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Semaine 14 

: Exercice d’application

Questions :
1/ Identifiez la forme des poèmes 1 et 2 et justifiez-la du point de vue du sens.
2/ Faites le découpage syllabique des poèmes 1 et 2.
3/ Etudiez-en le mètre, la rime (nature, genre, grammaticalité, disposition) et la
syntaxe (enjambement, rejet, contre-rejet).
4/ Justifiez l’emploi de ces formes (mètre, rime et syntaxe) du point de vue du
sens.
5/ Repérez, identifiez et commentez les jeux phoniques dans les poèmes 1 et 2
6/ Dégagez les figures de style employées dans les poèmes 1 et 2. Justifiez
l’emploi de ces figures du point de vue du sens.
7/ Relevez les images poétiques employées dans les poèmes1 et 2.
8/ Trouvez les mouvements qui caractérisent les poèmes 1 et 2.
9/ A partir du poème 2, élaborez le plan du commentaire.

Poème 1 :
Quinze longs jours encore et plus de six semaines
Déjà ! Certes, parmi les angoisses humaines
La plus dolente angoisse est celle d’être loin.
On s’écrit, on se dit comme on s’aime ; on a soin
D’évoquer chaque jour la voix, les yeux, le geste
De l’être en qui l’on mit son bonheur, et l’on reste
Des heures à causer tout seul avec l’absent.
Mais tout ce que l’on pense et tout ce que l’on sent
Et tout ce dont on parle avec l’absent, persiste
À demeurer blafard et fidèlement triste.

Oh ! l’absence ! le moins clément de tous les maux !


Se consoler avec des phrases et des mots,
Puiser dans l’infini morose des pensées
De quoi vous rafraîchir, espérances lassées,
Et n’en rien remonter que de fade et d’amer !
Puis voici, pénétrant et froid comme le fer,
Plus rapide que les oiseaux et que les balles
Et que le vent du sud en mer et ses rafales
Et portant sur sa pointe aiguë un fin poison,
Voici venir, pareil aux flèches, le soupçon
Décoché par le Doute impur et lamentable.
Est-ce bien vrai ? tandis qu’accoudé sur ma table
Je lis sa lettre avec des larmes dans les yeux,
Sa lettre, où s’étale un aveu délicieux,
N’est-elle pas alors distraite en d’autres choses ?
Qui sait ? Pendant qu’ici pour moi lents et moroses
Coulent les jours, ainsi qu’un fleuve au bord flétri,
Peut-être que sa lèvre innocente a souri ?
Peut-être qu’elle est très joyeuse et qu’elle oublie ?
Et je relis sa lettre avec mélancolie.

Paul Verlaine, La Bonne Chanson, X, 1870.

Poème 2 :
XIII- Veni, vidi, vixi
J'ai bien assez vécu, puisque dans mes douleurs
Je marche, sans trouver de bras qui me secourent,
Puisque je ris à peine aux enfants qui m'entourent,
Puisque je ne suis plus réjoui par les fleurs;
Puisqu'au printemps, quand Dieu met la nature en fête,
J'assiste, esprit sans joie, à ce splendide amour;
Puisque je suis à l'heure où l'homme fuit le jour;
Hélas! et sent de tout la tristesse secrète;
Puisque l'espoir serein de mon âme est vaincu;
Puisqu'en cette saison des parfums et des roses,
O ma fille! j'aspire à l'ombre où tu reposes,
Puisque mon coeur est mort, j'ai bien assez vécu.
Je n'ai pas refusé ma tâche sur la terre.
Mon sillon? Le voilà. Ma gerbe? La voici.
J'ai vécu souriant, toujours plus adouci,
Debout, mais incliné du côté du mystère.
J'ai fait ce que j'ai pu; j'ai servi, j'ai veillé,
Et j'ai vu bien souvent qu'on riait de ma peine.
Je me suis étonné d'être un objet de haine,
Ayant beaucoup souffert et beaucoup travaillé.
Dans ce bagne terrestre où ne s'ouvre aucune aile,
Sans me plaindre, saignant, et tombant sur les mains,
Morne, épuisé, raillé par les forçats humains,
J'ai porté mon chaînon de la chaîne éternelle.
Victor Hugo, Les Contemplations, 1847

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