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Notes de lecture
Biblicum V 88 39
Séminaire à 2 buts :
Caractériser les témoins textuels (témoins en hb, LXX avec Vieille Latine, Vulgate, Targum, Bible
syriaque) ;
Présenter l’état de la question pour chaque partie de la Bible (Pentateuque, livres historiques,
prophètes, psaumes, hagiographes).
4. La Hebrew Old Testament Text Project (HOTTP) (1969-1979) et la Critique textuelle de l’AT (CTAT)
La HOTTP se donnait pour spécificité de distinguer critique textuelle et critique littéraire. Ce projet repose sur
une vision de l’histoire du texte en 3 étapes :
* création des textes par leurs auteurs ;
* forme la plus ancienne attestée aujourd’hui (= histoire textuelle ancienne) ;
1
A. Dotan, « Massorah », Encyclopaedia Judaica, vol. 16 Supplementary Entries, Jerusalem, Keter Publishing House, 1972,
col. 1401-1482; I. Yeivin, Introduction to the Tibian Masorah (Masoretic Studies 5), Missoula, Scholars Press, 1980.
* texte consonantique établi autour de 70 ap. JC, souvent appelé proto-massorétique ; cette phase dure
jusqu’à l’époque des massorètes qui commence au début du VIII° s.
* une 4° phase s’ajoute : celle du TM notamment tibérien.
La distinction de l’étape 1 et de l’étape 2 était fondamentale, car les commentaires des XIX° et XX° s
s’intéressaient surtout à la critique littéraire des écrits bibliques et regardaient du coté des témoins textuels
pour y trouver confirmation de leurs jugements de critique littéraire. Or il faut procéder en sens inverse :
connaitre d’abord les différents témoins dans leur propre histoire pour comprendre leurs leçons individuelles.
Ainsi on peut au moins déjà éviter de corriger une leçon ancienne par une forme textuelle récente.
Ainsi le nom Garizim de la VL et du Samaritain en Dt 27,4 ne fut pas introduit dans le TM qui n’a jamais connu
cette leçon en cet endroit, bien que la leçon Garizim soit probablement originaire ; dès sa forme proto-
massorétique, TM avait Ebal. On ne peut donc accuser le Samaritain ni le HOTTP de préférence dogmatique
(B. Chiesa, « Some Remarks on Textuel Criticism », p. 138).
Puisque l’histoire de la critique textuelle charrie bcp de cas traditionnellement jugés textuels alors qu’ils sont
exégétiques, l’histoire de l’exégèse est indispensable pour les traiter adéquatement. Exégèses provenant des
milieux qui ont produit le TM, ou des milieux qui ont transmis la LXX, la Peshitta ou la Vulgate : comment ont-
ils interprété le texte tel qu’ils le donnent ?
Travail aussi à partir des études lexicographiques et linguistiques qu’utilisaient les massorètes.
Important de distinguer les témoins textuels existants des conjectures.
1.2 La nation, ses prêtres, ses princes, son roi et son prophète
Au cœur des ajoutes et déplacements opérés par TM, l’importance de la restauration dynastique et
l’importance de la restauration du culte. La restauration dynastique est condition de possibilité de la
restauration du peuple au retour d’Exil.
Ce lien de la restauration dynastique à la restauration du culte indique selon Y. que la restauration du
sanctuaire est alors déjà assez avancée pour servir de point de repère des intentions divines à l’égard de la
dynastie davidique.
11,7-8 (autre « plus » de TM) : unique mention dans tout le livre de la rupture d’alliance.
Israël est toujours resté le peuple de Dieu.
Le problème de la rupture d’alliance ne touche pas seulement la génération contemporaine de Jr.
11,8b souligne que meme l’exil subi par la génération des pères exilés faisait partie des paroles de l’alliance !
Par Jr 17,1-4, le rédacteur prépare l’idée que le Seigneur veut pardonner ce péché de l’idolâtrie, et que le
chatiment est provisoire – une shemitta. Après quoi le propriétaire rentrera dans son héritage.
4. Datation
Nous sommes donc à une époque où la réintégration de l’aristocratie exilée et de retour au pays pose
problème. Il faut donc penser à une datation haute (vers le début du V° s ou la fin du VI°). Sinon, on se voit
obligé de gommer la grande insistance sur la royauté davidique (présente en Jr 33, mais aussi Jr 25,5-8 TM
avec le Germe de David et Jr 30,8-11 TM où l’annonce du retour d’exil est associée à la soumission à YHWH ET
à son serviteur David, ou encore en TM 27,16-22 où le destin des vases du sanctuaire est associé au destin de
l’aristocratie judéenne du temps de Sédécias, appelée à revenir d’exil au temps voulu…
Autre objection : comment les deux formes du livre ont-elles pu coexister si longtemps ? L’explication n’est
pas si difficile à trouver : dans la coexistence de milieux ayant les théologies opposées.
La coexistence est par ailleurs moins improbable à une époque lointaine qu’au II° s, où le recours à la
pseudépigraphie aurait été plus simple que le remaniement d’un livre ancien revêtu de cette autorité.
A l’inverse, il est assez logique qu’on ait choisi Jr comme porte-parole pour défendre les institutions appelées
à gouverner la nation, puisqu’il était le prophète qui avait critiqué si durement la classe dirigeante judéenne.
Dans le volume, aussi un article sur ce qu’est le targoum (de Josep Ribera-Florit)
2
Y. renvoie à son livre Prophétie et royauté (OBO 118) p. 42. L’alliance ne dépendait que d’une clause : « Marche devant
moi et sois intègre » (Gn 17,1, citée en Gn 24,40-41).