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LA NOUVELLE
INTRODUCTION
1- Définition
2- Fonction sociale de la nouvelle
1- Origine de la nouvelle
2- Histoire de la nouvelle
1- Un récit court
2- Une action simple
3- Une œuvre fictive
4- Un texte littéraire
5- Des personnages peu nombreux
6- Le style
7- La position du narrateur
1- La nouvelle réaliste
2- La nouvelle fantastique
3- La nouvelle poétique
4- Les autres nouvelles
1- La nouvelle et le conte
2- La nouvelle et le roman
VI / LA NOUVELLE AFRICAINE
CONCLUSION
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INTRODUCTION
La nouvelle est un genre littéraire écrit en prose. Elle se différencie du roman par
sa brièveté. Toutefois, on remarque aisément que cette caractéristique formelle ne suffirait pas
à la distinguer d'un conte ou d'un roman court. En d'autres termes, les critères définitoires de
la nouvelle, faute de traits génériques véritablement distinctifs, doivent inclure d'autres traits,
notamment ceux concernant la construction dramatique. Cependant, la nouvelle africaine se
veut une nouvelle au cœur des préoccupations de ses contemporains. Elle se présente comme
une production engagée à l’image de certains romans mais aussi comme une œuvre didactique
à l’instar du conte.
1- Définition
Définir la nouvelle n'est pas une entreprise facile car, depuis son apparition, le genre a
subi des transformations aussi bien dans sa forme que dans son contenu. Ainsi beaucoup de
définitions ont été données pour essayer de le cerner.
Le genre n'a été défini que tardivement, au XIXe siècle, lorsque la vogue de la nouvelle
gagna les États-Unis. Avant cette période de théorisation, le terme de « nouvelle » qualifiait
tout simplement un type de récit court, le plus souvent en prose mais quelquefois en prose
et en vers, dont le sujet, parfois satirique ou grivois , pouvait être tiré de la tradition
populaire.
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Ce qui est surprenant, c'est que toutes ces définitions ne peuvent épuiser ni les
contours, ni la richesse du genre car la nouvelle, étant une œuvre d’art, reste totale en elle-
même, contractée, mais enrichie par ses limites tout en obéissant à une technique qui exige
une application, une rigueur et une spontanéité.
Boccace amuse son public avec le Décaméron et confronte souvent des vérités
individuelles aux lois morales en vigueur. Dans l'Heptaméron, c'est l'intention didactique qui
prédomine. Marguerite de Navarre a introduit avec l'Heptaméron, dans la nouvelle française
le sentiment vrai, la psychologie nuancée des passions, le tragique même et aussi le décor et
l'atmosphère d'un monde qui commençait à se régler selon les lois de la civilité.
Dix personnes (sept femmes et trois jeunes hommes) fuient l'épidémie de peste qui
dévaste la ville de Florence, en 1348, et se trouvent réunies à la campagne. Pendant dix jours,
chacune d'elles va raconter des histoires, que l’auteur relate sous forme de nouvelles (de
l’italien, novella, « récit imaginaire »). Ces récits sont une invention de Boccace, écrivain
italien, l'ensemble est publié vers 1350 dans le Décaméron.
Ce sont donc les récits du Décaméron (1348-1353) de Boccace qui sont ordinairement
considérés comme l'origine de la nouvelle. Le mot « nouvelle », pour désigner une œuvre, et
par extension un genre littéraire, fut d'ailleurs emprunté à l'italien novella (1414), qui venait
de Boccace et qui caractérisait un « récit concernant un événement présenté comme réel et
récent ». L'anglais, au XVIe siècle, forma sur le mot italien « novella » celui de « novel « , qui
devait ultérieurement prendre le sens plus général de fiction romanesque, alors que short story
se chargeait de la signification de « novella ». Les premiers récits du type de la « novella »
étaient inspirés de Boccace. Ce furent d'abord les Contes de Cantorbéry (v. 1387-v. 1400) de
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Chaucer, vingt et un contes écrits pour la plupart en distiques héroïques. Vinrent ensuite, au
XVIe siècle, les contes de l'Heptaméron (1558) de Marguerite de Navarre.
En France, la nouvelle naît à la fin du Moyen Âge. Elle vient s’ajouter, et en partie se
substituer, à une multitude des récits brefs : fabliaux, lais, dits, devis, exemples, contes, etc.
Les nouvelles étaient d'abord de petites histoires anonymes distribuées gratuitement dans la
rue, et qui se distinguaient en deux groupes : les "exemplums", qui étaient des récits religieux
prêchant la morale et les dons à l'église, et les "canards", racontant des faits divers comme des
vols, des tromperies, ou des meurtres. Directement inspiré du Décaméron (1349-1353) de
Boccace, le premier recueil de nouvelles françaises, anonyme, les Cent Nouvelles nouvelles,
est probablement paru entre 1430 et 1470. Mais c’est le XVIe siècle qui voit le véritable essor
du genre. En 1558, avec L'Heptaméron, Marguerite de Navarre donne au genre ses premières
lettres de noblesse. Dans ce recueil inachevé de 72 récits, on trouve des histoires plus graves,
où l’anecdote laisse en partie la place à l’analyse psychologique.
2- Histoire de la nouvelle
On pourrait remonter l’histoire de la nouvelle à l’antiquité.
Certains épisodes de l'Odyssée (ex. : "Circé", "le Cyclope" et "la Nekuia") ont été
considérés comme constituant autant d'histoires (de nouvelles) insérées dans une littérature
épico-romanesque.
Le récit, selon Platon, Hérodote et Aristote, a préparé voire accompli dès l'Antiquité la
nouvelle, au même titre que la fabula et les fables milésiennes.
A la fin du XII siècle, en Perse, Nezamé de Grandjé (1140-1202) écrit Haft Païkar (les
e
Vers la même époque (IXe-XIIIe siècle), les Chinois produisaient en grand nombre des
« xiaoshuo », "récits mineurs" ou "histoires brèves" et des « huaben », "textes à réciter", dont
les thèmes étaient modernes, et dont la durée ne devait pas dépasser une séance.
Les lais (XIIe siècle), comme le lai de Marie de France, Le Chèvrefeuille, relatant un
épisode des amours de Tristan et Yseult, peut être considéré comme une nouvelle, rédigée
bien avant que cette appellation ait existé. Le texte se limite à la donnée d'un épisode unique
et se clôt sur lui-même sans attendre une suite. Il rapporte un événement ordinaire. A
l'économie de moyens mis en œuvre correspond une grande densité de l'effet produit.
Les dits qualifiés de "nouveaux" qui apparaissent au XIII e siècle. Le dit est comme la
nouvelle un genre bref (600 vers en moyenne). Les dits peuvent être nouveaux par leur forme
ou par la matière qu'ils traitent. Certains dits présentent une matière ancienne mais font l'objet
d'une "nouvelle" écriture. L'intention de plaire est toujours présente dans les dits "nouveaux"
et elle est liée à la notion de nouveauté. L'auteur déclare souvent avoir apporté du soin à
l'écriture de son œuvre. Ce souci de plaire anime les Cent Nouvelles nouvelles dont une
variante du titre donne : "cent chapitres ou histoires, ou pour mieulx dire nouveaux contes à
plaisance". Or, pour qu'une œuvre soit considérée comme "nouvelle", il faut que deux
conditions soient remplies : d'abord, l'auteur doit être conscient de son acte littéraire
d'écrivain, ensuite il doit ancrer sa manière dans une réalité très proche.
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La nouvelle est encore issue de l'exemplum mais elle est rarement d'inspiration
ecclésiastique.
Au XII e siècle en France, la "nouvelle" est l'annonce d'un événement, généralement
récent, à une personne qui n'en a pas encore connaissance. La nouvelle devient une histoire
fraîchement arrivée dont la technique de narration est originale.
Les recueils français du XVIe siècle portent la marque des traités italiens débattant des
questions d'amour, de civilité ou de philosophie, dont la structure est venue enrichir le modèle
boccacien.
En Espagne, où le mot « novela » désigne toute œuvre d'imagination en prose, c'est à
Cervantès que revient le mérite d'avoir créé le genre, avec ses Nouvelles exemplaires où se
rencontrent le romanesque, le picaresque et le lyrisme sentimental.
Au XVII siècle, on a Sorel avec les Nouvelles françoises où se trouvent les divers
e
Au XVIIIe siècle en France, la nouvelle est encore cultivée par Lesage, l'abbé Prévost,
Diderot. Mais l'époque des lumières incline à délaisser la nouvelle pour le conte
philosophique, dont la fantaisie se prête mieux à l'expression des idées les plus subversives.
La seconde floraison de la nouvelle commence au début du XIX e siècle. Cette
renaissance du genre a deux causes : l'une technique : la multiplication des revues littéraires ;
l'autre esthétique : par sa concision, la nouvelle permet de produire sur le lecteur cette
émotion intense, ce sentiment d'étrangeté et de mystère que recherche le romantisme. Et
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d'Honoré de Balzac (Contes drolatiques) à Gustave Flaubert (Trois contes), de Victor Hugo
(Claude Gueux) à Stendhal (Chroniques italiennes), d'Alfred de Musset à Barbey
d’Aurevilly (Les Diaboliques), de George Sand (Nouvelles) à Zola (Contes à Ninon), il n’est
guère de romancier d’importance qui n’ait écrit de nouvelles, et même de recueils de
nouvelles. Certains, comme Prosper Mérimée, Jean de La Varende et surtout Guy de
Maupassant, avec dix-huit recueils publiés de son vivant, se sont même spécialisés dans le
genre. Mais le prestige de la nouvelle ne se limite pas à la France : en témoignent, entre
autres, Hoffmann, Edgar Poe, Henry James, Herman Melville, Pouchkine, Gogol, Tchekhov,
et bien d’autres.
1- Un récit court
La nouvelle est un récit court, écrit en prose. Cependant, plus que la longueur du récit
assez variable, ce qui la caractérise c'est la concision et l'efficacité de l'écriture, l'économie
des mots. La brièveté n'est pas alors une technique littéraire active. Elle est recherchée pour
éviter l'ennui de l'auditoire.
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La nouvelle est fictive. C’est une œuvre d’imagination et non la narration fidèle d’un
événement comme pourrait l’être un reportage. Les nouvellistes s’inspirent d’un fait réel, ou
ils reconstruisent toujours l’histoire à leur guise : elle devient fiction.
4- Un texte littéraire
La nouvelle est littéraire. Les nouvellistes ne racontent pas leur histoire comme les
journalistes racontent un événement. Dans la nouvelle, on emploie les figures de styles, on
choisit une formule narrative, on exploite les ressources de la langue pour créer des effets,
captiver le lecteur, susciter en lui des émotions de réflexions.
Les personnages d'une nouvelle sont peu nombreux et moins développés, c’est-à-dire
brièvement décrits : « C'était une femme de trente-six ans environ, forte en chair, épanouie et
réjouissante à voir. Elle respirait avec peine, étranglée violemment par l'étreinte de son corset
trop serré ; et la pression de cette machine rejetait jusque sous son double menton la masse
fluctuante de sa poitrine surabondante. » (Maupassant, Une partie de campagne)
6- Le style
Le style peut aller du registre soutenu au registre familier
7- La position du narrateur
Elle entend donner une représentation de la réalité, même à travers la fiction, en peignant
les lieux, les personnages comme s'ils existaient devant nous. Par opposition aux fictions,
la nouvelle se présente comme une histoire vraie. Elle est, d'après Friedrich Schlegel, "une
histoire qui n'appartient pas à l'histoire".
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2- La nouvelle fantastique
La tendance réaliste faiblit et bascule vers le fantastique : que le héros soit en quête de la
"fleur bleue" ou de son alter ego démoniaque, la nouvelle s'ouvre à la métaphysique et, avec
les œuvres de Hoffmann par exemple, elle se mue en conte fantastique. Elle est construite
de façon que le lecteur ne sache jamais si son dénouement a une explication logique ou
surnaturelle. Elle introduit progressivement le surnaturel dans le réel, de façon à créer un
climat d'angoisse et de peur.
3- La nouvelle poétique
Elle nous introduit dans un univers imaginaire qui n'est pourtant pas celui du
merveilleux, ni celui des contes.
1- La nouvelle et le conte
2- La nouvelle et le roman
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Comme le conte, le roman et la nouvelle sont des genres narratifs : tous deux ont en
effet pour but de raconter une histoire. Mais en faisant un parallélisme entre la nouvelle et le
roman, il est important de clarifier leur différence. Le roman s’oppose à la nouvelle par la
dimension et par la longueur. Car la nouvelle se veut être un récit court avec un nombre réduit
de personnages et de mots. Là, la concentration de la narration s'oppose à la liberté du
roman. Ce qui fait d’elle un genre particulièrement apte à créer des effets de « suspense » ou
à livrer un bloc de réalité brute. Le temps de lecture est aussi très limité pour produire un
effet chez le lecteur mieux que le roman. Si l'on comparait le roman à l'œuvre d'un architecte,
la nouvelle, elle, correspondrait plutôt à celle d'un orfèvre : sa taille est réduite mais elle met
en œuvre des procédés d'une extrême finesse. Une nouvelle est très courte, ce n'est pas
comme le roman, elle est en quelque sorte une courte histoire.
VI / LA NOUVELLE AFRICAINE
1- Les fondements
A ces deux noms, il faut ajouter les Editions Saint-Paul-Afrique, les Editions du Mont
Noir et le Centre Africain de Littérature, tous trois installés à Kinshasa au Zaïre.
Les textes proviennent pour la plupart de jeunes et/ou de débutants pour qui ils
constituent une manière d'exercice littéraire ou un passe-temps, lorsque leurs conditions de
vie leur offrent des possibilités d'isolement favorable au travail de création. Pour ces auteurs,
la proximité des maisons d'édition est un facteur de stimulation, on n'est plus obligé d'envoyer
son manuscrit à Paris, ville vis-à-vis de laquelle l'écrivain débutant africain éprouve un certain
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complexe; on peut le porter directement chez l'éditeur, discuter de vive voix avec lui ou
l'envoyer dans un pays africain voisin où - on en est a priori convaincu - il a plus de chance
que partout ailleurs.
Dans la période 1971 – 1980, la situation politique est caractérisée, dans le quasi totalité
des pays d’Afrique francophone, par le règne généralisé des partis uniques ou des dictatures
militaires. Le résultat en est l'absence de liberté d'expression dont l'une des manifestations est
la rareté des journaux locaux et la censure imposée à la presse étrangère. La presse écrite se
limite à l'organe officiel d'information ou plutôt - pour être plus exact - de propagande. Mais
ces journaux locaux comportent des pages culturelles et publient de façon irrégulière des
nouvelles qui, certes, n'ont pas un grand retentissement et tombent vite dans l'oubli, mais qui,
par leur influence, contribuent à faire connaître le genre et à inciter à la création.
Parmi les lauréats de ce concours on peut citer Mbaye Gana Kébé, Patrice Ndédi
Penda, Cheikh C. Sow qui publiera en 1982 chez Hatier son recueil Cycle de sécheresse, et
Bassek Ba Kobhio, un des lauréats du 4e concours, qui fera paraître en 1984 son recueil Les
eaux qui débordent chez l'Harmattan. L'organisation de ce concours connaîtra quelques
transformations dans la décennie suivante.
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La nouvelle satirique
J'ai observé ma société. J'ai pris position et je parle. Dans cet ouvrage, je dis ce que j'ai
vu. Devant les égarements d'une jeunesse incompréhensive, devant l'égoïsme de certains
dirigeants, devant les multiples maux et malheurs de basses couches sociales, j'ai décidé
d'écrire ces nouvelles; ainsi s'exprime Kitia Touré dans l'avant-propos de L'arbre et le
fruit (1979). Dans une période désormais largement reconnue comme celle de la désillusion
en Afrique, il n'est donc pas étonnant que les nouvellistes, qui sont des chroniqueurs du
présent manifestent leur intérêt pour les problèmes actuels, multiples et divers, de leurs
sociétés en crise; problèmes au nombre desquels il faut compter la pauvreté et la misère parmi
les plus importants et les plus récurrents.
La ville est presque toujours pour les nouvellistes symbole de tourments, de précarité
et d'échec comme dans La papaye de Sévérin Cécile Michel Abega, 3e Prix du 5e Concours
de la meilleure nouvelle de langue française, ou dans Sucre, poivre et sel (1980) de Dono Ly
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Sangaré. Elle favorise la dégradation des moeurs. L'absence d'une politique et d'une sécurité
sociales pour les couches les plus démunies de la population conduit les femmes à la
prostitution, les jeunes à la "débrouillardise" ou à la révolte et presque tout le monde à la
corruption, à la recherche forcenée de l'argent par tous les moyens comme l'illustre Un couple
organisé de M.B. Cissé (1975).
Lorsque Cheikh Aliou Ndao évoque la vie des habitants d'un bidonville de Dakar à
travers le triste sort de Mor qui perd ses économies lors du rasage impromptu de "Paak
Buteel" - c'est le nom du quartier - par les pouvoirs publics ou que Henri Lopès raconte
dans L'avance la vie malheureuse d'une bonne qui, à force de s'occuper exclusivement de
l'enfant gâté de ses patrons européens, finit par perdre le seul fils qui lui reste.
L'injustice et l'inégalité n'existent pas qu'en ville. Elles se traduisent également par
l'opposition ville/village comme dans La gangue de Maliza Mwina Kintende primée au 2e
Concours radiophonique de la meilleure nouvelle de langue française en 1973. La misère et la
pauvreté en ville et au village ont d'ailleurs souvent la même cause, l'exode rural, comme le
montre Bilal Fall dans Le collier de misère, primée au ler Concours en 1972.
Cependant, au cours de la décennie 1971 - 1980, les problèmes du monde paysan dans
la nouvelle sont dominés par la sécheresse. Parmi les nouvellistes qui ont traité ce thème que
nous retrouvons aussi dans la décennie suivante, on peut retenir Patrice Ndedi - Penda, auteur
de La dernière semence, 2e Prix du 2e Concours de la meilleure nouvelle de langue française
en 1973, Maoundoé Naindouba avec La double détresse, primée dans le même cadre, Sada
Weïndé Ndiaye avec Au pays de la soif dans son recueil La fille des eaux (1975), Mbaye
Gana Kébé avec Le taureau, primée lors du 5e Concours de RFI, et Yambo Ouologuem
avec La trêve de Dieu où, paradoxalement, la sécheresse sert de prétexte à une glorification
de Dieu.
Les fondements de la misère que décrivent les nouvellistes ne sont pas exclusivement
matériels. Ils tiennent aussi à la psychologie sociale qui révèle certaines tares mentales liées
au poids de la tradition sur la femme. Dans Ken Bougoul ou le refus (1979), Ibrahima Seye
montre comment le conformisme traditionaliste et les préjugés sociaux peuvent briser le
bonheur, voire la vie d'un jeune couple. Les tares mentales se traduisent aussi par des
superstitions et des croyances rétrogrades qui aliènent l'individu et font de lui la victime de sa
propre ignorance
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La satire sociale dans la nouvelle africaine n'exprime en définitive que le malaise d'un
monde instable et cruel.
Certes les nouvellistes semblent privilégier les problèmes sociaux par rapport aux
problèmes politiques. Cependant Le fossoyeur de Yoka Lyé Mudaba expose les réalités
tragiques de l'Afrique des dictatures à travers la vie d'un fossoyeur qui, un jour, découvre le
corps de son fils, son unique espoir, parmi les cadavres de jeunes étudiants destinés à une
fosse commune. D’autres posent le problème de la liberté de l'individu face à la brutalité des
systèmes politiques. La nouvelle La fuite du jeune Matlala, qui traite principalement de
l'apartheid en Afrique du Sud, est conçue comme une parabole de la libération totale de
l'Afrique.
La nouvelle culturaliste
Bien que les thèmes qu'ils abordent aient une dimension sociale évidente, les textes
que nous plaçons sous la présente rubrique se distinguent des précédents, notamment de la
nouvelle sociale, par l'intérêt particulier qu'ils accordent à la description des valeurs du monde
traditionnel africain ou à la problématique culturelle telle qu'elle se manifeste à travers les
rapports entre la tradition et la modernité.
Ainsi, dans Le lac des sorciers (1972 - il s'agit ici du recueil), Faustin Albert Ipeko
Etomane évoque le monde traditionnel africain à travers la circoncision, l'amour, le mariage,
la polygamie. D'autres textes abordent les bouleversements introduits en Afrique par les
cultures occidentales, les Civilisations des autres (Makombo Bamboté, 1973) qui se révèlent
aussi fascinantes que mal assimilées comme en témoignent Les sept
fourchettes dans Chroniques de Mvoutessi I (1971) de Guillaume Oyono Mbia, Madame la
civilisée du recueil de Mbaye Gana Kébé Kaala Sikkim (1976), Du blanc au
noir dans L'arbre et le fruit (1979) de Kitia Touré et La couture de Paris de Baba Moustapha,
primée dans le cadre du 5e Concours de RFI. Dans Le transistor (1972) qui traite de
l'aliénation culturelle, du déracinement et de la recherche d'un équilibre entre la tradition et la
modernité, Abdou Anta Kâ nous livre une véritable histoire de fous.
Les rapports difficiles entre les valeurs locales et les valeurs importées, les valeurs
d'hier et celles d'aujourd'hui s'expriment aussi à travers le conflit entre parents et enfants ou
entre paysans et citadins, comme dans L'arbre et le fruit de Kitia Touré, 1979.
En dehors des courants satirique et culturaliste qui rassemblent la majorité des textes
publiés au cours de cette période, on note l'existence de courants plus ou moins mineurs. Nous
en retiendrons quelques-uns parmi les plus significatifs.
La nouvelle sentimentale
Elle regroupe des histoires d'amour dont les auteurs mettent l'accent sur le caractère
singulier. Le recueil de Roger Nikiema Deux adorables rivales (1971) comporte deux
nouvelles : la première, qui donne son titre au recueil, et Les soleils de la terre. Toutes deux
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montrent que le véritable amour transcende tout et peut réaliser des miracles. Dans Mamy
Wata de Flavien Bihina Bandolo, primée au ler Concours de l'ORTF, c'est un jeune homme
qui a recours à Mamy Wata, la légendaire déesse des eaux et de l'Amour Absolu pour
s'assurer les faveurs de l'élue de son coeur; une crédulité naïve qui, contre toute attente,
renforce ses liens avec la bien-aimée.
La nouvelle-formation
Il s'agit ici du rôle de l'éducation sentimentale dans la formation des jeunes à la vie, un
peu comme dans Les initiés (1970) de Jean Pierre Makouta Mboukou. Oscar Pfouma nous
fournit un autre exemple avec Siang (1971). Cette nouvelle retrace la vie d'un jeune orphelin
élevé par un oncle cruel et perfide. Un jour, Siang rencontre une femme qui va bouleverser
son existence en l'amenant à affirmer son désir d'émancipation, de libération et de révolte par
rapport à sa vie antérieure, la vie "sans plaisir et sans distraction d'un esclave".
Malheureusement dans un cycle de violence contre les figures marquantes de la société qu'il
récuse, sa révolte aboutit à un échec tragique dû à son impulsivité et à son inexpérience.
La nouvelle- souvenir
Elle regroupe des textes aux thèmes variés mais qui ont en commun le fait d'être des
évocations de souvenirs d'enfance ou de jeunesse. Souvent anecdotiques, ces textes ont,
surtout pour leurs auteurs, une valeur qui réside essentiellement en leur charge émotionnelle.
A titre d'exemples, citons Un enfant comme les autres de Pabe Mongo (1972), La longue
piste parue dans A l'orée du Sahel (1975) de Youssouf Gueye, Le chimpanzé amoureux qui
a donné son titre à un recueil de Jean Pliya (1977), Deux filles...un rêve fugitif de Victor M.
Hountondji (1977), Les jambes du fils de Dieu de Bernard Binlin Dadié (1980).
La nouvelle anticoloniale
Pour terminer, citons à titre indicatif la nouvelle de faits divers dont les
magazines Bingo et Akoua constituent des tribunes de prédilection; la nouvelle moraliste(La
confession du sergent Wanga (1973) de Mbiango Kekese, Pour une noix de palme (1974)
de Tuyinamo-Wumba); la nouvelle historique(Bambougouda dans le recueil Mery (1975) de
Djibril Tamsir Niane); la nouvelle philosophique (Légende de Londema, suzeraine de
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CONCLUSION
La nouvelle africaine comme d'ailleurs sa "sœur" européenne, est issue du récit oral.
Les nouvelles de BOCCACE sont en fait une reproduction de la narration orale.
Force est de reconnaître que la nouvelle française a eu à évoluer et a acquérir les traits qui
la caractérisent aujourd'hui, bien avant que les Négro-africains ne commencent à faire
entendre leur voix par la littérature, la nouvelle plus précisément. L'action et l'apport de la
presse ne sont pas à négliger dans l'évolution de ce genre. En effet, dans presque toutes les
grandes revues, on verra apparaître des colonnes et même des pages entières réservées aux
nouvelles. Ces revues deviendront ainsi des vecteurs qui permettront au genre d'asseoir une
représentation et une popularité sans précédent. C'est surtout grâce à ces revues que les
auteurs comme Guy de MAUPASSANT, Luigi PIRANDELLO, Anton TCHEKHOV, entre
autres, ont gagné leur notoriété auprès du public.
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LEXIQUE
grivois : leste, qui a de la crudité dans ses propos ; qui a du caractère un peu provoquant (coquin )
BIBLIOGRAPHIE
WEBOGRAPHIE
Google/Wikipédia : la nouvelle.
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