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Approche des genres littéraires

Œuvre théâtrale étudiée : Lorenzaccio, Musset, folio théâtre (B. Marchal)

 Cours 1 : Lorenzaccio, Musset

Questions préjudicielles : Qu’est-ce que la littérature ? Qu’est-ce que les genres ?

Qu’est-ce que la littérature ?


Nous pourrions répondre à cette question par : l’étude de textes particuliers, soit : le roman, la poésie et le théâtre. Ces trois
grands genres littéraires sont une subdivision de la littérature, définis par des critères particuliers.
Ces trois genres (le roman, la poésie et le théâtre) ont en commun le fait d’être des fictions, donc sorties d’une imagination,
opposés à la réalité. (En anglais littérature se dit « fiction », et tout ce qui ne fait pas parti de la littérature est appelé « non-
fiction »).
Mais il y a aussi d’autres genres mineurs comme les correspondances, les autobiographies…
Cependant cette conception de la littérature n’est pas très ancienne, la littérature n’est pas un concept éternel, celle-ci a une
histoire et c’est cela qu’il faut comprendre pour éviter tout anachronisme.
L’anachronisme le plus courant consiste à penser que la littérature a existé de tous temps. En latin littera signifie « la lettre »,
celle de l’alphabet ; (ou en grec « tagramata »), Littérature signifie donc « écriture », « tout ce qui s’écrit ».

Dès l’antiquité grecque et latine la littérature se définissait par tout ce qui passait par un medium (un moyen), c’est à dire le
livre dès le 15ème siècle mais aussi auparavant les manuscrits. Par conséquent tous les livres (de philosophie, de droit etc.)
faisaient partis de la littérature, il n’y avait aucune distinction entre le non fictionnel et la fiction. Les œuvres de fiction qui
formaient une partie de la littérature étaient appelées « les belles lettres », celles qui avaient une finalité esthétique. (Mais
aujourd’hui la littérature ne désigne plus que les œuvres de fictions). Les « belles lettres » étaient reconnaissables à leur
forme en vers, la forme noble du langage, soit la poésie principalement, autrement dit la littérature était l’autre nom de la
poésie. Le roman avant le 19 ème siècle ne faisait pas partie des belles lettres dû à sa forme en prose, non noble. La société et la
littérature présente un point commun: le fait d’être hiérarchisées, d’un côté la noblesse, le clergé… de l’autre les formes
nobles, vulgaires…
Il y avait aussi des genres littéraires à l’époque, mais seulement des genres poétiques puisqu’elle formait à elle seule la
littérature. Il y avait donc trois grands genres, une tripartition : l’épopée fabriquée par la poésie épique, le genre le plus noble,
c’est un genre poétique en vers, très long, composée de milliers de vers, une poésie narrative racontant l’histoire de héros au
sens strict, au sens mythologique : un homme capable de devenir un dieu, une sorte de demi-dieu (comme Hercule ou
Héraclès, Eschyle, Ulysse, Enée…). L’épopée met en scène des personnages nobles caractérisés par ce qu’ils font, des actes
toujours en rapport avec leur cité (qui formaient de véritables nations). Ce sont souvent des histoires fondatrices de la cité
(comme Enée fondateur de l’empire romain).
Le second grand genre concerne la poésie dramatique destinée à la scène théâtrale, elle donne naissance à la tragédie pour ce
qui est du genre le plus noble et la comédie. [La tragédie est une pièce théâtrale caractérisée par ses personnages : des héros,
de grands personnages à qui il n’arrive que de grands évènements. La comédie est caractérisée par la qualité de ses
personnages, se sont de personnages communs vivant des histoires communes]. La tragédie n’est pas définie par son côté
tragique mais bien la qualité de son histoire, les personnages… L’histoire se termine souvent mal mais ce n’est pas une
fatalité.
Le troisième grand genre concerne la poésie lyrique qui produit une ode (ode en grec signifie chant).

 Cours 3 : Lorenzaccio, Musset


La poésie lyrique était une poésie accompagnée de musique (de l’instrument : lyre). Cette poésie perdure de nos jours, à la
différence des autres genres cette forme de poésie ne met pas en scène des personnages nobles,
La poésie narrative est une poésie du « il » l’on raconte une histoire à la troisième personne, tandis que la poésie dramatique
est une poésie du « je » et du « tu ».
La poésie lyrique est essentiellement perçu comme une poésie de sentiments, (la chanson d’une certaine façon est l’héritière
de la poésie lyrique), c’est alors une poésie du « je » qui exprime des sentiments personnels ou non.
La poésie lyrique produit une forme poétique qui traditionnellement s’appelle « l’ode » (le chant en grec).
Corneille et Racine sont avant tout des poètes, leur art est créé pour être reproduit sur scène.

Ce système va durer jusqu’au XIXème siècle, advient alors le nouveau système. Le XIXème siècle devient alors le siècle du
changement, un changement qui va aboutir à l’utilisation des deux systèmes en même temps. Il y avait concurrence entre ces
deux systèmes, mais lentement notre système actuel va s’imposer et faire disparaitre l’ancien.
Dans les deux cas nous avons un système à trois genres principaux, les trois genres de la poésie dans le système ancien vont
devenir les trois genres de la littérature dans le système moderne.
La poésie épique est encore illustrée au XIXème siècle, par exemple V. Hugo (1802 -1885) va être représentatif de la
concurrence entre les deux systèmes de ce siècle : il représente le maintien de l’ancien système et l’utilisation du renouveau,
il est poète et fait des épopées mais aussi des tragédies, des comédies, et des odes… (cf. œuvres Hugo), il est un poète au sens
traditionnel du terme. Baudelaire lui n’a pratiqué que ce qu’il appelle la poésie soit la poésie lyrique.
La poésie épique reste le grand genre tout au long du XIXème siècle mais va avoir tendance à disparaitre, le genre
s’essouffle, et l’épopée disparait.
La poésie dramatique (Corneille, Molière…) va elle aussi disparaitre, le théâtre n’est plus en vers, et va désormais être
principalement représenté en prose. Mais quand un genre disparait ce n’est pas complètement, c’est une transformation en
réalité.
En même temps que l’épopée tant à disparaitre, un genre est en pleine assomption : le roman, le genre narratif par excellence.
Le roman prend alors la place de l’épopée.
Cependant l’épopée est en vers et le roman en prose, par conséquent le vers tant à disparaitre, d’autant plus qu’il est la forme
noble, hors cette noblesse est victime de la révolution, la mise à bas de l’ordre ancien, de l’ordre politique, social et même
littéraire. Le vers en disparaissant va être remplacé par la forme commune : la prose, le langage de tous les hommes.
Il y a donc la conservation de la forme narrative accompagnée d’une double disparition : le vers et la mise en scène de
personnages nobles puisque le roman raconte l’histoire de personnages communs. C’est la démocratisation du récit.
Le roman va devenir la forme narrative non plus de l’ancien régime mais de la vie moderne, fondé sur l’exigence d’égalité.
Le terme « héros » ne signifie plus la même chose, ce mot est hérité de l’épopée, le héros de roman ne désigne plus que le
personnage principal. On a une égalisation du personnage, c’est l’avènement du peuple comme puissance historique.
La poésie dramatique tant aussi à disparaitre pour les mêmes raisons : le caractère héroïque de ces personnages, le caractère
hiérarchique de ce genre. La poésie dramatique va devenir le théâtre, la seule différence : la prose. Le théâtre moderne ne met
plus en scène de grands personnages mais des personnages communs.
La poésie lyrique va devenir la poésie d’aujourd’hui. La modernité passe par l’abolition des hiérarchies, la poésie lyrique se
transforme alors aussi, c’est l’héritière de la partie la moins noble de la poésie : la poésie lyrique. Notre idée de la poésie est
donc réduite, elle est là pour exprimer des sentiments. Autre héritière de cette poésie lyrique : la chanson.
Le vers est resté dominant au sein de la poésie jusqu’au XIXème, la poésie peut être prose ou vers.

Lorenzaccio s’inscrit dans ce contexte historique politico-sociale mais aussi dans l’évolution de la littérature, le XIXème
siècle reste le siècle des révolutions (« la révolution des trois glorieuses », celle de 1789 et celle de 1948, qui aboutira à
l’instauration de la deuxième république).
Il y a une obsession de la révolution, Victor Hugo va en être un acteur majeur, il va faire jouer « Hernani » et théoriser la
littérature dans « la préface de Cromwell », ce personnage ayant vécu un siècle avant la révolution française, va devenir le
champion de la révolution anglaise. C’est une pièce hors normes ; faisant 7000 vers, c’est une pièce injouable.

 Cours 5 : Lorenzaccio, Musset 02/10

Victor Hugo était un poète qui pratiquait aussi l’écriture de romans. Sa conception de la littérature aura beaucoup
d'importance notamment pour Musset. En 1827, Hugo écrit une pièce de la poésie dramatique, très longue, environ 7000 vers
et donc injouable sur scène : « la préface de Cromwell » (un révolutionnaire anglais). Dans cette préface Hugo développe sa
conception de la poésie (ce qui équivaut à développer son idée de la littérature aujourd'hui). Il va en donne une perspective
historique : il y récapitule l'histoire de la poésie et dans le même temps l'histoire du monde. Pour se faire il va diviser
l'histoire du monde en 3 grandes périodes et de la même façon l'histoire de la poésie : la première période est constituée des
temps primitifs, la seconde des temps antiques et enfin la quatrième est composée des temps modernes.

Les temps primitifs :


Ces temps font référence à l'histoire du monde, ils commencent il y a 6 mille ans (c’est une chronologie biblique) avec la
création du monde (la genèse, qui raconte comment Dieu a créé le monde par sa parole). Les temps primitifs sont donc les
temps de création par Dieu. Dans ces temps, l'homme jouissait d'un bonheur total (Adam et Eve) grâce à un paradis terrestre.
Puis vint la chute à cause d'un péché céleste et désormais l'humanité doit gagner son pain à la sueur de son front.

Les temps antiques :


Ce que nous appelons aussi en histoire l'antiquité. Et plus précisément l'antiquité gréco-latine. L'antiquité désigne le temps
avant Jésus-Christ.

Les temps modernes :


Les temps modernes ne désignent pas les temps contemporains car la modernité commence beaucoup plus tôt, les temps
modernes commencent avec l'avènement du Christianisme. Nous sommes donc dans l'ère des temps modernes. Car le
Christianisme a profondément transformé le monde des hommes dans l'occident mais pas seulement.

Mais une subdivision va s’appliquer à chacun de ces temps: un genre dominant.


Le genre dominant des temps primitifs va être la poésie lyrique, c'est à dire l'Ode. De même pour les temps antiques, la
poésie qui lui correspond est la poésie épique, c'est à dire l'épopée. Quant à la troisième période, il reste la poésie dramatique.
V. Hugo va constater que la poésie lyrique est un chant de célébration : elle représente le bonheur de l'homme devant son
Dieu, l'homme est heureux puisqu’il vit encore dans l'éternité, il n'est pas condamné à mort.
D'où la formule par laquelle V. Hugo l'appelle : la poésie de chante l'éternité.
Or lors du péché, l'homme quitte l'éternité et tombe dans l'Histoire car la temporalité s'installe, il est dans l'Histoire, celle faite
de conflits entre les citées, entre les nations.
La poésie a donc un rapport important avec la guerre (ex : l'Illiade est en rapport avec la guerre de Troie).
En somme, l'épopée est directement liée à la guerre voilà pourquoi Hugo peut définir le chant épique comme Solanise
l'histoire.
La poésie dramatique est caractérisée par V. Hugo comme une poésie peignant la vie, elle est la prise de conscience de la
dualité de l'être humain (il est corps et esprit). L'homme est donc double et nécessairement à un conflit intérieur entre la partie
corporelle et spirituelle. Or le conflit est pour Hugo la caractéristique essentielle pour la poésie dramatique. Et c'est en cela
que la poésie dramatique est l'œuvre de la poésie dramatique (= c'est la logique de l'antithèse). Tout ce qui est antithétique est
dramatique.
Mais « genre dominant » ne veut pas dire exclusif. A toute époque il y a évidemment les 3 genres mais simplement il y a un
genre qui correspond plus à une époque donnée.
De plus la poésie dramatique va produire deux grands types de poésie : la poésie dramatique et comique. Hugo va s'opposer à
la division de ces deux poésies, car en effet, la seule différence qui les opposent est la qualité des personnages, ce qui ne doit
pas être une action banal pour la tragédie (comme pour l'épopée) ; alors qu'évidement dans la comédie ce qui arrive aux
personnages communs sont des évènements communs. Il y a donc dans la tradition classique de l'antiquité un partage qui est
inégale : la tragédie est plus noble que la comédie. S'il est vrai que l'homme est double, Hugo va penser une réforme du
théâtre pour éliminer la division drame/comédie.
Si l'on veut montrer l'homme tel qu'il est, puisque l'homme est double, il y a du spiritisme et de la matière, Hugo va créer un
nouveau genre qui se veut représentatif du moderne. Cette synthèse Hugo va la désigner par un terme qu'il reprend du grec,
drama (dramatique au sens théâtral) et devient donc le drame. Le drame est la conjonction dans une même pièce de la
tragédie et du comique. L’on peut à la fois pleurer et rire. Avec le drame pourra être représenté tout ce que fait l'homme, tout
ce que fait la vie.
Cependant au XVIIIème siècle un drame existait déjà (ascension bourgeoise), les bourgeois étaient insatisfaits de devoir faire
ce partage, il existait donc un drame bourgeois. Le drame est donc ce qui contient TOUT.

 Cours 7 : 09.10

Le genre le mieux adapté à la modernité chrétienne est la poésie dramatique.


Le drame est la conjonction de la comédie et de la tragédie.
Cependant à toutes époques il y a les trois genres mais il y a un genre dominant dans chaque.
Pour Hugo la poésie dramatique est la poésie moderne parce qu’en plus d’être adapté à l’époque moderne elle est la synthèse
de toutes les poésies. Il n’y a donc pas simplement succession des poésies.
La poésie dramatique, aussi appelé « poésie complète », est donc la synthèse de toutes les poésies, cela veut dire que dans un
drame Hugolien l’on retrouvera une dimension dramatique, le conflit, l’opposition mais aussi la dimension lyrique, celle liée
à l’individu et la dimension épique, liée à l’Histoire, la poésie dramatique met en scène le conflit de l’individu et la société,
l’Histoire.
Il ne s’agit donc plus de peindre des êtres exceptionnels de héros ou des demi-dieux mais peindre la vie des hommes. Mais à
partir du moment où l’on souhaite peindre la vie réelle l’on fait un drame en prose puisque la poésie c’est le langage des
dieux et les hommes la prose.
La modernité est du côté de la prose, pourtant Hugo reste fidèle au vers, avec l’idée que le vers est « un miroir de
concentration » il permet d’exprimer de façon concise et plus forte ce que le poète a à dire. Les poèmes Hugoliens sont donc
la plus part du temps en vers au contraire des autres auteurs de ce temps comme Musset.

La deuxième partie de la préface de Cromwell va contenir des considérations plus théoriques sur le théâtre.
En effet le théâtre traditionnel repose sur la distinction de deux sous genres : la tragédie et la comédie. Le théâtre classique est
fondé sur des règles que le dramaturge doit respecter : la règle des trois unités, pour faire du théâtre conforme à la doctrine.
Hugo dans la deuxième partie de son manifeste va donc considérer cette règle des trois unités et les critiquer :
L’unité de temps, c’est-à-dire la durée de l’action : la règle veut que l’action de la pièce ne dure pas plus d’une journée, c’est
une action concentrée dans le temps, à la différence du roman et de l’épopée. Aux yeux d’Hugo cette unité est artificielle
puisque dans la vie réelle l’action n’est jamais aussi concentrée, c’est donc au nom de la vérité qu’il critique cette unité. Les
drames romantiques peuvent alors avoir une temporalité plus longue, la durée de la pièce reste la même, le temps s’écoule
entre les actes, lorsqu’on change d’acte l’on peut changer de temporalité.
L’unité de lieu consiste en ce que toutes les scènes d’une pièce doivent se situer dans un même lieu, pour des raisons de
concentration mais aussi dû aux changements de décor difficile. Ce lieu est appelé « vestibule », soit le seul lieu ou tous les
personnages peuvent se croiser, alors que le drame romantique va revendiquer la pluralité des lieux (notamment grâce aux
possibilités nouvelles qu’offre la modernité du décor). Mais c’est aussi une question de respect de la vie réelle.
L’unité d’action : il ne peut y avoir qu’une seule action dont on suit le déroulement, est une unité qu’Hugo ne contestera pas,
c’est la seule unité qu’il accepte pour que le spectateur ne soit pas désorienter par plusieurs actions. Pour produire l’effet
escompté il faut qu’il saisisse l’action dans son unité et son développement.

S’ajoute à cela deux règles fondamentales : l’unité de ton : qui est lié à cette opposition entre la tragédie (langage noble,
personnages nobles) et la comédie (personnages commun, langage trivial, vulgaire, populaire). Cela signifie qu’il doit y avoir
un ton noble dans la tragédie particulièrement, avec le vers tandis ; tandis que dans la comédie on aura une unité de ton du
côté du langage plus commun. On ne mélange pas tragédie et comédie, on ne fait pas rire dans une comédie, (une unité que
ne respecte pas Shakespeare).
C’est la séparation stricte de la tragédie et de la comédie. Hugo proteste aussi contre cette unité, dans la vie réelle nous
pouvons passer d’un registre à un autre, tout n’est pas tragique ou comique. Le drame romantique récuse complètement
l’unité de ton.
Mais il y a encore une cinquième règle, la règle de la bienséance, qui consiste à interdire de représenter sur scènes des actions
réprouvés par la morale, dans les tragédies il peut y avoir des meurtres, des duels, des suicides mais tout cela ne peuvent pas
être représentés sur scène. L’auteur fait raconter l’action par un personnage. Le drame romantique va donc protester contre
cette logique de la bienséance, dû à la conformité de la vie. Le drame mêle donc tragédie, comédie tout en représentant la vie
humaine (d’où la scène du meurtre et le duel dans Lorenzaccio).
Toutes les pièces de Hugo seront alors des drames (de « drama » : l’action).

Musset est né en 1810 et Hugo en 1802, cette différence d’âge peut être caractérisé de façon simple en disant que dans
l’Histoire littéraire, mais pas seulement, l’on parle de « génération », la durée approximatif d’une génération est en moyenne
d’une vingtaine d’année, celui qui est né vingt ans plus tard est dans la même position qu’un fils par rapport à son père.
Baudelaire par exemple est né vingt ans après Hugo, il peut y avoir deux attitudes opposés : la soumission, le respect, la
continuité ou bien la révolte, le changement de génération, le refus du père, ce qui vaut dans l’univers biologique vaut dans
l’univers littéraire.
La différence d’âge entre ces deux n’est pas la différence précédente mais plutôt d’un petit frère par rapport à son grand frère,
il y a une demi génération d’écart.
Musset nait donc en 1810, dans une époque particulière puisque toute cette génération a été marquée par le temps historique.
Nous sommes encore sous le premier empire.
Musset a parfaitement caractérisé cette génération : Lorenzaccio est un personnage qui appartient à un siècle ancien de la
Renaissance italienne mais il doit aussi à la génération de Musset, ceux qui sont venus au monde dans ce temps particulier.
Ce déterministe historique a façonné leurs esprits, ils ont connu « le mal du siècle » c’est-à-dire le mal de ceux qui sont venus
au monde et qui ont connu dans leur enfance, à l’époque où l’on rêve d’avenir, les rêves de gloire de l’épopée
Napoléonienne, une époque où les batailles se succèdent et où les soldats se couvrent de gloire sur les champs de bataille.
L’épopée Napoléonienne a fait rêver cette génération. Cependant lorsqu’elle arrive à l’âge adulte nait la Restauration, une
société bloquée, revenue en arrière dans laquelle il n’y a plus de rêve de gloire possible . Dans cette société cléricale la seule
ambition qu’il reste va être de devenir prêtre, la classe dominante dans cette société (cf. « le rouge et le noir » Stendhal),
entrer au séminaire est la seule façon de s’élever dans la société.
Musset est caractéristique de cette jeunesse désenchantée. Tout ce qui élevait l’Homme a disparu, la fracture révolutionnaire
a aussi joué, l’esprit du XVIIIème siècle. Cette génération nouvelle après la révolution aspire à croire, cependant elle est
héritière de la philosophie des Lumières et de l’esprit du XVIIIème. Ce qui n’empêche pas Musset de faire de grandes études
grâce à l’obtention de son bac (un exploit quand on sait que moins de 5% des étudiants obtenaient leur bac à lauréat), un bac
qui lui permettra de s’élancer dans des études supérieur, le droit et la médecine, qu’il va vite abandonner, cependant la vision
qu’il a eu de ces cadavres lors de dissections a marqué Musset, l’on va retrouver cette vision dans Lorenzaccio, la présence de
l’horreur du cadavre que l’on dissèque (cet épisode va aussi lui apporter des métaphores pour ses futures œuvres).
Ni le droit ni la médecine ne l’a intéressé, mais parmi ses condisciples se trouvait le futur beau-frère d’Hugo, c’est par lui
qu’à 18ans il le rencontrera et deviendra son cénacle.
C’est en 1829 que débute la carrière de Musset, ses œuvres se situaient du côté de la poésie lyrique. Son premier recueil,
« contes d’Espagne et d’Italie », un recueil qui connait un succès très vite, fait partie d’une poésie lyrique, marquée du sceau
de la fantaisie, une poésie fantaisiste qui joue avec les lieux communs de la poésie traditionnelle. Il s’attire donc une
réputation de poète fantaisiste.
En 1830 il se lance dans la poésie dramatique, il a donc à peine 20ans, il écrit sa première pièce « la nuit vénitienne » (ce
n’est pas exactement sa première pièce puisque sa première n’a jamais été représenté), elle sera représenté en 1830 à l’Odéon,
un grand théâtre semblable à la comédie Française. Dès la deuxième représentation elle sera retirée de l’affiche, cet échec le
conduira à créer des pièces qui ne peuvent pas être joué. Il publiera cette pièce, « la nuit Vénitienne » dans une revue : « la
revue des deux mondes », il va alors écrire du théâtre pour la lecture, il ne cherche plus à la faire représenter sur scène, il n’y
a plus de spectateurs mais des lecteurs.
Le théâtre de Musset est donc un théâtre à lire avant d’être destiné à la représentation, ce qui entraine un certain nombre de
conséquences pratiquent : il n’est plus tenu de respecter les règles du théâtre, les contraintes de la représentation disparaissent
comme l’interdiction de mettre un nombre invraisemblable de personnages (qui revient très chère au théâtre), les problèmes
de décor… c’est un théâtre infiniment plus libre.
Il décidera alors d’écrire uniquement pour la revue des deux mondes.

 Cours 9 : 16.10

En 1832 Musset perd son père. A la suite, la même année, en novembre 1932, se déroule la tentative d’assassinat
du monarque régnant : Louis Philippe. La pièce que nous étudierons peut alors avoir des résonnances
contemporaines.
Les années 1833-1837 forment la période de plus grande activité littéraire, et particulièrement théâtral de
Musset. En 1833 à la date du 1 avril, il publie une pièce qui ne sera pas joué, un drame historique situé à une
période que nous allons retrouver avec Lorenzaccio : la Renaissance Italienne, « André del Sarto ». Ce
personnage éponyme est un personnage historique, un peintre de la Renaissance italienne. Le drame en question
est d’abord un drame sentimental entre André del Sarto et sa femme.
Un mois et demi plus tard, le 15 mai, est publié une nouvelle pièce, une comédie « les caprices de Marianne ».
Un autre évènement capital dans la vie de Musset, pour lui et pour ses œuvres, surgit ensuite: au mois de juin il
fait la connaissance de George Sand, une femme écrivain, célèbre. Très vite les deux écrivains deviennent
amants, un amour passionné nait.
A la fin de cette année ils décident de faire un voyage en Italie, ils partent de Paris le 12 janvier et s’arrêtent à
Florence, lieu d’action de Lorenzaccio. Ils resteront à Venise jusqu‘au début de l’année 1934.
Ce voyage va avoir des conséquences considérables : en janvier 1834 Musset tombe malade à Venise, un
médecin vénitien est appelé : « Pagello », il deviendra l’amant de George Sand. Un ménage à trois curieux, avec
des disputes fréquentes entre les deux ex-amants.
Alors fin mars 1934 Musset décide de rentrer seul à Paris. Il arrive à Paris le 12 avril et se rend compte qu’il a
une commande de son éditeur, une comédie, demandée depuis plusieurs mois, avant son départ. Musset va donc
créer une comédie alors qu’il n’en a aucune envie dû à sa rupture, son amour passionné. Il va écrire une comédie
particulière en très peu de temps qui sera publié le premier juillet 1934 « on ne badine pas avec l’amour ».
Musset met beaucoup dans cette pièce de son expérience récente d’un amour contrarié. Cette pièce qui
commence comme une comédie s’achève en tragédie, parce qu’on « ne badine pas avec l’amour ». Musset va
alors se lancer dans les comédies proverbes, un petit genre de comédie dont Musset va devenir le principal
représentant de comédie.
Pendant son séjour en Italie il écrira aussi « Fantasio ».
Il publiera à la suite deux volumes, pour les comprendre il faut revenir fin 1832 lorsqu’il publia un premier
volume « un spectacle dans un fauteuil, poésie», il affirme ici que ces pièces ne seront plus destinés aux
spectateurs mais aux lecteurs, du théâtre à lire. Les pièces qui sont contenues dans ce volume sont en vers, celui-
ci est composé d’une pièce nouvelle « Lorenzaccio », le drame le plus long de Musset et des « caprices de
Marianne ».
Le 23 aout 1934 il publie ensuite « un spectacle dans un fauteuil, prose », le second volume comporte quatre
œuvres : « André del Sarto » « fantasio », « on ne badine pas avec l’amour » et « la nuit vénitienne ».
George Sand finit par rentrer à Paris, les ex-amants se revoient, se réconcilient, et rompent. Reste entre les deux
une passion forte. Cette histoire d’amour donnera naissance à un roman qui parait en 1836 « la confession d’un
enfant du siècle ».
A la même époque Musset poète commence à publier un recueil qui va connaitre quatre publications successives
« les nuits » (les nuits de mai, d’aout, septembre et octobre), un Musset lyrique et particulièrement sentimentale.
Musset homme de théâtre va se spécialiser dans les proverbes, qui sont des comédies avec une certaine
dimension dramatique ou tragique.
Cependant Musset au fur et à mesure qu’il avant en âge va se livrer à une forme d’excès, de débauche, il mourra
alors à 47 ans en 1857.
Lorenzaccio n’a donc pas connu de première publication en revue, elle parait en 1934 dans « un spectacle dans
un fauteuil, vers ».
Nous pourrions nous demander : pourquoi cette pièce qui traite d’un personnage historique, Lorenzo de Médicis,
qui a assassiné son cousin, en 1536, à l’époque de la Renaissance italienne donc ?
Ce sujet il le doit à sa rencontre avec George Sand. En effet, elle n’est pas spécialement connue pour ses pièces
de théâtre mais pour ses romans, cependant au début des années trente, alors qu’elle ne connait pas Musset, elle
pratique un genre théâtral nouveau, né au milieu des années vingt, inventé par Ludovic ou Louis (prénom
semblable à l’époque) Vitet (un homme qui jouera un rôle important dans la conservation des monuments
historique, passionné d’Histoire), les « scènes théâtrales », c’est un genre qui n’est pas destiné à la
représentation, tourné vers l’Histoire, on l’appellera aussi alors « scène historique ». Ce genre consiste à relater
un épisode historique, généralement à l’aide du mode narratif, (donc création d’un roman narratif), tandis que le
mode théâtral n’est pas un mode narratif au contraire, dans le récit il n’y a que des personnages qui parlent, l’on
va donc évoquer cela sur le mode du dialogue entre des personnages historiques.
C’est une autre façon de montrer l’histoire, sur le mode dialogique du théâtre.
George Sand produit alors une scène historique « une conspiration en 1537 » soit l’histoire que va reprendre
Musset dans « Lorenzaccio », qui relate l’assassinat du Duc de Florence. C’est une espèce de pièce qui ne forme
pas un tout, ce sont des moments historiques mis en scène, ce n’est pas comme Musset : un théâtre non
représentatif.
Elle découpe cela en six scènes mais n’en fait rien, elle ne la publie pas, ne la donne pas à représenter mais va la
confier à Musset lorsqu’elle le rencontre. Elle lui suggéra d’en faire une pièce complète. Il va alors s’en inspirer
et développer ces six scènes pour en faire un drame gigantesque. Il faudra attendre 1899 pour avoir connaissance
de l’existence de cette scène historique de George Sand, on a ignoré que Musset s’était inspiré de cela jusqu’au
XIXème siècle.
Cette conspiration comporte six scènes qui vont se retrouver, une fois réécrites par Musset, dans
« Lorenzaccio ». La correspondance entre les scènes de George Sand et de Musset : l’acte I scène 4 correspond à
la première scène, acte II scène 4 pour la seconde, acte III scène 1 pour la troisième, l’acte IV scène 10 pour la
quatrième et acte IV scène 11 correspond à la cinquième et sixième scène.
Ce sont les scènes essentiels de cette pièce, les moments essentiels sont déjà présents chez George Sand, mais
Musset ne s’est pas contenté de réécrire cela.

 Cours 11 : 30.10

Mais Musset ne s’est pas seulement inspiré de la scène historique de George Sand, il s’est aussi reporté à des manuels
d’Histoire : celui de ? notamment.
Presque tous les personnages sont des personnages historiques, tout ce qu’il se passe dans l’histoire correspond aux
évènements historiques réels.

Les conceptions théâtrales de Musset :

La tradition, et notamment la tradition de la poésie dramatique, celle qui remonte à l’Antiquité et qui va jusqu’au XIX ème,
celle comprenant le couple tragédie-comédie, fonde la logique des « classiques », ceux qui tirent leur model de l’Antiquité,
qui ne mélangent pas les genres.
La révolution romantique (qui se déroule aux alentours de 1830), portée par V. Hugo avec la bataille d’Hernani ???
Le théâtre moderne doit donc être dramatique, le drame c’est la pièce de théâtre.
Comme on l’a vu, V. Hugo s’opposait à la scission entre la tragédie et la comédie, il préférait représenter la vie dans sa
conformité et non se soumettre à des conventions.
Il y aura donc mélange de grands personnages et des personnages communs.
(cf. Hugo)
Musset se situe, dans ce conflit entre les classiques et les romantiques (qui revendiquent un théâtre moderne) du côté des
romantiques. Comme nous l’avons vu il est lié à V. Hugo, ce qui joue aussi dans sa prise de position. Il a fait partie du
cénacle romantique, par conséquent l’on peut imaginer qu’il fait siennes ces règles.
La liberté du dramaturge, s’opposant aux règles se retrouve donc dans le théâtre de Musset.
Musset ne va plus écrire que des pièces en prose à la suite d’« un roman dans un fauteuil, prose ».
Il va plus loin que V. Hugo donc puisque Hugo lui n’en est pas moins resté fidèle aux vers, ce qui n’est pas fidèle à cette
revendication de conformité, c’est une sorte de contradiction.
Musset lui écrit désormais un théâtre en prose dont Lorenzaccio est l’exemple, c’est la lange commune, celle de la modernité
littéraire, ce qui ne l’empêche pas de rester poète et de faire des vers, mais seulement lorsqu’il est poète lyrique.
Il y a une troisième liberté supplémentaire: Musset a décidé de ne plus destiner ses pièces à la représentation mais à la
publication. Ses pièces sont destinées à des lecteurs et non plus à des spectateurs. Les avantages essentiels consistent en une
plus grande liberté, celui qui écrit pour la scène doit tenir compte des contraintes de la scène, des nécessités de la mise en
scène…
Il y a donc des contraintes techniques et financières (le décor, les changements de scènes, et payer les acteurs).
Musset va user de cette liberté totale que lui permet le spectacle dans un fauteuil, une liberté nulle part aussi évidente que
dans « Lorenzaccio » : par sa grandeur d’abord, la pièce n’est plus limitée par la contrainte de la durée de la représentation,
mais aussi par la multiplicité des décors et celle des personnages.

Musset même s’il est à ranger dans les romantiques n’est pas un fidèle de V. Hugo il revendique une liberté plus grande, il
refuse de prendre parti entre les classiques et les romantiques, pour lui, les classiques imitent les latins et les grecs et les
romantiques imitent les anglais et les allemands. Il revendique avant tout sa liberté.

Cette pièce est donc une pièce historique, d’ailleurs Musset choisi un sujet historique soit une habitude adoptée par les
romantique, leurs sujets sont principalement historiques (comme Hugo par exemple) par opposition aux classiques qui
choisissent des sujets mythologiques. L’Histoire est une éducatrice de l’Humanité, connaitre l’Histoire est une façon de
mieux comprendre le présent. Le présent ne peut se comprendre que quand on le resitue dans l’Histoire.
Cependant ce n’est pas simplement par intérêt pour la période considérée, le XVI ème siècle italien, que Musset a choisi ce
thème, c’est aussi dû la situation de la France du XIXème siècle. Derrière chaque pièce il y a deux réalités historiques à
prendre en compte : la réalité apparente et celle en filigrane de cette première réalité plus discrètement évoqué : la France de
1830.

La Florence de 1536/1537 se définit par une situation politique mais pas seulement, elle se définit aussi par une certaine
conception de l’art dans la cité.
Certes la plus part des personnages sont des personnages politiques, mais il y a aussi un personnage qui incarne l’autre réalité
qu’est l’art : le peintre, un personnage presque aussi important que les personnages politiques et religieux (qui sont aussi des
personnages politiques).
Cependant si l’on parle de l’Italie l’on risque de commettre un anachronisme, l’Italie n’existera comme Etat nation qu’à partir
du XIXème siècle, l’Italie n’est donc pas comparable à la France. Ce qui existait à la place de notre Italie actuelle étaient des
duchés, des principautés, de petites entités qui se résumes à des cités. Ces cités ne sont pas indépendantes, elles font partis
d’un ensemble plus vaste : un empire, et cet empire est appelé le saint empire romain germanique.
Dans ces principautés il y a un pouvoir apparent qui cache un pouvoir réel : le pouvoir impérial.
A la fin des années 20, Florence était marquée par la présence de grandes familles qui dominaient la vie politique locale, et la
plus importante des familles était celle des Médicis. Hors en 1527 les républicains qui s’opposaient au pouvoir avaient chassé
les Médicis de Florence pour installer une république (cela peut rappeler des choses avec la révolution, l’instauration de la
première république en France…). Il y a des conflits politique entre ceux du côté de la monarchie et ceux du côté de la
république. Les lecteurs du théâtre de Musset n’étaient pas totalement dépaysés donc. Cette expulsion des Médicis n’était pas
bien vu, une coalition s’est alors formée entre les deux maitres de cet empire : l’empereur Charles Quint, ex roi d’Espagne et
le pape Clément VII (de son nom d’état civil : Jules de Médicis), une coalition pour restaurer les Médicis à Florence. Le pape
Clément VII voyait donc d’un mauvais œil l’expulsion de sa famille.
Il y eu une expédition militaire et en 1530, le 12 aout précisément, les républicains durent capituler devant les armés du pape
et de l’empereur, c’est ce que l’on appelle la « capitulation », à partir de là, le pape et l’empereur ont imposé Alexandre de
Médicis.
Alexandre de Médicis n’est en réalité donc qu’un « homme de paille », il n’a pas le pouvoir réel mais seulement le pouvoir
apparent, le couple de l’empereur et du pape dirige la cité de loin.

A une espèce de révolution à succéder une restauration des Médicis à Florence, qui a donné à Alexandre le pouvoir, un
personnage tyrannique qui se caractérise par sa débauche.
Le duc est donc l’incarnation de la tyrannie et de la débauche.
La situation de la ville de Florence est, si l’on n’use de métaphore, la situation d’un « hiver », c’est « l’hiver florentin », ce
n’est d’ailleurs pas un hasard si la pièce se déroule en cette saison.
C’est un pouvoir imposé de l’extérieur.

Le symbole de cette occupation est un monument : la citadelle, soit la place forte des occupants, Florence n’est plus une cité
libre.
Dans l’entourage du duc il y a un cousin : Lorenzo de Médicis, ce Lorenzo va avoir pour projet, dans l’Histoire autant que
dans la pièce, d’assassiner le duc.
Cependant nous pouvons en déduire qu’un autre duc prendra sa place, ce qui ne changera rien à la situation, c’est une
tyrannie qui se perpétue. Pourquoi alors Lorenzo va-t-il tuer le duc ?
Le Lorenzo de Musset, s’il agit comme le Lorenzo de l’Histoire, en est cependant distinct puisque Musset a mis de lui-même
dans ce personnage.

Philippe Strozzi incarne l’opposition, le chef des républicains. Il n’est pas le seul, il est à la tête de toute une famille, et les
plus importants membres sont nommés dans la pièce : ses trois fils et sa fille dont la mort mettra fin à l’action des Strozzi.

Le personnage de peintre lui n’est pas un personnage historique.

Pour aborder une pièce il faut d’abord se poser la question : celle de la temporalité, du lieu, de l’action, des personnages…
En ce qu’il concerne la temporalité : c’est l’unité de temps pour le théâtre classique, cependant dans un drame romantique
l’unité de temps est décuplée. Pour l’essentiel la pièce commence en 1534, avec le bal, puisque la pièce se termine par la mort
de Lorenzo l’on peut déduire qu’il s’agit de 1548.
La temporalité de la pièce ne correspond pas à la temporalité de l’Histoire.
1536 : la nuit des 66

 Cours 12 : 13.11

Les conceptions théâtrales de Musset peuvent être placés sous le signe d’une presque totale liberté pour les diverses raisons
évoquées, et en fonction de ses conceptions théâtrales nous avons commencé à aborder ce qu’il advient de la règle des trois
unités dans Lorenzaccio.
A propos de l’unité de temps nous avons vu que Musset ne respecte pas cette unité de temps ce qui ne l’empêche pas de
concentrer l’action, l’action historique qui se déroule sur plusieurs années en une dizaine de jours , qui se situent entre la fin
décembre et le 6 janvier de l’année suivante.
Quant est-il maintenant de l’unité de lieu ? Là encore Musset ne respecte pas cette unité, c’est d’ailleurs l’unité qui est le plus
mise à mal dans Lorenzaccio. Dans cette pièce nous avons trente-neuf scènes au total, sur les cinq actes, trente-neuf scènes
qui se déroulent principalement dans deux lieux différents : Florence mais aussi Venise. Le lieu principal est Florence, où se
situe la très grande majorité des scènes, mais il y quand même deux scènes qui se déroulent à Venise au cinquième acte. Si
l’on néglige les deux scènes vénitiennes on dira qu’il y a une certaine unité de lieux puisque en dehors de ces deux scènes
vénitiennes toute l’action se passe à Florence. cependant cette unité est une unité géographique et l’unité géographique ce
n’est pas l’unité scénique, autrement dit ce qui compte ce n’est pas le lieu géographique en l’occurrence Florence, ce qui
compte ce sont les lieux scéniques, c’est-à-dire tous les lieux qui appellent un décor différents. L’on peut dire que pour ces 39
scènes, si l’on peut hésiter sur un ou deux lieux dont la localisation n’est pas évidente, l’on peut dire qu’il y a vingt-quatre
lieux différents au minimum. Vingt-quatre lieux différents ce qui pour un théâtre destiné à la représentation signifierait vingt-
quatre décors différents, évidemment comme ce théâtre n’est pas destiné à être représenté Musset n’a aucun problème pour
situer sa pièce et ses différentes scènes dans vingt-quatre lieux différents.
L’on est très loin de l’unité de lieu du théâtre classique, et même dans le théâtre romantique il est rare qu’il y est autant de
lieux pour des raisons simplement techniques on ne peut pas avoir vingt-quatre décors, un déménagement à chaque fin de
scène.
A propos des lieux il faut ajouter quelques précisions supplémentaires : la très grande majorité des scènes se situent à
Florence mais dans des lieux divers, ce peut être dans un jardin, dans une rue ou dans une autre… Parmi ces lieux différents
l’on peut distinguer deux grandes catégories de lieux : la première catégorie ce sont les lieux d’intérieurs, c’est-à-dire dans
une maison, un palais, par opposition aux lieux extérieur donc à ciel ouvert, dans la ville ou en dehors de la ville. Les scènes
qui se déroulent en extérieur comme la première scène dans un jardin, sont par rapport au chiffre total de 39, au nombre de
17, ce qui est conséquent, généralement le théâtre se passe en intérieur, par rapport à ces dix-sept scènes extérieur les scènes
intérieur sont donc au nombre de vingt-deux. L’inconvénient de ces scènes extérieur sera la nécessité de figurants, des acteurs
pour jouer les passants. L’on préfère les scènes intérieures ou les personnages sont peu nombreux.
Quant aux scènes d’intérieurs il faut faire une distinction supplémentaire, il y a deux types d’intérieur, il y a les intérieurs
publics, des lieux où plusieurs personnages peuvent se rencontrer, se sont par exemple les palais, comme le palais du duc où
il y a beaucoup de personnages publics mais aussi les palais des grandes familles : les Strozzi, les Sodérini, les Sibot… Sur
les 22 scènes d’intérieur 18 se déroulent dans des intérieurs publics, c’est-à-dire où il est normal que les gens se rencontrent,
les intérieurs publics, que l’on peut qualifier aussi d’officiels.
Mais il reste quatre scènes qui ne sont pas des scènes d’intérieurs publics, ce sont les espaces « privés » ou bien encore les
espaces intimes, les lieux de l’intimité par exemple la chambre de Lorenzo, dans ce lieu la il ne doit y avoir que le personnage
dont c’est l’espace privé.
Quatre scènes se déroulent dans des espaces privés, trois scènes dans la chambre de Lorenzo, c’est un lieu important donc et
puis il y a la quatrième scène qui se déroule chez la marquise Simot, dans son boudoir, c’est une pièce de l’intimité. Alors
pourquoi ces distinctions privés et publics dans ces scènes d’intérieurs : nous avons à faire à une pièce qui est évidemment
une pièce politique, dont le sujet est le sort d’une cité, d’une nation, la cité de Florence. C’est le destin de Florence qui se
joue dans cette pièce. L’on peut imaginer que les scènes principales qui décident du destin de la cité se passent dans des lieux
publics entre des personnages publics.
Contrairement aux attentes ce n’est pas dans les lieux publics que se passent les choses importantes, les choses importantes se
passent dans les lieux privés, intimes. L’on a évoqué la chambre de Lorenzo qui revient à trois reprises comme lieu de
l’action, acte 3 scène I, la scène de préparation et de répétition, au sens théâtrale du mot, lorsque l’on répète une pièce avant
de la jouer, de l’assassinat du duc, même si à la première lecture nous ne savons pas encore de quoi il s’agit. C’est aussi la
troisième des scènes, la scènes II de l’acte IV qui est la scène essentiel puisque si l’acte III scène I était la répétition du drame
cette scène est la perpétration de l’assassinat du duc, puisque Lorenzo a tout combiné pour que cet acte est lieu dans sa
chambre, en provoquant un rendez-vous galant du duc comme à la première scène de la pièce, ce qui fait que cette première
scène est aussi une sorte de répétition de cet assassinat. D’ailleurs les deux scènes ont lieu toutes les deux à minuit.

Quelle conclusion pourra-t-on tirer de cette répartition des scènes entre privé et public et surtout quelles conclusions pourra-t-
on tirer de l’importance non pas numérique mais de l’importance décisive des scènes d’intérieurs intimes ?
Quel rapport entre l’intime et le politique ? où se décide le politique ? Dans les palais ? Entre les personnages officiels ou
ailleurs dans les pièces de l’intime et pour quelles raisons ?

La troisième unité évoquée est l’unité d’action : les romantiques, s’ils discréditaient l’unité de temps et l’unité de lieux
continuaient à respecter l’unité d’action. L’on peut dire que globalement cette unité est respectée dans Lorenzaccio.
Dans cette pièce il y a trois actions. Alors pourquoi peut-on parler d’unité d’action ? Tout d’abord quelles sont ces trois
actions : la première celle qui apparait le plus tôt dans la pièce c’est l’action Sibot, celle que l’on désignera par le nom du
personnage principal associé à cette action, c’est l’action de la marquise, la marquise de Sibot qui va se retrouver seule
puisque son mari s’absente, et cette solitude est prévue par la marquise elle-même pour lui laisser toute liberté, qui a
convaincu le duc de changer par l’amour et non seulement par la parole, elle va être la maitresse du duc dans l’espoir de le
faire changer.
La deuxième action c’est l’action Strozzi, celle liée à Philippe Strozzi et à toute sa famille, ils représentent le clan des
Républicains s’opposant à la tyrannie du duc et qui souhaite rétablir la République. Pour cela ils sont prêts à prendre les
armes.
Troisième action : celle de Lorenzo, la plus importante, cette action elle ne se manifeste que tardivement, l’acte III quand il
révèle à Philippe son intention véritable alors qu’on le prend jusque-là pour un débauché, pour le compagnon de débauche du
duc. L’on comprend ici que Lorenzo a une autre intention : celle de tuer le duc. Ce qu’il réalisera.
Nous voyons que ces trois actions ont un objet unique : le duc : la marquise veut changer le duc pour qu’il cesse d’être un
tyran, les Strozzi veulent éliminer le duc pour rétablir la république et Lorenzo veut tuer le duc pour des raisons encore
inconnus.
Ces trois actions ont un objectif à peu près commun, elles sont convergentes. C’est parce qu’il y a convergence des trois
actions que l’on peut parler d’unité d’action malgré ce caractère triple de l’action.
Il faut tout de même ajouter la quatrième unité cité précédemment : l’unité de ton, c’est-à-dire ce qui distingue radicalement
la tragédie de la comédie. La tragédie suppose un ton noble tandis que la comédie elle permet un ton commun, vulgaire.
Quant est-il de Lorenzaccio alors ? Nous pourrions dire que Lorenzaccio est une tragédie, mais le terme le plus adéquat ce
sera le terme de drame, c’est-à-dire le terme imposé par V. Hugo pour définir la nouveauté des romantiques soit le drame
romantique, qui n’est ni tragédie ni comédie mais qui peut être la synthèse des deux. Il y a bien entendu une dimension
tragique dans Lorenzaccio puisque le personnage principal sera tué et lui-même a tué le duc, mais cela reste un drame, ce qui
fait que dans ce drame il y a des scènes tragiques, mais aussi des scènes de comédie, l’acte I scène I par exemple…
La tonalité est mélangée là encore sous le signe de la liberté du dramaturge. Encore une fois Musset se donne une totale
liberté, non seulement parce qu’il est plutôt du côté des romantiques mais surtout parce qu’il écrit un théâtre destiné à la
lecture.

La logique des personnages est aussi placée sous le signe de la liberté que donne un spectacle dans un fauteuil par rapport à la
logique de la représentation et de la mise en scène. Pour apprécier le nombre des personnages il faut comparer ce qu’il est
dans une tragédie ou dans une comédie d’un côté et ce qu’il est ici, dans une tragédie ou une comédie il y a toujours un petit
nombre de personnage vis-à-vis des contraintes scéniques. Ici nous en avons un très grand nombre, nous pouvons nous en
rendre compte avec le générique le « dramatis personae », ce qui se traduit tout simplement par « personnages du drame »,
soit de la pièce, et évidemment au début de chaque pièce il y a le « dramatis personae », contrairement au cinéma où le
générique est à la fin.
Il y a tout d’abord des personnages importants : les personnages nommés, ceux qui ont un nom ; puis il y a une seconde
catégorie de personnages : les personnages anonymes, ceux dont le nom nous est inconnu souvent désignés par une fonction,
par exemple « l’orfèvre »…Mais tous ces personnages sont des personnages singuliers, individualisés, nous pouvons donc
les comptés. A contrario il y a aussi des personnages collectifs, ces personnages peuvent être comptés et non comptés comme
« les huit », c’est une institution, l’instance juridique suprême de Florence, composé de huit personnages qui ne sont pas
singularisés donc.
De même il y a des personnages qui n’apparaissent pas dans le « dramatis personae » mais qui apparaissent dans la pièce, par
exemple à l’acte III quand les Strozzi se rassemble pour prendre les armes contre le duc, hors il n’y a pas dans la famille
Strozzi que le père et ses fils, ou que la fille, il y a aussi tous les autres, quarante exactement, ce qui signifie que en dehors
des cinq cités il y en à trente-cinq de plus, ce qui signifie que cette scène devrait être jouée à quarante sur scène. Mais dans un
spectacle dans un fauteuil les personnages n’ont pas besoin d’être minimiser.
Voilà les trois catégories. Si l’on les additionne nous arrivons à un chiffre qui dépasse largement la centaine, d’autant plus
que pour les scènes de rue il y a évidemment des figurants, des passants, qui forment l’arrière-plan des personnages
principaux.
Musset a donc une totale liberté pour ces personnages grâce à sa logique du spectacle dans un fauteuil.
Mais parmi ces personnages il y en a de plus essentiels que d’autres : le premier, qui est au centre de tout, qui est l’objectif de
tous ceux qui jouent un rôle dans la pièce : le duc, caractérisé de plusieurs façon, il est celui en tout cas comme le raconte les
florentins, qui a été mis à la tête de Florence, non pas par sa volonté, non pas par son action propre mais par la volonté de
ceux qui tirent les ficelles en coulisse soit le pape, Paul III puis Clément VII et l’empereur Charles Quint, l’empereur
germanique. Mais évidemment ils n’apparaissent jamais dans la pièce, tout au plus sont-ils mentionnés par d’autres
personnages.
Et puis entre ces deux puissants et le duc il y a un personnage intermédiaire, un personnage d’ecclésiastique : le cardinal
Sibot, le beau-frère de la marquise donc le frère du marquis. Il joue un rôle essentiel, c’est lui qui « tire les ficelles » pour le
pape et l’empereur, lui qui joue l’éminence grise, qui essaie de trafiquer pour augmenter son pouvoir mais un pouvoir caché,
un pouvoir occulte. Il y a donc d’un côté le pouvoir apparent, le duc, et derrière se cache un pouvoir caché que représente le
cardinal, celui qui représente lui-même le pape et l’empereur.
Le duc est caractérisé d’une part par le fait que ce n’est pas par son action propre qu’il est le maitre de Florence, d’autre part
ce duc est un grand débauché, et a transformé Florence en une cité de débauche, autrement dit à la Florence républicaine qui
était censée être une Florence vertueuse à succéder la Florence du duc qui est une florence tyrannique où règne la débauche
générale. Les opposants y sont bannis, ils interviennent d’ailleurs dès l’acte I et sont obligés de quitter Florence. Rappelons
aussi que le duc est un très jeune homme, tout comme Lorenzo, ils ont un peu plus d’une vingtaine d’année tous les deux,
l’activité essentielle du duc c’est donc de courir les femmes…
Le langage du duc est très caractéristique, c’est un « petit parleur », il ne fait jamais de grands discours ce n’est pas un
homme de la parole, son discours est essentiellement composé de jurons, des jurons qui sont le plus souvent des blasphèmes,
des jurons qui s’en prennent à la divinité.
Deuxième personnage central : la marquise, qui peut se définir en partie à son côté sentimental, elle est en outre amoureuse
du duc tout en étant contre sa politique et contre son activité de débauché. Elle espère se servir de ses charmes pour faire
changer le duc, ce qui sera un échec total. L’action de la marquise Sibot se termine en fait à l’acte III, à la sortie de ce rendez-
vous galant avec le duc qui ne débouche sur rien.
La marquise est une sentimentale autant qu’une idéaliste, elle a un idéal en politique vertueux, comme les Strozzi, e c’est
aussi une femme de parole, au sens où elle parle beaucoup : elle est l’antithèse du duc. La marquise est aussi lié
familiairement au cardinal Sibot.
Troisième personnage essentiel : Philippe Strozzi, celui qui incarne le principe républicain, le chef même des républicains,
c’est aussi un vieillard à la différence du duc ou de Lorenzo, qui incarne la figure noble par excellence, au théâtre il y a des
figures nobles comme celle du père noble… Il incarne la logique républicaine que la famille Strozzi et bien d’autres veulent
restaurer à Florence, et en tant que tel il s’oppose au duc. Simplement Philippe Strozzi est essentiellement un beau parleur,
c’est-à-dire que son républicanisme est un républicanisme de parole, c’est quelqu’un qui ne cesse de faire des discours. C’est
un républicanisme rhétorique. C’est un homme des grands mots mais qui reste dans l’univers des mots, il est incapable de
passer à l’action. Et lorsque les Strozzi se réunissent à l’acte III pour décider de passer à l’action il suffit de la mort de Louise
empoisonné par le duc pour que P. Strozzi renonce définitivement à l’action. Autrement dit, d’une façon imagée c’est un
homme sans bras, considèrent le bras comme symbole de l’action. Cependant, a contrario, Pierre Strozzi incarne la dimension
de l’action, le contraire de son père, c’est un homme d’action, cependant cet homme doué de bras est aussi un écervelé.
Philippe est un homme de tête sans bras tandis que son fils est un homme de bras sans tête…
Ce qui fait que lui aura toujours le désir de passer à l’action, une action qui a toutes les chances de rester inefficaces
précisément parce que c’est un impulsif, qui obéit à son tempérament guerrier, mais qui n’a pas de tête pour maitriser son
action…
Le dernier personnage essentiel : Lorenzo, un personnage ambigu, une ambiguïté liée principalement à son projet. Lorenzo
c’est donc celui qui veut assassiner le duc, il reste la question de savoir pourquoi, son but est-il le même que celui des
autres ? Restaurer la République à Florence ?

 Cours 14 : 20.11

L’origine de ce surnom est donnée dans la pièce : il est donné par le peuple, le peuple de Florence appelle Lorenzo,
Lorenzaccio. C’est une déformation du nom de Lorenzo qui passe par un suffixe qui a une connotation péjorative.
Lorenzaccio : ce méchant, ce vaux-rien de Lorenzo. C’est donc la marque de son identité véritable aux yeux du peuple. C’est
donc une âme damné pour le peuple, qui est l’objet de malédictions.

« Lorenzetta » est un surnom donné par le duc. Ce surnom est un surnom féminin, par le –a final alors qu’en italien le
masculin est marqué par le –o. Le suffixe est un diminutif comme –ette en français, la dualité du diminutif et de la
connotation féminine fait de Lorenzo « une femmelette ». Ce surnom est donné lors de la scène 4 de l’acte I où Lorenzo
s’évanoui à la vue d’une épée. Il apparait comme un homme incapable de se battre, dans le contexte de l’époque

Lorenzo est un personnage que l’on dira faible, efféminé, incapable.


Et puis il a une troisième identité consacré par un surnom « Lorenzino » comme précédemment il y a un diminutif, mais ce
diminutif et ? n’ont pas la connotation de « Lorenzetta », c’est un surnom affectif dans la bouche de sa mère, elle utilise ce
terme pour parler du Lorenzo enfant
Un enfant qui se manifestait par toutes ses qualités. Au dela de
Le lorenzo d’autre fois était un Lorenzo pure qui promettait des tas de choses, le contraire de ce qu’il est devenu en devant
« Lorenzaccio »
A travers ces trois surnoms la question qui se pose est celle-ci : est-il méchant, débauché, ou bien contrairement à cella un
homme bon comme pourrait le suggérer « Lorenzino » ?
Sa mère elle-même reconnait qu’il a changé, que ce n’est plus son « Lorenzino » d’autre fois et que celui qui promettait
monde et merveilles est devenu un débauché. La mère et la tante sont donc d’accord avec tout le monde
Evidemment ce constat se fait sur le mode du regret, de la nostalgie du Lorenzino d’autre fois qui s’exprime par un rêve
qu’elle raconte précisément à Lorenzo. Elle rêve une nuit que le Lorenzo d’autre fois lui apparait, comme s’il revenait.

Ce spectre de Lorenzo disparait au moment où le Lorenzo réel revient. Autrement dit Lorenzo est un personnage double. Il y
a le Lorenzo d’aujourd’hui et celui d’autre fois qui était apparemment un personnage pure et noble. Cette logique du double
est caractéristique de Musset, il s’est montré lui-même double dans beaucoup de ses œuvres. Et lui-même a raconté à
plusieurs reprises qu’il était attend d’une forme d’hallucination : « l’autoscopie »
Lorenzo a hérité cette dimension de Musset. Si l’on regarde les poésies lyriques de Musset, notamment « les nuits », l’on y
retrouve son double. Lorenzo est lui aussi un personnage de double nature.
En somme tout le monde est d’accord : ses adversaires, le peuple, ses amis, sa mère et sa tante…
Cependant il y a des personnages qui ont des doutes sur l’identité réelle de Lorenzaccio. Et ces doutes il faut y être attentifs
parce qu’ils préparent dans la pièce la révélation de la véritable nature de Lorenzo. Le surnom de « Lorenzetta » apparait
lorsque Lorenzo s’evanouie devant une épée
Il y a cependant un personnage qui a des doutes : le personnage du cardinal. Autrement dit il ne croit pas vraiment à
l’évanouissement de Lorenzo. Il suggère que cet évanouissement serait feint, mais nous ne connaissons pas la raison.
Le deuxième personnage qui suggère que Lorenzo n’est peut-être pas celui qu’on croit, Scorronconcolo, le personnage damné
de Lorenzo, celui prêt à tout pour lui.
C’est un duel fictif, ce n’est pas un duel pour de vrai, il s’agit de faire du bruit pour habituer les voisins à ce tapage dans la
chambre de Lorenzo, sans que l’on en connaisse la raison. Ce qui prouve que Lorenzo n’est pas

Ce qui confirme les doutes du cardinal. Dans cette même scène I de l’acte III, Scorronconcolo a une hypothèse
Il devine, Scorronconcolo, que si Lorenzo et lui s’entraine à faire du bruit c’est sûrement que Lorenzo prépare une
vengeance. Et Lorenzo conforme qu’il a un ennemi dont il veut se venger, et ajoute que cette vengeance aura lieu dans cette
chambre.
La scène du duel acte III scène I c’est donc la répétition de cette vengeance, au sens théâtral.

La question qui se pose à ce niveau de la pièce est celle que se posait le cardinal : Lorenzo est-il bien celui que l’on croit ?
S’il fait semblant de s’évanouir cela veut dire qu’il joue un rôle comme au théâtre.
Le troisième personnage a manifesté pour le lecteur que Lorenzo est autre que l’on le croit : la scène III de l’acte III, à la
scène centrale, au moment où Lorenzo avoue sa véritable identité à Philippe.
Hors la scène commence par des plaintes de P. Strozzi, devant la situation politique, l’arrestation… Et c’est à ce moment que
surgit Lorenzo. Nous devrions nous attendre que Philippe chasse Lorenzo qui est l’entremetteur du duc,
Philippe soupçonne que Lorenzo n’est pas celui qu’on croit. Ces soupesons sont exprimés page 142.

Il lui demande de collaborer au progrès des républicain, de chasser le

C’est à partir de la que Lonrenzo va faire son aveu


Il avoue à Philippe, de son passé, il rappelle le temps de sa jeunesse pure confirmant ce que disait sa mère. Et un moment
particulier où alors qu’il était promis à
Il a décidé de tuer un tyran.
On comprend alors la fonction du rôle qu’il joue depuis le début de la pièce, depuis qu’il a choisi de tuer le duc il a choisi de
gagner sa confiance, pour être au plus près de lui. Et c’est grâce à cette confiance
En jouant ce jeu il obtient la
L’évanouissement devant l’épée sert à montrer qu’il est inoffensif

Tout cela ne nous dit rien de la vraie nature de Lorenzo mais plutôt nous suggère que tout cela est fait dans l’intention
d’endormir la méfiance du duc.
Cet aveu va prendre une forme particulière : A florence l’on est encore proche
Dans la florence du XVIème siècle, et l’antiquité romaine offre un double modèle : dans cette scène un nom revient
constamment : Brutus. Lorenzo comme le rappel sa mère était un bon élève passionné par l’histoire romaine, et par les héros
de cette histoire et notamment par Brutus. Lorsque Lorenzo fait son aveu à Philippe il le dit sous cette forme « tous les césars
du monde me faisaient penser à Brutus », César, ce nom propre devient un nom commun.

César est devenu synonyme d’empereur (en Allemand ce nom va donner Kayser, et Tsar en russe), le nom de César est
devenu le nom commun de tous les empereurs.
Brutus n’est pas un personnage mais deux de l’histoire romaine : le plus proche de nous c’est le Brutus qui était le fils adoptif
de César, en 44 av. J-.C., César a conquis la Gaule en 52 et a pris le pouvoir à Rome en revenant,
Brutus a donc assassiné César, dire que tous les Césars du monde me faisait pen

Mais il y a un second Brutus : il se situe au VIème siècle avant J.-C. Selon la légende Rome a été fondé

De 753 à la fin du VIème siècle les rois avaient le pouvoir à Rome, sept rois vont se succéder. Le cinquième sera Tarquin
l’ancien. C’est l’avènement des Tarquin, qui sont des Etrusques. Son petit-fils deviendra le septième roi de Rome : Tarquin le
superbe. Et en cette année
Sextuse Tarquin discute avec ses amis

Le père de Lucrèce et un ami : Brutus vont se venger de Sextuse Tarquin. Brutus va en profiter pour chasser les Tarquin de
Rome, tous ceux au pouvoir, qui fournisse les rois de Rome depuis trois générations.

Une fois les rois bannis Brutus établie la République romaine. Brutus est le héros de l’histoire romaine.

 Cours 16 : 27.11

 Cours 17 : 04.12

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