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LA BIBLE
GRECQUE
DES SEPTANTE
DU JUDAÏSME HELLÉNISTIQUE
AU CHRISTIANISME ANCIEN
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LA BIBLE GRECQUE
DES SEPTANTE
INITIATIONS AU CHRISTIANISME ANCIEN
A paraître
LA BIBLE GRECQUE
DES SEPTANTE
Du judaïsme hellénistique
au christianisme ancien
Ouvrages d ensemble
Instruments de travail
Éditions
Traductions
r
Etudes
qui Pont utilisée, les Juifs hellénisés d ’abord, les rédacteurs du Nou
veau Testament et les chrétiens de langue grecque ensuite.
En langue française, il n ’existe sur la Septante aucun ouvrage
d ’ensemble, même si nous pouvons citer et utiliser bon nombre
d ’études particulières rem arquables, par exemple celles de D. Bar
thélémy, P.-M . Bogaert, S. Daniel, R. Le Déaut, et d'autres encore
que l’on trouvera mentionnées dans notre bibliographie.
*
* +
*
* *
Jusqu’à cette date on vivait avec l’idée un peu simple que, lorsque
la Septante s’écartait du texte hébreu plus tard fixé par les massorè-
tes (le texte massorétique), elle pouvait parfois servir de témoin d’un
texte prémassorétique (idée que les biblistes exploitaient abondam
ment pour «corriger» le texte hébreu lorsque celui-ci était incom
préhensible ou trop obscur); elle s’écartait aussi de son modèle
supposé par des « fautes» de lecture, des « interpolations», des addi
tions ou des lacunes, sinon des «contresens». On assimilait un peu
trop vite son modèle hébreu à celui que nous connaissons, le texte
massorétique. Paradoxalement le témoignage textuel de la Septante
était à la fois pris en grande considération (elle pouvait être au ser
vice d ’une reconstitution du texte hébreu) et méprisé (la Septante
n ’était souvent qu’une traduction de mauvaise qualité). Or les manus
crits de Qumrân et du désert de Juda ont permis deux découvertes
principales: l’une est que, au cours du i" siècle de notre ère, le texte
hébreu de la Bible est attesté sous des formes encore en évolution ;
certains versets de la Septante, considérés comme des ajouts inter-
polés, ont toutes chances d ’avoir authentiquement appartenu à son
modèle hébreu, plus tard modifié; l’autre, que le texte grec de la
Septante y est connu sous une forme résultant de révisions juives
antérieures à celles que nous connaissions par les Hexaples d ’Ori-
gène, et qu’il était donc lui aussi «en mouvement». Rien n’autorise
plus à comparer de façon simpliste les deux traditions textuelles: on
ne peut pas se servir de la Septante pour corriger ou améliorer le
texte massorétique sans observer des règles de prudence (elle tradui
sait un modèle hébreu largement antérieur au texte massorétique).
Rien non plus, pour la même raison, ne permet de dire que la Sep
tante «setrom pe», «commet des fautes», «ajoute» ou «retranche».
Les deux textes ont évolué, chacun dans sa propre tradition de copies
et de révisions, même s’il y eut à plusieurs moments des réadapta
tions de la version grecque à un nouvel état du texte hébreu. Les
biblistes sont en présence de deux traditions textuelles parallèles, avec
des interactions, toutes deux en constant mouvement dans les siè
cles hellénistiques et romains, avant la fixation du texte hébreu à
partir du IIe siècle de notre ère et les premières grandes éditions (chré
tiennes) de la Septante aux IVe et Ve siècles. Ces deux traditions doi
vent être prises dans leur originalité propre, sans que l’une soit
contaminée par ce que l’on apprend de l’autre. La Septante, par con
séquent, doit être étudiée pour elle-même, pour sa propre histoire.
Je placerai en troisième lieu le renouveau d ’intérêt porté aux lit
tératures peu connues, en quelque sorte marginales, et, en particu
10 LA BIBLE GRECQUE DES SEPTANTE
lier, aux œuvres juives non canoniques chez les Juifs, ce que nous
appelons d ’un terme chrétien les «écrits intertestam entaires», pour
la plupart postérieurs à la Bible canonique des Juifs (]’« Ancien Tes
tament » des chrétiens), antérieurs ou contemporains du « Nouveau
T estam ent». Éditions, traductions, com m entaires, m onographies
perm ettent depuis une trentaine d'années de mieux connaître ces
productions, ainsi que les Targums aram éens des livres bibliques.
Mieux les connaître, c’est reconnaître la productivité du judaïsme
avant ou pendant les origines chrétiennes et situer plus précisément
la Septante aux débuts de ces productions. Dans une telle perspec
tive, la Septante se révèle elle aussi comme œuvre propre à ce
judaïsme, première traduction de la Bible hébraïque, adaptée, actua
lisée, enrichie par les traits originaux de la théologie et de la foi
des Juifs de la D iaspora ou de Palestine au cours des 111eet il4siè
cles avant notre ère. La Septante n ’est plus isolée mais intégrée à
nouveau dans un très large corpus d ’œuvres juives, véhiculant des
traditions de lecture de la Bible qui entourent Féclosion du chris
tianisme.
Oserai-je, lectrice des travaux modernes des exégètes chrétiens,
ajouter ce qui me paraît être une quatrièm e raison du changement
de problém atique à l’égard de la Septante? Le temps des positions
apologétiques encore en vigueur au début du XX e siècle, faisant de
saint Paul et de tout le Nouveau Testament un commencement quasi
absolu de la pensée chrétienne, ce temps semble révolu. Les exégè
tes acceptent de m arquer la continuité entre lecture juive et lecture
chrétienne de la Bible, d ’abandonner les perspectives qui voient une
coupure radicale entre Ancien et Nouveau Testam ent, de dénon
cer l’antijudaïsm e de certaines positions, de voir en la foi juive
l’authentique matrice de la foi chrétienne. L ’abandon d ’une lec
ture apologétique du Nouveau Testam ent et sa mise en situation
au sein d ’écrits juifs ont pour conséquence le respect de la Septante
au titre de « réception » de la révélation divine, ayant une valeur
« au th en tiq u e» , aux sens que peut prendre cet adjectif en histoire
et en théologie.
*
* +
L ’objet du présent manuel est donc de faire le point sur les résul
tats récemment acquis en ces divers dom aines: l’histoire de la
AVANT-PROPOS 11
M arguerite H arl,
juin 1987.
Il existe une bibliographie des études sur la Septante qui relève les ouvra
ges et articles pu bliés avant 1969. Nous renvoyons à cet ouvrage sous le
sigle BFJ:
— S. P . B r o c k , C. T . F r i t s c h , S. J e l lic o e , A Classified Bibliography
o f the Septuagint, Leyde, 1973.
Le bulletin de Vinternational O rganization f o r Septuagint and Cognate
Studies (IOSCS) donne des inform ations sur des travaux récents ou en
cours. Notre sigle pour ce bulletin sera: BfO SCS (annuel, depuis 1968).
Depuis le n° 19, 1986, l’éditeur est Melvin K. H, Peters, Duke University,
Durham, North California 27706, USA.
Les listes ci-dessous signalent les ouvrages, recueils et articles de portée
générale qui, cités plusieurs fois dans notre ouvrage, le seront de façon
abrégée: on trouvera ici, entre parenthèses, Γabréviation utilisée. Les ouvra
ges et recueils ont une abréviation en italiqu es; les articles ont une abré
viation entre guillemets, suivie de points de suspension.
La bibliographie I réunit les ouvrages portant de façon spécifique sur
la Septante. Trois d ’entre eux sont des Introductions générales à la Sep
tan te: H . B. SWETE (1902, rév. 1914, réimpr. 1968), S. JELLICOE (1968)
et N. F e r n a n d e z M a r c o s (1979).
La bibliographie II donne quelques études sur l’histoire du judaïsme à
l'époque de la Septante.
Les bibliographies particulières sont données dans les chapitres (p. ex. :
Manuscrits et éditions, p. 130, 133, 135, 200; Instruments de travail sur
la syntaxe et le lexique, p. 235-236 et 241-243),
L 'index des auteurs m odernes, situé à la fin de notre ouvrage, p. 353,
rassemble les noms de tous les auteurs des ouvrages et articles, qu’ils soient
cités ci-dessous ou q u ’ils se trouvent dans nos chapitres. La première réfé
rence donnée dans cet index renvoie à la page où le titre est donné de façon
com plète.
16 LA BIBLE GRECQUE DES SEPTANTE
Bibliographie I. La Septante
Autres abréviations:
1. La transcription des mois grecs. Les mots grecs sont transcrits selon
le système adopté par E. B e n v e n i s t e , avec l’indication des voyelles lon
gues o et ê (elles sont surmontées d ’un trait horizontal) et des accents
(aigu, grave, circonflexe). Le iota souscrit est adscrit. L’esprit rude est écrit
«h». Le rho initial est transcrit «rh» mais, à l’intérieur d ’un mot com
posé — du type surréo — il est simplement transcrit «r». L’esprit doux
sur toute voyelle initiale n’est pas transcrit. Ce système permet au lecteur
de rétablir intégralement l’écriture du mot en caractères grecs.
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L e sAfivo quiescent n 'est p a s transcrit.
V 1
ABRÉVIATIONS DES LIVRES BIBLIQUES
L’HISTOIRE DE LA SEPTANTE
DANS LE JUDAÏSME ANTIQUE
C H A PITR E I
IL L’IM M IG RA TIO N JU IV E
Æ A v a n t le s P to lé m é e s
B . S o u s les P to lé m é e s
Ier siècle de notre ère, Philon (Contre Flaccus, 55) indique q u ’il
existe « deux quartiers juifs», mais que des Juifs habitent aussi dans
les autres quartiers.
Combien sont-ils ? Philon { ib id ., 43) parle de un million de Juifs
habitant en Égypte. Ce chiffre paraît exagéré aux historiens, qui
retiennent plutôt le chiffre de 200 000, dont la moitié à Alexandrie.
Dès le IIIe siècle, les Juifs d ’Égypte ont composé, en grec, des
ouvrages littéraires appartenant à la littérature sacrée (la LXX) ou
à l’histoire (Démétrios le Chronographe). Par la suite, ils ne négli
geront aucun des grands genres littéraires grecs : philosophie (Aris-
tobule, Philon), poésie (l’auteur de la Troisième Sibylle), tragédies,
romans.
A . L e s m a is o n s d e p r iè r e
B . R e la tio n s a v e c la P a le s tin e
Dans l’ensemble, les Juifs d ’Egypte sont restés centrés sur Jéru
salem leur «m étropole» (Philon, ContreFlaccus, 46), et cela même
après la conquête de la Palestine par les Séleucides. Ils n ’ont cessé
de faire parvenir à Jérusalem les taxes dues au Temple, ainsi que
des offrandes, et d ’entreprendre les pèlerinages prescrits à Jérusa
lem. Seuls les Juifs de LéontopoJis paraissent avoir rom pu les liens
avec Jérusalem. Les plus fortunés des Juifs ont fait effectuer des
embellissements dans le Temple. En fondant un temple, Onias IV
est allé contre la loi deutéronom ienne sur l’unité du sanctuaire et
a créé un nouveau centre religieux du judaïsm e. Toutefois il n ’a
pas instauré un schisme (voir p. 78-79).
De leur côté, les Juifs de Palestine se sont attachés à renforcer
leurs liens avec l’Égypte, en s’efforçant d'associer la diaspora aux
nouvelles fêtes de la Dédicace et des Sorts.
Ainsi les Juifs de la diaspora égyptienne ont su vivre leur judéité
au sein de la société grecque. 11 y a cependant eu quelques cas
d ’apostasie: ainsi Dositheos, au IIIe siècle avant notre ère, devint
prêtre éponyme d ’Alexandre et des Ptolémées divinisés.
C. Les prosélytes
B ib lio g ra p h ie . E. J. BlCKERMAN, « Ein jüdischer Festbrief vom Jahre 124 v.C hr.»,
Z N T W 32, 1933, p. 233-254 (,= Studies, II, p. 136-158). — J. MÉLÈZE, «Splen
deurs.,.», p. 33-36. — A . P e l l e t ie r , Lettre d’Aristée, p. 74-75. — E. S c h ü r e r rév.,
p. 138-149, 150*176.
A . L e p s e u d o - A r is té e
(p r e m iè r e m o itié d u il* siè c le a v a n t n o tr e ère ?)
1. L ’identification de l'auteur
2. La datation de la lettre
3. L'interprétation de la lettre
On voit bien que Platon a suivi notre Loi, et Ton voit aussi q u ’il
en a scruté les moindres détails. Ont été traduits par d ’autres en effet,
avant Dém étrios de Phalère, donc avant la conquête d ’Alexandre et
des Perses: la sortie d ’Égypte des Hébreux nos com pagnons, le récit
glorieux de toutes leurs prouesses (tön gegon óton ), leur mainmise
sur tout le pays et l’explication additionnelle de la Loi tout entière;
ainsi il est clair que le philosophe en question y a pris beaucoup, vu
sa grande érudition, tout com m e Pythagore transposa beaucoup de
nos dogmes et les fit passer dans sa doctrine* Or, toute la traduction
de l’ensemble de la Loi s’est faite sous le roi du nom de Philadelphe,
ton ancêtre, qui s’en fit un point d ’honneur, quand Démétrios de Pha
lère eut pris l’affaire en main. (Trad. E. des Places dans son édition
d ’Eusèbe, Préparation évangélique. Livres X II et XIII, Paris, SC 307,
1983.)
BibliogTM phie. G . DORIVAL, «La Bible des Septante chez les auteurs païens
(jusqu’au pscudo-Longin)», Cahiers Je Biblia patrística 1, Strasbourg, 1987, p. 9-26.
— F. D o r NSEIFF, Echtheits/ragen antik-griechischer Literatur, Berlin, 1939. —
D . W . G o o d i n g , « Aristeas and Septuagint O rigins«, V T 13, 1963, p. 357-379, —
S. J e l l ic o e , The Septuagint, p. 51. — H . G . M e e c HAM, The Letter o f Aristeas, Man
chester, 1935, p, 201. — A. PELLETIER, Lettre d'Aristée, p. 118-120, — PSEUDO’
P h o c y l id e , éd. et trad. P. D e r r o n , Paris, 1986, p. XLIH-XLV, LXI11. — R . J. H.
SHUTT, «Notes on the Letter of Aristeas>»> BIO SC S 10, 1977, p. 22-30. — V. T c h e -
R1KOVER, «The Ideology of the Letter or Aristeas», H T R 51, 1958, p. 59-85. —
H . St J. THACKERAY, The Letter o f Aristeas, Londres, 1917. — E. WILL,
C . O r r i e u X, p. 83-93. — G. ZUNTZ, «Aristeas Studies, 11», JS S 4, 1959,
p. 109-126.
.
A Où?
B. Q uand?
C. Par qui ?
D. C o m m en t?
! 10 de notre ère, le site du Phare, ainsi que les logements des tra
ducteurs. Il paraît donc sûr que, au IIe siècle, il y avait, au Phare
d'Alexandrie, une sorte de monument historique mis en rapport
avec les traducteurs.
B ib lio g ra p h ie . D . B A R T H É L É M Y , « P o u r q u o i la T o r a h . . . » .
4. Quels caractères ?
IV. PO U RQ U O I LA TR A D U C TIO N ?
A . L'explication de ΓA ntiquité
pas q u ’il ait existé à Alexandrie une lecture continue (lectio conti
nua) de la Loi, complétée par des haphtarot prophétiques. Mais,
en 1984, dans un article où il reprend sur nouveaux frais la ques
tion de la lecture de la Bible dans la diaspora, il établit ceci : on
ne sait rien de la pratique du IIIe siècle; à l’époque de Philon, la
liturgie consiste en la lecture d ’une section de la Torah, suivie d ’un
commentaire; il n ’y a pas de lecture des Prophètes, il n ’y a pas
de haphtarot; enfin il n ’y a aucune preuve, même à l’époque de
Philon, qu'il ait existé un cycle de lecture complet de la T orah;
il est plus probable q u ’on lisait des passages choisis, comme on
devait le faire dans la liturgie chrétienne ancienne. On ne peut retenir
l’opinion de J. Mélèze, qui suggère que la présence d ’une barre pen
chée à droite en marge du papyrus Fouad 266, en face du début
du chapitre 21 du Deutéronome, atteste un cycle triennal : cet indice
est trop ténu. Sur l’absence de lectures tirées des Prophètes, il est
possible d ’ajouter un argument nouveau: si vraiment la liturgie
alexandrine du i i i c siècle avait associé les Prophètes à la Loi, il
aurait fallu que les traducteurs traduisissent en même temps la Loi
et les Prophètes. Or il est sûr que la Loi a été traduite avant les
Prophètes.
Ainsi l’absence probable de lecture continue de la Torah au
IIIe siècle est un argument pour affirmer q u ’il n ’y avait pas alors
de nécessité liturgique d ’une traduction complète de la Torah en
grec. Il aurait suffi de quelques traductions partielles, improvisées
par les interprètes dans les proseuques.
3. Objections
1. De E. Bickerman à D. Barthélémy
«La règle de droit dans Γ Égypte ptolémaïque. État des questions et perspective de
recherches »>, Essays in Honor o f C. B. Welles, N ew Haven, 1966, p. 125-173; Splen
deurs; «D roit et justice dans le monde hellénistique au ill· siècle avant notre ère: expé
rience lagide», Mélanges G. A. Petropoulos, 1, Athènes, 1984, p, 55-77; «LivTes sacrés...»».
— J . R e a , The Oxyrhynchus Papyri, XLVI, Londres, 1978. — L. R o s t , «V erm u
tungen über den Anlass zur griechischen Uebersetzung der Tora», H . J. STOEBE,
iVori-Gebot-Glauhe, Zurich, 1970, p* 39-44, — B, H . S T R IC K E R * De BrieJ van Ans-
teas. De hellinistisehe codificatics der praehelleense' Codsdiensten, Amsterdam, 1956. —
CPJ 1. 1956.
4. Conclusion
A . En Égypte
B. En Palestine
A cette époque, la Loi était lue en Palestine dans trois cercles dif
férents. D ’abord, la communauté juive. Dans son ouvrage Sur les
rois de Juda, l’historien juif Eupolème (voir p. 90) a recours à la
terminologie cultuelle de P Exode, par exemple à Γ expression «tente
du témoignage» pour désigner le tabernacle. La figure d ’Artapan
reste énigmatique: était-il juif? C ’est seulement probable. A-t-il
vécu vers 150? Peut-être. Ce qui est certain» c’est que cet histo
rien, auteur d ’un ouvrage Sur les Juifs dont Eusèbe de Césarée a
conservé trois fragments, utilise, pour raconter l’histoire de Moïse,
des expressions empruntées au livre grec de P Exode.
A Qumrân, plusieurs manuscrits de la Torah traduite en grec ont
été retrouvés. Les plus anciens de ces documents datent sans doute
des années — 200 ou, au plus tard, — 150. D’autres sont plus récents,
de la fin du Ier siècle avant notre ère ou du début de notre ère (voir
p. 132). Qumrân atteste donc une diffusion de la LXX dont la durée
est comparable à celle de l'établissement essénien lui-même.
Enfin, les Samaritains. En Préparation évangélique IX, 17-18,
Eusèbe de Césarée cite deux fragments q u ’il emprunte à Alexan
dre Polyhistor, Le premier est attribué à Eupolème, le second est
anonyme. Le caractère syncrétiste du premier fragment, qui iden
tifie certains héros de la mythologie grecque à certains patriarches,
et surtout le fait que le m ont Garizim soit qualifié de «m ont du
Très-Haut » interdisent de conserver l’attribution à l’historien juif
Eupolème. L’auteur est nécessairement un Samaritain de langue
grecque, qu*on désigne sous le nom de pseudo-Eupolème. A cet
auteur revient sans doute le second fragment anonyme, pour des
raisons de critique interne. Le pseudo-Eupolème paraît avoir écrit
vers — 150, en Palestine plutôt q u ’en Égypte. Il a eu recours à la
LXX du Pentateuque, comme le montre l’orthographe des noms
propres qu’il cite.
C. A illeurs?
L’ACHÈVEMENT DE LA SEPTANTE
DANS LE JUDAÏSME.
DE LA FAVEUR AU REJET
L L ’ACHÈVEMENT DE LA SEPTANTE
Tous les livres de la Bible hébraïque ont été traduits en grec. T ou
tefois la LXX possède des livres supplémentaires.
l’origine ils n ’étaient sans doute pas des livres autonomes, mais de
simples additions à Jérémie.
4. Premières conclusions
a. Quels cri¡ères ?
II y a les allusions historiques. Par exemple, selon J. Fischer, on
peut dater la LXX d'Isa ïe des années 250-201 parce que, au chapi
tre 23, où l'hébreu a l’expression « navires de Tharsis», le grec offre
les mots «navires de C arthage»; cette substitution n ’est plus pos
sible après — 146, date de la chute de Carthage. De plus, la LXX
ignore manifestement que Carthage est maîtresse de l’ouest de la
Méditerranée; la traduction est donc antérieure à 201. Mais elle
est postérieure à 250, date retenue pour la traduction de la Loi.
Il y a ensuite le vocabulaire. Par exemple, L. C. Allen utilise la
présence du titre diàdokhos dans les Paralipomènes pour dater la
traduction des années — 150; il fait en effet remarquer que ce titre
disparaît à la fin du IIe siècle.
94 LA BIBLE GRECQUE DES SEPTANTE
7. Problèmes
« L ’incidence de la critique textuelle sur la critique littéraire dans le livre de Jérém ie»,
R B 79, 1972, p. 189-199; «Exegetical N otes on the H ebrew V orlage o f the L X X
of Jerem iah 27(34)>», Z A T W 91, 1979, p. 73-93.
2. Problèmes de la diaspora
a. Léontopolis
b. Antioche
3. Problèmes en Palestine
4. Contradictions et ignorances
5. De la certitude à la vraisemblance
Ruth (D. Barthélémy), ainsi que pour Esther (à cause du verset final)
et Ecclésiaste (traduit par Aquila).
Pour les autres livres, il y a hésitation.
6. Essai de présentation
2 M accabées 7 7 7
3 M accabées X
4 M accabées 7 7
Psaum es 7 ?
Proverbes X
Ecclésiaste X
C antique X
Jo b X
Sagesse X
Siracide X
Psaum es de Salom on 7 7
XII X
Isaïe 7 7
Jérémie X
Baruch X
L am entations X
Lettre de Jérémie X
Ézéchiel X
Daniel 7 7
I. Alexandrins ou Palestiniens ?
.
F Tableau récapitulatif général
Les livres écrits directement en grec sont distingués des livres tra
duits â l’aide de caractères italiques. Q uant aux livres dont l’origine
palestinienne est certaine ou très probable, ils sont précédés d ’un asté-
Ill, I L’ACHÈVEMENT DE LA SEPTANTE 111
risque. Les livres les plus nom breux sont dépourvus de ce signe: leur
origine alexandrine est certaine ou p robable ou sim plem ent possible.
Les traits verticaux fléchés vers le haut et vers le bas matérialisent
les différentes fourchettes chronologiques. Enfin on notera que le car
touche qui entoure Psaumes, Ézéchiel, X II, 1-4 Règnes , Isaïe et Juges
indique que le groupe de livres du bas est, quoi q u ’il puisse arriver
aux deux fourchettes chronologiques des deux groupes de livres, tou
jo urs postérieur au groupe de livres d u haut.
-210
Psaumes
t
Ezéchiel XIí Jérémie et Baruch 1,1-3,8
— 170 Josué
I
t
1-4 Règnes Isaie Juges
- 150
Daniel ] Esdras
- 145
2 Esdras
- 132 Job Proverbes
- 120
Siracide
1 Maccabées Tobit Judith
- 117
— 110
2 Maccabées
Lettre de Jérémie
- 100
Esther
78/77
— 50
-3 0 t
Sagesse
!
Psaumes de Salomon j Maccabées
0J t * t »
+ 30 *Ruth ‘Lame
Lamentations ‘Cantique ‘ Daniel Théodotion
♦Révision koigé (2-4 Règnes, 12) ‘Additions de Théodotion à Job et Jérémie
-r 35
t 50
+ 70
+ 80 Baruch 3, 9-fin 4 Maccabées
+ 100 1
+ 125 *Ecclésiaste
112 LA BIBLE GRECQUE DES SEPTANTE
D. La thèse de A . C. Sundberg
.
E Quelques zones d'ombre
2. Le cas de Daniel
Ce livre fait partie, dans la Bible de Jam nia, des Écrits, alors
que, dans la tradition chrétienne, il constitue le quatrième grand
texte prophétique. Les rabbins de Jamnia n ’ont-ils fait que repren
dre une classification antérieure à eux ou ont-ils innové? D. Bar
thélémy penche en faveur du premier terme de l’alternative. Selon
lui, si Daniel ne fait pas partie des Prophètes, c’est que la tradition
pharisienne antérieure à Jam nia considérait la liste des Prophètes
comme close; lorsqu’elle a retrouvé Daniel, elle a dû l’adjoindre
à la collection ouverte, celle des Écrits.
On peut songer à une autre explication. Rien ne prouve que la
collection prophétique soit close dès les années 200-180. Les témoi
gnages invoqués en ce sens (2 Maccabées 15, 9, Siracide 49, 10 et
prologue du Siracide) ne sont pas aussi explicites. En second lieu,
on note que Daniel est classé parmi les Prophètes à Qumrân, puis
que le Florilège de 4Q174 parle du «livre de Daniel le prophète».
118 LA BIBLE GRECQUE DES SEPTANTE
F. Compléments à A . C. Sundberg:
la terminologie du judaïsme de langue grecque
A . Enthousiasme à Alexandrie
LE TEXTE DE LA SEPTANTE
ET SES PROBLÈMES
CH A P IT R E IV
LE TEXTE DE LA SEPTANTE
L Classification
Les autres papyrus sont plus tardifs mais» à partir du IIe siècle
après notre ère, plus complets. On signalera par exemple:
— P. Oxyr. 3522 (Jb 42, 11-12), r<rsiècle après notre ère, pas encore
numéroté à Göttingen ; « Premier témoin de la plus ancienne forme,
courte, de la traduction grecque de Job» (P.-M . Bogaert, « Les étu
des... », p. 177);
— P. B odm er 24 = R 2110 (Ps 17-1! 8 avec trois lacunes mineu
res), deuxième moitié du I I e siècle (C. H. Roberts cité par D. Bar
thélémy) ou ille-lVe siècle selon ses éditeurs;
— P. Chester B eatty VI = R 963 (Nb et Dt lacunaires), llrou début
du uic siècle; « L e plus ancien manuscrit biblique d ’une certaine
ampleur» (J. van Haelst, p. 42),
Les plus anciens sont copiés au IVe siècle, les plus récents au
Xe siècle.
Le codex Vaticanus ( = B), du IV e siècle, contient un texte pres
que complet de la LXX et du N T , Pour la première les lacunes sont
les suivantes : Genèse 1-46, 28, quelques versets de 2 Règnes» Psau
mes 105-137. Le codex ne contenait pas 1-4 Maccabées. B fournit
un texte d ’une grande qualité. Les corruptions et l’influence des
recensions y sont rares : B offre généralement un texte préhexaplaire
(voir infra p. 167). Cependant, en D eutéronom e, Paralipomènes;
134 LA BIBLE GRECQUE DES SEPTANTE
(J. Ziegler» Ezechiel Gö, p. 18-19) sauf dans les livres historiques
où il s’apparente au groupe du Vaticanus (R. H anhart, I Esdras
Go, p. 19).
La version arménienne traduit assez librement, parfois «presso
pede» (H. Herkenne, cité par J. Ziegler, Sirach Gö, p. 37). Pour
le Pentateuque, J. W. Wevers ne retient pas ses leçons isolées. En
Dt elle atteste, selon C. Cox, un original de type byzantin, forte
ment marqué par la recension hexaplaire. Il en va de même pour
ia plupart des livres, sauf certains Prophètes où le modèle est lucia-
nique (J. Ziegler, Dodekapropheton Gö, p. 81).
B ib lio g ra p h ie . A, V. BlLLEN, The Old Latin Texts oj the Heptateuch, Cam bridge.
1927. — P.-M . BOGAERT, «Le témoignage de la Vêtus Latina dans l ’étude de la tra
dition des Septante. Ézéchiel et Daniel dans le papyrus 967·», Bi 59, 1978. p. 384-395.
— J. C a r m i g n a c , «Les devanciers de S. Jérôm e. U ne traduction latine de la recen
sion kaigé dans le second Livre des Chroniques», Mélanges Barthélémy, p. 31-50. —
B. FISCHER, Verzeichnis der Sigel fü r Handschriften und Kirchenschnftsteller, Fribourg-
en-Brisgau, 1963* (réédition élargie par H. J . Frede, cité à la p. 141). — J. G rib O -
M O N T , «Les plus anciennes traductions latines de la Bible», j . FONTAINE, C . PïE-
Les versions gothique et vieux slave sont peu utilisées par les édi
teurs modernes; elles reflètent généralement un modèle de type
lucianique. Dans certains cas, le substrat de la traduction gothique
semble s’apparenter au texte de VAlexandrinus.
la frontière est floue entre une citation et une allusion bibliques; l’édi
tion de Göttingen rejette souvent, comme simple allusion, ce que
celle de Cambridge donne pour une citation. Enfin les Pères citent
fréquemment de mémoire ou avec un scrupule inégal: le même ver
set d'Ézéchiel (18, 23) est mentionné à huit reprises par Clément
d ’Alexandrie sous une forme chaque fois différente (O. Stählin,
Clemens Alexandrinus und die Septuaginta, Nuremberg, 1901, p. 9,
69). On trouve chez Justin (Dialogue 31, 2-7) une longue citation
de Daniel 7, 9-28; celle-ci s’accorde tantôt avec la LXX, tantôt avec
la révision de Théodotion. 11 est tentant de voir dans ce texte l'échan
tillon d ’une forme chronologiquement intermédiaire; or, dans cette
citation, Justin mentionne Daniel 7 ,1 3 d ’après Théodotion (le Fils
de l’Homme vient «au milieu des nuées», metà ton nephelôn); en
revanche, en trois autres lieux, il adopte une autre préposition,
epdnô, plus proche de la LXX, epi tön nephelôn, «sur les nuées»
(cf. J. Ziegler, ad loc.).
En fait, Origène et Eusèbe citent avec précision et fournissent
des données solides. Au contraire, Jean Chrysostome et Théodo-
ret recourent plus librement à l’Écriture et l’adaptent à leur con
texte. Pour le Psautier, les citations patristiques sont, selon
A. Rahlfs, «médiocres et incertaines» (Septuaginta-Studien, II,
p. 210). Un tel jugement paraît trop négatif. En effet les citations
patristiques permettent de localiser les types textuels de la LXX.
Ainsi, le témoignage des Pères antiochiens contribue à établir la
forme lucianique/antiochienne de la LXX. Grâce aux citations de
Tertullien et de Cyprien, on note l’empreinte de cette forme sur
le texte occidental et africain de la LXX, que ces écrivains latins
y aient eu accès directement ou par le truchement de la vieille latine.
Le témoignage des Pères latins possède une importance considéra
ble dans la reconstitution de l’histoire du texte. Cyprien, Priscil-
lien, Lucifer de Cagliari ainsi que le Liber de divinis Scripturis
fournissent des éléments particulièrement précieux. Cette impor
tance se confirme depuis q u ’on dispose des instruments critiques
fournis par le Vêtus Latina-Institut de Beuron (en particulier la Ver
zeichnis des citateurs latins). Pour les citations de Philon d ’Alexan
drie et de Flavius Josèphe, on se reportera aux p. 272 et 270.
B ibliographie* Voir les références données au chapitre VIN, p. 293. En outre:
F. C. BURKITT, The O U Latin and che Itala, Cambridge* 1896> — H. J. FREDE, Kir-
chenschnftsteller. Verzeichnis und Sigel, Fribourg-en-Brisgau, 1981 ; Aklualisicrungshefi,
1984. — P. P r i g e n t , Justin e( l ’Ancien Testamentt Paris, 1964. — J. W . W e v e r s ,
«D ie griechischen Vater-Zitate», L X X Genesis, G öttingen, 1974. p. 29-30.
142 LA BIBLE GRECQUE DES SEPTANTE
Æ Aquila
I. Vie
2. Œ uvre
3. Caractéristiques
Aquila ne révisa pas le Vieux Grec des X II mais une révision juive
de ce dernier ( D . B A R T H É L É M Y , Devanciers, p. 247-252). Sans
146 LA BIBLE GRECQUE DES SEPTANTE
doute ce jugement vaut-il aussi pour les Règnes (E. Tov). Enfin,
pour VExode, Aquila se fonde sur un texte apparenté à Théodo
tion, non à la LXX (K. G. O ’Connell).
La révision d’Aquila s’écarte considérablement de la LXX, au
point q u ’on doit plutôt la désigner comme une nouvelle version
(S. Jellicoe, «A quila and his Version», p. 326). Elle manifeste un
souci de Httéralisme poussé jusqu’au décalque. Cela se marque par:
— la stabilité quasi absolue des équivalents entre l’hébreu et le
grec: tout terme hébreu est rendu en grec; tout mot grec traduit
le même terme hébreu. La traduction respecte «le principe d’une
concordance» (K. Hyvarinen, p. 111). Toutefois I. Soisalon-
Soininen a émis des réserves sur la constance des équivalents;
— le souci étymologique : les mots hébreux apparentés — ou sup
posés tels — sont traduits par des termes issus d ’une même racine
grecque, même lorsqu’ils sont inusités (exemples dans la remarqua
ble étude de J. Reider, Prolegomena, p. 20-22).
« L a contrepartie de cette extrême littéralité est évidemment
l’absence de toute prétention littéraire» (G. Dorival, «Versions
anciennes», p, 1307). Faut-il pour autant parler, comme H. St J.
Thackeray (Grammar, p. 9), d ’une «version b arbare»? En réalité
les innovations lexicales d ’Aquila s’inscrivent le plus souvent dans
l’évolution de la langue grecque (K. Hyvarinen, p. 112). Surtout
il faut prendre en compte le projet d ’Aquila qui consiste à fournir
en grec une base sur laquelle pourrait se fonder l’exégèse des rab
bins de son temps. Celle-ci inspire les bizarreries aquiléennes, en
particulier la plus connue : la traduction de la particule d ’accusatif
’et par la préposition sún suivie de l’accusatif, au lieu du datif;
ce solécisme répond à une exégèse des particules hébraïques, ensei
gnée par rabbi Akiba. Toutefois G. Vermès et L. Grabbe ont mis
en doute cette dépendance d ’Aquila envers Pexégèse rabbinique,
en particulier celle de rabbi Akiba.
Sur le plan lexical, Aquila s’inspire volontiers d ’Homère. Cette
influence a été repérée par F. Field (Hexaplorum , I, p. XXI il).
J. Ziegler a fourni une nouvelle série d ’exemples tirés de Job.
Enfin la version d ’Aquila manifeste peut-être des traits de
polémique antichrétienne: tendance à remplacer christôs par
eleiménos (voir infra p. 283), On trouve chez F. Field (H exaplo
rum, I, p. xix-xx) la liste des traductions contestées par les Pères,
mais l’auteur exprime un jugement très nuancé sur Γ« antichristia
nisme» d ’Aquila.
IV, Il LE TEXTE DE LA SEPTANTE 147
Elle semble avoir été très positive dans les milieux rabbiniques.
Citant le Psautier, le Talmud de Jérusalem dit d ’Aquila: «T u es
beau» (yapyâpîtà), jeu de mots sur Japhet, l’ancêtre des Grecs
(Megilla I, 71c). Les traductions même d ’Aquila sont fréquemment
mentionnées dans le Talmud (voir J. Reider, « Aquila’s Readings
in Talmud and M idrash», Prolegomena, p. 151-155). Sa révision
fournissait aux Juifs une «version autorisée» : elle reflétait le Canon
hébreu fixé depuis peu à Jamnia ; elle se plaçait sous l’égide de maî
tres prestigieux et incontestés.
L ’usage de cette révision en milieu juif est attesté par des indices
de deux ordres. On mentionnera d ’abord les fragments retrouvés
dans la Genizah du Caire et dans le Fayoum. Ensuite, au vie siè
cle, Justinien autorise q u ’on lise dans les synagogues la version
d ’Aquila — N ovelle 146 (voir p. 124). 11 semble que, perçue par
les Juifs des premiers siècles comme la Bible juive par opposition
à la LXX devenue celle des chrétiens, la version d ’Aquila ait connu
une diffusion importante. On peut supposer q u ’en milieu juif elle
supplanta la LXX,
Au sujet d ’Aquila, les écrivains chrétiens émettent un jugement
complexe: Origène et Jérôme critiquent la servilité du réviseur
envers l’hébreu; sur l’appréciation portée par Eusèbe d ’Émèse, voir
p. 290. Cependant, ces mêmes auteurs apprécient son exactitude
scrupuleuse. Comme le note J. Reider, toute la critique ultérieure
balancera entre ces deux jugements (Prolegomena, p. 18).
148 LA BIBLE GRECQUE DES SEPTANTE
B, Sym m aque
L Vie
2. Œ uvre
5. Caractéristiques
C. Théodotion
1. Vie
celles de E. Tov pour Baruch. Quoi q u ’il en soit de ces cas précis,
un constat demeure: la traduction des derniers livres de la LXX
et la révision de Théodotion semblent étroitement imbriquées.
Enfin, D. Barthélémy a identifié en 1963 une révision très
ancienne de la LXX. Il a appelé «groupe kaigé» l’ensemble des
textes touchés par cette révision (voir infra p. 159). Origène con
sacre la sixième colonne de ses Hexaples à la révision de Théodo
tion. Or, quand la sixième colonne contient authentiquement le texte
de Théodotion, celui-ci présente une parenté indéniable avec le
groupe kaigé, au point q u ’on parle de «recension kaigé-
Théodotion». Dès lors, l’œuvre attribuée à Théodotion doit être
datée, comme le groupe kaigé3 des années 30-50 de notre ère. Elle
serait, comme la révision kaigé, issue de Palestine. S. Jellicoe et
K. Koch ont proposé d ’autres origines (Asie Mineure ou Syrie).
2. L e problèm e du proto-Théodoîion
3. Fragments
4. Caractéristiques
2. Le proto-Lucien
4. Q u in ta , S e x ta , S é p tim a
5. Josippos
B ibliograph ie, R . DEVREESSE, Introduction à l'étude des manuscrits grecs, Paris. 1954,
p. 130. — B. KlPPER, «Josipo tradutor grego quase desconhecido». Revista di Cultura
Bíblica 5, 1961, p. 298-307, 387-395, 446-456.
6. Samariticon
J. Les « H exaples»
que. Pour les Règnes, Job et le Cantique des cantiques, les H exa
ples contenaient probablement une cinquième traduction. Le fait
est attesté, dans le cas des Psaumes, par le palimpseste Am brosia-
nus O 39 sup. édité par G. Mercati. La Quinta présente parfois
un texte de type kaigé. Pour Ies X II, elle contient un texte qu'on
doit identifier à celui des fragments découverts dans le désert de
Juda ( = R 543; voir D. Barthélémy, Devanciers, p. 213-227). Dans
le cas du Psautier, la Quinta témoigne également de la révision kaigé
(H. J. Venetz, voir supra p. 155).
e. La Sexta: cette sixième version, anonym e com m e la précédente,
fut découverte dans une jarre près de Jéricho. Origène l’a introduite
dans ses H exaples sous forme d ’une deuxième colonne supplém en
taire. D ’après Eusèbe de Césarée, il n ’existait une Sexta que pour le
Psautier. Jérôme m entionne son existence pour les P etits Prophètes.
Pour ΓExode, les Règnes, le C antique et Job on conserve, dans cer
tains manuscrits, des leçons marginales tirées de la Sexta (F. Field,
Hexaplorum , I , p. x l v ) . Jérôme considère la Sexta comme une œuvre
juive. Cependant, à une occasion, il lui suppose une origine chrétienne :
en Habacuc 3, 13, la Sexta mentionne dans son texte « Jésus-Christ ».
En fait, elle possède probablement une origine juive et ce dernier lieu
ne constitue pas une réelle objection (F. Field, H exaplorum , 1,
p. x l v ) . Notre connaissance de la Sexta est très limitée. Aussi ne
peut-on véritablement la caractériser.
f. La Séptim a: cette colonne semble une invention de Jérôme qui
la m entionne pour Job, les Psaum es, les Lam entations et le C anti
que des cantiques. On ne possède ni fragment ni citation de cette
colonne hexaplaire.
g. Le problème des Tétraples: cette synopse de quatre colonnes
(Aquila, LXX, Symmaque, Théodotion) aurait été composée par Ori
gène avant les Hexaples (P. Nautin) ou après leur rédaction (opi
nion majoritaire, voir S. Jellicoe, The Septuagint, p. 113-114). Ils
en seraient une édition simplifiée. Le premier, H. M. Orlinsky am is
en doute leur existence. Selon D. Barthélémy, les commentateurs
anciens auraient compris à tort le terme technique «tétrasse», (Bible)
«en quatre volumes», au sens de (Bible) « à quatre colonnes». L’inté
rêt des exégètes chrétiens se concentrait sur les 4 dernières colonnes
car elles étaient rédigées en grec. Dans son ouvrage, Des poids et
des mesures, 19, Épiphane les aurait, de façon erronée, présentées
comme un ouvrage dOrigène, distinct des Hexaples (D. Barthélémy,
«Origène et le texte de l’Ancien Testament», Études, p. 211-214).
Pourquoi Origène a-t-il composé les Hexaples ? 11 s’en explique
de deux façons différentes. Tout d ’abord, il a réuni les versions
IV, III LE TEXTE DE LA SEPTANTE 165
2. La recension origénienne
luaginta, Lund, 1963. — P. K a HLE, «The Greek Bible Manuscripts Used by O rigen»,
J B L 79, 1960, p. 111-118. — G . M e r CATI, « D ’alcuni frammenti esaplari sulla Va
e Vía edizione greca della Bibbia», S T 5, 1901, p. 28-46; «II problema della culorma
II dell’ Esaplo», Bi 28, 1947, p. 1-30 et 373-215 ( = Opere minori 6. S T 296, Vatican,
1984t p. 223-293). — P. N a ií TTN, Ongène. Sa vie et son œuvre, Paris, 1977, p. 303-361.
— H . M . O r l i n s k y , « T h e Colum nar O rder of the H exapIa»,^Q R 27, 1936-1937,
p. 137-149 {= S. JELLICOE, Studies, p . 369-381); « O rig en 's Tetrapla. A Scholarly
Fiction?». 1952 ( = S. JELLICOE, Studies, p. 382-391). — A . SCHENKER, Hexapla
rische Psalrnenbruchstiicke. Die hexaplurischen Psalmenfragmente der Handschriften Vatica-
nus graecus 752 und Canonkianus graecus 62, O BO 8, Fribourg, Göttingen, 1975; Psalmen
in den Hexapla. Erste kritische und vollständige Ausgabe der hexapla risehe Fragmente auj
dem Rande der Handschrift Ottobonianus graecus 398 zu den Ps. 24-32, Vatican, 1982.
B. La recension lucianique
2. Lucien et proto-Lucien
4. Caractéristiques
Deutéronome
Début du Shema (6, 4). Cette pièce liturgique majeure est précé
dée, dans la LXX, par un verset emprunté à Dt 4, 45. Ce dernier
sert d ’introduction au Décalogue. Le papyrus hébreu Nash (du
IIe siècle avant notre ère) atteste un semblable rapprochement. A
un stade ancien de la liturgie, on lisait probablement le Décalogue
avant le Shema (I. Elbogen, Der jüdische Gottesdienst in seiner
geschichtlichen Entwicklung, Hildesheim, 19624, p. 24).
Fin du Cantique de Moïse (32, 43). La LXX présente six stiques
de plus que le TM, en partie attestés dans un texte hébreu de
Qum rân. Il s’agit sans doute de doublets et, dans un cas, d ’une
allusion au Ps 96, 7* La recension origénienne ne corrige pas le tex-
tu s receptas d ’après l’hébreu.
Bibliographie, P.-M , BOGAER.T, «Les trois rédactions conservées et la forme ori
ginale de l’envoi du Cantique de Moïse (D t 32. 43)»», N . LOHHNK (éd.), Deuterono
mium, Louvain, 1985, p, 329-340.
Josué
Doubles textes. A. Rahlfs édite séparément le Vaticanus et
VAlexandrinus aux chapitres 15, 21-62 et 18, 22-19, 45 (description
du territoire de Ju d a, de Benjamin, de Siméon). V A lexandrinus
atteste une hébraïsation des noms propres, absente du Vaticanus.
«Plus» et «moins». Au chapitre 20, les v. 4-6, présents dans le
TM, ne le sont pas dans la LXX. Ils concernent l’institution de villes-
refuges pour les meurtriers. Sans doute la LXX se fonde-t-elle sur
un modèle plus bref que le TM. Le chapitre 21, 36-37 contient une
IV, IV LE TEXTE DE LA SEPTANTE 175
B ib lio g ra p h ie . A. ROPÊ, «The End of the Book of Joshua according to the Sep
tuagint». Henoch 6, 1982, p. 18-36.
Juges
A. Rahlfs édite un double texte: YAlexandrinus dans la partie
supérieure de la page, le Vaticanus dans sa partie inférieure. Le
Vaticanus appartient, pour ce livre, à la révision kaigé. V A lexan
drin us reflète la recension origénienne. J1 présente un texte «plein »
avec certains éléments sans parallèle dans le TM. A et B ne déri
vent pas de deux traductions indépendantes mais attestent deux états
d ’une histoire textuelle particulièrement complexe. Les deux manus
crits conservent des éléments anciens. Les meilleurs témoins du
Vieux Grec sont, dans les Juges, la recension lucianique et la vieille
latine (W. R. Bodine, voir p. 155).
1-2 Règnes
Dans les travaux critiques consacrés à la LXX, les livres des Règnes
sont divisés en cinq sections. A la suite de H. St J. Thackeray («The
Greek Translators of the Four Books o f Kings», JT S 8, 1907,
p. 262-278), on désigne ces sections par les lettres suivantes (en carac
tères grecs): a (1 R), bb (2 R 1-9, 13), bg (2 R 10, 1-3 R 2, 11),
176 LA BIBLE GRECQUE DES SEPTANTE
fo rm d e r S e p tu a g in ta », VT 6, 1956, p. 3 9 7 -4 1 3 .
3-4 Règnes
En dehors des données chronologiques, la LXX diffère du TM
dans les chapitres consacrés à Salomon, Jéroboam et Achab. D. W.
Gooding attribue la plupart de ces écarts aux initiatives exégétiques
du traducteur. 3 Règnes 2, 35a-o et 46a-l présentent deux résumés
du règne de Salomon. Tls n’ont pas d ’équivalents dans le TM mais
réunissent des versets présents dans le livre. Le premier texte est mar
qué d ’un obèle par la Syro-Hexaplaire, le second est omis par celle-
ci, YAlexandrinus, l’Arménien et par le manuscrit Urbinas gr. 1
( = R 247). En 3 Règnes 8, 53a le grec contient un petit cantique
de quatre stiques consacré à la dédicace du Temple. Le v. 53a, absent
du TM , reprend des éléments des v. 12-13 (omis par le Vieux Grec)
mais en propose une formulation poétique et élargie. Les derniers
mots (en biblio tes oides) feraient allusion au sepher hayyashar de
IV, IV LE TEXTE DE LA SEPTANTE 177
S e p t u a g i n t ’s R i v a l V e r s i o n s o f J e r o b o a m ' s R i s e î o P o w e r » , V T 1 7 , 1 9 6 7 , p. 1 7 3 - 1 8 9 ;
« P r o b l e m s o f T e x t and M i d r a s h i n t h e T h ird B o o k o f R e i g n s » » , Tcxtus 7 , 1 9 6 9 , p. 1-2 9 ;
V T t Jubilee Number , L e y d e , 1 9 8 5 , p . 3 6 8 - 3 9 3 .
M id ra s h ? », — J. D . ShENKEL, Chrono
logy and Recemional Development in the Greek Text oj Kings, C a m b r i d g e , M assachusetts,
1-2 Paralipomènes
En 1 Paralipomènes 1, 11-16, le Vieux Grec, représenté par le
Vaticanus, abrège la généalogie des fils de Cham : il ne mentionne
que Koush et ses descendants mais écarte les trois autres fils de
Cham et leur postérité. Un peu plus loin, aux v, 17-23, leTM atteste
deux listes des descendants de Sem. Le Vieux Grec ne conserve que
la seconde, plus brève que la précédente. En 2 Paralipomènes 35,
19a-d, 36, 2a-c, 5a-d les «plus» de la LXX reproduisent respecti
vement 4 Règnes 23, 24-27, 31b-33, 24, 1*4.
178 LA BIBLE GRECQUE DES SEPTANTE
2 Esdras
Aux chapitres 21 et 22 (TM Néhém ie 11 et 12), la liste des prin
ces et des Lévites est plus courte dans la LXX que dans le TM. La
LXX présenterait une forme textuelle plus ancienne (A. Alt,
^Bemerkungen zu einigen judäischen Ortslisten des AT », Kleine
Schriften zur Geschichte des Volkes Israel, II, Munich, 1953,
p. 289-305).
B ib lio g r a p h ie . J. CL H a e l e w y c k , « L e t e x t e d i t “ l u c i a n i q u e ” d ’ E s t h e r . S o n
é t e n d u e e t sa c o h é r e n c e » . Le Muséon 9 8 , 1 9 8 5 , p . 5 - 4 4 . — C . A . MOORE, Daniel.
Esther and Jeremiah: the Additions, N e w Y o r k , 1 9 7 7 . — C . C . T ORRE Y, « T h e O l d e r
B o o k o f E s t h e r » , H TR 37, 1944, p. 1 -4 0 . — Studies in ihe Book o f Esther, Selected
with a Prolegomenon by C. A . Moore, N e w Y o r k , 1 9 8 2 .
Tobit
A Rahlfs et R. H anhart ont édité séparément ses deux formes
textuelles. G* est représentée par la quasi-totalité des manuscrits
grecs, G*1 par le Sinaiticus, la vieille latine et en partie
— R. Hanhart Ta établi — par un manuscrit en minuscule (voir
p. 200). Révisée sur G 1·, G 1 s’est imposée dès l e IV e siècle en rai
son de sa qualité littéraire. Il existe, en outre, une troisième forme
(G111) moins répandue que les deux précédentes.
T e x t o f T o b it»* . JB L 9 1 , 1 9 7 2 , p. 4 6 3 -4 7 1 .
Le Psautier
Du Ps 9 au Ps 147, la numérotation de la LXX diffère de celle
du TM. Celle du grec est généralement inférieure d ’une unité à
IV, IV LE TEXTE DE LA SEPTANTE 179
o f P s a lm s «, VT 33. 1, 1983, p . 6 7 -7 4 .
Proverbes
Dans les sections dites IV et V (chap. 24-29), les recueils sont
disposés dans un ordre différent. Sans doute le traducteur a-t-il mal
compris les rapports entre les cycles de Proverbes. Plus important,
le grec présente des additions substantielles. Elles sont d ’origine
parfois païenne ou chrétienne, souvent juive (emprunts à d ’autres
livres de la LXX). Certains écarts viennent peut-être d ’un original
plus complet que le TM (H. B. Swete, Introduction, p. 255).
La forme brève de Jo b
Le Vieux Grec est plus court que le TM (389 stiques de moins,
soit environ un sixième). Le traducteur serait un Alexandrin féru
de culture classique. Il destinerait son œuvre à un vaste public et
éliminerait les passages qui ne se prêtent pas à son projet. On lui
attribue pourtant la longue addition finale (42, 17 a-e).
B ib lio g r a p h ie . J. ZlEGLER, « D e r t e x t k r it is c h e W e r t d e r S e p t u a g in t a des B u c h e s
Jo b »» Sylloge, 1934, p . 9 -2 8 .
Le Siracide
Tous les manuscrits grecs sont marqués par l’inversion des cha
pitres 30, 25-33, 16a et 33, 16b-36, 10, due à l'interversion de deux
cahiers de 160 stiques (A. Rahlfs, Septuaginta, ad 30, 25). « L a
vieille version latine, devenue vulgate, puisque Jérôme n ’a pas tra
duit ce livre, a permis de restituer sans conjecture l ’ordre original
et, plus récemment, les fragments hébreux de la Geniza du Caire
Font confirmé» (P.-M . Bogaert, «Les études...», p. 186).
Les XII
Leur ordre n’est pas identique dans la LXX et le TM . La LXX
lit successivement Os, Am, Mi, Jl, Ab, Jon, Na, Ha, So, Ag, Za,
180 LA BIBLE GRECQUE DES SEPTANTE
Ml. Le TM présente l’ordre suivant : Os, Jl, Am, Ab, Jon, Mi, Na,
H a, So, Ag, Za, Ml. Quoique lacunaire, le fragment des X I I
( = R 943) atteste très probablement Tordre du TM : Jonas précède
Michée (D. Barthélémy, Devanciers, p. 170-171).
Le cantique d ’Habacuc (3, 1-19): à côté de la tradition majori
taire, cinq manuscrits contiennent un texte différent. Seul J. Ziegler
édite ce texte (Dodekapropheton Gö, p. 273). Sur Ha 3, voir p. 100.
d e n c e d e la c r i t i q u e t e x t u e l l e s u r la c r i t i q u e l i t t é r a i r e d a n s le l i v r e d e J é r é m i e » , RB 79.
Ézéchiel
La version grecque de ce livre diffère du TM sur des points impor
tants. On s’en aperçoit mieux depuis la publication presque com’
plète du P. Chester Beatty IX ( = R 967) qui restitue la forme
JV, IV LE TEXTE DE LA SEPTANTE 181
Daniel
A. Rahlfs et J. Ziegler en éditent un double texte: le Vaticanus
contient la révision de Théodotion (sur son authenticité, voir
p. 153-154), Le Chisianus R Vil 45 ( = R 88) atteste la LXX. Il
en est le seul témoin avec la Syro-Hexaplaire et désormais le P. 967.
Lorsqu’il édita Daniel, J. Ziegler possédait quelques fragments de
ce papyrus. On en a, par la suite, retrouvé le texte presque inté
gral. Le P. 967 présente les chapitres dans l’ordre suivant: 1-4; 7,
8, 5> 6; 9-12; Bel, puis Suzanne (l’édition de A. Geissen possède,
à cet égard, un titre trompeur). 967 restitue sans doute l’ordre ori
ginal de la LXX. L’inversion de 4-5 et 7-8 serait le fait du traduc
teur et procéderait d ’une intention historicisante.
182 LA BIBLE GRECQUE DES SEPTANTE
lucianique s’appuie sur des accords très ténus entre les fragments
de Qumrân et les manuscrits b,o,c2,e2. Il est inquiétant de fonder
une théorie si vaste sur des points d ’appui aussi limités. En outre,
les données utilisées par F. M. Cross peuvent être interprétées de
façon diamétralement opposée: dans les cas où le Vatl·
canus («Vieux Grec») s’oppose à b,o,c2,e2 («révision proto-
lucianique»), le premier reflète le TM (F. M. Cross* «H istory of
the Biblical Text», cité supra p. 187, p. 188-190). Le Vaticanus a
pu lui-même subir une révision hébraïsante; dès lors, b,o,c2,e2
témoigneraient du Vieux Grec (S. P. Brock, D. Barthélémy). Pour
ce dernier auteur, la recension proto-lucianique constitue une
seconde «fausse fenêtre»,
Qumrân présente le texte de la Bible hébraïque et grecque sous
une forme bigarrée. On ne peut réduire la complexité de son témoi
gnage — pour Sam uel ainsi que pour les autres livres — en l’iden
tifiant au substrat de la recension proto-lucianique. «Le postulat
de Cross est une petitio principii qui apparaît tout à la fois trop
simple et trop compliquée» (R. H anhart, «Zum gegenwärtigen
S tan d ...» , p. 10),
1. Le x v i e siècle
2. Du XVII' au x i x e siècle
(Pour le détail des ouvrages parus dans ces deux collections, voir
p. 130.)
L L e texte
2. Les apparats
,
C Principes de Védition de Göttingen
et tendances actuelles des éditeurs
B ib lio g ra p h ie. A. AllGEIER, Die Chester Beatty Papyri zum Pentateuch, Paderborn,
1938, p. 1-18, — O . PR.OCKSCH, com pte rendu de l’édition courante d ’A. Rahlfs,
Z A T W 13, 1936, p. 87. — P. WALTHRS, The Text, p. 265-269,
Une réponse affirmative est attendue, surtout si Ton pense que le texte
hébreu devait être connu par coeur et servait à la lecture publique.
Dans un article de 1967, J. Barr a soutenu de façon un peu para
doxale que les traducteurs n’avaient pas à leur disposition une voca
lisation toute donnée du texte ou du moins ne procédaient pas, avant
de traduire, à l’opération mentale de vocalisation plénière des mots
du texte : ils s’appuyaient sur la vision des consonnes, choisissant parmi
les mots possibles pour traduire ces consonnes celui que dictait le con
texte. L’absence de vocalisation mentale préalable expliquerait un cer
tain nombre de traductions et notamment les nombreuses anomalies
dans la translittération des noms propres peu connus. Le travail du
traducteur se situerait dans un milieu où le texte hébreu n’était pas
lu publiquement. Selon le même auteur, ïes livres traduits ultérieure
ment manifestent un plus grand souci des traducteurs de connaître
la vocalisation de l’hébreu: les mots translittérés, plus nombreux, pos
sèdent une vocalisation exacte. Cependant, dans le cas d ’Aquila
notamment, le souci premier restera celui de rendre exactement ce
qui est écrit, c’est-à-dire tes consonnes, qui, pour les tenants d ’une
traduction selon Γétymologie, représentent la racine.
208 LA BIBLE GRECQUE DES SEPTANTE
ducteurs savent parfais ce q u ’il ne faut pas lire (al tiqré, «n e lis
pas»): il faut comprendre autre chose que ce qui est «écrit » (oppo
sition entre le qeré et le keiib). R. Le Déaut a insisté sur le fait que
la version des LXX s’est faite «dans une tradition de lecture» du
texte hébreu («L a Septante...», p. 161).
B ibliographie. J. BARR, «Did Isaiah Know about Hebrew Root-Meaning ?>». Expo
sitory Times 75, 1964, p. 242; «*Vocalization and the Analysis of Hebrew among the
Ancient Translators». Festschrift W . Baumgartner, VTSuppL 16. 1967, p. 1-11; «St Jerome
and the Sounds of Hebrew», JSS 12, 1967, p. 1-36. — G. R . DRIVER, «-Hebrew
Homonyms«, VTSuppL 16. 1967, p. 50-64, — C. RABIN. ««The Translation Process
and the Character of the Septuagint»*, Textus 6, 1968, p* 1-26. — I. L. S E E L IC .M A N N ,
«Indication of Editorial Alteration and Adaptation in the Massoretic Text and the Sep
tuagint»». V T 11, 1961, p. 201-221. — H . B. S w e te. Introduction, p. 320-322. —
E. T o v , ««Did the Septuagint T ranslators...», a té p. 230. — D . W eisSERT, »Alexan
drian Analogical W ord Analysis and Septuagint Translation», Textus 8, 1973, p. 31*44.
d itio n ,
trant que bien des leçons de ia LXX relèvent non de la critique tex
tuelle mais de J’analyse littéraire: elles sont des modifications stylis
tiques, rédactionnelles, et non des attestations d ’un texte hébreu
différent du TM. Plus on considère la LXX comme une œuvre résul
tant d ’un travail d ’écriture, et non comme une traduction littérale,
plus on est prudent dans son utilisation pour la critique textuelle
(J. W, Wevers).
Les modifications stylistiques et rédactionnelles se voient dans
tous les livres, principalement dans ceux qui ont été traduits avec
le souci de donner à lire un texte aisé à comprendre, cherchant des
tours idiomatiques grecs avec une certaine liberté : nous avons mis
cela au compte de recherches stylistiques (chap. V I , p. 265).
Ces retouches rédactionnelles consistent surtout à ajouter des pro
positions dont le rôle paraît être d ’établir des transitions, de créer
une sorte de tissu conjonctif à l’intérieur du récit. La plupart d ’entre
elles ne semblent pas avoir appartenu à un modèle hébreu et ne
sont généralement pas considérées comme des variantes textuelles.
Comme toute traduction, la LXX a tendance à allonger son modèle,
notamment en pratiquant l ’ h a r m o n i s a t i o n entre d e s p a s s a g e s paral
lèles, donnant souvent la forme longue. Chaque « plus» de la LXX
doit être examiné pour lui-même: certains gardent peut-être la trace
de mots hébreux disparus.
juive ancienne: le targumisme», Bi 52, 1971, p. 505-525; «La Septante, un Targum ?»,
Etudes ACFEB, 1984, p, 146195 (cet article est d’une très grande richesse, à la fois
par les très nom breux exemples cités et par les références bibliographiques ; il couvre
les différentes sections de nos § III et IV). — L. PRIJS, cité infra p. 222. — D . W ei S-
SERT, cité dans le § précédent, p. 209.
* En Gn 37, 33, si le Targum fait dire à Jacob que Joseph n'a pas
été dévoré (TM et LXX: «u n e bête l'a dévoré»), c ’est pour s ’accor
der au v. 35 où Jacob refuse d ’être consolé. Ce procédé targumique
a ainsi dégagé le sens véritable du verset, puisque, selon le Midrash»
Jacob sait que Joseph est vivant.
q u e s d e la S e p t a n t e : G n 4 9 , 1 0 et E z 2 1 , 3 2 » , Bi 6 1 , 1980, p . 3 5 7 -3 7 6 . — L. Pr ijs ,
Jüdische Tradition in der Septuaginta, Leyde, 1948. — S. S a BUGa l , ««La in te rp re ta c ió n
u n e tr è s a b o n d a n t e b i b l i o g r a p h i e e t u n e g r a n d e i n s i s t a n c e s u r la v a l e u r t h é o l o g i q u e
A u t r e s ré fé re n c e s d a n s le c h a p i t r e VI!, IV,
C H A P IT R E VI
LA LANGUE DE LA SEPTANTE
I. PROBLÈM ES LINGUISTIQUES.
LA TRA D U CTIO N D ’UN TEX TE HÉBREU EN GREC
L L'ara méen
C ’est sans nul doute la langue dont le domaine fut le plus étendu,
depuis les époques les plus anciennes: il y avait eu une araméisa-
tion de Phébreu dès la déportation des Juifs à Babylone et l’ara-
méen resta la langue usuelle dans toutes les parties des royaumes
VI, Í LA LANGUE DE LA SEPTANTE 225
2,. L ’hébreu
3. Le grec
avec les Juifs hellénisés de la diaspora. Les travaux íes plus récents
insistent sur la bonne hellénisation de la Palestine elle-même, à date
ancienne (M. Hengel; G. Mussies; E. Will, C. Orrieux). Les rela
tions entre la Palestine et les communautés juives d ’Égypte ont tou
jours été étroites, notamment au cours de ce I IIe siècle avant notre
ère où la Palestine fut annexée au royaume des Ptolémées. On ne
peut séparer de façon simpliste le judaïsme palestinien du judaïsme
de la diaspora, même pour ce qui est de Pheîlénisation et de la
pratique du grec (E. Will, C. Orrieux, chap. ill, « L a Judée au 111e
siècle»).
Quant aux Juifs d ’Égypte, le grec était devenu leur seule langue
usuelle. Les papyrologues ont remarqué que seul un tout petit nom
bre de papyrus juifs sont écrits en hébreu et les historiens ont insisté
sur l’adoption, par les Juifs alexandrins, du mode même de vie à
la grecque (V. Tcherikover, Hellenistic Civilization, chap. iv, «The
cultural climate», p. 344 sq.). Les traducteurs du Pentateuque font
preuve d ’une excellente connaissance du grec. S ’ils semblent
connaître également très bien l'hébreu, en dehors d’eux l’oubli de
Phébreu paraît total. Les traducteurs ultérieurs le connaissent peut-
être à titre de langue apprise (infra p. 229). Le grec des Juifs
d ’Égypte, selon certains philologues, fut peut-être marqué par des
« égyptianismes » (L, Th. Lefort ; certains sémitismes ont leur paral
lèle dans le copte). Il semble cependant assuré que les Juifs ne con
naissent pas plus les langues locales que ne le faisaient les autres
hellénophones. Les papyrologues (R. Rémondon, O. Montevecchi,
Papirologia, p. 76) ont souligné P impénétrabilité réciproque de ces
deux mondes, égyptien et grec.
A Pépoque de la traduction de la Torah les trois langues — grec,
hébreu (évoluant vers Phébreu mishnique) et araméen — coexis
taient donc, le grec ayant toutefois pris la prédominance: il était
le bien commun aux diverses communautés juives et devait le res
ter pendant plusieurs siècles. Il faudra Pémergence d ’un christia
nisme de langue grecque, s’appuyant sur la version grecque de la
Bible, pour que se produise, peu à peu, notamment chez les rab
bins de Palestine, un rejet partiel du grec, tout au moins comme
langue sacrée (chap. in, p. 122).
B ib lio g ra p h ie . Sur les problèmes généraux de la traduction, voir infra p. 266. Sur
la L X X comme traduction: E. BICKERMAN, ««The Septuagint... ». — S. P. BrO C K ,
«The Phenomenon of Biblical... »; «The Phenom enon...»; -«Aspects of Translation... »>.
— J. COSTE, «<La première expérience...»>. — R. MARCUS, ««Divine Names and A ttri
butes in Hellenistic Jewish Literature», Proceedings o f the American Academy fo r Jewish
Research, II, 1931-1932, p. 45-120. — H. B. SWETE. Introduction (p. 315-341, »The
Septuagint as a version»). — J. D E W a a r d , «La Septante: une traduction», Études
AC F E B ¡, p . 133-145.
tion d ’un livre à un autre; l’autre est la complexité des états tex
tuels des divers livres de la LXX, résultant de révisions, de conta
minations entre les révisions et de recensions (supra, chap. iv).
On peut définir plusieurs groupes de livres que distinguent les
styles de traduction : le plus ancien, le Pentateuque, est caractérisé
à la fois par une grande fidélité au modèle hébreu (fidélité que
Pon peut mesurer parce que le texte de la Torah est un de ceux
qui ont le moins évolué au cours des siècles) et par une assez grande
liberté dans les procédés de traduction : les tours idiomatiques grecs
sont utilisés là où plus tard on trouvera des décalques de Phébreu
(exemples infra p. 239-240; 248-249). Cette version grecque de la
Torah a joui d ’une estime certaine dans le judaïsme (y compris en
Palestine) et a tenu lieu de référence pour les traductions ultérieu
res (E. Tov). Pour I. L. Seeligmann, lorsque le Pentateuque fut
entièrement traduit, il servit sans aucun doute de livre « hébreu-
grec» où les autres traducteurs apprenaient, pour ainsi dire,
Phébreu! I. L. Seeligmann dit en effet, à propos du traducteur
d 1Isaïe, que le Pentateuque grec lui servit de « text-book in learning
H ebrew » (L L. Seeligmann, p. 45). Ce fait contribua à donner une
certaine unité à la LXX.
Dès 1909, dans sa proposition de classement des livres de la LXX,
H. St J. Thackeray, avant même que ne soit identifié par D. Bar
thélémy un groupe de livres révisés ou traduits de façon plus litté
rale (le groupe kaigé, voir supra p. 159), avait situé à P extrême
opposé du Pentateuque des livres traduits de façon très littérale :
les Juges (avec R uth selon le Vaticanus), certaines parties des
Règnes, 2 Esdras, VEcclésiaste. Il rattachait à ce groupe la deuxième
moitié de Jérémie, le début de Baruch, le Cantique des cantiques,
les Lamentations. Entre le Pentateuque et le groupe très littéraliste,
H. St J. Thackeray situait un groupe mixte, où les styles de tra
duction sont «variés», ayant ie Pentateuque pour modèle, suivi
de façon plus ou moins heureuse : les Psaumes, les D ouze prophè
tes mineurs, la première moitié de Jérémie, Ézéchiel, les Paralipo
mènes, les autres parties des Règnes. Il rattachait plus étroitement
au Pentateuque les livres de Josué, d 'Isaïe et des Maccabées.
D ’autres livres sont considérés plutôt comme des paraphrases :
1 Esdras, Daniel (selon les LXX), Esther, Job, Proverbes (sur les
formes «longues» de certains livres, voir supra chap, iv,
p. 173 sq.). La LXX contient enfin des livres écrits directement en
grec (supra p. 84), Ces ouvrages peuvent entrer dans une appré
ciation portée sur la langue grecque du judaïsme hellénistique,
VI, II LA LANOUE DE LA SEPTANTE 233
comme aussi les œuvres juives non bibliques, écrites en grec, dans
le voisinage de la LXX. Ainsi, la Lettre d ’Aristée.
In stru m e n ts de travail.
1. Dictionnaires et lexiques de la langue grecque:
P. CHANTRAINE, Dictionnaire étymologique de la langue grecque. Histoire des mots
(= D E L C ), Paris, 1968-1980. — H. G. LIDDELL, R. SCOTT, S. JONES, A Creek
English Lexicon, O xford, 1948-1968 (avec le Supplément, dû à E. A. BARBER) ( - LSJ),
O n lira les réserves à faire sur les rubriques «LXX»» de ce lexique dans les articles
de G. B. CAIRD cités p. 242: les sens donnés comme propres à la LXX résultent
de relevés anciens, souvent faits d ’après une version anglaise attribuant aux mots grecs
le sens des mots hébreux supposés sous-jacents ; l'étude des papyrus permet de suppri
mer un grand nombre de ces prétendus sens propres à la LXX.
2. Lexiques de la Septante et du Nouveau Testament:
J F. Sr.HLEUSNER, Novus thésaurus philolog/co-crincus, sive lexicon in L X X et reliquos
interpretes graecos ac scriptores apocryphos Vcteris Testantenni, 5 vol., Leipzig, 1820-1821,
réimpr. Glasgow, Londres, 1829, — W , BAUER, Griechisch Deutsches Wörterbuch zu
den Schriften des Neuen Testaments und der übrigen urchrtstliehen Literatur, Berlin, 1910;
trad. angl. W . F. A r n d t , F. X . GlNGRICH, A Greek English Lexicon oj the New Tes
tament, Cam bridge, 1957 (pour tous les mots de la LXX qui sont également présents
dans le NT ce lexique offre une bibliographie utile). — G. KITTEL (éd.), Theolo-
gtsches Wonerbuch zum neuen Testament, Stuttgart, 1933-1974 ( » T W N T ) ; trad. angl.
G. W . B ro m ile y , Grand Rapids, M ichigan, 1968-1976 (pour tous les mots de la
LXX qui sont également présents dans le N T , ce lexique donne une étude approfon
die des occurrences des mots dans la LX X , avec une riche bibliographie). Sur les réserves
que l’on peut taire à l'égard de l'excessive «théoiogisation» de ces études, voir Γouvrage
de J. BARR, signalé infra p. 253.
3. Lexiques des papyrus:
S. DARIS, Spoglio lessicale papirologico, Milan, 1968 (publié en texte polycopie):
I. A-empholeuo; IL en-xuo; III, o-okhros, — F. PREISIGKE, Wörterbuch der griechischen
Papyrusurkunden mit Einschluss der griechischen Inschriften, Aufschriften, Ostraka, Mumien-
schüder usw. aus Ägypten, vollendet und herausgegeben von E. K I E S S L I N G , Berlin,
242 LA BIBLE G R E C Q U E DES S E P T A N T E
1914-1927 (voir infra les autres études m ontrant l’apport de la papyrologie aux études
lexicales de la LX X ).
4. Concordâmes:
E. H a t c h , H. A. R e d p a TH, A Concordance to the Septuagint and the other Greek
Versions o f the Old Testament (including the Apocrypha] Books), O xford, 1897, réimpr.
G raz, 1954, 1975 ( = H R ) . C ette concordance a été faite à partir de l ’édition du Vati
canus (elle indique les principales variantes de VAlexandrinus et quelques occurrences
des mots chez Aquila, Symmaque, Théodotion, mais d ’après des relevés anciens). Pour
chaque occurrence d ’un m ot grec, cette concordance signale le m ot hébreu auquel
le m ot grec semble correspondre. C et ouvrage essentiel donne de plus un index des
m ots grecs connus par les Hexaples d ’O rigène et un index des mots hébreux qui ont
été signalés en correspondance des m ots grecs. Il est donc ainsi possible de constater
à la fois a combien de m ots hébreux correspond un m ot grec et par combien de mots
grecs un même m ot hébreu a été traduit. U n com plém ent utile est donné par
E. C . DOS SANTOS, A n Expanded Hebrew Index for the Hatch- Redpath Concordance to
the Septuagint, Jérusalem, s. d. — X. JACQUES, Index des mots apparentés dans la Septante.
Compléments des concordances et dictionnaires, Rom e, 1972. — C . A W AHI., Clams libro-
rum Veteris Testamenti apocryphorum pkilologica, Leipzig, 1853, réim pr. 1972, avec un
index des Pseudépigraphes dû à J. B. BAUER.
U n c h o ix d ’é tu d e s lexica les.
Un recueil: R . A. K r a f t , Septuagintal Lexicography, Septuagint and Cognate Stu
dies, 1. Missoula, M ontana, 1972, éd. rév., 1975. C ontient notam m ent les articles
suivants: S . P. B r o c k , J . A . Lee, «A M em orandum on the proposed LX X Lexi
con Project», p. 20-24; G . B . C A I R D , «Tow ard a Lexicon o f the Septuagint»,
p. 110-152 (repr, des art. parus dans J T S 19, 1968, p. 453-475, et J T S 20, 1969,
p. 21-40); H . S. G e h m a n , «A dventures in Septuagint Lexicology«·, p. 102-109
(= Textus 5. 1966, p. 125-132).
O n signale l’ouvrage toujours utile de E. H a t c h , Essays in Biblical Creek, O xford,
1889, réimpr. Amsterdam, 1970, qui repose néanmoins sur la notion maintenant aban
donnée d ’un «grec biblique«· considéré indépendamment des usages profanes (voir supra
p. 233 sq.).
Quelques exemples de monographies lexicales (généralement postérieures aux relevés
de BFJ et de E. T ov);
J. B a r r , Biblical Words Jor Time, Londres, 1962, 1969; «T he Meaning o f epakoúo
and Cognates in the L X X » .J T S , 1 9 8 0 , p. 6 7 - 7 2 . — P.-M . B o g a e r t , « L ’orienta
tion du sanctuaire dans la version grecque de l ’Exode» (Ex 2 7 , 9 - 1 3 LX X ), L 'A n ti
quité classique 5 0 , 1 9 8 1 , p. 7 9 - 8 5 . — M. C l M O S A , II Vocabulario di Preghiera nel
Pentateuco dei L X X , R om e, 1 9 8 5 . — S. D a n i e l , citée injra p. 2 5 8 . — E. F u C H S ,
«Gloire de D ieu, gloire de l ’homm e. Essai sur les termes kaukhâsthai, kaùkhema,
kaukhesis dans la Septante», R T P hil 106, 1 9 7 7 . p. 3 2 0 - 3 3 2 . — H . S. G e h m a n ,
«Episképtomai, episkepsis, episkopos and espiskope in the Septuagint in relation to pad
and other Hebrew Roots. A C a s e of Semantic Development similar to that of Hebrew»,
V T 2 2 , 1 9 7 2 , p. 1 9 7 - 2 0 7 . — M. H A R L , «Le nom de Γ “ arche” de N o é dans la Sep
tante. Les choix lexicaux des traducteurs alexandrins, indices d ’interprétations théo
VI, IV LA LA N G U E DE LA S EP TA N T E 243
L 'a p p o r t d e la p a p y r o lo g ie à l ’é tu d e d u le x iq u e d e la L X X .
Rappelons l’ouvrage essentiel : O . M o n t e v e c c h i , L j Papirologia, Turin, 1973, qui
donne un riche index de mots grecs. D u même auteur, divers art., notam m ent : «Dal
paganismo al cristianesim o: aspetti dell'cvoluzione della lingua greca nei papiri
dell'E gitto», Aegyptus 37, 1957. p. 41-59; «Quaedam de graecitate Psalmorum cuín
papyris comparata », Proceedings of the 9th International Congress o f Papyrology, Oslo,
1961, p. 293-310; «C ontinuità ed evoluzione della lingua greca nella Settanta e nei
papiri», Actes du X f Congrès international de papyrologie, Varsovie. 1964, p. 39-49 —
A ni del X V I I Congresso International dt Papiro logia, Naples, 1984, 3 vol. (en particulier
voir les articles de D. B r e n t S a n d y . «O il Specification in the Papyri», p. 1317-1323,
et celui de H. HEJNEN, «Zur Term inologie der Sklaverei in Ptolemäischen Ä gypten:
pais et paidiske in den Papyri und der Septuaginta», p. 1287-1295). — G. H. R .
H o r s l e v , N ew Documents Illustrating Early Christianity. A Review o f Creek Inscriptions
and Papyri Published in 1976, N orth R yde, Australie, 1981 (pour les documents de
1977, vol. paru en 1982; pour les documents de 1978, vol. paru en 1983...). —
G- H u s s o n , OIKJA, Le Vocabulaire de la maison privée en Égypte d'après les papyrus
grecs, Paris, 1983. — A. P a s s io NJ d e l L'A c q u A, «La metafora bíblico di D io come
roccia e la sua soppressione nelle antiche versioni», Ephemerides Liturgicae, X C Í, 1977,
p. 417-453; «La versione dei LXX e i papiri : note lessicali», Proceedings o f the X V I
International Congress oj Papyrobgy, Chico, Californie, 1981* p. 621-632; «Ricerchc
sulla versione dei LXX e i papiri·», Aegyptus 62, 1982, p. 173-194 (art. antérieurs,
dans cette revue, notam m ent sur Euergétet, en 1976, p. 177-191; sur Pastophôrion en
1981, p. 171-211); «La terminología dei reati nei prostagm ata dei Tolemei e nella
versione dei LX X », à paraître dans les Actes du XVIIIe Congrès international de papy
rologie tenu à Athènes en 1986. — F. VATTIONl, «La Iessicografia dei LXX nei
papiri», Studia Papyrotogica 19, 1980, p. 39-59.
L Créations de m ots
VI. Y A-T-IL EU «H E L L É N IS A T IO N »
DE LA BIBLE HÉBRAÏQUE LORS DE SON PASSAGE
DANS LA LANGUE GRECQUE ?
lement traduits par «je suis» — ou «je serai» —, «qui je suis»* mais
pouvant aussi évoquer en hébreu la proximité et la bienveillance,
l’amour de Dieu pour ceux qui l’aiment ; S. D. Goiten, « YHWH the
Passionate», VT 6, 1956, p. 1-9). Ce nom grec, ho On, ne semble
pas avoir supprimé ridée d ’un dieu personnel: le terme philosophi
que impersonnel aurait été le neutre, to on.
* Philon donne la valeur d’un nom divin aux mentions de la « parole »
divine (comme le faisaient les Juifs en hébreu pour le mot dàbar) et
se hasarde à parler du «logos» comme d’un «deuxième dieu» (suivi
en cela maladroitement par certains Pères, ainsi Eusèbe de Césarée):
cette interprétation du mot grec logos facilite l’adoption des idées
philosophiques grecques d’une «raison» universelle, celle notamment
des stoïciens, mais elle trouve aussi ses justifications dans la Bible
elle-même (voir Philon d’Alexandrie, Quis rerum divinarum heres sit,
éd. M. Harl, Introduction, p. 71-87, en particulier p, 85, note 4).
* Le nom Pantokrator, absent du Pentateuçue mais utilisé près
de 200 fois dans les autres livres bibliques (correspondant générale
ment à «Sabaoth », Dieu «des armées»), deviendra, selon la remar
que de O, Montevecchi (Papirologia, p. 283), un nom de la divinité
solaire dans le syncrétisme païen, alors qu’il était ignoré des classiques
(du même auteur: «Pantokrator», Studi... Calderini-Paribeni, II,
Milan, 1957, p. 401-432). La LXX aurait ainsi banalisé un des noms
divins des Hébreux.
* Pour rendre le she’ôl des Hébreux, les LXX usent sans crainte
du mot grec hàdës, pourtant fortement lié à des représentations
mythologiques en grec (Gn 37, 35 et al.).
* La LXX mentionne les «géants» là même où le texte hébreu peur
être compris comme renvoyant à des noms de peuples: les Gibbo-
rim, les Nephilim, les Repharm, les Anakim. L’emploi de ce mot cor
respond à une croyance du judaïsme tardif : des «géants» ont été des
pécheurs châtiés (Sg 14, 6; Si 16, 6-9; le traducteur d ’is 26, 19 emploie
le mot «impies» pour rendre les Rephaim, ailleurs traduit par
«géants»),
B ib lio g ra p h ie . J. COSTE, «Le texte grec d'lsate XXV, 1-5», R B 61. 1954,
p. 36-66. — J. W , W e v e r s , « A p o lo g ía ..,» .
* Les mots grecs alalagm ós, alaldzein, ololugm ós, ololüzein ont
été retenus, semble-t-il, parce qu’ils ont un effet sonore analogue aux
formes de la racine y /l en hébreu («crier»). Voir infra p. 263, des
exem ples d ’effets sonores analogues, propres à la version grecque.
teresse», «cach ette», on lit en grec les m ots abstraits usuels dans les
requêtes auprès d ’un souverain: «p rotecteu r», «secou rable», etc.
(notamment dans les Psaumes , où ces termes abondent: 45, 12; 79,
15 ; 90, 1, etc.). Dieu « des armées » est rendu par Dieu « tout-puissant »
(Pantokrator , voir supra p. 256) ou par Dieu «d es puissances», le
m ot dunâmeis n ’étant pas le plus souvent compris au sens militaire.
* Pertes des sonorités de m ots rares en hébreu, rendus en grec par
des mots abstraits ou usuels: en Gn 1, 2, l’expression énigmatique,
unique, töhü-wä-böhü , est rendue par deux adjectifs de type philo
sophique, «invisible et inorganisée».
* Affaiblissement du vocabulaire de la violence : les mots grecs uti
lisés pour les idées de « tu er» , «violen ter», etc., avaient habituelle
ment en grec des sens plus faibles (voir les em plois dans la LXX de
sunteleîn, adikeîn, aiskhûnesthai, lapeinoûsthai, em paizein...).
* Pertes d ’im ages: en Ex 6, 12, «être circoncis des lèvres» est rendu
en grec par «être sans parole» (àlogos). En Dt 10, 16, là où l ’hébreu
dit «circoncire le prépuce du coeur», le grec substitue un mot abstrait
appelé à une grande fortune: (circoncire) « la dureté du cœ u r»,
sklerokardta (Targums, même euphémisme interprétatif). En Ex 22, 24,
le mot grec qui désigne le «produit» de l’argent prêté, l ’intérêt, tôkos,
ne rend évidemment pas la parenté du m ot hébreu avec le verbe qui
signifie «m ordre» et fait du prêt à intérêt l’équivalent d ’une morsure!
L’emploi en hébreu du verbe ’äkal, litt, «manger», pour dire «détruire»,
est tantôt reproduit en grec lorsque le traducteur em ploie le verbe
esthieîn, «m an ger» (Nb 26, 10; Is 29, 6, etc.), tantôt remplacé par
quelque verbe signifiant «détruire», comme katanaliskein, en Dt 4, 24.
* Perte de nom s propres. L ’ouvrage de A . Strus a montré la fonc
tion linguistique et stylistique des nom s propres dans la Bible hébraï
que. A la fois ils évoquent des idées, puisque l’on peut décom poser
la plupart d ’entre eux en deux éléments ayant des significations (en
cela ils «sign ifien t») et en même temps leurs sonorités fournissent
des éléments pour l’expression et le style (en cela ils sont créateurs,
«p oétiq u es»). A . Strus analyse dans le Pentateuque les unités tex
tuelles engendrées par les phénomènes de paronomase des nom s pro
pres des héros: autour des noms d ’Adam , de N oé, d ’Abraham,
d ’Isaac. Les traducteurs grecs ont rarement rendu les assonances.
Quant aux noms de lieux, il arrive souvent que le traducteur ne pré
serve pas la form e hébraïque en la translittérant, mais en donne seu
lement l’équivalent de sens, à l ’aide de mots grecs qui n’ont plus aucun
rapport avec les sonorités originales.
LA SEPTANTE
DANS LE CHRISTIANISME
ANCIEN
C H A P IT R E VII
LA SEPTANTE
A U X ABORDS DE L’ÈRE CHRÉTIENNE.
SA PLACE
DANS LE NOUVEAU TESTAMENT
La LXX n ’est pas l’unique source des traditions juives pour les
rédacteurs du NT. Une réflexion sur le passage de la Bible juive
à TÉglise ancienne doit prendre en compte un vaste domaine: toute
270 LA BIBLE G R E C Q U E DES S E P T A N T E
B ibliograph ie.
Les œuvres de Philûrt d'Alexandrie (te x te grec, tra d u c tio n , n o tes), par R . ArNAL-
DEZ, C . MONDÊSERT, J . POUILLOUX (et les au teu rs des divers v o lu m es), 35 vol.»
Paris, 1961-1984.
— Pour le relevé des citations bibliques de Philon, voir Biblia Patrística Supplément,
Paris, 1982 et l'é d . avec trad. angl. de F. H . C O L S O N , L ondres, C am bridge (M ass.),
vol. X» 1962. — R . A R N A L D E Z , «L ’influence de la traduction des Septante sur le
C om m entaire de Philon», Études A C F E B , 1984, p. 251-266. — D . B A R T H E L E M Y ,
«Est-ce Hoshaya Rabba qui censura le ‘'C o m m en taire allégorique” ?», 1966, Etudes,
p. 140-173 (Aquila a été utilisé pour re*hébraïser les citations de l’Écriture chez Phi
lon), — A . J A U B E R T * La Nation d ’Alliancc dans le judaïsme <3μλγ abords de l'ère chrétienne,
Paris, 1963. — V . NlKJPROWETZKY, L e Commentaire de l’Écriture chez Philon d ’Alexati
drie, Leyde, 1977 (avec une très riche bibliographie). — J . P É P I N , Mythe et allégorie.
Les origines grecques et les contestations judéo-chrétiennes, P a r i s , 1958. 19763.
274 LA BIBLE G R E C Q U E DES S E P T A N T E
strat araméen (ou hébreu?) des Evangiles. Nous prenons les textes
dans l’état où ils nous sont parvenus, même si nous admettons que
les juifs et les premiers chrétiens avaient la possibilité de les enten
dre ou de les consulter en trois langues: l’hébreu, Paraméen et le
grec. Les meilleurs spécialistes du NT n ’hésitent pas à comparer
directement les citations grecques du NT avec le texte de la LXX,
indiquant à quel type d ’état textuel du NT ils se réfèrent (texte
«antiochien», qui serait apparenté à la «recension lucianique», par
exemple; voir supra chap, iv, p. 168 sq.). Chaque livre du NT doit
d ’ailleurs être pris à part : une même citation peut se trouver sous
deux, trois, quatre formes différentes dans ces divers livres. La tâche
est donc complexe. On ne s’étonnera pas de l’absence de toute
synthèse sur ce sujet.
Les citations sont adaptées par chacun des rédacteurs des écrits
néotestamentaires, notamment par Paul, aux besoins de son argu
mentation. Les modifications sont intentionnelles.
Sion » (TM : «pour Sion »). On peut penser à une contamination avec
Ps 13, 7 («qui donnera de Sion le salut d’Israël », LXX et TM). On
peut aussi juger que la préposition ek («hors de») est une faute paléo-
graphique pour eis («vers», «pour») (B. Schalter, Studies Wevers,
p. 201-206), ou encore que ek peut avoir le sens causatif de «à cause
de» (J. de Waard, p. 11-13).
ques, que les rédacteurs des écrits néotestamentaires, puis les pre
miers écrivains chrétiens, ont trouvé des arguments en faveur de
la venue du Messie en la personne de Jésus. Dès le NT, les versets
susceptibles de démontrer que Jésus est «le Christ» sont regrou
pés. Telle est l’origine chez les chrétiens de ces listes de « tém oi
gnages» (les testim onia)j si importants en particulier dans les
discussions avec les Juifs au cours au I I e siècle.
te NT (p. ex. en Rm 15, 9-12), on trouve des testim onia dès VÉpi-
ire de Clément de R om e aux Corinthiens (A. Jaubert [éd.], S C 167,
p. 43-44), mais ils prennent toute leur importance avec V É pîtrede
Barnabe (P. Prigent). Ils sont attestés chez Méliton de Sardes. Ils
serviront d ’argumentation au cours des siècles suivants: non seu
lement chez Justin et Irénée, mais chez Clément d ’Alexandrie, Ori
gène, Eusèbe de Césarée (qui les augmente considérablement dans
sa Démonstration évangélique), Athanase, et encore chez Grégoire
de Nysse.
On peut mesurer le rôle de la version des LXX en étudiant, pour
chaque verset utilisé, les traits spécifiques du grec.
Dans des formes textuelles variables (voir supra chap, iv) et selon
un Canon qui se distinguera peu à peu de la liste des livres juifs
(voir infra chap. IX), la LXX fut Γ« AT » des Églises anciennes de
langue grecque. Ces Églises-là n'eurent pas à choisir une « Bible»,
comme ce fut le cas en Occident. Dans le monde latin, en effet,
les Pères de l'Église furent partagés entre l’attachement à la « vieille »
version latine (faite sur la LXX et utilisée encore par Augustin) et
l'adoption d'une nouvelle version, faite par Jérôme sur l’hébreu
(voir p. 332-333). P our les Pères grecs, le texte même de la LXX
fournissait sans qu'on eût à en douter la parole de Dieu. En lui,
on pouvait chercher et trouver les «témoignages» nécessaires pour
exprimer la foi et la piété nouvelles.
Ce fait historique est indéniable: les Pères de l’Église qui ont
les premiers pratiqué la catéchèse, assuré l’enseignement et la pré
dication, ceux qui ont défini la foi et combattu les hérésies* ces Pères
fondateurs de la théologie chrétienne, tous ont travaillé avec la LXX
comme « A T », et seulement avec elle.
Alors même que ce texte comportait, de manuscrit à manuscrit,
des variantes, alors même q u ’avait été diffusé le travail d ’Origène
com parant diverses versions grecques de l’hébreu (les Hexaples),
le recours à l’hébreu resta extrêmement rare. Certes on peut parler
d'une sorte de vie souterraine de la Bible hébraïque dans le chris-
290 LA BIBLE G R E C Q U E DES S E P T A N T E
A . L 9«inspiration» de la Septante
tome, justifient cette obscurité par des raisons religieuses (par exem
ple : les mystères de Dieu ne doivent pas être révélés à ceux qui ne
sont pas prêts à les recevoir), plutôt que par des considérations sur
les difficultés qu’eurent les traducteurs à passer de Phébreu au grec.
Clément, toutefois, souligne le caractère «ethnique» propre à la
langue hébraïque ; il est sensible aux particularités littéraires du style
biblique «prophétique» (Strom ates VI, 129-130). Pour Origène,
la «pauvreté» que les païens méprisent dans le style biblique (euté-
leia) est analogue à la pauvreté apparente de l’homme Jésus : comme
celle-ci, elle peut révéler sa «gloire» à qui sait la comprendre
(Origène, Contre Celse, extraits donnés dans L a Philocalie, XV,
SC 302, avec les commentaires de M. Harl).
En réponse au caractère secret de PÉcriture (son epikrupsis), l’exé-
gète — et même tout lecteur — doit pratiquer un « décryptage » :
il doit lire l’Écriture selon son sens secret, «secrètement» (kekrum -
ménos). Origène commente ainsi le verset de Jr 13, 17, qu’il lit
selon le grec, « si vous n fentendez pas secrètement, votre âme pleu
rera », bien différent du TM : « si vous ne P écoutez pas, dans les lieux
secrets mon âme pleurera.,. ». Le Ve Strom atede Clément d ’Alexan
drie est largement consacré à justifier le caractère «caché» des tex
tes bibliques. Voir aussi Stromates VI, 124-126, par exemple.
Il y aura chez les exégètes antiochiens une importance plus grande
accordée à la lecture «historique», et même «ethnologique», des
textes, ce que montrent notamment leurs observations sur quelques
termes propres aux réalités hébraïques. Us remarquent davantage ce
que l’obscurité doit aux faits de langue propres à la LXX.
A partir du travail de comparaison q u ’avait fait Origène dans
ses Hexaples (supra p. 162 sq.), un auteur comme Eusèbe de Césa
rée pourra se référer à Symmaque dont il juge certaines traductions
«plus claires» (saphésteron), et même à Aquila (leukôteron, même
sens). On trouve ces remarques notamment dans sa D ém onstra
tion évangélique (voir l’index des mots grecs de Pédition de L A.
Heikel, GCS , s. v. leukôs).
On trouve les mêmes idées sur le texte biblique chez les rabbins,
comme le montrent les Targums : l’Écriture est un seul livre ; le sens
se trouve si l’on a une vue synthétique de l’ensemble; le moindre
détail a valeur et signification (R. Le Déaut).
B ib lio g ra p h ie , M. HARL, Origène. Philocalie, 1-20, Sur ¡es Écritures, Paris, 1983,
S C 302, Introduction, p. 42-157 («L’herméneutique (j'O rigène»). — A. Le B o u l -
LUEC, La Notion d ’hérésie dans la littérature grecque. W ill‘ tiède, t. I, De Justin à Irénée,
Paris, 198S. — R . Le DÉAUT, La Nuit pascale, Rom e, 1963, p. 58 sq.
Dès les origines, dès le NT, il est entendu que toutes les Écritu
res antérieures, la Loi, les Prophètes, les Écrits, avaient pour fonc
298 LA BIBLE G R E C Q U E DES S E P T A N T E
E. L ’autorité de la Septante
Les premières formules de foi s’en sont tenues aux mots de l’Écri
ture. Les mots non scripturaires ont eu beaucoup de mal à êlre
acceptés. Lorsqu’il y a concurrence entre un mot philosophique et
un mot scripturaire, le moi de l’Écriture est préféré.
Le rôle des Pères pour les éditions de la LXX est présenté dans
nos chapitres IV (recensions) et IX (additions). Ce qui ressort des
modifications textuelles, ou des ajouts, ou des déplacements de cha-
VIII, III C H E Z LES P ÈR ES GRECS 301
ques grecques », Revue des études byzantines 43, 1985, p. 209-226; Les Chaînes exégéti
ques grecques sur les Psaumes, Contribution à l'étude d'une forme littéraire, 1, Louvain, 1986;
«A ntiquité chrétienne et Bible», Dictionnaire encyclopédique de la Bible, T u rn h o u t, 1987,
p. 70-76 (L Travaux sur la Bible). — A. K.ER.R.IGAN, Si Cyril o f Alexandria Interpre
ter o f the Old Testament, Rom e, 1952 (p. 270-281: changements lexicaux, remarques
sur les particularités du texte de la L X X ; et passim).
dans le v. 19, au lieu de: «D ieu fendit le creux qui est à Lechi et de
l’eau en sortit», le lecteur de la LX X lit: Dieu «ouvrit la blessure
de la mâchoire» (selon VAlexandrinus \ « lecreu x dans la m âchoire»,
selon le Vaticanus) « et de Peau en sortit ». A-t-on jamais vu une source
jaillir d ’une mâchoire d ’âne? On peut juger ridicule et aberrante
Tinterprétation allégorique, à valeur spirituelle, qu’en donneront les
Pères: Samson préfigure le Christ ; la mâchoire figure les ossem ents
des saints, d ’où s ’écoule un baume salutaire (Jean Dam ascène,
PG 94, 1166, cité par J. de M onléon, Témoignages, Cahiers de la
Pierre-qui-Vire 3, 1942, p. 10-25).
fut longtemps perdu avant d ’être retrouvé (grâce «au bois» jeté dans
l’eau, symbole de la croix: Irénée, V, 17, 4, commenté par J. Danié-
lou, Les Symboles chrétiens primitifs, Paris, 1961, p. 97-98). L’emploi
des mots de la famille de kriiptein, «cacher», et en particulier de
F adjectif kruphaîos, «caché», revient plusieurs fois dans la LXX en
des «plus» ou des divergences porteuses de sens. On ne peut que,
cas par cas, rechercher la raison de ces emplois, qui peut être d’ordre
accidentel, d’ordre intentionnel théologique, ou encore d’ordre lit
téraire.
* En Ex 17, 16, alors que Thébreu est compris: «Une main s'est
levée contre le trône (kès) de Yah, guerre pour YHWH contre
Amalek », la LXX rattache le mot à la racine ksh, «cacher», et écrit:
«Par une main cachée le Seigneur fera la guerre contre Amalek»;
pour Justin, il s’agit du Fils de Dieu (Dialogue 49, 8). P. Prigent rap
pelle, à propos de VEpître de Barnabé 12, 9, que « dans les écrits rab-
biniques, Amalek est écrasé par le Messie, fils d’Ephraïm».
* En 4 R 2, 14, dans la question «Où [est] YHWH Dieu d’Élie? »,
les deux mots suivants gênent les exégètes (’ap-hü\ «lui aussi»,
peut se rattacher à ce qui précède ou à ce qui suit). La LXX a trans
litéré: «Ou est Je Dieu d’Élie aphphö?»; mais Théodoret sait que
ce mot signifie, selon les autres traducteurs, ho kruphaîos, le «caché»:
c’est le nom de Dieu «invisible et inaccessible aux hommes» {ad loc.).
* Chaque fois que la LXX utilise le même mot pour rendre plu
sieurs mots hébreux, elle donne l’occasion à ses lecteurs et interprè
tes de rapprocher des versets. Les exemples sont multiples.
Particulièrement féconds sont ceux qui permettent des regroupements
autour de mots comme «pierre», «bois», «eau vive», etc. Voir
l'exemple du nom kibotôs, «coffre» de Noé, «coffre» du Témoi
gnage, étudié par M. Harl, art. cité p. 242.
* Le verbe grec signifiant «suspendre» se lit en plusieurs versets
où le TM a des verbes différents. Cela permet en grec des rapproche
ments entre le bélier «suspendu» à un arbre (Gn 22, 18* variante,
voir apparat de J. W. Wevers, Genesis Gö), «la vie suspendue» (Dt
28, 66), la «suspension au bois» (Dt 21, 22-23); tous textes qui for
meront pour les chrétiens un testimonium de la Passion (J. Danié-
Iou, Études d'exégèse judéo-chrétienne, Paris, 1966, p. 53-75).
L ’étude des temps verbaux dans la LXX est une des plus diffici
les à mener. Les conséquences exégétiques du choix des traducteurs
sont souvent très grandes.
* Voir supra, p. 292, le groupement des versets d’Is 28, 9-11 et rap
pelons que les phrases ne sont pas «ponctuées» dans les manuscrits
grecs. Voir aussi supra p. 265, le cantique de Jonas.
* En Is 45, 23b, alors que le TM dit: «... et toute langue prêtera
serment. En YWHW..*», la LXX et la citation qui en est faite en
Rm 14, 11 écrivent; « ... et toute langue célébrera Dieu». Les Pères
(Eusèbe, Théodoret, ad loc.) y voient l’annonce de la conversion à
Dieu de tous les peuples.
310 LA BIBLE G R E C Q U E DES S E P T A N T E
1. A m u fettes
3. inscriptions
langue spirituelle des chrétiens ? », La Bible et les Pères, Paris, 1971, p. 243-262. —
A. H lL H O R S T , Sémitismes et latinismes dans le «Pasteur» d'Hermas, N im ègue, 1976. —
H . B. S W E T E , Introduction, p. 462-477 («Influence of the LXX on Christian Lite
rature »).
On peut aussi relever quelques exemples d'im itation par les écri
vains chrétiens de formes littéraires q u ’ils lisent dans la L X X : nar
rations, dialogues, sentences, prières..., associées à quelques grands
thèmes comme ceux de la migration, de la vie au désert, de la m on
tée sur la m ontagne, du cheminement sur îa voie du Seigneur, du
sentiment du péché...
LA SEPTANTE
DANS LE MONDE CHRÉTIEN.
CANON ET VERSIONS
A, Les sources
autres listes sont du IVe siècle; sept d ’entre elles sont données par
des écrivains ecclésiastiques : Amphiloque d ’îconium , A thanase,
Cyrille de Jérusalem , Épiphane de Salamine» qui en propose trois,
et Grégoire de Nazianze. Les deux dernières listes sont des listes
officielles : la première est le Canon 59 du concile de Laodicce (entre
341 et 381), la seconde ïe Canon 85 des Canons apostoliques. Les
listes d ’Origène et du H ierosolym itanus54, ainsi que l’une des trois
listes d ’Épiphane, donnent la translittération grecque du titre hébreu
des livres. L’ensemble de ces listes va plutôt dans le sens d ’une c o l
le c tio n é tro ite ré d u ite a u x liv res d e la B ib le h é b ra ïq u e .
On se rappelle que, vers la fin du lç' siècle de notre ère, les rab
bins réunis à Jam nia ont opéré une sélection parm i la collection
jusque-là ouverte des Écrits, en éliminant par exemple le Siracide.
C ’est à ce mom ent-là que la collection en question a été définitive
ment close dans le judaïsme (voir p. 114). Si le corpus de ΓΑΤ grec
contient plus de livres que le C anon hébraïque, c’est parce que
PÉglise a hérité des livres juifs avant les décisions de Jam nia et que,
par la suite, elle ne s’est jam ais sentie contrainte par ces dernières.
Quels sont les livres que l’AT offre en plus des livres du Canon
hébraïque? Ju sq u ’au III* siècle, ces livres supplémentaires ne se
réduisent pas aux «deutérocanoniques» mais com prennent égale
IX, I LA S E P T A N T E DANS LE M ON D E C H R ÉTIE N 323
de ces livres. Les livres de ΓΑΤ sont toujours lus sous leur forme
grecque. Cela veut dire :
— Les livres comprennent leurs compléments absents de l’origi
nal sémitique (Esther et Danief).
— Les livres ne font qu’un avec leurs «appendices», Daniel avec
Suzannet Bel et le dragont Jérémie avec Baruch, Lam entations et
Lettre. Irénée de Lyon (Contre les hérésies V, 35, 1) cite un pas
sage de Baruch en l’attribuant à Jérémie; c’est que, pour lui, Baruch
fait partie du livre de Jérémie.
— Le Psautier est lu avec les enrichissements qui lui ont été appor
tés sans doute vers le iv* siècle: le psaume supplémentaire «hors
numérotation», dont Athanase est le premier à parler (Lettreà Mar-
cellinus 14 et 25), et les 14 Cantiques (ou Odes), qui se divisent en
deux catégories: les Cantiques présents dans l’AT (ainsi les Canti
ques de Moïse à'E xode 15, 1-9 et de D eutéronom e 32, 1-43) et les
5 Cantiques qui sont absents de Γ AT et dont l’origine est diverse.
La Prière de Manassé, dont l’original est sans doute hébreu, est
une reconstruction de la prière mentionnée en 2 Paralipomènes 33,
18 ; le M agnificat, le N unc dim ittis et le Benedictus proviennent du
NT ; enfin Y H ym ne du matin est une création de l’Église ancienne
(voir supra chap, v in , p, 301).
Ainsi donc l’Église grecque n ’a pas connu le retour au texte
hébreu qui caractérise l’entreprise de Jérôme dans l’Occident latin.
Tout au contraire. Elle témoigne d ’une tendance à l’enrichissement
du texte grec reçu.
J. Esther
2. 1-4 Maccabées
3. Psaumes de Salomon
A . En Orient
B. En Occident
C. Conclusion
Ainsi, on peut dire que, jusqu’au VIIe siècle, le texte de la Bible
des Églises chrétiennes est la LXX, soit sous sa forme originelle
grecque, soit dans une de ses nombreuses traductions. Deux excep
tions seulement : la Syrie et la M ésopotamie lisent ΓΑΤ dans une
version syriaque faite directement sur l’hébreu, tandis que les Mel-
kites utilisent à partir du IVe siècle une version syro-palestinienne
traduite également sur Phébreu,
A partir du v n c siècle, la conception de Jérôm e, qui prône le
retour à Yhebraica veritas , l’emporte dans le monde latin, mais sans
334 LA BIBLE G R E C Q U E DES S E P T A N T E
Les livres bibliques sont exclus de cet index: on trouvera les références
aux pages qui concernent chacun d’eux danx PIndex des citations bibliques.
L’orthographe des termes de la tradition juive (Mishnah, etc.) a été ren
due conforme à celle de R. Le D é a u t , Introduction à la littérature tar-
gumique, Rome, 1966; La Nuit pascale. Essai sur la signification de la
Pâque juive à partir du Targum d’Exode XII 42, Analecta Bíblica 22, Rome
1963. D’autres orthographes sont également usuelles. Voir par exemple
H. L. S t r a c k , G . S t e m b e r g e r , Introduction au Talmud et au Midrash,
traduction et adaptation françaises de M. R. H a y o u n , Paris, 1986.
Actualisation, voir Targumismes.
Additions (chrétiennes, au texte de la LXX), voir Interpolations.
Afrique, 80-81 ; 332.
Agatharcidès de Cnide, 77 ; 92.
Aggadah, commentaire (Midrash) qui développe le caractère narratif du
texte, avec des légendes (s’écrit aussi Haggadah)t 212; et passim.
Ajout, voir les «plus».
Aldine (édition), 194.
Alexandrie, 31-34; 40-41 ; 55-56; 59; 61-62; 70; 79; 88-89; 98-99; 101*106 ;
119-120; 224 sq.; 330; et passim.
Alexandrin (texte de la LXX), 172.
Alexandrinus (manuscrit), 134; 138; 140; 172; 174; 175; 176; 177; 198;
322; 326; 327; et passim.
AJlégorisme, procédé d’interprétation, 40; 42; 43; 272; et passim.
Altérations du texte hébreu par les traducteurs, 50; 121; 122-123.
A l tiqré: voir Qeré.
Ambiguïté (du texte de la LXX), 252-253; 307-308.
Ambroise, 139.
Amulettes, 313,
Anatole d’Alexandrie, 49; 59.
«Ancien Testament» (la notion et l'expression), 275-276.
Anthropomorphismes de l’hébreu, maintenus ou effacés, 214.
Antioche, 55; 103-104.
Antiochien (qualifie une forme du texte de la LXX; voir aussi «luciani
que»), 169; 171; 185-186.
344 LA BIBLE GRECQUE DES SEPTANTE
Cassiodore, 332.
Catenae, voir Chaînes*
Chaînes, forme littéraire de commentaires chrétiens de l’Écriture, 142; 145 ;
153; 303-304.
Christos (le mot), 283-284.
Chronographes antiques et byzantins, 48 ; 56.
Citations de la LXX dans le Nouveau Testament, 92; 152; 183-184;
274-280; 323.
Clément d’Alexandrie, 49; 141 ; 276; 295-296; 310; 323; 326; et passim.
Clément de Rome, 92; 286; 316; 323.
Cléodème Malchos, 80.
Complutensis (polyglotte), 194.
Confusion des lettres hébraïques» 206; 221 ; et passim dans les exemples.
Consonantique, texte hébreu écrit avec les seules consonnes. Voir Massore.
Contradictions apparentes de la LXX par rapport au TM, 214-216.
Coptes (versions), 137; 199; 330-331 ; 334.
Corrections du texte hébreu: voir Tiqquné Sopherim .
Corrections opérées par les traducteurs: voir Altérations,
Critique textuelle avec usage de la LXX, 188-193; 202*205.
Critique littéraire, distincte de la critique textuelle, 210.
Croix du Christ (typologie), 298; 307; 310.
Cyprien, 141; 311; 332.
Cyrille d ’Alexandrie, 172; 196; 302; 308.
Cyrille de Jérusalem, 329.
Cyrille et Méthode, 333.
Datation (de la traduction des divers livres) 56-58; 86-101 ; 111.
Décalques, procédés de traduction par reproduction en grec des tours
hébreux, 239-241. Voir aussi Littéralisme, Stéréotypes.
Démétrios de Phalère, 40; 45 ; 47 ; 51-52; 54; 57-58; 67; 76-77; 109.
Démétrios le Chronographe, 57.
Démotique (code), 73-75.
Démotique (langue des Égyptiens), 226.
Démythologisaiion (dans la LXX), 258.
Désert de Juda (manuscrits découverts dans le), 53.
Deutérocanoniques, livres absents du TM mais retenus dans la LXX, 39;
84-86; 112-119; 156; 322-327. Voir aussi «Intertestamentaires».
Diaspora (littéralement: «dispersion»), ensemble des établissements des
Juifs hors de Palestine, en particulier en Égypte, 32-38; 109; 119-120;
et passim.
Dicastères, tribunaux égyptiens, 74-75.
Diffusion de la LXX, 79-81 ; 119-124.
Diodore de Sicile, 51.
Diodore de Tarse, 291.
Diogène Laerce, 57-58.
Divergences entre la LXX et le TM, voir Écarts et le chap. v.
Ébionîtes, groupe de judéo-chrétiens hétérodoxes, ayant ses propres écrits,
148.
Écarts principaux entre la LXX et le TM (livre par livre), 173-182.
«Écrits», les livres bibliques autres que la «Loi» et les «Prophètes» (on
dit aussi: « hagiographes» ; en hébreu: ketubîm), 88; 113-116.
346 LA BIBLE GRECQUE DES SEPTANTE
Tétraples, 164,
Textes locaux (théorie des), 186-187; 190-192.
Théocrite, 77 ; 92.
Théodecte, 52.
Théodore de Mopsueste, 150; 216; 291; 302.
Théodoret de Cyr, 60; 141 ; 145; 155; 168-169; 196; 302; 306; 307; 308.
Théodotion, ou proto-Théodotion, 95; 101; 151-157; 181-182; 190; 261;
277 ; et passim.
Théophraste, 58.
Théopompe, 52.
Thérapeutes, 272.
Tiqquné Sopherim (corrections des scribes), 204-205.
Titre des livres bibliques (dans la LXX et en hébreu), 65-66*
Torah, la «Loi », ou les cinq premiers livres de la Bible, 39; 88 ; 113 ; et passim.
Traditions de lecture du texte hébreu, 208-209. Voir aussi Rabbins.
Traducteurs, voir Septante (les).
Traduction (conceptions de la), 230-231.
Traduction (styles de), 231-233.
Traductions orales de la Bible, 54.
Traductions (autres traductions, non bibliques, dans 1*Antiquité), 70-71.
Traductions partielles, 51-52; 98-101.
Transcription (reproduction des caractères hébreux dans le texte grec), 261.
Transcription (théorie de la), 66.
Translittération (écriture des mots hébreux en caractères grecs), 156; 207 ;
261-263.
«Tri/aria varietas» (du texte de la LXX, selon Jérôme), 162; 199.
Trinitaire (interprétation), 299 (un exemple).
Typologie (procédé d’interprétation), 298; 307; et passim.
Ulfila, 333.
Urseptuagint%nom désignant en allemand la LXX originale.
Vardan (auteur arménien du xm* siècle), 49.
Variantes (ou leçons): différences entre les divers manuscrits de la LXX,
ou entre la LXX et le passage correspondant dans le texte massoréti
que. Distinction des variantes textuelles et des variantes rédactionnel
les, 203 sq.; 210-212. Variantes théologiques, 216-219.
Vaticanus, manuscrit de la LXX, 94; 98; 133-134; 138; 153; 155; 167;
172; 174-175; 176; 177; 181; 194-195; 196; 198; 322; 326; 331.
Versions filles de la LXX, 136-140; 173; 197; 330-334.
Vieille latine (Vêtus latina), version faite sur la LXX, 138-140; 170; 179;
181; 186; 187; 191; 199-200 ; 332-333.
Vieillissement du grec de la LXX, 302-303.
Vieux grec (ou vieille LXX), texte original de la LXX, inconnu, à recons
tituer, 129; 145; 157; 158; 160; 166; 170; 177; 179; 182-193; et passim.
Vocalisation du texte hébreu (indication des voyelles), 163; 207.
Vorlage, voir Substrat de la LXX.
Vulgate de la LXX, texte usuel de la LXX à partir du IVe siècle, notam
ment dans les Chaînes, 142; 303.
Vulgate (latine), version de la Bible hébraïque, 139; 150; 163; 333.
Yabné, voir Jamnia.
Zacharie de Mitylène, 48.
INDEX DES AU TEU R S MODERNES
A b e l F .N L 235. B e y e r K. 281*
A e j m e l a e u s A . 240. B i c k e r m a n E.J. 1 7 ; 4 4 ; 8 5 ; 9 0 ;
A e r t s W . J . 240. 302.
A l a n d K. 133. B id e z J.R. 33 3.
A l e x a n d r e M. 313. B i l l e n A.V. 140.
A l l e n H . F . 2 40. B i l l e r b e c k P. 2 7 1 .
A l l e n L.C. 98. B jöRC K G . 240.
A l l c e i e r A . 199. B l a s s F . 235.
Aly Z. 64. B l o c k R . 21 3.
A m p h o u x C.B. 2 8 0 . B l u d a u A. 156.
A r n a l d e z R . 4 6 ; 27 3. B o d i n e W.R. 155.
A r n d t W.F. 241. B o g a e r t P.-M, 1 7 ; 5 6 ; 1 0 6 ; 119;
A u l d A . 175. 140; 1 7 4 ; 1 8 0 ; 1 8 1 ; 200 .
A u v r a y P . 89. B o r g e n P. 272.
A z i z a C. 38. B r a t c h e r R.G. 279.
B r a t s i o t i s N . P . 258.
Ba a bJ.O. 61. B r a u n F.M. 279.
B a rr J. !6; 208; 209; 242 ; 253; B r e n t S a n d y D . 243 .
261; 281. B r o c k S.P. 1 5 ; 1 7 ; 167; 242.
B a a r s W . 137. B r o c k i n g t o n L.H. 213.
B a r b e r Ε . Α . 241. B r o d i e T.L. 281.
B a r n e s T a t u m W . 71. B r o o k e A.E. 130.
B a r o n J . 119, B u r k i t t F . C . 1 4 1; 145.
B a r t e l i n k G.J.M. 3ï4. B u s t o S a i z J.R. 1 4 9; 155.
B a r t h é l é m y D. 16; 133;
161;
162; 171; 173; 176; 186; 190; C a i r d G .B . 9 1 ; 2 4 2 ; 260.
192; 193. C a l l a g h a n J.O. 133.
Ba r t l e t t J . R . 44. C a l o z M. 167.
B a u e r W . 241. C a n é v e t M. 295.
B e c k w i t h R. 119. C a p e l l e B . 310.
B e n o i t P . 295. C a r m i g n a c J. 2 0 ; 140.
B e n v é n i s t e E . 71. C a s e t t i P. 17.
B e r n a n d a , 32. C e r f a u x L. 280.
B e r t r a m G . 222. C e r î a n i A.M. 137.
354 LA BIBLE G R E C Q U E DES S E P T A N T E
C h a n t r a i n e P. 241. E l b o g e n I, 174.
C h a r l e s R . H . 271. E m e r t o n J . A . 1 6 7 ; 217.
C h a r l e s w o r t h J . H . 4 4 ; 271, E n g e l H . 156.
C i m o s a M . 2 4 2 ; 295 . E n s l i n M . S . 106.
C o l e m a n N . D . 280. E s t i n C . 334.
C o l l i n s J.J. 31.
C o l o r n i V. 228. F e i s s e l D . 315.
C o l s o n F . H . 273. F e r n á n d e z M a r c o s N . 17; 4 4 ;
C o n d a m i n A. 292. 101; 1 7 1; 213.
C o n y b e a r e F .C . 235. F e s t u g í é r e A . - J . 98.
C o o k J. 61. F é v r i e r J .G . 44.
C o r s i n i E . 287. F i c h t n e r J . 149,
C o s t e J. 17; 260. F i e l d F . 17.
Cox C . 1 8 ; 1 38; 1 6 7 ; 172. F i n k e l s t e l n L . 3 2 ; 36.
COWE S .P . 138. F i n n A .H . 174.
C r o s s F . M . 1 8 4 ; 187. F i s c h e r B. 140; 171.
F i s c h e r J . 98.
D a n i e l S. 258.
F i t z m y e r J.A. 190.
D a n i e l R . W . 314.
F o n t a i n e J . 140.
D a n l é l o u J. 286; 298; 307.
F r a n k e l Z . 1 7 ; 222.
D a r i s S. 241.
F r a s e r P . M . 20.
D a r l o w T.H. 195.
F r e d e H.J. 141.
D aube D. 2 7 L
F r e e d E . D . 280.
D a v i e s W . D . 32.
F r e y J.B. 31.
D eb r u n n er A . 2 3 5 ; 236.
F r i e d m a n n M . 144.
D e b u s J . 177.
F r i e d r i c h G . 235.
D e is s m a n n A. 258.
F r i t s c h C . T . 1 5 ; 1 3 7 ; 2 1 4 ; 260.
D e l c o r M. 79.
F r o s e n J . 235.
D e l é a n i S. 319.
F u c h s E . 242.
D e l e h a y e H . 320.
F u n k R . W . 235.
D e l e k a t L . 1 7 9 ; 226.
D e l l i n g G. 271.
G a m m i e J . G . 108.
D en is A .M . 271.
G a r d D . H . 214 ,
D e v r e e s s e R . 161 ; 303.
G ASTER M . 56.
D h o r m e E . 239.
G e e r a r d M . 142.
D i e z M a c h o A . 271.
G e h m a n H . S . 2 3 7 ; 242.
D i o n P.E. 36.
G e i g e r A . 149.
D o r a n R . 35.
G e i s s e n A . 182.
D o r i v a l G . 17; 5 1 ; 142; 1 4 5; 2 8 3 ;
G e l i n A . 317.
303.
G e o r g e A . 20.
DORNSEIFF F. 53.
G e r l e m a n G . 9 0 ; 91 ; 98.
D ö r r i e H . 171.
G e r t h B. 236.
Dos S a n t o s E.C. 242.
G i b l e t J . 20.
D u b a r l e A.M. 295.
G i g n a c F . T . 2 35 .
D u b u i s s o n M . 23 0.
G i n g r i c h F . X . 241.
D u n a n d F. 64.
G i n z b e r g L , 305.
D u p o n t -S o m m e r A . 8 5 ; 106; 271.
G l a u e P . 161.
D r e y f u s F . 295.
G o i t e n S .D . 256 .
D r i v e r G . R . 209.
G o o d in c . D . W . 4 4 ; 1 5 8 ; 174; 176;
E c k ste in F. 314. 177; 253.
INDEX DES AUTEURS MODERNES 355
P o n s J . 243. S i l v e r s t o n e A . E . 144.
P o r t e n B. 32, S i m o n M. 125.
P o u i l l o u x J. 46. S i m o n e t t i M. 300.
P r é a u x C . 21. S k e a t T . C . 3 2 ; 6 4 ; 135.
P r e i s i g k e F. 241. S k e h a n P . W . 1 33; 158.
PRIJS L. 222. S m i t S i b i n g a J . 293.
P r i g e n t P . 141; 2 8 0 ; 286. S o d e r l u n d S . 109.
P r OCKSCH O . 199. S o f f e r A . 214.
S o i s a l o n -S o i n i n e n L 14 7; 155;
R a b i n C . 209. 18 4; 240.
R a b i n o w i t z L.I. 144. S o l l a m o R. 241.
R a h l f s A . 1 9 ; 1 3 0 ; 145; 153; 161; S p a r k s H . F.D. 2 8 1.
171; 195; 302; 313. S p e r b e r A , 184.
Rea J. 76. S p i c q C . 280.
R e d p a th H .A . 242. S p o t t o r n o M .V . 181.
R e i d e r J. 145; 147. S t ä h l i n O . 141.
R é m o n d o n R . 227. S t a m b a u g h J . E . 44.
R o b e r t L. 238. S t a r c k y J . 222.
R o b e r t s B . J . 19. S t e m b e r g e r G . 50.
R o b e r t s C . H . 259. S t e r n M. 271.
R o FË A . 175. S t o e b e H . J . 7 6 ; 176.
R o k e a h D . 34. S t o n e M E . 4 4 ; 4 9 ; 271.
R o n d e a u M.J. 299. S t r a c k H . L . 5 0 ; 271.
R o u s s e a u O , 302. S t r a n g e J.E. 20.
R o s t L. 76. S t r i c k e r B . H . 76.
R ü g e r Η.Ρ. 89; 145. S t r o c k a M. 56.
S t r u s A . 264.
S a b u g a l S . 222. S u n d b e r g A.C. 19.
S a f r a i S. 271. S w e t e H .B . 19; 195.
S a u n i e r C. 21.
S a v i n e l P« 46. T a l m o n S. 187.
SCALIGER J . J . 68. T a y l o r C. 145.
S c h e n k e r A. 17; 168. T c h e r i k o v e r V. 2 1 ; 44,
SCHLEUSNER J.F. 241, T h a c k e r a y H . S t J . 19; 4 3 ; 4 4 ;
S c h m i t t A. 153; 259. 9 2 ; 9 8 ; 130; 175.
S c h n e i d e r H . 302. T h o m a s J.D. 178.
S c h o e p s H,J. 1 4 9 ; 150. T h o m a s K . J . 280.
S c h ü p p h a u s J. 156. T o r r e y C.C. 119; 153; 178.
S c h ü r e r E. 21. T o v E . 1 9 ; 9 8 ; 9 9 ; 106; 143; 145;
S c h w a r t z J . 34. 153; 157; 1 61 ; 171; 175; 176;
S c h w y z e r E. 236. 180; 190; 2 1 2 ; 2 2 3 ; 2 3 0 ; 241 ;
S c o t t R. 241. 2 4 3 ; 2 5 3 ; 261 ; 263.
S e e l i g m a n n I .L . 19; 209. T r a m o n t a n o R. 43.
S e g e r t S. 260. T r e b o l i .e J . 140.
S e m l e r J . S . 119. T r e b o l l e -B a r r e r a J . C . 177.
S e v e n s t e r J . N . 227. T r e n k n e r S. 238.
SHENKEL J . D . 177, T u r n e r N. 145; 2 3 4 ; 2 3 5 ; 237.
S h u t t R.J.H. 4 4 ; 53. T y c h s e n O . G . 66.
S i e b e n H . J . 293.
S i l v a M . 2 3 5 ; 2 5 3 ; 282. U lr ic h E .C . 92; 133; 140; 171; 187.
358 LA BIBLE GRECQUE DES SEPTANTE
Première partie
L ’HISTOIRE DE LA SEPTANTE
DANS LE JUDAÏSM E ANTIQUE
Deuxième partie
LE TEXTE DE LA SEPTANTE ET SES PROBLÈMES
Troisième partie
LA SEPTANTE DANS LE CHRISTIANISM E ANCIEN
LA BIBLE D'ALEXANDRIE
COLLECTION DIRIGÉE
PAR LE GRÉCO 25 DU CNRS
41.90 €
Sodis 8238254
ISBN 978-2-204-02821-9 (Cerf)
ISBN 2-222-04155-4 (C.N.R.S.)
ISSN en cours
7 8 2 2 0 4 '10282- 201 l-X