Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
com
Retrouver ce titre sur Numilog.com
Retrouver ce titre sur Numilog.com
QUE SAIS-JE ?
EDMOND JACOB
Professeur émérite à l'Université de Strasbourg
DU MÊME AUTEUR
CHAPITRE PREMIER
L'ASPECT EXTÉRIEUR
DE L'ANCIEN TESTAMENT
L'expression « Ancien Testament » est la tra-
duction du terme grec palaia diathékè que l'apôtre
Paul applique aux livres sacrés lus au cours de
l'office synagogal (2 Cor. 3/14) : cette « Ancienne
Alliance » est, selon lui, caractérisée par l'absence
de l'esprit et par la prédominance exclusive de la
lettre qui tue et s'oppose à la nouvelle alliance
(2 Cor. 3/6) annoncée par le prophète Jérémie
(31/31).
L'apôtre Paul pensait principalement au Penta-
teuque, mais bientôt l'expression fut étendue à tous
les livres du Canon juif, ainsi que cela ressort par
exemple d'un passage de Méliton de Sardes cité
par Eusèbe de Césarée et donnant une liste complète
des livres de l'ancienne alliance (Hist. eccl., IV, 26).
Cetitre est déjà une interprétation, et une interpré-
tation tendancieuse qui généralise l'attitude hermé-
neutique des lecteurs chrétiens à partir du moment
où le Canon du Nouveau Testament devint la
norme de lecture de l'Ancien. En bonne logique, et
pour éviter tout jugement devaleur, il faudrait parler
de « Premier Testament », usage qui commence à
recueillir de plus en plus de partisans. La première
génération chrétienne qui ne connaissait pas encore
de Nouveau Testament parlait de l'Ancien comme
des graphai, les écritures, ou graphé, l'écriture, sans
Retrouver ce titre sur Numilog.com
cien Testament aient été mises par écrit. Leur fixation par
l'écriture était inspirée par le désir de conserver des paroles
sacrées sous leur forme originale ; elle était facilitée par le
fait que, dès la seconde moitié du I I millénaire, le Proche-
Orient connaissait une écriture alphabétique, faite d'un nombre
réduit de signes, obtenus, autant par le travail que par le génie,
à partir de la simplification de l'écriture hiéroglyphique ou
cunéiforme. Comme cette écriture alphabétique est attestée
dès le XIII siècle, on peut admettre que les anciens Hébreux
n'ont usé pour la plus ancienne rédaction de leurs documents
que de l'écriture cananéenne ou paléohébraïque attestée par
de nombreux documents épigraphiques et qui se retrouve
jusque dans l'écriture du Pentateuque samaritain et dans
certains fragments de Qumran. L'écriture carrée est appelée
ainsi à cause de la forme de ses lettres ; du fait de son origine,
on l'appelle aussi « écriture assyrienne ». Son attestation épi-
graphique la plus ancienne est l'inscription d'Araq-el-Emir
en Transjordanie datant du III av. J.-C. La tradition
rabbinique (traité Sanhedrin 21 b) fait remonter son introduc-
tion à Esdras qui l'aurait apportée de Babylone, ce qui est
une date manifestement trop ancienne qui, jusqu'à présent,
n'a reçu aucune vérification de la part de l'archéologie. L'écri-
ture carrée est celle des rouleaux de Qumran, bien qu'une ten-
dance à la graphie cursive et certaines ligatures de lettres
marquent le lien avec le paléohébraïque ; le même type
d'écriture apparaît dans le papyrus Nash, qui contient le
Décalogue et le début du S h (Deut. 6/4). L'écriture
carrée devait être d'un usage courant au temps de Jésus qui
mentionne le yod (grec iota) comme étant la plus petite lettre
de l'alphabet (Matth. 5/18), ce qu'il n'était pas dans l'alpha-
bet paléohébraïque.
La nature de l'écriture est étroitement dépendante de la
matière employée, sans qu'on puisse toujours dire si c'est la
matière qui appelle telle forme d'écriture ou si elle est choisie
en fonction des caractères (1). En Israël, comme ailleurs, on
s'est servi, aux époques les plus anciennes, de la pierre, de
l'argile, du bois et exceptionnellement de certains métaux.
Plusieurs de ces matériaux ont continué à être employés jus-
qu'à une période relativement basse, puisque les ostraca
(1) Sur l'origine de l'écriture en Palestine nous renvoyons à
l'excellent livre de H. MICHAUD, Sur la pierre et l'argile, Cahiers
d'archéologie biblique, n°10,publiés sousla direction d'André PARROT,
Neuchâtel-Paris, 1958 ; et à l'ouvrage plus récent et plus complet de
André LEMAIRE, Inscriptions hébraïques, t. 1 : Les Ostraca, Ed. du
Cerf, 1977, qui réunit le matériel épigraphique qui augmente d'année
en année.
Retrouver ce titre sur Numilog.com
Imprimé en France
Imprimerie des Presses Universitaires de France
73, avenue Ronsard, 41100Vendôme
Avril 1988 — NI 33 506
Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès
par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement
sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012
relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.
Cette édition numérique a été réalisée à partir d’un support physique parfois ancien conservé au
sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.
Elle peut donc reproduire, au-delà du texte lui-même, des éléments propres à l’exemplaire
qui a servi à la numérisation.
Cette édition numérique a été fabriquée par la société FeniXX au format PDF.
*
La société FeniXX diffuse cette édition numérique en accord avec l’éditeur du livre original,
qui dispose d’une licence exclusive confiée par la Sofia
‒ Société Française des Intérêts des Auteurs de l’Écrit ‒
dans le cadre de la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012.