La caractéristique la plus importante est la brièveté, donc il faut partir de la tradition des genres brefs. Définition de « nouvelle » : roman bref « Nouvelle » est un substantif (annonce d’un événement) et un adjectif (récent). Le substantif est inconnu avant 1462 (il ne désignait pas un genre littéraire). « Nouvelle » se met en relation avec noveler (changer) et renouveler (raconter ce qui est nouveau), donc les auteurs l’utilisent le mot « nouvelle » pour désigner les récits qui racontent des aventures nouvelles. Cent Nouvelles nouvelles (XVe) est un recueil de 100 nouvelles. Le double emploi du substantif et de l’adjectif met l’accent sur la nouveauté des chapitres : - des aventures qui ont lieu à l’époque contemporaine (pas d’histoires du passé) et qui ne sont pas connues (aventures nouvelles). - On peut localiser les aventures dans le temps et dans l’espace. - Ce sont des aventures quotidiennes (pas extraordinaires). - Les personnages appartiennent à toutes les couches sociales. - Parfois, un témoin garantie l’authenticité de l’aventure Sources Types des récits du M. Âge qui servent de source aux nouvelles : - Exemplum (XIIe-XIVe): des récits brefs qui racontent des aventures d’hommes et de femmes dont la vie enseigne une leçon morale. - Lai (XIIe) : la nouvelle du XVIe emprunte des procédés aux lais bretons. C’est l’aventure courtoise (nouvelle courtoise) car le thème est l’amour et on analyse les sentiments de personnages à travers le style indirect libre (thème major de L’Heptaméron est l’amour) - Fabliaux (XIIIe): petite fable. La caractéristique la plus importante est que ce sont des contes à rire qui racontent des mésaventures amoureuses, mais de façon comique Antécédents. La nouvelle su XVe siècle Au XVe en France, il y a 2 cours culturelles : - La cour d’Anjou est plus ouverte sur l’Italie. On compose des romans sur des aventures sentimentales. Par exemple : Jehan de Saintré (importance du monde de la bourgeoisie, la tromperie et la ruse) - La cour de Bourgogne met en prose les œuvres médiévales histoires. Par exemple : Roman de Troie, Roman d’Alexandre. Dans cette cour, on compose Les Quinze Joyes du Mariage (chapitres brèves qui parlent du malheur de la vie conjugal), Les Arrêts d’Amour (chapitres brèves où le thème est l’amour d’une façon comique) - Traits essentiels : brièveté, actualité, ruse, argent Évolution de la nouvelle Dans les Cents Nouvelles nouvelles (point de départ des nouvelles du XVIe), il n’y a pas un cadre qui sert à justifier. L’une des différences entre les recueils du XVIe est la présence ou absence du cadre, le cadre apparaît dans le Décaméron de Boccace. Les nouvelles du XVe n’ont pas de cadres car l’homme pense que Dieu organise le monde et attribue un rôle à chaque individu, donc il ne faut pas justifier cette réalité d’ordre divin. Mais au XVIe, il y a des individus qui peuvent changer leur condition de naissance grâce à leur capacité personnelle, de sorte qu’un système d’organisation humain remplace l’ordre divin et donne un sens à cette réalité--> le cadre assure un ordre La signification profonde de l’aventure est justifiée dans le cadre. Chez Marguerite de Navarre, Heptaméron, le cadre joue un rôle essentiel en relation avec son idéologie. Cadre transformé en discussions qui caractérisent les personnages Marguerite de Navarre (1492-1549) - Sœur de François 1er. Elle évite la confrontation guerrière entre les Protestants et Catholiques. - Elle organise un cercle d’humanistes qui montrent une sympathie pour la Réforme (évangélistes) : le cercle de Meaux (des grands savants de son époque). Ce cercle est conséquence des Affaires de Placards. Elle protège les écrivains engagés dans la Réforme (comme Clément Marot) - Elle compose un recueille de poèmes réunis dans les Marguerites de la Marguerite des princesses (1547). En tant que nouvelliste, elle écrit l’Heptaméron et commande la 2ème traduction du Décaméron (1545) qui est faite par Le Maçon, cette traduction joue un rôle fondamental dans l’évolution de la composition de la nouvelle du XVIe siècle. Heptaméron - Décaméron (10 journées), Heptaméron (7 journées). Même si l’objectif de Marguerite était de réunir 100 nouvelles, l’Heptaméron comprend 72 nouvelles qui se distribuent en 8 journées car l’œuvre est interrompue par sa mort en 1549. - C’est une œuvre posthume (publiée après sa mort). La première parution est faite par Claude Gruget en 1559, mais cette édition ne sert pas de source aux éditions modernes car l’édition de Gruget n’est pas fidèle au manuscrit original (il introduit beaucoup de modifications). Mais à partir de 1853, on restitue l’édition original de Marguerite de Navarre. Heptaméron. Sources - L’Heptaméron réunit 72 nouvelles insérées dans un cadre. Pour Marguerite de Navarre, le cadre est nécessaire pour expliquer la réalité différente de chaque nouvelle qui ne suive pas l’ordre divin comme les recueils de contes brefs du M. Âge - Dans l’Heptaméron, M. de Navarre emprunte des motifs au Décaméron (de Boccage)-->est-ce que le cadre de l’Heptaméron imite le cadre italien du Décaméron ou c’est un cadre contraire? On va le voir dans la lecture du prologue - Le cadre de l’Heptaméron montre 10 personnages. Ce sont des courtisans dont le langage est celui des courtisans de la cour de François 1er. Marguerite est contemporaine de Rabelais (les thélémites de Thélème sont des courtisans qui s’habillent et ont une éducation d’après le modèle des courtisans de François 1er). - Ces courtisans sont conçus selon un modèle italien, celui que Castiglione montre dans son livre Le courtisan (source qui inspire le cadre de personnages) - M. de Navarre s’inscrit dans une tradition de contes brefs français médiévaux. Cent Nouvelles nouvelles est l’antécédent de l’Heptaméron. Texte : prologue de l’Heptaméron--> éléments les plus importants du cadre 1ère partie du prologue : aventures - Le prologue est un récit, donc il y a une narratrice à la 3 ème personne. L’intrigue est bien déterminée dans l’espace et dans le temps qui se rapport à la proximité qui définit la nouvelle (chose nouvelle) - La narratrice apparaît aussi à la 1ère personne : c’est la nouvelliste M. de Navarre qui s’introduit dans la fiction. Elle avertit de son style : la nouvelle se définit par la brièveté (sinon la nouvelle devient un petit roman), la description ne l’intéresse pas - Dans le prologue, la nouvelliste ne justifie pas l’histoire qu’elle va raconter, mais le prologue raconte une aventure (il y a plusieurs intrigues). Donc, la nature de ce cadre est romanesque (qui raconte des événements comme si c’était un roman). - Marguerite précise le lieu (dès le début il y a une intention de raconter cette aventure comme si c’était une chose réelle), on peut parler de vraisemblance (pas de réalisme). - Il se produit un déluge qui entraîne l’isolement des hommes et des dames dans le bain de Monts (éloignée du monde dans les montagnes des hautes Pyrénées) - 6 personnages : les noms apparaissent après l’aventure. On met sur le 1er plan les mésaventures. Il y a une 1ère narratrice au 1ère niveau (raconte qu’ils arrivent à l’abbaye). Les 2 gentils hommes sont des serviteurs des dames mariées (fin’ amors- l’amour courtois pour plaire à la dame). o Oisille o Parlamente- Hircan : mariés o Longarine : veuve o Dagoucin, Saffredin : gentils hommes (serviteurs de ces dames) - La mésaventure : ils sont attaqués par des bandits, mais en réalité c’était un ours. Le 2ème narrateur au 2ème niveau (l’abbé qui raconte la mésaventure de ces dames, mais il ne participe pas dans l’histoire). - Autres personnages : Géburon est attaqué et raconte son aventure (3 ème narrateur au 3ème niveau qui participe dans l’histoire) ; Simonteau, le moine raconte l’aventure de Simonteau car il est le témoin (il y a plusieurs narrateurs). Tous appartiennent à la même condition sociale La 1ère partie du prologue est raconté comme un récit narratif qui raconte les mésaventures de différents personnages (la péripétie). Ces aventures sont vraisemblables, mais ce qui n’est pas si vraisemblable c’est l’accumulation des aventures (il y a 5 histoires). o La 1ère fonction du prologue est d’expliquer comment et pourquoi s’est formé ce groupe d’hommes et de femmes. o Marguerite de Navarre fait la satire des religieux (l’abbé est hypocrite), elle se nourrit des antécédents où l’hypocrisie est le trait distinctif des religieux. Comparaison de la 1ère partie à celle du Décaméron : Marguerite emprunte à Boccage le principe de l’isolement, mais il y a une différence entre le Décaméron et l’Heptaméron : l’Heptaméron est plus tragique/dramatique car ces nobles italiens meurent. Une autre différence est la multiplication des mésaventures (du roman d’aventures) 2ème partie : les matinées consacrées à Dieu - Il s’agit de choisir un jeu pour s’amuser - Parlemente est active et pas mélancolique ; Oisille représente la religion, elle propose l’emploi du temps de la matinée à la lecture de la Bible, donc elle devient le guide spirituel du groupe (le prologue reflet l’idéologie de Marguerite qui se rapproche des réformateurs comme une religion individuelle fondée sur la lecture réflexive de la Bible-sa conception religieuse est nouvelle et elle propose une moral laïque, non pas religieuse) - Hircan et Parlement sont mariés. Hircan suggère un divertissement à 2 (lui-même et sa femme) 3e partie : les après-midi - Cette partie explique l’origine du livre écrit par Marguerite - Ce groupe va raconter des nouvelles comme des histoires véritables et la narratrice rend témoignage de la vérité. L’histoire de l’Heptaméron est une mise à l’abyme de la composition du livre : un récit inséré à l’intérieur de l’autre (ex. : le jugement de Pâris) --> nouveauté par rapport aux modèles italiens - L’après-midi, ils racontent des nouvelles - M. de Navarre fait allusion à Boccage, 2 explications : elle se présente d’une façon humble (fausse modestie) pour mieux gagner la sympathie de son public ; M. de Navarre, à travers la narratrice, s’éloigne du modèle italien (de Boccage), donc elle est austère dans les descriptions (style sec). - Les règles du jeu: aux jeux, nous sommes tous égaux (pas d’hiérarchie) Le prologue de l’Heptaméron de M. de Navarre présente 3 parties : 1. Les aventures romanesques qui sont une accumulation de péripéties 2. les matinées consacrées à Dieu, cela est important car il y a une intention morale qui permet d’analyser la nature humaine 3. l’invention du jeu : le passage de l’oral à l’écrit car on raconte les nouvelles et ensuite elles sont mises par écrit (c’est l’histoire du livre : la mise en abyme de la composition du livre) Heptaméron. Nouveautés par rapport au Décaméron - L’Heptaméron emprunte au Décaméron de Boccace (modèle italien) la division en journées (10 journées son prévus, mais il n’y a que 7). Ce procédé chez l’italien permet de changer des sujets et chaque journée raconte des nouvelles à propos d’un sujet (relation entre le personnage et le type de nouvelle qu’il raconte) - Dans l’Heptaméron, il y a une symétrie entre les personnages masculins et féminins (5 hommes et 5 femmes). Dans ce groupe, les femmes jouent un rôle important (Oisille commande la lecture de la Bible, et Parlement établit le divertissement mondain, elle est la porte parole de Marguerite de Navarre) - La description : Marguerite ne décrit ni les lieux ni le portrait physique des personnages, ils sont individualisés à partir de leur parole (description indirecte) Dans le Décaméron, beaucoup de descriptions des personnages et des lieux. - Le cadre ne finit pas au début du livre, mais il continue à travers les débats, donc le cadre de l’Heptaméron est le prologue et les débats des 10 personnages Heptaméron. Le cadre (I) - Les débats sont des dialogues ouverts (on peut les continuer, cela s’oppose à la structure fermée des nouvelles où l’histoire finit) où presque toujours le sujet est l’amour, mais les thèmes s’élargissent. Cette tendance est l’un des antécédents des essaies de Montaigne qui se caractérise par une structure ouverte - Autre différence par rapport à Boccage : Marguerite montre l’égalité du groupe tandis que, chez Boccage, on choisit une reine et un roi chaque jour qui établit les règles de la journée Le cadre (II) - Les débats, qui font partie du cadre, sont des discours longs. À partir des interventions des personnages, ils donnent son interprétation de la nouvelle. - Différence entre : o les dialogues des personnages des nouvelles qui font appel à des formules de rhétorique (ils ont plus artificiels) o les dialogues des personnages nobles d’inter-nouvelles (du cadre), la nouvelliste veut présenter les dialogues des nobles réunies comme les dialogues véritables (plus naturels), par contre les nouvelles présentent la fiction Personnages --> brièvement Les noms des personnages sont inventés, mais on établit que derrière chaque personnage, il y a un personnage historique. Marguerite transfère à la fiction son cercle intime. - Ces 3 femmes partagent une même condition religieuse et veulent convertir à ses idées aux autres personnages du groupe : o Oisille (Louise de Savoie, mère de Marguerite) est la plus vieille. Elle guide la vie religieuse du groupe et prend la défense d’un amour légitime dans le mariage. La vie des époux doit servir à dieu, donc sa moral est mondaine religieuse o Parlamente (la porte parole de Marguerite de Navarre) est mariée à Hircan, mais leur conception de l’amour est différente. Elle montre la condition humaine cachée sous les apparences ou sous les anecdotes. L’amour est le thème de toute les nouvelles et des dialogues inter-nouvelles, alors elle croit que le véritable amour doit avoir lieu dans le mariage légitime et chrétien (l’Heptaméron annonce le roman sentimental du XVIIe) o Longarine (Aimée Motier de la Fayette, confidente de Marguerite): est une veuve. Elle est convaincue des idées religieuses de Parlemente. Elle est amoureuse. - Ennasuite représente une femme mal aimée - Nomerfide est la plus jeune et gaie, elle est naïve. Elle suit un apprentissage amoureux - Geburon : Morale sévère et défenseur des femmes. Il éprouve de la sympathie à l’égard des classes inférieures. - Hircan, Simontault et Saffredent représentent l’idéal de courtisan de Castiglione : o Hircan aime et admire sa femme. C’est un homme d’action et il conçoit l’amour comme une conquête. Il exige la fidélité des femmes, mais il trouve les infidélités amoureuses faites par les hommes tout à fait naturelles. o Simontault et Saffredent sont des médecins et critiquent toujours les dames (s’oppose à Dagoucin). Simontault est conteur et est amoureux de Parlemente. - Dagoucin est le plus jeune. Jeune serviteur de Parlamente. Il connaît le malheur de l’amour, donc il incarne l’amour platonicien. Il n’a pas d’expérience avec les femmes. Il est un grand serviteur courtois, il incarne la fidélité. Thèmes (I) Marguerite de Navarre mélange le grave et le doux, le comique et le sévère… L’Heptaméron réunit plusieurs nouvelles et l’un des principes que Marguerite suit est le principe de la variété (de temps, de personnages, de situations…). Dans l’Heptaméron, il y a 3 types de nouvelles : - Histoires comiques qui font partie d’une longue tradition française et italienne. Ces nouvelles comiques reprennent les thèmes, les situations, les personnages et les procédés des nouvelles qui à leur tour son héritières des fableaux. Caractéristiques de ces histoires: sujets de la vie conjugale, tradition renouvelé à partir des traits individuelles des personnages o brièveté car l’anecdote comique est simple o les personnages sont individualisés et à l’origine de ces personnages il y a le type de personnages du fableaux (ex. : mari, femme, amant/amante- triangle amoureux traité à partir un registre comique) o thèmes : amour (le plus habituel), l’eschatologie (tradition populaire) o procédés des œuvres comiques médiévales (ruse et tromperie) - Contes sérieux ou comiques (la grande nouveauté de Marguerite) : il y a des nouvelles tragiques et des nouvelles romanesques, la différence est que la nouvelle tragique transmet une vision pessimiste du monde et les nouvelles romanesques une vision plus positive. Le thème du conte tragique est souvent un amour malheureux, et l’objectif de cette nouvelle est d’analyser l’évolution sentimentale des personnages qui sont victimes de cet amour. - Nouvelles romanesques : il y aussi l’analyse sentimental, mais l’aventure est la protagoniste. Normalement sont des amours contrariés, et les péripéties sont les obstacles à dépasser qui permettent de connaître mieux les caractères des personnages principaux (mari, femme et amant). Dans la péripétie, il y a un moment culminant où la femme feint d’être sur le point de mourir, don c’est un amour méchant lié à l’hypocrisie car elle parvient à utiliser la religion (extrême-onction) pour dissimuler son amour. Le mari, qui est jaloux, finit par accueillir sa femme après avoir été trompé. Thèmes (II) L’amour est le thème le plus important dans l’Heptaméron. Il y a un double principe dans la composition thématique: l’unité (la plupart de nouvelles s’occupent de l’amour) et la variété (chaque nouvelle traite l’amour à partir une perspective différente). Il y a 2 groupes, des hommes et des femmes (comme dans les débats), qui sont confrontés. Les vertus exigées aux hommes et aux femmes sont différentes : - Femmes : on les exige la chasteté, la fidélité et la subordination au mari ; la discrétion pour cacher les véritables intentions. - Hommes : se définit par les grands exploits, l’audace et la séduction. Les petits bourgeois, les ecclésiastiques présentent d’autres triats. Thèmes (III) Il y a plusieurs conceptions de l’amour dans l’Heptaméron : - L’amour platonicien : un amour spirituel idéal (chaste et il n’y a pas de plaisirs hors du mariage). Cet amour platonique fait appel parfois à des motifs de l’amour courtois (exemple : la fidélité, le service d’amour). On désigne des fois un amour où le désir est fondamental et, à travers un langage galant, on dissimule une véritable passion amoureuse et méchante. o Marguerite mentionne les conditions pour que l’amour soit heureux dans le mariage : le décalage d’âge entre les conjoints ne doit pas être grand car cela entraîne l’amour adultère ; la fidélité doit être respectée par les époux ; la femme doit être soumise au mari, mais le mari doit chercher le bonheur de la femme ; il faut que les parents signent leur consentement de l’union pour éviter des mariages impétueux qui sont voués à l’échec. - L’amour-passion est lié à l’union charnelle (concupiscence) qui augmente avec les obstacles. C’est un amour qui produit des souffrances à celui qui aime, donc ces personnages passionnels sont des victimes et Marguerite montre leur faiblesse (voir la faiblesse du personnage et les conséquences). L’amour-passion entraîne la mort, la maladie où à la déchéance morale, sauf si on se repent car Dieu protège les âmes fragiles o la variété des femmes victimes de l’amour est grande : Marguerite montre des femmes coquettes, vertueuses, femmes veuves. Dans les nouvelles comiques, il y a des personnages typifiés (mari-amant, femme-maîtresse), mais dans les nouvelles sérieuses, Marguerite transforme le type en caractère, donc ces personnages présentent des traits individuels (nouveauté de Marguerite). Marguerite s’éloigne de la tradition amoureuse du récit bref et inaugure des nouvelles voies à partir de l’analyse des sentiments qui introduit les traits qui corrigent les stéréotypes traditionnels La société de l’Heptaméron Il y a 2 niveaux dans ce roman : le cadre et des nouvelles. Cadre : - Les personnages du cadre appartiennent à la noblesse: c’est un groupe homogène qui parle le même langage et qui a une idéologie similaire (leur conception religieuse est différente car il y a des personnages qui sont plus proche de la religion évangélique et d’autres qui l’adoptent après). - Ce sont des mariages entre les égaux (différence du Décaméron) en raison de l’intérêt de la noblesse - Dans ce groupe, Marguerite montre le jeu entre l’être et le paraitre : si un personnage est amoureux, il doit le dissimuler. La dissimulation s’accompagne de l’analyse sentimentale, et cela annonce ce qui sera le comportement des personnages dans les romans du XVIIe siècle. Nouvelle : - La société des nouvelles est plus variée. La classe la plus présente est la bourgeoisie. Il y a de petits bourgeois et de riches bourgeois (assimilés à la noblesse) - En ce qui concerne le mariage, cette bourgeoisie imite le modèle de la noblesse - Dans les nouvelles comiques, il y a du comique du métier (le trait des avocats, juges est l’utilisation du langage pour tromper) mais Marguerite introduit un trait qui actualise ce personnage - Il y a beaucoup de personnages religieux : religieux séculiers (hors du couvent) qui utilisent leur autorité pour satisfaire leur désir charnel. - Les petits classe sociales sont des personnages secondaires qui complètent l’intrigue : les exclus, les bandits sont presque absent de l’Heptaméron Technique des nouvelles --> coïncide avec les fabliaux - Il y a peu de descriptions dans les nouvelles car c’est l’intrigue ce qui intéresse - On peut connaître la date de la nouvelle à partir des références à des personnages ou à des situations historiques car raconte des histoires vraies. Il y a aussi des références géographiques qui permettent de localiser la nouvelle dans une époque récente - Après une présentation rapide, la narratrice raconte la situation amoureuse. - La structure des nouvelles comiques est différente aux nouvelles romanesques ou sentimentales o nouvelles comiques : plus brèves (une seule situation de tromperie) il y a un retournement de l’action (comiques) o nouvelles romanesques et sentimentales : plus longues car on raconte des amours contrariés et les obstacles entrainent des péripéties pour conquérir l’amour de la femme, on suit un ordre chronologique et il y a un analyse sentimental - Marguerite montre un sens l’observation en ce qui concerne la nature humaine Conclusion - L’Heptaméron de Marguerite de Navarre contribue à l’évolution de la nouvelle car s’éloigne du modèle comique traditionnels et ouvre la porte à des nouvelles possibilités narratives. - L’Heptaméron raconte une double histoire : les histoires du cadre ; et celles racontées dans les nouvelles. Ces 2 histoires sont racontées d’une façon fragmentaire (il n’y a pas de continuité). - Le principe de variété définit l’Heptaméron (ce qui est nouveau) car le but de Marguerite est de mettre en valeur la variété des situations amoureuses des personnages. Ce principe fait semblant d’évoquer la vie réelle. - Marguerite passe du particulier au général à travers les débats d’où on tire une leçon morale qui est laïque car les personnages ne sont pas de religieux (morale de Marguerite est laïque et non pas religieuse- important) - L’Heptaméron montre la conversion des personnages du cadre aux idées religieuses évangélistes d’Oisille à travers les débats. Comme conséquence, ce roman est utilisé par les protestants pour expliquer certaines idées religieuses même si Marguerite n’a jamais adhéré cette religion - Ni les personnages du cadre ni ceux des nouvelles ne sont stéréotypés. Marguerite individualise les personnages et analyse ses caractères, donc elle annonce le roman sentimental du XVIIe.