- Écrit en langue romane (opposition au latin): langue des illettrés (ne savent ni lire ni écrire le latin) - Groupe de textes traduits et adaptés d’œuvres latines : on utilise la formule « mettre en roman»- adapter sous la forme du roman une œuvre. C’est la naissance d’un genre. au long du XII, le roman a une évolution qui se rapport au latin (contre le latin, traduction du latin et le résultat de ces traductions) - le roman médiéval est écrit en vers octosyllabe organisé en couplets à rime plate (aa, bb, cc...) -->la prose est postérieure - Le texte s’émancipe de la musique : le roman n’est pas chanté car il y a une séparation entre la chanson-mélodie et le dit-récitation. Le roman est une lecture publique (loin de la lecture individuelle), ce sont les clercs qui lisent à voix haute devant un public aristocratique car le roman naît dans les cours, surtout dans la cour d’Henri Plantagenêt (Angleterre) qui est marié à Aliénor d’Aquitaine (petite fille du 1er troubadour-elle introduit les thèmes de la poésie troubadouresque) -->le roman est un genre élitiste - l’aventure des personnages devient plus compliquée (1 ère caractéristique qui définit le roman) - Définition moderne de Baumgartner : le roman est un récit qui suit l’ordre chronologique humain. Il est composé à partir d’une structure biographique, amples descriptions, longs débats… o le roman crée un univers différent à celui de la Chanson de geste (descriptions plus brèves) Classification Jean Bodel introduit les 3 types de matières (thèmes) au Moyen Âge dans Les Saisnes. Il ne parle pas de « roman » ou « genre » (terme moderne), mais « matière » : - La matière de Bretagne sert à divertir (matière du roman) - La matière de Rome/antique sert à instruire (matière du roman) - La matière de France, ce sont les chansons de geste qui racontent l’histoire vrai de France même si la fiction littéraire transforme les faits historiques (matière épique) Les romans antiques. Œuvres Pas apprendre par cœur, c’est pour voir comment chaque roman a contribué à l’évolution du roman antique. Ce sont des traductions d’œuvres latines. Les écrivains du M. Âge veulent diffuser les œuvres de l’antiquité, mais ils adaptent les descriptions de l’antiquité au public médiéval. Roman d’Alexandre (1130-1170) - La structure du roman est biographique : naissance, enfances, instruction, prouesses et mort - Alexandre est représenté comme un grand conquérant et un paradigme de la générosité, donc on fait référence à Alexandre quand on parle de la générosité - En plus, Alexandre est curieux de savoir car il est instruit par Aristote - Le roman d’Alexandre introduit un merveilleux oriental imaginé dû au voyage en Inde(les Amazones, des montres…). À partir de ce moment les romans médiévaux développent des éléments merveilleux. - Il introduit aussi un nouveau type de chevalier kalos k’agazos (≠ fortis vir du héros de la Ch. de geste), le chevalier réunit la bonté (respects des coutumes) La trilogie de romans antiques : Roman de Thèbes (1150) - Il raconte la vie de Thèbes. Le thème est la lutte fratricide entre les 2 frères, Etéocle et Polynice, donc la guerre occupe une place importante - (souligner) Ce roman introduit l’amour et le premier portrait féminin. Les romans postérieurs développent les nouveautés introduites par le roman de Thèbes Roman d’Enéas (1156) - Le rôle de ce roman est très important dans l’évolution du roman médiéval. - La descriptio puellae n’existe pas et ce roman est le modèle qui inspire tous les romanciers postérieurs. Roman de Troie (1160-1170) de Benoît de Sainte-Maure; - Il raconte la conquête et la destruction de la ville de Troie. Cette histoire est précédée de l’histoire de Médée et de Jason - Ce sont des traductions latines qui racontent l’histoire de L’Iliade - La contribution de ce roman est la diversification des personnages, la présence du merveilleux est aussi importante. Les romans antiques. La nouveauté Le roman est construit sur le principe de la nouveauté (on peut parler de tout) qui s’oppose à la répétition et exemplarité du genre épique de la Chanson de geste. Ce principe de nouveauté signifie que le roman est un genre ouvert (s’oppose à la Chanson de geste) : - L’espace du roman est l’Orient, Rome, Troie, la mer, la forêt… (tout est possible dans le roman). L’espace de la Chanson de geste est limité (champ de bataille). - Le temps du roman est plus ample - Le roman introduit la surprise (aventure inattendue) tandis que dans la Ch. geste ce sont les mêmes thèmes de la bataille, la fidélité - Dans le roman, la présence de la femme est très important parce qu’elle devient l’amour du héros romanesque et le but de toutes ses aventures Pour cette composition, on utilise des procédés de rhétoriques : - L’amplification : les procédés d’élargissement sont la description, la digression qui est un discours où on décrit un objet d’après le livre scientifique de l’époque (c’est pourquoi la matière antique sert à instruire- on apprend) - L’abréviation Les romans antiques. La description (2) Au XIIe, la description des personnages féminins est codifiée (descriptio puellae). Dans le livre Ars Versificatoria de Matthew de Vendôme, on présente le modèle de la description féminine. D’une part, il y a un portrait moral qui n’est pas codifié. D’autre part, un portrait physique qui doit suivre un ordre: on doit décrire la tête (le front, les cheveux, les yeux, les sourcils…) et après le corps (cou, nuque, bras et poitrine- le ventre est omis). Chaque élément de la tête et du corps s’accompagne d’adjectifs précis--> on doit comparer les différences du portrait féminin de la descriptio puellae avec la description de Villon dans Les Regrets de La Belle Heaumière. Texte Roman de Thèbes : - C’est une description générale des jeunes filles. C’est un procédé d’amplification car l’auteur utilise plusieurs phrases pour l’expliquer - Description de la physionomie : les adjectifs blond, blanc et rouge définissent métonymiquement la femme. - Certains adjectifs utilisés dans la descriptio puellae (comme blond, blanc) entraînent l’idée de lumière car cela rapproche la jeune fille de la beauté divine. La couleur rouge évoque la bonne santé. - Beauté-amour sont associés : l’amour naît de la beauté de la femme - C’est une description sensuelle - La description s’arrête dans la partie supérieure du corps et c’est une description sensuelle associée à l’amour. Le roman de Troie développe le plus le premier modèle du portrait féminin et masculin. Il va multiplier les portraits des personnages grecs et troyens. Les romans antiques. Portrait de femme (1) Exemple du roman de Troie. L’auteur insiste sur l’aspect moral d’Hécube Les romans antiques. Le merveilleux (1) Le fantastique fait peur tandis que le merveilleux est tout ce qui est extraordinaire pour l’imaginaire de l’homme médiéval Le merveilleux occupe une place importante dans les descriptions des romans antiques. Ces descriptions plaisent beaucoup de public du M. Âge (princes, nobles). Le roman d’Alexandre introduit un merveilleux oriental imaginé dû au voyage en Inde(les Amazones, des montres…). À partir de ce moment les romans médiévaux développent des éléments merveilleux But : Le merveilleux est très abondant dans les romans antiques car il sert à instruire, et cela est le but de la matière de Rome (docere et delectare) Les sources pour le composer sont surtout livresques : - Les encyclopédies qui réunissent les savoirs connus (au XII-XIIIe s. on en écrit beaucoup) - Les bestiaires et lapidaires : pour le M. Âge, ils sont des livres scientifiques des animaux orientaux ou fabuleux/inventés, et des pierres (de nos jours ils sont littérature didactique). o Les bestiaires sont des catalogues d’animaux où on décrit les caractéristiques de chaque animal, les romanciers introduisent des morceaux de ces bestiaires dans leurs romans. o Les lapidaires sont des livres sur les propriétés des pierres, par exemple : les douze pierres précieuses empruntées à l’Apocalypse. Les pierres précieuses qui ornent les bâtiments des romans antiques évoquent la richesse de la ville. - Livres de Voyages : comme Des sept merveilles du monde (De Septem Orbis miraculis, Xe) qui inspire la description des lieux dans les romans antiques Il y a aussi une source d’inspiration orientale (on le connaît comme Realia) - Les voyageurs racontent les temples des pays byzantins qu’il ont vus. L’un des éléments qui fait partie de cette réalité médiévale sont les automates (machines humanisées). Par exemple : La Chambre de Beautés du Roman de Troie Les romans antiques. L’amour L’amour est l’une des plus grandes contributions des romans antiques au roman médiéval. L’auteur médiéval emprunte les procédés aux œuvres d’Ovide (Ars Amatoria, Remedia amoris) Le roman d’Enéas contribue à diffuser les idées amoureuses au M. Âge, ce roman est définit comme une épopée de Virgile doublée d’un art d’amour ovidien, c’est-à-dire, le modèle de l’épopée est Virgile, mais l’auteur médiéval insère à l’intérieur un traité d’amour à travers les sentiments amoureux de 2 personnages féminins, Didon et Lavine. À partir de ce moment, il n’y aura pas de romans sans amour. Les éléments concernant l’amour : - Origine de l’amour : la description du dieu Amour qui est empruntée à Ovide. Rarement on décrit l’aspect physique, mais l’arc et les flèches. o Dans le roman d’Enéas, le dieu Amour est le frère d’Enéas car ils sont fils de la déesse Vénus. Amour a 2 types de flèches : les flèches d’or (qui font aimer) et le flèche de plomb (qui font haïr). La mère de Lavine utilise l’argument qu’Enéas est homosexuel pour éloigner Lavine de lui. - André de Chapelain (théoricien de l’amour), il établit 3 étapes dans le processus amoureux qui apparaissent dans le roman d’Enéas: 1. Naissance de l’amour o D’une façon artificielle : Didon tombe amoureuse d’Enéas lorsqu’elle donne un baiser au fils d’Enéas car, pour que son fils n’ait pas d’ennemis, Vénus a donné un don à son petit-fils Ascagne pour que tout qui lui donne un baiser tombe amoureux d’Enéas o D’une façon naturelle : le regard et la flèche, Lavine tombe amoureuse d’Enéas et ensuite Enéas. 2. Les effets de l’amour sont des symptômes physiques : souffrance, maladie, mal aimable, blessure guerrière 3. L’analyse de l’amour : le personnage amoureux fait un monologue pour analyser ses sentiments et pour connaître quelle est la nature o Ce personnage partage ses sentiments avec la confidente : dans le cas de Didon, c’est sa sœur Anna; et dans le cas de Lavine, c’est sa mère qui lui apprend tout ce qui concerne l’amour o Il y a des pseudo-dialogues : le personnage parle avec lui-même, les dialogues sont très simples car la technique du dialogue sentimental n’est pas encore développée Le roman d’Enéas. Personnages féminins (1) Didon : la reine et la femme amoureuse. - Elle joue le rôle d’une femme gouvernant car c’est une reine veuve de la ville de Carthage et c’est une femme rusé (la peau de taureau pour obtenir une terre). - Elle tombe amoureuse du troyen Enéas grâce au baiser à Ascagne. À partir de ce moment, elle vivre une passion démesuré avec le troyen, mais leur relation n’est pas positive : 1. elle oublie sa fonction de gouvernement pour se consacrer à l’amour (démesure) 2. elle a refusé à tous les barons et ils vont la critiquer pour préférer un étranger 3. même si c’est une femme veuve, elle doit respecter son mari mort et on l’accuse de ne pas être fidèle - Didon finit par se suicider - Cadre du roman : Troie--> Carthage (il part pour chercher une terre où s’établir) Camille : la femme guerrière. Bisexualité - Elle est une reine amazone et l’alliée de Turnus - Sa description est longue : la 1ère description de Camille est de la jeune fille : on souligne sa beauté et sa féminité. Camille incarne la pucelle chevalière (virgo belatrix). C’est la 1ère fois qu’une amazone apparaît dans la littérature médiévale et il y a une transformation de l’amazone en femme courtoise ; la 2ème description est de son cheval qui est évoqué comme un être fantastique Lavine : la jeune amoureuse, son évolution - Sa fonction est de se marier avec le troyen Enéas - L’amour est conçu comme un apprentissage (il faut apprendre les codes de l’amour- troubadours) et Lavine est une jeune fille qui ignore l’amour. Sa mère lui apprend tout ce qui est l’amour, mais la réaction de Lavine est de refus car elle n’aime pas les effets de souffrance que l’amour produit. Lavine fait l’apprentissage de l’amour très rapidement car elle se prend d’Enéas dès l’instant où elle le voit (évolution du personnage lié à l’amour). Comme sa mère hait le Troyen, Lavine veut cacher ses sentiments pour se protéger de sa mère (elle n’ose pas à prononcer le nom de l’homme qu’elle aime, mais elle le fait par syllabes) - C’est elle la première à s’adresser au troyen car son rôle est exclusivement lié à l’amour. Elle tire une flèche avec une lettre et Enéas tombe amoureux de la femme. - Lavine devient l’épouse légitime d’Enéas et la mère des enfants d’un lignage qui vont se succéder et fonder la ville d’Albe qui sera Rome Le cadre de ce roman : Troie (civilisation fleurissante, mais détruite)--> Carthage--> Albe (origine de l’Empire romain) La trilogie de romans antique établit le modèle littéraire et la description de la ville littéraire médiévale car la ville est l’espace protagoniste de ces romains. Personnages masculins (2) Enéas : du chevalier errant au héros fondateur. L’usurpateur - Le protagoniste est le chevalier Enéas. Il est un troyen qui doit quitter Troie car cette ville est détruite et sa fuite est nécessaire pour qu’il ne trouve pas la mort. - Au début, c’est un chevalier errant qui cherche un lieu où s’établir, mais il change à partir de sa descente aux enfers. - Il fonde une dynastie à Lombardie, la ville du roi Latin, où Turnus est déjà promis en mariage à Lavine. Comme il réclame son mariage avec Lavine, il devient un usurpateur Turnus : le rival. L’aspirant légitime - Il est aussi un jeune chevalier. - Il est le fiancé légitime de Lavine, donc Enéas et Turnus vont se marier avec Lavine pour s’établir dans la terre, donc la guerre est nécessaire pour déterminer qui a le droit à la femme et à la terre - Le véritable but de ce roman est le mariage légitime d’Enéas et Lavine, mais Didon retard ce mariage Pallas : l’ami et compagnon d’Enéas Les pères : - Anchise (père d’Enéas) : il est mort. Il annonce le futur car il montre le chemin qu’Enéas doit suivre - Latinus (père de Lavine) : il change d’avis et malgré son engagement, il veut qu’Enéas se marie avec Lavine. Son rôle est important car il doit légitimer le mariage - le dieu Vulcain Nisus et Euryale : couple d’homosexuels
Le roman d’Enéas. Structure
- C’est une structure binaire. Les 2 parties sont séparées par un épisode, la descente aux Enfers (rencontre avec son père Anchise). Cette structure binaire oppose une erreur à une rectification. - Le roman d’Enéas raconte l’histoire selon un ordre linéaire (ordre naturel). Éléments à souligner : La guerre de Troie est un motif qui apparaît tout au long de l’histoire : le récit de la guerre de Troie qu’Enéas fait à Didon est une reprise, mais développée ; on mentionne la guerre à Lombardie aussi. Les épisodes mythologiques sont presque omis, il y en a 2 : - Le jugement de Pâris : 3 déesses (Junon, Pallas et Vénus) se rencontrent et Discorde laisse une pomme d’or pour la déesse la plus belle. Comme elles décident de demander à Pâris de prendre cette décision, chaque déesse lui offre un don : le don de Junon est le pouvoir (il sera un seigneur très puissant) ; le don de Pallas est la guerre (il sera le meilleur chevalier du monde) ; et le don de Vénus est l’amour (il aura comme épouse la plus belle femme du monde). Pâris décide de donner la pomme d’or à Vénus, don il amène Hélène à Troie. Cet épisode est le début de la guerre de Troie car l’époux d’Hélène assiège Troie pour récupérer sa femme. o Il y a une correspondance entre les déesses et les femmes Didon (pouvoir), Camille (guerre), Lavine (amour). Le jugement de Pâris et les personnages féminins sont la réalisation romanesque de la trifonctionnalité, donc chacune a son rôle : Didon (fonction du gouverneur), Camille (fonction guerrière), Lavine (fonction de la fécondité). La seule qui permet d’accomplir le but du voyage d’Enéas est Lavine qui assure la fécondité et la transmission de la terre - L’épisode Vulcain-Vénus : explication de l’origine des armes d’Enéas. Vulcain (dieu de la forge) forge les armes d’Enéas, en échange Vénus (mère d’Enéas) lui promet de se coucher avec lui, donc cet épisode explique la réconciliation amoureuse entre Vulcain et Vénus. Il joue le rôle de père adoptif d’Enéas. o Le roman emprunte le motif de l’armement du chevalier à la poésie épique (chansons de geste) pour montrer la valeur d’un chevalier. Mais il y a une différence car la description est fondamentale dans le roman, par contre, elle est brève dans les chansons de geste. La description des armes et des vêtements sont un motif qui permet aux romanciers d’amplifier le roman. On fait appel à des origines mythologiques pour les armes o Dans la 1ère partie, la présence de la mère Vénus est plus importante (don qu’elle accord à Ascagne). Mais dans la 2ème partie, la présence du père est plus importante, il y a 3 pères : le père biologique d’Enéas qui montre le futur ; père adoptif Vulcain qui assure la victoire d’Enéas ; le roi Latin qui légitime le mariage entre Enéas et Lavine car le troyen est un usurpateur (il n’a droit ni à la fille ni à la terre car c’est déjà promis à Turnus qui n’est pas d’étranger. Le but du roman d’Enéas : c’est l’histoire d’un jeune homme déraciné qui trouve une femme et une terre pour s’établir comme roi, donc le mariage d’Enéas et de Lavine, légitimé par le père, est la justification guerrière du droit de cet étranger. Le roman d’Enéas, comme les autres romans antiques, naît dans un cadre historique de légitimation des ambitions politiques d’Henri de Plantagenêt car il est un usurpateur comme Enéas et il légitime son droit à la couronne française grâce à son mariage avec Aliénor d’Aquitaine. Donc la littérature s’explique à partir de la société. Matière de Bretagne La géographie : cette matière se développe en Grande-Bretagne, mais elle se diffuse en France à travers la cour d’Henri de Plantagenêt. On la trouve dans la cour de Blois, de Champagne et de Flandres. Le roman antique et le roman breton sont 2 manifestations contemporaines différentes du roman médiéval qui naissent dans la cour d’Henri de Plantagenêt et qui sont écrits en anglo-normand. À la différence de la matière de Rome, la matière de Bretagne est légère et sert à amuser. C’est un ensemble de contes qui circulent oralement jusqu'au début du XIIe où on les met par écrit. Dans la matière de Bretagne, le personnage central est le roi Arthur, toutefois, les premières chroniques (qui datent du Ve s.) ne parlent pas d’un roi, mais d’un chef breton dont le nom est latinisé Artorius/Arthurius, donc à l’origine il n’est pas le grand roi du roman courtois. -->différence avec la matière de France où le personnage central Charlemagne est un personnage historique. Au XIIe, Geoffrey de Monmouth (clerc de la cour d’Henri de Plantagenêt) est le 1 er à forger un portrait du roi Arthur dans : L’histoire du roi breton (1137) : il raconte en latin al généalogie des ancêtres d’Henri de Plantagenêt (jusqu’au 687). L’origine est Enéas (Enée), donc l’origine de la maison Plantagenêt est Troie. Pour l’homme médiéval, Troie est l’origine de la civilisation occidentale. Ce qui intéresse : - Dans un contexte où le roi Henri de Plantagenêt (seigneur de Normandie et du Midi de la France) est le vassal du roi Français, mais il est plus puissant, la grandeur d’Arthur est assimilée à celle de Charlemagne pour montrer que la maison de Plantagenêt a un ancêtre aussi important que le roi français. Donc, à partir de cela Arthur n’est plus un chef, mais le roi de Bretagne. - Pour la 1ère fois, on associe l’amour et l’aventure : les chevaliers doivent affronter des épreuves pour conquérir à une femme. - Il apparaît l’Avalon qui est l’autre monde. Il est représenté comme l’île de pomme où les fées habitent, la plus connue est Morgan/Morgue qui connaît les potions pour soigner les maladies. Pour arriver à l’autre monde, il faut une barque car l’Avalon est séparé de la terre par la mer Avalon - Un autre élément qui apparaît est le personnage Mordred : fils incestueux du roi - Retenir : origine de la grandeur d’Arthur, association amour-aventure, l’Avalon et le monde des fées de Bretagne Geoffrey de Monmouth met aussi par écrit l’histoire de Merlin : - Prophétie de Merlin (1135) : Merlin est associé à Arthur avant de sa naissance car il est un prophète, donc il connaît le futur (quand Arthur tire l’épée. Merlin comme son conseiller …). - La vie de Merlin (1148) : biographie imaginaire de ce personnage. Merlin est un prophète et un magicien. Il a le pouvoir de se métamorphoser. Il est représenté comme l’homme sauvage qui habite dans la forêt. Wace écrit Brut ou La Geste des Bretons (1155) qui est la traduction en anglo-normand de L’histoire du roi breton (la même explication de Geoffrey de Monmouth). Mais Wace ajoute la Table Ronde. - Table Ronde: institution féodale fondée par Merlin où les chevaliers sont tous des égaux (pas d’hiérarchie). La Table Ronde évoque aussi la grandeur de la sphère du monde arthurien. À partir de ce moment, il y a 3 tables : la Table de la Dernière Cène (Jésus Christ) ; la Table Ronde; la Table du Graal. - La forêt: la forêt est un espace sauvage qui représente la vie solitaire car elle n’est pas habité par les hommes (seul les exclus, les religieux) ; la forêt est associée à la chasse ; espace de pénitence où les chevaliers expirent ses fautes ; espace de l’aventure où il y a des animaux extraordinaires, des hommes étranges… - Descriptions de fêtes (couronnement, mariage…), de tempêtes. - L’œuvre de Wace est connue par les clercs des cours françaises et ce roman a inspiré Chrétien de Troyes et les romanciers du XIIe- XIIIe donc c’est le point de départ du roman Breton. Chrétien de Troyes. Repères biographiques C’est le grand romancier médiéval. Il est le point de départ des romans de chevalier, créateur du roman courtois et il associe la chevalerie à l’amour. - Clerc qui travaille d’abord pour la cour de Marie de Champagne (l’une des cours les plus importantes). Cette fille est l’une des filles d’Aliénor d’Aquitaine, donc elle connaît les motifs de la matière de Bretagne. C’est pour Marie de Champagne qu’il écrit Lancelot, le Chevalier de la charrette
- Il arrive à la cour de Philippe d’Alsace (compte de Flandres) : Blois, Champagne et
Flandres sont les cours les plus puissantes du XIIe siècle. C’est pour Philippe qu’il écrit Perceval ou le Conte du Graal Chrétien de Troyes. Conscience d’auteur Il est le premier écrivain français qui a conscience d’auteur, donc il signe ses œuvres. En plus, il fait les catalogues de toutes ses œuvres. C’est le point de départ du droit d’auteur. Dans le roman Cligès ou La Fausse morte (2ème roman de la Table Ronde), il énumère toutes les œuvres qu’il a écrits et il établi un lien entre la matière de Rome et la matière de Bretagne. Translatio imperii, translatio studii Transfert du pouvoir : des jeunes hommes (nobles pauvres) deviennent des chevaliers errants qui voyagent et qui cherchent la protection d’un seigneur féodal. La chevalerie naît en Grèce, ensuite elle passe en Rome et maintenant en France. Chrétien de Troyes légitime le pouvoir de la chevalerie française et ces chevaliers sont les héritiers des grands héros de l’antiquité. En plus, Chrétien de Troyes élève la France au niveau de la Grèce et de Rome (mouvement qui va de l’orient à l’occident). Transfert du savoir : Chrétien de Troyes affirme que la France est l’héritière du savoir, donc le protagoniste est un chevalier savant (chevalerie-clergie). Cette idée du transfert du savoir est exprimée par Bernard de Chartres : le nains peuvent voir plus loin que les géants car ils s’appuient sur les géants. Chrétien de Troyes. La réflexion sur la création littéraire (1) Chrétien de Troyes est le premier à réfléchir sur la création littéraire. Dans le prologue du roman Erec et Enide, il présente les éléments qu’il utilise pour composer un livre : Matière, sens, conjointure - Les contes de la m. de Bretagne sont mis en écrit au début du XIIe dans le livre Mabinogiom. Chrétien de Troyes n’invente pas la matière d’Erec et Enide, mais il la prend d’un conte (récit qui circule oralement) pour la transformer en une fort belle composition (conjunture) - Conjointure : c’est la structure des romans de Chrétien de Troyes (ordre déterminé des motifs, des personnages, des aventures…). 1ère fois que l’on parle de structure. Chrétien de Troyes utilise 2 types de structures pour composer ses romans : o structure binaire (Roman d’Enéas) : 1ère partie (erreur/faute) ; retournement ; 2e partie (rectification). Chrétien de Troyes adapte la structure binaire à sa façon de composer. Par exemple, Perceval : il y a 2 histoires, celle de Perceval et de Gauvin, chacun joue son aventure. o structure ternaire : 1ère partie (initiation à la vie chevaleresque) ; 2e partie (crise chevaleresque-faute) ; 3e partie (réhabilitation du chevalier). Chrétien de Troyes. La réflexion sur la création littéraire (2) - Chrétien de Troyes n’achève pas le roman Lancelot ou Le Chevalier de la Charrette, car il est composé d’une façon simultanée à un autre roman. C’est l’histoire d’un chevalier Lancelot, qui est amoureux de la femme d’Arthur (histoire d’adultère). Chrétien de Troyes est un grand défenseur du mariage. - Ce prologue justifie pourquoi il écrit ce roman : c’est un commandement de Marie de Champagne (fille d’Aliénor d’Aquitaine). Elle connaît bien la poésie troubadouresque (amour adultère) et propose à Chrétien de Troyes d’écrire Lancelot - La réflexion littéraire de Chrétien de Troyes met en relief les 3 éléments dont il se sert pour composer un roman: matière (fin’ amors-chevalier qui aime), sens (subordination de l’aventure à l’amour) et conjointure Chrétien de Troyes. Erec et Enide Erec et Enide inaugure les romans consacrés à la matière de Bretagne, à Arthur et à la Table Ronde. La matière de Bretagne et la matière de Rome naissent dans la cour d’Henri de Plantagenêt, mais Chrétien de Troyes laisse la matière antique et choisi la m. de Bretagne parce que cette dernière lui permet d’introduire des éléments chrétiens (la matière de Roma est le monde païen). Matière de Bretagne. Arthur et la Table Ronde Motifs littéraires dans les romans de Chrétien de Troyes: - La cour du roi Arthur représente une société idéale qui a un roi (Arthur) entouré de chevaliers courageux de la Table Ronde. C’est une société exemplaire où le roi n’est pas supérieur à ses chevaliers, il est un primus inter pares (le premier entre les égaux), donc ses actions son limitées par le droit traditionnel. Arthur est le garant de l’ordre établi (il défend les droits traditionnels) qui est régit par une série de normes (la coutume, qui n’est pas écrit mais qu’il faut respecter). - Les coutumes sont des règles transférées de la société réelle à la fiction tantôt d'une façon réaliste, tantôt d'une façon idéalisée. Il y a de bonnes coutumes qu’il faut respecter, et de mauvaises coutumes qu’il faut abolir. Exemples: chasser le cerf blanc comme exige la coutume ; la coutume entre le chevalier et la dame. Les coutumes donnent lieu au code de chevalerie (règles que le chevalier doit respecter) - Les chevaliers sont les protagonistes des romans de Chrétiens Troyes. La chevalerie est une réalité sociale : chevaliers déracinés qui deviennent des chevaliers errants pour cherchent la faveur d’un seigneur. Par contre, Chrétien de Troyes idéalise cette couche sociale et il la transforme en une chevalerie exemplaire forgée à partir d’une série de vertus (idéal de moralité) : mesure, largesse>le don, coutume o Mesure : équilibre entre les devoirs sociaux du chevalier et ses sentiments o Charlemagne représente la défense de la chrétienté et Arthur représente la largesse (générosité) qui est en relation avec le don : on l’appelle don contraignant car c’est un devoir du roi et du chevalier car ils sont des égaux (on demande un don à Arthur et il l’accorde) - La cour du roi Arthur n’est pas fixée dans un lieu (itinérante) et elle réunit tous les chevaliers à l’occasion d’une fête, donc la cour est une société où règne l’harmonie. La cour apparaît presque toujours au début des romans de Chrétien de Troyes (cadre où la 1ère aventure a lieu). Mais, cette cour apparaît aussi dans le développement du roman (le chevalier revient à la cour) et à la fin de l’histoire (la cour reconnaît la vertu du chevalier) - Dans la cour, il y a aussi la présence du Mal. A l’intérieur de la cour, un chevalier incarne le Mal (sénéchal Keu/Ké). Il y a d’autres manifestations du Mal hors de la cour d’Arthur. - La conception de la Table Ronde légitime la chevalerie et idéalise l’importance de la petite noblesse du XIIe s dans un contexte où le roi centralise de plus en plus son pouvoir. Chrétien de Troyes. L’aventure (1) Conception dualiste du monde : l’univers des romans de Chrétien de Troyes (univers arthurien) est un univers manichéen (comme les chansons de geste) où il y a une lutte eschatologique entre le Bien et le Mal : - Le bien est représenté par la Table Ronde fondé par la fraternité des chevaliers du roi Arthur - Le mal est le monde extérieur à la cour du roi Arthur soumis à des puissances mauvaises (géants, sorcières…). Ce monde ménage l’ordre harmonieux de la cour du roi Arthur à travers les coutumes mauvaises, cela entraîne le départ du chevalier à une aventure solitaire pour affronter le mal et manifester ses qualités. Chrétien de Troyes. L’aventure (2) L’aventure se produit dans la cour du roi Arthur ou dans l’espace extérieur. Signification, l’aventure joue plusieurs fonctions : - L’aventure est un danger qu’il faut affronter de manière solitaire pour récupérer l’harmonie perdue de la cour. - C’est une épreuve de courage et de vertu du chevalier, donc si le chevalier vainc, il acquiert une qualité supérieure (moyen de perfectionnement) - L’aventure rédime/efface aussi la faute du chevalier pour être reconnu dans la cour du roi Arthur - L’aventure est un apprentissage. - Une quête de l’identité. - Le chevalier de Chrétien de Troyes est un chevalier amoureux car l’aventure est toujours associée à l’amour: à travers l’amour, le chevalier affronte les obstacles et atteint la perfection chevaleresque 2 types d’aventure : chevalier errant qui n’a pas de but (errance) ; et l’aventure qui poursuive un objectif (quête) Erec et Enide --> brièvement Titre duel car l’aventure affecte le chevalier Erec et la dame Eneide. Ce roman raconte l’histoire d’Erec (chevalier de la cour d’Arthur) qui tombe amoureux d’Eneide et il la conquiert. C’est une structure ternaire: 1. initiation à l’amour et à l’aventure : ils se marient, mais Erec oublie l’aventure et il est accusé d’être recréant (lâche). Ce déséquilibre provoque une crise. 2. crise du chevalier et du mariage: le chevalier doit quitter la cour pour expier sa faute; comme le mariage est aussi en crise, les deux affrontent l’aventure expiatoire. Mais l’aventure doit être solitaire, donc Enide ne parle pas 3. réhabilitation du chevalier : la réintégration sociale se manifeste quand Enide commence à parler Chrétien de Troyes s’éloigne de la conception adultère de l’amour des troubadours très à la mode à l’époque. Il décide de raconter un roman courtois où l’amour et le mariage sont associés à l’aventure. Cligés ou La fausse morte --> relation de ce roman de celui de Tristan et Iseut - Cligés (chevalier), Fénice (dame), Alis (empereur de Marie) : triangle amoureux Chrétien de Troyes défend le mariage, donc il résoudre la situation d’une façon différente. Il crée une potion qui provoque la fausse mort de Fénice. Il n’y a pas d’amour adultère. Chrétien de Troyes. Le Chevalier de la Charrette (1177-1181) Chrétien de Troyes emprunte des motifs, des personnages à la matière de Bretagne : - Le thème de ce roman est l’enlèvement d’une femme (Guenièvre) par un chevalier étranger de la cour du roi Arthur (Méléagant). Ce type de récit s’appelle aitheda que Chrétien emprunte à la m. de Bretagne. o La reine, avec le roi et les chevaliers, est l’un des éléments pour que l’harmonie reine dans la cour du roi Arthur - Fée des eaux : la femme fée est la mère de Lancelot, elle lui donne un anneau magique qui dissipe les enchantements pour le protéger. L’enfance de Lancelot n’est pas racontée. - L’autre monde de Lancelot est le pays de Gorre (roi Baudemagus-père de Méléagant). L’autre monde est séparé du monde des vivants par une frontière liquide. C’est le pays d’où nul ne revient (on ne peut pas rentrer). Chrétien de Troyes rationalise le merveilleux dans tous ses romans. L’amour développé est la fin’ amors (amour adultère, triangle amoureux) - Triangle amoureux (Arthur, Lancelot et Guenièvre). Comme Lancelot aime la reine, l’amour inspire son aventure chevaleresque - Il faut la soumission du chevalier Lancelot à la dame pour obtenir son acceptation - L’amour source de la prouesse chevaleresque : le chevalier, qui n’aime pas, ne sera preux Épisodes du roman pour explique la fin ‘amors : 2 chevaliers de la Table Ronde décident de chercher la reine, Keu/Ke et Gauvain. Keu est méchant et il demande un don à Arthur sinon il quittera la cour. Comme Arthur lui accorde le don (associé à la largesse), il part à la quête de la reine Guenièvre. Gauvain est le neveu préféré du roi Arthur, il est le 1e chevalier car «il est le Soleil de la chevalerie » (il respecte les règles de la chevalerie). Gauvain rencontre le chevalier Lancelot qui cherche aussi la reine. Gauvain lui dit que s’il monte sur la charrette (où les malfaiteurs vont, donc la charrette du déshonneur), il lui dira où se trouve la reine. Il y a un débat intérieur entre 2 personnages allégoriques (Amour-Raison) : Raison lui de ne pas monter dans la charrette pour n’être pas déshonoré; Amour lui dit de monter pour retrouver Guenièvre. Lancelot monte et il perd l’honneur, l’une des vertus chevaleresques. Quand le Lancet et la reine Guenièvre se rencontrent, la reine n’ose ni le regarder ni lui adresser la parole et il ne sait pas la raison de ce refus. Mais, quand elle pense que Lancelot est mort, elle explique son refus : car il a hésité avec la charrette. Il promet ne plus le faire, cela montre la soumission complète à la volonté de la dame. La fin ‘amors apparaît aussi comme un motif du décor car la reine est dans une tour (en haut) tandis que Lancelot est sous la tour (en bas) pour se battre conte Méléagant, cela montre la supériorité de la dame. La fin’ amors est lié au désir, mais normalement, on n’arrive pas à l’union charnelle car cela suppose l’assouvissement de ce désir. Dans ce roman, il n’y a qu’une scène d’amour : la nuit d’amour ente la reine et Lancelot. Dans la scène de la nuit d’amour, Chrétien de Troyes transforme Guenièvre en un personnage religieuse (vénération mystique), donc l’amour de Lancelot a des nuances mystiques. Motifs liés à la folie amoureuse. Les extases - Vision du cortège (séquito) de la reine depuis la fenêtre de la tour : quand Lancelot voit la reine, il se penche trop sur la fenêtre et il risque de tomber, mais Gauvain le retient. Gauvain ne sait pas que c’est une action amoureuse, il pense que Lancelot veut se suicider. - Le passage du gué : Lancelot est perdu dans ses pensées qu’il perd la notion de la réalité. - Le peigne sur la fontaine : quand Lancelot voit que le peigne a des cheveux de la reine, il perd de la force physique et la conscience. Lancelot associe à la fin’ amors ces épisodes de perte de la conscience qui entraînent la folie des personnages chevaleresques et qui poussent à l’extrême la démesure amoureuse. La Chevalier de la Charrette. Personnages Lancelot Lancelot représente le parfait fin amant : son aventure chevaleresque est la démonstration de ses qualités comme le parfait chevalier amoureux de la reine Guenièvre (humilité, obéissance et fidélité à la dame aimée). - Perte de l’identité. Le nom. - Débat Amour / Raison. - Le tournoi de Noauz « au pis » : Lancelot participe incognito dans ce tournoi. La reine Guenièvre exige qu’il combatte au pis (comme un lâche), mais il démontre l’excellence chevaleresque et il n’accepte pas la récompense car il aime Guenièvre (soumission absolu du chevalier à la dame). Son aventure chevaleresque se rapport à l’amour, mais elle montre aussi d’autres qualités du chevalier - Lancelot est un héros lucide et réflexif : Chrétien de Troyes fait appel à la technique du débat intérieur, représenté par des personnages allégories comme Amour et Raison, pour montrer le progrès que le chevalier acquiert au fur et à mesure de ses aventures. Chrétien de Troyes emprunte à la m. de Bretagne le récit de l’enlèvement d’une femme (aithera), donc ce récit suit la structure de l’enlèvement, mais il introduit des nouveautés dans cette structure : - Le chercheur de la reine n’est pas le mari, mais l’amant (Lancelot) - La quête de la femme est associée à la quête d’un peuple qui est prisonnier de Méléagant. À partir de cette association, Lancelot devient un héros épique qui libère la reine et un peuple. o Dans l’épisode du cimetière (épisode important), on fait aussi une interprétation religieuse de Lancelot car il devient un héros messianique : Lancelot soulève la dalle sur le tombeau du cimetière pour être reconnu comme le libérateur des prisonniers du pays de Gorre. C’est l’épreuve d’un héros qui triomphe sur la mort et il devient un héros messianique. o La religion ne joue pas un rôle important dans les romans de Chrétien de Troyes, il développe la religion comme une qualité exigée pour aux chevaliers de la Table Ronde. La religion a une place plus grande dans le Conte du Graal. Important de voir quand et pourquoi le nom apparaît : Lancelot est nommé comme le chevalier de la charrette (qui s’est humilié), son nom apparaît dans la 2 ème partie du roman à l’occasion du combat entre Méléagant et Lancelot, et c’est la reine Guenièvre qui prononce le nom de Lancelot pour la 1ère fois. Gauvain C’est le premier roman où il y a 2 chevaliers protagonistes, Lancelot et Gauvain. Dans ce roman, Chrétien de Troyes inaugure le procédé de l’entrelacement (signifie l’alternance des aventures). Comme conséquence, le récit n’est pas linéaire et il y a une bifurcation des aventures qui permet de raconter 2 ou plusieurs aventures qui ont lieu dans des espaces différents. Gauvain est le neveu préféré d’Arthur et le meilleur chevalier de la cour car il réunit toutes les vertus de la chevalerie et de la courtoisie. La structure binaire permet la comparaison entre Gauvain et Lancelot pour mettre en relief la présence de ce dernier : Gauvain est un chevalier qui n’évolue pas (il n’acquiert de nouvelles qualités). À un moment donné, il y a une bifurcation des aventures qui approfondit dans l’évolution du progrès personnel des chevaliers, et Lancelot démontre que l’aventure amoureuse lui permet de dépasser le meilleur chevalier de la Table Ronde qui est Gauvin. Le Chevalier de la Charrette, Structure C’est un roman inachevé, et Godefroi de Leigni complète l’histoire. Ce roman présente une structure binaire : - Il y a 2 univers : pays de Logre (d’Arthur) et pays de Gorre (de Méléagant qui sont séparés par un courant d’eau. La 1ère partie a lieu dans le pays de Logre et la 2 ème partie dans le pays de Gorre (on passe à la 2e partie dans le passage du pont) - Il y a 2 ponts pour arriver au pays de Gorre qui permet la bifurcation du récit car Lancelot choisit le pont de l’Épée (plus dangereux, mais plus direct) tandis que Gauvain choisit le pont sous l’eau (moins dangereux). - Dualité des personnages Lancelot / Gauvain : supériorité de Lancelot envers Gauvain car ce dernier choisit le pont le moins difficile et il n’a pas réussi à libérer la reine. Gauvain est absent quand Lancelot accomplit sa tâche messianique. - D’autre exemple : la 1e quête de la reine et la 2ème quête de Gauvain par Lancelot La structure de quête fait appel à des épisodes fragmentaires. La 1 e partie du roman, dure 7 jours (accumulation de plusieurs aventures). Et la 2ème partie dure un an et un jour (moins d’épisodes) ou a lieu le combat final entre Méléagant (ravisseur) et Lancelot (libérateur). Chrétien de Troyes retarde le combat (1 ans et 1 jour) pour insérer des épisodes de Gauvain et des épisodes qui illustrent la relation amoureuse de la reine et Lancelot, donc il montre d’une façon romanesque la casuistique de la fin’ amors proposée par Marie de France. Lancelot devient le modèle de la chevalerie courtoise. Chrétien de Troyes, Ivain ou Le Chevalier au lion Ce roman est écrit de façon simultanée à celui de Lancelot. C’est un roman très différent de Lancelot. Chrétien de Troyes montre la faute personnel du chevalier Ivain qui ne réussit pas à concilier ses sentiments amoureux pour Laudine et ses responsabilités sociales comme chevalier de la Table Ronde. La structure de ce roman est ternaire : 1e partie, Ivain épouse Laudine, mais quand Laudine refuse l’amour d’Ivain, il perd la conscience. Ce roman présente le 1 er chevalier fou. Il quitte la ville pour mener une vie sauvage dans la forêt ; 2e partie, la folie représente la crise chevaleresque, Ivain expie sa faute grâce à l’aventure au servie des faibles et des femmes (il devient le héros de la prouesse utile) ; 3e partie reconnaissance de la valeur chevaleresque d’Ivain après avoir expié sa faute. La différence est que la reconnaissance de Lancelot se fait dans la cour d’Arthur, par contre, dans ce roman, c’est la cour de Laudine qui consacre Ivain. Ces caractéristiques apparaissent dans Le conte du Graal. Chrétien de Troyes. Le conte du Graal Le chevalier n’apparaît pas dans le titre, mais le Graal. C’est la 1 ère fois qu’un objet devient le protagoniste du titre. Image : un cortège passe devant le roi Pêcheur et le jeune homme Perceval. Le cortège a 2 objets : le Graal et la lance (qui des gouttes de sang). Le Conte du Graal Le cortège du Graal: lance qui saigne + 2 chandeliers + Graal + tailloir Il y a plusieurs interprétations pour explique le mystère de ces objets: Matière de Bretagne (Marx, Loomis, Frappier). - Le Graal est assimilé au chaudron de l’abondance. Le pays est stérile et même le roi Pécheur est un roi infirme (il ne peut pas s’occuper de ses fonctions). - La terre gaste (motif littéraire), le pays stérile qui attend l’arrivée d’un héros pour récupérer sa fertilité - La lance qui saigne est un instrument de vengeance, et la présence du sang qui coule avertit la présence du meurtrier L’interprétation : le pays du roi Pécheur ne récupère le bonheur car Perceval n’as pas posé des questions et le roi n’a pas révélé les secrets. La cour d’eau qui sépare l’autre monde. Interprétation frazérienne (Weston): rite de fertilité Le Graal et la lance sont 2 objets complémentaires : le Graal évoque est un symbole femelle et la lance est un symbole masculin. L’association entre les deux entraîne la fertilité. Les 3 fonctions indo-européennes (Grisward) - Le Graal est associé à la 1e fonction magico-religieuse - La lance: 2e fonction guerrière. - Le tailloir: 3e fonction nourricière Le cortège du Graal est une sorte de rite initiatique que Perceval a manqué car il n’a pas posé de questions. Interprétation chrétienne: - Le Graal est le calice de Christ - La lance de Longin - Le tailloir est la patène Cela signifie que Chrétien de Troyes fait appel à des motifs religieux, il réunit la matière de Bretagne avec la passion du Christ qui est la matière religieuse. Interprétation selon le rite juif du Pesaf (Riquer): question à poser On associe le conte du Graal au rite juif du Pesaf. Dans ce rite, le plus jeune de la famille pose plusieurs questions, et le père lit la Bible. Donc, le motif juif associé au Graal, est le motif de la question que l’on va poser. Le Conte du Graal. Personnages Perceval - Le point de départ de Perceval est différent à celui des autres chevaliers de la Table Ronde car ceux-ci sont déjà adultes tandis que Perceval est un enfant (pas chevalier). - Au début du roman, son nom n’apparaît pas, il est un enfant sauvage ou le fils de la dame veuve. Il perd son père et son frère (des chevaliers qui sont morts dans des aventures chevaleresques), sa mère éloigne Perceval du danger de la cour et habite la forêt, donc Chrétien présente une perspective nouvelle de la chevalerie qui est négative. - Chrétien de Troyes construit un portrait naïf de Perceval: il est un enfant sauvage et son aventure montre les étapes d’apprentissage, donc Perceval est un héros complexe qui acquiert progressivement des qualités différentes. Deux visions de la chevalerie: - Positive (Gauvain, Perceval, Gornemant de Goort). - Négative (père et frères de Perceval, Roi Pêcheur, Clamadeu des Îles) Gauvain Ce roman présente une structure binaire qui permet la comparaison entre Gauvain et Perceval : Gauvain est un personnage statique, un modèle de chevalerie mondaine ; Perceval va se montrer supérieur sur Gauvain. Le Conte du Graal. Structure (1) C’est un roman inachevé : les Continuations Il présente une structure complexe : - D’abord, il présent une structure binaire car il y a 2 protagonistes, Perceval et Gauvain. - Le procédé que Chrétien de Troyes utilise dans ce roman est l’entrelacement (plus développé que dans celui de Lancelot). Selon ce principe d’alternance, Chrétien de Troyes raconte les aventures de Perceval et de Gauvain, chacun cherche un des objets du cortège du Graal : Perceval cherche le Graal (l’objet le plus important de ce cortège) et Gauvain la lance qui saigne. Le reste des objets son secondaires. - On dit que ce roman est déséquilibré car les aventures de Perceval occupent plus des pages que celles de Gauvain. Même si le nom de Perceval n’apparaît pas dans le titre, il est le véritable protagoniste. C’est un roman d’apprentissage : Dans le prologue, Chrétien de Troyes s’adresse à son nouveau protecteur (pas Marie de Champagne- Lancelot), c’est le Comte de Flandres. À partir de ce prologue, on sait que Chrétien écrit ce roman pour servir d’apprentissage au jeune Philippe-Auguste qui sera le futur roi français. Donc c’est un roman d’apprentissage pour acquérir le savoir chevaleresque et le savoir courtois à travers les aventures de Perceval. Comme c’est un roman d’apprentissage, l’aventure prend un sens nouveau car l’aventure de Perceval ne cherche ni la gloire individuelle ni la gloire de la collectivité (de la Table Ronde), mais l’apprentissage. Perceval doit suivre les étapes de l’apprentissage chevaleresque (car il doit devenir un chevalier) et aussi les étapes de l’apprentissage courtois (car l’amour est au service de la chevalerie, on ne peut pas les séparer) : - L’adoubement : Perceval voit des chevaliers dont l’armure est très brillante, et il croit que ce sont des anges. Il veut être comme eux, sa mère essaie de le persuader de ne pas quitter la forêt, mais Perceval se sépare de sa mère sans la regarder. Après il sait qu’elle s’est morte de chagrin. - L’initiation à l’amour : c’est l’aventure de Blanchefleur où l’amour ne suit pas de règles de la courtoisie (amour plus naturel). Il délivre le château de Blanchefleur et, comme récompense, elle s’offre à lui. - La quête du Graal : aventure manquée (un échec) Ces étapes se combinent avec d’autres techniques de structure : le 1er niveau est le roman d’apprentissage, mais il y a un autre type de structure pour ponctuer les étapes d’apprentissage Le Conte du Graal. Structure (2) Comme il doit connaître l’aventure, l’amour et la religion, il y a un personnage qui le donne des conseilles pour le guider dans l’aventure. Un 2e niveau de la structure se superpose à l’intérieur qui sont les contes de bons conseils (conseille donné-conseille suivi). Donc, les aventures de Perceval sont l’illustration de comment il interprète les conseilles reçus. Dans ce roman il y a 3 séries de conseilles : il y a des conseils qui sont mal suivis - Conseils de la mère : initiation générale à la vie conseil de chevalerie au service des dames - Conseils de Gornemant de Goort : initiation chevaleresque accompagnée de la religion (qui parle trop, fait un péché). Le cortège du Graal passe plusieurs fois devant Perceval, mais il ne pose pas de questions car il se souvient des conseils que Gornemant de Goort lui a donnés. Comme il n’est pas capable de comprendre le véritable sens des conseils, cette aventure est un échec de Perceval. Cela illustre qu’il n’est pas d’homme adulte car il n’est pas capable de bien interpréter les conseils. - Conseils de l’ermite, mais on ne sait pas si Perceval l’interprète bien car c’est un roman inachevé. Il lui conseille l’humilité (une vertu chevaleresque nouvelle), il lui dit ce qu’il faut faire pour ses péchés. Le 3e niveau de la structure est focalisé sur l’épisode du château du roi Pêcheur (question à poser-réponse obtenue). Il faut poser une question et que la réponse fournit l’information nécessaire pour achever l’aventure, mais comme Perceval mal interprète le conseil de Gornemant de Goort, l’aventure du roi Pêcheur est un échec. Sens moral : c’est un roman qui a un sens moral (apparaît après l’épisode du château du roi Pêcheur) : au lendemain, Perceval veut poser des questions, mais le château disparaît. (Chrétien de Troyes mélange le merveilleux et l’univers mondain avec une nuance religieuse). La cousine de Perceval lui fait connaître sa faute d’avoir abandonné sa mère sans la regarder, et immédiatement Perceval prononce son nom (1e fois que le non de Perceval apparaît), donc c’est la prise de conscience de sa faute moral et de sa responsabilité à l’égard de sa mère. À partir d’ici, il est conscient que le nom de Perceval est synonyme de déshonneur et d’échec car il n’a pas su apprendre le véritable sens de la chevalerie. A partir de ce moment Perceval commence une errance pour trouver le Graal, et ainsi réparer son échec. Sens religieux : le 3e niveau (épisode de l’oncle de Perceval), Perceval réalise qu’il appartient à une famille élevée et qu’il est prédestiné à venger le roi Pêcheur et à rendre la vie à ce pays stérile. L’oncle introduit le sens religieux, à partir de cela, les chevaliers de la Table Ronde doivent avoir une condition religieuse. Donc, Chrétien de Troyes donne une nouvelle condition à la chevalerie : la condition religieuse est une qualité exigée aux chevaliers (chevalerie mystique) car le but n’est plus la gloire mondaine, mais un but religieux (mystique). Chrétien de Troyes est l’un des grands romanciers de la littérature française médiévale, il est le créateur des modèles de chevalerie universel qui unit les armes, l’aventure et l’amour. Schème : idées générales pour montrer l’aboutissement de Chrétien de Troyes Comme le Conte du Graal est inachevé, il y en a 4 continuations en vers. Il y a plus de continuations en prose qu’en vers car la prose s’impose sur le vers au XIIIe. On associe la prose et le Graal car la prose est la langue de la Bible (parole de Dieu), donc on utilise la prose quand on raconte une histoire du Graal et le vers pour parler de Gauvain. Souligner : chez Chrétien de Troyes, on ne donne pas au Graal un sens uniquement religieux, mais c’est à partir de la Continuation Manessier que le sens du Graal devient tout à fait religieux (on associe la passion de Christ et du Graal). Robert de Boron écrit une trilogie sur le Graal à partir d’une composition en cycle, donc on réunit tout ce qui se rapporte au Graal dès origines jusqu’à la fin (un autre phénomène du Graal du XIIIe). Cette trilogie se développe et on compose le grand cycle du Graal (La Vulgate ou Lancelot Graal). Les livres qui composent le cycle du Graal : - Histoire du Saint-Graal : origine du Graal. Récit de la passion de Christ en Orient - Merlin : voyage en Bretagne - Lancelot en prose : raconte d’une façon minutieuse la vie de Lancelot pour montrer qu’il est le meilleur chevalier de la Table Ronde. Ce roman finit avec Galaad (fils de Lancelot et petit fils du roi Pêcher- réunion du lignage arthurien et biblique) - La quête du Graal : 4 chevaliers qui peuvent s’approcher du lieu où se trouve le Graal. Lancelot est le meilleur chevalier de la chevalerie terrestre, mais il a commis le péché d’adultère (il ne voit pas le Graal). Perceval arrive plus loin, mais il est exclu aussi car il a été cruel avec sa mère. Bohort et Galaad sont pures car ils n’ont pas péché, celui qui voit le Graal est Galaad. Il apparaît la chevalerie terrestre et céleste (pureté). Il n’y a plus de quête du Graal. - La Mort du roi Arthur est la destruction du monde arthurien : Arthur connaît l’adultère entre Lancelot et Guenièvre et il commence une guerre contre Lancelot, division entre ceux qui défend Arthur et ceux qui défend Lancelot ; trahison de Mordred, fils incestueux d’Arthur avec sa sœur Morgan, contre Arthur.
Yvain ou le Chevalier au lion de Chrétien de Troyes (Analyse approfondie): Approfondissez votre lecture de cette œuvre avec notre profil littéraire (résumé, fiche de lecture et axes de lecture)