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RIGIDITÉ DIÉLECTRIQUE ET MÉCANISMES DE CLAQUAGE

1) Introduction
Un diélectrique cesse de présenter un comportement linéaire quand le champ appliqué dépasse une
certaine valeur. La conductivité devient fortement dépendante du champ. Si ce dernier est
suffisamment élevé, une conductivité très importante peut se manifester subitement, entrainant une
modification souvent irréversible du diélectrique, quand ce n'est pas sa destruction complète par
effet Joule. On appelle claquage la perte subite de la propriété isolante d'un diélectrique soumis à
un champ.
La rigidité diélectrique Ec est la valeur maximum du champ auquel peut être soumis un
diélectrique, sans apparition d'un claquage. On désigne par l'expression décharge électrique, le
passage du courant dans un diélectrique, lors d'un claquage. Dans une décharge, il existe au moins
un chemin à haute conductivité reliant les électrodes.
Les décharges partielles, sont appelle ainsi les décharges ne reliant pas directement les électrodes.
Elles se produisent de façon localisée au sein même du diélectrique, au voisinage des électrodes et
au voisinage de discontinuités où le champ est très inhomogène.

Figure 1 : lieux où peuvent se produire des décharges partielles.


La rigidité diélectrique d'un matériau peut varier de plusieurs ordres de grandeur on fonction de
son utilisation. La pureté, le mode de mise en œuvre, la forme du diélectrique et le milieu
environnant ne sont que quelques exemples de causes pouvant influencer fortement Ec, sa
détermination est effectué par des essais pratiques se déroulant selon des procédures très
précisément définies de façon à garantir une certaine représentativité aux résultats obtenus. Ces
essais sont : Les essais sur échantillon dans lesquels on teste l'isolant pour lui-même, Les essais sur
installation terminée, le diélectrique ne présente de défaut pour un fonctionnement normal.
2) Claquage thermique
Les pertes diélectriques de polarisation et de conduction provoquent un dégagement de chaleur
dans les isolants. Tant que la quantité de chaleur ainsi produite est supérieure à celle que peut
évacuer l'isolant, la température augmente on entrainant une augmentation de la conductivité, ce
qui provoque un accroissement de la chaleur produite par effet Joule.
Si l'amélioration des conditions de refroidissement, résultant de l'élévation de température de
l'isolant par rapport au milieu ambiant, ne vient pas arrêter l'augmentation de la température, ou si
la température à laquelle se produirait cet arrêt est trop élevée, un claquage se produit que l'on
appelle claquage thermique.
Le fait que la rigidité diélectrique décroisse quand la température augmente favorise l'apparition
du claquage thermique. Parfois, celui-ci est précédé de la décomposition chimique ou de la fusion
de l'isolant.
On calculera la rigidité diélectrique relative au claquage thermique d'un échantillon cylindrique,
on admit les hypothèses simplificatrices suivantes : il n'y a pas d'échange thermique par les bases
du cylindre, la température est uniforme dans le cylindre, le coefficient de transmission de chaleur
λ (W/m2 C) à la surface du cylindre est indépendant de la température, les pertes diélectriques de
polarisation sont négligeables devant les pertes diélectriques de conduction.

Figure 2 : Le champ est appliqué parallèlement à l'axe. Il produit une différence de


potentiel U entre les bases du cylindre.

La puissance PJ dissipée dans le cylindre vaut : PJ = U2/ R où 1/R = σ π d2/4.l


Soit To la température du milieu ambiant, supposée constante, et T la température du cylindre.
Soit : ΔT = T - To
we
   0 exp( )
k B (T 0  T )

w eT 0 w e T
alors :    0 exp( ) exp( )
k B (T 0  T )
2 2
k B (T 02  T 2 )

ΔT >>(T02 - ΔT2) → σ = σ'o d exp (γ ΔT)


Figure 3 : variation de la température en fonction de la puissance (littérature).
La puissance thermique PR transmise par l'isolant au milieu ambiant vaut : PR = λ πdl ΔT
À l'équilibre : PJ = PR, soit ΔTC, correspondant à une tension Uc, la valeur maximum de ΔT au-
delà de laquelle la température de l'échantillon va croitre, en théorie, indéfiniment.
PJ PR
Pour ΔT = ΔTC, la relation :  soit : ΔTc = 1 / γ
T T

4 
La rigidité diélectrique cherchée : E c   1, 21
 0d e
'
 0' d e
3) Claquage intrinsèque
Le claquage intrinsèque est défini comme un claquage dans le déclenchement duquel l'effet Joule,
lié à un courant précédant la décharge proprement dite, ne joue aucun rôle.
Un mécanisme d'avalanche est à l'origine de ce claquage. Selon O'Dwyer, le déclenchement d'un
claquage intrinsèque dans un diélectrique soumis à un champ E initialement uniforme passe par les
étapes suivantes : pour E> Ec un taux significatif de collisions ionisantes apparait dans le
diélectrique ; ces collisions produisent des électrons relativement mobiles, et des trous de moindre
mobilité. Dans leur déplacement vers la cathode, les trous créent une charge d'espace qui déforme
le champ. Le renforçant au voisinage de la cathode et le diminuant près de l’anode ; le taux de
collisions ionisantes s'accroit donc près de la cathode, dont le courant d'émission électronique est,
d'autre part, augmenté par le renforcement local du champ ; les conditions pour une évolution
divergente du processus étant ainsi réunies, le diélectrique est rapidement détruit par une émission
massive d'électrons, provenant de la cathode elle-même (émission de champ) et du diélectrique qui
l'entoure immédiatement.
Le déclenchement de la décharge se produit en un temps très court, de l'ordre de la microseconde
et même moins, après que le champ ait dépassé Ec. A valeur de crête donnée, la fréquence et la
forme de la tension appliquée jouent donc un faible rôle sur l'apparition du claquage. L'importance
des dimensions du diélectrique et des électrodes est nettement plus faible que dans le cas du
claquage thermique.
4) Dégradation progressive de la rigidité diélectrique
De nombreux phénomènes sont susceptibles d'altérer un diélectrique au cours du temps
(vieillissement), provoquant en particulier une diminution de la rigidité diélectrique. Ils sont
responsables de la majorité des claquages intervenant dans le temps après la mise sous tension.
De telles réductions de Ec se manifestent quand l'isolant présente des défauts d'homogénéité,
cavités, inclusions de particules étrangères etc.. Les décharges partielles prenant naissance au
voisinage de ces défauts dès que le champ est suffisant peuvent, par érosion, fusion localisée,
transformations chimiques induites ou autres processus, créer dans l'isolant des réseaux de canaux
plus ou moins conducteurs, appelés arborescences. Les arborescences croissent au cours du temps
provoquant un claquage dès que leur taille est suffisante.

Figure 4 : Arborescence dans l'isolant d'un câble.


Les contraintes mécaniques, faisant apparaitre des fissures de dimensions microscopiques dans
certains isolants, abaissent également leur rigidité.
La forme des électrodes joue également un rôle essentiel, ainsi que leur état de surface. De petites
irrégularités peuvent suffire à engendrer des décharges partielles aux effets catastrophiques. C'est
pourquoi la corde de cuivre constituant le conducteur des câbles à haute tension à isolation
extradée est séparée du diélectrique par une couche de polymère semi-conducteur, également
extradée.
5) Facteurs affectant apparent rigidité diélectrique

 elle diminue avec l'augmentation de l'épaisseur de l'échantillon.


 elle diminue avec l’augmentation de la température de fonctionnement.
 elle diminue avec l'augmentation de la fréquence.
 pour les gaz (par exemple l'azote, l'hexafluorure de soufre), il diminue normalement avec
l'humidité accrue.
 pour l'air, la résistance diélectrique augmente légèrement avec l'augmentation de
l'humidité absolue, mais diminue avec une augmentation de l'humidité relative

Tableau 1: Rigidité diélectrique (en MV / m) de divers matériaux


Haut vide PTFE PTFE
néoprène eau silice Papier
Substance caoutchouc distiller
émission de
fondue ciré
Teflon, (Teflon, film
champ limitée extrudé isolant)
20-40
Rigidité
dépend de la
diélectrique 15,7 à 26,7 65-70
forme de
470-670 40-60 19,7 60-173
(MV / m) l'électrode
L’huile de
verre
silicone , fenêtre
Substance polyéthylène polystyrène Benzene
huile
borosilic
en verre
Alumina
ate
minérale
Rigidité
diélectrique 19-160 19,7 163 10-15 20-40 9,8 à 13,8 13.4
(MV / m)
Hélium
par
Substance Mica diamant PZT Air
rapport à
l’azote
Rigidité
diélectrique 118 2000 10-25 3.0 0,15
(MV / m)

5) Comportement diélectrique des gaz


On emploie fréquemment un gaz comme diélectrique, dans le domaine de la haute tension en
particulier. L'isolant gazeux présente deux avantages principaux : C'est un milieu homogène,
enrobant parfaitement les conducteurs, quelle que soit la complexité de leurs formes, qu'ils soient
statiques ou mobiles comme dans le cas des disjoncteurs. Après passage puis rupture d'un arc, le
gaz est le diélectrique qui recouvre le plus rapidement ses propriétés isolantes. La plupart des
diélectriques solides sont dégradés définitivement par carbonisation après le passage d'un arc.
6) Propriétés électriques des gaz, généralités
La faible densité des gaz explique leurs propriétés électriques particulières : Permittivité relative
très voisine de l'unité ; pertes diélectriques de polarisation négligeables ; caractéristique courant-
tension extrêmement non linéaire ; rigidité diélectrique et résistivité variables avec la pression.
Un gaz parfait soumis à un champ faible serait aussi un isolant parfait. Mais le rayonnement
cosmique et la radioactivité naturelle provoquent un certain taux d'ionisation. Tout gaz présente
donc une certaine conductivité qui se modifie au cours de plusieurs stades d'évolution lorsque le
champ électrique augmente. Considérons le cas de l'hélium, représentatif de la plupart des gaz.
Figure 5 : Caractéristique courant-tension de l'hélium. Électrodes planes, en argent, distantes de
0,8 cm. Pression du gaz : 5,2 103 Pa (littérature).
Tant que la tension appliquée reste inférieure à Vs (stade I), c'est un courant variant de façon
aléatoire qui s'établit entre les électrodes. Il dépend directement des évènements ionisants à cause
externe se produisant dans le gaz. Quand ces évènements cessent, le courant disparait.
Au stade II, le courant se maintient par l'ionisation qu'il crée lui-même. C'est le premier type de
décharge autonome, appelée décharge sombre car elle ne s'accompagne pratiquement pas
d'émission de lumière. La tension Vs reste constante sur plusieurs décades de courant, elle porte le
nom de potentiel d'ionisation statique.
Au-delà d'un certain courant la décharge sombre se transforme en décharge lumineuse, également
autonome. Le passage d'un type de décharge à l'autre s'accompagne d'une variation importante du
courant et de la tension, après quoi la décharge lumineuse se caractérise à nouveau par une tension
constante VL sur un certain intervalle de courant (stade III).
Que le courant augmente encore, et l'on assiste à un accroissement rapide de la tension,
immédiatement suivi d'un effondrement de cette dernière jusqu'à quelques dizaines de volts. Ce
phénomène correspond à l'établissement d'un arc très lumineux, dans lequel le gaz ionisé atteint
des températures de 103 à 105 K. C'est le troisième type de décharge autonome.
Dans un réseau à haute tension en particulier, on ne cherche à limiter que les courants de court-
circuit, si dans un élément d'un tel réseau, le potentiel d'ionisation statique est atteint, on franchit
quasi instantanément les stades II et III pour aboutir à l'arc, qui a de fortes chances de détruire
l'élément concerné, sauf s'il s'agit d'un éclateur.
Pour une configuration d'électrodes et un gaz donnés, la loi empirique de Paschen selon
laquelle Vs est une fonction ne dépendant que du produit de la pression p par la distance d séparant
les électrodes reflète assez bien la réalité. Des écarts à cette loi se manifestent surtout pour les
valeurs extrêmes du produit pd et lorsque le gaz n'est pas pur.
Figure 6 : Loi de Paschen pour l'hélium (littérature).
Les courants observés dans les quatre stades proviennent de mécanismes d'avalanche provoqués
par les électrons accélérés dans le champ. Le libre parcours moyen des électrons est assez grand
dans les gaz pour qu'ils acquièrent entre deux chocs une énergie suffisante pour provoquer une
ionisation.

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