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UNIVERSITE M’HAMED BOUGARA-BOUMERDES

Faculté de Technologie
Département Ingénierie des Systèmes Electriques

Cours :

Matériaux en électrotechnique et technique de la


haute tension

Master 1 Machines Electriques

Préparé par : Dr. Aimad BOUDOUDA


Maitre de conférences A

Chapitre 1 : Matériaux magnétiques

Chapitre 2 : Matériaux diélectriques

Chapitre 3 : Matériaux conducteurs

Chapitre 4 : Techniques de la haute tension

UE Fondamentale Code : UEF 1.2.2 (crédits 2, coefficient 1)


Mode d’évaluation : 100% Examen

Dr. Aimad BOUDOUDA


2020
Chapitre 2 Matériaux diélectriques

Chapitre 2
Matériaux Diélectriques

La conception et le fonctionnement de l’équipement électrique dépend des matériaux disponibles. Ainsi,


les propriétés des conducteurs et des isolants jouent un rôle important dans la construction des appareils
électriques. Dans ce chapitre, nous présentons les propriétés des isolants, parfois appelés diélectriques. Le
chapitre suivant traitera des conducteurs.

1. Définition d’un matériau diélectrique : Un matériau est diélectrique s’il ne contient pas de charges
électriques susceptibles de se déplacer de façon macroscopique. Autrement dit, c’est un milieu qui ne peut
pas conduire le courant électrique. A ce titre, on l’appelle parfois isolant électrique. On compte parmi
ces milieux le verre et de nombreux plastiques.
Un isolant possède peu de charges libres, elles y sont piégées, contrairement à un matériau conducteur où
les charges sont nombreuses et libres de se déplacer sous l’action d’un champ électrique.

Echelle des résistivités :

Fig.1

Les isolants sont utilisés pour :


-assurer une séparation électrique entre des conducteurs portés à des potentiels différents afin de diriger
l’écoulement du courant dans les conducteurs désirés (protection des personnes et des équipements).
-supporter les éléments d’un réseau électrique et les isoler les uns par rapport aux autres et par rapport à la
terre.
-remplir les fonctions de diélectrique d’un condensateur.

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Chapitre 2 Matériaux diélectriques

2. Quelques milieux diélectriques usuels :


Les diélectriques sont présents sous trois formes :

2.1. Les diélectriques Solides :


 Le verre, utilisé pour faire des isolateurs de lignes haute tension ;
 La céramique, très utilisée pour les matériels HTB (Haute Tension B) des postes électriques ;
 La plupart des plastiques, en particulier polyéthylène sous sa forme réticulée (‫( )شبكية الشكل‬XLPE)
et PVC, tous deux utilisés pour les câbles ;
 Le Polypropylène, utilisé en particulier dans les condensateurs en HTA ou HTB ;
 Le mica, qui n'est guère plus utilisé de nos jours dans l'industrie électrotechnique ;
 la bakélite, autrefois très utilisée pour l'appareillage électrique basse tension (BT) ;
 Le téflon, utilisé pour certaines pièces des disjoncteurs à haute tension.

2.2. Les diélectriques Gazeux : L’air, l'hexafluorure de soufre et l’azote.

2.3. Les diélectriques Liquides :


 le pyralène, autrefois utilisé dans les transformateurs, mais qui tend à disparaître à cause de ses
risques ;
 l’huile minérale, qui a remplacé le pyralène dans les transformateurs ;
 l’eau pure. Si l’eau usuelle est conductrice, une eau parfaitement pure est un très bon isolant. La
difficulté de garder une eau très pure rend toute utilisation industrielle difficile.
 L’huile végétale, innovation récente dans l’isolation diélectrique dans les transformateurs
électriques.

3. La polarisation diélectrique :
3.1. Définitions :

a. Charges libres et charges liées:


 les charges libres : les électrons libres (qui ne sont pas attachés à un atome particulier) et les ions
libres ;
 les charges liées : les électrons et les protons présents à l’intérieur des atomes neutres du milieu.

b. Moment dipolaire: Un dipôle électrique est un système formé de deux charges ponctuelles de même
valeur mais de signe opposés (+q) et (-q), séparées par une distance (d) :

d
-q +q

Le moment dipolaire est défini par : p  q d (2.1)

3.2. Description de la polarisation des diélectriques:


La propriété la plus importante d’un diélectrique est la polarisation sous l’action d’un champ électrique
externe.

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Fig.2

A l’échelle atomique : en l’absence d’un champ électrique extérieur, le moment électrique dipolaire est
nul car la somme algébrique des charges dans toutes les molécules dans un volume donné est nulle, du
fait que les centres de gravité des charges positives et négatives coïncident. Lors de l’application d’un
champ électrique extérieur, les centres de gravité ne coïncident plus et les particules (atomes et
molécules) sont alignées suivant la direction de E et acquièrent un moment dipolaire p0 (voir Fig.2).

A l’échelle macroscopique : le diélectrique aura un moment dipolaire macroscopique (P) dit vecteur
polarisation.

La polarisation représente la somme vectorielle de tous les dipôles par unité de volume. On peut donc
définir la polarisation par :
1
P  pi (2.2)
 i

Où p i est les moments dipolaires contenus dans le volume  .


Un ensemble de molécules (ou d’atomes) en présence de E se comporte différemment si les moments
dipolaires sont induits ou permanents.

 Un moment dipolaire est induit, s’il n’apparaît qu’en présence d’un champ électrique :
⃗ ⃗ (2.3)
Où est la susceptibilité diélectrique (caractéristique propre à chaque atome)
 Un moment dipolaire est permanent s’il est non nul lorsque E  0 (exemple : H2O).

3.3. Vecteur déplacement :


Le vecteur densité de flux électrique (vecteur induction électrique ou vecteur déplacement) est reliée au
champ appliqué en absence du matériaux diélectrique par l’équation suivante :
[C/m2] (2.4)
Avec : , la permittivité électrique du vide ( ).

Lorsqu’un diélectrique est introduit, la densité de flux électrique totale est :

⃗ ⃗⃗⃗⃗ ⃗ (2.5)
⃗ ⃗ ⃗ avec : ⃗ ⃗

Où est la susceptibilité électrique du matériau diélectrique. On peut maintenant écrire :

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⃗ ⃗ (2.6)

En définissant, la permittivité d’un matériau par :


On obtient finalement : ⃗ ⃗ et
est la permittivité relative ou la constante diélectrique d’un matériau, symbolise la propriété du
matériau à s’opposer au passage d’un courant électrique. Plus le matériau limite le passage d’un courant
électrique et plus sa constante diélectrique est élevée. Donnons quelques exemples dans le tableau
suivant :

Matériaux Permittivité relative ( )


Vide 1
Teflon 2
Huile minérale 2.2
Verre 4-7
Quartz 5
Mica 6
Rutile (TiO2) 89-173
Titane de baryum (BaTiO3) 10000

Remarque : Si le champ électrique varie dans le temps : E  f t  sinusoïdalement par exemple - un


mouvement oscillatoire des dipôles apparaît en raison de leur tendance à s’aligner sur le champ
électrique. Bien que ces oscillations se fassent sur place et qu’il n’y a donc pas de réelle migration des
dipôles, ce mouvement local est assimilable à un courant alternatif appelé : courant de déplacement. Ce
nom peut paraître un peu paradoxal mais a justement été choisi par Maxwell, qui a introduit cette notion,
pour indiquer que ce courant résulte du déplacement alternatif de charges liées.

3.4. Les différents types de polarisation:


La polarisation vient de différents effets
 Polarisation électronique : toujours présente, elle est
due au déplacement et à la déformation de chaque nuage
électronique (par rapport au noyau positif), sous l’action
d’un champ E. Elle se produit dans les atomes et les ions :

 Polarisation ionique : elle est due aux déplacements des atomes :

Atome A +
Atome B -

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 Polarisation dipolaire (d’orientation):


Le plus souvent, une molécule formée d'atomes différents
possède un moment dipolaire spontané, c'est-à-dire
indépendant de l'existence d'un champ extérieur. En
l'absence d'un tel champ, ces moments sont orientés de
façon aléatoire, de sorte qu'il n'y a pas de polarisation
macroscopique observable. Sous l'effet d'un champ, par
contre, les moments ont tendance à s'aligner. Il en résulte
une polarisation appelée polarisation par orientation

4. Caractéristiques des milieux diélectriques:


Les matériaux diélectriques sont caractérisés en particulier par leur :

4.1. Rigidité diélectrique:


La rigidité diélectrique d’un milieu isolant représente la valeur maximum du champ électrique (E) que le
milieu peut supporter avant le déclenchement d’un arc électrique1 (donc d’un court-circuit). On utilise
aussi l’expression champ disruptif.
Pour un condensateur, quand cette valeur est dépassée, l’élément (condensateur) est détruit. La valeur
maximale de la tension électrique appliquée aux bornes, est appelée tension de claquage du condensateur.
Si le champ électrique dépasse la rigidité diélectrique du matériau, on parle de claquage, et le matériau
peut voir ses propriétés physiques modifiées, parfois de façon réversible, et parfois de façon irréversible.
Le tableau en dessous récapitule la rigidité diélectrique de certains matériaux diélectriques :

Le Méga-Volte : 1 MV=106 V

4.2. Phénomène de claquage des isolants :


En électrotechnique, le claquage est un phénomène qui touche entre autres tous les éléments qui ont un
bon isolant (condensateurs,….). Il se produit quand la tension entre deux points isolés atteint une valeur
suffisante pour qu’un courant s’établisse au travers de l’isolant (ou diélectrique). Cette tension critique est
appelée tension de claquage, et elle est liée à la géométrie de la pièce, et à la rigidité diélectrique. La
décharge électrique à travers l’isolant est en général destructrice. Cette destruction peut être irréparable,

1
Courant intense traversant l’isolant en suivant un chemin formé par l’arc lui-même. Dans ce cas, l’isolant est percé : il y a rupture diélectrique ou claquage.

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mais ceci dépend de la nature et de l’épaisseur de l’isolant entrant dans la construction du composant :
certains isolants sont ainsi dits auto-régénérateurs2, comme l’air ou l’hexafluorure de soufre.
Afin d’expliquer ce phénomène, considérons un isolant solide placé entre deux plaques métalliques,
raccordées à une source de tension variable (Fig. 3.a, b et c).

Lorsque la tension est nulle, les électrons


tournant autour des noyaux de chaque
atome d’isolant suivent une orbite
circulaire (Fig.3.a).

Fig.3.a : Un isolant placé entre deux plaques métalliques.

À mesure que la tension augmente, ces électrons


sont attirés vers la plaque positive et repoussés
par la plaque négative de sorte que l’orbite
décrite tend à s’aplatir et à prendre la forme
d’une ellipse, (Fig.3.b).

Fig.3.b. Les électrons en orbite sont attirés vers


la plaque (+) et repoussés par la plaque (-).

Si l’on continue à augmenter la tension, la


force d’attraction devient assez grande
pour arracher les électrons de leur orbite autour
du noyau (Fig.3.c). Le même phénomène se
produit pour des centaines de milliards d’atomes,
si bien que l’isolant qui était presque dépourvu
d’électrons libres se trouve maintenant rempli
d’électrons détachés comme dans le cas d'un
conducteur . Il se produit alors un court-circuit
entre les plaques et l’isolant se détruit.
Fig. 3.c. Lorsqu'on atteint la tension de claquage, des milliards
d'électrons sont arrachés de leur orbite extérieure et deviennent
des électrons libres.

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‫تتجدد بصفة ذاتية‬

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5. Mécanismes de dégradation des isolants :


Que ce soit dans une machine électrique, un transformateur ou dans le réseau électrique, il est important
que les diélectriques choisis conservent leur propriété d’isolation le plus longtemps possible. La
dégradation de la fonction d’isolation électrique engendre des perturbations qui peuvent être fatales pour
l’équipement.
Du point de vue de l’ingénieur, le choix de l’isolation doit nécessairement prendre en considération les
mécanismes de dégradation de l’isolant en condition réelle de service. Ces mécanismes de dégradation
seront très différents, selon que l’on parle des isolants d’une machine électrique ou des isolateurs de
réseau.

5.1. Dégradation des isolateurs de lignes et phénomène de contournement :


Les isolateurs de ligne sont dimensionnés de manière assez différente des diélectriques dans les machines
électriques ou les transformateurs. On choisira la forme des isolateurs et la longueur de l’isolateur
principalement selon sa capacité à éviter le phénomène de contournement3.
Contournement : phénomène par lequel un courant électrique circule à la surface d’un isolateur de ligne,
engendrant ainsi une importante perte de puissance sur la ligne, pouvant aller jusqu’au court-circuit de la
ligne. Le contournement déclenche habituellement les protections du réseau (disjoncteurs) et contribue à
la dégradation des isolateurs. La figure suivante illustre le courant de contournement à la surface d’un
isolateur faisant le lien entre un pylône et une ligne Haute Tension (LHT).

Causes du phénomène de contournement:


Le phénomène de contournement est causé par l’accumulation
sur les isolateurs, de particules conductrices et de vapeur d’eau
présents dans l’air à l’état naturel. L’air salin est tout
particulièrement dommageable pour les isolateurs, alors que des
particules de sel viennent se fixer sur les parois des isolateurs.
Dans les environnements nordiques, les isolateurs peuvent se
recouvrir d’une couche de glace, laquelle est plus conductrice
que l’air, ce qui peut mener au phénomène de contournement.

La figure en face illustre l’accumulation de particules sur un


isolateur.

Solution au problème de contournement : On agira sur les trois paramètres suivants :


• le matériau de l’isolateur;
• la forme de l’isolateur;

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‫ظاهرة االلتفاف‬

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• la longueur de la chaîne d’isolateur.


Choix du matériau: Le choix du matériau d’un isolateur se fait principalement en fonction de sa capacité à
éviter que ne se fixent les particules aériennes sur sa surface. Les concepteurs choisiront ainsi les
matériaux les plus lisses possibles, c’est-à-dire ceux qui présentent des porosités les plus petites possibles
à leur surface. De même, on choisira des matériaux qui possèdent des résistances électriques les plus
élevées possibles.
La porcelaine est utilisée depuis plus d’un siècle dans ce domaine, car elle offre des surfaces très lisses,
avec peu de porosités et une grande constance de ses propriétés sur de longues périodes de temps.

5.2. Dégradation des isolants dans les machines électriques :


Nous traiterons ici de 3 types de dégradation des isolants dans les machines électriques :
Stress thermique; stress électrique; stress mécanique.

Stress électrique : En pratique, l’isolation des conducteurs n’est jamais parfaite. Il subsiste toujours de
minuscules poches d’air à l’intérieur de l’isolation. Sous l’application de la tension au bobinage, un
champ électrique E se forme à l’intérieur de ces poches d’air, lequel peut être suffisamment élevé pour
ioniser les molécules d’air et créer un arc localement à l’intérieur de cette porosité. Ce phénomène est
appelé décharge partielle et résulte en la formation d’ions et le bombardement de l’isolation par ces ions
voyageant à haute vitesse à l’intérieur de la poche d’air. À long terme, ce bombardement endommage
l’isolant et réduit la vie utile de l’isolant.

Stress mécanique : Le stress mécanique est principalement associé aux forces électromagnétiques
engendrées par le courant circulant dans les enroulements.

Stress thermique: Le stress thermique est probablement la cause la mieux reconnue et la mieux étudiée de
dégradation des isolants dans les machines électriques. Pour les machines refroidies à l’air,
l’augmentation de température de l’isolation accélère le processus d’oxydation des isolants.
Une augmentation de la température amènera une diminution de la vie utile de l’isolation. En général, on
estime qu‘une augmentation de 10 degrés de température occasionnera une diminution de la vie utile de
50%.

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