Vous êtes sur la page 1sur 16

.

LA NOUVELLE

INTRODUCTION

I / DEFINITION ET FONCTION SOCIALE

1- Définition
2- Fonction sociale de la nouvelle

II /ORIGINE ET HISTORIQUE DE LA NOUVELLE

1- Origine de la nouvelle
2- Histoire de la nouvelle

III / LES CARACTERISTIQUES DE LA NOUVELLE

1- Un récit court
2- Une action simple
3- Une œuvre fictive
4- Un texte littéraire
5- Des personnages peu nombreux
6- Le style
7- La position du narrateur

IV / LES DIFFERENTS TYPES DE NOUVELLES

1- La nouvelle réaliste
2- La nouvelle fantastique
3- La nouvelle poétique
4- Les autres nouvelles

V / LA NOUVELLE - LE ROMAN – LE CONTE

1- La nouvelle et le conte
2- La nouvelle et le roman

VI / LA NOUVELLE AFRICAINE

CONCLUSION

Page 1 sur 16
.

INTRODUCTION

La nouvelle est un genre littéraire écrit en prose. Elle se différencie du roman par
sa brièveté. Toutefois, on remarque aisément que cette caractéristique formelle ne suffirait pas
à la distinguer d'un conte ou d'un roman court. En d'autres termes, les critères définitoires de
la nouvelle, faute de traits génériques véritablement distinctifs, doivent inclure d'autres traits,
notamment ceux concernant la construction dramatique. Cependant, la nouvelle africaine se
veut une nouvelle au cœur des préoccupations de ses contemporains. Elle se présente comme
une production engagée à l’image de certains romans mais aussi comme une œuvre didactique
à l’instar du conte.

I / DEFINITION ET FONCTION SOCIALE

1- Définition

Définir la nouvelle n'est pas une entreprise facile car, depuis son apparition, le genre a

subi des transformations aussi bien dans sa forme que dans son contenu. Ainsi beaucoup de
définitions ont été données pour essayer de le cerner.

Le genre n'a été défini que tardivement, au XIXe siècle, lorsque la vogue de la nouvelle
gagna les États-Unis. Avant cette période de théorisation, le terme de « nouvelle » qualifiait
tout simplement un type de récit court, le plus souvent en prose mais quelquefois en prose
et en vers, dont le sujet, parfois satirique ou grivois , pouvait être tiré de la tradition
populaire.

Pourtant au moyen-âge, l'auteur des Cent Nouvelles nouvelles pensait qu’une


"nouvelle" est le récit d'un événement à la fois réel et récent. Elle doit surtout être le récit bref
d'un événement ou d’une "aventure" qui mérite d'être rapporté.
Le Robert, dictionnaire de langue française, définit la nouvelle comme « un récit
généralement bref, de construction dramatique et présentant des personnages peu
nombreux ».

Quant à René GODENNE, « La nouvelle française, c'est une histoire de quelques


pages, autrement dit, un récit où l'élément anecdotique se voit réduit à sa plus simple
expression, une histoire aux dimensions importantes, parce que la part de cet élément est
développée, une œuvre qui raconte moins une histoire qu'elle n'évoque un instant de vie.
La nouvelle, c'est encore à la fois un récit sérieux, grave, dramatique, et un récit plaisant,
comique, grivois. C'est encore un récit où domine soit un intérêt purement anecdotique, soit
un intérêt purement psychologique. »

Page 2 sur 16
.

Pour d’autres, La nouvelle est un récit généralement bref de construction


dramatique présentant des personnages peu nombreux dont la psychologie n’est guère
étudiée que dans la mesure où ils réagissent à l’événement qui lui fait le centre du récit.

Ce qui est surprenant, c'est que toutes ces définitions ne peuvent épuiser ni les
contours, ni la richesse du genre car la nouvelle, étant une œuvre d’art, reste totale en elle-
même, contractée, mais enrichie par ses limites tout en obéissant à une technique qui exige
une application, une rigueur et une spontanéité.

2- La fonction sociale de la nouvelle

Certaines nouvelles se veulent comiques ou satiriques, d'autres historiques, d'autres


tragiques.

Genre à la fois populaire et universel, la nouvelle, de part sa brièveté, « permet à l’auteur


de braquer le projecteur de l’analyse sur tel ou tel aspect particulier de la réalité sociale. A
l’instar du roman, elle s’est mise à l’écoute du peuple dont elle constitue « les haut-
parleurs ». C’est pourquoi, elle tire ses sujets des souffrances des populations, de ses
tristesses, de ses joies et de ses fêtes qui constituent toutes une matière suffisamment dense de
création des nouvelles.

Boccace amuse son public avec le Décaméron et confronte souvent des vérités
individuelles aux lois morales en vigueur. Dans l'Heptaméron, c'est l'intention didactique qui
prédomine. Marguerite de Navarre a introduit avec l'Heptaméron, dans la nouvelle française
le sentiment vrai, la psychologie nuancée des passions, le tragique même et aussi le décor et
l'atmosphère d'un monde qui commençait à se régler selon les lois de la civilité.

II / ORIGINE ET HISTOIRE DE LA NOUVELLE


1- Origine du genre

Dix personnes (sept femmes et trois jeunes hommes) fuient l'épidémie de peste qui
dévaste la ville de Florence, en 1348, et se trouvent réunies à la campagne. Pendant dix jours,
chacune d'elles va raconter des histoires, que l’auteur relate sous forme de nouvelles (de
l’italien, novella, « récit imaginaire »). Ces récits sont une invention de Boccace, écrivain
italien, l'ensemble est publié vers 1350 dans le Décaméron.

Ce sont donc les récits du Décaméron (1348-1353) de Boccace qui sont ordinairement
considérés comme l'origine de la nouvelle. Le mot « nouvelle », pour désigner une œuvre, et
par extension un genre littéraire, fut d'ailleurs emprunté à l'italien novella (1414), qui venait
de Boccace et qui caractérisait un « récit concernant un événement présenté comme réel et
récent ». L'anglais, au XVIe siècle, forma sur le mot italien « novella » celui de « novel « , qui
devait ultérieurement prendre le sens plus général de fiction romanesque, alors que short story
se chargeait de la signification de « novella ». Les premiers récits du type de la « novella »
étaient inspirés de Boccace. Ce furent d'abord les Contes de Cantorbéry (v. 1387-v. 1400) de

Page 3 sur 16
.

Chaucer, vingt et un contes écrits pour la plupart en distiques héroïques. Vinrent ensuite, au
XVIe siècle, les contes de l'Heptaméron (1558) de Marguerite de Navarre.

En France, la nouvelle naît à la fin du Moyen Âge. Elle vient s’ajouter, et en partie se
substituer, à une multitude des récits brefs : fabliaux, lais, dits, devis, exemples, contes, etc.
Les nouvelles étaient d'abord de petites histoires anonymes distribuées gratuitement dans la
rue, et qui se distinguaient en deux groupes : les "exemplums", qui étaient des récits religieux
prêchant la morale et les dons à l'église, et les "canards", racontant des faits divers comme des
vols, des tromperies, ou des meurtres. Directement inspiré du Décaméron (1349-1353) de
Boccace, le premier recueil de nouvelles françaises, anonyme, les Cent Nouvelles nouvelles,
est probablement paru entre 1430 et 1470. Mais c’est le XVIe siècle qui voit le véritable essor
du genre. En 1558, avec L'Heptaméron, Marguerite de Navarre donne au genre ses premières
lettres de noblesse. Dans ce recueil inachevé de 72 récits, on trouve des histoires plus graves,
où l’anecdote laisse en partie la place à l’analyse psychologique.

2- Histoire de la nouvelle
On pourrait remonter l’histoire de la nouvelle à l’antiquité.

Certains épisodes de l'Odyssée (ex. : "Circé", "le Cyclope" et "la Nekuia") ont été
considérés comme constituant autant d'histoires (de nouvelles) insérées dans une littérature
épico-romanesque.
Le récit, selon Platon, Hérodote et Aristote, a préparé voire accompli dès l'Antiquité la
nouvelle, au même titre que la fabula et les fables milésiennes.
A la fin du XII siècle, en Perse, Nezamé de Grandjé (1140-1202) écrit Haft Païkar (les
e

Sept Idoles), recueil de sept histoires, encadrées comme celles de Boccace.

Vers la même époque (IXe-XIIIe siècle), les Chinois produisaient en grand nombre des
« xiaoshuo », "récits mineurs" ou "histoires brèves" et des « huaben », "textes à réciter", dont
les thèmes étaient modernes, et dont la durée ne devait pas dépasser une séance.

Les lais (XIIe siècle), comme le lai de Marie de France, Le Chèvrefeuille, relatant un
épisode des amours de Tristan et Yseult, peut être considéré comme une nouvelle, rédigée
bien avant que cette appellation ait existé. Le texte se limite à la donnée d'un épisode unique
et se clôt sur lui-même sans attendre une suite. Il rapporte un événement ordinaire. A
l'économie de moyens mis en œuvre correspond une grande densité de l'effet produit.
Les dits qualifiés de "nouveaux" qui apparaissent au XIII e siècle. Le dit est comme la
nouvelle un genre bref (600 vers en moyenne). Les dits peuvent être nouveaux par leur forme
ou par la matière qu'ils traitent. Certains dits présentent une matière ancienne mais font l'objet
d'une "nouvelle" écriture. L'intention de plaire est toujours présente dans les dits "nouveaux"
et elle est liée à la notion de nouveauté. L'auteur déclare souvent avoir apporté du soin à
l'écriture de son œuvre. Ce souci de plaire anime les Cent Nouvelles nouvelles dont une
variante du titre donne : "cent chapitres ou histoires, ou pour mieulx dire nouveaux contes à
plaisance". Or, pour qu'une œuvre soit considérée comme "nouvelle", il faut que deux
conditions soient remplies : d'abord, l'auteur doit être conscient de son acte littéraire
d'écrivain, ensuite il doit ancrer sa manière dans une réalité très proche.

Page 4 sur 16
.

La nouvelle est encore issue de l'exemplum mais elle est rarement d'inspiration
ecclésiastique.
Au XII e siècle en France, la "nouvelle" est l'annonce d'un événement, généralement
récent, à une personne qui n'en a pas encore connaissance. La nouvelle devient une histoire
fraîchement arrivée dont la technique de narration est originale.

En Italie, le mot "novella" signifie à la même époque la nouveauté, l'histoire


distrayante qui, telle une nouvelle politique, court de bouche en bouche, de ville en ville.
Pour que le mot "nouvelle" en français, « novela » en espagnol, « novella » en russe et
« nouvela » en polonais s'impose dans notre aire culturelle, il faudra néanmoins Boccace,
Cervantès, Marguerite de Navarre. Avec le Décaméron, les Nouvelles exemplaires et
l'Heptaméron s'organise un ensemble de nouvelles "encadrées", ainsi dénommées parce
qu'elles sont insérées dans une fiction (la peste de Florence par exemple) qui justifie leur
rassemblement.
La réussite du Décaméron de Boccace suscite des recueils analogues : ceux de G.
Fiorentino, de F. Saccheti, de Masuccio Salernitano, etc. C'est alors l'âge d'or de la nouvelle
italienne qui se caractérise généralement par son réalisme satirique et par son immoralité
licencieuse.
Mais dès le XIV e siècle, d'autres chefs d'œuvre de la nouvelle ont vu le jour en
Europe: en Angleterre les Contes de Canterbury (1387) où s'épanouit la veine bourgeoise des
fabliaux; en Espagne le Comte Lucanor (v. 1337), recueil de nouvelles morales de I. Manuel.
Au XV e siècle, la cour de Bourgogne raffole des nouvelles où l'inspiration
chevaleresque et bourgeoise se mêle à l'ironie cynique, au scepticisme moral et à l'obscénité,
comme en témoignent les deux plus célèbres recueils de l'époque, les Cent Nouvelles
nouvelles et les Quinze Joyes de mariage (antérieur à 1450, anonyme).

Les recueils français du XVIe siècle portent la marque des traités italiens débattant des
questions d'amour, de civilité ou de philosophie, dont la structure est venue enrichir le modèle
boccacien.
En Espagne, où le mot « novela » désigne toute œuvre d'imagination en prose, c'est à
Cervantès que revient le mérite d'avoir créé le genre, avec ses Nouvelles exemplaires où se
rencontrent le romanesque, le picaresque et le lyrisme sentimental.
Au XVII siècle, on a Sorel avec les Nouvelles françoises où se trouvent les divers
e

effets de l'Amour et de la Fortune (1623). Il poursuit dans la voie de Marguerite de Navarre.


Les frontières entre roman et nouvelle ne sont plus claires. Mme de Villedieu fait paraître en
1669 Cléonice ou le Roman galant, une nouvelle. Les romans comportent aussi fréquemment
des récits enchâssés.

Au XVIIIe siècle en France, la nouvelle est encore cultivée par Lesage, l'abbé Prévost,
Diderot. Mais l'époque des lumières incline à délaisser la nouvelle pour le conte
philosophique, dont la fantaisie se prête mieux à l'expression des idées les plus subversives.
La seconde floraison de la nouvelle commence au début du XIX e siècle. Cette
renaissance du genre a deux causes : l'une technique : la multiplication des revues littéraires ;
l'autre esthétique : par sa concision, la nouvelle permet de produire sur le lecteur cette
émotion intense, ce sentiment d'étrangeté et de mystère que recherche le romantisme. Et

Page 5 sur 16
.

d'Honoré de Balzac (Contes drolatiques) à Gustave Flaubert (Trois contes), de Victor Hugo
(Claude Gueux) à Stendhal (Chroniques italiennes), d'Alfred de Musset à Barbey
d’Aurevilly (Les Diaboliques), de George Sand (Nouvelles) à Zola (Contes à Ninon), il n’est
guère de romancier d’importance qui n’ait écrit de nouvelles, et même de recueils de
nouvelles. Certains, comme Prosper Mérimée, Jean de La Varende et surtout Guy de
Maupassant, avec dix-huit recueils publiés de son vivant, se sont même spécialisés dans le
genre. Mais le prestige de la nouvelle ne se limite pas à la France : en témoignent, entre
autres, Hoffmann, Edgar Poe, Henry James, Herman Melville, Pouchkine, Gogol, Tchekhov,
et bien d’autres.

Le XXe siècle a vu de nombreux écrivains choisir la forme courte. En France, Sartre,


bien sûr, et son recueil Le Mur, mais aussi, parmi les contemporains, Nadine Ribault pour
n'en citer que quelques-uns. Certains ont choisi de ne s'exprimer (presque) que par la
nouvelle, parfois très courte : c'est le cas d'Hervé Le Tellier et surtout d'Annie Saumont.

Au XXème siècle,la nouvelle rompt avec la narrativité. Le genre s'auto-détruit. Le narré


s'efface au profit du "narratexte", le narratexte étant l'ensemble des éléments qui concourent à
enchâsser l'histoire, à l'embellir, à l'enrichir de réflexions morales ou philosophiques. Tout
ceci, intégrant et dépassant la narration primitive, lui confère une dimension irréductible aux
simples données de l'intrigue. Le narrateur est redevenu le conteur traditionnel, expert en
digressions, en aphorismes, en considérations psychologiques, celui qu'on écoute moins pour
ce qu'il doit raconter que pour sa personne et les éclairs de son intelligence. Le conteur n'a
rien à raconter et se sert de l'alibi d'une histoire pour jouer avec les mots et avec la peur
(comme dans le récit fantastique) ou bien substitue à l'histoire une méditation sur la condition
humaine.
Dans la nouvelle métaphorique, Exemple de "Baleine" de Paul Gadenne, L'animal symbolise
la corruption et la mort de l'occident. On passe de l'anecdote au mythe chez Sartre, le Mur,
chez Ionesco, la Photo du colonel. Les nouvelles sont donc l'expression détournée d'une
morale et d'une métaphysique.
L'anti-nouvelle, avec Beckett (Nouvelles et textes pour rien), Ricardou (Révolutions
minuscules), Pinget, Robbe-Grillet, Sarraute (Tropismes), refuse l'histoire et prouve la
volonté d'accorder la primauté au phénomène verbal. La mue subie par le roman se manifeste
aussi dans la nouvelle.

III / LES CARACTERISTIQUES DE LA NOUVELLE


Une nouvelle possède plusieurs caractéristiques qui poussent à sa brièveté.

1- Un récit court

La nouvelle est un récit court, écrit en prose. Cependant, plus que la longueur du récit
assez variable, ce qui la caractérise c'est la concision et l'efficacité de l'écriture, l'économie
des mots. La brièveté n'est pas alors une technique littéraire active. Elle est recherchée pour
éviter l'ennui de l'auditoire.

Page 6 sur 16
.

2- Une action simple

La nouvelle se caractérise également par la simplicité de son intrigue. Contrairement au


roman, elle est centrée sur un seul événement et elle est construite de façon à ménager un effet
de surprise au dénouement : c'est ce que l'on appelle la chute.

3- Une œuvre fictive

La nouvelle est fictive. C’est une œuvre d’imagination et non la narration fidèle d’un
événement comme pourrait l’être un reportage. Les nouvellistes s’inspirent d’un fait réel, ou
ils reconstruisent toujours l’histoire à leur guise : elle devient fiction.

4- Un texte littéraire

La nouvelle est littéraire. Les nouvellistes ne racontent pas leur histoire comme les
journalistes racontent un événement. Dans la nouvelle, on emploie les figures de styles, on
choisit une formule narrative, on exploite les ressources de la langue pour créer des effets,
captiver le lecteur, susciter en lui des émotions de réflexions.

5- Des personnages peu nombreux

Les personnages d'une nouvelle sont peu nombreux et moins développés, c’est-à-dire
brièvement décrits : « C'était une femme de trente-six ans environ, forte en chair, épanouie et
réjouissante à voir. Elle respirait avec peine, étranglée violemment par l'étreinte de son corset
trop serré ; et la pression de cette machine rejetait jusque sous son double menton la masse
fluctuante de sa poitrine surabondante. » (Maupassant, Une partie de campagne)

6- Le style
Le style peut aller du registre soutenu au registre familier
7- La position du narrateur

La position du narrateur est variable : il dit assez souvent « je », prétendant


généralement rapporter une histoire qu'on lui a confiée. Il participe ainsi à l’action et en est le
simple témoin. C'est le procédé employé par Maupassant dans la Folle : « Tenez, dit
M. Mathieu d'Endolin, les bécasses me rappellent une bien sinistre anecdote de la guerre
[…]. » Le narrateur peut donc participer à l'action, en être le simple témoin, comme dans les
nouvelles enchâssées de Maupassant, ou encore y rester extérieur en disant « il ».

IV / LES DIFFERENTS TYPES DE NOUVELLES


1- La nouvelle réaliste

Elle entend donner une représentation de la réalité, même à travers la fiction, en peignant
les lieux, les personnages comme s'ils existaient devant nous. Par opposition aux fictions,
la nouvelle se présente comme une histoire vraie. Elle est, d'après Friedrich Schlegel, "une
histoire qui n'appartient pas à l'histoire".

Page 7 sur 16
.

2- La nouvelle fantastique

La tendance réaliste faiblit et bascule vers le fantastique : que le héros soit en quête de la
"fleur bleue" ou de son alter ego démoniaque, la nouvelle s'ouvre à la métaphysique et, avec
les œuvres de Hoffmann par exemple, elle se mue en conte fantastique. Elle est construite
de façon que le lecteur ne sache jamais si son dénouement a une explication logique ou
surnaturelle. Elle introduit progressivement le surnaturel dans le réel, de façon à créer un
climat d'angoisse et de peur.

3- La nouvelle poétique

Elle nous introduit dans un univers imaginaire qui n'est pourtant pas celui du
merveilleux, ni celui des contes.

4- Les autres nouvelles

Il s’agit de citer à titre indicatif la nouvelle moraliste, la nouvelle satirique, La nouvelle


sentimentale, La nouvelle de formation, La nouvelle anticoloniale, etc..

V / LA NOUVELLE - LE ROMAN – LE CONTE


On peut dégager certaines constantes de la nouvelle par rapport au conte d'une part,
au roman d'autre part.

1- La nouvelle et le conte

Différente du roman par la forme, le style et l’objectif, la nouvelle semble


s’apparenter beaucoup plus au conte dans sa finalité : une quête didactique et ludique
caractéristique essentielle du conte. Le conte et la nouvelle semblent indissociables car la
nouvelle a souvent besoin du fantastique, du surnaturel pour mieux attirer l’attention du
lecteur. Le conte de son coté se nourrit de faits divers de la vie quotidienne de l’homme et
des histoires fictives. Toutefois, La nouvelle se distingue du conte, autre récit court, par sa
plus grande liberté de construction. Elle se différencie donc du conte en ce sens que, si elle
peut être fantastique ou faire appel au surnaturel, elle ne comporte pas d'éléments relevant du
merveilleux, puisqu'elle relate des événements réputés réels. En outre, la structure des contes
comprend des invariants et des éléments codifiés qui sont des conventions définitoires du
genre. Les conventions génériques du conte s'opposent à l'absence de conventions génériques
qui caractérise la nouvelle (ni formule d’ouverture « Il était une fois », ni formule de
fermeture ni ordre déterminé).

2- La nouvelle et le roman

La nouvelle contribue à la genèse du roman. En Europe comme en Asie, la


nouvelle a formé divers types de romans, y compris les romans picaresques et les romans-
fleuves. En Chine : les xiaoshuo et les huaben peu à peu s'additionnent, s'agglomèrent pour
former une matière romanesque. De même, la nouvelle va produire en Europe divers types de
romans par agglutination. Sur des modèles espagnols ce seront le Diable boiteux et Gil Blas,
romans à tiroirs, où des nouvelles s'emboîtent les unes dans les autres.

Page 8 sur 16
.

Comme le conte, le roman et la nouvelle sont des genres narratifs : tous deux ont en
effet pour but de raconter une histoire. Mais en faisant un parallélisme entre la nouvelle et le
roman, il est important de clarifier leur différence. Le roman s’oppose à la nouvelle par la
dimension et par la longueur. Car la nouvelle se veut être un récit court avec un nombre réduit
de personnages et de mots. Là, la concentration de la narration s'oppose à la liberté du
roman. Ce qui fait d’elle un genre particulièrement apte à créer des effets de « suspense » ou
à livrer un bloc de réalité brute. Le temps de lecture est aussi très limité pour produire un
effet chez le lecteur mieux que le roman. Si l'on comparait le roman à l'œuvre d'un architecte,
la nouvelle, elle, correspondrait plutôt à celle d'un orfèvre : sa taille est réduite mais elle met
en œuvre des procédés d'une extrême finesse. Une nouvelle est très courte, ce n'est pas
comme le roman, elle est en quelque sorte une courte histoire.

VI / LA NOUVELLE AFRICAINE
1- Les fondements

Le développement sans précédent de la nouvelle en Afrique s'explique par trois raisons


principales: l'action des maisons d'édition africaines, particulièrement CLE et NEA, celle des
journaux et des revues et, enfin, l'influence des concours.

l'action des maisons d'édition africaines

Les maisons d’édition ont joué un rôle important dans le développement de la


nouvelle négro-africaine d'expression française telles que les éditions CLE et NEA. A partir
de 1964, CLE a publié plusieurs recueils mais sa présence ne s'affirme véritablement que dans
les années 70. Cependant, très vite, à partir de 1975, les NEA, créées trois ans plus tôt, lui
raviront la vedette.

A ces deux noms, il faut ajouter les Editions Saint-Paul-Afrique, les Editions du Mont
Noir et le Centre Africain de Littérature, tous trois installés à Kinshasa au Zaïre.

Certes, certains facteurs sociaux contribuent au succès de la nouvelle : la tendance du


lecteur africain moyen à rechercher les textes courts, accessibles, qu'il peut lire d'un seul trait
ou, en tout cas, rapidement; le désir de plus en plus marqué de ce lecteur moyen de créer lui-
même des œuvres qui répondent à ses préoccupations, à ses goûts, à ses besoins. Ces facteurs
ont déterminé la politique éditoriale et commerciale des jeunes maisons d'édition africaines
qui, tenant compte du contexte socio-culturel et surtout du pouvoir d'achat sur le plan local,
ont mis l'accent sur les petits volumes "pour tous", économiquement plus accessibles à leur
public-cible et plus rentables pour elles.

Les textes proviennent pour la plupart de jeunes et/ou de débutants pour qui ils
constituent une manière d'exercice littéraire ou un passe-temps, lorsque leurs conditions de
vie leur offrent des possibilités d'isolement favorable au travail de création. Pour ces auteurs,
la proximité des maisons d'édition est un facteur de stimulation, on n'est plus obligé d'envoyer
son manuscrit à Paris, ville vis-à-vis de laquelle l'écrivain débutant africain éprouve un certain

Page 9 sur 16
.

complexe; on peut le porter directement chez l'éditeur, discuter de vive voix avec lui ou
l'envoyer dans un pays africain voisin où - on en est a priori convaincu - il a plus de chance
que partout ailleurs.

L’action des journaux et des revues

Dans la période 1971 – 1980, la situation politique est caractérisée, dans le quasi totalité
des pays d’Afrique francophone, par le règne généralisé des partis uniques ou des dictatures
militaires. Le résultat en est l'absence de liberté d'expression dont l'une des manifestations est
la rareté des journaux locaux et la censure imposée à la presse étrangère. La presse écrite se
limite à l'organe officiel d'information ou plutôt - pour être plus exact - de propagande. Mais
ces journaux locaux comportent des pages culturelles et publient de façon irrégulière des
nouvelles qui, certes, n'ont pas un grand retentissement et tombent vite dans l'oubli, mais qui,
par leur influence, contribuent à faire connaître le genre et à inciter à la création.

En dehors de ces journaux, certaines revues installées en France et s'intéressant à


l'Afrique publient également de temps en temps des nouvelles d'auteurs africains. Il s'agit
de Présence Africaine dont l'action en faveur de la nouvelle africaine francophone et
anglophone remonte à la période coloniale, de L'Afrique littéraire et
artistique devenu l'Afrique littéraire et de Peuples noirs - Peuples africains.

L’apport des concours littéraires

Les principaux organisateurs de ces concours sont :l'Office de Radiodiffusion et de


Télévision Française (ORTF) qui passera ensuite la main à Radio France Internationale (RFI),
et en collaboration avec les radiodiffusions francophones d'Afrique noire, de Madagascar et
de l'Ile Maurice. Le "Concours de la meilleure nouvelle de langue française" est
incontestablement celui qui a eu la plus grande influence sur le développement de la nouvelle
d'expression française en Afrique depuis 1971.

Parmi les lauréats de ce concours on peut citer Mbaye Gana Kébé, Patrice Ndédi
Penda, Cheikh C. Sow qui publiera en 1982 chez Hatier son recueil Cycle de sécheresse, et
Bassek Ba Kobhio, un des lauréats du 4e concours, qui fera paraître en 1984 son recueil Les
eaux qui débordent chez l'Harmattan. L'organisation de ce concours connaîtra quelques
transformations dans la décennie suivante.

En dehors de ce concours international, il existe au niveau de chaque pays africain des


initiatives semblables venant des ministères de la Culture et des associations nationales
d'écrivains. Au Sénégal les nouvellistes ont bénéficié pendant la période 1971 - 1980 de la
sollicitude du gouvernement de Léopold Sédar Senghor, comme en témoigne l'Anthologie de
la nouvelle sénégalaise (1970 – 1977 publiée par les NEA en 1978 et due à Pierre Klein,
conseiller pour les affaires culturelles à la Présidence de la République du Sénégal.

Page 10 sur 16
.

2- Les thèmes développés

Du point de vue quantitatif, la nouvelle satirique conserve sa primauté avec une


prédominance de la satire sociale. Mais un élément nouveau y apparaît qui mérite d'être
souligné: la confirmation de la satire politique de l'Afrique des indépendances auparavant
illustrée par quelques rares textes, notamment de Sembène Ousmane. Viendra ensuite la
nouvelle culturaliste. Quant au courant anticolonial, il semble avoir tari au point d'être
supplanté par d'autres courants mineurs : la nouvelle sentimentale, la nouvelle de formation,
la nouvelle-souvenir et bien d’autres nouvelles que nous retiendrons à titre indicatif.

La nouvelle satirique

L'importance de plus en plus marquée de la nouvelle satirique, particulièrement dans


sa dimension sociale, semble liée aux exigences mieux maîtrisées du genre qui - on le sait -
entretient des rapports très étroits avec les pulsations du quotidien.

J'ai observé ma société. J'ai pris position et je parle. Dans cet ouvrage, je dis ce que j'ai
vu. Devant les égarements d'une jeunesse incompréhensive, devant l'égoïsme de certains
dirigeants, devant les multiples maux et malheurs de basses couches sociales, j'ai décidé
d'écrire ces nouvelles; ainsi s'exprime Kitia Touré dans l'avant-propos de L'arbre et le
fruit (1979). Dans une période désormais largement reconnue comme celle de la désillusion
en Afrique, il n'est donc pas étonnant que les nouvellistes, qui sont des chroniqueurs du
présent manifestent leur intérêt pour les problèmes actuels, multiples et divers, de leurs
sociétés en crise; problèmes au nombre desquels il faut compter la pauvreté et la misère parmi
les plus importants et les plus récurrents.

Le thème de la misère revient dans un grand nombre de textes isolés ou de recueils,


traduisant une prise de conscience accrue des inégalités et injustices sociales, sources de
conflits et de drames de toute sorte dans l'Afrique des indépendances. Ce qui préoccupe les
nouvellistes par-dessus tout, c'est la vie des petites gens, des chômeurs, des gagne-petit, des
laissés-pour-compte, des "Ventres creux" de la ville et du village. Ventres creux est d'ailleurs
le titre d'un recueil du Zaïrois Mwamba-di-Mbuyi Kalala Muepu, paru en 1974.

D'une façon générale, on assiste à un déplacement de l'espace de la nouvelle du village


vers la ville. Pendant la période coloniale, le village était l'espace privilégié. Après 1960, il
cède progressivement le pas à la ville qui, entre 1971 et 1980, semble lui avoir ravi la
primauté. Dans Chroniques Congolaises (1974) et Nouvelles Chroniques
Congolaises (1980) de J.B. Tati-Loutard par exemple, presque toutes les nouvelles ont pour
cadre la ville, Brazzaville ou Pointe Noire. Ce phénomène reflète l'essor prodigieux des villes
africaines après les indépendances et l'acuité des problèmes que pose leur évolution
anarchique.

La ville est presque toujours pour les nouvellistes symbole de tourments, de précarité
et d'échec comme dans La papaye de Sévérin Cécile Michel Abega, 3e Prix du 5e Concours
de la meilleure nouvelle de langue française, ou dans Sucre, poivre et sel (1980) de Dono Ly
Page 11 sur 16
.

Sangaré. Elle favorise la dégradation des moeurs. L'absence d'une politique et d'une sécurité
sociales pour les couches les plus démunies de la population conduit les femmes à la
prostitution, les jeunes à la "débrouillardise" ou à la révolte et presque tout le monde à la
corruption, à la recherche forcenée de l'argent par tous les moyens comme l'illustre Un couple
organisé de M.B. Cissé (1975).

Lorsque Cheikh Aliou Ndao évoque la vie des habitants d'un bidonville de Dakar à
travers le triste sort de Mor qui perd ses économies lors du rasage impromptu de "Paak
Buteel" - c'est le nom du quartier - par les pouvoirs publics ou que Henri Lopès raconte
dans L'avance la vie malheureuse d'une bonne qui, à force de s'occuper exclusivement de
l'enfant gâté de ses patrons européens, finit par perdre le seul fils qui lui reste.

L'injustice et l'inégalité n'existent pas qu'en ville. Elles se traduisent également par
l'opposition ville/village comme dans La gangue de Maliza Mwina Kintende primée au 2e
Concours radiophonique de la meilleure nouvelle de langue française en 1973. La misère et la
pauvreté en ville et au village ont d'ailleurs souvent la même cause, l'exode rural, comme le
montre Bilal Fall dans Le collier de misère, primée au ler Concours en 1972.

Cependant, au cours de la décennie 1971 - 1980, les problèmes du monde paysan dans
la nouvelle sont dominés par la sécheresse. Parmi les nouvellistes qui ont traité ce thème que
nous retrouvons aussi dans la décennie suivante, on peut retenir Patrice Ndedi - Penda, auteur
de La dernière semence, 2e Prix du 2e Concours de la meilleure nouvelle de langue française
en 1973, Maoundoé Naindouba avec La double détresse, primée dans le même cadre, Sada
Weïndé Ndiaye avec Au pays de la soif dans son recueil La fille des eaux (1975), Mbaye
Gana Kébé avec Le taureau, primée lors du 5e Concours de RFI, et Yambo Ouologuem
avec La trêve de Dieu où, paradoxalement, la sécheresse sert de prétexte à une glorification
de Dieu.

Les fondements de la misère que décrivent les nouvellistes ne sont pas exclusivement
matériels. Ils tiennent aussi à la psychologie sociale qui révèle certaines tares mentales liées
au poids de la tradition sur la femme. Dans Ken Bougoul ou le refus (1979), Ibrahima Seye
montre comment le conformisme traditionaliste et les préjugés sociaux peuvent briser le
bonheur, voire la vie d'un jeune couple. Les tares mentales se traduisent aussi par des
superstitions et des croyances rétrogrades qui aliènent l'individu et font de lui la victime de sa
propre ignorance

Mais c'est surtout le fanatisme religieux en milieu musulman, particulièrement au


Sénégal, vieux thème abordé dans la période précédente (1961 - 1970) par Abdou Anta Kâ
(La complainte d'Oumar, 1961) et Sembène Ousmane, (Voltaïque, 1962) notamment, qui
revient le plus souvent, ici encore, sous la plume d'auteurs sénégalais : Njangan (1975) de
Chérif Adramé Seck, Le Madihou de Pikine du recueil de Lamine Diakhaté Prisonnier du
regard (1976), Kaala du recueil de Mbaye Gana Kébé Kaala Sikkim (1976), Le marabout de
la sécheresse qui a donné son titre au recueil de Cheikh Aliou Ndao (1979), mettent en scène
les faux prophètes et les marabouts - escrocs et dénoncent la mystification religieuse.

Page 12 sur 16
.

La satire sociale dans la nouvelle africaine n'exprime en définitive que le malaise d'un
monde instable et cruel.

Certes les nouvellistes semblent privilégier les problèmes sociaux par rapport aux
problèmes politiques. Cependant Le fossoyeur de Yoka Lyé Mudaba expose les réalités
tragiques de l'Afrique des dictatures à travers la vie d'un fossoyeur qui, un jour, découvre le
corps de son fils, son unique espoir, parmi les cadavres de jeunes étudiants destinés à une
fosse commune. D’autres posent le problème de la liberté de l'individu face à la brutalité des
systèmes politiques. La nouvelle La fuite du jeune Matlala, qui traite principalement de
l'apartheid en Afrique du Sud, est conçue comme une parabole de la libération totale de
l'Afrique.

La nouvelle culturaliste

Bien que les thèmes qu'ils abordent aient une dimension sociale évidente, les textes
que nous plaçons sous la présente rubrique se distinguent des précédents, notamment de la
nouvelle sociale, par l'intérêt particulier qu'ils accordent à la description des valeurs du monde
traditionnel africain ou à la problématique culturelle telle qu'elle se manifeste à travers les
rapports entre la tradition et la modernité.

Ainsi, dans Le lac des sorciers (1972 - il s'agit ici du recueil), Faustin Albert Ipeko
Etomane évoque le monde traditionnel africain à travers la circoncision, l'amour, le mariage,
la polygamie. D'autres textes abordent les bouleversements introduits en Afrique par les
cultures occidentales, les Civilisations des autres (Makombo Bamboté, 1973) qui se révèlent
aussi fascinantes que mal assimilées comme en témoignent Les sept
fourchettes dans Chroniques de Mvoutessi I (1971) de Guillaume Oyono Mbia, Madame la
civilisée du recueil de Mbaye Gana Kébé Kaala Sikkim (1976), Du blanc au
noir dans L'arbre et le fruit (1979) de Kitia Touré et La couture de Paris de Baba Moustapha,
primée dans le cadre du 5e Concours de RFI. Dans Le transistor (1972) qui traite de
l'aliénation culturelle, du déracinement et de la recherche d'un équilibre entre la tradition et la
modernité, Abdou Anta Kâ nous livre une véritable histoire de fous.

Les rapports difficiles entre les valeurs locales et les valeurs importées, les valeurs
d'hier et celles d'aujourd'hui s'expriment aussi à travers le conflit entre parents et enfants ou
entre paysans et citadins, comme dans L'arbre et le fruit de Kitia Touré, 1979.

En dehors des courants satirique et culturaliste qui rassemblent la majorité des textes
publiés au cours de cette période, on note l'existence de courants plus ou moins mineurs. Nous
en retiendrons quelques-uns parmi les plus significatifs.

La nouvelle sentimentale

Elle regroupe des histoires d'amour dont les auteurs mettent l'accent sur le caractère
singulier. Le recueil de Roger Nikiema Deux adorables rivales (1971) comporte deux
nouvelles : la première, qui donne son titre au recueil, et Les soleils de la terre. Toutes deux

Page 13 sur 16
.

montrent que le véritable amour transcende tout et peut réaliser des miracles. Dans Mamy
Wata de Flavien Bihina Bandolo, primée au ler Concours de l'ORTF, c'est un jeune homme
qui a recours à Mamy Wata, la légendaire déesse des eaux et de l'Amour Absolu pour
s'assurer les faveurs de l'élue de son coeur; une crédulité naïve qui, contre toute attente,
renforce ses liens avec la bien-aimée.

La nouvelle-formation

Il s'agit ici du rôle de l'éducation sentimentale dans la formation des jeunes à la vie, un
peu comme dans Les initiés (1970) de Jean Pierre Makouta Mboukou. Oscar Pfouma nous
fournit un autre exemple avec Siang (1971). Cette nouvelle retrace la vie d'un jeune orphelin
élevé par un oncle cruel et perfide. Un jour, Siang rencontre une femme qui va bouleverser
son existence en l'amenant à affirmer son désir d'émancipation, de libération et de révolte par
rapport à sa vie antérieure, la vie "sans plaisir et sans distraction d'un esclave".
Malheureusement dans un cycle de violence contre les figures marquantes de la société qu'il
récuse, sa révolte aboutit à un échec tragique dû à son impulsivité et à son inexpérience.

La nouvelle- souvenir

Elle regroupe des textes aux thèmes variés mais qui ont en commun le fait d'être des
évocations de souvenirs d'enfance ou de jeunesse. Souvent anecdotiques, ces textes ont,
surtout pour leurs auteurs, une valeur qui réside essentiellement en leur charge émotionnelle.
A titre d'exemples, citons Un enfant comme les autres de Pabe Mongo (1972), La longue
piste parue dans A l'orée du Sahel (1975) de Youssouf Gueye, Le chimpanzé amoureux qui
a donné son titre à un recueil de Jean Pliya (1977), Deux filles...un rêve fugitif de Victor M.
Hountondji (1977), Les jambes du fils de Dieu de Bernard Binlin Dadié (1980).

La nouvelle anticoloniale

ce courant, qui est un prolongement de la nouvelle nationaliste de la période coloniale,


n'existe plus qu'à l'état résiduel, la colonisation étant de plus en plus perçue comme une
question dépassée. Dans La récompense de la cruauté suivie de Ngobila des M'swata (1972)
ainsi que dans Faire médicament (1974) Paul Lomami - Tshibamba évoque la conquête
coloniale et les rapports difficiles entre colonisateurs et colonisés. Quant à Lamine Diakhaté,
il donne la parole à un ancien tirailleur qui, dans Prisonnier du regard, (1975) raconte
comment trente-cinq ressortissants du village de Séane ont été subitement frappés par "la
main lourde de la conscription". Le texte évoque les recrutements forcés, la vie des tirailleurs
au front; il rend hommage aux disparus et critique l'action collaborationniste de l'homme
politique sénégalais Blaise Diagne désigné sous le nom de L'Etranger.

Pour terminer, citons à titre indicatif la nouvelle de faits divers dont les
magazines Bingo et Akoua constituent des tribunes de prédilection; la nouvelle moraliste(La
confession du sergent Wanga (1973) de Mbiango Kekese, Pour une noix de palme (1974)
de Tuyinamo-Wumba); la nouvelle historique(Bambougouda dans le recueil Mery (1975) de
Djibril Tamsir Niane); la nouvelle philosophique (Légende de Londema, suzeraine de
Page 14 sur 16
.

Mitsoué-ba - Ngoni (1974) de Paul Lomami - Tshibamba; Dernière Genèse (1976) de


Christine Kalonji), La nouvelle didactique (La palabre de la dernière chance(1977) publiée
dans le recueil de Jean Pliya intitulé Le chimpanzé amoureux ; Les deux amis (1978) d'Isaïe
Biton Koulibaly parue dans le recueil du même titre), la nouvelle psychologique (La petite
gare de Guillaume Oyono Mibia dans Chroniques de Mvoutessi 1; Psychose de Dono Ly
Sangaré dans Sucre, poivre et sel), La nouvelle - reportage (Le cicérone de la Médina (1972)
de Guy Menga primée au ler Concours de l'ORTF). Signalons enfin l'apparition au cours de
cette période du thème de l'émigration avec des textes comme Retour de Papa Samba Kébé
primé au 2e Concours et O Balthazar! de Protais Asseng primé au 4e Concours.

CONCLUSION
La nouvelle africaine comme d'ailleurs sa "sœur" européenne, est issue du récit oral.
Les nouvelles de BOCCACE sont en fait une reproduction de la narration orale.

Force est de reconnaître que la nouvelle française a eu à évoluer et a acquérir les traits qui
la caractérisent aujourd'hui, bien avant que les Négro-africains ne commencent à faire
entendre leur voix par la littérature, la nouvelle plus précisément. L'action et l'apport de la
presse ne sont pas à négliger dans l'évolution de ce genre. En effet, dans presque toutes les
grandes revues, on verra apparaître des colonnes et même des pages entières réservées aux
nouvelles. Ces revues deviendront ainsi des vecteurs qui permettront au genre d'asseoir une
représentation et une popularité sans précédent. C'est surtout grâce à ces revues que les
auteurs comme Guy de MAUPASSANT, Luigi PIRANDELLO, Anton TCHEKHOV, entre
autres, ont gagné leur notoriété auprès du public.

5- Les autres nouvelles

Il s’agit de citer à titre indicatif la nouvelle moraliste, la nouvelle satirique , La nouvelle


sentimentale, La nouvelle de formation, La nouvelle anticoloniale, etc..

Page 15 sur 16
.

LEXIQUE
grivois : leste, qui a de la crudité dans ses propos ; qui a du caractère un peu provoquant (coquin )

BIBLIOGRAPHIE

CHEVRIER, Jacques, "Littérature nègre", Paris, Armand Colin, 1984

GODENNE, René, Études sur la nouvelle française, Genève, Slatkine, 1985.

MIDIOHOUAN , Guy Ossito , La nouvelle négro-africaine d’expression française entre


1971 et 1980, séminaire-atelier international, Dakar- Gorée- saint-Louis,1994

ROBERT (P), Le Petit Robert1, dictionnaire alphabétique et analogique de la langue


française, Montréal, Les dictionnaires Robert-Canada SCG, 1991

WEBOGRAPHIE

Encarta 2009 : La nouvelle

Google/Wikipédia : la nouvelle.

Page 16 sur 16

Vous aimerez peut-être aussi