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Évangile

Pour les articles homonymes, voir évangile (homonymie).

Cet article traite des évangiles en tant que livres. Pour la diffusion de l'évangile en
tant que « bonne nouvelle » du christianisme, voir Évangélisation.

Les Évangélistes, Triptyque Snyders, peinture anonyme (v. 1659), musée d'Art du comté de Los Angeles.
Chacun des quatre évangélistes est représenté par son symbole : l'ange (Matthieu), le lion (Marc), le
taureau (Luc) et l'aigle (Jean).

Un évangile (du latin evangelium, lui-même emprunté au grec


ancien εὐαγγέλιον / euaggélion, « bonne nouvelle ») est un écrit en langue grecque qui
relate la vie et l'enseignement de Jésus de Nazareth, appelé par les chrétiens Jésus-
Christ. De nombreux évangiles ont circulé pendant les premiers siècles
du christianisme.
Quatre sont reconnus comme canoniques par les Églises chrétiennes : les évangiles
dits selon Matthieu, Marc, Luc et Jean. Ils forment la partie la plus longue
du Nouveau Testament.
Les autres évangiles, non reconnus, sont dits apocryphes.

Sommaire

 1Étymologie et définitions
 2Auteurs et datation des textes canoniques
o 2.1Attribution traditionnelle
o 2.2Attribution historique, datation et composition
o 2.3Synoptiques et quatrième évangile
 3Établissement des textes canoniques
o 3.1Transmission
o 3.2Manuscrits
o 3.3Canon
o 3.4Concordance
 4Contenu des textes canoniques
o 4.1Exégèse
o 4.2Biographie de Jésus
 5Évangiles « apocryphes »
 6Notes et références
o 6.1Notes
o 6.2Références
 7Voir aussi
o 7.1Bibliographie
 7.1.1Ouvrages généraux
 7.1.2Sur les Évangiles canoniques
o 7.2Articles connexes
o 7.3Liens externes

Étymologie et définitions[modifier | modifier le code]


Le mot « évangile », du grec ancien εὐαγγέλιον (euaggélion), signifie « bonne
nouvelle ». Cette « bonne nouvelle », pour l'ensemble du christianisme, est l’annonce
du salut éternel de quiconque se repent de ses péchés et place sa foi en Jésus-
Christ1. Elle implique que la rédemption par le Christ a eu lieu une fois pour toutes,
de même que la Révélation est complète et n'offre pas matière à des ajouts
ultérieurs.
La diffusion de ce message chrétien à travers le monde, souvent appelée « annonce
de la bonne nouvelle », porte le nom d'évangélisation.
C'est à partir du II siècle que le mot désigne également un récit de la vie de Jésus de
e

Nazareth. Dans ce second sens, un « évangile » constitue un genre littéraire propre


qui traite de cette même « bonne nouvelle »1. Il est mis par écrit, par les quatre
évangélistes, pour les générations futures. Ce sont les quatre évangiles canoniques :
selon Matthieu, Marc, Luc et Jean. Dans un sens plus général, « l'Évangile », sans
autre précision, désigne l'ensemble de ces quatre évangiles1.
Enfin, il existe d'autres textes plus tardifs et non reconnus par le christianisme : les
évangiles dits « apocryphes ». Certains d'entre eux, en particulier ceux
de Jacques et de Thomas, retiennent l'attention des chercheurs en raison des
indications historiques qu'ils apportent sur la formation du christianisme.

Auteurs et datation des textes canoniques[modifier | modifier le


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Les Évangélistes, par Jesuíno do Monte Carmelo (1796), São Paulo.

Les évangiles canoniques sont les quatre évangiles reconnus par les Églises
chrétiennes catholique, protestantes et orthodoxes.
Attribution traditionnelle[modifier | modifier le code]
Les évangiles canoniques sont traditionnellement attribués à des disciples de Jésus
(pour l'Évangile selon Matthieu et l'Évangile selon Jean), ou à des proches de ses
disciples (pour l'évangile selon Marc et l'évangile selon Luc)2.

 Matthieu, dit le publicain, l'apôtre ou l'évangéliste ;


 Marc (disciple de Pierre) ;
 Luc, dit le médecin bien-aimé (disciple de Paul de Tarse, et à qui est aussi
attribuée la rédaction des Actes des Apôtres) ;
 Jean dit l'apôtre ou l'évangéliste.
Le plus ancien témoin littéraire de cette attribution est Irénée de Lyon3, qui a défini
ces quatre évangiles canoniques comme inspirés divinement, probablement en
réaction aux thèses de Marcion4,5,6,7.
Attribution historique, datation et composition[modifier | modifier le
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Articles détaillés : Datation de la Bible et Évangiles synoptiques.

Évangile orthodoxe du XIII siècle.


e

Les évangiles selon Marc, Matthieu et Luc, qui racontent l'histoire de Jésus d'une
manière relativement semblable, sont dits « synoptiques ». L'Évangile selon
Jean relève d'une christologie complémentaire appelée « johannique ».
Les évangiles ont été rédigés en plusieurs phases, par la deuxième ou troisième
génération de disciples, dans une fourchette qui oscille entre les années 65 et 95,
d'après les différentes options historiographiques. Michel Quesnel parle de 65 et 958,
comme la majorité des historiens et des exégètes, et Raymond Edward
Brown9 donne la fourchette 70-années 90, à plus ou moins 10 ans près. Les textes
sont le fruit d'un long processus de recueil des paroles de Jésus de Nazareth. Ces
paroles, parfois adaptées voire complétées, sont reprises dans les diverses
situations de la vie des premières communautés chrétiennes et ensuite agencées à
la manière d'une Vie (une Vita) à l'antique, qui ne relève cependant aucunement
d'une biographie10. Ils ne sont appelés évangiles que vers 15011.
Si les spécialistes insistent sur les difficultés d'une datation plus précise de ces
écrits, l'ordre chronologique de leur apparition est admis par la plupart d'entre eux.
Les évangiles ne sont pas les textes les plus anciens du Nouveau Testament : leur
rédaction est précédée par d'autres, comme une partie des épîtres de Paul (50 - 57)
ou par l'épître de Jacques (vers 60). Pour les chercheurs actuels, le premier
évangile est celui de Marc, écrit vers 70 à l'exception de la finale (Marc 16),
largement ultérieure ; l'évangile selon Matthieu le suit, vers 80-90. L'évangile selon
Luc, rédigé séparément de celui de Matthieu mais à peu près contemporain, est daté
de 80-85 ; son auteur est le même que celui des Actes des apôtres, écrits à la même
époque et dans un même style littéraire. Pour finir, celui selon Jean se situe entre 90
et 10012, voire 11013.
Dans les années 1980, une école minoritaire a défendu l'hypothèse de dates
antérieures à l'année 70. Dans ce courant se trouvaient notamment John A. T.
Robinson14, Claude Tresmontant15 et Philippe Rolland16. Ce dernier a supposé
l'existence d'un évangile « sémitique » qui aurait été traduit en grec pour donner les
écrits « pré-Matthieu » et « pré-Luc »17. Ces théories, qui se fondaient sur Eusèbe de
Césarée (Histoire ecclésiastique III, 39, 16), lui-même se référant à Papias18, sont
aujourd'hui abandonnées.
Synoptiques et quatrième évangile[modifier | modifier le code]
Articles détaillés : Évangiles synoptiques, Problème synoptique, Source
Q et Antériorité de Marc.

Les deux sources de Matthieu et de Luc : l'Évangile selon Marc et la Source Q (Logienquelle), auxquels
s'ajoutent leurs contenus spécifiques (Sondergut).

Les trois premiers évangiles (par ordre chronologique, Marc, Matthieu et Luc) sont
qualifiés de « synoptiques » car ils présentent plus ou moins les mêmes épisodes, à
la différence du quatrième, celui de Jean, qui apporte d'autres éléments2.
Une autre différence est que les synoptiques comptent une cinquantaine
de paraboles au total, alors que l'Évangile selon Jean n'en contient aucune.
Selon la théorie des deux sources, admise par la quasi-totalité des chercheurs, les
parties communes à Matthieu et à Luc dépendent à la fois de l'évangile selon
Marc (600 versets chez Matthieu et 350 chez Luc) et et d'un document perdu (235
versets présents chez Matthieu et Luc, mais absents de Marc) appelé la source Q19.
Établissement des textes canoniques[modifier | modifier le code]
Transmission[modifier | modifier le code]
Articles détaillés : Transmission orale des évangiles, Source Q et Logion.
Les récits évangéliques sont marqués, comme la plupart des textes de la Bible, par
de nombreuses structures orales20. Les travaux du jésuite Marcel Jousse ont montré
l'importance de cette oralité dans les quatre évangiles. Cette approche permet de
redonner vie aux Évangiles par une approche anthropologique du texte. Plus proche
de nous, Pierre Perrier a tenté de retrouver les collections orales primitives mises en
ordre par les apôtres avant la mise par écrit des Évangiles.
Manuscrits[modifier | modifier le code]

Le Papyrus P52, qui contient deux passages du chapitre 18 de l'Évangile selon Jean.

Articles connexes : Liste de papyrus du Nouveau Testament et Liste des manuscrits


du Nouveau Testament en onciales grecques.
Le plus ancien fragment reconnu d'un évangile est le Papyrus P52, daté
d'environ 125 et qui est un très court extrait de l'évangile selon Jean21.
Les principaux codex contenant des versions à peu près complètes des évangiles,
écrits en langue grecque, sont le codex Vaticanus et le codex Sinaiticus qui datent
du milieu du IV siècle.
e

Canon[modifier | modifier le code]


Article détaillé : Canon (Bible).
À la fin du II siècle, les témoignages concordants de Clément
e

d'Alexandrie, Tertullien et d'Irénée de Lyon (voir par exemple le Contre les hérésies,
daté de 180 environ) suggèrent que les quatre évangiles sont réputés canoniques
pour l'Église de Rome22,23. À peu près à la même époque, aurait été établi à Rome le
premier canon, plus tard connu sous le nom de canon de Muratori qui correspond au
refus d'inclure les autres évangiles apocryphes qui commencent à circuler
au II siècle24.
e
Le concile de Laodicée, vers 363, confirme la limitation du nombre des Évangiles
canoniques à quatre. En 397, un concile réuni à Carthage précisa dans son canon
47, le contenu des Saintes Ecritures, en particulier celui du Nouveau Testament où
apparaissent à côté des Quatre évangiles, les Actes des apôtres, treize épitres de
Paul, une épitre aux hébreux, deux épitres de Pierre, trois épitres de Jean, une de
Jacques et une de Jean. Le synode sollicitait en outre la confirmation de l'évêque de
Rome et de ceux des environs25. Enfin en 495, le Décret de Gélase fixe le contenu
des Évangiles du Nouveau Testament et liste les évangiles apocryphes qui sont
interdits à la lecture26.
Concordance[modifier | modifier le code]
À partir de la fin du II siècle, se pose la question de la concordance des quatre
e

évangiles canoniques et de la synthèse qu'ils peuvent offrir sur la vie et


l'enseignement de Jésus. Un nouveau genre littéraire apparaît alors, celui de
l'« harmonie des Évangiles » : il s'agit d'ouvrages de compilation qui reprennent par
ordre chronologique les éléments de la vie de Jésus contenus dans chacun des
quatre textes.
Parmi les plus anciennes « harmonies évangéliques » figurent le Diatessaron,
les canons eusébiens et le De consensu evangelistarum d'Augustin d'Hippone. La
tradition s'est perpétuée au long des siècles chez les catholiques comme chez les
protestants, avec des auteurs tels que Gerson et Calvin ou au XX siècle Xavier Léon-
e

Dufour27 et Kurt Aland.

Contenu des textes canoniques[modifier | modifier le code]


Exégèse[modifier | modifier le code]
Articles détaillés : Exégèse historico-critique, Quatre sens de l'Écriture, Rhétorique
sémitique, Quête du Jésus historique et Crise moderniste.
Pour définir le sens des évangiles, les chercheurs ont recours à l'exégèse28. Cette
discipline existe dès le XVI siècle dans la tradition protestante, suivie à partir
e

du XVII siècle par quelques auteurs catholiques qui se heurtent à l'opposition de


e

l'Église. L'exégèse historico-critique, en particulier, est condamnée


jusqu'au XX siècle.
e

Pendant le concile Vatican II, la Commission biblique pontificale publie


une Instruction sur la vérité historique des évangiles (21 avril 1964) qui est
favorablement accueillie comme guide de travail par les exégètes, puis l'Église
catholique accepte officiellement, dans sa constitution Dei Verbum de 1965,
l'utilisation de la méthode historico-critique. L'encyclique Fides et ratio (numéro 94)
précise quelques années plus tard que les textes bibliques « exposent des
événements dont la vérité se situe au-delà du simple fait historique : elle se trouve
dans leur signification dans et pour l'histoire du salut ».
Les exégètes actuels vont dans le même sens en considérant les évangiles comme
des œuvres de foi dont les auteurs ont plus une visée doctrinale qu'un souci
historique29,30.
Biographie de Jésus[modifier | modifier le code]
Articles détaillés : Jésus-Christ, Jésus de Nazareth et Jésus selon l'exégèse
contemporaine.
Les Évangiles canoniques portent essentiellement sur la vie et l'enseignement
de Jésus-Christ, qu'ils abordent chacun selon une perspective particulière. Ils en
constituent la plus ancienne source documentaire.
Deux d'entre eux évoquent l'enfance de Jésus et en particulier la Nativité et la fuite
en Egypte31. Il s'agit des évangiles selon Matthieu et Luc, rédigés dans les années
80, soit une cinquantaine d'années après la crucifixion de Jésus (vers 30). L'évangile
le plus ancien, celui de Marc (écrit vers 68-75), n'y fait aucune allusion et il n'existe à
ce jour aucun document sur les « années cachées » de la biographie de Jésus de
Nazareth.
Ces récits d'enfance sont des éléments classiques dans la « biographie » d'un grand
homme de l'Antiquité et « doivent donner la clé de l'homme et de l'action à venir »32. Il
s'agit de récits hautement symboliques, comme celui de l'étoile qui guide les rois
mages : celle-ci est un signe de prédestination royale dans le monde antique, et un
symbole messianique pour les juifs33. Ils ont été prolongés par les écrits plus tardifs
des apocryphes et forment un des éléments de la mythologie chrétienne.
Hormis l'épisode lucanien de la visite au Temple de Jérusalem à l'âge de douze ans,
la jeunesse de Jésus jusqu'au début de son ministère vers l'âge de trente ans34 n'est
pas mentionnée dans les évangiles.
Les Évangiles canoniques relatent la « vie publique » de Jésus sur une période qui
dure moins de trois ans. L'Évangile selon Jean, plus tardif que les trois Évangiles
synoptiques, s'en distingue à la fois par son schéma narratif, sa chronologie et ses
développements christologiques.
C'est à partir des textes canoniques mais aussi apocryphes que de nombreux
auteurs, romanciers, historiens, théologiens et chercheurs, ont rédigé leurs « Vies de
Jésus », qui forment un genre littéraire à part entière.

Évangiles « apocryphes »[modifier | modifier le code]


Article connexe : Apocryphe biblique#Écrits apocryphes chrétiens.
Les récits de la vie de Jésus qui n'ont pas été retenus comme faisant partie
du canon officiel ont été désignés sous le terme d'« évangiles apocryphes »
(étymologiquement : « évangiles cachés »)35. Ils ont été longtemps délaissés, mais
l'exégèse moderne s'y intéresse à nouveau.
Les artistes, au cours des âges, en ont souvent retenu des légendes pieuses qui ont
joué un assez grand rôle. Des collections de maximes, comme l'Évangile selon
Thomas, revêtent un intérêt historique. De même, l'Évangile de Pierre, dont un
fragment a été retrouvé en Égypte en 1884, est le seul à contenir une description de
la résurrection de Jésus. Elles semblent défendre des doctrines gnostiques36.
Certains de ces évangiles sont proches de légendes populaires tendant à combler
les vides du récit des quatre évangiles réputés plus anciens. Parmi les traditions bien
présentes dans l'Église catholique mais n'apparaissant pas dans les évangiles
officiels, on trouve le nom des parents de Marie, mère de Jésus (qui se
prénommeraient Anne et Joachim), ou la présence du bœuf et de l'âne dans
la crèche où est né Jésus.
L'Évangile de Barnabé, vraisemblablement conçu par des auteurs musulmans au
plus tard au XVI siècle, fournit une vision de Jésus compatible avec l'islam. Il est
e

considéré comme une "fraude pieuse".

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