachronique: il présente les événements dans un ordre qui
Août 2016
n’est pas leur ordre d’occurrence – l’ordre temporel de leur succession dans l’histoire ou la
diégèse (= le fait de raconter les choses)
Récit isochrone = un récit dont le temps de la narration et le temps du récit sont équivalents.
Il s’agit d’un récit où aucune forme d’accélération ou de ralentissement ne vient altérer le
cours du récit. Le rapport durée d’histoire/longueur du récit reste toujours constant.
Récit anisochrone = un récit qui présente des variations entre la durée d’histoire et la
longueur du récit. La majorité des récits sont anisochrones.
Le narratologue prête aussi attention à la position du narrateur par rapport au monde narré:
- Narrateur intradiégétique (interne): il se trouve à l’intérieur de ce monde et
son action de raconter reste en dehors de toute fiction. Nous savons pourquoi
le narrateur raconte son histoire.
- Narrateur extradiégétique (externe): il se trouve à l’extérieur de ce monde et
son action de raconter est fictionnalisée, prise dans une diégèse.
Riffaterre voit l’intertextualité comme une contrainte: si l’intertexte (= l'ensemble des œuvres
antérieures au texte d'accueil sans connaissance) n’est pas perçu, c’est la nature même du texte
qui est manquée. Or l’intertexte évolue historiquement: les textes peuvent donc devenir illisibles ou
perdre de leur signification.
Il introduit la notion d’hypogramme : Les (groupes de) mots auxquels un texte renvoie. Deux
catégories:
1. Hypogrammes potentiels: se rapportent à la langue naturelle
Ex: Un texte littéraire qui joue avec la métaphore « blanc comme neige »
2. Hypogrammes actuels: se rapportent à la «langue secondaire» que constitue la
littérature existante. Ex: le titre du roman Ulysses, de James Joyce qui évoque
Odyssée d’Homère
Un hypogramme actuel = interprétant = un signe qui explique un ou plusieurs autre(s) signe(s). Le
repérage de relations intertextuelles est indispensable à l’interprétation.
Selon T.S. Eliot, le poème doit fonctionner idéalement comme un «corrélat objectif» = un artefact
Août 2016
linguistique capable de produire sur le lecteur les effets correspondant aux sensations originales du
poète. L’émotion est immédiatement suscitée par l’organisation formelle du langage. Ce poème
n’exprimerait donc pas les émotions et la personnalité de l’auteur. (Corrélat objectif = ensemble
d’objets, situation, chaine d’événements qui représentent une certain émotion que le lecteur peut
ressentir et interpréter.)
Théorie pratique (F.R. Leavis) : On juge de la qualité de la littérature en portant une attention
concentrée sur des poèmes et des textes en prose, isolés de leur contexte culturel et historique. Ce
jugement se prononce sur le ton et la sensibilité d’un texte spécifique.
Lecture méthodique (close reading) (F.R. Leavis): Il s’agit d’une interprétation analytique détaillée,
qui appelle une attention rigoureuse aux «mots sur la page» et aux éléments constitutifs d’un texte
plutôt qu’aux contextes qui les ont produits ou qui les entourent. Tout texte peut être compris
isolément. Cette approche trouve son aboutissement dans le New Criticism.
William Empson est l’inventeur du « close reading », qui se focalise d’abord sur les mots individuels
d’un texte et explore leur potentiel de signification, qui est ensuite mis en relation avec celui des autres
mots du texte. Le critique peut ensuite interpréter le texte. Cette méthode ignore l’auteur, le lecteur et
le contexte.
«The Intentional Fallacy» (Séparation du texte de l’auteur): Essai de Wimsatt et Beardsley (New
Critics). Ils y dénoncent l’illusion qu’il est indispensable, afin de pouvoir interpréter une œuvre
littéraire, de connaitre la biographie et la psychologie de son auteur, la genèse de ses textes et surtout
les intentions qui en étaient à la base. La genèse du texte est un processus immanent du langage. Cf.
poètes et artistes modernistes du 20e siècle: le poème naissant s’écrit partiellement de lui-même et
donc indépendamment de leur intention. Ils découvrent le poème dans le travail «expérimental»
soutenu avec le matériau langagier. Les intentions de l’auteur n’ont aucune pertinence pour
l’interprétation du texte.
«The Affective Fallacy» (Séparation du texte du lecteur): Essai de Wimsatt et Beardsley. Ils y
dénoncent l’erreur de prendre en considération les réactions subjectives des lecteurs. Le sens d’un
texte serait objectif et non une question de significations arbitraires produites par un lecteur privé.
The Theory of Literature (1949) : C’est le produit d’une collaboration entre Austin Warren,
théoricien américain qui approuvait les tendances principales du New Criticism, et René Wellek,
théoricien tchèque de l’Ecole de Prague. Il suivait de près l’évolution du New Criticism depuis ses
débuts en Angleterre. Il s’installa aux Etats-Unis et rencontra de nombreux New Critics.
Au début des années 1940, ils ont commencé à écrire The Theory of Literature, un ouvrage sur la
nature, la fonction, la forme et le contenu de la littérature qui synthétise les traditions formalistes-
structuralistes européennes et les idées directrices du New Criticism.
Horizon
Août 2016d’attente (Erwartungshorizont) (Jauss): Il doit être établi avant d’étudier un texte littéraire.
Cela rappelle les théories structuralistes de Mukarovksy et la sémiotique de Youri Lotman. Cet
horizon est constitué par l’ensemble des connaissances, des normes, des valeurs et des attentes existant
auprès d’un public historiquement et culturellement situé.
Un horizon d’attente est le produit d’une évolution historique et se trouve en état de réorganisation
permanente. Une même œuvre peut être comprise et évaluée de façons souvent très différentes à
plusieurs époques consécutives.
Ecart esthétique (Ästhetische Distanz) (Jauss): Il s’agit du décalage entre le texte littéraire et
l’horizon d’attente. Un texte relativement distant par rapport à l’horizon d’attente (qui propose au
lecteur d’autres normes et valeurs que celles contenues dans l’horizon d’attente) est apprécié comme
étant éminemment «littéraire» / «artistique». Établissement d’un nouvel horizon d’attente, qui
choque en premier lieu, avant de devenir une nouvelle norme littéraire.
Jauss prend par la suite ses distances avec l’écart esthétique qu’il trouve trop partial ; un texte peut ne
pas être ‘autonomiste’ mais cependant procurer du plaisir au grand public. Jauss se focalise alors sur
les différentes formes de plaisir (Genuss) auxquelles la littérature peut donner lieu, ainsi que sur la
problématique de l’identification du lecteur à un des personnages de l’histoire.
Lecteur implicite (Iser): Il s’agit du rôle du lecteur virtuel sollicité par le texte même. Le lecteur
réagit au parcours que l’œuvre lui impose. C’est le modèle du rôle que le texte veut que le lecteur
joue dans le processus de la communication littéraire. L’œuvre organise et dirige la lecture. Une des
tâches du chercheur littéraire est de repérer le «lecteur implicite» inscrit dans le(s) texte(s) qu’il étudie.
Leerstellen (Iser): Il s’agit de «vides», d’espaces blancs à l’intérieur des textes. Ces blancs seront
remplis par les projections du lecteur, qui y inscrit sa propre expérience et abolit les indéterminations
textuelles pour les remplacer par un sens plus ou moins stable. Chaque lecteur actualisera le sens d’un
texte à sa propre manière. Le texte est donc polysémique, ouvert.
Il n’y a pas de lecture correcte d’un texte littéraire. Le lecteur doit cependant maîtriser les ‘codes’, les
conventions et techniques littéraires, pour pouvoir interpréter le texte.
Lecteur productif : Il s’agit de l’auteur qui incorpore des traces de sa lecture dans sa propre œuvre,
avec des intentions diverses (parodie, plagiat, imitation, émulation,…). Les recherches qui étudient ce
type de lecteur voisinent avec les recherches sur la problématique de l’intertextualité.
Lecteur visé : (lecteur non-réel) Terme utilisé lorsqu’il est possible de déterminer à quel type ou
groupe de lecteurs auquel un texte se destine.
Chapitre 5 : Le postructuralisme
Le sens n’est jamais présent dans le signe (Derrida): La seule «partie» du signe dont la présence
nous est donnée est le signifiant – que l’on peut identifier au signe même. Le poststructuralisme sépare
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le signifiant
Août 2016 du signifié. Le signifiant est un «supplément», absolument indispensable pour qu’il y ait
du sens. C’est le signifiant qui instaure la signification.
Itérabilité (Derrida): Tandis que le signifiant reste identique, le sens auquel il renvoie ne cesse
de se modifier. Le signifiant peut en principe être réitéré (répété, reproduit) éternellement. Mais
chaque réitération se fait à l’intérieur d’une nouvelle constellation de signifiants. Leur contexte se
modifie continuellement.
Ex : Un texte aura toujours le même signifiant, il restera toujours stable si personne ne le modifie. Mais son
signifié, son interprétation, est instable ! Le texte est interprété différemment en fonction du contexte, de
l’époque, du lecteur…
Le langage est toujours en expansion, il est la combinaison de l’itérabilité du signifiant avec
l’instabilité du signifié.
Ex: Le signifiant «loup», selon le contexte, peut renvoyer à un mammifère, un poisson, plusieurs outils
spécifiques à certains métiers, un masque,… Il existe aussi des associations et connotations autour de ce terme
telles que loup-garou, grand méchant loup, louve de Romulus et Rémus…
D’après les théories traditionnelles du sens, la fonction du signe est de représenter les sentiments,
pensées ou la réalité extérieure. Or, le post-structuralisme postule que rien n’est réellement présent
dans les signes. Il radicalise l’idée structuraliste du décentrement du sujet ; non seulement le
langage précède le sujet, mais il est en plus caractérisé par un sens éternellement différé et instable. Le
sujet est obligé de s’insérer dans le langage pour exister et son identité est toujours manquée, dispersée
et volatile.
Métaphysique de la présence : Il s’agit de l’illusion que le sens de quoi que ce soit puisse à
un moment donné être présent directement, sans médiation par le supplément qu’est le signifiant.
D’après Derrida, cette illusion naît de l’apparition du supplément, qui nous promet la présence du sens
– jamais tenue. Il s’agit d’une illusion de croire que nous obtiendrons la présence directe du sens (le
signifié, le contenu) en enlevant le supplément (le signifiant, la forme).
Déconstruction : Ce terme est emprunté à Heidegger et utilisé par Derrida dans De la grammatologie
(1967). Il s’agit de l’opération théorique qui permet d’au moins partiellement annuler les oppositions
binaires.
Ex: la femme est un non-homme, valeur négative assignée par rapport au principe premier mâle. L’homme a
besoin de la femme pour être défini.
La déconstruction a montré que les oppositions binaires qu’utilise le structuralisme classique sont
caractéristiques des idéologies. Les idéologies aiment dessiner des frontières rigides entre ce qui est
acceptable et ce qui ne l’est pas. Une telle pensée métaphysique ne peut pas être éludée. Toutefois, la
déconstruction nous permet de commencer à démêler ces oppositions et à montrer comment le terme
d’une antithèse appartient secrètement à l’autre. La déconstruction s’attache aux points
symptomatiques où les textes se défont et commencent à se contredire (les apories). La déconstruction
contient un potentiel critique réel : elle peut nous conscientiser du fait que des hiérarchies en
apparence évidentes ne le sont en réalité pas du tout. Elle montre qu’il existe des possibilités de choisir
là où on aurait cru que l’ordre était immuable. Cette pratique est cependant négative, puisqu’elle se
contente
Août 2016 de déstabiliser les oppositions sous-jacentes à un ordre établi.
Le déconstructionnisme : Paul de Man = figure de proue. C’est une école qui se base sur l’idée
derridienne que le langage n’est jamais univoque, et développe une méthode de lecture qui vise à
révéler que l’univocité espérée n’est qu’une illusion. La plupart des NC avaient déjà mis l’accent sur
l’ambiguïté fondamentale du langage littéraire.
Le critique décontructionniste prend comme point de départ un élément à première vue marginal (un
extrait du texte) qu’il utilise comme levier d’une lecture qui disloque le message proclamé/
l’interprétation du texte. Le déconstructionnisme vise à déstabiliser les présuppositions métaphysiques
et les hiérarchies traditionnelles qui sont ancrées dans le texte. Le résultat d’une lecture
déconstructionniste est le renouveau perpétuel de l’expérience du critique, qui va au-delà des cadres
interprétatifs établis et en révèle la « cécité » (blindness) pour la remplacer par une nouvelle « vue »
ou « vision » (insight), qui se fonde elle-même sur une nouvelle forme de cécité, qui pourra à son tour
être déconstruite etc.
Les leçons à retenir du déconstructionnisme sont notamment qu’il n’existe pas d’interprétation
correcte, dictée par l’auteur ou le texte lui-même, et qu’il est impossible de développer une théorie
littéraire « scientifique » en cherchant à mettre au point une méthode pour « lire correctement ».
Le structuralisme estimait que le sens d’un texte était retenu par les catégories de sa structure. D’après
Derrida, il est impossible de fixer le sens dans ce qu’il appelle l’écriture, puisque le sens flotte et
glisse sans cesse – un processus qu’il appelle la «dissémination» (= la dérive d’un message de sa
destination originelle). Un signifiant peut produire toute une série de significations. La dissémination
caractérise tout écrit.
Dans son essai Le plaisir du texte, Barthes va encore plus loin. Il y dénonce toute théorie et toute
idéologie, tout sens déterminé et tout engagement social. L’écriture est la seule enclave dans laquelle
on peut jouer et savourer la somptuosité du signifiant. Barthes aborde la problématique du sujet : La
notion de sujet autonome et transparent n’est qu’une illusion créée par le discours idéologique. Cette
illusion est renforcée par ce qu’il appelle les textes de plaisir, qui s’opposent aux textes de
jouissances, qui contrecarrent l’identification avec le discours idéologique en offrant un contre-
discours fragmentaire et hybride. Ils visent à saper la souveraineté d’un sujet idéologique. Ils effacent
tous les points de référence du sujet et forcent le lecteur à se ré-écrire. Cette activité lui procure un
plaisir ambivalent et presque morbide, que Barthes appelle jouissance.
Un canon = l’ensemble des noms propres dans un domaine et les narrations dans
lesquelles ces noms se trouvent intégrés/qui les incorporent. Il est le produit provisoire
d’une série de « pratiques discursives ».
Antécédents et précurseurs
Bielicki
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Sarah
Le positivisme
Taine est le plus célèbre représentant du positivisme dans les études littéraires. Il
appliqua ses idées positivistes dans sa Histoire de la littérature anglaise. La
théorie de Taine est résumée au moyen de ses 3 mots clés : « moment, milieu,
race ». Ils dénotent les facteurs, les
« causes objectives » déterminant l’auteur, qui à son tour est la « cause » de son œuvre.
Le « moment » : la situation politique et sociale, ainsi que les conceptions et idées
prépondérantes, mais aussi l’état d’avancée intellectuelle de l’homme à un moment
historique donné.
Le « milieu » : les circonstances sociales, au climat et à la situation géographique.
La « race » : les dispositions innées et héréditaires de l’homme (le caractère national, «
Latins » vs. « Germains », l’esprit français ou allemand, …)
La théorie formaliste est née des travaux conjugués des membres de ces 2 centres :
Bielicki
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Sarah
scientifiques (comme les membres du Cercle linguistique de Moscou) et se
concentrèrent sur la forme du texte littéraire.
La plupart des formalistes russes appartenaient à une génération
« révolutionnaire » née dans les années 1890.
Le langage littéraire est autoréférentiel car il attire l’attention sur sa propre forme et
qu’il affaiblit la relation signe – référent.
Victor Chklovski fut l’un des fondateurs de l’Opoïaz. Il fut théoricien de la littérature
(prose narrative) et du cinéma. Il développa le concept de la
« défamiliarisation ».
Iouri Tynianov fut l’un des fondateurs de l’Opoïaz. Il fut théoricien de la littérature
(poésie et histoire de la littérature) et du cinéma.
La « littérarité » et la « défamiliarisation »
↓
CODE
↓
DESTINATEUR → MESSAGE → DESTINATAIRE
↑
CONTEXTE
Bielicki
Août 2016
Sarah
DESTINATAIRE ⟶ fonction conative : est orientée vers le destinataire et se marque par
tous les moyens par lesquels le destinateur suggère et appelle la présence d’un
destinataire.
CONTACT ⟶ fonction phatique : se rapporte au contact qu’elle vise à établir, à
maintenir ou à interrompre.
CONTEXTE ⟶ fonction référentielle : est orientée vers le contexte et sert à la
transmission d’informations.
CODE ⟶ fonction métalinguistique : assure une bonne compréhension du code de la
communication.
MESSAGE ⟶ fonction poétique : se rapporte à la manière dont le message est mis en
forme (sans prêter attention au contexte). Le langage dans sa fonction poétique est
gouverné par des lois immanentes et non pas par des lois de la communication.
Elle est garante de la littérarité d’un texte. Tout texte où la fonction poétique est
dominante sera donc considéré comme littéraire.
Selon Jakobson, un texte est littéraire lorsque la fonction poétique y est dominante et
lorsqu’il est autoréférentiel : le langage y est gouverné par des lois immanentes (et non
pas par des lois de la communication).
La défamiliarisation (ostranenye) :
La prose littéraire défamiliarise le processus normal de perception et se sert de nouveaux
moyens de représentation et d’un langage délibérément difficile, rendant la réalité perçue
étrangère et nouvelle. Le texte offre ainsi une vision alternative et inattendue et cette «
représentation insolite » revitalise la perception. La chose devient chose vue et
non
chose reconnue. ⟶ porte sur la perception du monde extérieur/de la
réalité.
Forme = contenu
Bielicki
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Sarah
article « L’art comme procédé » (1917). Le texte sera ensuite conçu comme un système
cohérent/ensemble fonctionnel de procédés.
L’une des grandes découvertes de la théorie littéraire est que le contenu du texte
littéraire ne peut être dissocié de sa forme. La forme même du texte est
porteuse de sens. Si elle est modifiée, la signification du texte l’est également. Des
textes « non-littéraires » peuvent donc avoir des qualités littéraires, lorsque leur forme
contribue à leur contenu.
La « poéticité » (le trait distinctif) de la poésie est l’autonomie de la forme et sa
nature « autoréférentielle » (se référant à elle-même).
Dans la prose narrative (comme dans l’analyse des œuvres poétiques), on étudie la façon
dont la matière est mise en forme, ainsi que l’effet qu’elle produit. Dans cette optique,
Tomachevski avance une distinction entre la fabula et le sujet.
Vladimir Propp est un linguiste-folkloriste qui étudie les contes fantastiques russes
traditionnels, il a écrit Morphologie du conte en 1928. Il poursuivit les recherches
formalistes dans le domaine de la prose narrative. Il s’efforce de réduire la multitude de
contes de son corpus à un nombre restreint de structures fondamentales et invariantes
qui avaient (selon lui) généré l’ensemble des contes individuels et particuliers. Il vise à
dévoiler le système abstrait sous-tendant les contes concrets. D’après lui, chacun des
contes étudiés s’articule autour de quelques « fonctions » (32)/est une séquence de «
fonctions ». Il est une figure de transition entre le formalisme et le structuralisme.
La « fonction » (de Propp) est l’action d’un personnage, définie du point de vue de sa
signification dans le flux narratif/le déroulement de l’intrigue. C’est l’unité minimale du
conte, qui s’article donc comme une séquence de fonctions.
Tynianov a avancé, dans son article De l’évolution littéraire (1927), que dans un
texte littéraire, 3 fonctions sont à l’œuvre :
- La fonction constructive : où le spécialiste étudie le texte comme un
système (un ensemble de variables interdépendantes) en lui-même. Il
étudie les éléments formels dans le texte et leurs relations. Ces
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Sarah
relations sont généralement conflictuelles : un élément ou niveau formel s’efforce de
s’imposer, de subordonner les autres et de devenir le « principe de construction » du
texte. La prédominance de ce principe sera à chaque moment contestée par des
principes alternatifs et il est question d’évolution littéraire dès qu’un de ces principes
parvient à usurper la place occupée par le principe régnant.
- La fonction littéraire : où le spécialiste étudie les éléments formels du
texte dans leurs relations aux normes du système littéraire
contemporain (genres, écoles, courants, groupes, styles, …). L’identité
même d’une œuvre littéraire dépend de ces relations.
- La fonction sociale : où le spécialiste étudie les éléments du texte
dans leurs relations avec les « faits sociaux » (la réalité
extralittéraire).
Pour décrire l’évolution littéraire, il faut tenir compte des évolutions dans les faits
littéraires à ces 3 niveaux ainsi que leurs corrélations/relations.
Chaque époque a sa propre ustanovka, c’est-à-dire une orientation et une attitude
propres à l’époque en question), qui fait que certains phénomènes seront reconnus comme
littéraires alors que d’autres non.
Le « péché anachronique », désigne l’application de « critères (normes, valeurs)
propres à un système (chaque époque = un système particulier) pour juger les
phénomènes relevant d’un autre système ». Tynianov fut parmi les premiers à mettre les
historiens de la littérature en garde contre ce péché.
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maintenue. Le système langagier est donc un système différentiel,
« sans termes positifs », car dans le système linguistique, il n’y a que des différences : le
sens d’un signe est le résultat de la différence du signe avec d’autres signes.
La langue est le système général et abstrait, la structure qui rend le discours possible.
Dans la métaphore, un signe se substitue à un autre parce qu’il lui est, d’une certaine
façon, similaire : « avion » devient « oiseau » (oiseau = métaphore d’avion, similitude :
capacité de vol) ⟶ un signe se substitue à un autre sur base d’une similitude. Nous
pouvons faire des métaphores, lorsque nous disposons de signes qui sont « équivalents ».
Dans la métonymie, un signe est associé à un autre : « aile » est associée à « avion »
parce qu’elle en fait partie (aile = métonymie d’avion, aile = partie pour le tout) ; «
ciel » est associé à « avion » parce qu’ils sont en
contiguïté spatiale (ciel = métonymie d’avion, ciel = en contiguïté spatiale) ⟶ un signe
se substitue à un autre sur base d’une association.
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Sarah
Jakobson dit que la fonction poétique projette le principe de l’équivalence (l’axe
paradigmatique) sur l’axe de la combinaison (l’axe syntagmatique), c’est-à-dire
que la « similarité (métaphorique) se surajoute à la contiguïté (métonymique) car en
poésie, nous prêtons attention aux « équivalences » dans le processus de combinaison tout
comme dans celui de leur sélection : nous lions des mots qui sont équivalents d’un point
de vue sémantique, rythmique, phonétique, ou autre.
Jakobson considère la poésie comme hautement métaphorique car les similitudes
(répétitions, parallélismes, oppositions) y jouent un rôle central. Les poèmes sont traversés
par un grand nombre d’équivalences situées à plusieurs niveaux : phonétiques,
morphologiques, syntaxiques et sémantiques. Pour lui, cette caractéristique est indicative
de la qualité littéraire de la poésie en général.
D’autres formes littéraires que la poésie (par exemple la prose narrative) sont dites
métonymiques car elles lient les signes entre eux surtout par associations mutuelles.
Jan Mukařovský : la norme esthétique et l’histoire littéraire
Mukařovský fut parmi les premiers à mettre à l’évidence la relation qui existe entre la
valeur en littérature, le contexte dans lequel un texte apparaît et le rôle du lecteur.
Bielicki
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Sarah
de valeur (le « canon »), qui sera inévitablement remis en cause ultérieurement.
Dans le modèle « relativiste » de Mukařovský, la valeur et la signification sont «
attribuées » sur la base de la relation établie entre le texte jugé et la norme
esthétique de la période dans laquelle le jugement est porté. Elles sont donc attribuées
par les lecteurs et historiquement variables. La mission de l’histoire littéraire devient
l’étude de la façon dont cette valeur est attribuée aux textes littéraires. Les textes
importants sont ceux qui jouent un rôle décisif dans la modification de la norme
esthétique d’une époque.
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- la « connotation » : l’ensemble de ses significations secondaires et
supplémentaires. Elle joue un rôle primordial en littérature parce
qu’elle rattache au sens dénotatif d’un mot une série de valeurs
affectives.
La sémiotique a établi la distinction entre :
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- la sémantique secondaire, qui se focalise sur le sens produit par
la forme de l’ensemble signifiant.
L’analyse d’un texte littéraire devrait se faire en 2 stades :
Des structures sont des ensembles d’éléments liés par des relations produites selon les
règles du système. La signification d’un élément est déterminée par sa différence avec les
autres éléments. Une structure est cohérente : elle fonctionne comme un ensemble, même
si elle peut changer suite à l’addition ou la suppression d’un ou plusieurs éléments, sa
structure de base reste immuable.
Le décentrement du sujet
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langagier rejette donc la notion romantique selon laquelle un texte littéraire est la
transcription de la voix vivante d’un auteur ou l’expression de sa subjectivité. Barthes
proclamera en 1968 la ‘mort de l’auteur’.
Le structuralisme et la narration : la naissance de la narratologie
La narratologie est l’étude de la narration. C’est une nouvelle discipline qui vit le jour
dans les années 1960-1970. Parmi ses représentants les plus influents se trouvaient :
Greimas, Todorov, Barthes, Bremond, Genette et Hamon. Le terme « narratologie » entra
dans l’usage en 1969 grâce à Todorov qui qualifia dans son étude Grammaire du
Décaméron la narratologie comme la science du récit. Le manifeste officieux de la
narratologie est le numéro 8 de la revue Communications.
Le précurseur : Lévi-Strauss
Les mythèmes sont des unités individuelles (minimales) qui composent tout mythe. Ils
n’acquièrent de sens que lorsqu’ils se combinent et ces combinaisons sont régies par des
règles « grammaticales ».
L’actant est une unité structurale à ne pas confondre avec un personnage. Un actant
exécute ou subit une action, ce qui veut dire que non seulement les personnages, mais
également les objets et même des notions abstraites peuvent se trouver en position
d’actant. Les actants sont déterminés en fonction du rôle qu’ils jouent dans le récit.
Ce sont des unités fonctionnelles qui se divisent en 6 catégories universelles (présentes
dans tous les récits) :
1. le Sujet
2. l’Objet
3. le Destinateur (l’instigateur de la quête ou de l’action)
4. le Destinataire
5. l’Adjuvant (l’aide)
6. l’Opposant
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Les relations entre actants sont identiques dans tous les récits. La relation Sujet – Objet
est caractérisée par le désir. La relation Destinateur
– Destinataire se situe sur l’axe de la communication : le Destinateur charge le Sujet
d’acquérir un objet pour le remettre au Destinataire approprié. La relation Adjuvant –
Opposant se situe sur l’axe du pouvoir : l’Adjuvant aide le Sujet, l’Opposant le
contrecarre. Un acteur peut assumer plusieurs rôles actantiels, plusieurs acteurs peuvent
jouer le même rôle actantiel et un acteur peut changer de rôle actantiel au cours du
récit. = le modèle actantiel de Greimas.
Par analyse selon le modèle actantiel de Greimas, le récit classique est réduit à une «
séquence narrative » composée de 4 phases :
La phase de performance (pragmatique) est la phase cruciale car c’est celle où le Sujet
intervient pour réaliser une transformation qui nécessaire pour passer de la situation
initiale à la situation finale. Cette action présuppose que le Sujet sache ce qu’il y a lieu de
faire.
Dans la phase de manipulation (cognitive), le Sujet se donne pour mission de
chercher l’Objet. C’est le Destinateur qui l’incite à le faire, puisqu’il informe le Sujet de la
nature et de la valeur de l’Objet (« faire savoir ») et le pousse à accepter le contrat («
faire-vouloir »).
Il est possible qu’une ou plusieurs phases ne soit pas présente. Le chercheur doit alors la
reconstituer.
Une des 4 phases peut être fortement accentuée. Ceci est généralement lié aux
caractéristiques du récit et/ou aux conventions génériques.
Todorov et Bremond
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Claude Bremond estime dans sa Logique du récit (1973) que tout récit peut être réduit à
une série de « séquences narratives », c’est-à-dire, des processus d’amélioration
et de détérioration, liés à la (non-)réalisation d’actes possibles. Chaque séquence
narrative s’articule autour de 3 moments clés :
L’étude structuraliste du récit doit décrire la « langue » qui génère les récits sur plusieurs
niveaux liés entre eux par un rapport hiérarchique. Grâce à l’opération conjointe de ces
niveaux, le récit parvient à produire du sens. L’analyse doit décrire les éléments des
différents niveaux et leurs relations. Celles-ci peuvent être :
- le niveau des fonctions (le plus bas), où l’on retrouve les unités
narratives minimales du récit. Les unités distributionnelles de ce
niveau sont les fonctions proprement dites et les unités intégratives
sont les indices.
La classe des fonctions proprement dites se divise en 2 sous- classes :
❖ les fonctions cardinales, qui sont des actions décisives dans
le
déroulement des événements, fonctionnant comme des noyaux ou charnières. ⟶
elles occupent une position privilégiée car elles constituent l’armature du récit
(les autres ne sont que des expansions).
❖ Les catalyses, qui sont des actions d’une nature plutôt subsidiaire.
La présence d’une catalyse présuppose l’existence d’une fonction cardinale, mais une
fonction cardinale ne présuppose pas la présence d’une catalyse.
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Les indices et les informants peuvent se combiner librement entre eux.
Selon Barthes, l’analyse au niveau des fonctions doit déboucher sur un regroupement
des actions individuelles en séquences (suite logique de fonctions cardinales). Les
petites séquences identifiées doivent ensuite être regroupées dans des séquences plus
larges.
Gérard Genette
Genette établit dans « Le discours du récit » (1972) une distinction dans le récit entre :
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ralentissement/où le rapport durée d’histoire/longueur du récit est constant.
Un récit anisochrone (majorité des récits) présente des accélérations et/ou des
ralentissements. Il y a un rapport variable entre la durée d’histoire et la longueur du
récit.
4 techniques narratives sont utilisées pour modifier le rapport entre le temps du récit
et le temps de l’histoire :
- la pause, qui est un arrêt presque complet de l’action. Par
exemple : des descriptions ou des disgressions.
- la scène, qui fait se rejoindre temps du récit et temps de l’histoire.
Les événements y sont narrés dans un temps relativement
équivalent à celui où ils se sont produits. Par exemple : des
dialogues.
- le sommaire, qui consiste à résumer une certaine partie de l’action
(nombre limité de détails).
- l’ellipse, qui correspond à une coupure temporelle. Le récit ignore
une certaine période de l’action.
3. La fréquence pose la question de savoir
- si un événement a eu lieu 1x dans l’histoire et est raconté 1x
(récit
singulatif)
- si un événement a lieu 1x mais est raconté plusieurs fois (récit
répétitif)
- si un événement a lieu plusieurs fois mais n’est raconté qu’1x (récit
itératif)
- si un événement a lieu plusieurs fois et est raconté plusieurs fois
(sous-type du récit singulatif)
4. Le mode se divise en « distance » (entre narration et
monde/événements narrés) et « perspective » (« qui voit ? »).
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Cas spécial du discours rapporté ou dramatique : le discours immédiat
(monologue intérieur). Ce discours est émancipé de tout patronage narratif (les
marques de l’instance narrative sont effacées). Il n’y a pas d’introduction
déclarative (du type : « Il dit :
… »). Le narrateur s’efface et le personnage se substitue à lui.
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- Le temps de la narration. La principale détermination
temporelle de l’instance narrative est sa position par rapport à
l’histoire. Il existe 4 types de narrations :
1) La narration « ultérieure », qui raconte l’histoire des
événements passés (majorité des récits). Il y a donc une
distance temporelle séparant le moment de la narration du
moment de l’histoire. Cette distance temporelle peut être :
-indéterminée : on ne sait pas clairement situer le moment de la
narration.
-déterminée : le moment de la narration peut être situé par rapport au
moment de l’histoire. Un effet peut être crée par le fait que le déroulement
de l’histoire réduise progressivement la distance qui la sépare du moment
de la narration.
2) La narration « antérieure » prédit l’histoire qui doit encore se
produire (type de récit relativement rare).
3) La narration « simultanée » relate les événements alors qu’ils
se produisent. La narration et l’histoire coïncident.
4) La narration « intercalée » est une narration à plusieurs
instances. L’histoire et la narration s’enchevêtrent de telle sorte
que la narration réagisse à l’histoire. Exemple : le récit
épistolaire à plusieurs correspondants.
- Le niveau narratif ou diégétique (relevant de la diégèse, de
l’histoire). Un narrateur peut être :
1) hétérodiégétique, le narrateur est absent de sa propre
narration.
2) homodiégétique, le narrateur est situé à l’intérieur de la
narration. Exemple : les récits à la 1ère personne. Il y a identité
de personne entre le narrateur et un personnage.
3) autodiégétique, le narrateur est dans la narration et tient le
rôle principal.
4) allodiégétique, le narrateur est présent dans la narration mais
se limite à un rôle d’observateur ou de témoin.
La nature d’un narrateur peut se modifier dans le courant d’un récit.
/!\ différences entre le narrateur hétérodiégétique et le narrateur homodiégétique.
Le narrateur hétérodiégétique peut être omniprésent et omniscient mais il ne se
sert pas toujours des connaissances supérieures dont il dispose. Il peut se projeter
dans la vision et l’expérience d’un ou plusieurs personnage(s).
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- La personne concerne la position du narrateur par rapport au
monde narré. Avec un narrateur intradiégétique (interne),
l’action de raconter est fictionnalisée, prise dans une diégèse.
Tandis qu’avec un narrateur extradiégétique (externe), l’action
de raconter reste en dehors de toute fiction.
Il y a 6 types de narrateurs :
1) Le narrateur externe hétérodiégétique
2)Le narrateur externe autodiégétique
3)Le narrateur externe allodiégétique
4)Le narrateur interne hétérodiégétique
5)Le narrateur interne autodiégétique
6)Le narrateur interne allodiégétique
Il y a différentes façons de narrer :
• la situation narrative auctoriale (concept de Stanzel), où le
narrateur décrit, commente et juge le monde narré à partir
d’une grande distance (récits du 18ème siècle).
• la situation narrative personnelle, où la vie intérieure d’un
personnage est éclairée en exposant les pensées et sentiments de celui-ci
(récits du 20ème siècle, le modernisme).
• la situation narrative neutrale, où l’accent est mis sur le monde
extérieur, notamment sur les comportements et les conversations des
personnages (récits du 19ème siècle, le réalisme, …).
Riffaterre perçoit l’intertextualité comme une contrainte car si l’intertexte n’est pas
perçu, c’est la nature même du texte qui peut être
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manquée. En effet, l’intertexte est l’ensemble des œuvres (littéraires et non-littéraires)
antérieures au texte d’accueil, le corpus de références, et il évolue historiquement. Il
change donc avec le temps et les textes paraissent donc voués à devenir illisibles ou à
perdre de leur signification dès lors que leur intertextualité devient opaque.
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Genèse et développement
Ransom et Tate (2 pionniers du New Criticism) s’y opposent car, pour eux, la poésie
nous offre une forme alternative de connaissance, donnant accès à la plénitude du monde
concret par le biais d’images et d’une multitude de significations connotatives. Pour eux,
la poésie est l’opposé de la science, qui a un esprit d’abstraction et de généralisation.
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Selon Eliot, le poème doit fonctionner comme un « corrélat objectif », c’est-à-dire, un
artefact capable de produire sur le lecteur les effets correspondant aux sensations
originales du poète. L’émotion doit être immédiatement suscitée par l’organisation
formelle du langage (donc, sans médiation par la raison). Le poème n’exprime pas les
émotions ou la personnalité de l’auteur comme dans la poésie romantique.
William Empson est l’inventeur du « close reading » (ou « lecture méthodique »).
Cette procédure consiste à se focaliser d’abord sur les mots individuels du texte et d’en
explorer leur potentiel de significations. Ensuite, ce potentiel est mis en relation avec
celui des autres mots dans le texte. A la fin, le critique peut interpréter et évaluer
le texte étudié dans son ensemble.
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Les New critics reprennent la procédure de la close reading des anglais, c’est-à-dire, une
approche intrinsèque, axée sur une lecture attentive du texte, devant déboucher sur une
interprétation et évaluation bien fondées.
« The Affective Fallacy » est un essai dans lequel Wimsatt et Beardsley dénoncent
l’erreur de prendre en considération les réactions subjectives des lecteurs. D’après eux, le
sens d’un texte littéraire est objectif et n’est donc pas question de significations abstraites
produites par un lecteur privé. En accordant de l’importance aux réactions émotives des
lecteurs, le critique risque de se perdre dans le subjectivisme.
Précurseurs et influences
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préconise (dans une perspective marxiste), l’engagement politique et social tant de
l’auteur que du lecteur d’œuvres littéraires.
Barthes contribua aux théories de la réception. Il propose dans Le plaisir du texte une
approche axée sur le plaisir individuel procuré par la lecture de certaines œuvres.
Eco s’est intéressé à la réception des œuvres mais d’un point de vue sémiotique. Il a écrit
Lector in fabula.
Dans son discours Die Appellstruktur der Texte (1970), Iser dit que l’historien de la
littérature doit étudier la « structure appellative » du texte. En effet, un texte soulève
des questions bien précises desquelles on peut déduire le type de lecteur auquel il
s’adresse. Iser s’intéresse donc à la représentation que l’œuvre donne de ses lecteurs, des
« appels » qu’elle leur lance.
Selon Iser, le « lecteur implicite » est le lecteur virtuel sollicité par le texte même. Cela
renvoie au rôle de lecteur inscrit dans le texte. Tout œuvre met en place une
représentation de son lecteur et pré-oriente sa
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réception : elle organise et dirige la lecture. Le texte contient dans sa structure le modèle
du rôle qu’il veut que le lecteur joue dans le processus de la communication littéraire.
Une des tâches du chercheur littéraire est de repérer le « lecteur implicite » inscrit dans
le(s) texte(s) qu’il étudie.
Iser dit que le texte littéraire est essentiellement caractérisé par son indétermination ou
imprécision (Unbestimmtheit). Il postule qu’il existe des « vides » ou espaces blancs
(Leerstellen) à l’intérieur des textes, qui seront remplis par les projections du lecteur, qui
y inscrit sa propre expérience. Chaque lecteur actualise le sens d’un texte à sa propre
manière. La polysémie est donc une caractéristique essentielle de la littéraire et il n’y a
pas de lecture « correcte ». Cette idée démocratise radicalement le processus
d’interprétation mais il ne faut pas en déduire que toutes les lectures ont la même valeur.
Le lecteur est supposé maîtriser les « codes » pour que sa lecture soit reconnue comme
valable.
D’après Iser, la lecture est un mouvement dynamique et complexe qui se déploie à la
façon du « cercle herméneutique », un concept central de l’herméneutique élaboré par
Gadamer dans Wahrheit und Methode et qui renvoie à un va-et-vient entre la partie (les
éléments concrets du texte) et le tout (l’interprétation qu’on lui donne). Nos déductions
initiales créent un cadre de référence à l’intérieur duquel nous interprétons ce qui suit peut
transformer notre compréhension originelle. Chaque phrase crée un horizon qui se trouve
confirmé, défié ou infirmé par la phrase suivante.
Approches herméneutique et empirique
Dans les années 1970, les théories de la réception se sont, à la suite d’une « querelle de
méthodes » scindées en 2 approches différentes :
Approche empirique de Groeben : il prend les idées de Jauss et Iser comme point de
départ et les assortit d’une méthodologie empirique.
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Pour lui, il est impératif que le chercheur essaie d’apprendre comment les lecteurs
réalisent la signification d’un texte. Il soumet des textes à des lecteurs et leur
demande d’en fournir des interprétations. Il estime qu’une recherche visant à étudier
la réception littéraire de façon scientifique doit se fonder sur des données empiriques.
Ses recherches se focalisaient d’abord sur l’interprétation de textes littéraires par les
lecteurs puis sur la motivation de lire et les effets de la lecture.
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- le « lecteur visé » (lecteur non-réel), quand il est possible de
déterminer à quel type ou groupe de lecteurs un texte se destine.
Affinités avec le concept de « lecteur implicite » d’Iser (le rôle de
lecteur inscrit dans le texte).
Les recherches axées sur l’apport du lecteur ont donné lieu à un nouveau type d’histoire
littéraire qui se trouve confrontée au problème que, dans l’étude d’une période
révolue, le chercheur ne peut aller enquêter auprès des lecteurs. Il peut compenser cela en
s’appuyant sur ce qui est disponible en tant que documents attestant la réception
contemporaine des textes étudiés.
Les recherches synchroniques sur la réception de la littérature visent à étudier la
réception de la littérature à un moment historique donné. Par exemple, en reconstituant
le comportement des acheteurs, en examinant le rôle des institutions littéraires ou en
comparant la vision de la réalité dans une œuvre littéraire avec celle en rigueur dans la
société en général.
Genèse et développement
Une pensée dite « rhizomatique » désigne une pensée se ramifiant sans centre ni
hiérarchie. Cela vient de la notion de rhizome introduite par Deleuze et Guattari. Elle est
caractéristique du postmodernisme littéraire qui a une préférence pour une littérature
ludique, ironique et intertextuelle, préconisant une pensée associative et « rhizomatique »,
caractérisée par l’absence de tout point de vue fiable et par la conviction que tout énoncé
renvoie à d’autres énoncés. La littérature postmoderniste est, en effet, fondée sur un
antiréalisme fondamental.
Le sens n’est jamais présent dans le signe. L’effet des différences du signifiant avec
d’autres signifiants permet uniquement de dire que la signification dudit signifiant diffère
de celle des signifiants A, B, C, D, et ainsi de suite. Le sens est donc dispersé tout au long
de la chaîne des signifiants, il n’est jamais donné de façon positive, il n’est jamais présent.
Seul le signifiant est réellement présent, que l’on peut donc identifier au signe même.
Cela veut dire que la relation entre le niveau des signifiants et celui des signifiés est
d’une asymétrie radicale. La signification est présente comme absence, en tant que
promesse dont la réalisation est différée indéfiniment, elle est toujours « à venir ». La
recherche du signifié dans sa présence directe ne sera jamais couronnée de succès. Le
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signifiant lui est bel et bien présent et il est traditionnellement considéré comme un «
supplément » du sens mais ce « supplément » est indispensable pour qu’il y ait du sens. Le
signifiant instaure la signification, le sens dépend donc de lui.
L’absence irrévocable du sens est liée à son instabilité profonde : le signifiant reste
toujours identique à lui-même mais le sens auquel il renvoie ne cesse de se modifier
(glisser, flotter). Ceci est lié à l’itérabilité du signifiant, qui renvoie (selon Derrida)
au fait que le signifiant peut être réitéré éternellement mais chaque réitération se fait à
l’intérieur d’une nouvelle constellation de signifiants. Les signifiants ne se trouvent
jamais au même endroit puisque leur contexte se modifie continuellement. Exemple : le
signifiant « loup » a différentes dénotations et associations ou connotation suivant le
contexte dans lequel il apparaît.
La « métaphysique de la présence » est l’illusion que le sens puisse être présent
directement (sans médiation par le signifiant). Elle naît de l’apparition du supplément (le
signifiant) qui nous promet la présence du sens, une promesse qui ne sera jamais tenue
mais qui nous incite à chasser cette présence.
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La « déconstruction » est l’opération théorique qui permet d’au moins partiellement
annuler des oppositions. C’est un terme emprunté à Heidegger et utilisé par Derrida pour
la 1ère fois dans De la grammatologie). La déconstruction a montré que les oppositions
binaires sont caractéristiques des idéologies, qui dessinent des frontières entre
acceptable/non-acceptable, sens/non-sens, etc. Elle permet d’au moins commencer à
démêler ces oppositions et à montrer comment le terme d’une antithèse appartient
secrètement à l’autre.
D’après Derrida, il est impossible de fixer le sens dans ce qu’il appelle l’écriture car le
sens flotte sans cesse, c’est un processus interminable qu’il appelle la « dissémination »
(l’inévitable dérive d’un message de sa destination originelle). La dissémination
caractérise tout écrit.
Roland Barthes : la lutte contre la « doxa »
« La mort de l’auteur » (1968) est une célèbre conférence de Barthes, qui annonçait
la rupture définitive avec la tradition des critiques et historiens littéraires Sainte-Beuve et
Lanson, qui attache une grande importance à la figure de l’auteur. C’est un pas décisif
vers le poststructuralisme, dont il sera considéré comme une sorte de manifeste.
L’une des fonctions de toute idéologie est de « naturaliser » la réalité sociale, de la faire
passer pour immuable. Elle vise à transformer Culture (historique et sociale) en Nature
(immuable). Barthes s’oppose aux signes autoritaires et idéologiques qui se donnent
comme les seules façons concevables de voir le monde. Pour lui, un signe « sain » est
celui qui attire l’attention sur son propre caractère arbitraire et factice et qui n’essaie pas
de se faire passer pour « naturel » et « vrai ».
La « Doxa » désigne les idées reçues d’une société. Barthes utilise des techniques
subversives parodiques contre son pouvoir autoritaire.
Barthes pense que les textes les plus intéressants ne sont pas ceux qui sont « lisibles
» mais ceux qui sont « scriptibles », c’est-à-dire, ceux qui rompent avec les codes établis
et encouragent le théoricien/lecteur à produire du sens lui-même. Le texte scriptible est
apte à donner lieu à une lecture aventureuse et imprévisible. Il n’a pas de sens déterminé
et établi, et prend la forme d’un tissu complexe et pluriel, un jeu de signifiants sans fin. Le
texte est un processus sans fin de « structuration » réalisée dans la lecture.
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Les textes de plaisir renforcent la notion du sujet autonome et
transparent, qui est une illusion créée par le discours idéologique.
Les textes de jouissance contrecarrent l’identification au discours idéologique en
offrant un « contrediscours » fragmentaire et hybride. Un texte de jouissance est un texte
hybride et fragmentaire visant à saper la souveraineté du sujet idéologique. Il efface
tous les points de référence du sujet et force le lecteur à se « réécrire ». Cette activité
lui procure un plaisir ambivalent que Barthes appelle « jouissance ».
Le déconstructionnisme est une école qui se base sur l’idée derridienne que le
langage n’est jamais univoque et qui développe une méthode de lecture qui vise à
révéler que l’univocité espérée n’est qu’une illusion.
Le terme déconstruction renvoie à la façon dont des caractéristiques d’un texte, à
première vue accidentelles et marginales, s’avèrent subvertir le message que ce texte
était censé transmettre.
Le point de départ de la théorie psychanalytique est que tout être humain est obligé de
réprimer ses tendances à la satisfaction, le « principe de plaisir » subit donc une
répression par le « principe de réalité ». Cette répression peut devenir excessive et nous
rendre malade, dans ce cas-ci, mener à la névrose. Comme tous les êtres humains sont
réprimés jusqu’à un certain point, ils sont dès lors des « animaux névrotiques ». La
névrose nous amène à satisfaire nos désirs en les « sublimant », c’est-à-dire en les
orientant vers des fins socialement plus valorisées (détourner les instincts vers des buts +
élévés). La sublimation constitue la base de la civilisation et de la culture.
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L’inconscient est le lieu où nos désirs interdits sont refoulés.
D’après Freud, le petit garçon refoule son désir incestueux pour sa mère sous la menace
paternelle de castration. Il se conforme au « principe de réalité » en se soumettant à
son père et se détache de sa mère (= la prohibition de l’inceste par le père). Son père
symbolise une place qu’il sera capable de prendre un jour. L’enfant accède au rôle
symbolique de la virilité et surmonte son complexe d’Œdipe mais il a refoulé son désir
interdit dans l’inconscient, un lieu qui s’ouvre par cet acte de refoulement primaire. Cela
permettra au petit garçon d’assumer le rôle de père et s’insérer dans la société. Il est
possible que la transformation n’aboutisse pas et que l’individu devienne psychiquement
« malade », incapable de fonctionner « normalement ».
Le déplacement est une technique utilisée dans le « travail du rêve » où le sens d’un
objet est transféré sur un autre objet. Il correspond à la métonymie qui déplace un sens
sur un autre sur l’axe syntagmatique.
Les résidus diurnes sont les événements qui ont eu lieu le jour. D’après Freud, le rêve
y puise son matériau qu’il mélange avec des images tirées de notre petite enfance.
Les parapraxes sont des lapsus, des trous de mémoire, des erreurs de lecture qui, selon
Freud, renvoient aux désirs inconscients.
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La névrose survient lorsque les désirs refoulés s’efforcent de resurgir dans la vie
consciente. Le moi se bloque sur la défensive. Elle est le résultat du conflit entre les deux.
L’individu développe des symptômes qui protègent à la fois contre le désir inconscient et
l’expriment de façon indirecte. Derrière la névrose, il y a des conflits non résolus dont les
racines remontent à la période œdipienne. Il existe une relation entre les névroses
(phobies, obsessions, compulsions, hystérie, …) et le moment où le développement
psychique s’est arrêté. Le but de la psychanalyse est de découvrir les causes cachées de la
névrose pour libérer le patient de ses conflits et faire disparaître ses symptômes.
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narcissique à cette image : l’enfant s’y « méreconnait ». Il y trouve une identité
distincte et stable qui constitue une source de plaisir mais cette image lui reste
étrangère, il ne fait pas l’expérience de cette image dans son corps « morcelé ».
L’image dans le miroir reste donc séparée de lui et l’identification imaginaire est
donc aliénante. Le stade imaginaire repose sur une structure « dyadique » (corps –
image, moi – autre, enfant – mère) sans distinction claire entre les 2 termes.
3) Le stade symbolique est le passage à travers le complexe d’Œdipe, il
repose sur une structure « triadique » suite à l’entrée en jeu du père
qui symbolise la « Loi primordiale » (le tabou social de l’inceste) et la
société. Il sépare l’enfant de la mère et refoule ainsi le désir de celui-ci
dans l’inconscient.
« L’ordre symbolique » ou le « grand Autre » est la structure préalable et
transindividuelle des rôles sociaux et des relations qui font la société. Cet ordre gouverne
toutes formes d’organisation sociale et intervient dans toutes les relations entre
individus. L’enfant passe du registre imaginaire à l’ordre symbolique lorsqu’il accepte que
son identité est constituée par ses relations de différence et de similitude aux sujets qui
l’entourent.
Par « désir », Lacan entend un mouvement potentiellement sans fin d’un signifiant vers
un autre, à la recherche de la plénitude imaginaire perdue, ainsi que du « réel », le
domaine impénétrable à l’extérieur de l’ordre symbolique. Tout désir surgit d’un manque
qu’il tente de combler. Le langage humain fonctionne par le biais d’un double manque
: l’absence de l’objet réel que le signe désigne + le fait que le sens d’un mot se fonde sur
l’exclusion d’autres mots.
« L’objet petit a » est l’objet substitutif avec lequel nous cherchons en vain à combler
le vide, le manque creusé par le langage.
Le « sujet de l’énoncé » est le « je » que je prononce (le « je » dans la phrase), c’est un
point de référence immédiatement intelligible et parfaitement stable. Il est le sujet
construit dans et par l’ordre symbolique.
Le « contenu latent » d’un rêve est son « matériau brut », il est fait de désirs
inconscients, de stimulations corporelles dans le sommeil, des
« résidus diurnes » et est transformé par le « travail du rêve ». Les mécanismes de ce
travail sont les techniques inconscientes de condensation et de déplacement. Le rêve qui
est le fruit de ce travail (le
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rêve dont nous nous souvenons) est le « contenu manifeste ». L’objet de l’analyse de
Freud est le travail du rêve.
La « révision secondaire » est une étape du travail du rêve qui consiste en une
réorganisation du rêve pour en faire une narration relativement consistante et
compréhensible. Elle systématise le rêve.