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Table des Matières

Introduction ………………………........ p.2

1. La révélation de Dieu …………....... p.4

2. L’inspiration des Ecritures ………… p.5

3. La copie …………………………….. p.11

4. La formation du canon ……………. p.14

5. La préservation des manuscrits….. p.24

6. La formation d’un texte référent….. p.28

7. Les traductions ……………………. p.39

Bibliographie …………………………. p.42

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Introduction-

Qu’est-ce que la Bible ?


A. La Bible
Notre mot français « Bible » vient du grec biblos, biblia qui signifie « livre » ou « les
livres ». Les livres anciens étaient écrits sur le « biblus » ou feuilles de papyrus, et de
cette coutume ancienne est venu le mot grec biblos, qui par la suite fut utilisé pour dé-
signer les livres sacrés.
Voir Exode 17/14 ; Marc 12/26 ; Luc 3/4 ; 20/42 ; Actes 1/20 ; 7/42.
Cependant la Bible n'est pas simplement un livre, c'est LE livre de Dieu (Héb. 4/12).

Pour les chrétiens, la Bible désigne l'Ancien et le Nouveau Testament réunis.


Pour les Juifs, le mot Bible désigne l’ensemble de leurs livres hébraïques. Ils l'appel-
lent le TANAKH (prononcer "Tanar"). C’est un anagramme des 3 lettres des 3 parties
de la Bible hébraïque :
T orah (loi) 5 livres
N eviim (prophètes) 8 livres
K etubim (écrits) 11 livres
---------------------------------------
TaNaK 24 livres

B. L'Ancien et le Nouveau Testament


Le mot « Testament » veut dire alliance, c'est le terme utilisé par Dieu pour désigner
la relation existant entre lui-même et son peuple. Le terme « Alliance » fut d'abord
appliqué à la relation elle-même et ensuite aux livres contenant les normes de cette re-
lation.
L'Ancien Testament traite du commencement de l’humanité, puis de la nation hé-
braïque, son appel et son histoire et comme tel, il contient l'ancienne alliance entre
Dieu et son peuple.
Le Nouveau Testament traite de l'histoire de Jésus-Christ et de la rédemption qu'Il ap-
porte à Israël et toute l’humanité : c'est donc la nouvelle alliance (Jérémie 31/31, Luc
22/20, II Cor 3/6, Héb. 9/15).

C. L’Écriture et les Écritures


La Bible est aussi appelée l'Écriture. La Bible contient les Écritures saintes, c’est-à-
dire inspirées par Dieu.
Les Écritures signifiant la Bible est employé en Matt. 22/29 ; Marc 12/24 ; Luc 24/27
; Jean 5/39 ; Actes 17/11 ; Rom. 1/2 ; II Tim 3/15 II Pierre 3/16.
Les premiers chrétiens désignaient toujours la Bible par ce terme « les Écritures ».
Dès le commencement, l’Eternel Dieu a demandé à ses prophètes d’écrire Ses pa-
roles afin qu’elles ne soient pas oubliées et déformées.

D. La Parole de Dieu
De tous les noms donnés à la Bible, la Parole de Dieu est sans doute le terme le plus
siÙgnificatif, le plus percutant et le plus complet : Marc 7/13 ; Rom. 10/17 ; II Cor
2/17 ; II Cor. 4/2 ; I Thess. 2/13.
Ce terme nous apprend à regarder la Bible comme l'expression de la sagesse et de
l'amour divins, comme la lettre d’amour de Dieu adressée à l'homme.

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La véracité de la Bible
Comment établir la véracité d’un texte antique ?

1- Test bibliographique : recherche et comparaison des manuscrits originaux ou des


copies anciennes.
2- Test des évidences internes : recherche d’unité interne ou au contraire de contradic-
tions.
3- Test des évidences externes : recherche de témoignages extérieurs à la véracité du
texte.

La Bible résiste parfaitement à ces trois tests :


1- Ouvrage antique aux manuscrits les plus anciens et les plus nombreux avec très peu
de variantes entre manuscrits.
2- Cohérence extraordinaire du texte malgré 45 écrivains, 66 livres et 1500 ans.
3- Nombreuses confirmations archéologiques et historiques des récits bibliques.

La puissance et la véracité de son message sur le cœur humain est un élément de plus, sans
parler des prophéties extraordinaires.

Comment nous est parvenue notre Bible ?


Nous allons remonter le temps pour découvrir si notre texte biblique est fiable ou non.
Les théologiens de l'Islam, les philosophes anti-chrétiens et les théologiens chrétiens moder-
nistes contestent la validité de notre texte biblique. Notre étude va donc répondre directement
à leurs oppositions.
Nous verrons qu'à chacun des 7 stades de la formation de la Bible, la providence de Dieu était
à l'oeuvre pour que nous ayons un texte fiable et conforme à la pensée du Seigneur.

Ces 7 stades sont :

1. La Révélation de Dieu
2. L'inspiration des Écritures
3. La copie scrupuleuse
4. La formation du Canon
5. La préservation divine des manuscrits
6. La formation d'un texte de référence
7. Les traductions

Travail à faire
- Trouvez pourquoi le canon juif a 24 livres dans l’AT au lieu des 27 chez les chrétiens.
- Cherchez tous les synonymes différents de la Parole de Dieu dans le Psaume 119.
- Méditez Hébreux 4/12 par écrit.

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1. La révélation divine
S'il existe un Dieu créateur intelligent et personnel, il est raisonnable de penser qu'il veuille
communiquer de façon claire à notre intelligence. C'est le but de la révélation.
- Au commencement, les premiers hommes avaient un accès direct à Dieu (voir Genèse 2)
mais l'entrée de la désobéissance et du péché ont changé la donne. Il fallait désormais un livre
contenant l'histoire et la révélation de Dieu pour les hommes de toute génération.

Définition de la révélation de Dieu-


La révélation, c'est l'acte de Dieu qui communique des vérités jusque-là inconnues à l'esprit
humain.

- Ex. l'apôtre Paul : “C’est par révélation que j’ai eu connaissance du mystère sur lequel
je viens d’écrire en peu de mots.” (Ephésiens 3:3)
- Ex. les croyants : “ Mais, comme il est écrit, ce sont des choses que l’oeil n’a point vues,
que l’oreille n’a point entendues, et qui ne sont point montées au coeur de l’homme, des
choses que Dieu a préparées pour ceux qui l’aiment. Dieu nous les a révélées par
l’Esprit...” (1Cor 2:9-10).

Selon l'Ecriture, la révélation de Dieu se fait aujourd'hui par 3 canaux complémentaires :

* Par la Nature, visible à l’œil nu (Romains 1/20).


• Notre univers et notre terre révèlent l’existence d’un Créateur intelligent.
• Il faut un aveuglement spirituel pour le nier. De nombreux scientifiques athées
avouent qu’ils adhèrent à la théorie de l’Evolution parce qu’ils ne peuvent pas
croire en un Dieu créateur.
• La Nature révèle la puissance, l’intelligence et la bonté de Dieu à travers la
majesté des montagnes et des océans, la variété des espèces vivantes (mais
aussi des minéraux, des planètes, des étoiles, etc.) et la beauté du monde.

* Par Christ (Hébreux 1/2)


• Le Seigneur Jésus a révélé le caractère de Dieu : grâce envers nous, douceur,
amour jusqu’à donner sa vie, en même temps que sainteté et justice (Jean
1:18).

* Par la Bible, inspirée aux apôtres et prophètes de Christ (Ephésiens 3/5) par le Saint-
Esprit.
• La Bible est la révélation écrite de Dieu aux hommes, sa lettre d’amour et le
mode d’emploi de la vie.
• Dieu a choisi une révélation écrite pour qu’elle puisse durer longtemps et ne
pas être déformée par le temps. Pour cela, Dieu a choisi Israël pour être le dé-
positaire de Son message, pour le garder, le copier et le transmettre jusqu’à la
fin des âges.

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2. L'inspiration des Écritures
La révélation dévoile une nouvelle vérité, alors que l'inspiration contrôle la communication
de cette vérité. L'inspiration garantit la fiabilité de la transmission; c'est bien Dieu qui parle
directement aux hommes.

Définition de l’inspiration divine


L'inspiration divine est l'action du Saint-Esprit qui communique l'exacte pensée de Dieu à un
prophète consacré pour qu’il la transmette aux hommes d’une façon infaillible.

Le texte biblique se déclare inspiré


“Toute [l']Ecriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corri-
ger, pour instruire dans la justice…” (2Timothée 3/16).
Le mot traduit par « inspirée » (theopneustos) signifie littéralement « soufflée par Dieu ».
C’est comme si Dieu avait « insufflé » sa Parole dans la tête des prophètes.

Dans l'A.T. on trouve 3808 fois l'expression "Ainsi parle l'Eternel" ou "L'Eternel dit".
Jésus déclare : “Car je n’ai point parlé de moi-même; mais le Père, qui m’a envoyé, m’a
prescrit lui-même ce que je dois dire et annoncer.” (Jean 12:49).
Pierre déclare que “car ce n’est pas par une volonté d’homme qu’une prophétie a jamais été
apportée, mais c’est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu.”
(2 Pierre 1:21).

Qu’en est-il des passages où ces expressions n’apparaissent pas et qui ont l’air moins prophé-
tiques (les Chroniques, l’Evangile selon Luc, etc.) ?
Nous croyons qu’ils sont aussi inspirés que les autres livres. L’écrivain a pu se baser sur des
livres existants (Chroniques des rois d’Israël par ex.) ou faire des recherches historiques (Luc)
mais le fait d’écrire et le résultat final proviennent tous deux de l’inspiration de Dieu.

L’inspiration des prophètes de l’A.T.


Moïse  Deutéronome 18/18 “ Je leur susciterai du milieu de leurs frères un prophète comme
toi, je mettrai mes paroles dans sa bouche, et il leur dira tout ce que je lui commanderai.”
Rien qu’en Lévitique, on trouve 66 fois l’expression du genre « le Seigneur parla à Moïse ».
Samuel -> 1Samuel 3:19-20 « Samuel grandissait. L’Eternel était avec lui, et il ne laissa
tomber à terre aucune de ses paroles. Tout Israël, depuis Dan jusqu’à Beer-Schéba, reconnut
que Samuel était établi prophète de l’Eternel.»
David  2 Samuel 23/2 “ L’Esprit de l’Eternel parle par moi, et sa parole est sur ma langue.”
Esaïe  Esaïe 59 : 21 “Voici mon alliance avec eux, dit l’Eternel: Mon esprit, qui repose sur
toi, Et mes paroles, que j’ai mises dans ta bouche ne se retireront point de ta bouche, ni de la
bouche de tes enfants, ni de la bouche des enfants de tes enfants, dit l’Eternel, dès maintenant
et à jamais.”
Ezéchiel  En Ezéchiel, 50 fois l’on trouve l’expression « La parole de l’Eternel me fut
adressée ».

L’inspiration des prophètes du N.T.


2Pierre 1/21 "Car ce n'est pas par une volonté d'homme qu'une prophétie a jamais été appor-
tée, mais c'est poussés par le Saint Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu."

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2Pierre 3/15 “Croyez que la patience de notre Seigneur est votre salut, comme notre bien-
aimé frère Paul vous l’a aussi écrit, selon la sagesse qui lui a été donnée.”
1Cor 2/13 “Et nous en parlons, non avec des discours qu’enseigne la sagesse humaine, mais
avec ceux qu’enseigne l’Esprit, employant un langage spirituel pour les choses spirituelles.”
Galates 1:12 “car je ne l’ai ni reçu ni appris d’un homme, mais par une révélation de Jésus-
Christ.”

L’étendue de l’inspiration
L’autorité des Saintes Ecritures s’étend :
- à tout ce qui est écrit dedans (2Tim. 3/16).
- aux mots en particulier (Matt. 22/42-45 ; Galates 3/16).
- au temps des verbes (Matt. 22/32).
- aux lettres même (Matt. 5/17-18).

Un texte sans erreur


La foi en l’inspiration implique que la Bible est sans erreur, puisque Dieu, l’inspirateur de la
Bible ne peut commettre d’erreurs. S’il y a des erreurs, ce peut être des erreurs de copistes ou
de traduction, mais les manuscrits originaux étaient sans erreurs.
La Bible, Parole de Dieu, est exacte dans tous les domaines : historique, naturel, moral, spiri-
tuel.
L’article 12 de la déclaration des évangéliques à Chicago (1982) sur la Bible stipule :
Art. XII - Nous affirmons que l'Écriture dans son intégralité est inerrante, exempte de toute fausseté,
fraude ou tromperie. Nous rejetons l'opinion qui limite l'infaillibilité et l'inerrance de la Bible aux thèmes
spirituels, religieux, ou concernant la rédemption, et qui exclut les énoncés relevant de l'histoire et des
sciences. Nous déclarons, en outre, illégitime l'emploi d'hypothèses scientifiques sur l'histoire de la terre
pour renverser l'enseignement de l'Écriture sur la création et le déluge.

Un exemple frappant est celui des noms propres correctement orthographiés dans le texte
hébreu du Tanakh.
Le Dr Robert Dick Wilson (1856-1930) était un linguiste américain qui a appris 45 langues
anciennes pour étudier les manuscrits de l'Ancien Testament comparés aux manuscrits non
bibliques. Il a découvert par exemple que les 24 noms de rois et pharaons mentionnés dans le
texte biblique des Massorètes, étaient tous correctement orthographiés, si on les comparait à
leur écriture sur des monuments d'époque. Il découvrit également que des historiens antiques
avaient commis des erreurs d'orthographe concernant ces mêmes rois. Le bibliothécaire
d'Alexandrie (200 avant J.C.), Ptolémée (90-168), Hérodote (-484; -425), Diodore de Sicile
(1er siècle av. J.C.), ont tous beaucoup de mal à retranscrire correctement ces noms. Wilson de
conclure "que les copistes Hébreux aient pu transcrire ces noms avec une telle précision et
une telle conformité aux règles philologiques est une preuve magnifique de leur soin, de leur
érudition et de leur accès aux sources originales. Que les noms aient été ainsi transmis jus-
qu'à nous à travers tant de copies et tant de siècles dans un état aussi parfait de préservation,
est un phénomène sans équivalent dans l'histoire de la littérature." (Is The Higher Criticism
Scholarly?, 1922).

Les Théories de l'inspiration


Lorsque quelqu'un affirme croire à l'inspiration de la Bible, il est toujours utile de lui faire
préciser ce qu'il entend par ce mot, car il y a plusieurs conceptions erronées au sujet de son
inspiration.

1. La théorie naturaliste

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Cette théorie identifie l'inspiration avec une imagination très élevée, affirmant qu'il n'y
a rien de surnaturel, de mystérieux ou d'incompréhensible dans la manière d'agir du
Saint-Esprit sur les écrivains de la Bible. Ils n'étaient pas plus inspirés que Victor Hu-
go, Shakespeare, Homère ou Confucius.
Cette théorie est à rejeter car si c'était la seule inspiration des auteurs bibliques, ils ne
pourraient plus prétendre parler de la part de Dieu. Quand Esaïe et d'autres ont dit :
"Ainsi parle l'Eternel", ils se réclamaient de quelque chose de plus élevé que des sen-
timents poétiques.
Paul précise bien que le langage des apôtres est spirituel et non humain (1Cor. 2/13).
Quand on passe des écrits d'un grand auteur, quel qu'il soit, à la Bible, on ne peut que
ressentir la différence non simplement de niveau mais de genre ; ce n'est pas que
l'auteur biblique est plus intelligent ou plus poétique, mais il écrit dans une autre di-
mension. Il y a une part de surnaturel dans la Bible qui le sépare de tous les autres, et
c'est l'inspiration.

2. L'inspiration par grâce


Cette théorie prétend que les auteurs de la Bible étaient inspirés de la même manière,
bien qu'à un degré plus élevé, que les hommes remplis de l'Esprit de nos jours. Ainsi
les écrits de l'apôtre Paul sont placés sur le même plan que ceux de Luther et de Calvin
et reconnus également susceptibles d'erreurs.
Cette théorie abaisse l’inspiration des Ecritures et élève à une place indue les hommes
religieux. L’inspiration des apôtres est unique, au niveau de prophètes, tandis que Lu-
ther ou Calvin, bien qu’ils aient pu employer un ton prophétique et jouer un rôle pro-
phétique en leur temps, n’ont jamais prétendu à cette inspiration. Ils se sont réclamés,
au contraire, des Saintes Ecritures inspirées.

3. L'inspiration mécanique
Cette théorie ne fait aucun cas des écrivains qui ont écrit les Ecritures, et prétend qu'ils
écrivaient ou répétaient simplement les paroles de Dieu. Comment alors expliquer les
différences de style de plusieurs d'entre eux, la préservation de leur personnalité, leurs
caractéristiques individuelles ? Il est évident que les Ecritures ne peuvent s'accorder
avec cette théorie.

4. L'inspiration de pensées
Les pensées seules auraient été données par inspiration, mais pas les mots.
Cela est très discutable car les pensées sont faites de mots.
Ou bien veut-on dire « la pensée générale » ? Nulle part dans la Bible on ne voit Dieu
suggérer un thème général : sa révélation est toujours très précise. Les prophéties en
particulier contiennent une foule de détails importants.
C’est pourquoi nous croyons à l’inspiration verbale des Ecritures, c’est-à-dire aux mots
près.

5. L'inspiration verbale stricte


Les mots mêmes ont été donnés, ne laissant aucune personnalité à l'écrivain.
Rejoint l’inspiration mécanique.

6. L'inspiration partielle
Autrement dit : "La Bible contient la Parole de Dieu". Cette pensée sous-entend qu'une
bonne partie de la Bible n'est pas inspirée. Cette théorie se décline parfois avec l'idée
que "tout ce qui me parle est inspiré". Cela donne une appréhension très subjective de la
Bible, chacun décidant de ce qui est inspiré ou non. Comment vraiment savoir, dans ce

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contexte, si la Bible est la Parole de Dieu ou non ? Cela laisse les hommes dans une af-
freuse incertitude.

7. L'inspiration verbale et plénière


Nous croyons que toute la Bible, jusque dans le choix des mots, des temps des verbes et
l’ordonnancement des textes, a été inspirée par Dieu. Dans ses textes originaux, la Bible
est sans erreur. C’est celle-ci que nous croyons vraie et conforme aux déclarations de la
Parole de Dieu.
A certains moments, Dieu a dicté ses paroles aux prophètes, mais à d’autres moments, il
a conduit leur esprit à écrire ce qu’il voulait que nous retenions.
L'Esprit a employé l'attention, l'investigation, la mémoire, la logique, en un mot toutes
les facultés de l'écrivain. Il a guidé l'écrivain pour choisir quels récits, termes, discours,
décret, généalogie, lettres officielles, pièces historiques, il utiliserait pour rapporter le
message divin du salut. Dieu a employé les hommes et a parlé à travers leur individua-
lité.

Les fausses idées sur l’inspiration


1. Les King James Only
Selon ce mouvement, la traduction King James serait une traduction inspirée et donc sans
erreurs.
Il est composé d’ardents défenseurs du Texte Reçu dont la traduction King James serait la
plus pure version.
On remonte l’origine de ce mouvement à un homme comme Benjamin G. Wilkinson
(1872–1968), missionnaire adventiste, qui le premier dans son livre « Our Authorized
Bible Vindicated » (1930) interprète Psaumes 12/7-8 comme une prophétie sur la préser-
vation éternelle de la Bible (fausse interprétation). La seule Bible choisie, inspirée et pré-
servée par Dieu serait la King James.
Or, la King James contient clairement des erreurs de traduction. De plus, ses auteurs, dans
leur introduction originale adressée aux lecteurs, parlent avec beaucoup d’humilité de leur
travail et de son imperfection. Ils reconnaissent que leur travail s’appuie sur les ouvrages
précédents et que la traduction n’est pas un travail prophétique mais seulement
d’interprétation. Cependant, ils affirment que toute traduction sérieuse de la Bible, bien
qu’ayant des imperfections, peut être appelée « la Parole de Dieu » car les points difficiles
sont très mineurs comparés à tout ce qui est clair dans la révélation.

2. Karl Barth et la néo-orthodoxie


Le théologien suisse Karl Barth (1886-1968) a développé une vue originale sur la Bible.
Selon lui, la Bible n’est qu’une partie de la Parole de Dieu, un témoignage humain de la
révélation de Dieu, c’est-à-dire Christ. Barth ne croyait pas en l’inerrance des Ecritures.
Pour lui, la Parole de Dieu est au-dessus de la Bible, et la Bible n’est qu’un signe impar-
fait de cette Parole. « Les prophètes et les apôtres… étaient comme nous de vrais hommes
dans l’histoire, et donc pécheurs dans leurs actions et capable et en fait coupables
d’erreurs dans leurs paroles prononcées et écrites » (in Church Dogmatics 1/ 509).

Les preuves de l'inspiration


On en compte au moins 6 :
1. L'unité de la Bible, malgré sa diversité.
On y découvre un seul Dieu, un seul Sauveur, une seule réponse aux problèmes de
l'humanité, un seul moyen d'être sauvé, la foi.

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2. L'harmonie entre la Genèse et l'Apocalypse, le dernier livre remettant en ordre tout
ce qui a été perturbé dans le premier.
3. La révélation d'un Dieu éternel, saint et supérieur à l'homme.
4. L'accomplissement précis de dizaines de prophéties.
5. L’autorité des Ecritures, qui a marqué nos civilisations (les dix commandements,
les paroles de Jésus) de façon profonde et durable comme aucun autre livre.
6. Les vérités sur l’homme et la nature qui sont sans concession et vérifiées depuis des
millénaires.

La fausse théorie documentaire


Il existe depuis le 19e siècle une théorie prônée par une majorité de théologiens disant que le
Pentateuque n'a pas été écrit par Moïse sous l'inspiration de Dieu mais par 4 ou 5 écrivains
différents à des époques différentes.
Selon cette théorie, initiée par plusieurs penseurs des 16e et 17e siècles (Grotius, Spinoza,
Richard Simon, et le français Jean Astruc) et propagée par l'allemand Julius Wellhausen en
1877, le Pentateuque aurait été écrit par plusieurs écrivains reconnaissables à l'utilisation
différente du nom divin qu'ils emploient. Le dernier, le Rédacteur, vivait à l'époque de la
déportation à Babylone. Aujourd'hui, la théorie va encore plus loin chez les partisans du
"minimalisme" (voir plus loin).
Jean Astruc (1684-1766) était médecin auprès du roi Louis XIV et il développa l'idée que
Genèse 1 et Genèse 2 avaient été écrits par deux auteurs différents. Dans son livre "Conjec-
tures" il tente de résoudre des difficultés apparentes de la Genèse en distinguant les passages
selon qu'ils parlent d'Elohim, de Yahvé-Elohim ou d'El-Elyon. Mais il n'était pas le premier à
le faire : c'est à Richard Simon que les historiens attribuent la paternité de la haute critique
biblique (1638-1712).
Wellhausen a posé la théorie documentaire d'une façon systématique dans son ouvrage majeur
"Introduction à l'Histoire d'Israël".
Cette théorie a été maintes fois démontée par des biblistes sérieux (notamment Isaac Kikawa-
da et Arthur Quinn) mais les théologiens de tendance libérale s'y réfèrent toujours, alors
qu'elle affirmait de façon définitive que l'écriture n'existait pas au temps de Moïse ! On a,
depuis, prouvé que l'écriture existait bien avant Moïse, et même avant Abraham...

Mr Gleason Archer a recensé les problèmes de cette théorie documentaire :


"Elle est caractérisée par une sorte de cercle vicieux; elle a tendance à poser sa conclusion
(la Bible n'est pas une révélation surnaturelle) comme prémisse fondamentale. (…) La théorie
de Wellhausen est prétendument basée sur les témoignages du texte lui-même. Cependant, ces
témoignages sont constamment éludés toutes les fois qu'il leur arrive de contredire la théorie.
(…) Selon ses partisans, les auteurs hébreux différeraient de tous les autres écrivains connus
de l'histoire de la littérature; eux seuls n'auraient pu employer plus d'un nom pour désigner
Dieu, ni varier leur style, quel que soit le sujet. (…) Si ce point de vue est exact, un auteur
comme Victor Hugo n'aurait vraiment pas pu écrire à la fois des poèmes lyriques comme 'Les
Contemplations', des oeuvres épiques comme 'La Légende Des Siècles', dramatiques comme
'Hernani', satiriques comme 'Les Châtiments', ainsi que des romans comme 'Notre-Dame de
Paris'." (Introduction à l'A.T., chap. 8, p.115-116, Editions Emmaüs).

En résumé, la théorie documentaire n'est pas très solide pour démontrer que Moïse n'a pas
écrit le Pentateuque :
- elle part d'un a priori anti-surnaturel (le déisme) au lieu d'être neutre face au texte.
- elle pose comme a priori qu'un écrivain n'utilise qu'un seul nom de Dieu.
- elle n'utilise que les passages bibliques qui vont dans son sens.
- elle se contredit selon l'auteur qui la défend.

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- elle avait pour fondation la certitude que l'écriture n'existait pas au temps de Moïse !

Concernant le récit de la Genèse, la question se pose : comment Moïse l'a-t-il composé sans
avoir été présent puisqu'il relate des siècles avant son existence ? S’est-il inspiré de mythes ?
A-t-il suivi des traditions orales peu fiables ? Non, il a très probablement compilé des écrits
gardés par Sem et ses descendants jusqu’à lui-même.
La preuve de ce que j’avance ici est l’utilisation répétée d’un mot hébreu dans la Genèse :
toledoth qui signifie « génération ou origine ». On le retrouve à 11 reprises dans la Genèse
formant ainsi une division naturelle du livre :
Gen 2:4 « Origine des cieux et de la terre »
Gen 5:1 « Livre de la postérité d’Adam »
Gen 6:9 « La postérité de Noé »
Gen 10:1 « La postérité des fils de Noé »
Gen 11:10 « La postérité des fils de Sem »
Gen 11:27 « La postérité de Térach [père d’Abraham] »
Gen 25:19 « La postérité d’Isaac, fils d’Abraham »
Gen 36:1 « La postérité d’Esaü, qui est Edom »
Gen 37:2 « La postérité de Jacob »
Il est très probable que cette expression désigne une généalogie écrite et transmise de père en
fils jusqu’à Moïse. Ainsi, la Genèse serait une compilation inspirée de livres transmis par les
descendants d’Adam lui-même. Le Saint-Esprit aurait conduit Moïse à réunir ces généalogies
en un livre et inspiré sa rédaction.
Vue la longévité des hommes en ces temps reculés, la transmission de ces généalogies a
nécessité quelques générations seulement :

Les conclusions de l'école minimaliste


L'école minimaliste fait suite à l'école documentaire. A l'instar de l'archéologue Finkelstein
(« La Bible Dévoilée »), l'école minimaliste enseigne que l'histoire extraordinaire d'Israël
avant le roi Josias (8e siècle) est une invention de scribes en mal de grandeur nationaliste.
En d’autres termes, tout le Pentateuque + Josué + Juges + l’histoire de David et Salomon sont
des pures légendes.
Ces arguments ont été examinés par d'autres archéologues aussi sérieux que Finkelstein,
comme Amihai Mazar, Ephraim Stern, ou William Dever. Ils y ont apporté des réponses et
ont confirmé que l’archéologie confirme toute la Bible jusqu’à la Genèse même.
Ils se sont d'ailleurs tous réunis en octobre 2004 au Centre d'Oxford des Etudes Juives et
Hébraïques pour en débattre amicalement. Chacun est resté sur ses positions.
Le Professeur émérite d’Egyptologie Kenneth Kitchen démontre dans son livre de 650 pages
On The Reliability of the Old Testament (« Sur la fiabilité de l’Ancien Testament », 2003) que
le Pentateuque comme le reste de la Bible est confirmé par de nombreuses découvertes ar-
chéologiques, à l’exception de l’esclavage et de l’exode des Hébreux qui ne peuvent être
attestés qu’indirectement.
Cyrus Gordon, également, spécialiste contemporain anglais de l’antiquité, écrit dans son
livre The Bible and the Ancient Near East : « On ne dira jamais assez que les découvertes
archéologiques tendent à vérifier le sens littéral du texte contrairement à l’interprétation tradi-
tionnelle des savants. Cela est valable non seulement pour la Bible mais aussi pour les autres
textes anciens. » (p.117).

Travail à faire
- Donnez la différence entre l’inspiration d’un Bach ou un Victor Hugo et un prophète de la Bible ?
- Sur quels critères Dieu a-t-il choisi les porteurs de Son message pour les inspirer ?
- Y a-t-il eu des femmes inspirées dans la Bible ?
- Donnez par écrit l’interprétation la plus simple et juste de Psaumes 12/6-7

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3. La copie
Pour que notre Bible soit fiable après des siècles d'existence, il fallait que Dieu conduise
aussi les copistes dans Sa providence. C'est ce qui est unique à la Bible en tant que livre
antique.

De l'oral à l'écrit
La transmission orale traditionnelle est très limitée en ce qu'elle peut déformer les faits avec
le temps. C'est pourquoi l'Eternel a conduit les croyants à mettre Sa révélation par écrit.

Les écoles de copistes hébraïques


Chez les juifs, les écoles de copistes remontent au moins à l’époque d’Esdras (Ve s. av. J.C.).
Le professeur Gleason Archer mentionne 5 écoles au long des siècles :

* Les sopherim d’Esdras (5e-2e s. av. J.C.)


* Les zugoth (2e-1er s. av. J.C.)
* Les tannaïm (jusqu’au 3e s. apr. J.C.)
* Les talmudistes (2e-6e s. ap. J.C.)
* Les massorètes (6e-10e s. apr. J.C.)

Les écoles de copistes commencèrent au Ve siècle avant J.C. (juste après l'exil) quand les
prêtres perdirent leur autorité à cause de leur idolâtrie et de leurs abus de pouvoir. Une classe
de scribes va monter en puissance jusqu'au temps de Jésus, où ils ne sont plus seulement des
copistes, mais des docteurs de la loi, des rabbins (Matthieu 2/4).

Concernant les Talmudistes (2e-6e s. après J.C.), Samuel Davidson écrit :


"Lorsque les Talmudistes avaient à reproduire les saintes écritures, ils devaient se conformer
à des règles précises et être extrêmement minutieuses. Ils devaient d’abord utiliser des peaux
d’animaux purs, préparées par un des leurs exclusivement pour leur utilisation.
Les peaux devaient être retenues ensembles par une ficelle provenant elle aussi d’animaux
purs. Chaque peau devait contenir un certain nombre de colonnes, et ce nombre devait de-
meurer le même jusqu’à la fin du codex. La longueur de chaque colonne ne devait jamais
passer sous les quarante-huit lignes ou encore dépasser soixante; la largeur de chaque co-
lonne était de trente lettres. Le document dans son entier devait être aligné; et si trois mots se
retrouvaient à l’extérieur des lignes, le document était déclaré sans valeur. L’encre utilisée
devait être noire, pas rouge, ni verte, ou toute autre couleur, et elle devait être préparée selon
une recette bien précise. Une copie authentique devait servir d’exemplaire, de laquelle le
copiste ne devait absolument pas dévier. Aucun mot ou lettre, pas même un trait, ne devait
être écrit de mémoire, le copiste n’ayant pas regardé le codex original avant. Entre chaque
consonne devait se trouver l’espace d’un cheveu ou d’un fil; entre chaque nouveau para-
graphe, ou section, il devait y avoir la largeur de neuf consonnes; et entre chaque livre, trois
lignes. Le cinquième livre de la Loi devait se terminer sur une ligne; mais cette règle ne
s’appliquait pas aux autres livres. En plus de ces règles, le copiste devait être paré d’un
habillement spécifique, il devait laver son corps avant de commencer, ne jamais écrire le nom
du Dieu avec une plume nouvellement trempée d’encre, et si un roi venait à adresser la pa-
role au copiste alors qu’il transcrivait le nom de l’institution divine, le copiste ne devait
même pas s’arrêter à la présence du monarque à ses côtés." (Samuel Davidson, Hebrew Text
of the Old Testament, 2nd edition, 1855, London, Samuel Bagster & Sons).

Concernant les Massorètes (6e-10e s. après J.C.), l'Encyclopedia Britannica explique :

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"Le travail monumental des Massorètes commença au VIe siècle pour s’achever au Xe grâce
aux académies talmudiques de Babylonie et de Palestine. Leur but était de reproduire aussi
précisément que possible le texte original de l’Ancien Testament hébreu. Ils ne cherchèrent
pas à interpréter le sens des Ecritures mais à transmettre aux futures générations
l’authentique parole de Dieu. Pour ce faire, ils rassemblèrent des manuscrits et des traditions
orales partout où ils purent s’en procurer. Le texte massorétique qui en résulta montre que
chaque mot et chaque lettre fut vérifié avec soin. Que ce soit pour l’hébreu ou pour
l’araméen, ils soulignèrent les mots étrangement orthographiés, les différences inhabituelles
de grammaire et notèrent toutes les variantes entre les différents manuscrits. Alors que les
textes hébreux omettaient toutes les voyelles quand on les écrivait, les Massorètes introduisi-
rent des signes-voyelles pour garantir une prononciation correcte. »

John Alexander, de l’Institut Biblique de Genève, apporte d’autres précisions :


« [les Massorètes] additionnèrent le nombre de lettres semblables à travers l’Ancien
Testament : la lettre hébraïque aleph s’y trouve 42 377 fois, beth 38 218 fois, etc ; au total, il
y a 815 280 lettres dans l’Ancien Testament. Toujours dans le but de repérer la moindre
omission dans le manuscrit, ils recherchèrent également le mot et la lettre du milieu de
chaque livre ou collection de livres. » (John Alexander, L’Histoire de la Bible, La Maison de
la Bible, Genève 1984).

Les copistes chrétiens


Le Nouveau Testament est aussi au bénéfice de copistes, principalement des moines dont
c’était le métier qui travaillaient dans un scriptorium.
Du 1er au 4e siècle de notre ère (avant l'apparition des moines), le Nouveau Testament fut
recopié par morceaux séparés (un évangile à la fois, ou bien les Epitres de Paul, etc.) principa-
lement sur du papyrus. Cela est attesté par les manuscrits datés de la fin du 1er siècle jusqu'au
3e siècle, comme P1 (Matthieu), P88 (Marc ), P69 (Luc), P52 (Jean), P91 (Actes), ou P18
(Apocalypse).

A partir du 4e siècle, le Codex fait son apparition. Le Codex est l'ancêtre de notre livre qui, à
la différence du rouleau écrit sur une seule feuille enroulée, est écrit sur des pages recto-verso
reliées entre elles. Et les copistes composent des codex du Nouveau Testament voire des deux
Testaments. Ce sont, par ex., le Codex d'Alexandrie ou le Codex du Sinaï.
Un débat existe sur la qualité du travail des copistes des trois premiers siècles. Certains cher-
cheurs estiment que ces copistes prenaient beaucoup de liberté avec les textes du Nouveau
Testament, et que leur fiabilité est très discutable. D'autres contredisent cette interprétation
avec les arguments suivants :
- Les écrits du Nouveau Testament furent révérés dès le commencement comme textes
apostoliques et inspirés. Les copistes devaient donc les traiter comme paroles de Dieu
et ne pas se permettre de liberté avec.
- Tous les manuscrits sur papyrus du N.T. ont été copiés en soulignant les nomina sa-
cra (les noms divins). Le scribe écrivait le nom de Dieu ou de Christ sous forme
d'abréviation avec un trait au-dessus (ex. Jésus était écrit IC). Cela signifie que les
scribes avaient appris une technique qu'on retrouve partout.

Historique des manuscrits du NT


Pendant les trois premiers siècles, la persécution des chrétiens et l’interdiction de diffuser le
NT dans tout l’Empire romain a compliqué la tâche des copistes. C’est pourquoi, nous possé-
dons peu de manuscrits de cette époque, seulement quelques fragments de papyrii.
A partir du 4e siècle et de l’autorisation de l’église par l’Empereur Constantin, les copistes ont
travaillé dur pour rendre disponible la Parole de Dieu au plus grand nombre.

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Le texte d’Alexandrie
Les scribes de la grande librairie d'Alexandrie furent les premiers, au 2e siècle, à chercher le
texte original des livres du Nouveau Testament. En grammairiens et philologues, ils ont suivi
les préceptes du grec Aristote sur la classification des copies selon leur date et leur valeur. Ils
avaient déjà travaillé sur l'Iliade et l'Odyssée, et ils ont donc mis leur technique au service du
N.T.. A partir de plusieurs manuscrits, ils ont produit un « archétype » (texte de base) qu’ils
ont ensuite recopié. Ce texte est appelé Alexandrien (2e s.).
Entre les 2e et 4e s. les scribes d’Alexandrie ont continué à copier mais aussi à corriger le texte
ce qui fit que le Codex Alexandrinus (5e s.) doit être meilleur que les manuscrits du 2e s..
Les biblistes considèrent que les manuscrits à la base de l’Alexandrien étaient meilleurs que
ceux utilisés pour le byzantin. Mais comme les Egyptiens parlaient de moins en moins grec
avec le temps, les manuscrits alexandriens diminuèrent en quantité et furent supplantés par le
byzantin.
Ce texte en provenance d’Alexandrie se retrouve dans les Codex Sinaiticus et Vaticanus (4e
s.) ainsi que dans les Codex Borgianis (4e ou 5e s.) Regius (8e s.) et Monacensis (9e s.).
Il a été perdu pendant des siècles, ce qui fait que les traducteurs de la Bible ont utilisé
jusqu’au 19e s. d’autres manuscrits moins bons.

Le texte occidental
Aux 2e et 3e s., tous les manuscrits ne venant pas d’Alexandrie appartiennent à une forme de
texte, le texte dit occidental. Il était copié un peu partout dans l’Empire romain et donc moins
contrôlé et corrigé que l’Alexandrien. Pour cette raison, il est parfois moins juste, parfois plus
près de l’original au contraire.

Le texte byzantin
A la fin du 3e s., un troisième texte est apparu pour devenir le texte dominant du monde chré-
tien. C’est Lucien d’Antioche qui l’a préparé (selon le témoignage de Jérôme dans sa traduc-
tion latine des Evangiles). Contrairement au texte alexandrien créé de toutes pièces à partir de
différents manuscrits, le texte d’Antioche est une révision d’un texte existant. Il est plus raffi-
né en ce qu’il a corrigé les passages obscurs et les constructions grammaticales étranges. Il
devint, après l’édit de Tolérance de Constantin, le texte principal de l’Eglise orientale et la
base de ce qu’on appelle désormais le texte byzantin. Ce sont quelques manuscrits byzantins
qu’Erasme a utilisé pour créer son texte grec qui allait devenir le Textus Receptus.

Du papyrus à l'imprimerie
Les copies sur papyrus (à base de roseau) sont très fragiles et ont presque toutes disparu avec
le temps. C'est pourquoi on possède peu de manuscrits de l'Ancien Testament.
Les copies sur parchemin (peau d'animal) ont tenu plus longtemps, mais les rouleaux vieillis-
saient très vite également. Avec les synagogues du Moyen-Age, une pièce appelée gueniza
(pluriel guenizot) a été conçue pour entreposer les livres religieux contenant le nom de Dieu,
avant d'être enterrés définitivement. Un parchemin ou un papyrus enterré se désagrège rapi-
dement; mais conservé dans une gueniza, il peut parcourir les siècles. C'est ainsi qu'on a
retrouvé quelques manuscrits de l'A.T.. La plus fameuse est la gueniza du Caire (10e siècle).
L'utilisation du papier et du format Codex (livre) va permettre une meilleure conservation des
manuscrits. L'imprimerie typographique, mise au point par Gutenberg en 1454, va révolution-
ner la transmission de la culture en Europe et en Occident. Le premier livre imprimé par la
presse de Gutenberg fut la Bible (texte de la Vulgate latine).

Travail à faire
- Cherchez des renseignements sur les Juifs Massorètes (faire une fiche).

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4. La formation du Canon (choix des livres à insérer)
Pour protéger la révélation de toute corruption et de tout ajout fallacieux, il fallait que
l'Eternel distingue les livres inspirés des autres livres. C'est le processus de canonisation.

Définition du canon
Le Canon désigne l'ensemble achevé des textes inspirés par Dieu et reconnus comme tels par
l'assemblée des croyants.
C’est l’inspiration qui détermine si un livre appartient au canon des Saintes Ecritures.

Le canon de l'Ancien Testament


Le canon n'est pas le fait de chefs religieux qui ont voulu mettre leur empreinte sur la foi des
fidèles, mais le fruit d'une reconnaissance et d'une révérence des croyants et d'une conformité
au reste des Ecritures. Les livres ont donc été ajoutés -ou rejetés- au canon l'un après l'autre.

Témoignages internes à la Bible


- Les livres de la loi (Exode et Deutéronome) ou livres de l'Alliance, ont été immédiatement
reçus comme inspirés et dignes de Dieu par le peuple hébreu :
Exode 24:3-4, 7 : “Moïse vint rapporter au peuple toutes les paroles de l’Eternel et toutes les
lois. Le peuple entier répondit d’une même voix: Nous ferons tout ce que l’Eternel a dit.
Moïse écrivit toutes les paroles de l’Eternel. (…) Il prit le livre de l’alliance, et le lut en pré-
sence du peuple; ils dirent: Nous ferons tout ce que l’Eternel a dit, et nous obéirons.”

Depuis Moïse, la Parole de Dieu a été conservée par écrit (ce qui était novateur) pour être
protégée et transmise sans erreur aux générations suivantes :
“L’Eternel dit à Moïse: Ecris cela dans le livre, pour que le souvenir s’en conserve et déclare
à Josué que j’effacerai la mémoire d’Amalek de dessous les cieux.”(Exode 17:14).

C'est la même motivation qui animait les prophètes du Tanach : “Va maintenant, écris ces
choses devant eux sur une table, et grave-les dans un livre, afin qu’elles subsistent dans les
temps à venir, éternellement et à perpétuité.” (Esaïe 30:8).

On découvre aussi qu'au temps de Daniel en captivité (vers ), les livres prophétiques (notam-
ment celui de Jérémie) étaient lus et étudiés : “Moi, Daniel, je vis par les livres qu’il devait
s’écouler soixante-dix ans pour les ruines de Jérusalem, d’après le nombre des années dont
l’Eternel avait parlé à Jérémie, le prophète.” (Daniel 9:2).

Jésus divise le canon hébraïque en trois parties également, "la Loi, les Prophètes et les
Psaumes": “C’est là ce que je vous disais lorsque j’étais encore avec vous, qu’il fallait que
s’accomplît tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes, et dans les
psaumes.” (Luc 24:44).

Les trois parties du canon hébraïque


- Les Juifs ont divisé le Tanach en 3 parties : les livres de la Loi, les livres Prophétiques, les
Autres écrits (en hébreu Torah, Neviim, Ketouvim).
* Les livres de la loi sont les 5 premiers livres de la Bible, appelés Pentateuque (grec).
* Les livres prophétiques regroupent Josué, Juges, Samuel, Rois, Esaïe, Jérémie, Ézé-
chiel et les 12 prophètes dits mineurs.
* Les autres Ecrits comprennent Job, Psaumes-Ruth, Proverbes, Ecclésiaste, Cantique,
Lamentations de Jérémie, Daniel, Esther, Esdras-Néhémie, Chroniques.
Les sceptiques veulent croire que c'est seulement au concile de Jamnia (90 après J.C.) que le

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canon juif a été fixé. Cette hypothèse ne tient pas devant une analyse serrée des faits.

Tant qu'il y avait des prophètes inspirés de l'Eternel en activité (jusqu'à Malachie, le dernier,
400 av. J.C.), le Canon hébraïque ne pouvait être clos. C'est seulement quand les croyants
juifs ont compris que la prophétie avait cessé qu'ils fixèrent plus précisément le canon. Le
Talmud Babylonien (550 environ) le confirme : "Nos rabbins ont enseigné que depuis la mort
des derniers prophètes Aggée, Zacharie et Malachie, le Saint-Esprit s'est retiré d'Israël."
(Talmud, Sanhedrin 11a).

Témoignages externes
La famille Macchabée (2e siècle avant J.C.) rend témoignage à la compilation des livres-
saints par Néhémie (5e siècle av J.C.) :
"Ces mêmes choses se trouvaient aussi dans les écrits et dans les mémoires de Néhémie, et la
manière dont il forma une bibliothèque et rassembla de divers pays les livres des prophètes et
ceux de David, et les lettres des rois, et ce qui concernait les dons. Semblablement, Judas a
aussi recueilli tout ce qui s'était perdu pendant la guerre qui nous est survenue, et ces écrits
sont chez nous." (2 Macchabées 2:13-14).

Le prologue de la traduction grecque de l'Ecclésiastique (livre apocryphe hébreu) datée du


2e siècle avant J.C. mentionne déjà le canon juif divisé en trois parties :
"On peut voir dans la loi, dans les prophètes et dans ceux qui les ont suivis, beaucoup de
choses grandes et sages, qui rendent Israël digne de louange pour sa doctrine et pour sa
sagesse."
Ce n'est donc pas le concile de Jamnia qui a formé ce canon.

Flavius Josèphe (37-100), historien du judaïsme, nous explique comment s'est formé le
canon hébraïque, livre après livre :
"Rien ne peut être mieux attesté que les écrits autorisés parmi nous. En effet, ils ne sauraient
être sujets à aucune discordance; car on n’approuve parmi nous que ce que les prophètes
écrivirent il y a de nombreux siècles, enseignés qu’ils étaient par l’inspiration même de
Dieu… Nous n’avons pas parmi nous une multitude innombrable de livres, se contredisant
l’un l’autre. Nous n’en avons que vingt-deux, qui contiennent les récits de toute l’histoire
ancienne, qui sont à juste titre considérés comme divins, dont cinq ont été écrits par Moïse et
contiennent ses lois et les traditions de l’origine de l’humanité jusqu’à sa mort… Les pro-
phètes ont écrit ce qui se passa de leur temps en treize livres. Les quatre livres qui restent
contiennent des cantiques en l’honneur de Dieu et des préceptes pour la conduite de la vie
humaine… Depuis des siècles si nombreux, personne n’a été assez hardi pour y ajouter ou y
retrancher quelque chose… Ils nous sont donnés par l’inspiration qui vient de Dieu. Mais
quant aux autres livres composés depuis les temps d’Artaxerxès [dits ‘livres apocryphes’] ils
ne sont point regardés comme dignes d’une foi semblable. » (Flavius Josèphe, Contre Apion,
livre 1 §8).

Vers 90 de notre ère, des sages du Sanhedrin de Jamnia (sans doute conduits par Rabbi
Akiba) se réunirent pour discuter de multiples sujets, dont les livres du canon hébraïque. Mais
ils ne prirent aucune décision définitive sur aucun livre. Il est clair qu'ils acceptaient le canon
déjà en place depuis longtemps (les 24 livres en trois parties).
L'inspiration de certains livres du Tanach était discutée parmi les juifs : ce fut le cas de l'Ec-
clésiaste (certains le considéraient hérétique), des Proverbes à cause d'apparentes contradic-
tions, d'Esther à cause de l'absence du nom de Dieu, du Cantique à cause de sa sensualité et de
l'absence de Dieu, et d'Ézéchiel à cause de l'étrange temple décrit à la fin qui semblait contre-

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dire la Torah. Néanmoins, on a des traces de tentatives d'explication de ces contradictions
apparentes par des rabbins éminents.

Le canon de l'A.T. et la Septante


La Septante est une compilation en grec de livres hébraïques bibliques et apocryphes.
Elle a été composée à Alexandrie vers -250 pour les juifs qui ne lisaient plus l'hébreu et pour
les non-juifs qui voulaient connaître le judaïsme. Elle a très certainement été commandée par
le roi Ptolémée Philadelphe. C'est pourquoi elle contient plus que les livres canoniques, car
elle est un témoignage de la littérature religieuse judaïque de l'époque.
Il en va de même pour les manuscrits de la mer Morte qui contiennent toutes sortes de livres
religieux non canoniques.

Le cas des livres apocryphes juifs


Les bibles catholiques ont dans l'A.T. des livres supplémentaires : Baruch, Ecclésiastique,
Tobie, Judith, 1 et 2 Macchabées, Sagesse, chap. 13 et 14 de Daniel (Suzanne, Bel et le dra-
gon), passages grecs d'Esther. Pourquoi les bibles hébraïques et protestantes ne les ont-ils pas
retenus comme canoniques ?
Ces livres proviennent en fait de la Septante. Voici comment ils ont été ajoutés à la Bible
catholique : au 4e siècle, l’évêque de Rome Damase 1er demanda à son secrétaire Jérôme de
réaliser une traduction de la Bible en latin courant, qu’on appela la Vulgate. Jérôme était un
érudit tout à fait apte pour accomplir cette tâche. Il utilisa la Septante grecque et perfectionna
son hébreu en habitant plusieurs années en Israël. Mais il ne voulait pas inclure les livres que
les juifs rejetaient du canon. Le pape l’obligea pourtant à les ajouter. Il le fit mais en ajoutant
une introduction, le Prologue Galaetus que, tout au long du Moyen Age, les copistes repro-
duisirent à l'en-tête des deux livres de Samuel : "Tout ouvrage qui ne figure pas parmi les 24
livres de la Bible hébraïque doit être considéré comme apocryphe".

Les traducteurs protestants de la Bible cherchèrent à revenir au texte original. Ils retrouvèrent
les manuscrits grecs du N.T. et les manuscrits hébreux de l'A.T. et composèrent leur bible
ainsi. Naturellement, ils ne retinrent pas les livres apocryphes. Le Concile catholique de
Trente, réuni entre 1545 et 1563 pour contrer la Réforme protestante, condamna chacune des
affirmations de la Réforme, et décréta que les apocryphes étaient toujours valables. Ils de-
vaient désormais être considérés comme "deutérocanoniques", et l'on supprima définitivement
de la Vulgate le Prologue de Jérôme.

Même si ces textes ont un véritable intérêt historique (notamment l'histoire des Macchabées),
il faut les séparer des livres inspirés pour plusieurs raisons :
- Jésus et les apôtres, citent quasiment tous les livres de l'A.T. mais jamais aucun de
ces livres apocryphes.
- Les juifs eux-mêmes autour du 1er siècle de notre ère les rejetaient clairement (voire
Josèphe ou Philon d'Alexandrie).
- Ils ne sont pas du même niveau spirituel que les livres inspirés et certains sont clai-
rement des légendes superstitieuses.

Le canon du Nouveau Testament


A partir du XIXe siècle, des savants ont commencé à enseigner que les Evangiles avaient été
écrits tardivement (IIe ou IIIe siècle) et seraient des exagérations de la vérité sur Jésus.
D’autres ont affirmé que des chefs religieux auraient ajouté des textes et retranché d’autres
(des évangiles apocryphes) pour sauvegarder leur pouvoir.
Ces allégations ne tiennent plus debout. On sait aujourd’hui que le N.T. était déjà terminé aux
alentours de l’an 100 sous la forme que nous possédons aujourd’hui comme en témoignent

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ces écrits dûment datés qui citent presque complètement le Nouveau Testament :
* La Didache (100)
* L’Epitre de Clément de Rome (96)
* L’Epitre de Barnabas (100)

Dès le 2e siècle circulait une abondante littérature dans les églises qui citait les livres du
Nouveau Testament. C’est Tertullien qui, vers 200 après J.C., forgea l’expression "Nouveau
Testament" (littéralement Nouvelle Alliance – comp. Hébreux 12:24).
Une majorité d’historiens et de papyrologues confirment que tous les livres du N.T. étaient
écrits à la fin du 1er siècle et largement copiés et répandus au cours du 2e siècle.
Bruce Metzger précise :
"L’Epitre aux Corinthiens de Clément de Rome, datée autour de 95, contient des citations de
nombreux livres du NT : Matthieu, Marc, Luc, Romains, Galates, Philippiens, Ephésiens, et
probablement Hébreux, Actes, Jacques et 1 Pierre » (Bruce Metzger, The Canon of the New
Testament, 1987).

L'Empereur Constantin a-t-il sélectionné des Evangiles ?


Dan Brown, auteur du Da Vinci Code, affirme que parmi 80 évangiles en circulation, l'Empe-
reur Constantin (272-337) en aurait choisi quatre qu'il a inclus dans le N.T. et aurait fait dé-
truire les autres. Il aurait également financé la mise en forme d'une Bible officielle.
Dan Brown est totalement contredit par l'Histoire. Aucun historien de cette époque ni aucun
historien moderne ne mentionne une intervention de Constantin dans la rédaction ou la forma-
tion du N.T.. L'Empereur Constantin ne s'est jamais occupé du Canon des Ecritures, et aucun
homme en particulier n'a fixé le texte de la Bible.
Ce sont les églises qui faisaient le tri entre les textes écrits par les apôtres de Jésus et les
autres textes, souvent des écrits gnostiques qui inventaient une autre histoire de Jésus. Ces
derniers n'apparaissent pas avant les années 200 tandis que tout le N.T. était terminé vers l'an
100 ! De plus, on a retrouvé que quelques manuscrits en copte des évangiles gnostiques,
tandis qu'on a pu étudier près de 24.000 copies antiques du N.T., un record pour l'Antiquité !
Bien avant la naissance de Constantin, le canon de Muratori (170 environ), énumérait déjà les
livres canoniques à l'exception de certaines épîtres encore discutées. Il nomme aussi des faux
(comme une Lettre aux Laodicéens) pour les en écarter. En 397 à Carthage (bien après la mort
de Constantin), un concile ratifia le choix fait par les églises depuis près de deux cents ans en
fixant définitivement la liste des livres du N.T.. Constantin n'a donc joué strictement aucun
rôle dans la fixation du Canon.

Sur quels critères a-t-on choisi les livres du N.T. ?


Pour être intégré à la collection des livres du N.T., un écrit devait
1°) provenir des apôtres
2°) ne pas contredire leur enseignement et celui de Jésus.
3°) confirmer les écrits de l’A.T.
Qui décidait d’inclure tel ou tel livre ? Personne en particulier. Les lettres des apôtres et les
quatre Évangiles étaient lus et commentés dans toutes les églises, en plus de l’A.T.. Dans
certaines églises, on y lisait aussi l’Épître de Clément de Rome ou celle de Barnabas. Les
grands écrivains chrétiens citaient abondamment le N.T. pour défendre leur foi.
C’est seulement en 393 à Hippone et en 397 à Carthage que des Conciles conduits par Augus-
tin ratifièrent le choix faits par les églises depuis près de deux cents ans en fixant officielle-
ment la liste des livres du N.T.. Il est intéressant de noter que les églises d’Orient, indépen-
dantes de celles d’Afrique du Nord où se réunirent les conciles, possédaient le même canon, à
une exception près, le livre de l’Apocalypse de Jean, controversé par des hérétiques.

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Le canon du NT est-il terminé ?
En d’autres termes : pourrait-il y avoir encore aujourd’hui un prophète de Dieu qui écrive un
livre inspiré ? (on pense à Mahomet ou Ron Hubbard ou Moon, par ex.).

Le NT déclare que le canon est terminé :


- « La charité ne périt jamais. Les prophéties prendront fin, les langues cesseront, la connais-
sance disparaîtra.» (1Cor 13:8). Ce verset dit que les prophéties, c’est-à-dire les paroles de
prophètes inspirés, vont cesser, vont devenir inopérantes. Cela est arrivé après la mort des
apôtres, puisqu’eux seuls étaient dépositaires de l’inspiration divine (Hébreux 2:4).
- « Je le déclare à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce livre: Si quelqu’un y
ajoute quelque chose, Dieu le frappera des fléaux décrits dans ce livre;» (Apoc 22:18). Ce
verset, qui se trouve à la fin du dernier livre inspiré des Ecritures, indique solennellement que
l’on ne peut rien ajouter à la prophétie finale de Dieu.

Le canon du NT serait-il incomplet ?


En d’autres termes, existerait-il des Evangiles, des Epitres et des Apocalypses que l’Eglise
aurait mis de côté parce qu’ils dérangeaient ses convictions ?
Nous pensons évidemment aux évangiles dit « apocryphes ». En voici une évaluation :

Les premiers évangiles étaient-ils les évangiles gnostiques ?


Les critiques textuels conservateurs datent tous les livres du Nouveau Testament du 1er siècle.
Leur repère chronologique principal est la destruction de Jérusalem par les armées de Tite en
70 après J.C.. La plupart du N.T. a été écrit avant car il n'en fait aucune mention.
Les évangiles gnostiques, eux, sont datés par les historiens du 2e au 5e siècle. Ils ne sont donc
ni antérieurs ni plus authentiques que les 4 Evangiles.

Différences entre apocryphes et canoniques


Mais les évangiles dits apocryphes se démarquent des textes apostoliques sur plusieurs
points :
- Ils répondent à la curiosité humaine en inventant les histoires que les Evangiles n’ont
pas traité (l’enfance de Jésus, par ex., qui contient des histoires peu crédibles) ;
- Ils contiennent des notions théologiques tardives (comme le titre de Mère de Dieu-
theotokos dans le Protévangile de Jacques, titre datant du concile d’Ephèse au 5e s; ou
comme la confession de foi musulmane dans l'Evangile de Barnabé.) ;
- Ils contiennent des notions contraires au NT (Jésus n'est pas mort, par ex.);
- Ils sont tous pseudépigraphes, c’est-à-dire faussement attribués à un auteur connu.

Origine des apocryphes


Un certain nombre de lettres et d’évangiles pseudépigraphes (empruntant le nom de quelqu’un
d’autre) circulaient dans les églises en même temps que les écrits des apôtres. Mais la plupart
des évangiles apocryphes étaient en copte et avait cours en Egypte parmi des groupes gnos-
tiques. Au 2e s., les églises commencèrent à écarter ce qu’elles n’acceptaient pas comme
vraiment apostolique. C’est justement à cette époque que les gnostiques fleurirent parmi les
chrétiens et obligèrent les églises à se positionner sur certains points de doctrine ainsi que sur
le canon des Ecritures.

James D. Dudd, spécialiste anglais contemporain du N.T. à l'université de Durham (Royaume-


Uni), précise que les évangiles apocryphes sont "totalement explicables par ce qu'on connaît
du gnosticisme des 2e et 3e siècles".

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L'Encyclopédie Britannica précise ceci au sujet des apocryphes du N.T.:
"Tous les apocryphes du NT sont pseudépigraphes [attribués fausse-
ment à un apôtre]. Les mouvements hérétiques gnostiques et montanistes
ont produit un grand nombre de pseudépigraphes du NT. L’apparition de
ces nombreux écrits a provoqué le processus de canonisation des livres
saints au sein de la jeune église chrétienne." (The Evidence for Jesus, The
Westminster Press, 1985.)

Définition des apocryphes


Le terme apocryphe (en grec apokruphos) signifie secret. Il est employé principalement par
les gnostiques qui basaient leurs croyances et leurs pratiques sur l’occulte, l’ésotérique, les
mystères. Pour eux, la connaissance salvatrice passait par des secrets révélés par des éons, des
esprits angéliques, voire des dieux. On trouve au 2e s. par exemple Le Livre Secret de Jean qui
explique la mythologie gnostique sous la forme d’une révélation de Jésus ressuscité à l’apôtre
Jean.
Les évangiles apocryphes sont des textes qui copient et modifient les Evangiles apostoliques,
comme l’Evangile selon Marcion (un croyant semi-gnostique du 2e siècle) par ex., qui modi-
fie l’Evangile selon Luc.
Les évangiles apocryphes ressemblent aussi aux Targums juifs (développement libre du texte
biblique) quand ils proviennent de groupes nazaréens comme les Ebionites.
Les Actes apocryphes, loin d’atteindre le degré de précision historique du livre de Luc, étaient
des récits épiques et romancés destinés à enthousiasmer le lecteur populaire.

Le contenu des apocryphes du N.T. (voir tableau en fin)


Les apocryphes du NT imitent le style du NT et se regroupent sous 4 formes : les Evangiles,
les Actes, les Epitres et les Apocalypses. En tout, on a retrouvé :
22 évangiles apocryphes du 2e siècle (12 en latin et 10 en grec)
15 Actes apocryphes
10 Epitres apocryphes
6 Apocalypses apocryphes

Trois thèmes prédominent : 1) L'histoire de Marie


et Joseph 2) L'enfance de Jésus 3) L'histoire de Pilate.
Les plus connus sont l’Evangile selon Jacques, l’Evangile selon Nicodème (ou Les Actes de
Pilate), l’Evangile selon Pierre, et plusieurs Apocalypses.
37 manuscrits et 5 fragments en langue copte (tirés probablement d’originaux grecs) ont été
découverts en 1946 à Nag Hammadi (près de Louxor, Egypte)

La dominante gnostique des apocryphes


La plupart de ces textes proviennent de groupes gnostiques égyptiens. Les éléments gnos-
tiques (dualisme et docétisme) s’y retrouvent souvent.

Par exemple, dans l’Evangile de Pierre (dont Bouriant a découvert un fragment en 1886 à
Akhmîn en Egypte), Jésus semble ne pas souffrir (IV, 10) et il ne meurt pas mais est enlevé
(V, 19). Cela correspond au docétisme gnostique qui enseignait que Jésus n’était pas vraiment
humain et n’avait qu’une apparence humaine (docétisme vient du grec dokeo = imaginer).

L’Evangile selon Thomas commence ainsi : « Voici les paroles secrètes que Jésus le vivant a
dites et qu’a écrites Didyme Jude Thomas. Logia 1 : Et celui qui trouvera l’interprétation de
ces paroles ne goûtera point la mort. »

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Cette idée de secret réservé à une élite est tout à fait gnostique et s’oppose aux livres du N.T.
qui affirment que les mystères de Dieu ont été révélés et ne sont plus secrets (ex. : Epitre de
Paul aux Romains 16/25-26).

Les gnostiques chrétiens


Le gnosticisme est un syncrétisme entre la philosophie grecque, la foi chrétienne et le mysti-
cisme oriental. Les Gnostiques existaient avant Jésus mais lorsqu'ils ont considéré que le
christianisme était le sommet de la gnose (la connaissance des secrets divins), leur nombre
s'est étendu. Ils formèrent des communautés séparées (en Egypte et en Syrie) où régnaient en
général l'ascèse, l'ésotérisme et l'étude des mystères. La Kabbale et la Franc-maçonnerie sont
les héritières de la gnose.
L'Épître aux Colossiens et la Première Épître de Jean répondent directement aux hérésies
gnostiques (culte des anges, ascétisme, vérité pour les initiés seulement, Jésus divinisé et non
Dieu, etc...).

L'Evangile de Thomas présente-t-il le vrai Jésus ?


L'Evangile de Thomas est daté par certains universitaires du 1er siècle. Comme il contient des
paroles de Jésus dont la plupart sont très différentes de celles des Evangiles canoniques, ils en
déduisent qu'il nous révèle le "vrai Jésus".
Nous rejetons cette conclusion pour plusieurs raisons évidentes :
1) Le Jésus de Thomas est totalement imprégné de la philosophie gnostique.
2) L’Evangile de Thomas, qui contient 114 paroles attribuées à Jésus, contredit à plu-
sieurs reprises les autres textes du N.T.. Ex.: la parole 114 qui est carrément miso-
gyne : "Simon Pierre leur dit : Que Marie sorte du milieu de nous car les femmes ne
sont pas dignes de la Vie. Jésus dit : Voici que je la guiderai afin de la faire mâle, pour
qu’elle devienne, elle aussi, un esprit vivant semblable à vous, mâles. Car toute femme
qui se fera mâle entrera dans le royaume des cieux." Ex.: la parole 77 est panthéiste :
"Jésus a dit : je suis la lumière qui est sur eux tous. Je suis le Tout : le Tout est sorti de
moi, et le Tout est arrivé à moi. Fendez du bois : je suis là ; levez la pierre et vous me
trouverez là."
3) Il est impossible de prouver que cet évangile ait été écrit avant l'an 150. Il n’y a que le
Séminaire sur Jésus pour dater cet Evangile de Thomas des années 50 de notre ère,
soit avant les Evangiles canoniques. En effet, le fragment le plus ancien de l’Evangile
de Thomas, le Papyrus Oxyrhynchos 1, date entre 150 et 200 environ. De plus, la
mention la plus ancienne de cet écrit vient d’Hippolyte de Rome (entre 222 et 235)
dans son rapport sur la secte gnostique des Naasséniens. Vient ensuite une citation
d'Origène (vers 233) qui compte cet Evangile parmi les apocryphes. Enfin, l’Evangile
de Thomas cite des phrases tirées des autres évangiles, notamment le dernier des
quatre, celui de Jean (dans les Logia 13, 19, 24, 38, 49, 92). C'est une preuve qu'il est
plus ancien que les quatre évangiles.

Eusèbe de Césarée parle dans son Histoire Ecclésiastique de Papias, évêque de Hiérapolis au
2e siècle, qui aurait compilé des paroles de Jésus (Exposition des Oracles de Jésus) auprès des
témoins oculaires. Son texte a malheureusement été perdu et ne doit pas être confondu avec
l’Evangile de Thomas. F.F. Bruce considère, au vu des extraits cités par des auteurs grecs, que
ces oracles de Jésus rapportés par Papias n’apportent rien de nouveau par rapport aux Evan-
giles canoniques.

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L'Evangile de Judas présente-t-il le vrai Jésus ?
Sa découverte
Un ancien manuscrit contenant l'Evangile de Judas a été découvert en 1970, qui raconte que
Jésus a demandé à Judas de le trahir. Ce manuscrit sur papyrus venait du désert égyptien
comme une partie du Codex Tchacos. Passé aux mains d'antiquaires avides d'argent, il n'a pu
arriver aux mains des spécialistes qu'à partir de 2001. Sa traduction en plusieurs langues de
notre époque a permis de le révéler au grand public.

Sa datation
C'est Timothy Jull de l'université d'Arizona qui l'a daté au carbone 14 entre 220 et 340 après
J.C.. Il serait une traduction copte d'un manuscrit grec ancien que certains datent du milieu du
2e siècle (soit bien après les Evangiles dits canoniques).
Irénée, l'évêque de Lyon est le plus ancien auteur à en parler (en 170) :
"Ils [les Caïnites] déclarent que Judas le traître était bien avisé de ces
choses, et que lui seul, connaissant la vérité comme aucun autre, a accom-
pli le mystère de la trahison. Ils ont produit une histoire fictive de ce
genre, qu’ils ont appelé l’Evangile de Judas" (Contre les Hérésies, 31.1).

Son origine gnostique


Nous voyons dès le départ qu'il est attribué aux groupes gnostiques qui sont à l'origine de la
plupart des évangiles et des apocalypses apocryphes du Nouveau Testament. Les Gnostiques
croyaient en deux divinités, le Démiurge, créateur de tout ce qui est matériel, et le Sauveur, un
pur esprit. Croyant que Jésus était le Sauveur, ils niaient qu'il fut un homme de chair et d'os.
Une phrase de l'évangile de Judas est typique : "Jésus dit à Judas : Tu surpasseras tous les
autres, car tu sacrifieras l'homme qui me sert d'habit". On reconnaît la croyance en un Jésus
mystique avec une simple apparence humaine.
Dans son texte sur l'Evangile de Judas, Irénée visait en particulier les Caïnites, membres d'une
secte apparue vers l'an 159, qui vénéraient Caïn et les Sodomites, et possédaient un évangile
de Judas dans lequel ce dernier était présenté comme un initié ayant trahi Jésus, à sa demande,
pour assurer la rédemption de l'humanité.
Ce texte, présenté par certains journalistes et historiens peu scrupuleux comme une décou-
verte bouleversante qui pourrait remettre en question l'histoire de Jésus, n'est qu'une fiction
supplémentaire écrite bien après les faits par des croyants gnostiques se faisant passer pour un
des apôtres (texte pseudépigraphe). Il n'a rien à voir avec les véritables évangiles écrits par
des témoins oculaires.
Il contient une philosophie compliquée avec des principes gnostiques reconnus et absents de
la Bible (les éons; le grand ange, esprit divin auto-engendré; Sophia; le monde inférieur; des
anges aux noms inconnus, etc....).

Le Judas biblique
Selon le Nouveau Testament, Judas était un disciple de Jésus très matérialiste et qui voulait
tirer profit de sa relation avec Jésus. Par son égoïsme et son appât du gain, il a laissé Satan
entrer en lui pour éliminer Jésus. Tout en le vendant aux chefs religieux, il est évident que
Judas espérait que Jésus s'en tirerait. Quand il a vu que Jésus ne se défendait pas devant ses
accusateurs, il a réalisé qu'il était coupable d'avoir livré le Messie. Au lieu de la repentance
comme Pierre, Judas n'eut que des remords et se suicida, ce qui prouve l'ambiguïté de ses
sentiments. Jésus a appelé Judas "mon ami" quand celui-ci est venu le livrer, mais aussi "fils
de la perdition" quand il a révélé qu'il le trahirait.

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L'Evangile de Barnabé est-il un authentique évangile ?
Il prétend nous faire découvrir le vrai Jésus, disciple de Mahomet
Les apologètes de l'Islam au 19e siècle utilisèrent cette découverte pour affirmer que le vrai
évangile est celui de Barnabas (ou Barnabé), ce Juif du 1er siècle qui a accompagné Paul dans
ses voyages missionnaires.

Muhammad `Ata ur-Rahim dans son livre "Jesus a Prophet of Islam" écrit ceci :
"En 325, le fameux Concile de Nicée fut réuni. La doctrine de la Trinité fut déclarée doctrine
officielle de l'église paulinienne. L'une des conséquences de cette décision fut que parmi les
300 évangiles existant à cette époque, quatre furent choisis pour être les évangiles officiels de
l'Eglise. Les autres, dont l'Evangile de Barnabas, devaient être détruits." (Rahim, p. 42)
Il écrit également que "la 4ème année du règne de l’empereur Zénon, on retrouva la tombe de
Barnabé avec un exemplaire de son évangile serré contre lui".

En réalité, le tombeau de Barnabé qui se trouve à Chypre près du monastère éponyme a été
retrouvé sous l'Empereur Zénon mais avec un Evangile de Matthieu dans ses bras (source
Alexandre de Chypre, 6e siècle, Laudatio Barnabae, 724-676, éd. Peter Van Deun, CCSG 26,
p.114-11)

Cet évangile de Barnabé est clairement un texte écrit par un musulman qui présente Jésus
selon la croyance musulmane : un simple prophète, pas le Fils de Dieu ni le Sauveur crucifié
et ressuscité. Il parle de Muhammad comme étant le dernier messager de Dieu et dit la Sha-
hada (confession de foi).

Les écrits de Barnabé


Il existait bien une Epître de Barnabé du IIe s. mentionnée par Eusèbe. C'était un écrit chrétien
conforme aux Evangiles.
Puis on trouve un Evangile de Barnabé condamné au 6e s. dont on n'a jamais eu trace.

Les manuscrits
L'Evangile de Barnabé est un texte médiéval existant sous deux manuscrits, un en espagnol du
18e siècle (gardé à Sydney), l'autre en italien du 16e siècle.
Au début du XVIIIe siècle, la totalité de l'évangile dit de Barnabé en version italienne comme
en version espagnole est vue et signalée pour la première fois. Un conseiller du roi de Prusse,
avait fait l'acquisition du texte italien. En 1709, il le prêta à un érudit, John Toland, qui fut un
des premiers à en parler. Le manuscrit lui-même suivit un itinéraire qui le conduisit finale-
ment à Vienne (Autriche) où il se trouve encore aujourd'hui à la bibliothèque nationale.

Datation
Ce texte est daté entre le 14e s. et le 16e siècle.
Le bibliste Jan Joosten (Professeur d'Ancien Testament en Belgique) écrit : "Durant cette
période, la date ne peut être fixée que sur la base du contenu du texte. Parce que beaucoup de
ce qui est dit dans Barnabé est plus ou moins atemporel, les quelques détails qui peuvent être
liés à une période précise pointent vers le quatorzième siècle. La meilleure preuve est la
mention du jubilé du centenaire dans les chapitres 82 et 83. Comme le Jubilé chrétien a été
raccourci en 1349 à 50 ans (et plus tard à 25 ans), la notion d’un jubilé du centenaire date-
rait donc de la première moitié du 14e siècle." ("The Date and Provenance of the Gospel of
Barnabas, Journal of Theological Studies 61- 2010).
Le Jubilé biblique (Lévitique 25:11) est tous les 50 ans et non tous les 100 ans.

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Le texte dit de Barnabé mentionne l'existence de 9 cieux (chap. 178), exactement comme
Dante dans sa Divine Comédie (14e s.), alors que le Coran ne parle que des "7 cieux" (Sourate
2/29).

Les erreurs de l'Evangile selon Barnabé


Il est évident que Barnabas n'a pu écrire cet évangile, tant ses erreurs sont grossières :
• Au chap. 42 de ce faux évangile, Jésus affirme clairement qu'il n'est pas le Messie. Ce-
la contredit les 4 Evangiles (Marc 14:61-62; Luc 2:11), mais aussi le Coran (Sourate
4/171). Par contre, c'est Mahomet qui est présenté comme le Messie à venir (chap. 97),
ce qui contredit aussi le Coran!
• Au chap. 20, Nazareth serait au bord du Lac de Galilée alors que ce village était dans
les terres.
• Au chap. 18, 10.000 prophètes auraient été massacrés par Jézabel ce qui contredit la
Bible et toute source historique.
• Au chap. 91, ce faux évangile parle d'un grand soulèvement des Juifs en Judée qui
soutenaient que Jésus était Dieu venu les visiter. La Bible et l'histoire n'ont aucune
trace d'un tel soulèvement. Les disciples de Jésus étaient quelques centaines et n'ont
suscité aucun soulèvement, même pas en Galilée d'où provenait une majorité d'entre
eux.
• Au chap. 92, Jésus passe du Mont Sinaï au Jourdain en un clin d'œil alors que les deux
lieux sont très éloignés.
• Au chap. 145 le faux évangile mentionne 17.000 pharisiens au temps d'Elisée. Or, le
groupe des Pharisiens date du 3e s. avant J.C. tandis qu'Elisée vivait 900 avant J.C.!
• Etc.
Ces erreurs topographiques et ces contradictions avec les autres textes démolissent l'authenti-
cité et la véracité de l'Evangile de Barnabé.

Les contradictions avec le Coran


Si l'Evangile de Barnabé était véridique comme les apologètes musulmans l'affirment, il ne
contredirait pas le Coran.
• Nous avons mentionné plus haut les contradictions sur le Messie et sur les 9 cieux.
• Au chap. 3, ce faux évangile déclare que Marie a mis au monde Jésus sans aucune
douleur. Cela contredit le Coran (Sourate 19:22-23).
• Au chap. 106 l'enfer est décrit comme un lieu de neige et de glace. Le Coran en parle
plutôt comme d'un lieu brûlant (Sourate 9/35). Mais au chap. 57, il est question des
"flammes de l'enfer".
• Au chap. 23, Adam est le premier homme à être circoncis. Le Coran ne parle pas du
tout de circoncision, mais la Sunna dit que c'est important pour tout musulman mâle.
• Au chap. 115, Barnabas condamne la polygamie. Le Coran l'encourage au contraire
(Sourate 4/3).

Conclusion sur l'Evangile de Barnabé


En lisant ce texte et en examinant les évidences, la conclusion est qu'il s'agit d'un écrit du 14
ou 16e siècle destiné à contredire la foi chrétienne et à prouver que Jésus était musulman. De
par ses erreurs nombreuses, cet écrit a peu de valeur historique ou spirituelle. Il contredit la
Bible, le Coran et l'Histoire.

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Conclusion sur les apocryphes
Les apocryphes du NT diffèrent et ressemblent à la fois aux écrits du NT :
- Diffèrent quant à la hauteur de vue : ils n’atteignent jamais l’inspiration des textes sacrés.
- Diffèrent quant à l’étendue des informations : ils ne décrivent pas les actions de Jésus
comme le font les Evangiles, ils ne contiennent pas d’instructions doctrinales pour les fidèles
comme le font les Epitres.
- Ressemblent quant à certaines paroles de Jésus : un certain nombre semblent directement
prises sur les 4 Evangiles écrits un siècle avant au moins.
- Ressemblent en tant que copies humaines : Evangiles, Actes, Apocalypses, noms d’apôtres,
style littéraire oriental…

Les apocryphes du NT n’ajoutent ni ne retranchent rien aux croyances cardinales du Christia-


nisme.
- Ils ne trahissent pas de doctrine secrète cachée jusque-là.
- Ils n’enlèvent rien à la personne centrale de Jésus le Messie.
- Ils n’enlèvent rien à l’œuvre de Christ, sa naissance, sa mort et sa résurrection.
- Ils citent les 4 Evangiles (sans les nommer) et y ajoutent des paroles de Jésus ou des récits
légendaires.
- Le Protévangile de Jacques, qui raconte l’enfance de Marie, et le Transitus Mariae, qui
raconte l’assomption de Marie, contribuent il est vrai à faire de la mère de Jésus une personne
plus importante que dans le NT où elle est peu présente. Cette vénération de Marie est histori-
quement une déviation absente chez les premiers chrétiens.

La rumeur d'un complot mis en place par les chefs de l’Eglise pour cacher aux croyants cer-
taines vérités ne tient pas devant un examen historique sérieux.
Si de soi-disant autorités religieuses avaient écarté les soi-disant véritables évangiles pour ne
garder que ceux qui les intéressaient (ou qu'ils avaient révisé eux-mêmes), pourquoi ces 4
évangiles sont-ils remplis de condamnations par Jésus de l'hypocrisie des chefs religieux et de
louanges par Jésus des croyants les plus humbles ?

Les apocryphes sont intéressants pour la curiosité, mais n’apportent rien de nouveau, rien de
spirituel et rien de fiable, comparés aux écrits denses et profonds du N.T..
De plus, étant des mensonges pieux (ils sont faussement attribués à des apôtres ou des té-
moins oculaires de la vie de Jésus alors qu’ils datent au minimum du 2e siècle), ils ne sont pas
dignes d’entrer dans le canon du N.T..

Travail à faire
- Rédiger la liste des apocryphes juifs contenus dans la Bible catholique.
- Trouvez le texte et lisez la Didache. Quels parallèles et quelles différences avec le N.T. ?
- Quel est le plus ancien livre de l’A.T. ? Le plus ancien du N.T. ? (probablement)

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TABLEAU DES APOCRYPHES DU NT
Ecrit Date Lieu Manuscrits
Codex II Nag Hammadi (Copte, dialecte Sahidic)
~50
Oxyrhynchus Papyrus I (Grec)
Evangile de Thomas Est Syrie
Oxyrhynchus Papyrus 654 (Grec)
~150
Oxyrhynchus Papyrus 655 (Grec)
Evangile de la vérité 140-180 Rome ? Codex I Nag Hammadi (Copte)
Evangile des douze 2e siècle ? Aucun fragment
Akhmîm Fragment (Grec)
Evangile de Pierre 100-130 Est Syrie?
fragment découvert à Oxyrhynchus (Grec)
Evangile de Basilides 2e siècle ? Aucun fragment
1ère moitié
Evangile des Egyptiens Egypte? fragments cités par Clément Hippolytus, and Epiphanius
2e siècle
Moitié du fragments cités par Cyrille de Jérusalem, Clément, Origène et
Evangile des Hébreux Egypte
2e siècle Jérome
1ère moitié
Evangile de Matthias Alexandrie fragments cités par Clément
2e siècle
Traditions de Matthias " " "
Prédication de Pierre 100-120 Egypte fragments cités par Clément et Origène
Liber de miraculis par Gregoire
Actes d’André 150-200 ? P. Utrech 1 (Copte)
Martyrologe arménien
P. of the Hamburg ... (Grec)
P. No. 1 in Heidelberg (Copte)
Actes de Paul 185-195 Asie Mineure Acta Pauli et Theclae
Correspond. entre Corinthiens et Paul
Martyrium Pauli
2nd half of Stock de texts grecs
Actes de Jean Est Syrie
2nd century Grec P. Oxyrhynchus 850
codex Fuldensis (Latin, 546 CE)
Epitre aux Laodicéens 2nd-4th century ?
+ 100 autres manuscrits de la Vulgate
codex Alexandrinus (Grec)
codex Hierosolymitanus (Grec)
I Clément 95-96 Rome
11e s MS (Latin) – 12e s NT MS (Syriaque) – 4e s MS (Copte)
7e s MS (Copte)
codex Sinaiticus 4e s (Grec)
codex Hierosolymitanus (Grec)
Epitre de Barnabas 70-135 Alexandrie
9 late related MSS (Grec)
MS of unknown date (Latin)
Didache 70-200 ? codex Hierosolymitanus (Grec)
codex Sinaiticus 4e s (Grec)
codex Athous, 14-15e s (Grec)
Pasteur d’Hermas 90-175 Rome? P. Michigan 129, 3e s (Grec)
Vulgate traduction (Latin)
MS (Ethiopien)
Akhmîm Fragment (Grec)
Apocalypse de Pierre ~135 Egypte
MS découvert en 1910 (Ethiopien)

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5. La préservation des manuscrits
Dans Sa divine providence, l'Eternel a permis la conservation et la multiplication des manus-
crits de Sa Parole afin qu'elle ne soit jamais perdue. Le NT est par ex. le livre antique qui a
été le plus recopié.

LES MANUSCRITS DU NOUVEAU TESTAMENT


On distingue généralement trois formes de manuscrits du Nouveau Testament :
- Les Papyrii, plus anciens et plus fragiles.
- Les Onciaux, écrit en majuscules.
- Les Minuscules, écrits en minuscules.
Nous possédons 5.300 manuscrits en grec + 10.000 en latin + 9.300 en d’autres langues, ce
qui fait env. 24.000 copies, un chiffre énorme qui dépasse de très loin tous les textes antiques,
avec l'avantage supplémentaire de présenter des copies faites moins d'un siècle après l'origi-
nal.
Les principaux manuscrits en Grec sont :

LIEU DE DÉ-
NOM DU MANUSCRIT NOM DATATION CONTENU
COUVERTE

Papyrus Ryland P52 125 Fragment de Jean

Papyrus d'Oxford P64 200 Matthieu Egypte


Portions des 4 évan-
P45
Papyrus Chester giles, Actes, Epitres
P46 250
Beatty de Paul, Hébreux,
P47
Apocalypse
P1
Papyrus P5
Matthieu, Jean, Hé-
d'Oxyrhynque P9 3e siècle Egypte
breux, Apocalypse
(Egypte) P13
P15-30
P66
2e et 3e Luc, Jean, 1-2Pierre et
Papyrus Bodmer P72-75 Egypte
siècles Jude
P52
Nouveau Testament Egypte, Ste
Codex Sinaiticus ‫ א‬01 4e siècle
entier Catherine
A.T. et N.T. sauf
Epitres Pastorales et
Codex Vaticanus B03 4e siècle Italie, Vatican
Hébreux jusqu'à Apo-
calypse
Egypte,
Codex Alexandrinus A02 5e siècle
Alexandrie
(Palimpseste) Nou-
Codex Ephraemi C04 5e siècle
veau Testament
Codex de Bèze D05 5e siècle 4 évangiles et Actes
4e ou 5e
Codex de Washington W032 4 évangiles
siècle

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Ci-dessous un petit tableau comparatif qui démontre que le Nouveau Testament est beaucoup
plus répandu et plus sûr que n'importe quel autre texte antique :

Auteur Date d’écriture Copie ancienne Ecart de temps Nb de Copies

Manuscrits non bibliques :


Hérodote (Histoire) 480 - 425 BC 900 AD 1300 ans 8
Thucydide (Histoire) 460 - 400 BC 900 AD 1300 ans ?
Aristote (Philosophe) 384 - 322 BC 1100 AD 1400 ans 5
César (Histoire) 100 - 44 BC 900 AD 1000 ans 10
Pline (Histoire) 61 - 113 AD 850 AD 750 ans 7
Suétone (Histoire romaine) 70 - 140 AD 950 AD 800 ans ?
Tacite (Histoire grecque) 100 AD 1100 AD 1000 ans 20

Manuscrits bibliques :
Magdalene (Matthew 26) 1er siècle 50-60 AD 1
John Rylands (John) 90 AD 130 AD 40 ans 1
Papyrus Bodmer II (John) 90 AD 150-200 AD 60-110 ans 1
Papyri Chester Beatty (N.T.) 1er siècle 200 AD 150 ans 1
Diatessaron par Tatien
1er siècle 200 AD 150 ans 1
(Evang.)
Codex Vaticanus (Bible) 1er siècle 325-350 AD 275-300 ans 1
Codex Sinaiticus (Bible) 1er siècle 350 AD 300 ans 1
Codex Alexandrinus (Bible) 1er siècle 400 AD 350 ans 1

Ci-dessous un tableau du nombre de citations du N.T. par les premiers auteurs chrétiens :

Lettres Autres
Auteur Evangiles Actes Apocalypse Total
Paul lettres
Justin Martyr
268 10 43 6 3 330
(133)
Irénée (180) 1038 194 499 23 65 1819
Clément (150-
1107 44 1127 207 11 2406
212)
Origène (185-
9231 349 7778 399 165 17.992
253)
Tertullien
3822 502 2609 120 205 7258
(166-220)
Hippolyte
734 42 387 27 188 1378
(170-235)
Eusèbe (324) 3258 211 1592 88 27 5176

Total 19.368 1.352 14.035 870 664 36.289

Plus précis encore, John W. Burgon (1813-1888) a recensé plus de 86.000 citations du NT
dans les écrits des Pères de l’Eglise ayant vécu avant 325.
Pour rappel, le NT contient 7957 versets.

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LES MANUSCRITS DE L'ANCIEN TESTAMENT

Les textes massorétiques (6e-10e siècle de notre ère)


Ce sont les manuscrits les plus complets et les plus nombreux pour le Tanach (A.T.).
On en a retrouvé environ 600.
Ils proviennent de religieux juifs de la région de Tiberias (au bord du lac de Galilée).
Leur nom vient de l'hébreu mesorah = tradition. D'un point de vue technique, les mesorah
sont les annotations de voyelles et de variantes possibles inscrites en marge du texte hébreu
recopié par les Massorètes.
Leur innovation a été de placer des voyelles sous forme de points et de traits sous les con-
sonnes, car à leur époque déjà, la pratique de l'hébreu était en voie de se perdre.
Il existe peu de variantes entre les manuscrits des Massorètes car ceux-ci, en plus d’être très
méticuleux dans leur recopie, détruisaient les copies abîmées.

Le papyrus Nash
Morceau de papyrus daté du 2e siècle av. J.C. par W.F. Albright, et contenant le Shema (Deut.
6:4-9) et deux fragments de la loi de Moïse (Deut. 5:6 et suivants; Exode 20:2 et suivants).

Le Codex du Caire
Le plus ancien manuscrit massorétique est le Codex du Caire (895 ap. J.C.) attribué au copiste
Moïse Ben Asher, de la fameuse famille Ben Asher qui a produit plusieurs manuscrits.

Le Codex d'Alep
Un autre manuscrit attribué aux Ben Asher est le Codex d'Alep daté du début du 10e siècle. Il
a été utilisé par le grand rabbin Maïmonide et avait une grande réputation de qualité. Malheu-
reusement, il a été détruit en 1948 avec l'incendie de la synagogue d'Alep (Syrie) par des
nationalistes arabes.

Le Codex de Leningrad
Le troisième grand manuscrit est celui de Léningrad (où il est conservé). Il fut copié en 1008
par un copiste qui s'est servi du texte de Moïse Ben Asher. C'est celui-là qui est utilisé comme
texte de référence par les traducteurs de Bible.

Le Codex Hillel
Ce Codex est plus ancien (autour de 600 ap. J.C.) mais a été perdu. Il est attribué au rabbin
Hillel ben Moïse ben Hillel. De nombreux copistes massorètes font allusion à ce codex et à sa
qualité (peu d'erreurs de copistes).

Les manuscrits de la mer Morte (2e siècle avant notre ère)


Découverts entre 1946 et 48 près du Wadi Qumran, NO de la mer Morte. Déclarés au monde
par la presse le 1er avril 1948.
Onze grottes, 870 manuscrits, des dizaines de milliers de fragments.
Datés entre 200 avant et 200 après J.C..
Majorité de rouleaux de parchemins, en hébreu ancien, araméen et grec, sans ponctuation et
sans voyelles, parfois sans espace.
Ecrits religieux bibliques et non bibliques. Tous les livres de la Bible sauf Esther (canonicité
contestée à cette époque).
Certains livres (Exode, Jérémie) sont en plusieurs exemplaires, avec différentes versions du
texte, ce qui prouve que le texte n’était pas fixé comme il l’était au temps de Jésus.

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L’archéologue israélien Yigael Yadin (1917-1984), qui a fait sa thèse de doctorat sur les
rouleaux de la mer Morte écrit à ce sujet :
« Ce qui est fantastique c’est qu’en dépit de l’antiquité de ces rouleaux et du fait qu’ils pro-
viennent d’une époque où le texte biblique n’était pas encore fixé, standardisé, ils sont dans
l’ensemble identiques au texte massorétique que nous avions jusque-là. » (The Message of the
Scrolls, 83- 1957).
Benjamin Kennicott (1718-1783) a comparé 581 manuscrits et étudié à fond les variantes des
manuscrits de l'A.T. : 280 millions de lettres, avec 900.000 variantes dont 750.000 insigni-
fiantes (v ou i) = en moyenne 1 variante toutes les 1580 lettres !
Il faut ajouter que la plupart des différences ne se trouvent que dans peu de manuscrits.
Malgré l'étonnante proximité entre les MMM et le TM, il existe cependant un certain nombre
de variantes.
Par ex :
• Deut. 32:8 qui lit "le nombre des fils de Dieu" (traduit par "anges" dans la LXX) tandis
que le TM a "le nombre des enfants d'Israël".
• Deut. 32:43 "que tous les fils de Dieu l'adorent" (idem. dans la LXX et en Hébreux
1:6) tandis que le TM a "Réjouissez-vous, nations, avec son peuple".
• Exode 1:5 "75 âmes" (idem. dans la LXX et dans le NT (Actes 7:14) tandis que le TM
a "70 âmes".
• Le fragment de Jérémie (Grotte 4Q) est plus court de 60 versets que le TM (idem. pour
la LXX).
• La Grotte XI contenait un fragment avec le Psaume 151, inconnu du TM mais présent
dans la LXX.
Contrairement aux exemples précédents, les variantes des MSS ne sont pas toujours en accord
avec la LXX.

Le Pentateuque Samaritain (10e siècle de notre ère)


Les Samaritains n'acceptaient pas les autres livres de la Bible. Ce manuscrit est une autre
source de transmission du Pentateuque, mais les manuscrits sont tardifs et moins bons que les
textes massorétiques.

La Septante
Elle diffère en un certain nombre de points de détail avec le texte massorétique. Certains
passages prophétiques sont plus courts ou plus longs, certains mots omis ou modifiés. On a
longtemps cru que c'était dû à un travail insouciant des traducteurs de l'époque. La découverte
des manuscrits de la mer Morte (avec lesquels la Septante s'accorde mieux que le texte masso-
rétique) montre que la Septante est basée sur un texte hébreu sérieux et courant à son époque.
Néanmoins, il est clair pour les spécialistes que certaines différences sont dues à des erreurs
des traducteurs de la Septante qui, soit ne connaissaient plus la vocalisation de certains mots,
soit interprétait mal cette vocalisation.
Au final, le texte massorétique est sans doute meilleur, mais il est éclairé par la Septante. Les
différences sont négligeables quant au message et au sens principal des Ecritures.

Le texte pré-massorétique
Ce texte hébraïque se retrouve principalement dans certains manuscrits de la mer Morte,
notamment Esaïe et Ezéchiel, ainsi que les 12 prophètes mineurs.

Le texte proto-septante
Là encore, ce texte est présent dans les manuscrits de la mer Morte, notamment ceux de Jo-
sué, Samuel et Jérémie. Samuel (4QSama,b) par exemple, s’accorde systématiquement avec le

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texte de la Septante contre le texte Massorétique. Quant au livre de Jérémie, il est 1/8e de fois
plus court dans la Septante que dans le texte massorétique.

Le texte proto-samaritain
Présent également dans les manuscrits de la mer Morte, un texte en paleo-hébreu d’Exode et
des Nombres se rapproche fortement du pentateuque samaritain et s’éloigne autant du texte de
la Septante.

LA CLASSIFICATION DES LIVRES BIBLIQUES

Dans la Bible hébraïque


Dans la Bible hébraïque, les noms des 5 premiers livres (Torah) sont formés par les premiers
mots du livre :
- Genèse est Bereshit "Au commencement".
- Exode est Shemoth "Voici les noms"
- Lévitique est Wayyiqra "Il appela"
- Nombres est Bemidbar "Dans le désert"
- Deutéronome Debarim "Voici les mots".

La Bible hébraïque utilise un classement chronologique, tandis que la Bible en grec préfère le
classement par thèmes.

LES PROPHETES LES ECRITS


LA LOI (TORAH)
(NEVIIM) (KETUVIIM)
Genèse Prophètes anciens Livres poétiques
Exode Josué Psaumes
Lévitique Juges Job
Nombres Samuel Proverbes
Deutéronome Rois
Les 5 rouleaux
Prophètes récents Ruth
Esaïe Cantique des cantiques
Jérémie Ecclésiaste
Ezéchiel Lamentations
Les douze petits prophètes Esther

Livres historiques
Daniel
Esdras- Néhémie
Chroniques

Dans les Bibles chrétiennes


Les Bibles chrétiennes ont repris l'arrangement de la Bible d'Alexandrie. Lorsque les juifs
d'Alexandrie ont traduit leurs écritures hébraïques en grec, ils ont rajouté des livres non cano-
niques (ou apocryphes) et ils ont réarrangé les livres canoniques par thèmes.
Mais il y a une raison supérieure pour l'arrangement par thèmes : la personne du Messie.

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Section Nom Relation au Messie

La loi La fondation pour le Messie


Ancien Histoire La préparation pour le Messie
Testament Poésie L'aspiration au Messie
Prophétie L'attente du Messie

Evangiles La manifestation du Messie


Nouveau Actes La propagation du message du Messie
Testament Epîtres L'application de la vie du Messie
Apocalypse La révélation finale et règne du Messie

Travail à faire
- Faire une fiche explicative sur la Septante, son origine, son contenu, sa date et son intérêt.
- Quels livres de la Bible ont été retrouvés dans les grottes de Qumran ?

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6. La formation d’un texte référent
Pour réaliser leur traduction, les hommes ont dû déterminer un texte standard à partir de
tous les manuscrits disponibles. Le travail scientifique des éditeurs a permis, par la provi-
dence de Dieu, d'obtenir un texte aussi proche de l'original que possible.

La critique textuelle
La critique textuelle est l’étude et la comparaison des manuscrits (copies) bibliques dans le
but de retrouver le texte le plus proche de l’original.
Elle se distingue de ce qu’on appelle « la haute critique » qui, elle, remet en question la validi-
té et l’inerrance du texte original.

Il existe des variations dans les manuscrits, appelées VARIANTES. Ces variations n’affectent
aucune doctrine fondamentale, mais elles méritent tout de même des explications. En tout cas,
nous souhaitons avoir le NT le plus exact possible. Le but de la critique textuelle est de tra-
vailler avec les matériaux disponibles à reconstruire le texte original d’un document ancien
avec le plus d’exactitude. Ce n’est pas toujours évident et parfois les chercheurs divergent
entre eux.

Le texte de référence de l'Ancien Testament


Le texte hébreu/araméen de référence utilisé par une majorité de Bibles est la Biblia Hebraica
Stuttgartensia (1966) basée sur le Codex de Leningrad (B19) auquel on a ajouté les variantes
des MMM. Le point de départ du travail des chercheurs est le Texte Massorétique, lui-même
héritier des copies précédentes, corrigé de siècle en siècle grâce à la critique textuelle.
Les chercheurs travaillent maintenant sur la BHQ (Biblia Hebraica Quinta), 5e révision du
texte hébraïque qui tient compte des manuscrits de Qumran.

Les variantes du NT
En 2001, Bruce Metzger avançait le nombre de 5.686 manuscrits en grec du NT recensés et
étudiés. Dans ces manuscrits on a dénombré environ 200.000 variantes. Ce nombre important
est pourtant trompeur : si une faute de scribe apparaît dans 3.000 manuscrits, on dit qu’il y a
3.000 variantes de plus ! Une fois qu’on élimine cette multiplication de fautes évidentes (or-
thographe, copie) le nombre de variantes se réduit drastiquement.

Types de manuscrits
Si l’on comparait la tâche de reconstruire le texte du NT à une enquête policière, nos témoins
seraient les manuscrits anciens. Ils se déclinent en trois catégories :
1) Les manuscrits en grec
2) Les traductions anciennes (appelées versions) en latin, syriaque, copte, etc.
3) Les citations d’auteurs antiques

Comme dans une enquête, certains témoins sont parcellaires : ils n’ont préservé qu’une petite
partie de l’histoire ; d’autres sont assez complets, mais pas toujours fiables. Chaque témoin a
ses particularités dont il faudra tenir compte lors du choix des variantes.

1. Les manuscrits
Des trois sortes de témoins mentionnés plus haut, les plus importants sont évidemment les
manuscrits, puisqu’ils préservent le texte dans sa langue et son ordre originaux (à une excep-
tion près : les lectionnaires, qui sont un choix liturgique de textes bibliques qui ne respectent
pas l’ordre habituel).

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Le plus ancien manuscrit grec en notre possession date du IIe s ; à partir de cette date, le
nombre de manuscrits augmente jusqu’au XIIIe s, et s’arrête soudain au XVe s. (lorsque
Constantinople tombe aux mains des Turcs en 1453 et lorsque l’imprimerie en 1516 réduit le
besoin de copies manuscrites).
Ces manuscrits ont différentes formes qui permettent de les classifier : les rouleaux, les codex

Les premiers manuscrits du NT étaient sans doute écrits sur des rouleaux de papyrus, ce qui
était à l’époque le matériau d’écriture le moins cher et le plus courant.
Mais bientôt parut le besoin de compiler tous les écrits du NT. On sait que les lettres de Paul
étaient terminées avant l’an 100. Une telle somme d’écrits ne pouvait tenir sur un rouleau.
La solution trouvée est le codex, qui correspond à notre livre moderne. Plutôt que de créer un
rouleau immense en accolant des feuilles de papyrus les unes aux autres, on créa des pages
reliées entre elles, ce qui permettait d’avoir un gros livre et d’économiser le matériau
puisqu’on pouvait écrire des deux côtés. 99% des manuscrits du NT qu’on a retrouvés sont
sur des codex.
Les manuscrits les plus anciens contiennent rarement la totalité du NT, surtout que le canon a
mis un certain temps à être accepté partout. Souvent, des pages ont été perdues ou abîmées.
Le problème vient du papyrus, qui vieillit très mal et ne se conserve que dans les endroits très
secs. Parmi tous les papyrus retrouvés, seul le P72 contient des livres entiers (1 et 2 Pierre et
Jude) ; tous les autres n’ont gardé que des morceaux de livres du NT. Les papyrus retrouvés
sont pour la plupart des IIIe et IVe s. mais certains datent jusqu’au VIIIe s.

Les matériaux d’écriture


L’autre matériaux d’écriture est le parchemin, fait de peau d’animal. Il est plus solide, plus
doux à l’écriture et plus durable. Mais il coûtait aussi plus cher. L’Eglise primitive n’était pas
riche et avait besoin de nombreux livres pour ses fidèles. Ce n’est qu’après le règne de Cons-
tantin (qui a légalisé et enrichi l’Eglise chrétienne) que les parchemins se sont multipliés. Ils
sont donc apparus au IIIe s. mais sont devenus communs au IVe s..

Les styles d’écriture


Au départ, les papyri et les parchemins étaient écrits en majuscules, appelées onciales. Les
lettres étaient larges et séparées les unes des autres. Chez les plus anciens, il n’y avait pas
d’accents, pas de ponctuation et pas d’espaces entre les mots (ce qui a pu conduire à un cer-
tain nombre d’erreurs de copistes).
Le temps passant, les onciales se complexifièrent pour bien différencier les lettres. Les ma-
nuscrits devinrent plus faciles à lire au-fur-et-à-mesure que les copistes ajoutaient des respira-
tions et des ponctuations dans le texte. Mais dans le même temps, cela ralentissait leur travail
et exigeait plus de matériau. Ce ne fut qu’au IXe s. qu’apparut l’écriture cursive dans les
manuscrits du NT. Cette écriture est appelée minuscule. Elle éclipsa les onciales au Xe s. (les
plus tardives onciales datent du XIIIe s.). Les manuscrits en minuscules commencent donc au
IXe s. et continuent après l’imprimerie.

Classi-
fica-
tion
des
ma-
nus-
crits

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A l’heure actuelle, nous avons découvert près de 3000 manuscrits grec du NT, dont plus de
85% sont en minuscules.
Les biblistes ont trouvé, après bien des errements, un système de classification des manuscrits
qui tient compte de leurs différentes formes.

- Les papyri sont appelés Px et datent du IIe au VIIIe s.

- Les onciales sont désignées par des lettres majuscules de l’alphabet, A, B, C, D, etc.
Quand leur nombre a été trop grand, on a ajouté l’alphabet grec, puis l’alphabet hébreu. Fina-
lement, on leur a donné des numéros, A=O2, B= 03, etc.
Il faut noter que la plupart des onciales ont été écrites sur du papyrus, ce qui fausse un peu la
classification.

- Les minuscules, uniquement sur parchemin ou sur papier, sont simplement numérotés de
1 à 2850 environ.

- Les lectionnaires, qui contiennent des leçons lues dans les églises grecques, sont assez
nombreux (2300) mais la plupart sont tardifs et très standardisés. Ils sont sur du parchemin ou
du papier, en onciales ou en minuscules. Ils sont désignés par la lettre minuscule l avec un
numéro en exposant. Ils sont moins utilisés que les autres dans la critique textuelle.

2. Les traductions
En plus des manuscrits en grec, on possède un certain nombre de versions qui sont des traduc-
tions anciennes du NT grec. Elles apparaissent très tôt (en vieux latin, en syriaque, en copte
entre le IIe et IVe s., et en arménien autour du Ve s.). Elles sont très utiles mais comme toute
traduction, elles ne peuvent rendre parfaitement l’original grec. Elles servent plus à détermi-
ner l’histoire de l’évolution du texte que son contenu exact.

3. Les citations
Les citations du NT dans les écrits des Pères de l’Eglise ont aussi leur utilité. De très nom-
breux auteurs ont cité d’innombrables passages du NT au cours des siècles. Malheureusement,
les auteurs citent souvent le NT en y ajoutant, en paraphrasant ou en omettant des phrases,
comme cela leur convient le mieux. Ils ne cherchaient pas à citer le texte avec exactitude.
Leurs propres livres ont été sujets à des recopies et donc à des erreurs de copistes. Comme les
versions, les écrits des Pères sont plus utiles à déterminer l’histoire du texte que son contenu
exact.

Comment fonctionne la critique textuelle ?


Elle étudie de près les erreurs de scribes qui sont assez fréquentes pour le NT.
Elle recherche des principes qui permettent d’écarter les erreurs et retrouver les originaux.
Elle se fonde des évidences internes (les variantes et les erreurs dans chaque texte)
Elle se fonde sur des évidences externes (les différents manuscrits, leur ancienneté, leur répu-
tation, leur valeur).

Les erreurs de scribes


La critique textuelle repose beaucoup sur la recherche des erreurs de scribes.
Ils pouvaient commettre des erreurs de copistes avec les yeux (en lisant mal le modèle) ou
avec les oreilles (quand on leur dictait).

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- l’haplographie : écrire une lettre, une syllabe ou un mot une seule fois quand il aurait fallu
les répéter.
- la dittographie : l’inverse, c’est-à-dire répéter une lettre, une syllabe ou un mot là où il n’y
en avait qu’un.
- la métathèse : inverser la position d’une lettre ou d’un mot.
- la fusion : réunir deux mots en un seul.
- la fission : scinder un mot en deux.
- l’homophonie: substituer un homonyme à un autre.
- la confusion entre deux lettres qui se ressemblent.
- l’homoeoteleuton : omettre un passage entier.
- la lecture de lettres quiescentes.

Les principes pour corriger les erreurs (évidences internes)


Avec les années, les chercheurs ont développé un certain nombre de critères pour éliminer les
variantes qui seraient fausses. Ces critères restent subjectifs et donc peuvent être erronés.

1) La leçon la plus complexe est la plus proche de l’original, parce que les scribes avaient
tendance à simplifier les passages qui leur paraissaient compliqués.
2) La leçon la plus courte est la plus proche de l’original (sauf s’il y a omission acciden-
telle d’un passage) parce qu’un scribe peut être tenté d’ajouter des mots pour expli-
quer un verset obscur.
3) Les passages avec des mots différents sur un même événement sont les plus proches
de l’original, parce que les scribes étaient tentés d’harmoniser deux passages des
Evangiles (en faisant du copier-coller) ou une citation de l’AT dans le NT plutôt que
de laisser l’emploi de mots différents.
4) La construction grammaticale la plus rugueuse est la plus proche de l’original parce
que les scribes avaient tendance à « lisser » les expressions et les rendre plus litté-
raires.

Etude du contexte géographique, historique et littéraire des manuscrits (évidences ex-


ternes).

Prenons l’exemple de 1 Jean 2/23 :

πας ο αρνουμενος τον υιον ουδε τον πατερα εχει ο ομολογων τον υιον και τον πατερα εχει (Tischen-
dorf)
« Quiconque nie le Fils n’a pas non plus le Père; quiconque confesse le Fils a aussi le Père.»
(LSG)
« Whosoever denieth the Son, the same hath not the Father: [(but) he that acknowledgeth the
Son hath the Father also].» (KJV)
« Quiconque nie le Fils, n’a pas non plus le Père; celui qui confesse le Fils, a aussi le Père.»
(OSTV)
« Quiconque nie le Fils n’a pas non plus le Père; celui qui confesse le Fils a aussi le Père.»
(DRBY)
On remarque dans la traduction King James (basée sur le Textus Receptus) que la dernière
phrase a été rajoutée entre parenthèses, montrant qu’elle n’est pas dans l’original. Pourtant,
toutes les versions modernes l’acceptent comme originale.

Voici comment les manuscrits se divisent sur ce verset :


Ont cette phrase : o omologwn ton uion kai ton patera ecei -- "celui qui confesse le Fils a
aussi le Père " A B C P Y 5 33 206 223 323 614 623 630 1243 1505 1611 1739 1799 2138
2412 2495 vg pesh hark sa bomss arm

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N’ont pas cette phrase -- K L 049 6 38 42 69 88 97 177 181 201 216 226 319 330 356 398
424 436 440 462 479 483 489 547 582 635 642 704 876 917 920 927 999 1175 1240 1241
1248 1311 1315 1319 1424 1518? 1522 1597 1610 1738 1827 1829 1835 1845 1854 1872
1873 1874 1876 1888 1889 1891 1898 2143 2423 z boms Hilaire

Evidence interne
Notons que les deux phrases du verset en grec se terminent par les mêmes 3 mots : ton patera
ekei (a aussi le Père).
Il serait facile à un scribe de confondre les deux fins, une erreur de copiste fréquente dénom-
mée « homoioteleuton » (même fin). Le copiste, ayant copié le premier ton patera ekei pense
qu’il a fini le verset car ses yeux sautent par erreur jusqu’au second.

Evidence externe
Une majorité de manuscrits omettent cette phrase, mais ce sont pour la plupart des minuscules
(donc plus tardifs). La majorité des onciaux a la version longue (K et L sont des onciaux
tardifs, IXe s.). Cela fait un point de plus en faveur de la version longue.

Quels sont les meilleurs manuscrits ?


Pour déterminer les meilleurs manuscrits, on ne doit pas suivre forcément une règle « démo-
cratique », c’est-à-dire que le texte majoritaire n’est pas forcément le meilleur partout, ou le
manuscrit le plus ancien n’est pas le meilleur partout.

Histoire de la classification des textes depuis le 18e s.


C’est Johann Jakob Griesbach (1745-1812), l’exégète biblique allemand (qui a émis
l’hypothèse que l’Evangile selon Matthieu était le plus ancien des trois synoptiques), qui a
distingué 3 groupes de manuscrits qu’il étudiait : le Byzantin, de loin le plus important, puis
l’Alexandrin et l’Occidental.
Ce concept fut raffiné par le travail de Brooke Foss Westcott (1825-1901) et Fenton John
Anthony Hort (1828-1892). Ils divisèrent le texte Alexandrin en deux, le Neutre et
l’Alexandrin proprement dit (distinction rejetée plus tard par une majorité d’exégètes). Hort
est devenu fameux en énonçant l’idée que le texte byzantin était le plus récent. Ses arguments
étaient les suivants :
- Aucun des Pères de l’Eglise avant le IVe s. n’utilise le texte Byzantin de façon régu-
lière.
- Il n’existe aucun manuscrit Byzantin avant le Ve siècle.
- Le texte Byzantin est particulièrement limpide et aisé, comme si toute difficulté avait
été simplifiée. Cela implique un processus d’amélioration du texte au cours des
siècles.
Tous ces arguments ont des faiblesses (pointées par d’autres savants plus tard), mais ont
convaincu les biblistes de leur temps. Le texte Byzantin, bien qu’il soit majoritaire (90% des
manuscrits) a été considéré dès lors comme un produit secondaire, dérivé de textes plus an-
ciens. Il restait donc les textes Occidental et Alexandrin.

Cela complique le travail de critique textuelle, car la généalogie de ces textes est multiple.
Avec les découvertes plus récentes de papyri et d’onciales très anciennes, nous connaissance
des versions a évolué. Un nouveau texte-type appelé Césaréen a été proposé, bien qu’il soit
discuté par certains.

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Le nombre immense de manuscrits nous permet de retrouver à coup sûr 99% du texte original.
Il existe néanmoins de nombreuses petites variantes entre les manuscrits, et un débat sur la
pureté de telle ou telle famille de manuscrits est toujours en vigueur. Mais je précise-
qu’aucune de ces variantes ne modifie le contenu doctrinal du N.T.. Elles ne portent que sur
des détails.
Les théologiens modernes Dockery, Matthews et Sloan ont écrit dans leur étude Foundation
For Biblical Interpretation que
« pour la majorité du texte biblique, une seule interprétation nous a été transmise. En élimi-
nant les erreurs de scribes et les changements intentionnels, les variantes ne laissent qu’un
tout petit pourcentage de doute sur le texte. » (Broadman & Holman Publishers, Nashville,
1994, p.176)

Les familles de manuscrits

Le fait de comparer des copies et de refaire un texte plus juste à partir de ces copies remonte
aux premiers temps du christianisme. C'est ainsi que l'on a retrouvé plusieurs "familles" ou
"manuscrits de référence" du N.T. :

Le texte Alexandrien repose sur 4 manuscrits :


Le Codex Sinaiticus ( ([aleph](/01, 4e siècle), le Codex Vaticanus (B03, 4e siècle), le Codex
Alexandrinus (5e siècle), le Codex Ephraimi (5e siècle). Mais ces manuscrits révèlent en fait
qu’ils contiennent une « mixture » de différents types, que ce soit Alexandrien, Occidental ou
Byzantin.

Les biblistes Westcott et Hort (1881), qui l’appelaient le Texte Neutre, pensaient que le Texte
Alexandrien était le plus pur et le plus proche de l'original. Ils ont été contestés depuis.

- le texte dit Byzantin (4e s.) fut adopté à Constantinople et utilisé dans tout l’Empire Byzan-
tin. Il est aussi appelé « texte majoritaire » parce que les manuscrits grecs qui le contiennent
sont les plus nombreux. Erasme (1466-1536), qui fut à l’origine du premier texte grec impri-
mé du N.T., l’a utilisé. C’est sur le texte byzantin qu’a été formé "le Texte Reçu", utilisé par
les Réformateurs protestants (puis pour la King James Version).

- le texte Occidental est lié à l’Afrique du Nord. Il n’est représenté que par un manuscrit, le
Codex de Bezae (D/05, Onciales, Ve ou VIe s.). Il a subi des corruptions. On les retrouve
dans la version Syriaque, dans les anciennes versions latines et dans les Pères del’Eglise. Il est
aussi présent dans les écrits d’Irénée (125-202) et Tertullien (155-220).

- le texte Césaréen était utilisé à Césarée et dérive en partie du texte alexandrinien mais avec-
des corruptions. Le plus connu est le Codex de Washington (5e siècle).

Le Texte Reçu
Un intéressant débat existe au sujet du texte grec. Deux textes grecs sont utilisés par les tra-
ducteurs, l'Alexandrien (soutenu par Wescott et Hort) et le Texte Reçu.
Sir Frederick Kenyon, conclut ainsi les débats entre partisans du Texte Reçu et des Textes
minoritaires : "Nous devons croire, en fait, qu'Il ne permettrait pas que Sa Parole soit sérieu-
sement corrompue, ni qu'aucune partie nécessaire au salut de l'homme ne soit perdue ou
obscurcie; car les différences entre les formes rivales de texte ne concernent pas la doctrine.
Aucun point fondamental de doctrine ne repose sur une lecture contestée, et les grandes
vérités du Christianisme sont aussi présentes dans le texte de Westcott et Hort que dans celui

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de Robert Estienne." (Handbook of the Textual Criticism of the New Testament London:
Macmillan and Co., 1901, p.271).

Historique du Texte Reçu


Il a été appelé ainsi par les deux frères Elzévir qui l'ont publié à Leiden en 1624. En préface
de leur texte, ils écrivirent : "Vous avez là le texte maintenant reçu par tous, que nous trans-
mettons sans rien omettre ni corrompre." En fait, ils transmettaient là une révision du manus-
crit grec de Robert Estienne, le fameux imprimeur protestant du roi François 1er.
Pour réaliser cette révision, les frères Elzévir se sont servis d'un autre texte, celui de Théodore
de Bèze, le successeur de Calvin à Genève. Robert Estienne, lui, s'était basé sur deux textes
grecs du N.T., celui d'Erasme, le savant hollandais, et sur la Polyglotte de Complutum. La
polyglotte fut réalisée par des catholiques espagnols d'Alcalà de Henares (anciennement ville
romaine de Complutum).
Terminé en 1517, ce texte grec du N.T. avait été réalisé grâce à l'aide du pape Léon X qui
avait fourni les manuscrits les plus anciens et les moins erronés. Erasme publia en 1516 à
Bâle son texte grec du NT. Il se basa sur cinq ou six manuscrits, dont le plus ancien datait du
XIIe siècle, et qui se trouvaient à l'université de Bâle.
Les traducteurs ont l'honnêteté et l'humilité d'avouer qu'ils ont fait ce qu'ils ont pu. Ainsi,
Olivétan, en préface de sa traduction :
"Car Jésus... m'a donné cette charge et cette commission de tirer et déployer icelui thrésor
hors des armoires et coffres hébraïques et grecs, pour après l'avoir entassé et empaqueté en
bougettes [boîtes] françaises le plus convenablement que je pourrai, en faire un présent à toi,
ô pauvre église, à qui rien l'on ne présente." (Histoire de la Bible Française, D. Lortsch,
p.110)
Plus tard, on a retrouvé des manuscrits plus anciens que les protestants n'avaient pas en leur
possession. Le plus fameux est le Codex Sinaiticus découvert par Tischendorf en 1859 au
monastère Sainte Catherine. Des savants comme Griesbach ou Bengel les ont étudiés et utili-
sés pour réviser les traductions existantes. Ils sont partis du principe que les manuscrits les
plus anciens sont les moins corrompus.
Plusieurs arguments nous laissent des doutes au sujet de la plus grande pureté des codex
Sinaiticus et Vaticanus :
1) Un manuscrit plus ancien n’est pas forcément meilleur qu’un plus récent, s’il est la copie
d’une copie corrompue.
2) On a découvert que Sinaiticus et Vaticanus avaient subi des corrections par d’autres scribes
tardifs (VIe et VIIe siècle), dans le sens du Texte Byzantin. William Burgon, spécialiste du
N.T. et défenseur du Texte Byzantin écrit en 1883 :
« L’impureté du texte de ces codex n’est pas une question d’opinion mais un fait… Dans les
Evangiles seulement, le Codex B (Vaticanus) omet des mots et des clauses entières pas moins
de 1491 fois. Il porte les traces d’une transcription peu soigneuse à chaque page. Le Codex
Sinaiticus abonde en erreurs de copie et en ratures à un degré rarement vu dans les docu-
ments anciens de cette importance. Souvent, il omet 10, 20, ou 30 mots à la suite. Des lettres
et des mots, parfois des phrases entières, sont réécrits deux fois ou sont commencés et immé-
diatement rayés. »

Conclusion sur le meilleur texte


Aujourd’hui, il existe deux textes de référence pour le Grec du Nouveau Testament : le Textus
Receptus (origine Erasme puis frères Elzévirs) et le texte de Nestle-Aland.

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En français, le Textus Receptus est présent dans la Bible Segond Esaïe 55, dans la Segond de
la Trinitarian Society, et dans l’Osterwald et la Martin. La NEG (Nouvelle Edition de Ge-
nève) utilise le Nestle-Aland.
Les deux ont leurs ardents défenseurs, mais la plupart des chercheurs contemporains favori-
sent aujourd’hui une troisième voie, l’éclectisme :
« Insatisfaits des résultats donnés par les évidences externes, les savants ont trouvé une autre
méthode pour déterminer la meilleure leçon de chaque variante. On l’appelle la méthode
éclectique ou éclectique raisonnée. Cela veut simplement dire que le texte original du NT doit
être trouvé variante par variante, utilisant tous les critères de jugement sans privilégier tel ou
tel manuscrit ou texte-type. » (Bruce Metzger, A General Introduction to the Bible, p. 462).
Sir Frederick Kenyon, conclut ainsi les débats entre partisans du Texte Reçu et des Textes
minoritaires :
"Nous devons croire, en fait, qu'Il ne permettrait pas que Sa Parole soit sérieusement cor-
rompue, ni qu'aucune partie nécessaire au salut de l'homme ne soit perdue ou obscurcie; car
les différences entre les formes rivales de texte ne concernent pas la doctrine. Aucun point
fondamental de doctrine ne repose sur une lecture contestée, et les grandes vérités du Chris-
tianisme sont aussi présentes dans le texte de Westcott et Hort que dans celuide Robert Es-
tienne." (Sir Frederick Kenyon, Handbook of the Textual Criticism of the New Testament,
Londres, Macmillan and Co., 1901, p.271).

Si notre Dieu n’avait voulu qu’un seul manuscrit parfait, il aurait permis qu’on retrouve les
originaux, mais dans sa sagesse infiniment variée, Il a préféré que l’on retrouve des milliers
de copies. Pourquoi ? Une réponse possible est que :
1) Cela évite l’idolâtrie d’un morceau de papier ;
2) Cela évite que la corruption ou la destruction de ce texte unique laisse les chrétiens
dans le désarroi
3) Cela permet aux chrétiens de corriger toutes les erreurs de copistes (inévitables) en
comparant tous les manuscrits disponibles. Satan ne peut pas corrompre et falsifier
5600 manuscrits provenant de toutes sortes de lieux !

Travail à faire
- Faire une fiche sur le Codex Vaticanus et le Codex Alexandrinus (date, découverte, lieu, contenu)
- Pourquoi le Codex Sinaiticus est-il de mauvaise qualité ?
- Appliquez les principes de critique textuelle à Romains 8/1 (plus long dans le Texte Reçu). Quelle
conclusion en tirez-vous ?

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Exercice pratique de groupe
Retrouver un texte biblique original à partir de copies erronées

Les variantes principales à la lumière de la critique textuelle


Plusieurs passages bibliques sont absents de certains manuscrits et présents dans d’autres. Ils
ne changent pas fondamentalement l’enseignement de la Bible, mais ils méritent qu’on
s’attarde sur leur présence.

Marc 16/9-20
La fin de l’Evangile de Marc est probablement la plus grosse difficulté textuelle du NT.
Certains manuscrits s’arrêtent au v.8, ce qui paraît abrupt. En même temps, les linguistes sont
tous d’accord pour dire que les v. 9-20 sont d’une autre main que Marc car le style est très
différent (17 mots nouveaux jamais utilisés par Marc). De plus, le v.16 prête à confusion en
laissant penser que le baptême est nécessaire au salut.

Evidences externes :
- Cette fin est absente des plus vieux manuscrit grecs (Sinaiticus, Vaticanus) mais avec un
espace blanc laissé volontairement après le v.8.
- Présente dans l’Alexandrinus, Ephraemi, Bezae, Washington. Elle est donc attestée par un
certain nombre de manuscrits anciens.
- Certains pères ne la connaissent pas (Clément, Origène, Eusèbe). Jérôme (4e s. traducteur de
la Bible) affirme que « presque toutes les copies en grec n’ont pas cette portion finale ».
- Mais elle apparaît dans Irénée (140-202) qui cite Marc 16/19 dans son livre « Contre les
hérésies » (Livre 3, chap.10, §5), Justin Martyr (Apologie 1/45, vers 148), et Tatien (Diatessa-
ron, vers 170). Elle est donc ancienne.
- Plusieurs onciales ont une autre fin : « Mais elles firent aux compagnons de Pierre un bref
récit de tout ce qui leur avait été annoncé. Ensuite, Jésus lui-même fit porter par eux, de
l’Orient à l’Occident, le message sacré et incorruptible du salut éternel. »
Cette autre fin est encore moins de Marc, mais révèle qu’un scribe avait voulu ajouter une fin
après le v.8 qui lui paraissait manquer.
Le bibliste David Roper propose 4 possibilités :
1- Marc a terminé son Evangile au v.8.
2- La vraie fin de Marc fut perdue et des scribes ou un apôtre (certains suggèrent Jean) l’ont
remplacé.
3- L’autre fin présente dans certains manuscrits en minuscules est la vraie fin de Marc. Aucun
bibliste sérieux n’y croit.
4- Marc 16/9-20 est bien le texte final de Marc.

Nous considérons que les v.9-20 sont à leur place dans la Bible et ne doivent pas être retirés.

Luc 11/2
Texte Reçu : « Et il leur dit: Quand vous priez, dites: Notre Père qui es aux cieux, ton nom
soit sanctifié. Ton règne vienne. Ta volonté sait faite sur la terre comme au ciel. »
Texte minoritaire « Il leur dit: Quand vous priez, dites: Père! Que ton nom soit sanctifié; que
ton règne vienne.»

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La variante la plus longue est probablement à écarter selon les principes de critique textuelle,
mais aussi parce qu’un scribe a sans doute voulu harmoniser ce passage avec la prière selon
Jésus en Matthieu 6/9.

Jean 7/53-8/11
La femme adultère.
Evidences internes et externes :
- Ce passage n’apparaît pas dans les manuscrits les plus anciens (Sinaiticus, Vaticanus,
P66 , P75, etc.).
- Les versions en syriaque et la Peshitta l’omettent toujours.
- Aucun auteur grec ne commente ce passage avant le 12e siècle.
- Il est absent du Diatessaron (harmonie des 4 évangiles du IIe s.).
- Le plus ancien manuscrit grec à l’avoir est le Codex de Bèze (5e-6e s.).
- Certains manuscrits ont ce passage placé ailleurs (après Jn 7/36, après 21/24, après
Luc 21/38).
- De nombreux manuscrits qui le possèdent le précèdent d’un obelus (÷) pour indiquer
qu’il est douteux.

En faveur de ce passage, ce récit correspond bien au caractère de Jésus, le génie de ses ré-
ponses, son message de grâce et non de condamnation.
Augustin écrit que ce passage aurait été retiré des manuscrits afin de ne pas laisser aux
femmes un texte qui les protègent en cas d’adultère (De adulterinis conjugiis, II, §7).

Nous ne voyons pas d’inconvénients à garder ce passage même s’il est douteux.

Actes 8/37
« Philippe dit: Si tu crois de tout ton coeur, cela est possible. L’eunuque répondit: Je crois que
Jésus-Christ est le Fils de Dieu. »

Ce verset apparaît au plus tôt à la fin du 6e s. dans le Codex Laudianus (E²).


Mais Irénée y fait clairement allusion au 2e s. (Contre les Hérésies, Livre 3, 12 §8).
Il est absent des manuscrits les plus anciens (p45 p74 S A B C P).
C’est Erasme qui l’a ajouté à son texte (alors qu’il n’était noté qu’en marge) qui deviendra le
Texte Reçu.

1Jean 5/7-8
Texte Reçu : « Car il y en a trois qui rendent témoignage dans le ciel: le Père, la Parole et le
Saint-Esprit, et ces trois-là sont un. Et il y en a trois qui rendent témoignage sur la terre:
l’Esprit, l’eau et le sang, et ces trois se rapportent à un. »
Texte Minoritaire : « Car il y en a trois qui rendent témoignage: l’Esprit, l’eau et le sang, et
les trois sont d’accord.»
Le Texte Reçu affirme clairement la trinité. Est-il pour autant plus juste ?

Evidences externes :
- La variante plus longue ne se trouve que dans des exemplaires de la Vulgate (version latine
de la Bible réalisée par Jérôme au IVe s.). Elle n’est présente dans aucun manuscrit ancien.
Comment cette variante est arrivée dans le texte reçu, alors ?
Dans les deux premières éditions de son texte grec du NT, Erasme ne l’a pas retenue. Interro-
gé à ce sujet, il lança le défi que si on produisait un seul manuscrit grec avec cette variante il
l’introduirait dans sa nouvelle édition. Or, un manuscrit grec en minuscules du 16e s. (prove-

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nant du franciscain Froy) fut déniché avec cette variante et Erasme dut l’ajouter dans son
édition de 1522. Elle y est restée.

Evidences internes :
- La question de la trinité et de la divinité de Jésus Christ n’était pas le problème au temps de
Jésus. C’est seulement au 4e s. avec l’évêque Arius que le problème sera soulevé. Jean devait
faire face à des gnostiques (comme le fameux Cérinthe) qui croyaient au docétisme, une idée
orientale disant que le Christ est venu sur Jésus à son baptême et l’a quitté juste avant la
crucifixion. Pour eux, Jésus n’est pas le Christ, mais un outil utilisé momentanément par le
Christ (comme on le dit aujourd’hui pour Bouddha et Mahomet). C’est pourquoi Jean écrit
que les antéchrists niaient que Jésus est le Christ (1Jean 2/22).
Ce passage de 1Jean 5/7-8 peut signifier que Jésus est le Christ par le témoignage du St Esprit
à son baptême (l’eau) et jusqu’à la crucifixion (le sang). Le témoignage du Père, de la Parole
et du St Esprit n’ajoutent rien dans ce cas.
Une autre interprétation (que nous favorisons) prend l'eau et le sang comme la preuve que
Jésus était bien humain (et non une apparence humaine comme l'enseignaient les gnostiques),
et qu'il est bien mort (l'eau et le sang sortant du côté révèle un arrêt total du cœur).

Ce passage étant invalidé par 4 principes de critique textuelle est vraiment douteux.

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7. La traduction
La traduction est un élément essentiel de la communication de Dieu avec l'humanité. On dit
que toute traduction est une trahison. La Bible est néanmoins le livre le plus accessible au
monde.
L’intervention de Dieu dans la traduction de la Bible est visible. En 2006, le texte biblique
était disponible en 2426 langues selon le rapport de United Bible Societies. 25,7 millions de
bibles et 13,7 millions de N.T. ont été distribuées dans le monde en 2006. Des hommes et des
femmes donnent leur vie chaque année pour traduire et apporter la Bible aux tribus les plus
reculées du monde. La Bible n’est pas un livre du passé mais toujours présent et renouvelé.
Ce phénomène est tout à fait unique dans l'histoire de l'humanité.
Malheureusement, l'église de Rome a, pendant des siècles, interdit la traduction et la diffusion
de la Bible en langue vernaculaire. En voici quelques dates :
1229 Concile de Toulouse interdit aux laïcs de posséder la Bible en langue vulgaire. Les
colporteurs risquent leur vie pour apporter la Bible en langue vulgaire.
1546 le Concile de Trente interdit de posséder une Bible sans l’autorisation du clergé.
1816 pape Pie VII condamne la distribution des Ecritures au peuple.
1825 pape Léon XII exige que l’interdiction du Concile de Trente concernant la distribution
des Ecritures soit réinstallée.
1829 pape Pie VIII condamne les Sociétés Bibliques et la distribution des Ecritures.
1845 pape Grégoire XVI idem.
1864 pape Pie IX idem.
1897 pape Léon XIII idem.
La première édition de la Bible de Jérusalem (traduction française moderne de l'hébreu et du
grec) date seulement de 1955 !

Les différentes traductions françaises


Ma Bible est une traduction. Il existe plusieurs traductions françaises dont le texte est
fiable :
* la Bible de Jérusalem, utilisée par les catholiques. Attention, elle contient les livres
apocryphes de l’A.T. et des notes qui défendent les dogmes catholiques. Elle n’a pas
Actes 8/37.
* la Traduction Oecuménique de la Bible (TOB 1975), réalisée par des traducteurs
protestants et catholiques. La version catholique contient les livres apocryphes de
l'A.T. mais pas la version protestante.
* la traduction de Louis Segond (1901) utilisée par les protestants.
* Les protestants ont d’autres traductions : Synodale, Martin, Darby, Osterwald, Fran-
çais Courant, Semeur, Nouvelle Bible Segond, etc.
* La traduction d'André Chouraqui, qui se veut au plus près du texte hébreu, au risque
d'être parfois obscure.

Versions moins fiables :


* La traduction du Rabbinat, traduction officielle du Tanach par le Rabbinat français.
Même les rabbins pensent qu’elle est mauvaise ! On notera surtout Esaïe 53 :8 où elle
donne « frappé pour les péchés des peuples » et non « de mon peuple ».
* La traduction Bayard, conduite par des linguistes chrétiens mais rédigée par des
écrivains dans un but littéraire prend un certain nombre de libertés avec la Parole de
Dieu. Le littéraire prend le pas sur le spirituel.
* La Traduction du Monde Nouveau, utilisée par les Témoins de Jéhovah uniquement,
n’est pas la Sainte Bible pour plusieurs raisons :
- Elle a été traduite de l’anglais et non des originaux hébreux et grecs.

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- Elle a été réalisée par un comité anonyme (dont on a finalement connu les noms) aucun
n’étant qualifié en hébreu et en grec.
- Ne pouvant être traduite depuis les langues originales, la version anglaise est certainement
inspirée d’une autre traduction anglaise comme le rapporte Julius Mantey :
« Les traducteurs [de la TMN] ont utilisé ce que J.B. Rotherham avait traduit en
1893, l’ont mis en langage plus moderne et ont modifié de nombreux passages
pour affirmer ce que les Témoins de Jéhovah croient et enseignent. » (Depth Ex-
ploration in the NT, Vantage Press, 1980).
- Elle contient des modifications volontaires et injustifiées qui altèrent le texte dans le
sens de la doctrine proposée par le collège central de la Tour de Garde.
- Ses modifications concernent des sujets essentiels comme la divinité de Christ ;
l’éternité de Christ ; le châtiment éternel.

Les auteurs de la TMN


Ils sont anonymes en théorie (non par humilité comme ils le disent mais pour qu’on ne voit
pas qu’ils étaient incompétents en langues anciennes) mais on connaît en fait leurs noms. Bill
Cetnar, qui était au Béthel à l’époque, a révélé ces cinq noms : le Président Knorr donnait son
approbation finale, Frederick Franz, futur Président en faisait partie, ainsi que A.D.Schroeder,
G.D.Gangas et M. Henschel, tous à la tête de l’Organisation. Aucune de ces cinq personnes
n’était qualifiée en hébreu et en grec pour réaliser un tel travail.
Bien que Franz ait, sous serment, déclaré être capable de lire l’hébreu et le grec, il fut inca-
pable, lorsqu’on le pressa de le faire, de traduire de l’hébreu un passage dont les biblistes
dirent qu’il n’aurait pas présenté de difficulté pour un étudiant en deuxième année d’hébreu.
Le procès en question a eu lieu en Écosse et Franz n'était pas visé directement. Il s'agissait de
Douglas Walsh contre The Right Honourable James Latham Clyde (Novembre 1954)
Avocat (A) : M. Franz, vous êtes-vous familiarisé avec l’hébreu ?
Franz (F) : Oui.
A : Vous maîtrisez donc différentes langues?
F : Oui, je les utilise dans mon travail biblique.
A : Je pense donc que vous pouvez lire et suivre la Bible en hébreu, en grec, en latin, en espa-
gnol, en portugais, en allemand et en français ?
F : Oui.
A : Vous-mêmes, vous pouvez lire et parler l’hébreu, n’est-ce pas ?
F : Je ne parle pas l’hébreu.
A : Ah non ?
F : Non.
A : Pourriez-vous traduire cela en hébreu ?
F : Quoi donc ?
A : Ce quatrième verset du 2e chapitre de la Genèse.
F : Je n’essayerai même pas.

Les qualités déficientes de la TMN


Tous les spécialistes du grec biblique et de la traduction des Écritures disent que la Traduction
du Monde Nouveau (TMN) ne mérite pas d’être classée parmi les traductions reconnues, cela
pour deux raisons principales : l’anglais est de mauvaise qualité avec de graves erreurs de
grammaire ; elle a été modifiée injustement pour correspondre aux conceptions de la STJ.
De plus, les versions non-anglaises n’ont pas été traduites de l’hébreu et du grec mais de
l’anglais ! La TMN en Français contient cette phrase en page de garde : "traduite d'après
l'édition anglaise révisée de 1984; on s'est constamment référé aux langues d'origine, l'hébreu
l'araméen et le grec."

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L’un des plus grands spécialistes du grec biblique, Julius MANTEY a ainsi écrit : " Je n’ai
jamais lu un NT aussi mal traduit que la TMN. En fait, ce n’est pas une traduction. C’est une
distorsion du NT. " (Depth Exploration In the NT, Vantage Press, 1980).

Les méthodes de traduction de la Bible


Aujourd’hui, il existe deux méthodes de traduction : la traduction dite littérale et la traduction
par équivalence dynamique.
La première cherche à rester au plus près des mots de la langue originale ; la seconde re-
cherche à en transcrire le sens pour l’homme contemporain. La Bible de Jérusalem, de Louis
Segond, de Darby, sont plus littérales. La Bible en Français Courant et du Semeur suivent la
méthode d’équivalence dynamique.

- La force de la traduction littérale est de nous offrir dans notre langue un texte le
plus proche de l’original.
- La force de l’équivalence dynamique est d’être plus proche du parler contemporain
et donc d’interpeller plus fortement le lecteur néophyte moderne sans le repousser
avec des expressions théologiques obscures ou vieillies.

- La faiblesse de la traduction littérale est de tomber parfois dans le piège du mot à


mot qui ne rend pas forcément le vrai sens d’une phrase.
- La faiblesse de l’équivalence dynamique est qu’elle oblige à interpréter le texte et
donc à le limiter ou le modifier.

Nous préférons la traduction plus littérale, parce qu’elle me donne un texte neutre proche de
l’original. L’équivalence dynamique est plus fortement marquée par les a priori théologiques
du traducteur, ce qui est inacceptable pour une bible. De plus, par volonté de rendre le texte
accessible, la méthode d’équivalence dynamique peut l’affaiblir grandement.

Traductions méthode littérale :


LSG 1910 et NEG
LSG Colombe (révision 1978)
Darby
Synodale
Osterwald

Traductions méthode équiv. dynamique :


Bible du Semeur
Français Courant
Français Fondamental
Bayard

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Bibliographie

En français

L’histoire de la Bible, John Alexander, MB Suisse, 2e édition 1984


L’inspiration et l’autorité de la Bible, René Pache, Editions Emmaüs Suisse, 4e édition 1992
Les documents du NT : peut-on s’y fier ?, F.F. Bruce, Editions Telos France, 2 édition 1977
Pleine inspiration des Stes Ecritures, Louis Gaussen, Strasbourg, Thèse de 1867
Les manuscrits de la mer Morte, Michael Wise, Plon France, 2001
Les Evangiles Apocryphes (textes choisis), Pierre Crepon, Retz Poche Paris, 1989
Histoire de la Bible française, Daniel Lortsch, Emmaüs Suisse, 2e édition 1984
Introduction à l'Ancien Testament, Gleason Archer, Editions Emmaüs, 1978

En anglais

The origin of the Bible, Philip Comfort (4 auteurs), Editions Tyndale USA, 2e édition 2003
A general introduction to the Bible, Norman Geisler, Moody Press USA, révision 1986
The text of the New Testament, Bruce Metzger, Oxford University Press, 3e edition 1992
On the reliability of the Old Testament, Kenneth Kitchen, Eerdmans Publishing, 2003
The new evidence that demands a verdict, Josh McDowell, Thomas Nelson USA, 1999
The facts on Jehovah’s witnesses, John Ankerberg & Weldon, Harvest House Publ. USA, 1988
The Greek NT, Kurt Aland – Bruce Metzger, United Bible Societies, 3e edition 1983

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Annexe sur l’herméneutique biblique
2e Déclaration de Chicago, 13 novembre 1982

Art. I - Nous affirmons que l’autorité normative de l’Ecriture sainte est l’autorité de Dieu lui-même, attestée
par Jésus-Christ, Seigneur de l’Eglise.
Nous rejetons comme illégitime toute séparation entre l’autorité du Christ et celle de l’Ecriture, ou toute
opposition entre l’une et l’autre.

Art. II - Nous affirmons que, de même que le Christ est à la fois Dieu et homme en une seule personne,
ainsi l’Ecriture est, de manière indivisible, la Parole de Dieu en langage humain.
Nous rejetons l’idée selon laquelle le caractère humblement humain de l’Ecriture la rend sujette à l’erreur;
de même l’humanité de Jésus jusque dans son humiliation n’implique aucun péché.

Art. III - Nous affirmons que toute l’Ecriture a pour centre la personne et l’oeuvre de Jésus-Christ.
Nous rejetons comme incorrecte toute interprétation de l’Ecriture qui nie ou obscurcit le christocentrisme
de l’Ecriture.

Art. IV - Nous affirmons que le Saint-Esprit qui a inspiré l’Ecriture agit encore par elle aujourd’hui pour
susciter la foi en son message.
Nous rejetons la possibilité que le Saint-Esprit donne jamais à qui que ce soit le moindre enseignement
contraire à celui de l’Ecriture.

Art. V - Nous affirmons que le Saint-Esprit rend les croyants capables de comprendre l’Ecriture et de
l’appliquer à leur vie.
Nous rejetons l’idée que l’homme naturel ait la capacité de discerner spirituellement le message de la Bible
hors l’action du Saint-Esprit.

Art. VI - Nous affirmons que la Bible exprime la vérité de Dieu en forme de propositions, et nous déclarons
que la vérité biblique est à la fois objective et absolue. Nous précisons qu’une proposition est vraie quand
elle représente les choses telles qu’elles sont et qu’elle est fausse quand elle les dénature.
Nous rejetons, bien que l’Ecriture ait pour fonction de nous rendre sages à salut, que sa vérité puisse être
réduite à ce seul rôle; de plus, nous refusons de limiter la définition de l’erreur à la tromperie délibérée.

Art. VII - Nous affirmons que le sens d’un texte biblique est unique, défini et stable.
Nous rejetons l’idée que ce sens unique exclut la diversité des applications.

Art. VIII - Nous affirmons que la Bible contient des enseignements et des exigences qui s’appliquent à
toutes les cultures et à toutes les situations et que d’autres, selon ce que montre la Bible elle-même, ne
concernent que des situations particulières.
Nous rejetons l’idée que la distinction entre exigences universelles et exigences particulières de l’Ecriture
puisse être déterminée par les facteurs culturels ou les situations. De plus, nous nions que les exigences
universelles puissent être relativisées comme étant dues à telle culture ou à telle situation.

Art. IX - Nous affirmons que le mot « herméneutique », qui, historiquement, désigne les règles de
l’exégèse, peut être élargi et recouvrir tout ce qui participe au processus de la perception du sens de la
révélation biblique et à son impact sur notre vie.
Nous rejetons l’idée selon laquelle le message de l’Ecriture provient de, ou est dicté par, la compréhension
qu’en a son interprète. Ainsi, nous rejetons la théorie selon laquelle « l’horizon » de l’auteur biblique et celui

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de l’interprète ont à « fusionner » de telle sorte que l’interprétation puisse en fin de compte se détacher du
sens exprès de l’Ecriture.

Art. X - Nous affirmons que l’Ecriture nous communique la vérité de Dieu en expressions relevant d’une
grande variété de genres littéraires.
Nous rejetons l’idée que les limitations du langage humain rendent l’Ecriture inadéquate pour communi-
quer le message de Dieu.

Art. XI - Nous affirmons que les traductions du texte de l’Ecriture nous font connaître Dieu par-delà toutes
barrières temporelles ou culturelles.
Nous rejetons l’idée que le sens des textes bibliques est tellement lié aux contextes culturels dont ils vien-
nent qu’il est impossible de les comprendre dans le même sens dans d’autres cultures.

Art. XII - Nous affirmons que ceux qui traduisent la Bible ou l’enseignent dans le contexte de chaque
culture doivent utiliser des équivalents fidèles au contenu de l’enseignement biblique.
Nous rejetons comme illégitime toute méthode qui ne tient pas compte des exigences de la communication
entre cultures différentes ou qui tord le sens du texte biblique.

Art. XIII - Nous affirmons qu’il est essentiel pour une bonne exégèse de tenir compte du genre littéraire, de
la forme et du style des différentes parties de l’Ecriture et, pour cela, nous considérons l’étude des genres
appliqués à l’Ecriture comme une discipline légitime.
Nous rejetons la pratique des interprètes qui plaquent des genres littéraires excluant l’historicité à des récits
bibliques qui se présentent eux-mêmes comme historiques.

Art. XIV - Nous affirmons que les événements, les paroles et les discours rapportés par la Bible en des
formes littéraires variées sont conformes à des faits historiques.
Nous rejetons toute théorie selon laquelle les événements, les paroles et les discours rapportés par l’Ecriture
ont été inventés par les auteurs bibliques ou par les traditions qu’ils ont incorporées au texte.

Art. XV - Nous affirmons qu’il est nécessaire d’interpréter la Bible selon son sens littéral ou naturel. Le
sens littéral est le sens historico-grammatical, c’est-à-dire celui qu’a exprimé l’auteur. L’interprétation selon
son sens littéral tient compte de toutes les figures de style et formes littéraires du texte.
Nous rejetons comme illégitime toute approche de l’Ecriture qui attribue au texte une signification que le
sens littéral ne soutient pas.

Art. XVI - Nous affirmons que pour établir le texte exact d’un passage canonique et sa signification, les
techniques critiques légitimes doivent être utilisées.
Nous rejetons comme illégitimes les méthodes de critique biblique qui mettent en question aussi bien la
vérité ou l’intégrité de sens d’un texte, sens donné par son auteur, que tout autre enseignement de l’Ecriture.

Art. XVII - Nous affirmons l’unité, l’harmonie et la cohérence de l’Ecriture et nous croyons que celle-ci est
elle-même son meilleur interprète.
Nous rejetons l’idée selon laquelle l’Ecriture peut être interprétée de manière à suggérer qu’un passage en
corrige ou en contredit un autre. Nous rejetons l’idée selon laquelle ceux des auteurs sacrés qui se sont
référés à leurs prédécesseurs, ou les ont cités, les aient mal inteprétés.

Art. XVIII - Nous affirmons que l’interprétation que la Bible donne d’elle-même est toujours conforme au
sens[1] du texte inspiré, qu’elle ne dévie pas de ce sens, mais bien plutôt qu’elle l’éclaire. Le sens[2] des
paroles prophétiques inclut la compréhension qu’en a le prophète lui-même, mais ne s’y limite pas. Il com-
porte nécessairement l’intention de Dieu mise en évidence par leur accomplissement.

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Nous rejetons l’idée selon laquelle les auteurs de l’Ecriture comprenaient toujours les implications de leurs
propres paroles.

Art. XIX - Nous affirmons que les présupposés de l`interprète de l’Ecriture doivent être en harmonie avec
l’enseignement biblique.
Nous rejetons l’idée selon laquelle l’Ecriture devrait être accommodée aux présupposés qui lui sont étran-
gers ou qui sont incompatibles avec elle, tels le naturalisme, l’évolutionnisme, le scientisme, l’humanisme et
le relativisme.

Art. XX - Nous affirmons que, puisque Dieu est l’auteur de toute vérité, toutes les vérités, bibliques ou non
bibliques, sont cohérentes et en harmonie les unes avec les autres et que la Bible dit la vérité quand elle
touche des sujets concernant la nature, l’histoire ou tout autre chose. Nous affirmons aussi que, dans cer-
tains cas, des données extra-bibliques sont utiles pour clarifier ce qu’enseigne la Bible, et pour suggérer la
correction d’interprétations erronées.
Nous rejetons l’idée que des points de vue non-bibliques puissent réfuter la Bible ou avoir priorité sur elle.

Art. XXI - Nous affirmons l’harmonie de la révélation particulière (spéciale) et de la révélation générale et,
par conséquent, celle de l’enseignement biblique et des faits naturels.
Nous rejetons l’idée qu’aucun des faits scientifiques véritables soit en désaccord avec le sens authentique de
n’importe quel passage de l’Ecriture.

Art. XXII - Nous affirmons que Genèse 1-11 raconte des faits comme tout le reste de ce livre.
Nous rejetons la théorie selon laquelle les enseignements de Genèse 1-11 sont mythiques comme nous
rejetons l’idée que des hypothèses scientifiques sur l’histoire de la terre et l’origine de l’homme puissent être
invoquées pour renverser ce que l’Ecriture enseigne sur la création.

Art. XXIII - Nous affirmons la clarté de l’Ecriture, particulièrement de son message de salut.
Nous rejetons l’idée selon laquelle tous les passages de l’Ecriture bénéficient de la même clarté ou sont au
même degré des témoins de la doctrine de la rédemption.

Art. XXIV - Nous affirmons que le croyant peut comprendre l’Ecriture sans dépendre de la science des
spécialistes.
Nous rejetons toutefois l’idée qu’il faille ignorer l’étude technique de la Bible effectuée par les savants.

Art. XXV - Nous affirmons que le seul genre de prédication capable de communiquer la révélation divine et
ses applications est celui qui expose fidèlement le texte biblique comme Parole de Dieu.
Nous rejetons l’idée qu’on puisse annoncer un message de la part de Dieu en désaccord avec le texte de
l’Ecriture.

1 Le texte original anglais précise single, « unique », rappelant ainsi l’article VII.
2 Cf. note précédente.

Bibliologie ITBP 2015 Page 50 sur 50

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