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INTRODUCTION GENERALE AUX EVANGILES

Le Nouveau Testament à l’origine nous est parvenu en grec ; le grec était la langue communément
parlée dans le bassin de la méditerrané. Au I er siècle de notre ère. Le grec koiné=commun est un
grec marqué par des influences des autres cultures dominées par les grecs. Dès le premier siècle, il
était bien écrit. Il était parlé depuis l’Europe jusqu’en Asie.

Le canon du N.T. comprend 27 livres que toutes les églises chrétiennes reconnaissent dont les
quatre évangiles. Le mot évangile vient du grec ευαγγελίον=euangelion et signifie la bonne nouvelle.
Dans euangelion on a deux mots :eu= bon, bien ; angelo= proclamer, dire, annoncer. Ce mot a aussi
le sens de Bonnes Nouvelles (2Sam 18 :22,25). Le verset 22 parle de message et le verset 25 parle de
Bonnes Nouvelles. Ce mot a le sens d’évangéliser, proclamer de Bonnes Nouvelles. À partir de là,
les quatre évangiles déclarent, annoncent, prêchent la Bonne Nouvelle. Les Évangiles nous
donnent un portrait de Jésus.

Matthieu présente Jésus comme un Roi et un Lion ; comme un Enseignant, comme un Maitre.
Matthieu met aussi un accent sur les prédications (enseignements) notamment le sermon sur la
montagne. Un roi doit avoir une généalogie (Matt 1 :1-17). On estime qu’à l’origine l’Évangile de
Matthieu était adressé aux juifs.

Le deuxième évangile, celui de Marc : Il présente Jésus comme un Serviteur, un Buffle, un Taureau,
un Conquérant. Il le présente aussi comme un Prédicateur. Il met l’accent sur ses miracles. À
l’origine cet évangile était adressé aux romains.

L’évangéliste Luc présente Jésus comme un Homme Parfait. C’est l’historien ; il met l’accent sur
ses miracles. L’historien a besoin de la généalogie (Lc.3 :23-38) car un homme parfait doit en avoir
une. Il s’adresse à l’origine aux grecs.

Les Évangiles de Matthieu, Marc et Luc sont appelés les évangiles synoptiques à cause de leur
même manière de voir. Ils ont des ressemblances ; mais en même temps ils ont des différences. Ils
ont le même champ d’action qui est Capernaüm en Galilée. Ils expriment l’humanité de Jésus.

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Jean, le quatrième évangéliste présente Jésus comme le Dieu Tout Puissant. Avec Jean, Jésus est
présenté comme un Aigle. Jean, c’est le théologien. Jean ne fait pas allusion à la généalogie de Jésus
car Dieu n’en a pas. Quand on lit Jean, on se rend compte qu’il écrit pour tout le monde. Son
champ d’action, c’est Jérusalem en

Judée. Il exprime la Divinité du Christ. Jean met l’accent non sur la personne mais sur la mission
pour l’établissement du Royaume de Dieu (Lc4 :18-19).

Pour l’Église primitive, le contenu de l’Évangile c’est la vie, la mort, la résurrection et le retour de
Jésus (Ac15 :7 ; Ac2 et 13). L’Évangile écrit a commencé avec Marc, dans le souci de le
communiquer, de le préserver pour les générations à venir surtout en vue d’une grande diffusion.

Selon Appolonius, le terme “évangile“ ou évangéliser est associé au fait de faire des miracles. Le fait
d’annoncer suppose le salut, la guérison, la délivrance des démoniaques, la résurrection des morts
et la restauration.

Les pères apostoliques dans leurs écrits du Ier et IIe siècle après Jésus Christ, soulignent que la
prédication est un devoir et que le contenu de l’Évangile doit être Christocentrique et prendre une
forme historique sans oublier la transcription et la diffusion en vue de sa sauvegarde et surtout de
sa transmission.

Au IIe siècle après Jésus Christ, d’autres documents appelés “évangiles“ et d’autres traités ont vu le
jour. Nous citerons l’évangile de Thomas, l’évangile de Paul, l’évangile de Barnabé etc. auxquels les
musulmans font allusion. Ces évangiles dont nous parlons posent le problème de la fiabilité de
l’évangile, de la tradition orale et écrite, de la limitation des évangiles, d’où la nécessité de
déterminer le vrai du faux. Pour répondre à la question de la limitation des évangiles, Justin le
Martyr et Tacion proposent comme solution un seul Jésus, un seul évangile (un évangile
harmonisé) qu’on appelle LE DIATESSERON. 25 ans plus tard Irénée de Lyon dit qu’agir de la
sorte serait une hérésie. Parce qu’en le faisant, on perd quelque chose. Il propose donc qu’on pense
à un évangile TETRAMORPHE (Mt., Mc, Lc. et Jn.). Le même évangile sous quatre formes qu’on
ne peut pas regrouper. Le concile de Nicée en 325, a été unanime sur la position d’Irénée de Lyon
mais l’unanimité n’a été totale qu’à partir du IV e siècle. Et c’est de ce contexte que nous sommes
héritiers. Quant à la souscription aux évangiles, disons qu’elles ne font pas partir des évangiles
originaux. Elles sont entrées en ligne de compte à partir de IIIe siècle par la tradition ecclésiastique.
Cela est dû qu’avant, l’église travaillait dans la clandestinité.

L‘Évangile, c’est d’abord la forme orale pour annoncer la bonne nouvelle, au niveau politique,
militaire et social. Jésus aussi a utilisé la forme orale pour proclamer la Bonne Nouvelle du Salut.
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En plus de la forme orale, nous avons la forme écrite de l’évangile. L’évangile est une histoire en
quatre perspectives différentes. C’est comme quatre reporters qui font chacun le rapport d’un
match qu’ils suivent. Ces différentes perspectives viennent enrichir notre compréhension de Jésus.
Comme l’église l’a accepté à la fin du II e siècle. Nous devons reconnaitre qu’il y a quatre évangiles
et d’autres documents.

Proposition de définition

a- Xavier Léon Dufour : il dit que l’Évangile est une création, un genre littéraire original qui
annonce que Jésus est le Seigneur. L’Évangile suscite la foi du chrétien. L’Évangile n’est pas une
biographie de Jésus au sens classique du terme.

b- De Mollat : Pour lui, le mot évangile au II e siècle désigne un document écrit qui porte sur la vie
et les relations de Jésus.

c- H. Koester dit quant à lui que l’évangile est un corpus qui comprend les écrits soucieux de
transmettre les traditions qui concernent Jésus Christ de Nazareth et ces écrits appartiennent à des
genres littéraires différents

Les apôtres ont choisi le récit historique pour annoncer l’évangile (Bonne Nouvelle du salut en
Jésus Christ) ; ainsi, ils nous rapportent selon Alfred KUEN (dans évangile et actes page 156) il
écrit : « les actes significatifs que Jésus avait accomplis, l’opposition qu’Il avait rencontrée, les souffrances
et la mort en avaient été l’aboutissement, et finalement la résurrection (bref). Tout ce qui a été le reflet de
l’œuvre de celui en qui ils avaient reconnu le Messie  ». A. Kuen précise que les apôtres nous racontent
dans un autre registre la manifestation de la Puissance Divine. Comme un impératif dans les
œuvres de Jésus. C’est en cela que le père LAGRANGE dit en son évangile à la page 63, que les
apôtres avaient le souci de faire connaitre le pouvoir, la sagesse et la bonté de Jésus Christ.

Le mot évangile est propre au christianisme. Il appartient à la littérature de l’histoire écrite et au


Témoignage de la foi, il a un contenu historique et théologique. Il est unique et a un genre bien
défini qui raconte comme un mémoire historique, l’action de Dieu dans une période bien
déterminée de l’histoire, dans un espace précis et par des hommes qui ont réellement existés. Dans
son concept historique, il postule une transmission fidèle de la foi, une perspective apostolique.
Quant à son concept théologique, l’évangile est un témoignage apostolique. Il témoigne de la foi au
Christ, Jésus mort et ressuscité. L’évangile se présente comme un instrument de choix pour
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l’éducation de l’église au travers de l’évocation de ce que Jésus a fait et communiqué (Jn15  :27 ; act
1 :21 ; 22 ; 1Cor 15 :3-8).

Remarque :

En plus des quatre évangiles du canon biblique, il y a d’autres évangiles notamment l’évangiles de
Pierre, de Thomas, de Paul, de Marie et de Philippe etc. c’est pour cela que nous ne devons jamais
nous éloigner de la source, seule à même de nous donner à vérifier l’Évangile oral commencé après
la mort et la résurrection de Jésus ; le départ étant la mort et la résurrection de Jésus. Dès lors, on
ne peut pas admettre ce qui n’a pas de relation avec ce qui est ancien quand on sait que l’Évangile
écrit est venu après 1Thes. qui a été écrit en l’an 50. Le personnage principal de l’Évangile, c’est
Jésus Christ de Nazareth. Celui des épitres, c’est le Christ c'est-à-dire que Dieu nous donne d’être
sauvés en Jésus pour servir le Seigneur, le Christ.

Les quatre Évangiles ont toujours intéressé, d’une manière particulière, les chrétiens. Ils sont la
source fondamentale de la connaissance de la vie de notre Seigneur, et sans eux, nous n’aurions
qu’une idée très rudimentaire de sa vie et de son ministère. Il n’est donc pas étonnant que les
quatre Évangiles soient devenus un champ de travail par excellence pour les étudiants sérieux de
la bible. Mais il y a probablement aucun groupe d’écrits si déconcertant que les quatre Évangiles.
La plupart des problèmes qui ont été étudié au cours de l’histoire de la critique sont encore au
centre des discutions actuelles. Pourtant, les théories les plus radicales ont fini par être écartées.

Avant de nous occuper de ces problèmes, il est souhaitable de formuler une idée de la forme dans
laquelle les quatre Évangiles nous ont été transmis, car, quelles que soient les appréciations
critiques que l’on peut établir à leur sujet, il est indéniable qu’ils ont exercé une influence profonde
sur la pensée chrétienne à travers les siècles. Cette façon de procéder diffère de celle qui est utilisée
par les écoles de la critique moderne qui le plus souvent commencent leurs études d’introduction
par l’annonce de certaines présuppositions qui expriment déjà un jugement sur la valeur et la
portée des Évangiles. Les présuppositions (les aprioris) de ces écoles-là seront examinées
soigneusement au cours de nos études, mais notre étude présente est basée sur la conviction que ce
sont les Évangiles eux-mêmes et non leurs sources ou leurs origines qui ont façonné l’histoire du
christianisme, que l’on doit étudier celles-ci au moyen de ceux-là.

LA FORME LITTERAIRE

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On regarde, d’une manière générale, les Évangiles comme les récits de la vie de Jésus, mais il est
clair qu’il ne s’agit pas de biographie proprement dite. Ceci n’est pas seulement parce ces
documents ne relatent qu’une petite partie de la vie de Jésus. C’est plutôt parce que leur raison
d’être principale n’est pas d’être un simple registre de faits. Bien qu’ils soient des documents
historiques, leur but est plus qu’historique. Ce n’est pas, en effet, par accident que ces documents
reçurent le nom ‘‘d’Évangiles’’ très tôt dans l’histoire de l’église. Ils proclamaient la Bonne Nouvelle
(evvaggelion / έναγγέλίον), un message dont le monde avait désespérément besoin.

Il n’existait pas de modèle pour ceux qui ont écrit les évangiles. La forme littéraire qui fut adoptée,
fut dictée par les exigences de la mission de l’église - évangéliser. Les prédicateurs de l’Évangile
devraient mettre l’accent sur la mort et la résurrection, car ces thèmes formaient le noyau de leur
message. Il n’est donc pas étonnant que tant de place soit réservée à ces évènements dans les
Évangiles écrits. À peu près un tiers de l’évangile selon Marc est occupé par ces évènements et les
autres Évangiles suivent à peu près les mêmes propositions dans leurs récits. Cet accent se trouve
être en parfaite harmonie avec la déclaration de Paul selon laquelle la tradition qu’il avait reçue
concernait la mort et la résurrection du Christ (1 Cor 15 :3ss).

Les récits de la vie de Jésus, ses œuvres, ses miracles, et son enseignement ont été considéré comme
étant secondaires à cet intérêt primaire, bien qu’ils soient tout de même essentiels. Aucun simple
historien biographe n’aurait adopté une telle perspective. Les Évangélistes n’étaient pas des
hommes littéraires et ne prétendaient pas l’être. Ils n’avaient aucune intention de se conformer à
des conventions littéraires de leur temps. Ils avaient eux-mêmes expérimentés une transformation
remarquable comme résultat des évènements qu’ils relataient. Ce fait en lui-même distingue ces
écrits des autres exercices littéraires et il faut en tenir compte lorsqu’on considère les problèmes
critiques de leurs origines. Il n’est donc pas acquis que ces livres puissent être étudiés avec les
mêmes conventions de la critique littéraire que l’on applique dans les investigations de la
littérature profane. Il faut ainsi tenir compte de l’unique genre présenté par les Évangiles, ce qui
enlève la possibilité de les comparer à d’autres exemples littéraires du même genre. Ce fait est un
élément important dans le problème de l’investigation littéraire des évangiles.

MOTIVATION OU LA PRODUCTION DES EVANGILES

Nous verrons les motivations particulières de chaque Évangile au moment de l’étude de chacun
d’eux. Il convient ici de nous pencher sur les motivations générales qui ont poussé à la
composition des Évangiles.

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Au début on peut supposer que le témoignage oral des Apôtres possédait une telle autorité que le
besoin d’un écrit chronologique du message ne vint pas tout de suite à l’idée. On ne peut nier que
la parole orale avait, pour l’esprit oriental, beaucoup plus d’autorité que la parole écrite. Pour cette
raison, on suppose, d’une manière générale, que le besoin des documents écrits s’est fait sentir
seulement après la mort des témoins oculaires. De cette façon, une période assez longue aurait pu
nécessiter une composition écrite des Évangiles assez tôt, vu l’impossibilité pour les Apôtres d’être
partout à la fois. Il est clair, par exemple, du récit de Luc, que d’autres avant lui, avaient tenté
d’écrire des récits des évènements qui avaient bouleversé la vie des chrétiens. Il est impossible de
déterminer la date de la première composition écrite de ces évènements et ceci doit nous aider à
penser avec soin le point de vue qu’il n’y avait aucune motivation derrière les premières
compositions.

Certains ont avancé l’idée que le laps de temps entre les évènements et leur composition écrite
venait du fait que les chrétiens attendaient le retour immédiat de Jésus. Des documents ayant le
but de conserver le récit de l’origine de l’église n’auraient aucun sens à moins de prévoir que
l’église allait avoir une existence qui se prolongerait dans le temps. Cette manière de voir est
raisonnable mais cela ne signifie pas nécessairement qu’elle est juste. En plus, Jésus avait
clairement dit qu’avant son retour on devait prêcher l’Évangile aux nations. Il n’est pas tout à fait
déraisonnable de penser que les premiers prédicateurs ont utilisé des documents écrits.

Une autre raison avancée pour le retard mis à composer les documents écrits serait le coût excessif
des matériaux et le problème de l’obtention des données nécessaires pour une telle composition. Il
est vrai que les matériaux pour écrire étaient chers, mais ce problème a continué et n’a pas
empêché la composition plus tard. Le deuxième point sera valable seulement en vue de la manière
dont on regarde les origines des Évangiles. Si les Évangélistes devaient chercher un peu partout
pour découvrir les éléments de leurs écrits, on peut accepter le laps de temps. Mais, il n’est pas du
tout certain que les choses se soient passées ainsi comme nous le verrons.

Il y avait certainement un bon nombre de motivations qui auraient pu pousser à la composition


des Évangiles. Notons-en plusieurs :

- Le besoin d’un récit historique pour les besoins d’une catéchèse pour l’instruction des nouveaux
convertis.

- Le besoin de documents pour les raisons apologétiques. Il fallait donner une réponse ayant
autorité aux païens qui voulaient être renseignés sur Jésus que les Apôtres prêchaient.

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- Le besoin des documents pour aider l’église dans son adoration. La forme d’adoration serait
fortement influencée par des documents écrits d’où on pouvait tirer le noyau essentiel de la vie
nouvelle qui unissait les nouveaux chrétiens.

Nous avons vu selon Luc il y aurait plusieurs tentatives de composer un récit des éléments
essentiels de l’Évangile. Parmi tous ceux-là, il n’y en a que quatre qui ont été reconnu comme
digne de foi et possédant pleine autorité dans l’église. Il vaut donc la peine de nous demander
pourquoi l’église a gardé ceux-ci et rejeté d’autres. La masse d’Évangiles Apocryphes, d’origines
ultérieures, démontre la falsification des gens qui voulaient ajouter des détails que les Évangiles
canoniques omettaient ainsi que la détermination avec laquelle l’église les rejetait.

LA PLACE DES EVANGILES DANS LE NOUVEAU TESTAMENT

À la fin du second siècle, il est clair de toute évidence, que nos quatre Évangiles furent acceptés,
non seulement comme authentiques, mais aussi comme étant les écritures au même titre que
l’Ancien Testament. Le témoignage à l’existence et à l’autorité des quatre Évangiles est manifesté
dans les écrits d’Irénée (actif 175-195 Ap JC). Il parle, en effet, des Évangiles en les comparants aux
quatre coins du monde et aux ‘‘quatre vents’’. Clément d’Alexandrie (155-220) distingue les
Évangiles canoniques des Évangiles Apocryphes tel que l’Évangile selon les Égyptiens. Tertullien
(160-220) cite les quatre Évangiles exclusivement et atteste leur autorité vu le fait qu’ils ont été
composés par les Apôtres ou par leurs associés intimes.

Avant 180 Ap Christ, l’évidence est moins forte mais les indices font penser qu’il y avait déjà une
estime très grande pour les Évangile avant cette date. Comme indiqué plus haut, 150 Ap Jésus
Christ, Tacion (110-172) a composé une harmonie des Évangiles (LE DIATESSERON : harmonie en
quatre portions). Dans cet ouvrage, il prend des portions de tous les Évangiles pour n’en faire
qu’un seul récit continu. Ce document fut utilisé par l’église en orient jusqu’au 5 ème siècle. Dans
l’église occidentale ce sont les quatre Évangiles séparés qui ont primé. Même avant cette période,
Justin martyr (100-165) avait cité les Évangiles dans ses écrits et avait parlé des ‘‘mémoires des
Apôtres’’ utilisés dans les réunions publiques. Dans l’épitre de Polycarpe qui fut martyrisé en 155,
il y a des parallèles avec les Évangiles. Or, Polycarpe fut martyrisé en 155, un vieillard de 86 ans
qui avait été disciple de Jean.

Pendant la période immédiatement antérieure aux Apôtres, nous avons également le témoignage
de Papias (60-130). Il atteste que ‘‘Marc, ayant été l’interprète de Pierre, a écrit soigneusement, bien
que pas dans un ordre chronologique, tout ce qu’il se rappelait de ce que le Seigneur avait dit ou
fait’’. Il dit également : ‘‘ ainsi donc, Matthieu a composé les oracles dans la langue hébraïque ;

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mais tout le monde les interprétait comme il le pouvait. Donc, à cette époque, très près des Apôtres
nous avons déjà ces témoignages épars mais précieux.

NOTRE MANIERE D’APPROCHE DES EVANGILES

Pour notre étude nous adoptons une méthode qui nous permettra d’apprécier les Évangiles tels
que nous les trouvons avant de nous lancer dans les études critiques. Il y a des problèmes dans les
évangiles mais il ne faut pas les exalter outre mesure, mais les garder à leur propre dimension. En
outre, nous allons suivre l’ordre canonique sans essayer de traiter chaque évangile selon la date
supposée de sa composition.

Avant donc de nous lancer dans nos études introductoires, il sera sage de faire référence aux
théories généralement admises quant aux origines des trois premiers évangiles. Selon la méthode
dite ‘‘critique des sources’’, c’est Marc qui fut le premier Évangile. Son ouvrage fut utilisé par
Matthieu et Luc qui, tous deux ont utilisé également une autre source à laquelle on donne le nom
de ‘‘Q’’. Cette source était composée en grande partie des maximes de Jésus. A ces deux sources, ils
ont ajouté leur propre trésor de traduction connu sous le nom de ‘‘M’’ et ‘‘L’’. Selon la méthode
dite ‘‘Critique des formes’’ qui essaye d’aller aux sources et comme principe de la base l’idée que
les traditions primitives circulaient comme des unités séparées et furent éditées plus tard pour
devenir les sources que nous venons d’écrire. Nous parlerons de l’Évangile selon Jean après avoir
traité les problèmes synoptiques.

LES EVANGILES SYNOPTIQUES

INTRODUCTION

Des quatre livres canoniques qui racontent la « Bonne Nouvelle » (sens du mot « Évangile »)
apportée par Jésus-Christ, les trois premiers présentent entre eux de telles ressemblances qu’ils
peuvent souvent être mis en colonnes parallèles et embrassés « d’un même coup d’œil » : d’où leur
nom de « synoptiques » (le mot a été introduit par J.J. GRIESBACH, 1776).

La tradition ecclésiastique, attestée dès le II e siècle les attribue respectueusement à Matthieu, Marc
et Luc. D’après elle, Matthieu le publicain, du collège des douze apôtres (Matt 9.9 ;10.3) écrivit le
premier en Palestine pour les chrétiens convertis du judaïsme ; et son ouvrage, composé en
« langue hébraïque », c’est-à-dire en araméen fut par la suite traduit en Grec. Jean Marc, un disciple

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de Jérusalem (Ac 12.12), qui servit dans l’apostolat de Paul (Ac 12.25; 13.5,13 ; Phm24 ; 2Tim4.11),
Barnabé (Ac 15.37,39) son cousin (Col 4.10) et Pierre (1Pi 5.13) dont il était « l’interprète » rédigea à
Rome la catéchèse orale de ce dernier. Un autre disciple, Luc, Médecin, (Col4.14) d’origine païenne
à la différence de Matthieu et de Marc (Col 4.10-14), né à Antioche d’après certains compagnons de
Paul dans ses deuxième (Ac 16.10s) et troisième (Ac 20.5s) voyages apostoliques ainsi que dans ses
deux captivités romaines (Ac 27.1s ; 2Tim4.11) fut le troisième à écrire un évangile, qui pouvait
donc se recommander de Paul ( 2Cor 8.18), comme celui de Marc se recommandait à Pierre ; il
écrivit aussi un second ouvrage, « Les Actes de apôtres ». La langue originale des deuxième et
troisième Évangile est le Grec.

Ces données de la tradition sont confirmées et précisées par l’examen interne de ces trois livres ;
mais avant de le montrer, il convient de discuter le problème de leurs relations littéraires, ce qu’on
appelle la question synoptique.

Diverses solutions de ce problème ont été proposées, qui sont insuffisantes si on les prend
isolément, mais contiennent toutes quelque part de vérité et peuvent servir à composer une
explication d’ensemble. Une tradition orale commune rapporte que les trois synoptiques auraient
été mise par écrit de façon indépendante et donc forcément de façon variée. Mais elle ne saurait à
elle seule rendre compte des ressemblances si nombreuses et si frappantes dans le détail des textes
comme dans l’ordre des péricopes qui dépassent les possibilités de la mémoire, même ancienne et
orientale. Une tradition écrite, unique ou multiple, justifierait déjà mieux ces ressemblances ; mais
si l’on maintient que les trois évangélistes y ont puisé de façon parallèle et indépendante, on
n’explique pas que leurs ressemblances, et aussi leurs divergences trahissent qu’ils se connaissent,
se suivent ou se corrigent l’un l’autre. Aussi, faut-il admettre entre eux des interdépendances
directes. Mais il est clair que Luc dépend de Marc, il l’est beaucoup moins que Marc dépende de
Matthieu, comme on l’a longtemps admis, car de nombreux indices suggèrent le contraire. Pour
Matthieu et Luc, une dépendance directe, dans un sens ou dans l’autre, semble peu probable, et
leur parallélisme en dehors de Marc doit s’expliquer plutôt par une ou plusieurs sources
communes, distinctes du deuxième Évangile.

C’est à partir de ces observations que la critique moderne à édifié la théorie des deux sources  :
l’une d’elles serait Marc dont Matthieu et Luc dépendraient dans leurs Récits ; pour ce qui est des
Paroles ou discours (les « Logia »), très réduits chez Marc, le premier et le troisième Évangile
auraient puisé dans une autre source, inconnue mais postulée, que l’on appelle Q (initiale du mot
allemand « Quelle »). Pour suggestive qu’elle soit, cette théorie n’en offre pas moins de sérieuses
difficultés. Non seulement elle abandonne la croyance traditionnelle à l’origine araméenne du

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premier Évangile et à son antériorité par rapport à Marc, mais encore, elle méconnaît les faits
littéraires qui soutiennent cette tradition en suggérant que Matthieu n’est pas purement dépendant
de Marc et paraît par moment refléter un état plus primitif du texte. D’autre part, le document Q a
pu difficilement exister tel qu’on le reconstitue (de façon d’ailleurs très variable) et il ne rend pas
vraiment compte des relations très complexes qui s’observent entre le premier et le troisième
Évangile. C’est à ces deux difficultés qu’a tenté de répondre une critique plus récente. D’abord en
maintenant l’existence d’un état primitif araméen du premier Évangile, distinct de son état grec,
elle trouve le moyen de mieux expliquer les relations complexes de Matthieu et de Marc : Matthieu
grec dépendrait bien de Marc, mais celui-ci dépendrait à son tour de Matthieu araméen ; d’où les
cas où le premier Évangile qui d’ordinaire suit Marc s’en écarte et semble plus primitif parce
qu’alors il se rapproche davantage du Matthieu araméen, leur source commune. Ensuite, pour
remédier à l’insuffisance de l’hypothèse Q, il parait suggestif et conforme au fait littéraire de
distinguer deux sources différentes dans la tradition des « Logia » communs à Matthieu et à Luc :
d’une part, le Matthieu araméen qui à côté des Récits contenait des « Logia », bien que Marc ait
omis la plupart de ceux-ci et représentait donc un véritable Évangile ; d’autre part, un Recueil
complémentaire de « Logia » qui aura été constitué en marge du Matthieu araméen pour
rassembler des matières que celui-ci n’avait pas assumé, ou encore pour conserver les mêmes
matières que lui sous des formes différentes et jugées meilleures. Matthieu Grec et Luc auront
puisé à ces deux sources : au Matthieu Araméen, et alors les « Logia » apparaissent chez l’un et
chez l’autre disposer de façon analogue dans la trame générale du récit ; au Recueil
complémentaire, et alors les « Logia » sont utilisés de façon différente, selon leurs génies propre,
Luc les maintenant groupés et les insérant en bloc dans sa grande section médiane 9.51-18.14,
Matthieu les dissociant et les répartissant tout au long de son évangile au mieux de ses grands
ensembles. De cette genèse littéraire complexe, résulteront en particuliers les « Doublets » : une
même parole ou un même groupe de paroles se trouvera deux fois chez Matthieu ou chez Luc
parce qu’ils l’auront d’une de leurs sources (Matthieu araméen ou son intermédiaire Marc), une
autre fois de l’autre source (le Recueil). Il faut encore noter que ces deux sources ont dû être
utilisées par Matthieu et Luc, non dans leur état araméen primitif, mais dans des traductions
grecques, parfois identiques, parfois différentes, ce qui explique que leurs textes parallèles sont
parfois très semblables parfois notablement divergents.

À l’aide de ces observations littéraires, on peut esquisser un exposé d’ensemble, sinon assurer du
moins vraisemblable de la genèse des trois premiers Évangiles.

Au commencement il y a eu la prédication orale des Apôtres, centrée autour du « Kérygme »


annonçant la mort rédemptrice et la résurrection du Seigneur. Cette prédication dont les discours
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de Pierre dans les actes des apôtres fournissent des résumés typiques, s’accompagnaient
normalement de récits plus détaillés : d’abord celui de la Passion, qui a dû prendre très tôt une
forme stéréotypée comme l’atteste le parallélisme des quatre récits évangéliques ; puis des
anecdotes prises de la vie du Maître et illustrant sa Personne, sa Mission, sa Puissance, son
Enseignement par quelques épisodes aux paroles mémorables, Miracles, Sentences, Paraboles etc.
… outre les apôtres, des narrateurs spécialisés comme les «  évangélistes » (catégorie de
«   charismatiques ») qui ne sauraient se limiter aux quatre auteurs de nos Évangiles ; cf Ac
21.8 ;Eph4.11 ; 2Tim4.5) racontaient ces souvenirs évangéliques, sous une forme qui tendait à se
fixer par la répétition. Bientôt, et surtout à partir du moment où les témoins de la première heure
commençaient à disparaître, on se soucia de mettre par écrit cette tradition. Les épisodes rapportés
au début, de manière isolée et indépendante tendirent de ce fait à se grouper tantôt de façon
chronologique (la journée de Capernaüm Mc 1.16-39), tantôt de façon logique (cinq controverses,
Mc2.1-3,6) d’abord en petites sections, puis en plus vastes ensembles. Un auteur, en qui rien
n’empêche de reconnaître avec la Tradition l’apôtre Matthieu composa alors un premier Évangile
qui rassemblait les faits et les paroles de Jésus en un récit continu couvrant tout son ministère
terrestre, du baptême à la résurrection. Un recueil dont nous ignorons l’auteur, vint ensuite
s’adjoindre à ce premier Évangile pour rassembler d’autres paroles du Seigneur ou les mêmes sous
d’autres formes. Ces deux ouvrages composés en araméen, bientôt traduits en grec et de diverses
façons. La catéchèse que Pierre prêchait reposait sans doute sur la tradition palestinienne que
Matthieu avait mise par écrit. Aussi quand son disciple Marc voulu la rédiger, dût-il sans doute
s’aider du texte de Matthieu araméen tel qu’il pouvait le connaître à travers quelques traductions
grecques. Il put toutefois, grâce à la prédication orale et vivante de son maître, donner à certain de
ses récits ce coloris concrets riches en détails vécus et pittoresques qui les rend si précieux en dépit
de la rusticité de la langue. En outre, il choisit en raison de son but, que nous préciserons plus loin,
de rapporter fort peu de paroles, abrégeant ou supprimant celles qu’il trouvait dans l’Évangile de
Matthieu et ne donna aucune de celles du Recueil, qu’il ne connaissait sans doute pas. Cette
prétérition devait être compensée par deux nouvelles rédactions évangéliques dont il est difficile
de dire laquelle précéda l’autre. Un rédacteur anonyme que nous appellerons Matthieu grec voulu
reprendre de façon plus complète le premier Évangile araméen, connu à travers quelques versions
grecques et même l’enrichir. Pour les Récits, il pouvait s’aider du travail de son devancier Marc
(auquel il n’ajoute rien d’important si ce n’est les deux chapitres sur l’enfance de Jésus), suivant
son texte et le corrigeant, mais sans se priver de recourir à l’Évangile primitif, ce qui lui vaut alors
d’être plus originale ou plus archaïque que Marc. Pour les Paroles, ce recours devait lui permettre
d’en reprendre beaucoup plus qu’avait négligé Marc ; et comme il connaissait aussi le Recueil
complémentaire, il en utilisa les richesses pour les combiner avec celles de l’Évangile primitif et
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composer ces beaux ensembles sources qui viennent d’être dites s’ajoutait d’ailleurs pour les Récits
comme pour des Paroles des informations plus particulières d’où proviennent des matières qui lui
sont propres, notamment l’Évangile de l’enfance. Sans doute renonçait-il, par ce travail de
complément, à être une pure et simple traduction de l’Évangile araméen primitif ; mais il ne faisait
que le développer dans la même ligne et son effort a pour nous, la garantie de l’inspiration
puisque c’est son ouvrage grec que l’Église a reçu comme canonique. Luc de son côté entreprit une
œuvre analogue, mais selon des voies diverses. D’abord, s’il reprit lui aussi la tradition de
l’Évangile primitif bien des paroles que n’avait pas Marc, il le fit de façon moins complète que
Matthieu, omettant celles qui devaient peu intéresser des lecteurs d’origine païenne ; et comme il
les recevait de façon indépendante et par d’autres canaux, ces Paroles revêtaient souvent chez lui
des formes assez différentes de celles de Matthieu. Ensuite, il garde plus scrupuleusement l’ordre
de ses sources, juxtaposant à des « sections Marciennes  », ou il suit presque pas à pas le deuxième
Évangile, 4.31-6.19 ; 8.4-9.50 ;18.15-21.38, le Recueil qu’il insert d’une façon massive dans une
section spéciale présentée sous la forme d’une montée vers Jérusalem,9.51-18.14. enfin, il a eu
recours comme Matthieu, mais plus que lui à des sources particulières trouvées par sa diligente
enquête 1.3 et auxquelles il doit, non seulement son Évangile de l’Enfance, mais encore beaucoup
de perles qui rendent son ouvrage indispensable à côté des deux autres (le bon samaritain, Marthe
et Marie, l’enfant prodigue, le pharisien et le publicain etc…) ; ces perles se rencontrent
particulièrement dans la section médiane,9.51-18.14, et il n’est pas, impossible que cette
combinaison du Recueil avec d’autres informations particulières représentent dans son travail de
rédaction une étape distincte de l’utilisation de Marc, peut-être antérieure à elle.

La genèse littéraire qui vient d’être esquissée respecte et utilise en les précisant les données de la
Tradition. Elle ne permet pas cependant d’assigner à chacun de ses trois synoptiques une date
précise, pas plus d’ailleurs que la Tradition ne fournit de renseignements fermes sur ce point. En
laissant le temps voulu pour le développement de la tradition orale, on peut conjecturer que la
rédaction de l’Évangile primitif, et ensuite du Recueil complémentaire a dû se produire entre les
années 40 et 50 ; cette date ancienne serait même assez garantie, s’il était prouvé que les épitres de
Paul aux Thessaloniciens écrites vers 51-52, ont utilisé le discours apocalyptique du premier
évangile. Si Marc a écrit a écrit vers la fin de la vie de Pierre selon Clément d’Alexandrie ou peut
après sa mort à en croire Irénée de Lyon, son Évangile doit se classer aux environs de l’an 64 en
tout cas avant 70 car il ne parait pas supposé que la ruine de Jérusalem soit un fait accompli. Les
ouvrages de Matthieu grec et de Luc lui sont postérieurs, mais leur date exacte est difficile à
préciser. Celui de Luc est supposé par le livre des actes (Act 1), mais la date de ce dernier est
également incertaine et ne fournit pas un repère assuré. Par ailleurs, ni Matthieu grec ni Luc ne

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suppose que la ruine de Jérusalem soit un fait accompli (pas même Luc 19.42-44 ; 21.20-24 qui
utilise des clichés prophétiques pour décrire cet évènement aisé à prévoir.) ce peut être par souci
d’archaïsme et respect consciencieux de leurs sources, auquel cas il serait permis de reporter leur
rédaction après cette ruine vers 80 par exemple. Ce peut être parce qu’ils n’ont réellement pas
connu cette ruine, et alors on devra les maintenir avant 70.

De toute façon l’origine apostolique, directe et indirecte, et la genèse littéraire des traits
synoptiques justifient leur valeur historique, tout en permettant d’apprécier comment il faut
l’entendre. Dérivé d’une prédication orale qui remonte au début de la communauté primitive, ils
ont à leur base la garantie de témoins oculaires. Assurément, ni les apôtres, ni les autres
prédicateurs et narrateurs évangélique n’ont pas cherché à faire de l’histoire au sens technique de
ce mot ; leur propos était moins profane et plus théologique, ils ont parlé pour convertir et édifier,
inculquer et éclairer la foi, la défendre contre les adversaires. Mais ils l’ont fait à l’aide de
témoignages véridiques et contrôlables exigé tant par la probité de leur conscience que par le souci
de ne pas donner prise aux réfutations hostiles. Les rédacteurs évangéliques qui ont ensuite
confirmé et rassemblé leur témoignage l’on fait avec le même soin d’honnêtes objectivités qui
respectent les sources, comme le prouvent bien la simplicité et l’archaïsme de leurs compositions
où se mêlent des élaborations théologiques postérieures d’un Paul par exemple, pour ne pas parler
de création légendaires et invraisemblables dont fourmilleront les évangiles apocryphes. Les 3
synoptiques ne sont pas des ‘’livres d’histoire’’, ils n’en prétendent pas moins de fournir que de
l’historique. Le Saint-Esprit qui inspirait les auteurs évangéliques, présidait le travail de
l’élaboration préalable et le guidait dans l’épanouissement de la foi, garantissant les résultats de
cette véritable inhérence qui porte tant sur la matérialisation des faits que sur le message spirituel
dont l’Évangile est chargé. L’Esprit préparait ainsi une nourriture assimilable aux fidèles. Et c’est
lui qui a donné particulièrement aux trois évangélistes chacun le message commun d’une façon
qui lui est propre.

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