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PROPRIETES DU VERRE

Pr. L. SAADI

Module Propriétés des matériaux Année 2021/2022


inorganiques
Bien que le verre est connu depuis des milliers d’années,
« l’obscure nature du verre » est parmi les grandes
énigmes de la science!

Néanmoins, les propriétés des verres d’oxyde et , en


conséquence, leurs applications ont été améliorées au
cours des siècles.

Contrairement à la silice, matériau pur (SiO2), le verre est


un matériau dont la composition est complexe. Souvent
8 à 10 oxydes différents en assurent les propriétés : point
de fusion et viscosité, propriétés mécaniques,, propriétés
optiques, résistance chimique, couleur, … .
La comparaison des compositions de verres de l’Antiquité
et de certains verres modernes, comme ceux utilisés
aujourd’hui pour les bouteilles, montre une remarquable
similitude.

Verre du 4ème Verre moderne


siècle
SiO2 70,5 % 72,5 %
Na2O 15,7 % 13 %
K2O O,8 % 0,3 %
CaO 8,7 % 9,3 %
MgO O ,6 % 3%
Al2O3 2,7 % 1,5 %
Fe2O3 0,4% 0,1 %
À l’opposé, certaines propriétés ont pu considérablement
s’améliorer au cours des siècles. Il en est ainsi, par exemple,
de la transparence : les premiers verres étaient extrêmement
opaques du fait de la présence de nombreuse impuretés.

L’une des qualités majeure du verre réside sur la possibilité


de variation étendue et continue de propriétés par variation
de composition

Comme le montre le tableau ci-dessus, une composition verrière


est si complexe qu’il est extrêmement difficile de prévoir a priori
toutes les propriétés du verre correspondant. Cependant, la
longue expérience des verriers permet, au moins pour les
compositions les plus classiques, de se faire une bonne idée de
la relation composition-propriété, et de prévoir les tendances
qu’induiront la modification du pourcentage de tel ou tel élément.
Exemple : laine de verre utilisée pour l’isolation
thermique et acoustique des bâtiments

Le caractère fibreux de ce produit, et son contenu en fibres


courtes et de faible diamètre (quelques microns de diamètre et
quelques mm de longueur) a conduit à s’interroger sur le risque
d’inhalation de fibres et les possibles effets cancérigènes des
fibres inhalées comme c’est le cas de l’amiante

Contrairement à l’amiante, un silicate fibreux cristallisé, le


verre est plus ou moins soluble dans le liquide pulmonaire.
Cette solubilité dépend de sa composition. Le verre utilisé
initialement pour fabriquer la laine de verre est totalement
dissous en quelques mois, alors qu’une fibre d’amiante est
encore présente plus de 30 ans après son inhalation.
En jouant sur de très faibles modifications de la composition
de ce verre (tableau ci-dessous), on a réussi à développer
une composition dont les fibres, tout en étant parfaitement
stables dans l’air humide ambiant, se dissolvent dans les
poumons, donc en milieu acide, en quelques semaines,
voire quelques jours.

Verre Verre
standard « biosoluble »
Al2O3 3,4 % 2,0 – 2,4 %

Na2O 15,75 % 15,5 %

MgO 3,0 % 3,2 %


Par ailleurs les propriétés du verre dépendent de la
température et , par simple variation de température il
est possible, à partir d’une même composition verrière,
de réaliser des produits différents : des objets creux,
des plaques, des fibres, ….
1- Analyse thermique
1-1- Analyse calorimétrique différentielle : DSC

Un verre est caractérisé par plusieurs températures (Tg, Tc, Tf


ou Tl) qui correspondent à des changements plus ou moins
importantes de ses propriétés

Signal
exo

endo
Températures
Tg Tc Tf ou Tl
Schéma d’un thermogramme d’un verre montrant Tg, Tc, Tf ou Tl
Sur le thermogramme on distingue :

 Tg , température de transition vitreuse, est mesurée au point


d’inflexion du changement de la pente du signal calorimétrique
associé à cette transition ;
 Tc , température de cristallisation ou de dévitrification,
correspond à l’intersection de l’extrapolation de la pente du pic
exothermique avec l’extrapolation de la ligne de base ;
 Tf , température de fusion (ou de liquidus Tl), est obtenue en
prenant l’intersection de l’extrapolation de la ligne de base et de
l’extrapolation de la pente du pic endothermique.

* Les énergies des différents événements thermiques sont


obtenues à partir de l’aire des pics correspondants.
Aperçu sur la stabilité des verres

Lorsqu’on parle de la stabilité d’un matériau, on doit


préciser le genre de stabilité dont il est question (stabilité
thermique, chimique, mécanique, …).

Par contre lorsqu’on parle de la stabilité des verres, il s’agit


généralement de la stabilité vis à vis de la dévitrification
(cristallisation).

C’est ainsi qu’on la définit comme étant la résistance des


verres à la dévitrification au cours d’un recuit (en
particulier à proximité ou légèrement au-dessus de Tg).

Autrement dit, on peut dire tout simplement qu’un verre


est stable dans un domaine de températures donné quand
il reste à l’état vitreux dans ce domaine.
La détermination de la stabilité des verres est d’une importance
capitale pour les applications technologiques. Par exemple, si les
verres ne sont pas stables, il sera difficile de fabriquer des fibres
sans qu’il ait dévitrification, ou bien d’utiliser ces verres pour le
stockage des déchets radioactifs puisque leur dévitrification
constitue un danger à long terme .

Plusieurs critères de stabilité basés sur les températures mesurées par


DSC, sont proposés. On peut citer par exemple les facteurs suivants :

Tg/Tf , Hr = (Tc - Tg)/(Tf - Tg) ou Tc - Tg

Hr : paramètre de Hruby.

En pratique, on se contente souvent de la différence Tc-Tg qui


constitue le domaine de stabilité des verres
1-2- Analyse dilatométrique

Lorsque la température s’élève, il se produit une dilatation.

Cette dilatation peut être suivie. Il est alors possible d’en déduire
le coefficient de dilatation thermique.
Le coefficient de dilatation linéaire moyen entre deux
températures T1 et T2 est donné par la relation :
1 LT2  LT1 1 DL
a DT  .  .
L0 T2  T1 L0 DT

Le coefficient de dilatation linéaire vrai à une température T est


exprimé par la relation :
1 dL
aT  .
L0 dT

En pratique, on utilise aDT au lieu de aT


Pour un verre, la courbe dilatométrique a l’allure suivant :

TR (température de
ramollissement)

dL/L

aDT

T1 Tg T2 T3 T(°C)
On distingue les parties suivantes :

 de la température ambiante à T1 : une expansion monotone qui


permet de déduire Le coefficient de dilatation linéaire moyen aDT ;
 de T1 à T2 : aDT commence à croître de façon sensible à partir de T1
pour atteindre sa valeur maximale à T2 . C’est dans cet intervalle de
températures que certaines propriétés physiques (chaleur spécifique,
viscosité et coefficient de dilatation thermique) subissent une nette
variation. On a alors le phénomène de transition vitreuse qui est
caractérisé par sa température Tg. Celle-ci est obtenue à l’intersection
des portions linéaires extrapolées de la courbe ;
 de T2 à T3 : aDT est constant ;
 au-delà de T3 : aDT commence à chuter ;
 à partir de TR (température de ramollissement) : la courbe
s’effondre.
0,005
0,004
dL/L0

0,003
0,002
a
0,001 Tg
0
0 50 100 150 200
T(°C)

Courbe dilatométrique du verre ternaire


54%TeO2-36%Tl2O-10%PbO
D’un point de vue technologique, la dilatation thermique
est la caractéristique thermique la plus importante, elle
conditionne en particulier les possibilités de liaison par
soudure. Dans les scellements de jonction métallique
fréquente en électronique, il est indispensable que les
coefficients de dilatation des deux matériaux soient très
voisins dans un intervalle de température étendu. On admet
que la différence des coefficients ne doit pas être supérieure
à 0,3.10-6 K-1 . Une différence plus importante peut conduire
à des fractures par suite de l’apparition de contraints.
Coefficient de dilatation thermique
Les verres sont classés d’après leur coefficient de dilatation aDT. Ainsi on
désigne par l’expression «verres durs» les verres avec aDT < 6.10-6 K-1 et par
«verres tendres» ceux avec aDT > 6.10-6 K-1. Le verre à faible coefficient de
dilatation le plus connu est le verre de silice (aDT = 0,5.10-6 K-1).

Ech. Verre (%mol) 106xa20-200 (K-1)

a Silice 0,5

b 15Na2O-10CaO-75PbO 9,1

c 18,2
80.7TeO2-19.3PbO

d 80TeO2-10TiO2-10PbO 17

e 80TeO2-10TlO0.5-10PbO 23
L’examen de ces valeurs permet de faire quelques
remarques :

 la présence d’oxyde de plomb dans ces verres


augmente la valeur du coefficient

 la présence simultanée de TeO2 et PbO (c, d et e),


conduit à des valeurs élevées de aDT. Ce coefficient est
doublé par rapport à celui du verre sodocalcique (b) .

 l’addition d’oxyde Tl2O a pour effet d’augmenter


ce coefficient alors que l’addition de TiO2 a pour
effet de le diminuer (d, e) comparés à c.

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