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Hébreux

ancien peuple sémitique

Les Hébreux, du latin Hebraei, du grec ancien Ἑϐραῖοι (Hebraioi), lui-même issu de l'hébreu
‫`( עברי‬ibri), est un terme généralement utilisé comme synonyme pour « Israélites », c'est-à-
dire pour désigner une population du Proche-Orient ancien ayant vécu au sud du Levant au
Ier millénaire av. J.-C. . Dans la Bible hébraïque, il désigne les Enfants d'Israël, c'est-à-dire les
habitants de l'Israël antique. Pendant la période gréco-romaine, le terme grec Ebraios devient
le terme habituel pour parler des Juifs. Cet usage est ensuite adopté par les chrétiens pour
désigner le peuple juif.

Dans la Bible

L'usage du terme « hébreu » est assez peu fréquent dans la Bible hébraïque. On ne le trouve
que dans quelques livres (Genèse, Exode, Deutéronome, Premier livre de Samuel, Jérémie et
Jonas). Il est principalement employé dans deux contextes : le séjour des Israélites en Égypte
et lors des guerres avec les Philistins. Il est surtout utilisé lorsque les Israélites sont
considérés comme des étrangers et en situation de précarité. Lorsque les Israélites
s'adressent à d'autres peuples, ils se donnent le nom d'Hébreux. Le terme est aussi employé
par des étrangers (Égyptiens, Philistins) pour parler des Israélites. Il est utilisé dans l'histoire
de Joseph ( 37-50) et au début de l'Exode où il désigne les Israélites réfugiés en Égypte[1] :

« Les Égyptiens accablèrent les enfants d'Israël de rudes besognes. [...]


Le roi d'Égypte s'adressa aux sages femmes hébreues »
— Exode 1.13-15

Dans le Premier livre de Samuel, les Philistins parlent des Israélites avec une connotation
négative en les désignant par le terme d'Hébreux :
« Les Philistins concentrèrent toutes leurs troupes à Aphek, tandis que
les Israël était campé près de la source qui est à Jezreël. [...] Les chefs
des Philistins dirent: "Qu'est-ce que ces Hébreux ?" »
— 1Samuel 29.1-3

En dehors des deux contextes précédents, on trouve la mention des Hébreux dans les lois du
livre de l'Exode sur l’esclave hébreu (Ex 21) et son parallèle dans le Deutéronome (Dt 15),
repris dans le livre de Jérémie (Jr 34,9-14). Il y a aussi deux mentions isolées dans le livre de
la Genèse (« Abram l'hébreu » Gn 14,13 ) et dans le livre de Jonas (« je suis hébreu » Jon 1,9).

Dans la Bible, le champ d'application particulier du terme « hébreu » n'en fait pas un
synonyme pour « israélite ». Il s'applique à des situations particulières pour désigner des
étrangers ou des marginaux. Dans la traduction araméenne de la Bible, le Targoum Onkelos,
cet usage particulier n'est pas conservé. Les occurrences de ibri sont traduites de trois
manières différentes. Pour les récits de patriarches de la Genèse, ibri est transcrit par
« hébreu » (‫( עבריאה‬ivriah)). Les autres occurrences occurrences sont simplement traduites
par le terme contemporain juif ‫( יהודאי‬yehudaï)) ou par israélite (‫( בר ישראל‬bar israel)) dans le
cas de l'esclave hébreu. Cependant dans la tradition juive, le Midrash Rabba sur l'Exode a
identifié le contexte particulier de l'emploi d'« hébreu ». Pour lui, le nom « Israël » implique
l'idée de respect alors que le nom « hébreu » est un nom dépréciatif utilisé par les Égyptiens
(Exode Rabba 5.19)[2].

Cet usage se base peut-être sur une tradition historique ancienne emprunte à l'image des
Apirou du IIe millénaire. Les Apirou (`pr.w en égyptien, ḫabiru en akkadien) sont des
populations qui apparaissent dans les textes du Proche-Orient ancien où ils désignent une
catégorie sociale de population qui vivait en marge des villes à l'âge du bronze en Canaan et
dans l'aire syro-mésopotamienne[3].

Étymologie

« Hébreu », en hébreu ‫( עברי‬ʽivri) peut venir de la racine du verbe ‫( עבר‬avar), qui signifie
passer. Selon cette étymologie, les Hébreux seraient « ceux qui passent », les errants, ou de
« ceux par-delà le fleuve », venant d'un district au-delà du Jourdain ou de l'Euphrate[4].

Le nom « hébreu » peut aussi dériver du patriarche Eber (ʽÉvèr), arrière-petit-fils de Sem
d'après le livre de la Genèse (Genèse 10,24-25) et ancêtre lointain d’Abraham (Genèse 11,14-
28). Dans les généalogies bibliques, Eber est l’ancêtre de différents peuples sémitiques, dont
les Araméens. Dans la Bible, les Hébreux désignent cependant spécifiquement les
Israélites[5].
Certains valorisent une origine égyptienne, habirou, qui veut dire « nomades ». Un seul terme
à consonance approchante, Apirou, est mentionné ailleurs. Ce terme, qui s'écrit aussi Hapirou
ou Habirou, apparaît depuis le Dynastique archaïque jusqu'à la fin de l'Âge du Bronze. On le
rencontre de la Mésopotamie à l'Anatolie et à l'Égypte. Il désigne principalement des
marginaux vagabonds, parfois mercenaires et plus ou moins brigands. Les Apirou portent
des noms d'origines ethniques variées : ils ne sont pas considérés comme une ethnie unie,
mais comme un groupe socio-économique comportant plusieurs ethnies. Les Hébreux
mentionnés par la Bible pourraient donc être l'une des nombreuses ethnies errantes
exogènes regroupées sous le nom commun d'Apirou. La désignation sociologique serait
devenue un ethnonyme.

Pour Olivier Rouault, « le terme de Hapirou/Habirou a fait couler beaucoup d'encre, en partie
en raison de sa ressemblance avec le nom des Hébreux, avec lequel il semble finalement
n'avoir qu'un rapport lointain »[6] (voir l'article Shasou et Apirou dans les documents
égyptiens). Cependant, s'il est impossible que tous les Apirou fussent des hébreux, il se peut
que ces derniers aient été vus comme des Apirou par leurs opposants[7],[8].

D'après les archéologues et les historiens

Articles détaillés : Israël antique et Données archéologiques sur les premiers Israélites.

Outre la controverse sur la signification du terme « hébreu », de récentes découvertes


archéologiques remettent en cause en profondeur la version biblique :

De rares textes extra-bibliques, comme la Stèle de Mérenptah, désignent ce peuple par le


nom d'Israël. Les historiens utilisent les termes de « premiers israélites » ou "
protoisraélistes ". [réf. nécessaire]

Il n’y a jamais eu d’invasion militaire du territoire de Canaan par une armée d'Hébreux
organisée sur le modèle des armées égyptiennes ou mésopotamiennes[9].

Longtemps les historiens d'obédience chrétienne ont rejeté, en totalité ou partiellement,


l'histoire des Hébreux, les deux millénaires d'existence nationale d'Israël et même la langue
parlée et écrite, l'hébreu, la considérant comme langue de clergé. Seuls les résultats de la
recherche archéologique enlèvent tout sérieux à ces conceptions.[10]

Les versions bibliques et historiques se recoupent un peu à partir du viiie siècle av. J.-C. car
les historiens confirment l'existence des deux royaumes d'Israël et de Juda[11]. Toutefois
selon Thomas Römer et Dominique Jaillard [réf. incomplète], il faut « insister sur une différence
fondamentale entre la Bible hébraïque et les textes du Proche-Orient ancien dans la mesure
où la Bible confesse un Dieu unique, donc un monothéisme face au polythéisme de ses
voisins », alors que « les royaumes d’Israël et de Juda sont polythéistes comme leur
voisins » [réf. nécessaire].

Notes et références

1. (en) Niels Peter Lemche, « Hebrew », dans David Noel Freedman (dir.), Anchor Bible
Dictionary (en), vol. 3, Doubleday, 1992

2. Herbert Parzen, « The Problem of the Ibrim ("Hebrews") in the Bible », The American
Journal of Semitic Languages and Literatures, University of Chicago Press, vol. 49, no 3,‎
1933) (JSTOR 529052 (https://jstor.org/stable/529052) )

3. (en) Eva von Dassow, « Habiru », dans The Encyclopedia of Ancient History

4. (en) « Hebrews », dans The Oxford Dictionary of Jewish religion, 1997

5. (en) Anson F. Rainey, « Hebrews », dans HarperCollins Bible Dictionary, 1996

6. Olivier Rouault, p. 1026 du Dictionnaire de l'Antiquité, direction Jean Leclant, édition PUF,
2005

7. Nadav Na'aman, "Habiru and Hebrews, the transfer of a social term to the literary sphere",
Journal of Near Eastern Studies n°45, octobre 1986

8. M. Weippert, "The Settlement of the israelite tribes in Palestine", 1971

9. William G. Dever (trad. de l'anglais), Aux origines d’Israël, Paris, Bayard, 2005, 285 p.
(ISBN 2-227-47427-0), « La conquête à l’ouest du Jourdain »

10. Encyclopaedia Universalis, La grande histoire des civilisations : de la Mésopotamie à la


Perse, Paris, 1999, p. 203

11. « encyclopedie » (https://www.universalis.fr/encyclopedie/chute-du-royaume-de-juda/) ,


sur www.universalis.fr (consulté le 9 janvier 2021)

Articles connexes
Israël antique

Juifs

Sémites

Abraham

Bible

Royaume d'Israël

Histoire de la Palestine
Hébreu (langue)

Grammaire hébraïque

Bibliographie
Jacques Briend et Marie-Josèphe Seux, Textes du Proche-Orient ancien et histoire d'Israël,
Cerf, 1978 (ISBN 220401169X)

Mireille Hadas-Lebel, Le peuple hébreu : entre la Bible et l'Histoire, Gallimard, 1997


(ISBN 978-2-07-053356-5)

Richard Lebeau, Une histoire des Hébreux : De Moïse à Jésus, Tallandier, coll. « Documents
d'histoire », 1998 (ASIN 2235021646 (https://www.amazon.fr/s/?url=search-alias&field-key
words=2235021646&lang=fr) )

Richard Lebeau et Claire Levasseur, Atlas des Hébreux. La Bible face à l'histoire, 1200 av. J.-
C.–135 ap. J.-C., Autrement, coll. « Atlas/Mémoires », 2003 (ISBN 2-7467-0386-6)

Gérard Nahon, « Les Hébreux », De la Mésopotamie à la Perse, Encyclopædia Universalis et


le Grand Livre du Mois, coll. « La grande histoire des civilisations », Paris, 1999
(ISBN 2-7028-3080-3)

William G. Dever, Aux origines d'Israël. Quand la Bible dit vrai, Bayard, 2005

Israel Finkelstein et Neil Asher Silberman, La Bible dévoilée : les nouvelles révélations de
l'archéologie, Gallimard, coll. Folio. Histoire # 127, 2004. (ISBN 2-07-042939-3)

André Lemaire, Histoire du peuple hébreu, PUF, Collection "Que sais-je ?" no 1898, Paris,
2009. (ISBN 978-2-13-057545-0)

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