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CATÉGORISATION DU ROMAN NÉGRO-AFRICAIN D'EXPRESSION FRANÇAISE.

FORMULE INTRODUCTIVE.
Des connaisseurs (critiques d'art, rats de bibliothèque, spécialistes...) ont sillonné l'itinéraire de la
production romanesque des écrivains négro-africains dans le temps. Ils ont alors constaté une courbe
d'évolution qui emboîte le pas (qui suit de très près) à l'actualité historique du continent, de 1920 aux
années quatre-vingt, et jusqu'à nos jours. En effet, on remarque la production de trois catégories de romans
selon les thèmes et qu'on peut baptiser selon les dénominations suivantes : romans de consentement,
romans de contestation, romans de désenchantement.
I. LES ROMANS DE CONSENTEMENT.
''consentement'' vient du verbe ''consentir'' qui signifie ''accepter, approuver, tomber d'accord''. Qu'est-ce qui
justifie cette attitude reconnaissante des romanciers négro-africains dans leurs écrits, vis-à-vis du monde
occidental ? Pour convaincre l'opinion internationale que la colonisation était une mission civilisatrice et
pacificatrice, les Occidentaux avaient convoyé toutes leurs découvertes scientifiques et techniques dans les
colonies. Les Blancs voulaient ainsi montrer que l'Europe était vraiment l'AMIE (un jeu de mot) de
l'Afrique par le biais de l'Alphabétisation (écoles - enseignement), la Médicalisation (hôpitaux - soins
médicaux), l'Industrialisation (infrastructures - développement), l'Évangélisation (églises - religion
occidentale). Par conséquent, en signe de reconnaissance, de loyauté, de remerciement, des romanciers
africains produisaient des oeuvres qui faisaient l'éloge de l'arrivée des Occidentaux dans les colonies. C'est
l'exemple de Mapathé Diagne dans Les Trois volontés de Malick (1920), Bakary Diallo dans Force-bonté
(1926), Ousmane Socé dans Karim (1935)...
Puisque, comme le dit l'adage, ''qui ne dit mot consent'', on range aussi, dans cette catégorie de romans, les
oeuvres d'auteurs qui ne faisaient pas de l'actualité coloniale leur source d'inspiration, à l'instar de Laye
Camara dans L'Enfant Noir (1954).
II. LES ROMANS DE CONTESTATION.
''Contestation'' vient du verbe ''contester'' qui signifie ''s'opposer, désapprouver, refuser''. Pourquoi
remarque-t-on cette attitude contradictoire de cette seconde génération de romanciers négro-africains ? En
réalité, ces derniers se sont rendus compte que toute cette prétendue mission civilisatrice et pacificatrice des
colons, formulée par cette fameuse et fallacieuse théorie de la ''table rase'', n'était que de la poudre aux yeux
(illusion, pur mensonge). L'Afrique avait bel et bien une civilisation (basée sur l'oralité) et vivait heureuse
avant l'arrivée des troupes coloniales françaises. Ces dernières emportaient plus (vols de matières surtout)
qu'ils n'apportaient (implantation d'infrastructures pour leur propre bénéfice tout simplement). Cette
mission coloniale était juste devenue la photographie retouchée d'un esclavage plus subtilement déguisé.
Pour en avoir l'illustration, il suffit de lire Batouala, véritable roman nègre (1921) du Martiniquais René
Maran, la trilogie du Camerounais Ferdinand Oyono (Le Vieux Nègre et la Médaille, 1954; Une Vie de
Boy, 1956; Chemin d'Europe, 1959) ou encore Les Bouts-de-Bois de Dieu (1960) du Sénégalais Ousmane
Sembène...
III. LES ROMANS DE DÉSENCHANTEMENT.
''Désenchantement'' vient des verbes (être) ''désenchanter et (avoir) ''déchanter'' qui signifient ''décevoir,
désillusionner, trahir''. Comment des romanciers en sont-ils arrivés à ce stade, alors que leur littérature
engagée avait obtenu gain de cause, couronné par le départ des envahisseurs blancs ? Nombreux en effet
étaient ceux qui avaient accueilli à bras ouverts l'arrivée des indépendances au début des années soixante.
La plupart s'attendaient à des lendemains meilleurs, maintenant que les Africains tenaient les rênes de leur
propre destinée. Ndékétéyô ! (Mdr ! ) La montagne d'espoir suscitée par l'acquisition des indépendances a
accouché d'une souris. En effet, des Africains se comportaient d'une façon pas très ''catholique'' avec leurs
propres compatriotes.
C'est l'exemple de plusieurs dirigeants africains portés au pouvoir par un peuple débordant d'enthousiasme ;
ils usaient malheureusement de tous leurs moyens pour se maintenir au pouvoir afin de se remplir les
poches.
C'est le cas de certains haut-placés favorisés par le sort ; ils minimisaient sans ménagement les administrés.
C'est également le constat chez des déracinés qui rejetaient leurs propres cultures pour épouser la
civilisation occidentale.
Aucun de ces trois n'a échappé à la critique vilipendaire des romanciers négro-africains. Mbaam dictateur
de Cheik Aliou Ndao (1998), Les Soleils des Indépendances (1968) de Ahmadou Kourouma, La Plaie
(1967) de Malick Fall... en font le portrait tout craché.
LE MOT DE LA FIN.
Somme toute, la production romanesque des écrivains négro-africains, de ses débuts à nos jours, a épousé
la trajectoire de l'évolution, de l'actualité historique de l'Afrique.
Que faut-il répondre aux détracteurs de la littérature africaine qui qualifient celle-ci de démodée ? Une
littérature n'est jamais démodée comme peuvent l'être les ''ndokét'', les ''thiaaya''. (Mdr...) D'une part,
jusqu'à présent, la colonisation se poursuit sous une forme nouvelle et l'état d'esprit de certains Africains n'a
toujours pas encore évolué dans le bon sens (donc l'esprit contestataire de l'écrivain négro-africain n'a pas
encore pris fin). D'autre part, la Négritude a pris un nouvel élan pour puiser sa source d'inspiration dans
cette ruée vers l'Europe de la nouvelle génération. C'est justement cette dernière forme de littérature (avec
de brillants auteurs promoteurs comme Fatou Diome, Sokhna Benga,...) qui est la nouvelle tendance des
écrivains négro-africains et qu'on surnomme la ''Migritude''

LE DÉVELOPPEMENT...
... D'UN COMMENTAIRE SUIVI ET COMPOSÉ.
Par
Professeur DIAW O+

Formule introductive.
Avant tout, le développement d'un commentaire de texte nécessite non seulement la maîtrise de la
technique mais aussi et surtout la mobilisation d'outils d'analyse (figures de style, focalisation, type de
texte, grammaire de texte, champ lexical et sémantique, tonalité, niveaux de langue, versification,...). Tout
en veillant scrupuleusement au respect de la méthodologie, développer ici signifie expliquer comment les
savantes techniques d'écriture de l'écrivain rendent artistique le contenu d'un texte littéraire. Je propose ici
une explication de la façon de procéder pour un apprenant à qui un texte de commentaire suivi est soumis.
Voici l'extrait que je propose et autour duquel j'articulerai l'essentiel de mes propos explicatifs.
Je laisse une mère, je laisse une femme, je laisse un enfant. [...] Ainsi, après ma mort, trois femmes, sans
fils, sans mari, sans père ; trois orphelines de différente espèce ; trois veuves du fait de la loi.
J'admets que je sois justement puni ; ces innocentes, qu'ont-elles fait ? N'importe ; on les déshonore, on les
ruine. C'est la justice.
Ce n'est pas que ma pauvre vieille mère m'inquiète ; elle a soixante quatre ans, elle mourra du coup. Ou si
elle va quelques jours encore, pourvu que jusqu'au dernier moment elle ait un peu de cendre chaude dans sa
chaufferette, elle ne dira rien. Ma femme ne m'inquiète pas non plus ; elle est déjà d'une mauvaise santé et
d'un esprit faible. Elle mourra aussi. À moins qu'elle ne devienne folle. On dit que cela fait vivre ; mais du
moins, l'intelligence ne souffre pas ; elle dort, elle est comme morte.
Mais ma fille, mon enfant, ma pauvre petite Marie, qui rit, qui joue, qui chante à cette heure et ne pense à
rien, c'est celle-là qui me fait mal ! Elle est fraîche, elle est rose, elle a de grands yeux, elle est belle ! […]
Je l'ai prise, je l'ai enlevée dans mes bras, je l'ai assise sur mes genoux, je l'ai baisée sur ses cheveux. […]
Elle me regardait d'un air étonné ; caressée, embrassée, dévorée de baisers et se laissant faire mais jetant de
temps en temps un coup d'œil inquiet sur sa bonne, qui pleurait dans le coin.
Enfin j'ai pu parler.
- Marie ! ai-je dit, ma petite Marie !
Je la serrais violemment contre ma poitrine enflée de sanglots. Elle a poussé un petit cri.
- Oh ! vous me faites du mal, monsieur, m'a-t-elle dit.
Monsieur ! il y a bientôt un an qu'elle ne m'a vu, la pauvre enfant. Elle m'a oublié, visage, parole, accent ; et
puis, qui me reconnaîtrait avec cette barbe, ces habits et cette pâleur ? Quoi ! Déjà effacé de cette mémoire,
la seule où j'eusse voulu vivre ! Quoi ! Déjà plus père ! Être condamné à ne plus entendre ce mot, ce mot de
la langue des enfants, si doux qu'il ne peut rester dans celle des hommes : papa !
Et pourtant l'entendre de cette bouche, encore une fois, une seule fois, voilà tout ce que j'eusse demandé
pour les quarante ans de vie qu'on me prend. […]
- Marie, c'est moi qui suis ton papa.
- Ah ! m'a-t-elle dit. […]
Et je suis retombé sur ma chaise, sombre, désert, désespéré. À présent, ils devraient venir ; je ne tiens plus à
rien ; la dernière fibre de mon cœur est brisée.
Victor HGO, Le dernier jour d’un condamné, 1829.
Je compte passer par trois (3) étapes majeures devant aboutir à la rédaction d'un commentaire suivi
proprement dit.
ÉTAPE 1 : UN REGROUPEMENT HARMONIEUX DES ARTICULATIONS PROPRES À CHAQUE
PARTIE.
Les idées d'un texte évoluent selon divers changements de situation qu'il faut avoir la finesse d'esprit de
déceler. En voici quelques-uns parmi les plus fréquents :
- d'une action à une autre
- d'une prise de parole à une autre
- d'un cadre spatio-temporel à un autre
- d'un état d'esprit (ou d'âme) à un autre
- ...
On aura donc à choisir parmi ces différentes entrées en matière :
- entrée par la tonalité
- entrée par les personnages
- entrée par le cadre spatio-temporel
- entrée thématique ou stylistique
- ...
Plus ce regroupement des énoncés est sensé, plus la production séduira par l'harmonie linéaire qu'elle
réfléchit par rapport au texte à commenter.
Et si nous nous amusons à procéder au découpage titré des séquences de chaque partie de ce texte de Victor
Hugo !?
Voici ma proposition de découpages titrés :
POUR LA PREMIÈRE PARTIE :
Articulation 1 :
- de "je laisse..." à "... la loi" : TRIPLE DEUIL PRÉMÉDITÉ.
Articulation 2 :
- de "j'admets..." à "... c'est la justice" : JUSTICE INJUSTE.
Articulation 3 :
- de "ce n'est pas..." à "... elle ne dira rien" : VIEILLESSE DE LA MÈRE.
Articulation 4 :
- de "ma femme..." à "... comme morte" : MALADIE DE L'ÉPOUSE.
Articulation 5 :
- de "mais ma fille..." à "elle est belle !" : JEUNESSE DE L'ENFANT.
POUR LA DEUXIÈME PARTIE :
Articulation 1 :
- de "je l'ai prise..." à "... ses cheveux" : TRANSPORTS D'AFFECTION (action).
Articulation 2 :
- de "elle me regardait..." à "... dans le coin" : INQUIÉTUDE DE LA FILLE (réaction).
Articulation 3 :
- de "enfin j'ai pu parler..." à "... m'a-t-elle dit" : EXCÈS D'AFFECTION (du père) ET SUFFOCATION (de
la fille).
Articulation 4 :
- de "elle m'a oublié..." à "... papa !" : CONSTERNATION DU PÈRE SURPRIS.
Articulation 5 :
- de "et pourtant..." à "... ah ! m'a-t-elle dit" : INSISTANCE DU RAPPEL DES LIENS FILIAUX.
Articulation 6 :
- de "et je suis retombé..." à "... mon coeur est brisé" : PAROXYSME DE LA DÉCEPTION.
ÉTAPE 2 : CHOIX VARIÉ DES OUTILS D'ANALYSE LES PLUS PERTINENTS POUR CHAQUE
ARTICULATION.
À présent, une maîtrise des outils d'analyse conjuguée à un esprit alerte permet de faire le bon choix pour la
conduite des interprétations plausibles.
Voici mes propositions :
PREMIÈRE PARTIE.
- articulation 1 : figures de style (anaphore + gradation descendante).
- articulation 2 : type de texte (texte interrogatif - interrogation oratoire + texte argumentatif)
- articulation 3 : champ lexical (celui de la vieillesse)
- articulation 4 : champ lexical (celui de la maladie)
- articulation 5 : champ lexical (celui de la jeunesse)
DEUXIÈME PARTIE.
- articulation 1 : figures de style (anaphore + gradation ascendante)
- articulation 2 : type de texte (texte descriptif)
- articulation 3 : figure de style (hyperbole)
- articulation 4 : niveaux de langue (familier : père ; soutenue : fille)
- articulation 5 : type de discours (direct)
- articulation 6 : figure de style (métaphore)
ÉTAPE 3 : CONSEILS POUR LA PRODUCTION ÉCRITE DES INTERPRÉTATIONS.
À présent, il faut mettre à l'écrit, dans un français correct, ce qui aura été retenu dans ce travail au brouillon.
Mais attention à ces quelques conseils importants ; dans un commentaire suivi, il faut :
1. comme son nom l'indique, suivre harmonieusement le texte au pas de course, pas de façon
systématiquement linéaire mais par énoncé associatif,
2. maîtriser l’art de la citation enchâssée mais sans excès : passage cité et analyse sans paraphraser le texte,
3. éviter d'employer l’expression « l’auteur… l’auteur… l’auteur… » à tout vent,
4. pouvoir partir du texte et revenir au texte par de savants clins d’œil ou regards croisés par la découverte
d'intertextualité,
5. employer des connecteurs et des expressions de transition entre les groupements d’idées commentées,
6. Ne pas négliger la formulation d’une phrase de transition placée entre la fin d’un mouvement et le début
du suivant.
ÉTAPE 4 : MODÈLE DE COMMENTAIRE SUIVI DE L'EXTRAIT PROPOSÉ.
Je me suis employé à sa rédaction intégrale, surtout pour faire voir comment, grâce à un usage harmonieux
de la LANGUE et de ses multiples ressources, au respect scrupuleux de la TECHNIQUE et à l'utilisation
du travail au BROUILLON, on peut produire un commentaire suivi. Bonne réception !
(l'introduction)
Victor HUGO fait partie des plus hardis défenseurs des opprimés puisque, toute sa vie durant, il s’est
montré foncièrement opposé à toute forme d’injustice à laquelle les plus faibles sont souvent exposés. Par
tous les moyens, dans tous les endroits qui le permettent (dans son œuvre d’art plus particulièrement), il
emploie la parole, le verbe, pour témoigner de son esprit contestataire. Ce passage textuel déchirant soumis
à notre réflexion est extrait (du chapitre IX à XLIII) de l’œuvre de Victor Hugo intitulé Le dernier jour d’un
condamné et publié en 1829 ; il y montre jusqu’à quel point la peine de mort est une loi inhumaine,
génocidaire, puisqu’on tue autrement et systématiquement le condamné lui-même et les membres de sa
famille, en l’occurrence sa mère, sa femme et sa fille surtout. Pour un commentaire suivi, cet extrait peut
être subdivisé en deux mouvements : le premier va de « je laisse… » jusqu’à « … elle est belle » et est
intitulé LA PERTE DES PROCHES. Le dernier qui concerne le reste du texte porte comme titre LES
ADIEUX DOULOUREUX.
(le développement)
C’est par une double figure de style contenue dans le même énoncé que cet extrait débute. En effet, nous
avons remarqué d’une part que cette toute première phrase de l’extrait contient à la fois une anaphore avec
l’expression « je laisse » et une gradation descendante, si nous observons successivement l’âge des
membres (appelés « sexe faible ») de sa petite famille : « une mère », une femme », « un enfant ». Si la
première figure suggère une insistance pour empêcher la mise à mort du narrateur qui s’en désole déjà, la
seconde symbolise une sorte de descente aux enfers car, après son exécution, une déchéance morale
s’accomplira pour les autres. Le narrateur résume donc ce qui arrivera après sa mise à mort. L’anaphore
obsessionnelle de la préposition privative « sans » et encore plus du chiffre « trois » sonne à ses oreilles
comme un glas qui ne cesse de lui rappeler le triple « deuil » qui se prépare. Plutôt qu’une désolation, c’est
une colère contre les hommes, depuis longtemps comprimée, qui éclate au grand jour ; l’interrogation
oratoire qui parachève cette interpellation justifie cet état d’esprit révoltant. Le narrateur entre par la suite
plus en profondeur dans le sort réservé aux membres de sa famille, l’un après l’autre, dans une ample
gradation descendante qui se fond dans un texte devenu plus narratif qu’argumentatif. En effet, c’est
d’abord sa mère qu’il représente dans son esprit ; le champ lexical de la vieillesse, réunissant l’emploi des
mots comme « vieille », « soixante-quatre ans », « dernier moment » montre qu’elle n’en a plus pour
longtemps : donc son sort, aussi fatal soit-il, est minimisé. C’est ensuite par un autre champ lexical, celui de
la maladie qui affecte ici l’épouse (« mauvaise santé », « esprit faible », « folle », « comme morte »…) que
le narrateur poursuit dans le même registre pathétique sa prémonition du sort réservé. En effet, même si elle
est encore minimisée, celle-ci est tout aussi pathétique puisque la femme est dans le coma. Enfin, si le
narrateur finit par l’évocation du sort réservé à sa fille après qu’il sera exécuté, c’est pour mieux marquer
l’abandon poussé à l’extrême, comme porté jusqu’à son paroxysme. Si la mère (vieille) et l’épouse
(malade) attristent, ce qui est encore plus attristant, c’est l’orphelinat de la fille encore toute enfant ;
justement, c’est par l’emploi du champ lexical de la jeunesse, confondu avec celui de la beauté et de
l’amour filial que le pathétique touche à son comble. Cette loi qui ravit cette enfant des bras de son père,
l’être (in)humain qui l’a ratifiée en mesure-t-il au moins toutes les retombées génocidaires ? Nous avons
l’impression que le narrateur semble nous poser cette question poignante.
Transition toute faite, cette question met fin d’ailleurs au premier mouvement de ce passage qui résume
bien la perte prémonitoire des êtres chers ; le dernier s’évertuera à établir un entretien plus direct, plus
physique, entre le père et sa fille justement.
Si, au début de cet extrait, dans le premier mouvement, on avait identifié une anaphore doublée d’une
gradation ascendante, au début de celui-ci, c’est à peu près ces mêmes figures de style que nous
remarquons, sauf que la gradation est ici ascendante. C’est normal puisque resté longtemps sans revoir sa
fille et la revoyant sans doute la dernière fois de sa vie, dans ce passage narratif (identifiable à travers les
nombreux verbes d’action comme « prendre », « enlever », « asseoir », « baiser »), le narrateur se livre à un
transport effréné en la revoyant lui rendre visite en prison à Bicêtre. Face à ce transport presque incontrôlé,
la réaction de la fille est représentée dans le passage suivant qui devient descriptif. Pour preuve, le mode
participe est abondamment employé comme pour suggérer à quel point elle s’était sentie exposée à ces
effusions démesurées et, qui plus est, face à un inconnu. La gradation ascendante de ces gestes effectués sur
elle devient même hyperbolique à la limite avec l’expression « dévorée de baisers ». C’en était trop pour
elle. Après les gestes, c’est au tour des paroles maintenant : le discours direct employé est dépourvu de
verbe comme pour dire que cette fille est l’unique raison d’être de son père. D’ailleurs, « Marie » n’est-elle
pas l’anagramme de « aimer » ? Malheureusement, la réplique ou la réaction qui s’ensuit est renversante :
non seulement elle a mal physiquement et le fait savoir mais, pire encore, elle ne reconnaît même plus son
propre père. Cet état de fait se justifie clairement par l’emploi du niveau courant ou bien soutenu («
Monsieur ») en lieu et place du niveau familier (« Papa ») : mot que le père aurait bien souhaité entendre de
la bouche de son enfant. Une gradation descendante (« visage », « parole », « accent ») qui offre l’image
d’une descente aux enfers et jusque vers l’anéantissement, une interrogation oratoire (« qui me
reconnaîtrait… ? ») qui dépossède le père de sa filiation, une anaphore (« quoi ! ») qui dénote d’une
surprise, tout participe ensemble à la déchéance du narrateur pire que l’exécution à laquelle il s’était déjà
préparée. La dernière parole (la seule syllabe prononcée par la fille : « ah ») donne le frisson et tonne
comme le couperet qui s’abattra sur la tête du père infortuné lorsque celui-ci insiste pour la dernière fois à
mettre en surface son souvenir estompé dans la mémoire de sa progéniture. C’est par une métaphore
anatomique que le narrateur s’observe, s’ausculte, pour se rendre compte qu’il était mis à mort avant
l’heure par cette triste déconvenue.
(la conclusion)
En conclusion, nous retiendrons essentiellement que ce texte analysé autour de deux mouvements révèle
respectivement une vie de famille brisée, moralement décimée ainsi que des adieux déchirants entre un père
et sa fille. Ce qui émeut encore plus, c’est cette ample gradation descendante conduisant tout droit le
condamné aux enfers et montrant, par la même occasion jusqu’à quel point la forme enrichie par Victor
Hugo épouse littéralement le fond de son texte. D'ailleurs, d'une façon ou d'une autre, celui-ci ne semble-t-
il pas avoir inspiré Albert Camus pour son roman philosophique intitulé L’Etranger (1942) ?
QUELQUES PRÉCISIONS EN VUE D'UN COMMENTAIRE COMPOSÉ.
Pour un commentaire composé, il faut d'abord avoir un plan à l'image d'une dissertation. C'est un
développement plus thématique auquel nous aurons affaire. Généralement, dans les consignes prévues pour
ce genre d'exercice plus synthétique, on propose au candidat qui y est soumis des thèmes ou centres
d'intérêt qui peuvent être au nombre de deux ou trois. Il faudra donc pour chacun d'eux imaginer des sous-
parties (deux ou trois très logiques) qui permettront d'articuler chaque centre d'intérêt et l'annoncer dans le
plan de l'introduction. Bien évidemment, il va de soi qu'on ne précisera pas de délimitations comme dans
un commentaire suivi.
Puis, dans le corps du développement, il faut traquer et réunir chaque centre d'intérêt partout où il apparaît
dans le texte ; par conséquent, il est fortement recommandé de procéder une lecture croisée et une analyse
évolutive plus verticales qu'horizontales.
Supposons que le candidat choisisse de faire du texte qui est soumis à sa réflexion un commentaire
composé. Voici un exemple de consigne ainsi formulée et à laquelle il devra obéir pour produire son
développement :
Si vous optez pour un commentaire composé, vous montrerez comment la loi de la peine de mort crée le
vide autour du personnage principal et suscite chez le lecteur un immense sentiment de compassion.
Voici par exemple, selon un commentaire composé prévu, une proposition de plan du texte dont je viens de
faire un commentaire suivi :
I. Le vide autour du personnage
1. Une famille décimée
2. Une solitude injuste
II. Le sentiment de compassion
1. Un moi souffrant
2. Une révolte collective
Ce sont ces sous-parties dont il faut faire la traque, le regroupement et l'analyse thématique et esthétique en
montrant ce qui donne au texte toute sa facture littéraire. Finalement, le commentaire composé est un
commentaire suivi plus fine, basée sur le regroupement très structuré des énoncés observables tout au long
du texte, dans la verticalité plutôt qu'à l'horizontal. L'autre différence réside dans la constitution des sous-
parties qui auront l'air d'un paragraphe de dissertation selon ses composantes : idée directrice,
argumentation, exemple à l'appui et conclusion partielle, sans omettre de rédiger une expression de
transition entre les sous-parties et une phrase de transition entre les parties.
Cependant, c'est par la pratique qu'on en acquiert le mécanisme et toute l'aisance.

LA NÉGRITUDE
Introduction.
Comme si trois cents ans de domination ne suffisaient pas (les horreurs de l’esclavage), l’homme noir
continue de souffrir à cause de la violence de la colonisation mensongère à tout point de vue. Réplique de
la Négro-renaissance née aux Etats-Unis, un mouvement de protestation va prendre racine en Europe pour
propager la contestation partout où le Noir est victime d’injustice ; il sera baptisé « Négritude ».
I. LA FORMATION DU GROUPE
Les Occidentaux voulaient légitimer à tout prix leur politique coloniale aux yeux de l’opinion publique
internationale. Pour ce faire, afin de conférer à la colonisation un visage ou une mission pacificatrice et
civilisatrice, ils attribuaient des bourses aux bacheliers indigènes les plus méritants pour qu’ils aillent
poursuivre leurs études supérieures en France.
Suivant l’actualité de très près, cette élite de la diaspora africaine, regroupée au quartier Latin à Paris,
entendra parler de ces Négro-américains qui on fait de la libération de l’homme noir leur cheval de bataille.
Leur emboitant le pas, ils ne feront pas moins, malgré les risques encourus : perte de bourse, rapatriement,
censure, emprisonnement, assassinat, etc.
II. TRIPLE DÉFINITION DU MOT
Ce ne sont pas des définitions qui s'opposent mais qui se rejoignent. D'ailleurs, leurs concepteurs sont des
amis avant tout et ils portent leur idéal vers la même direction.
1. Pour Césaire
Il est l’auteur de ce néologisme apparu pour la première fois dans la revue « L’étudiant noir » puis dans son
recueil. Il donne à ce mot un double sens : acceptation du fait d’être noir et refus de toute forme
d’assimilation. Il a dit dans Cahier d’un retour au pays natal (1939) :
« Ma négritude n'est pas une pierre, sa surdité ruée contre la clameur du jour
Ma négritude n'est pas une taie d'eau morte sur l'œil mort de la terre
Ma négritude n'est ni une tour ni une cathédrale
Elle plonge dans la chair rouge du sol
Elle plonge dans la chair ardente du ciel
Elle troue l'accablement opaque de sa droite patience ».
2. Pour Senghor
Lui aussi présente doublement ce qu’il faut entendre par « négritude » : célébration du royaume d’enfance
et civilisation de l’Universel. Il s’agit d’une philosophie du pardon héritée de son éducation religieuse. Il a
une fois dit : « notre noblesse nouvelle est non d’être la tête du peuple mais bien sa bouche et sa trompette
». « Il faut s’enrichir de nos différences pour tendre vers l’universel ». Il est l’auteur d’Hosties noires
(1948).
3. Pour Damas
Le mot chez lui possède un sens unique : refus de conserver le patrimoine culturel et religieux des
Occidentaux sous risque d’être victime de l’acculturation. Il est l’auteur de Pigments (1937).
III. LE PREMIER CRI DE RÉVOLTE
En 1921, René Maran se révolte courageusement. La publication de son œuvre phare intitulée Batouala,
sous-titré "véritable roman nègre" fait scandale dans la métropole. L’auteur sera tout bonnement licencié
(ancien administrateur des colonies dans l’Oubangui Chari, actuelle Centrafrique) mais c’est une porte
ouverte montrant par la même occasion la voie aux intellectuels négro-africains.
IV. LA CRÉATION DES REVUES
On appelle « revue » une parution périodique, une coproduction d’articles. Deux raisons peuvent justifier
ce choix des intellectuels Négro-africains : éviter la censure et démontrer au monde que l’Afrique parle
d’une seule et même voix. Voici l’ordre de parution des différentes revues du mouvement de la négritude :
- Légitime défense (1932) : elle sera aussitôt censurée car les articles n'étaient pas tendres envers
l'Occident.
- L’étudiant noir (1934) : il y avait trop de nationalisme dedans.
- La revue du monde noir (1937) : elle était incapable d’éditer.
- Présence africaine (1947) : sous la direction d’Alioune Diop, l’intellectuel noir a maintenant une revue
légitime et une maison d’édition.
V. EN ROUTE VERS LES INDÉPENDANCES
Les Occidentaux avaient presque partout (jusque dans certaines consciences nègres) propagé la théorie de
la « table rase » selon laquelle l’Afrique n’a rien inventé, ne détient aucun document écrit, et donc n’a pas
de civilisation. Le démenti apporté par les intellectuels noirs s’exprime alors par la revalorisation de la
culture nègre par tous les moyens. Il y eut donc une triple réponse apportée par les intellectuels noirs.
1. Une réponse historique.
En effet, ce qui a ajouté de la célébrité à Cheikh Anta Diop, ce savant égyptologue, c’est la découverte de
l'usage du carbone 14 (C14) qui permet de dater les os. Cette trouvaille scientifique (confrontée à tous les
anciens os humains découverts par d’éminents archéologues) aboutit à la conclusion incontestable selon
laquelle l’Afrique est le berceau de l’humanité et que, par conséquent, toutes les civilisations, aussi
brillantes soient-elles, proviennent du « vieux continent ».
2. Une réponse politique.
L’Afrique possédait non seulement une société très hiérarchisée, mais aussi ses fils se sont brillamment
illustrés et fait entendre par l’usage de la langue même du Blanc. L’arène politique était aussi investie par
les Africains. Senghor, Diagne, Eboué, Boigny, Kenyatta, Nkrumah… montent aux créneaux et, en tant que
gouverneur, maire, député…, réclament l’indépendance à l’assemblée constituante, grâce à leurs discours
indépendantistes. Même la visite du général De Gaulle en a payé les frais.
3. Une réponse culturelle.
Les Occidentaux avaient toujours basé leur définition de la civilisation sur l’existence ou non de documents
écrits. Mais ce qu’ils ignoraient encore, c’est qu’une civilisation peut être bâtie sur l’oralité, comme c’est le
cas de l’Afrique. Senghor ne nous surprend plus lorsqu’il affirme : « l’émotion est nègre ; la raison est
hellène ». Si celui-ci et bien d’autres écrivains revalorisent la culture africaine à travers la danse, la
musique, les habitudes traditionnelles, c’est justement pour répondre à ce dénigrement.
Eia pour le Kaïlcédrat royal !
Eia pour ceux qui n'ont jamais rien inventé
Pour ceux qui n'ont jamais rien exploré
Pour ceux qui n'ont jamais rien dompté
Mais ils s'abandonnent, saisis, à l'essence de toute chose
Ignorants des surfaces mais saisis par le mouvement de toute chose
Insoucieux de dompter, mais jouant le jeu du monde
Véritablement les fils aînés du monde poreux à tous les souffles du monde
Aire fraternelle de tous les souffles du monde
Lit sans drain de toutes les eaux du monde
Etincelle du feu sacré du monde
Chair de la chair du monde palpitant du mouvement même du monde !
Tiède petit matin de vertus ancestrales
Sang ! Sang ! tout notre sang ému par le cœur mâle du soleil
Ceux qui savent la féminité de la lune au corps d'huile
L'exaltation réconciliée de l'antilope et de l'étoile
Ceux dont la survie chemine en la germination de l'herbe !
Eia parfait cercle du monde et close concordance !
Aimé Césaire, Cahier d’un retour au pays natal, 1939.
Pour tout dire, comme un seul homme, au beau milieu de tous les fronts qui le permettent, les intellectuels
négro-africains en général, les écrivains en particulier, se sont vaillamment autoproclamés avocats
défenseurs d'une race opprimée. C’est toute la raison qui justifie des propos comme : « notre noblesse
nouvelle est non d’être la tête du peuple, mais bien sa bouche et sa trompette » (Senghor) ou encore « ma
bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche ; ma voix, la liberté de celles qui s’affaissent
au cachot du désespoir » (Césaire).
Conclusion
En définitive, la littérature africaine est fille de son époque. Enfantée par la Négro-Renaissance, « le fils a
dépassé son maître ». Mais le combat est loin d’être achevé car d’autres monstres, encore tapis dans
l’ombre en Afrique invitent les auteurs à garder l’œil ouvert sur toute forme de dérive ou d’injustice.

Exposé sur Chants d’ombres de Senghor


Introduction
Pendant la période coloniale (XIXème-XXème siècle), les africains subissaient des abus de la part des
européens. Leur culture et leurs mœurs étaient dépravées par ceux-ci. Devant cette triste réalité, les
intellectuels africains entendent combattre pour la sauvegarde de la souveraineté et de la dignité de
l’Africain. Ainsi, certains créent des syndicats tandis que d’autres valorisent l’image de l’Afrique par des
écrits. C’est dans ce dernier contexte que s’inscrit Léopold Sedar Senghor, écrivain sénégalais. Il fait naître
en 1945, chants d’ombre, un recueil de poèmes exaltant les valeurs nègres. Dans cette œuvre qui fait l’objet
de notre étude, nous analyserons le temps et l’espace.
I. Etude de l’espace dans chants d’ombres
1. L’espace africains
L’espace Africain est vu comme un espace de convivialité dans chants d’ombre de Léopold Sédar Senghor.
Cela s’illustre dans le poème intitulé « nuit de sine ». Dans ce poème, le poète nous présente la joie, la
gaieté, l’harmonie qui règne en Afrique. En effet il nous parle d’éclats de rire dans la deuxième strophe : «
voici que décline la lune lasse vers son lit de mer étale; voici que s’assoupissent les éclats de rire, que les
conteurs eux-mêmes dodelinent de la tête comme l’enfant sur le dos de sa mère ». Ceci nous permet
d’imaginer que les villageois sont autour d’un baobab entrain de rire, danser, chanter et écouter les histoires
et les traditions africaines que les griots leur racontent. Les éclats de rire sont également une image pour
faire comprendre que l’Afrique est pleine de joie de vivre.
En outre il y règne dans la nuit un calme apaisant, recueillant et merveilleux, après des journées de fête, de
joie et de rire. Senghor se consacre alors à l’explication d’une nuit profonde et spirituelle, pleine de
tradition jusqu’au moment où tout le monde va dormir.
L’Afrique est un espace de cohésion et d’union. A cet effet le mot « dodeline » qui apparaît dans certains
vers de ce poème nous fait penser à l’enfant sur le dos de sa mère. C’est une image typique des traditions
africaines.Cela nous met face à une relation d’union et d’harmonie qui lie les africains. A la fin de cette
strophe, nous observons que les danseurs et le chœur nous ramènent une nouvelle fois à la musique et aux
danses présentes lors des réunions des villageois autour du baobab. L’Afrique est liée à la danse et à la
musique.
En somme, l’Afrique est un continent de fête c’est pourquoi dans le poème Joal, le poète fait revivre sa vie
en Afrique. Il considère l’Afrique comme la terre promise, c’est la terre sur laquelle il aspire revenir.
2. L’espace européen
L’Europe est un grand continent. Dans l’œuvre Chants d’ombre, Senghor décrit l’espace européen de
plusieurs manières. Dans le poème « Joal », il montre l’ambiance nonchalante en Europe. Cela se perçoit
du vers 22 au vers 25 : « quelle marche lasse le long des jours d’Europe ou parfois apparaît un jazz orphelin
qui sanglote sanglote sanglote sanglote ».
Senghor révèle que l’Europe est un territoire d’isolement, d’individualisme et de froideur. Aussi, à travers
l’expression « purifié du froid incorruptible » (vers 4) utilisée dans « neige sur PARIS », Senghor fait
allusion à la souffrance vécu en Europe. L’auteur traduit ainsi que l’Europe n’est pas un continent où règne
la paix, la solidarité, la convivialité et qu’elle est victime de ce fait.
II. Etude du temps dans Chants d’ombre
A. L’aspect météorologique du temps dans Chants d’ombres
1. En Europe
a. L’hiver
Senghor énonce dans Chants d’ombre la passion, la purification, la paix de l’Europe à travers le froid
incorruptible. Dans le poème ‘’Neige sur Paris’’ le poète évoque la punition que Dieu inflige à l’Europe
pour sa méchanceté à l’égard des Africains à travers le froid incorruptible. Cela est perceptible au vers 3 : «
vous l’avez purifié par le froid incorruptible ». Plus loin, le poète énonce la paix que le seigneur propose à
l’Europe divisée à travers la neige. Ce que nous pouvons corroborer à partir du vers 7 : « seigneur, vous
avez proposé la neige de votre paix au monde divisé à l’Europe divisée ». En un mot, le poète montre que
les Européens sont des dépouilleurs inhumains. C’est pour cela que Dieu leur inflige le froid incorruptible
et en les appelant à la cohésion.
b. Le printemps
Léopold Sédar Senghor énonce aussi dans Chants d’ombre la sanctification, la passion qu’inflige la saison
d’après l’hiver c’est-à-dire le printemps. Dans son poème ‘’L’ouragan’’, il caractérise le printemps comme
une belle saison par le truchement de ces termes : « toi vent ardent, vent pur, vent-de-belle saison, brûle
toute fleur toute pensée vaine ».
Cette saison est alors marquée par les vents purs qui sanctifient. Des vents qui libèrent de toutes impuretés
et qui coiffent tout autour de son passage. Le poète montre par l’entremise de l’ouragan que les Européens
doivent se purifier de tous leurs péchés. Car ce temps est un temps de recueillement et de conversion.
2. En Afrique
L’Afrique est un continent aux températures et aux climats favorables au développement de l’agriculture.
Ces atouts sont comme une richesse précieuse qui attirent les Européens.
L’Afrique est un continent riche naturellement. En Afrique, il pleut, il ne neige pas, il fait chaud. La nature
est pleine et riche. C’est pourquoi Senghor chante ses merveilles en utilisant l’image d’une belle femme
noire : « femme nue, femme noire, vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté ». Cette belle
forme évoquée par Senghor serait donc la belle nature que Dieu a donnée à l’Afrique.
En Afrique la nuit est le moment de se retrouver et de se partager les histoires jusqu’au repos. A la pleine
lune, c’est la convivialité. Il n’y a pas de neige ni de froid pour faire fuir les villageois dans les cabanes.
B. L’époque coloniale dans Chants d’ombres
1. En Europe
Le fait de coloniser n’est certes pas réservé aux européens, mais ce sont eux qui créent un système
complexe, accompagné d’un discours le justifiant. Rudyard Kipling, dans un célèbre poème de 1899, « le
Fardeau de l’homme blanc« évoque une justification raciale et morale de la colonisation : « l’homme blanc
doit assumer son « fardeau », sa responsabilité de « civiliser » les peuples et de faire séché la misère ».
Outre la mission civilisatrice, on développe d’autres arguments : la christianisation, la recherche de marché,
la quête de placements intéressants et enfin la volonté de satisfaire un orgueil national parfois malmené. En
particulier celui des français après l’humiliant traité de France fort en 1871.
Dans Chants d’ombre, Léopold Sédar Senghor nous présente à travers le poème neige sur paris une Europe
subissant les conséquences des malheurs qu’elle a fait subir à l’Afrique.
Les empires coloniaux alimentent en matière première les industries du continent tout en leur offrant des
débouchés. Ils permettent ainsi aux Européens de connaître une prospérité inégalée jusqu’alors. Cette
prospérité s’appuie sur une forte expansion des biens de consommations. En fait, les nouveaux produits
élaborés par l’industrie sont achetés, et le niveau de vie s’est largement amélioré.
L’Europe s’enrichie ainsi au détriment de l’Afrique. Léopold Sédar Senghor décrit alors l’Afrique comme
la femme en train de perdre sa beauté : « je chante ta beauté qui passe », « forme que je fixe dans l’éternelle
». Face à cela, les dieux punissent l’Europe par la neige. Cette punition est évoquée par Senghor dans «
neige sur paris« : « parce qu’il devenait mesquin et mauvais, vous l’avez purifié par le froid incorruptible
par la mort blanche »; aux vers 2-3.
2. En Afrique
A l’époque coloniale, plusieurs africains commencent à adopter la culture européenne oubliant ainsi leur
propre culture. C’est alors que Senghor rappelle aux africains leur culture, leur tradition, leur religion : «
aurais-tu oublié ta noblesse, qui est de chanter les ancêtres, les princes et les dieux qui ne sont fleurs ni
gouttes de rosée ? Tu devais offrir aux esprits les fruits blancs de ton jardin », extrait du poème « lettre à un
poète« . Ici, Senghor statue sur la religion africaine en disparition. Ce temps colonial est le temps où les
africains jettent leurs dieux pour attraper la bible; les ancêtres sont oubliés pour que l’on puisse mémoriser
le ‘’Jésus’’: « refaites la route royale et méditez ce chemin de croix et de gloire », du poème ‘’le message‘’
(vers 31).
Pour être belle, la femme africaine avait ses traits naturels et quelques astuces comme les tresses de
cheveux, l’usage des cauris, les chaines en or, etc. En cette époque coloniale, ce sont les habitudes
européennes qui animent les jeunes filles africaines. Senghor évoque ce problème : « vos filles m’a-t-on dit
se peignent le visage comme des courtisanes », « elles se casquent pour l’union libre et éclaircir la race »,
du poème le message (vers 26 et 27). Il y a donc à la vue de la civilisation européenne une opposition aux
traditions africaines. Dans ce vers 26 cité plus haut du poème « le message », nous avons l’exemple du
mariage forcé, une tradition africaine combattue par les jeunes filles de l’époque coloniale : pourquoi ne
pas faire comme la blanche ?, serait la question qu’elles se posent intérieurement.
Cependant, avec ces colons, les malheurs n’en demeurent pas moins. Les Africains sont malheureux. Ces
malheurs sont également évoqués dans le poème le message au vers 29 : « Et vous pleurez là-bas de grands
feux et de sangs ».Parlant sans doute du feu engendré par le colonisateur et du sang versé par ce dernier.
En effet, pendant l’époque coloniale, voulant imposer leur suprématie, les colons vont avoir à affronter les
nègres qui posent des résistances farouches. Ce sont souvent des attaques surprises avec incendie des
habitations, des morts au sorti des affrontements et bien d’autres atrocités issues des exactions des
Européens. Il s’agit donc à cette époque d’une Afrique en difficulté, en ruine. C’est alors que Senghor
adresse une prière aux dieux d’Afrique, les masques, pour qu’ils lui viennent au secours : « masques ! O
masques ! A votre image écoutez-moi ; voici que meurt l’Afrique des empires, c’est l’agonie d’une
princesse pitoyable », du poème prière aux masques.
Il est vrai que les Européens ont fait subi à l’Afrique une peine douloureuse, mais la couleur blanche n’est
pas dans son entièreté détestable. Il y a en effet de bonnes mains blanches qui voulaient caresser cette
Afrique. Pouvons-nous citer à cet effet EMMA PAYELLEVILLE, pour qui Senghor écrit le onzième
poème de Chants d’ombre. Cette femme serait l’image de ce qu’aurait dû être les colonisateurs. Elle rachète
d’ailleurs, pour Senghor, le visage négatif du blanc: « ton nom brisera les images poudreuses des
gouverneurs ».
Conclusion
Léopold Sédar Senghor, dans Chants d’ombre, nous présente un espace africain totalement différent de
l’espace européen. En Afrique nous avons un espace de vivre ensemble. Ce qui favorise la cohésion
sociale, la solidarité et l’union. Tandis qu’en Europe, c’est la solitude. Aussi, présente-t-il un temps
agréable à la cohabitation humaine en Afrique. Ce qui n’est pas le cas en Europe. D’où l’exaltation des
valeurs valeurs nègres. Par ailleurs, ne serait-ce pas la perte de ces valeurs que traduit Ahmadou Kourouma
par la déchéance de Fama dans les soleils des indépendances ?
Savoir profond

LA LITTÉRATURE et ses principales fonctions


PK

La littérature comme un moyen d’engagement politique


Les oeuvres littéraires ont la plupart du temps pour vocation de s’insurger contre certains dirigeants véreux.
Les hommes de plume se font alors le devoir de dévoiler publiquement l’hypocrisie et le machiavélisme
des hommes politiques. SENGHOR, CESAIRE et DAMAS* constituent à ce propos de parfaites
illustrations. Ils ont dénoncé et combattu sans aucun ménagement les dérives du système colonial dans
leurs oeuvres et revendiqué la reconnaissance de l’identité culturelle de l’homme noir. On voit donc que les
écrivains sont les porte-parole et les boucliers des laissés-pour-compte. Ils savent qu’un coup de langue
peut avoir plus d’effets qu’un coup de canon. C’est la raison pour laquelle le romancier naturaliste Emile
ZOLA condamne fermement la domination que les bourgeois avaient imposée aux ouvriers dans
GERMINAL. Son engagement a permis de remettre en question cette forme d’exploitation inhumaine et
sauvage.
La littérature comme une thérapie contre la souffrance humaine
L’écriture peut être une forme de thérapie contre les souffrances. Les hommes de plume sont les témoins de
leurs époques, ils ont le droit et surtout le devoir d’assister le peuple qui traverse une période de crise ou
d’angoisse. Ainsi, à travers certaines oeuvres littéraires on voit nettement les voies de sortie de crise que les
auteurs offrent en exemple aux lecteurs. Dans La Tragédie du Roi Christophe, le dramaturge Aimé
CESAIRE nous présente un roi excessif qui a étouffé son peuple par des décisions impopulaires et qui a
fini par être renversé par ses lieutenants. Par l’art, CESAIRE invite les africains à prendre leur
responsabilité en refusant l’arbitraire. Dans cette même dynamique, la littérature peut nous aider à sortir des
difficultés liées à la dégradation des mentalités qui freine le progrès social et économique. Pour ce faire,
elle met en exergue les vices et autres imperfections rencontrées dans la vie commune. En guise d’exemple
nous avons Les Nouveaux Contes d’Amadou Koumba de Birago DIOP où le conteur Sénégalais retranscrit
beaucoup de contes inspirés des réalités sénégalaises et visant à baliser la voie aux jeunes générations. Dans
la ‘’Cuillère sale’’ c’est l’impolitesse et la politesse qui sont mises en parallèle comme pour faire éviter aux
lecteurs la mésaventure de ‘’Kumba am ndaye’’ aux sénégalais. Donc, pour réussir dans la vie, la solution
c’est d’être aimable, vertueux et respectueux.
Kumba am ndaye’’ Coumba dont la maman était encore vivante.
La littérature comme un moyen de divertissement
Les livres sont parfois de véritables asiles mis au service des gens angoissés qui s’y refugient pour oublier
les soucis de la vie. Dès lors, ils sont perçus (les livres) comme des échappatoires pour ne pas dire des
fenêtres ouvertes par lesquelles les lecteurs vont s’évader. C’est dans ce sens que MONTESQUIEU a peut-
être raison de faire cette déclaration :’’-Je n’ai jamais eu de chagrin qu’une heure de lecture ne m’ait ôté- ‘’.
C’est là une façon de soutenir que les oeuvres littéraires nous extirpent des dures réalités de la vie. Ainsi,
les livres nous transportent parfois dans un autre monde diffèrent de notre existence marquée par la tristesse
et la médiocrité. A ce propos Les Nouveaux Contes d’Amadou Koumba de Birago DIOP nous plonge dans
un univers onirique où les animaux, les arbres, les pierres et les ustensiles de cuisine sont doués de raison et
parlent comme s’ils étaient des humains.
Onirique qui a rapport aux rêves.
La littérature comme la promotion de l’Art pour l’art (Esthétique)
Pas mal d’écrivains pensent que la littérature doit se consacrer à la recherche du beau. Ainsi, ils refusent de
privilégier la prise en charge des problèmes sociaux ; une tâche qu’ils préfèrent laisser aux hommes
politiques. La littérature, pour eux, peut s’épanouir sans s’immiscer dans les affaires de la cité. C’est le cas
des Parnassiens qui ont exalté la Poésie pure, c’est-à-dire celle qui fait la promotion de l’Art pour l’art et le
culte de la perfection et du beau. C’est la raison pour laquelle Théophile GAUTIER déclare, non sans
provocation, dans la préface à Mademoiselle De Maupin qu’ « il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut
servir à rien, tout ce qui est utile est laid » .Autrement dit, la beauté d’une oeuvre littéraire est
consubstantielle à son inutilité, c’est-à-dire à sa gratuité. C’est là une manière de faire comprendre que
l’Art doit être indépendant s’il veut être éternellement beau. C’est peut être sous cet angle qu’il nous faut
comprendre Stéphane MALLARME quand il affirme qu’ « on ne fait pas de la poésie avec des idées mais
plutôt avec des mots ».Cette déclaration est facile à comprendre si l’on se réfère à l’Art poétique de
VERLAINE où l’auteur semble donner des leçons d’écriture aux poètes : « de la musique avant toute chose
/ Et pour cela préfère l’impair ». Cette leçon est bien comprise par les Symbolistes qui accordent plus
d’importance à la valeur sonore des mots que leur valeur sémantique.
Echec de la littérature engagée
*La littérature* n’a pas toujours la force qu’on lui prête, elle montre ses limites pour ne pas dire son
impuissance face à certain obstacle. Beaucoup d’écrivains ont fini par se rendre à l’évidence que la
littérature n’est qu’un discours voire un simple art du langage. En guise d’exemple, nous avons Théophile
GAUTIER qui était profondément engagé dans le Romantisme avant de se résoudre à tourner le dos à la
littérature engagée pour se consacrer à la recherche exclusive du beau. Sa décision fait suite à la Révolution
de 1848 qui lui a fait perdre tous ses biens. On voit donc, que face à la puissance de certains régimes
oppressifs la littérature peut avoir du mal à changer le cours de l’histoire car certaines oeuvres sont
censurées et leurs auteurs arrêtés arbitrairement. Jean Paul SARTRE, le théoricien de la littérature engagée
a fait cet aveu de taille dans son roman autobiographique Les Mots : « longtemps j’ai pris ma plume pour
une épée, à présent je reconnais notre impuissance ». Avec SARTRE, on peut donc voir pourquoi
l’engagement en littérature conduit inévitablement à la désillusion. Les auteurs sont souvent impuissants à
mobiliser l’opinion, à modifier les mentalités et à plus forte raison à renverser un régime tyrannique. Les
actions engagées par l’ensemble des écrivains contre la montée des dictatures en Europe dans l’entre-deux-
guerres n’ont pu empêcher la seconde guerre mondiale. MARLAUX, GIDE, GIROUDOUX, les
surréalistes ont aussi vainement multiplié les mises en garde, les manifestes, et les oeuvres. Par exemple,
‘’Les Grandes Cimetières Sous La Lune ’’ de BERNANOS qui dénonçait les violences durant la Guerre
d’Espagne, ou ‘’Les Chemins De La Liberté ’’ de SARTRE ont surtout touché les lecteurs déjà sensibilisés
mais le reste de la population n’a pas été affectée par ces oeuvres.
L’entre-deux-guerres période qui s’est étendue de la Première Guerre mondiale et la Seconde Guerre
mondiale
Le classicisme

Formule introductive :
Justement, le mot ''classicisme'' provient du radical ''classe'' qui admet deux définitions renvoyant toutes au
concept du classicisme. En effet, la classe peut signifier un lieu où on donne ou reçoit un enseignement.
Mais l'expression ''avoir de la classe'' est en rapport avec le comportement physique et moral. Au XVII ème
siècle, l'ordre, la mesure, l'harmonie... étaient de rigueur et les écrivains en faisaient la promotion à travers
des leçons de morale qu'ils prodiguaient au public lecteur. Parmi les plus célèbres auteurs, on ne peut pas
honnêtement ne pas citer ceux-ci confinés dans ce fameux calembour : ''assis sur la racine de la bruyère,
Molière boit l'eau de la fontaine''. Racine, La Bruyère, Molière, Boileau, La Fontaine.
Mais cette liste n'est pas exhaustive puisque Corneille, Bossuet, Malherbe... méritent d'en faire partie.
Quelles sont donc les caractéristiques qui facilitent l'identification d'un texte ou d'un auteur classique ?
I. UN IDÉAL DE VIE :
1. L'HONNÊTE HOMME.
C'était un modèle humain, comme il en existe dans toute société non anarchique, créé par la société du
XVII ème siècle. On le connaissait déjà dans le siècle précédent avec la dénomination ''humaniste''. Au
siècle suivant, ses traits de caractère avaient gagné plus de relief et plus de considération encore. Il était
exemplaire dans tous les domaines (religion, politique et société, morale, physique...) et on cherchait à lui
ressembler. Ce modèle humain (ou l'esprit qu'il incarne) était fortement représenté dans les textes
classiques qui en assuraient la promotion de deux manières possibles : ou il est peint selon ce qu'il doit être,
ou il est représenté selon ce qu'il ne doit pas être. Un exemple ? Jean de la Fontaine y excelle dans ses
fables comme dans ''le Loup et l'Agneau''.
2. LES LEÇONS DE MORALE.
Les auteurs classiques étaient obligés de dispenser généreusement des leçons de morale dans leurs écrits,
sous peine d'être qualifiés d'écrivaillons (écrivains médiocres). Par conséquent, la fameuse formule latine
''castigare ridendo mores'' trouve tout son sens. Pour preuve, La Fontaine disait lui-même dans la préface de
ses fables :
« Je me sers d'animaux pour instruire les hommes ».
Ces leçons étaient formulées de deux manières possibles : l'explicite (ouvertement énoncées) et l'implicite
(à deviner par le lecteur lui-même). Instruire et plaire étaient les deux maîtres-mots des classiques, s'ils
voulaient bénéficier de l'aura de l'Académie française ou encore du suffrage du public lecteur ou spectateur.
II. UN IDÉAL ESTHÉTIQUE :
1. L'INSPIRATION ANTIQUE.
Les classiques considèrent les Anciens, c'est-à-dire les auteurs qui les ont précédés dans le temps, comme
des modèles à suivre. Ils leur empruntaient leur sujet d'inspiration et reprenaient leurs récits. Néanmoins,
cette imitation n'était pas aveugle puisque la source d'inspiration commune était agrémentée par un style
plus éloquent et bien plus séduisant. C'est le cas de Jean de La Fontaine qui imitait Ésope, Jean Racine qui
s'inspirait de Sénèque ou encore de Virgile, La Bruyère qui reproduisait Théophraste,... Quiconque ne
s'inspirait pas d'un auteur ancien comme référence n'avait que très peu de chance d'être admis (aussi bien
par le public lecteur que par l'académie française) dans le cercle restreint des brillants écrivains.
Néanmoins, une querelle s'en est suivie entre les Anciens (promoteurs de l'inspiration antique) et les
Modernes (réformateurs d'un art moins contraignant) et se prolongera au XVIIIème et même jusqu'au
XIXème siècle.
2. LES RÈGLES D'ÉCRITURE.
Énormément de règles d'écriture codifiées depuis belle lurette par Horace et Aristote, puis vulgarisées par
Nicolas Boileau dans son Art poétique (1674), servaient de bréviaire, de code de conduite pour les auteurs
classiques. Qu'on soit poète, romancier ou dramaturge, on était tenu de s'y plier. La versification, le schéma
narratif, les trois unités (temps, lieu, action), à côté de la bienséance et de la vraisemblance, du non mélange
des genres... Tout y passe ! Aucune faute n'était tolérée. Corneille en a payé les frais, lui qui avait négligé
quelques-unes de ces règles lorsqu'il écrivait sa pièce théâtrale intitulée Le Cid (1637). Si l'on considère
encore jusqu'aujourd'hui la langue française comme étant la ''langue de Molière'', c'est parce que celui-ci
(dans sa poésie dramatique) s'était montré comme l'un des plus en vue qui se pliaient fort admirablement
aux subtilités de cette langue qu'il maniait avec une adresse hors du commun.
Le mot de la fin :
Voilà donc, brièvement résumés les éléments d'identification d'un texte classique proprement dit. Ce siècle
était celui où l'ordre, la raison, l'équilibre... étaient de rigueur, telle que imposée par le ''Roi Soleil'' Louis
XIV, si bien que toutes tendances (le baroque et la préciosité par exemple) considérées comme manquant
de mesure n'y ont pas longtemps survécu.
Issa Laye Diaw.

L’HUMANISME – LA RENAISSANCE
INTRODUCTION
L’humanisme est un mouvement littéraire et culturel du XVIème siècle ; il rassemble des penseurs qui
mettent l’homme au centre de leurs œuvres et de leur réflexion. Cette foi qu’ils mettent en l’homme se
trouve cependant mise à mal par les crises de l’histoire, notamment les guerres de religion. Les humanistes
se réclament par ailleurs de l’antiquité gréco-romaine tout autant que des histoires bibliques dont ils
cherchent, la découverte de l’imprimerie aidant, à mettre les textes à la portée du plus grand nombre. En
fait, d’un point de vue littéraire, l’humanisme peut être résumé à travers trois grands mots d’ordre :
- la diffusion de la connaissance
- la référence à la culture antique
- l'intérêt marqué pour l’individu
Comment ces principes ont-ils influencé les thèmes et les genres dans la littérature humaniste ?
I. LA THEMATIQUE HUMANISTE
Le premier, c’est le thème de l’éducation. Les humanistes ont confiance dans le caractère perfectible de la
nature humaine. Raffermir le savoir, éduquer l’individu en général, l’enfant en particulier, revient donc à
faire progresser l’humanité toute entière. Si au XVIIème siècle on parlait de l’honnête homme, cet homme
très mesuré dans ses moins faits et gestes, l’humaniste en est le père. Nous le rencontrons par exemple dans
l’étoffe de Pantagruel, à l’instar de cette fameuse lettre que son père Gargantua lui avait adressée lorsqu’il
se trouvait à Paris pour des études supérieures : « science sans conscience n’est que ruine de l’âme », lui
disait-il, entre autres règles de vie.
Le deuxième, c’est l’altérité. En effet, la découverte du nouveau monde, les Amériques entre autres, grâce
aux caravelles, a engagé l’Europe à rencontrer et reconnaître cet « autre » dont les mœurs et la religion sont
si différentes. Sur ce sujet, les humanistes engagent leurs contemporains à la tolérance et à concevoir cette
variété plus comme un enrichissement que comme source de polémiques, de mépris, de déconsidérations.
L’idéal de pureté constitue un troisième thème clé. En littérature, il s’agit de revenir aux textes originaux de
l’Antiquité. Ces anciens auteurs deviennent des références, des modèles de perfection dont il faut s’inspirer
des œuvres, selon les humanistes. Sur le plan religieux, les évangélistes prônent un retour à la parole
biblique authentique et les protestants veulent rénover la morale chrétienne. C’est justement ce qui fera
naître cette guerre meurtrière et sans précédent des religions.
Dernier thème enfin : la nature. Elle reste la mère des hommes et, comme telle, est donnée en modèle. Les
peuples dits sauvages l’ont bien compris. Ils méprisent les artifices de la civilisation et vivent en harmonie
avec le monde naturel.
Toujours est-il que ces thèmes de l’humanisme sont indissociables des principaux genres littéraires prisés à
cette époque.
II. LES GENRES LITTERAIRES EN VOGUE
C’est important de connaître les principaux genres de ce mouvement.
1. LA POESIE
Sous l’impulsion des mécènes de renom, à l’instar du roi François 1er lui-même, la poésie s’impose comme
le grand genre de la Renaissance. Clément Marot, à la suite des grands rhétoriqueurs, se livre à des jeux
savants de rimes inspirées pour la plupart de la littérature italienne et espagnole. Louise Labé et Maurice
Scève (représentants de l’école de Lyon) font de l’amour et de ses souffrances un de leurs thèmes de
prédilection et témoignent par là que l’existence d’une littérature lyrique ne date pas d’hier ; Ronsard,
prince des poètes et poète des princes s’est d’ailleurs beaucoup inspiré de sa vie intime pour composer ses
trois célèbres recueils poétiques dédiés chacun à une femme aimée : si Cassandre de Salviati lui a inspiré
les Odes (de 1550 à 1552) et Marie Dupin Les Amours (de 1552 à 1578), Hélène de Surgères lui aura
inspiré un recueil de sonnets portant le titre sans ambiguïté de Sonnets pour Hélène (1578). Agrippa
d’Aubigné (auteur protestant) donne à la poésie engagée ses lettres de noblesse dans Les Tragiques, chef-
d’œuvre paru tardivement en 1616 à cause du contexte de crise. Cette guerre opposant catholiques et
protestants, cette longue guerre insensée dont l’apothéose s’exécuta lors du massacre de la Saint
Barthélemy (1570), fut une des pages sombres de trente-six années de conflits entrecoupés d’édits, de
l’histoire de France. L’incontournable Pierre de Ronsard (auteur catholique) s’y est également consacré à
travers Les Hymnes (de 1555 à 1556) et les Discours de la misère de ce temps (de 1555 à 1564). Par
ailleurs, la Pléiade quant à elle, (Ronsard et Du Bellay en tête), participa activement à la « Défense et
illustration de la langue française », en promouvant une poésie en français nourrie aux sources gréco-latines
à même de faire accéder ces auteurs à l’éternité.
2. LA PROSE
Le genre narratif oscille, lui, en brièveté (la nouvelle) et prolixité (le roman). D’une part, la nouvelle donne
dans la veine réaliste ; c’est le cas dans l’Heptaméron (1558), ce récit en sept parties et composé d’un
recueil de soixante-douze nouvelles correspondant à sept journées, publié par de Marguerite de Navarre en
1559 largement inspiré du Décaméron de Boccace. Mais ce condensé est dense dans la mesure où le
discours polyphonique révèle beaucoup à redire et empêche de se faire une idée précise sur la pensée de
l’auteur qui virevolte entre l’amour idéalisé et l’amour charnel, la saveur des textes sacrés et les abus au
sein de l’Eglise. D’autre part, l’œuvre romanesque célèbre de François Rabelais met en scène deux géants
qui donneront naissance, et tour à tour, à deux héros éponymes : Pantagruel (1532) et Gargantua (1535).
Souvent comique tout aussi que grotesque, le récit de leurs aventures chevaleresques vote aussi pour une
initiation à la sagesse. Ce gigantisme incarne métaphoriquement l’appétit de savoir (« abîme de sciences »)
auquel s’adonne l’humaniste sans s’économiser. Le Tiers Livre (1546) et Le Quart Livre 1548) n’en diront
pas moins.
3. L’ESSAI
À la frontière des genres, il faut ajouter les Essais (1580) de Michel de Montaigne. C’est une œuvre qui
embrasse les sujets les plus divers sur lesquels l’auteur s’essaie, c’est-à-dire met à l’épreuve ses jugements,
ses réflexions philosophiques loin de toute certitude. C’est pourquoi un essai peut être partisan ou
polémique. Cette liberté d’expression donne à ce genre littéraire son caractère engagé mais il séduit aussi
car si le style peut paraître violent, il offre quand bien même une grande variété d’expressions, allant du
monologue à l’argumentation, en passant par l’information, la critique, la description, le portrait, la
narration, l’anecdote, la maxime, l’illustration, le dialogue simulé… Toute cette palette au service de
l’écriture offre donc une diversité qui donne libre cours à la pensée philosophique sur ce siècle riche en
événements et en sujets de conversation sur l’humaine condition.
CONCLUSION
Ainsi, l’humanisme voit le jour à la Renaissance mais trouve nombre de ses principes dans l’Antiquité. Au-
delà des doutes que font surgir les conflits religieux et coloniaux, il affirme une confiance nouvelle dans
l’humaine condition à laquelle il consacre ses travaux et qu’il célèbre dans ses réalisations.
Issa Laye DIAW

Le resume

Définition
~----------------------~
- Le RÉSUMÉ est un exercice de contraction de texte d'où le candidat est appelé à diminuer
ou de réduire un texte de manière à ce qu'on dit en peu de mots ce que l'auteur a dit en
plusieurs mots tout en restant fidèle au texte. Ainsi il doit suivre à la lettre les différents
enchaînements du texte. Il est interdit dans un résumé de donner son opinion ou un jugement
personnel.
Comment compter les mots d'un texte à RÉSUMÉ ?
Un mot: est une unité typographique isolée par deux blancs à l'écrit ou d'une pause à l'oral.
Exemple Jean de la Fontaine ( 4 mots), Charles de Gaulle ( 3 mots ).
NB Tous les petits mots: ( articles, conjonctions, pronoms...) comptent pour 1 mot.
Les cas particuliers
Les dates comptent pour 1 mot Exemple 2019 ( 1 mot ).
Les pourcentages comptent pour 1 mot Exemple 80 % ( 1 mot ).
Les sigles comptent pour 1 mot
Exemple ONU = ( 1 mot ).
Les mots composés on considère que le tiret sépare deux mots au même titre qu'un espace.
Exemple
C'est-à-dire = ( 4 mots ) parce qu'on élude la rencontre de deux voyelles e (C'est à dire = Ce
est à dire ).
_- Après-midi_ = ( 2 mots ),
- Chou-fleur = ( 2 mots ).
Mais aujourd'hui = ( 1 mot ).
Socio-éducatif ( 1 mot ) puisque les deux unités typographiques sont insécables. Pour réussir
un résumé de texte.
Il faut respecter les étapes essentielles ci-après
Étape 1:
Procéder tout d'abord à une lecture attentive et intégrale du texte afin de découvrir les
thèmes : thème général (de quoi parle t-on dans le texte ?) et thème particulier (quelle est
l'opinion de l'auteur sur la question du thème général ?) afin d'en comprendre le contenu du
texte à résumer.
Étapes 2:
Faire la partition du texte s'il n'en est pas. La suppression des détails inutiles à savoir :
parenthèses, dates, chiffres, discours directs, citations, comparaison, exemples à l'appui, noms
propres de lieux ou de personnes. Faire le résumé partie par partie du texte en prenant en
compte seulement ce qui est essentiel c'est-à-dire l'argumentation.
Étapes 3:
Donner un sous titre aux différents enchaînements ou mouvements du texte.
Étapes 4: Calcul de l'échelle
Exemple Résumer ce texte de 364 mots au 1/3 de sa longueur avec une marge de tolérance de
plus ou moins 10%.
- On calcule le nombre de mots de notre résumé en multipliant le total des mots du texte par
1/3.
Calcul du nombre de mots exacts de notre résumé
364 × 1 : 3 = 121,3
donc nous avons 121 mots.
- Ensuite pour calculer la marge de tolérance, on prend le résultat obtenu sur le nombre de et
on le multiplie par le pourcentage
Résultats X 10 / 100
Calcul de la marge de tolérance
121 × 10 : 100 = 12,1
121+12 = 133 maximum.
121-12 = 109 minimum.
Max: 133 et 121 Min: 109.
NB On n'arrondit que lorsque le chiffre après la virgule dépasse 5.
Étapes 5: Le résumé proprement dit.
Il faut résumer en suivant l'enchaînement ou les mouvements du texte.
Il faut
Éviter les expressions du genre l'auteur pense, dit ou croit que (apanage du commentaire) et
en essayant de se mettre à la place de l'auteur.
Ne dîtes pas
<< L'auteur pense que le monde est plein de mystère >>.
Mais dîtes plutôt
<< Le Monde est plein de mystères. >>
Rester fidèle aux idées du texte : les idées du texte, rien que les idées du texte, toutes les idées
du texte.
En restituant les idées du texte, employer vos propres termes.
Employer des connecteurs logiques pour montrer la progression du texte.
Ne pas trahir le ton du texte à savoir les tonalités (pathétique, épique, polémique, ironique ou
didactique).
Corriger les maladresses tout en respectant l'échelle, ne pas oublier d'inscrire en bas du
résumé en toute honnêteté. (Nombre de mots).

Quelles sont les fonctions de la littérature ?

Question complexe que celle-ci, souvent source d'inspiration et sujet de dissertation quand on suit des
études de lettres. Si la question est vaste, c'est surtout parce que la littérature peut avoir plusieurs fonctions
selon le point de vue étudié. Aujourd'hui, nous allons tenter d'y voir plus clair sur les 8 principales
fonctions de la littérature.
L'esthétique
L'art littéraire a été créé dans le but de transmettre la beauté par les mots, afin que le lecteur puisse profiter
de chacun des paragraphes qu'il lit. L'esthétique et la conscience sociale sont les clés initiales pour que le
lecteur continue à lire la totalité du texte. L'utilisation de ressources littéraires telles que les métaphores ou
les comparaisons sont généralement des éléments d'innombrables oeuvres, entre autres.
Le social
L'oeuvre littéraire est le témoin d'une époque sociale et d'une hiérarchie typique de son époque. Ce type de
document aide le lecteur à connaître les problèmes actuels ou passés, à s'adapter à un nouvel environnement
et à connaître les richesses ou les malheurs existant à cette époque. L'histoire des petits villages, des grands
royaumes ou des communautés actuelles est racontée de façon ludique et esthétique afin de transmettre une
expérience d'apprentissage au lecteur.
Le culturel
Comme tout autre type d'art, l'être humain façonne ses intérêts, ses idéaux, ses coutumes, sa culture, son
existence et ses désirs. La littérature est une forme de transmission des valeurs universelles de l'humanité
ou de l'auteur de l'époque lui-même. Il sert de moyen de transmission de la culture passée ou présente sur
un événement pertinent pour son créateur.
La musique
La littérature, en utilisant sa fonction esthétique, utilise des éléments du langage qui fournissent un son
harmonieux et agréable. Il utilise donc des ressources littéraires telles que la rime et le rythme, non
seulement dans la prose et la poésie, mais aussi dans d'autres textes. Le langage utilisé par l'auteur peut
avoir un impact sur sa sonorité, étant complété par l'esthétique pour donner plus de force et de vigueur à
l'oeuvre présentée.
L'affectif
Le but de certains auteurs dans leurs histoires est de transmettre une valeur, une expérience d'apprentissage
au lecteur. Pour cette raison, la langue littéraire contient habituellement une grande charge émotionnelle,
plus grande que celle de la langue de tous les jours. Le but de l'écrivain est de transférer le lecteur dans son
monde, dans le livre et dans l'histoire qu'il raconte, de produire de nouvelles sensations, d'autres
expériences et d'ouvrir un autre monde d'opportunités pour le lecteur.
La symbolique
Le but de certains auteurs dans leurs histoires est de transmettre une valeur, une occasion d'apprentissage au
lecteur. Au-delà du langage direct, il s'attache à enseigner au lecteur un univers parallèle plein de nuances
et de doubles sens. C'est pourquoi il utilise le sens connotatif, symbolique et personnel. À travers diverses
figures littéraires, il parvient à communiquer des sentiments, des illusions et des idées.
L'évasion
Les écrivains utilisent la littérature pour exprimer leurs émotions et leurs conflits internes, ainsi que les
problèmes de la société ou de leur environnement immédiat. C'est donc un moyen d'évasion pour
transmettre ses préoccupations, ainsi que pour enseigner au lecteur.
L'engagement
Chaque oeuvre écrite fournit à son auteur un engagement envers son contexte historique et social, ainsi
qu'envers les valeurs ou les histoires qu'elle souhaite transmettre. Il doit être conscient qu'il peut traiter des
problèmes majeurs et les dénoncer à travers ses oeuvres afin d'essayer d'exprimer son point de vue et peut-
être influencer les lecteurs ou la société au sujet d'un certain événement.

Exposé de Coups de Pilon de David Diop !


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Par Adama Ndao, professeur de lettres modernes au lycée Ahoune Sané de Bignona, présentement au lycée
Demba Diop de Mbour analyse ici ses lectures et des œuvres au programme dans l'enseignement du
Sénégal.
_______________
INTRODUCTION
La Négritude s’est d’abord imposée comme un mouvement littéraire et socio-politique qui vise la
réhabilitation de l’homme noir dans toute son authenticité raciale c'est-à-dire un combat pour la libération
de l’Afrique. En effet, cette lutte ayant pour objectif la décolonisation de tout le continent noir et le rêve
d’une Afrique libre fut d’abord celui des intellectuels qui ont, par la plume, défendu les valeurs ancestrales
et les droits de leurs peuples. A l’instar de ces écrivains, David Diop viendra dans Coups de pilon, chanter
sa race, célébrer son continent, refuser la soumission, éveiller la conscience du peuple, condamner
l’aliénation, militer pour l’indépendance de toute l’Afrique.
I. BIOGRAPHIE ET BIBLIOGRAPHIE DE L’AUTEUR
David Diop est né d’un père sénégalais (Mamadou Yandé Diop) et d’une mère camerounaise (Maria
Mandessi Bell) le 09 Juillet 1927 à Bordeaux lors d’un congé de ses parents. Il foule le sol sénégalais pour
la première fois en 1931. A la suite du décès de son père en France David et ses sœurs et frères sont confiés
à une amie de la famille à St-Louis où il fréquente le prestigieux lycée Faidherbe. Durant l’année scolaire
1943-1944, brillant élève de Senghor en classe de seconde, il se présente avec succès en candidat libre à la
première partie du baccalauréat. Après l’obtention de la deuxième partie du baccalauréat l’année suivante
au lycée Louis le grand de Paris, il s’inscrit en faculté de médecine à Grenoble. Maladif, il subit une
intervention chirurgicale aux poumons et reste pendant deux ans interné à l’hôpital St-Hilaire.
En 1947 avec la naissance de Présence Africaine, il se voit publier trois poèmes qu’il dédie à Alioune
Diop : « Le temps du martyr », « Celui qui a tout perdu », « Souffre pauvre nègre ».
La même année, Senghor dont on connaît les exigences en poésie l’introduit dans son Anthologie avec
deux poèmes inédits (« Défi à la force » et « Un blanc m’a dit ») en ces termes : « Nous ne doutons pas
qu’avec l’âge, David n’aille s’humanisant. Il comprendra que ce qui fait la Négritude du poème, c’est
moins le thème que le style, la chaleur émotionnelle qui donne vie aux mots, qui transmue la parole en
verbe ». Ainsi pour Senghor, il manquerait au jeune David cette maturité de méditation qu’il acquérait avec
l’expérience.
En 1949, il publie dans Présence Africaine un article intitulé Rythmes et chants d’Afrique qui sonne
comme une autocritique quotidienne et rigoureuse des insuffisances rythmiques et méthodiques des jeunes
artistes africains.
En 1951, David se convainc d’abandonner les études de médecine pour entreprendre celles de lettres. Il
s’inscrit à Montpellier la même année et rencontre celle qui deviendra la mère de ses trois enfants, Rama
Kam (Virginie Kamara).
En 1953, il publie dans les numéros 3 et 4 de Présence Africaine le poème « A un enfant noir » et un article
sur les poètes africains. En 1956, il publie son unique recueil de poèmes, Coups de pilon.
De retour au Sénégal, il enseigne au lycée Maurice Delafosse en 1957/58 où il rencontre sa femme Yvette,
disparue avec lui dans la catastrophe aérienne du 29 Août 1960.
En somme à la lumière de cette approche biographique, nous retiendrons que David Diop, malgré sa
jeunesse tumultueuse a eu le mérite de surmonter sa souffrance, d’avoir affronté les études difficiles pour
s’élever. Au cœur de ses épreuves, au long de ses longues nuits d’hôpital il s’est identifié à son peuple
faisant de ses souffrances, de ses angoisses et de son espoir son credo.
II. ANALYSE DE L’ŒUVRE
Le titre
Le pilon est cet instrument domestique que les femmes utilisent pour moudre la céréale dans le mortier. Il
est donc un instrument de transformation qui permet à David de rapprocher son utilité à celle de la poésie
africaine qui doit se proposer de transformer les consciences africaines. Au-delà, le titre est aussi une
métaphore qui prolonge l’encrage du poète et son attachement à son Afrique.
Le titre renvoie à une signification pédagogique qui incite au travail mais au travail libérateur. C’est une
invite des africains au travail qui les attend en même temps qui les plonge dans une sorte de retour au passé,
au bon passé, le passé noble, le passé des pilons, seule vérité de l’homme noir. C’est dans cette perspective
qu’il faut placer les coups de pilon qui résonnent au contact du mortier, chant ample, scandé, tendre et
violent. Ils sont une invite au travail, à l’aube naissante d’un monde nouveau. L’aube, c’est l’heure
africaine par excellence, l’heure où l’homme des pays chauds peut oser défier le travail. C’est d’ailleurs à
l’aube que retentissent les coups de pilon symbole de la survie humaine.
Structure et thèmes du recueil
Le recueil, Coups de pilons, de l’édition originale est structuré en trois parties qui contiennent,
respectivement 17 poèmes ; Cinq poèmes et enfin Poèmes retrouvés renfermant 21 pièces.
Le recueil s’organise autour de trois thèmes majeurs : la dénonciation du colonialisme, la réhabilitation du
continent noir et l’appel des opprimés à la lutte libératrice qui correspondent à l’axe chronologique du
temps (Passé- Présent -Futur).
- La dénonciation du colonialisme
Ce thème permet à David Diop d’évoquer la situation qui prévaut à l’heure des colonies. C’est une situation
très difficile pour les africains exposés aux assassinats, aux vols, aux tortures… Le blanc renverse
complètement l’ordre naturel des choses. Adieu la tranquillité, adieu le bonheur, adieu la vie. C’est tout le
sens du poème « Celui qui a tout perdu », poème dont la structure (2 strophes) traduit bien la rupture entre
les deux époques : la première partie est consacrée à l’heureuse Afrique tandis que la deuxième partie
introduite par l’adverbe « Puis » décrit l’enfer créé par la situation coloniale. Aux éclats de joie succède le
silence lourd. Le soleil s’éclipse, l’uniforme de guerre couvre la beauté nue des enfants, le grincement des
chaînes remplace le son du tam-tam. On détruit, on asservit pour mieux piller. Hommes sans cœur, les
colons se vautrent dans les valeurs matérielles, le ravage spirituel, le carnage et les barbaries de toutes
sortes .On a affaire à des monstres, des vautours, des hyènes qui disent posséder la science et la technique
mais qui sont dépourvus de sentiments : cf. le poème « Les vautours » : « Hommes étranges qui n’étiez pas
des hommes / vous saviez tous les livres vous ne saviez pas l’amour ».
Mais il y a plus grave encore : ces savants qui transforment l’Afrique en un gigantesque abattoir tiennent
entre leurs mains un livre qui prêche l’amour. En fait, s’agissait-il de l’amour de faire des martyrs ? Cela en
a tout l’air comme l’atteste le poème « Le temps des martyrs » : « Le blanc a tué mon père car mon père
était fier, le blanc a tué ma mère car ma mère était belle ». En somme par des mots concrets, une syntaxe
simple, un langage économique et un style clair, l’auteur de Coups de pilon dénonce la colonisation en
accentuant la brutalité des colons.
- La réhabilitation du continent noir
Ce thème fait référence dans l’œuvre à l’évocation de l’Afrique d’antan qui contrairement à l’avis de ceux
qui l’ont transformée en enfer n’en était point un. Voilà pourquoi le poète regrette cette époque. Alors sans
verser dans le sentimentalisme excessif, David Diop affirme les valeurs originales du continent noir.
L’Afrique est la source de l’identité du noir où qu’il se trouve « Auprès de toi, j’ai retrouvé mon nom/ mon
nom toujours caché. O mère mienne et qui est celle de tous ». On voit donc que l’Afrique est la mère patrie
de tous les nègres, mère radieuse, symbole d’affection et d’altruisme. Cet Afrique mère protectrice est
comme un arbre qui protège de son ombre les valeurs ancestrales. Ainsi soutiendra-t-il à la page 33 du
recueil « Cet arbre –là, splendidement seul au milieu des fleurs blanches et fanées c’est l’Afrique, ton
Afrique qui repousse, qui repousse patiemment, obstinément et dont les fruits ont peu à peu l’amère saveur
de la liberté. »
Robuste et fort, on le voit, l’arbre résiste aux forces de destruction, déploie ses forces génératrices et
inlassablement fait naître de nouvelles pousses. L’arbre est également la source distributrice de l’énergie
nécessaire à l’émergence du peuple noir bafoué, peuple dont David révèle l’âme dans « A ma mère » « A
une danseuse » « Rama kam »
Pourquoi alors tant de féminité dans l’évocation des fastes culturelles qui réhabilitent l’Afrique ? Le sourire
paisible et réconfortant ainsi que la patience de la mère est symbole d’amour, de dignité et de confiance en
soi. La beauté sensuelle de la femme noire n’a rien à envier à celle d’une quelconque race supposée
supérieure. La jeune fille qui danse, cette danse, pur mouvement est l’expression passionnée de la joie de
vivre et de la chaleur humaine. Elle est également symbole de vie et l’inaltérable beauté de Rama Kam
renvoie à la beauté naturelle et sans artifice de l’Afrique : « Me plait ton regard de fauve et ta bouche à la
saveur de mangue Rama Kam ». Les allusions faites à la mère, à la danseuse et à Rama Kam ont permis à
David de réhabiliter l’Afrique dans le monde en insistant sur cette terre de beauté, de joie, de paix, de
rythme, de danse, de chaleur, d’hospitalité qui se fondent dans un univers lumineux et chaud preuve de
l’existence d’une culture et d’une civilisation sans équivoque.
- L’appel des opprimés à la lutte
Ce thème constitue la troisième variable de Coups de pilon. Au fait, qu’est-ce que le peuple noir à ce
moment précis de l’histoire ? David répond lui même, écoutons le alors « Le peuple que l’on traîne/ traîne
promène et déchaîne » comme un chien en laisse. Un peuple objet qu’on fait travailler jusqu’au sang pour
faire grassement les autres, un peuple otage, victime de son innocence, des ruses, des méchancetés et des
conspirations des autres. Mais c’est un peuple qui sait hurler. Et c’est précisément pour l’inviter à hurler
avec énergie et à refuser irrévocablement la soumission que David Diop offre au lecteur une vision rouge,
macabre et accablante des méfaits de l’esclavage. Révolte et libération telle est la voie du futur, voie pleine
d’embûches certes, mais O combien exaltante ! N’est ce pas le sens du cri de ralliement que lance David
Diop dans « Ecouter camarades ». C’est ce qui explique la valeur de l’impératif, le choix des éléments
destructifs et dévastateurs comme « incendie, crépitement, feu, ouragan, volcan » qui éveillent le peuple
noir et lui demandent de se lever et de crier NON. Voilà la condition essentielle à laquelle l’homme noir
retrouvera sa dignité. Dans Coups de pilon, le peuple noir se définira par la violence parce qu’il a été
violenté. Ainsi appréhendée, l’œuvre de David Diop est militante et foncièrement engagée. Il est alors le
poète des opprimés et de l’espoir.
III. LE SENS DU RECUEIL
La première fonction de la poésie, semble dire David Diop, est d’être un moyen d’expression, de libération
de l’homme en général et, pour l’Afrique des années 50-60 du XXe siècle, un moyen de défense et de lutte
contre toutes les formes d’oppression imposé par l’empire colonial. C’est grâce à elle que peut s’instaurer
l’équilibre du monde et se restaurer l’identité et l’authenticité africaines. Elle se veut une poésie militante.
Par la force des choses, elle se révèle une poésie de « témoignage », de refus ; une poésie violente qui réagit
contre toutes formes d’exploitation de l’homme par l’homme, contre les formes de violence, contre toutes
les formes d’hypocrisie, contre les illusions berceuses, contre les massacres perpétrés partout dans le
monde :
« Je ne suis pas né pour les plantations à profit
Je ne suis pas né pour fabriquer la Mort
Je suis né pour briser à coups de pierres dures
La carapace tenace de nos faux paradis » (p.45)
Comme les maîtres du mouvement de la Négritude, Senghor, Léon Gontran Damas et essentiellement
Césaire, David Diop veut forcer le respect du Blanc, « il ramasse le mot de nègre qu’on lui a jeté comme
une pierre, il se revendique comme noir, en face du blanc, dans la fierté ». Avant lui, Césaire a créé le terme
de « négritude » en 1933, qui désigne l’« ensemble des caractères, des manières de penser, de sentir propres
à la race noire » et « l’appartenance à la race noire », mais d’abord la volonté d’ « accepter », « la simple
reconnaissance du fait d’être noir et l’acceptation de ce fait, de notre destin de noir, de notre histoire et de
notre culture ». Senghor en fait aussi toute une vision du monde, toute une philosophie. David Diop, lui, va
plus loin, il veut arracher à l ‘homme blanc cette reconnaissance ; il ne se contente pas d’exiger la
reconnaissance de l’homme noir lui-même, c’est-à-dire l’acceptation de sa différence, mais rejette la
civilisation occidentale qui le révolte par ses valeurs. Le poème intitulé « Reconnaissance », qui fait partie
des 21 Poèmes retrouvés, est un véritable pastiche d’un fragment de Cahier d’un retour au pays natal de
Césaire.
Le ton est d’un sarcasme et d’une ironie singuliers. C’est un véritable pamphlet :
« Ö vous qui avez inventé
Fer à repasser
Bouton de col
Epingle à nourrice
Lunettes de soleil
Ma race vous crie : « Merci ! »
Au nom de la ci-vi-li-sa-tion » (p.57).
IV. LE STYLE DANS COUPS DE PILON
Le style de David Diop dans Coups de pilon peut être considéré comme ce que Senghor appelle « le style
nègre ». En effet cette poésie est aux antipodes de la poésie européenne avec ses multiples règles qui
bloquent l’inspiration. Dans Coups de pilon, on note au niveau des vers un mètre libre très proche de
l’oralité. Le poète, pour mieux exprimer sa révolte, a souvent recours aux figures d’amplification comme
l’anaphore, l’hyperbole, la concaténation… La personnification occupe aussi une place importante dans
cette poésie.
En outre, David Diop a recours à l’usage de la première et de la deuxième personne pour créer une certaine
complicité avec le lecteur. Le cri du poète est le même quel que soit le temps de l’indicatif employé : le
présent (« Toi qui pleures (« Défi à la force » p.38), le passé composé « Le Blanc a tué mon père » (« Le
Temps du martyre » p. 33), le passé simple : « Les rayons du soleil semblèrent s’éteindre » (p.35) ou
l’imparfait « Le soleil riait dans ma case » (« Celui qui a tout perdu » p.34).
L’auteur a constamment recours à l’impératif : « Souffre » (« Souffre pauvre nègre » p.36), mais ce mode,
par exemple, sert ici plutôt à traduire une indignation de l’auteur qui refuse de voir le Noir continuer à
accepter la soumission à l’homme blanc qu’à lui donner un ordre à exécuter. On pourrait alors comparer sa
poésie à un vaccin. A la manière des anticorps qui nous immunisent contre les maladies, David Diop nous
injecte la violence pour nous préparer à mieux y résister.
CONCLUSION
Coups de pilon est un hymne à la liberté, un cri de révolte contre toutes les formes d’oppression que
subissait l’Afrique à l’époque coloniale. C’est aussi une célébration de la lutte du peuple noir pour son
indépendance politique et pour l’affirmation de son identité. La réhabilitation de la race noire, de l’homme
opprimé se fait d’abord par la revalorisation de la culture négro-africaine et la remise en question des
valeurs de l’envahisseur.
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Adama Ndao, professeur de lettres modernes au lycée Ahoune Sané de Bignona, présentement au lycée
Demba Diop de Mbour analyse ici ses lectures et des œuvres au programme dans l'enseignement du
Sénégal

Correction bac 2020

Arthur Rimbaud, dans ses lettres adressées à Paul Demenÿ et son professeur George Izambard, nous dit que
« La première étude de l’homme qui veut être poète est sa propre connaissance, entière ; il cherche son
âme, il inspecte, il la tente, l’apprend ». Ainsi, c’est dans cette perspective de quête du moi créateur de
l’écrivain que s’inscrit la position de Marcel Proust qui pense que l’objectif premier des œuvres littéraires
ou du moins l’importance réelle des œuvres littéraires se résumait à nous expliquer de manière plus visible
la vie cachée des écrivains. En effet, la question qui se pose dans cette logique est de savoir, malgré sa
grandeur et son talent de créateur, le fait de démasquer sa vraie personnalité ne pousse-t-il pas l’écrivain à
modifier sa vie réelle en voulant dire la vérité ? Dès lors, dans le cadre d’un développement organisé nous
prouverons, d’abord, que la littérature par le talent de l’écrivain peut dévoiler la face cachée de la vie ;
ensuite, nous montrerons qu’elle peut pousser à l’écrivain habile à se détourner de son objectif rien que
pour déformer la réalité des faits ; et enfin, nous donnerons la fonction essentielle de la littérature qui n’est
rien d’autre que la recherche de la perfection formelle.
Proposition de développement
Schéma du développement
1e partie : La littérature par le talent de l’écrivain dévoile la face cachée de la vie
Phrase de présentation : La littérature comme connaissance de l’homme et du monde d’une part et d’autre
part la littérature comme fonction didactique.
Argument1 : La littérature est connaissance de l’homme et du monde
Exemple1 : Un exemple en substance de Zola
Exemple2 : Une citation de Maupassant
Exemple3 : Une citation de Mallarmé
Argument2 : La littérature comme une fonction didactique
Exemple1 : Une citation de la Fontaine
Exemple2 : Une citation de Jean-Paul Sartre
Exemple3 : Une citation en substance de Mariama Ba
Conclusion partielle + Transition
2e partie : La littérature par le talent de l’écrivain déforme la réalité des faits de la vie
Phrase de présentation : La littérature comme illusion par la représentation des personnages fictifs, d’abord,
et, ensuite, des histoires vraisemblables
Argument1 : La représentation des personnages comme des êtres de papiers
Exemple1 : Une citation en substance de Balzac
Exemple2 : Une citation de Maupassant
Argument2 : La représentation des histoires vraisemblables
Exemple1 : Une citation de Claude Roy
Exemple2 : Une citation de Maupassant
Exemple3 : Une citation de Maupassant
Conclusion partielle + Transition
3e partie : la littérature par le talent de l’écrivain cherche toujours sa perfection formelle.
Phrase de présentation : La fonction esthétique est mise en valeur d’une part selon le style d’une époque ou
d’un courant littéraire et d’autre part selon un renouvellement perpétuel des ressources du langage grâce au
travail des écrivains
Argument1 : L’esthétique littéraire selon une époque ou courant littéraire
Exemple1 : Une citation d’André Breton
Exemple2 : Une citation en substance du Classicisme avec Nicolas Boileau
Argument2 : La littérature comme travail sur la perfection formelle
Exemple1 : Une citation de Théophile Gautier
Exemple2 : Une citation de Charles Marie Leconte de Lisle
Exemple3 : Une citation en substance de Senghor surtout avec la Négritude.
Conclusion partielle.
Mise en valeur par des écrivains malgré ses aléas, la littérature est toujours présentée comme un cachet
imprimant les réalités de la vie dans les différentes œuvres littéraires. C’est la raison pour laquelle qu’il est
important pour nous de mettre en valeur la notion de la littérature comme un moyen susceptible d’explorer
le monde par la connaissance de l’homme d’une part et d’autre part par les enseignements qu’elle nous
procure.
D’abord, disons que pour dévoiler la face cachée de la vie, les écrivains ont besoin d’explorer le monde et
surtout de comprendre l’homme. En effet, cette tâche qui est à la fois difficile et complexe se révèle comme
un besoin pressant pour ces derniers d’autant plus qu’ils sont nés et grandis dans un environnement social
qui exige d’eux des réponses pour pouvoir avancer dans le temps et dans l’espace. C’est la raison pour
laquelle, la littérature se veut sociale voire même engagée en vue d’aider aux hommes de sortir non
seulement dans les embarras mais aussi de se découvrir eux-mêmes à travers des lectures. Une telle
conception est manifeste chez les écrivains réalistes et naturalistes qui se sont donnés pour objectif premier
de reproduire la réalité la plus fidèle possible en essayant d’appliquer les méthodes des sciences
expérimentales et de la philosophie positiviste d’Auguste Comte. Ainsi, prenant l’exemple d’Emile ZOLA,
nous avons pu comprendre que son objectif, surtout dans son œuvre Germinal, était de nous permettre
d’avoir une idée sur le monde des travailleurs des mines. Cela a permis donc aux mineurs de prendre
conscience sur leurs conditions précaires de travail, mais aussi de permettre l’écrivain de nous livrer des
informations fiables et réelles sur les conditions de travail de ces derniers. C’est peut-être dans cette même
logique que s’inscrit l’idée de Guy de MAUPASSANT qui, parlant du roman, pense que « Son but n’est
point de nous raconter une histoire, de nous amuser ou de nous attendrir, mais de nous forcer à penser, à
comprendre le sens profond et caché des événements ». Il est donc important pour le romancier ou
l’écrivain en général de guider les hommes tout en leur permettant de se connaître par eux grâce à leurs
talents et leurs imaginaires. Une telle approche trouve son expression dans la poésie symboliste où les
poètes estiment comme Marcel PROUST que la fonction de l’art ne réside pas dans les jeux du langage
mais une démarche dynamique qui nous amène vers une connaissance de l’univers et de l’homme. D’où la
pertinence de cette assertion de MALLARME qui nous dit que « l’Art, loin d’être un jeu, est une démarche
qui nous permet de retrouver la vérité profonde de l’univers, le monde des idées ». Donc, pour ces derniers,
la poésie demeure moyen efficace leur permettant d’accéder un monde caché. Cette ascension de l’esprit
peut faire aussi un objet d’enseignements.
Ensuite, les écrivains, par leurs talents de créateur, peuvent dévoiler la réalité des faits en donnant par la
même occasion des enseignements. En réalité, disons que la littérature a toujours offert aux lecteurs une
acuité de conscience tant sur le plan collectif que sur le plan individuel. C’est la raison pour laquelle,
certains écrivains considèrent leurs œuvres comme des véritables laboratoires où s’analysent des problèmes
de la société qui deviennent des motifs cathartiques et/ou pédagogiques. Ainsi, l’objectif premier de ces
derniers est de permettre la société d’avoir des lignes de conduite pour sortir dans les ténèbres de
l’ignorance. D’ailleurs, nous comprenons que pour saisir la volonté d’une population qu’il est toujours
important de leur permettre de se mirer dans ce grand miroir littéraire (c’est-à-dire la littérature). Ce travail
est salué d’un côté par des poètes fabulistes qui nous transmettent constamment des leçons de vie. C’est
peut-être dans cette même mouvance que Jean de La FONTAINE nous livre un ouvrage merveilleux et
riche en enseignements intitulé Les Fables ; c’est-à-dire un ouvrage dans lequel il imprime des histoires
insolites et instructives tirées des faits divers. On le retrouve surtout avec la fable du « Héron » qui avait
tout perdu les poissons en voulant tout gagner. Ainsi, cette cupidité est mise en valeur par cette leçon de
morale très instructive où le fabuliste nous interpelle fort bien sur ces cas de figure. En témoigne ces vers :
Ne soyons pas si difficiles :
Les plus accommodants, ce sont les plus habiles ;
On hasarde de perdre en voulant trop gagner.
Gardez-vous de rien dédaigner,
Surtout quand vous avez à peu près votre compte […]
Très instructive, cette assertion du fabuliste nous interpelle sur le comportement hautain et cupide de
certaines personnes. Ainsi, on voit mieux que par le biais de la poésie que les poètes nous enseignent nos
propres comportements d’autant plus que ces derniers considèrent la société comme malade de « cécité
acquise ou innée ». Il faut dire que seuls les écrivains sont à mesure de leur apporter de l’appétit de la
réaction en leur permettant d’agir pour ses propres comptes. Ces artistes et littérateurs sont donc
comparables aux prophètes, aux mages ou aux demiurges qui apportent de la lumière à leur peuple. C’est
dans ce sens que Jean-Paul SARTRE nous dit que « la fonction de l’écrivain est de faire en sorte que nul ne
puisse ignorer le monde et que nul ne s’en puisse dire innocent ». Il veut signifier qu’il est du devoir et de
la responsabilité de l’écrivain d’informer sur les maux de la société. C’est aussi la logique que s’est donnée
Mariama BA dans son roman Une si longue lettre où elle répond sans ambages la même intention en nous
permettant de découvrir certaines imperfections de la société sénégalaise tels que les gaspillages lors des
cérémonies, les problèmes de la polygamie, surtout l’épineuse question des castes. Nous pouvons donc dire
que la littérature est le chemin la plus efficace qui donne une idée à l’homme non seulement sur le monde
mais aussi sur sa propre vie.
En somme, nous pouvons affirmer que les écrivains sont des demi-dieux d’autant plus qu’ils sont les seuls
à être capables, grâce à leurs talents de créateur, de découvrir les réalités intrinsèques de la vie de l’homme
et de l’univers. Ils se révèlent aussi comme des vrais pédagogues capables de subvenir aux besoins des
hommes. Cependant, cette conception réaliste des écrivains est battue en brèche par les défenseurs de la
littérature illusionniste qui pensent que l’œuvre d’art n’est qu’un moyen qui nous permet d’accéder à un
monde imaginaire, irréel.
Le principe fondamental de la littérature est la fiction, car l’œuvre littéraire est le résultat d’un processus
qui passe par l’imaginaire des écrivains. Ces derniers ont non seulement cette virtuosité de nous présenter
des personnages fictifs qui sont à notre image mais aussi ils sont capables de nous imprimer dans ces
mêmes œuvres des histoires vraisemblables.
Premièrement, s’agissant des personnages nous pouvons dire que les écrivains sont des vrais créateurs.
Ainsi, ils se donnent une certaine liberté d’expression imaginative pouvant leur permettre de nous mettre en
valeur dans leurs écrits des êtres de papiers présentés comme des êtres vivants qui ont des fonctions et des
identifications sociales. Une telle affirmation est légion surtout dans l’univers romanesque où les
romanciers, à l’image de Dieu, nous présentent des personnages qui ont une allure purement réaliste. Pour
s’en convaincre il suffit d’étudier le schéma actanciel de d’Algirdas Julien GREIMAS qui nous a pu
montrer les fonctions des personnages notamment la fonction sujet, objet, adjuvant et opposant. Ainsi, nous
pouvons prendre l’exemple de Père Goriot d’Honoré de BALZAC en disant que l’aristocratie et les
personnages qui l’incarnent sont les buts que Rastignac fixe à son ambition dans cette même œuvre. On
voit alors que le projet de Balzac est de déformer la réalité des faits selon ses intentions dans le but de nous
livrer la réalité la plus proche des faits. Cela montre que les personnages demeurent des pions voire même
des jouets qui n’occupent que des rôles qu’on leur demande d’exécuter sans réaction. Partant de cela, les
écrivains en général et les romanciers en particulier devraient revoir leur définition de la réalité. C’est dans
ce sens qu’abonde Guy de MAUPASANT qui n’a pas pu cacher ses arguments en nous exposant toutes les
limites du réalisme dans sa Préface de Pierre et Jean. Ainsi, il nous dit que « Le réaliste, s’il est un artiste,
cherchera non pas à nous montrer la photocopie banale de la vie, mais à nous en donner la vision plus
complète, plus saisissante, plus probante que la réalité même ». En ouvrant une brèche de confiance à cette
citation, nous pouvons dire que les écrivains qui se disent réalistes sont loin de la réalité même qu’ils
décrivent d’autant plus que certains les conçoivent comme des illusionnistes. C’est cette même
représentation des personnages illusionnistes que l’on retrouve dans les œuvres théâtrales surtout avec les
personnages scéniques qui ne sont que des exécutants de rôles même si parfois nous pouvons saisir une
certaine réalité spécifique du théâtre ; car ces exécutants sont des êtres en chair et en os. Donc, disons que
les littéraires devraient plutôt s’appeler des illusionnistes de talents bien que certaines histoires sont parfois
très proches de la réalité des faits.
Deuxièmement, en dehors des personnages, il faut souligner que les écrivains sont des créateurs imaginatifs
qui nous mettent dans leurs œuvres des histoires vraisemblables. En effet, toute œuvre littéraire est
déterminée par le contexte dans lequel elle est née. Ce déterminisme contextuel pousse certains écrivains
dans la logique de la vraisemblance. Cependant, certains d’autres pensent que l’œuvre littéraire n’est rien
d’autre qu’une œuvre artistique. Et c’est grâce à leurs talents subtils qu’ils arrivent à nous faire croire que
certaines histoires ne relèvent que du vrai. En fait, il faut souligner déjà présent que toutes ces histoires
racontées ou mises en scène ne sont que des faits imaginaires émanant de l’écrivain qui, de par son talent de
créateur, arrive à tromper la vigilance du lecteur ou du spectateur. Cette capacité créative n’est que le fruit
d’un processus imaginatif. Ainsi, la plupart des écrivains ont ce don en eux et ils se considèrent comme des
mages capables d’expliquer le monde et la réalité des faits. Alors, nous pouvons dire que l’œuvre littéraire
ou du moins l’œuvre d’art n’est qu’un moyen qui permet aux écrivains d’atteindre leurs objectifs à savoir
s’inspirer de la réalité des faits sociaux tout en la déformant pour mieux dire la vérité. L’œuvre d’art
devient donc un moyen de passage qui leur permet d’accéder dans un monde beaucoup plus réaliste que le
monde dans lequel ils vivent. C’est dans cette dynamique que Claude ROY a pu soutenir que « Le
romancier a beaucoup de droits dont celui de mentir pour mieux dire la vérité ». C’est-à-dire tout romancier
a conscience que la société est très exigeante et qu’il est important de promouvoir des histoires
vraisemblables susceptibles de la donner des réponses éduquâtes et rassurantes par rapport à ses
inquiétudes. C’est également l’avis de Guy de MAUPASSANT qui soutient que « Faire vrai consiste à
donner l’illusion complète du vrai suivant la logique ordinaire des faits, et non à les transcrire servilement
dans le pêle-mêle de leur succession ». Cela prouve que le travail de tout écrivain se résume uniquement à
faire des choix entièrement subjectifs, c’est-à-dire des choix des thèmes, des histoires, des personnages
dans « pêle-mêle leur succession ». En d’autres termes, nous pouvons dire qu’ils modifient tout le temps
des histoires selon leur entendement. D’ailleurs, c’est la conclusion de MAUPASSANT qui nous dit que «
les Réalistes de talent devraient s’appeler plutôt des Illusionnistes ». Eu égard à cette position, il faut dire,
alors, que l’art est un luxe mensonger pour paraphraser ainsi Albert CAMUS qui pense que « le mensonge
est l’essence même de l’art ».
Au demeurant, cette partie nous a permis de comprendre que la littérature est un domaine de connaissance
qui a pour vocation de nous livrer constamment des histoires vraisemblables. Cela est mis en valeur par les
arguments portant, d’une part, sur la représentation des personnages de fiction, et, d’autre part, sur des
histoires proches de la réalité. Toutefois, force est nous de souligner en disant que toute œuvre qui se
respecte est tout simplement consubstantielle à la recherche du beau.
Proposition de la conclusion générale
Schéma de la conclusion
 Bilan des trois parties
 Point de vue personnelle
 Perspective
A la lumière de tout ce qui précède, nous avons pu comprendre que la littérature est un domaine aussi vaste
qu’important. Ainsi, notre étude dans ce sujet nous a aussi donné l’occasion aussi de prouver d’une part
qu’elle est toujours au service de la société en essayant de montrer la réalité de la vie, et d’autre part de
montrer qu’elle peut trahir cette réalité en nous donnant uniquement l’illusion du réel tout en voulant dire la
vérité. Pour ce qui est de la dernière partie, nous avons pu expliquer que la littérature est un champ où
s’exploite les ressources du langage qui font de cette dernière un domaine protéiforme. Nous pensons tout
de même que les écrivains ne sont que des illusionnistes qui veulent témoigner sans succès la réalité des
faits. Cependant, croyez-vous que la littérature peut faire abstraction sa fonction distractive en se limant à
ces fonctions susmentionnées ?
ANTIGONE de Jean ANOUILH.
INTRODUCTION.
S'il faut dresser une liste des dramaturges les plus en vue au XX ème siècle, nous ne pouvons pas manquer
d'y faire figurer Jean Anouilh en bonne place. En effet, ce talentueux dramaturge a marqué son temps de
son empreinte par la diversité de ses pièces et la nouveauté de son style. Pour cerner cette modeste étude
faite sur sa pièce théâtrale intitulée Antigone, je l'articule autour de quatre points : la vie et l'oeuvre d'abord,
le résumé de la pièce ensuite et, avant de parler de la portée significative de l'oeuvre enfin, je ne manquerai
pas de faire le portrait des personnages les plus influents.
I. LA VIE ET L'OEUVRE.
1. La biographie (vie de l'auteur).
Jean Anouilh est un auteur dramatique en même temps qu'un metteur en scène français dont le répertoire
riche et varié mêle le classicisme des sentiments à la nouveauté de la forme théâtrale. Né à Bordeaux en
1910, il fit des études de droit à Paris puis travailla dans la publicité, avant de devenir le secrétaire de Louis
Jouvet en 1928. Cette rencontre avec ce grand metteur en scène fut décisive dans sa volonté de se consacrer
au théâtre où ses premières pièces suscitèrent l'adhésion d'un vaste public. Il mourut à l'âge de soixante-dix-
sept ans, en 1987.
2. La bibliographie (oeuvres de l'auteur).
Ses premières pièces sont L'Hermine (1932), Le Voyageur sans bagages (1937) et La Sauvage (1938).
Anouilh se révéla également doué pour la comédie grâce notamment au Bal des voleurs (1938). Sous
l'Occupation, il donna deux adaptations modernes de la tragédie grecque (Eurydice en 1942 et Antigone en
1944) qui eurent un succès retentissant. Bien qu'il soit d'apparence classique, son théâtre comprend
quelques-unes des oeuvres les plus modernistes du XX ème siècle : L'Alouette (1953), une adaptation de la
légende de Jeanne d'Arc, Beckett ou l'Honneur de Dieu (1959) où, là encore, l'histoire est prétexte à une
création originale. En outre, il est parfois considéré comme l'auteur d'un théâtre de distraction ; il donna
effectivement des pièces de pur divertissement comme La Culotte (1978) ou encore Le Nombril (1981).
Dénonçant sans cesse le mensonge social, il développa un vaste réquisitoire contre la famille, l'amour,
l'amitié et tout ce qu'il considérait comme des idéaux naïfs, avant de se tourner vers un théâtre plus
autobiographique où se réaffirmait cependant sa nostalgie d'une pureté inaccessible : Le Boulanger, la
Boulangère et le petit mitron (1968), Les Poissons rouges (1970), Ne réveillez pas Madame (1970)...
II. LE RÉSUMÉ DE L'OEUVRE.
1. L'exposition.
L'exposition encadre d'habitude l'ensemble des premières scènes où règne la tranquillité. C'est aussi
l'occasion, pour l'auteur, d'exposer la naissance du conflit qui servira de trame aux événements qui
surviendront.
Dans Antigone, l'histoire commence à six heures du matin. Tout est tranquille mais la nourrice est inquiète
parce qu'Antigone, la jeune fille dont elle a la charge, n'a pas passé la nuit dans sa chambre. Celle-ci
apparaît pieds nus, salie par un peu de terre sur sa vilaine figure et ses petites mains. La nourrice la gronde.
Elle se défend en disant qu'elle vient d'accomplir son devoir moral : enterrer son frère Polynice. Sa soeur
Ismène, elle, avoue son manque de courage et son envie de vivre car on a interdit à quiconque (sous peine
d'être enterré vivant) d'accorder une sépulture au cadavre de Polynice jeté sous le chaud soleil pour s'être
battu à mort contre son frère aîné Étéocle.
2. Le noeud.
Le noeud correspond à une période de crise pendant laquelle la tension est tellement vive, la solution si
invisible, les relations si tendues, qu'on ne sait plus à quel Saint se vouer ni quelle issue, quelle trajectoire,
la suite de la pièce va épouser.
Dans l'oeuvre, Antigone récidive en retournant auprès du corps de Polynice pour tenter à nouveau de lui
offrir la sépulture qui sied à tout cadavre respectable. Cette fois, les gardes la surprennent, la mettent aux
arrêts et la conduisent manu militari auprès du roi Créon. Celui-ci veut la sauver car elle est avant tout une
citoyenne, sa nièce de surcroît et, mieux encore, sa future belle-fille, étant donné qu'elle est fiancée à son
fils Hémon. Il lui promet de supprimer les gardes qui sont des témoins gênants, à condition qu'elle ne
refasse plus la même bêtise.
3. Le dénouement.
Le dénouement regroupe l'ensemble des scènes où une issue au blocage commence à apparaître, qu'elle soit
heureuse ou malheureuse.
C'est cette dernière trajectoire que la fatalité choisit pour Antigone. En effet, elle est obstinée dans sa ferme
volonté d'enterrer son frère. La sentence sera exécutée après cette troisième tentative car elle sera enterrée
vivante telle que l'a décidé le conseil des sages du royaume de Thèbes. Ismène aura du courage pour la
première fois de sa vie puisqu'elle se suicidera, suivant sa soeur en enfer par cet acte solidaire et fraternel.
Incapable de supporter une vie sans sa bien-aimée, Hémon lui aussi décide de se donner la mort. C'est donc
un triple deuil pour Créon qui se sent seul, très seul, à la fin de la pièce. Il quitte la scène en affirmant avoir
l'impression d'être subitement vieilli par l'exercice du pouvoir.
III. PERSONNAGES PRINCIPAUX.
1. Antigone et Ismène.
Ce sont deux soeurs aux traits et tempéraments opposés, bien qu'étant très attachées l'une à l'autre.
Antigone est laide tandis qu'Ismène est belle à ravir. L'une n'a qu'une idée fixe (enterrer son frère) alors que
l'autre rêve d'amour et songe à sa toilette, au bal et à la belle vie. Antigone est brave et Ismène est peureuse.
La nourrice aurait aimé échanger ces traits physiques et moraux pour avoir la paix.
2. La nourrice.
Après la mort de leur père et mère (Oedipe et Jocaste), c'est elle qui a assuré la garde de ces deux filles.
Elle veille sur elles comme à la prunelle de ses yeux mais ne pourra empêcher le destin fatal de se produire,
malgré tous ses efforts et toute son autorité.
3. Créon.
C'est lui qui a été porté à la tête du pouvoir après la mort de son grand frère Oedipe. Il est donc l'oncle de
ces deux filles (Antigone et Ismène) et des deux garçons (Polynice et Étéocle). Chose plus plus complexe
encore : ce roi de Thèbes qui prétend exercer son pouvoir par une main de fer est aussi doux qu'un gant de
velours. Lors de plusieurs tête-à-tête, il tente en vain de sauver sa nièce ou sa future belle-fille. Il promet
même de supprimer les gardes qui ont surpris Antigone dans son entreprise audacieuse et réfractaire à la
loi.
4. Hémon.
C'est le prince, futur roi et futur époux d'Antigone qu'il aime passionnément. Malheureusement, il se révèle
incapable de sauver sa bien-aimée. Le dernier acte symbolique ou sa plus grande preuve d'amour qu'il lui
voue sera de la suivre dans la tombe où elle a été enterrée vivante.
5. Les gardes.
Ils sont les forces de l'ordre, les représentants de la loi. Leur rôle est donc d'exécuter les ordres du chef,
même s'il faut, pour cela, être brutal. Ils apparaissent sur scène toutes les fois qu'Antigone récidive.
IV. PORTÉE ET SIGNIFICATION DE LA PIÈCE.
1. L'actualisation du mythe.
Cette histoire a déjà été écrite par Sophocle, un grand tragédien grec du XVI ème siècle. (À lire absolument
pour mieux comprendre la source même du conflit). Anouilh a renouvelé ce mythe dans un tout autre
objectif ; en effet, la France vivait pendant la seconde guerre mondiale sous l'occupation allemande. Deux
choix s'étaient alors opposés. Les uns acceptaient de cohabiter avec l'ennemi (Maréchal Pétain) tandis que
les autres choisirent la résistance (Général de Gaulle). Justement, le personnage A.N.T.I.G.O.N.E est
l'incarnation de cette résistance. Rien que l'anagramme (les mêmes lettres du mot servent à créer un autre)
de son prénom la définit comme une véritable « N.E.G.A.T.I.O.N » d'une loi humiliante à laquelle elle était
incapable de se soumettre. Le dramaturge a préféré un personnage féminin comme la France et l'a vêtue de
toutes les qualités requises dans un univers de violence absurde qui rappelle au spectateur le chaos dans
lequel l'Europe se trouvait au moment de la création de la pièce. La pièce a tout l'air d'inciter implicitement
le peuple français à la révolte contre l'occupation arbitraire. Mais il est difficile de censurer une oeuvre dont
l'alibi repose sur une histoire mythologique.
2. Le style employé.
Anouilh a véritablement révolutionné le théâtre traditionnel en travestissant les règles qui le codifient. Il
mêle avec aisance les genres dramatiques à tel point qu'on n'ose plus appeler la pièce une tragédie (car il y a
tellement de scènes comiques), ni une comédie (étant donné que les personnages sont de sang royal), ni une
tragicomédie (puisque l'histoire se termine par un bain de sang), mais plutôt un drame. En outre, le langage
est retravaillé, modernisé à telle enseigne que les personnages, bien que d'origine antique, semblent très
proches de nous. C'est pour cette raison que la nourrice est un personnage créé de toute pièce. Enfin, quand
les gardes ou Ismène parlent par exemple, ils emploient un langage familier truffé du vocabulaire du XX
ème siècle. Le décor, les costumes et les objets bénéficient à leur tour du même traitement (souliers, robes
de soie, nounours, rouge à lèvres...)
CONCLUSION.
En conclusion, nous pouvons dire que la pièce est étonnamment moderne, dans le style comme dans le
thème, même si le sujet est emprunté à un dramaturge antique tel que Sophocle. Antigone fait partie de ces
oeuvres qu'on lit et dont on a envie d'assister à la représentation ; tellement le langage est travaillé avec
simplicité, tellement l'action théâtrale est bien enchaînée et tellement les personnages nous séduisent et
nous émeuvent, qu'on finit par se demander pourquoi l'auteur n'a pas emporté un prix Nobel de littérature...

Sujet : Selon Rabelais « science sans conscience n’est que ruine de l’âme »
Dans un développement ordonné, vous montrerez, d’abord, que la recherche de la connaissance participe à
la réalisation de l’idéal humaniste, ensuite, vous analyserez que la vertu consolide cette réalisation, et enfin,
vous justifierez de manière succincte que la sagesse humaine n'est possible que grâce à la complémentarité
entre savoir et vertu.
Pour traiter ce sujet, il nous faut une lecture imprégnation, c’est-à-dire une lecture essentielle qui permet de
mettre en valeur trois lectures qui seront susceptibles de nous aider dans la compréhension. Ainsi, ces trois
lectures sont : lecture compréhension (cherchez la contextualisation, l’opinion et la consigne), lecture
analyse (analysez les mots clés), et, lecture contrôle/évaluation (cherchez le thème, prédicat, et des
arguments si possible).
I. Compréhension ou lecture compréhension
1. Contextualisation
Dans ce sujet, la contextualisation c’est le nom de l’auteur de la citation à savoir Rabelais. Que savons-nous
de lui ? Comprendre sa biographie nous aide t–elle à élucider les contours du sujet ?
 Rabelais (1494-1553) est un auteur français du XVIe siècle ;
 Il fut moine, médecin et juriste ;
 Après avoir abandonné la vie monastique, il devient prêtre et voyage en France dans les villes
universitaires puis Rome ;
 Il échangeait tout le temps avec le hollandais Erasme (grand auteur humaniste) ;
 Il appartient mouvement humaniste qui avait pour objectif d’assurer l’accomplissement de l’homme
grâce à la recherche de la vraie connaissance, de la vertu et de la Sagesse (surtout dans ses deux œuvres
Pantagruel, 1532 et Gargantua, 1534).
Donc, au regard de toutes ces informations susmentionnées, nous pouvons dire que le contexte est
nécessaire d’autant plus que cette présentation de la biographie de Rabelais nous donne une idée claire du
sujet qui parle sur la plénitude de l’homme en ces termes : connaissance, vertu, et sagesse.
2. L’opinion
Dans ce sujet ci-dessus, l’opinion c’est la citation de l’auteur mise entre guillemets « science sans
conscience n’est que ruine de l’âme ». On peut dire que c’est sa position, son point de vue, sa vision du
monde, etc.
3. Consigne
Dans ce sujet, nous avons opté pour les consignes améliorées, c’est-à-dire, nous avons proposé ce plan
selon un objectif visé, selon ce que nous avons fait en classe, surtout avec le courant humaniste. C’est la
raison pour laque nous avons un plan clair rimé par des connecteurs logiques :
 D’abord : vous montrerez que la connaissance est indispensable pour assurer l’accomplissement de
l’homme ;
 Ensuite : vous analyserez que la vertu est essentielle et participe aussi la définition de l’homme
humaniste
 Enfin : vous justifierez que c’est grâce à la complémentarité de ces deux concepts que l’homme devient
sage.
Donc la consigne est claire et ne comporte aucune ambiguïté qui bloque la compréhension de l’élève.
II. Lecture analyse : analyse des mots clés ou des noyaux de résistances
Science : le mot science vient du latin « scientia » qui signifie connaissance, dériver du verbe « scire » («
savoir ») qui désigne à l’origine la faculté mentale propre à la connaissance. La racine « science » se
retrouve dans d’autres termes tels que la conscience qui signifie « avec la science » ; la préscience qui veut
dire « la connaissance du futur » ou l’omniscience « qui veut dire connaissance de tout ».
Le mot science est une polysémie, recouvrant principalement trois acceptions : « savoir, connaissance de
certaines choses qui servent à la conduite de la vie ou à celle des affaires », « ensemble de connaissances
acquises par l’étude ou la pratique ou organisation et synthèses des connaissances à travers des principes
généraux (théories, lois, etc.). Donc on peut dire tout simplement : science égale connaissance…# de la
science qui veut dire ce que l’on sait pour l’avoir appris, ce que l’on tient pour vrai
Donc, Science : connaissance, savoir
Sans : préposition, c’est une expression du manque, de la privation, de l’exclusion...
Conscience : « avec la connaissance », sentiment de soi-même ou on peut dire la conscience c’est la
présence immédiate et constante de soi à soi.
Ruine de l’âme : destruction de l’ensemble des qualités morales, destruction du principe spirituel, vital…
 Reformulation : l’absence des connaissances immédiates et constantes peut détruire les qualités morales
de l’homme.
La défaillance dans la connaissance immédiate et constante peut être fatale à la vie de l’homme.
 Problématique : Comment l’homme procède pour acquérir les connaissances et les qualités morales afin
d’assurer son accomplissement ?
 Plan possible :
1e partie : la nécessité de l’acquisition de connaissances pour pouvoir définir l’homme humaniste ;
2e partie : la nécessité de la recherche des qualités morales pour pouvoir définir l’homme humaniste ;
3e partie : la complémentarité entre savoir et vertu qui définit l’homme sage.
III. Lecture contrôle/évaluation
Thème : Science
Prédicat : « … conscience n’est que ruine de l’âme »
L’auteur a-t-il développé des arguments ? Non ? Quels sont les arguments qu’on propose ? Connaissance
des livres, connaissance des armes, connaissances des langues, connaissance à travers les voyages etc... La
vertu par la morale, la vertu par la tolérance, la vertu par la piété…
NB : On peut proposer plusieurs points
IV. La rédaction
L’Humanisme est une doctrine qui postule l’existence d’une nature humaine universelle et se donne comme
objectif principal l’accomplissement de l’homme. Ainsi, les écrivains ou savants humanistes peuvent
parfois déformer ou du moins détourner cet objectif en voulant faire bien l’être humain. C’est probablement
dans cette dernière perspective que Rabelais prévient tout le monde en disant que « science sans conscience
n’est que ruine de l’âme ». En termes plus clairs, on peut dire que le manque de connaissances immédiates
et constantes chez l’homme peut détruire ses qualités morales. Alors, la question qui prévaut est de savoir
comment l’homme procède pour acquérir des connaissances et des qualités morales susceptibles d’assurer
son accomplissement? Ainsi, dans un développement ordonné, nous montrerons, d’abord, que l’acquisition
de connaissance est très importante pour la réalisation de l’idéal humaniste ; ensuite, nous expliquerons que
la quête de la vertu est aussi nécessaire pour définir la vision humaniste ; et enfin, nous justifierons que la
plénitude de l’homme humaniste réside dans ce rapport entre savoir et vertu.
Pour assurer une plénitude de l’être humain, les humanistes avaient choisi plusieurs options parmi
lesquelles on peut citer la lecture des textes anciens et surtout les voyages d’apprentissage.
Disons que la première idée qui traversée les humanistes, c’était la découverte. Ainsi, pour faire face à la
nature des choses ou du moins pour découvrir le reste du monde, les savants humanistes avaient traversé
des océans, voyagé à travers le monde mais aussi dans toute l’Europe. Ces voyages et ces découvertes ont
joué un grand rôle dans les bouleversements des pensées et des changements de mentalités. C’est ainsi que
les récits de voyages permettent à tout le monde d’avoir une idée sur le monde, de comprendre que
l’Europe n’était pas le centre du monde. D’ailleurs les exemples des explorateurs tels que Christophe
Colomb en 1492 et d’autres sont illustratifs. On peut dire que le voyage enrichit nos connaissances et nous
permet de se départir de certains préjugés. C’est dans ce contexte que Du Bellay écrit son recueil de
poèmes les Regrets en 1558 pour témoigner de sa désillusion après son voyage décevant à Rome, capitale
d’Italie, considérée à l’époque comme la terre promise des humanistes. Donc nous pouvons dire que les
expériences de voyages renforcent les capacités intellectuelles de l’homme.
Par ailleurs, pour bien se définir comme des savants, les humanistes se lancent dans la traduction des textes
anciens afin de mieux comprendre le monde et de pouvoir lire convenable. C’est certainement dans cette
perspective que beaucoup d’entre eux prennent pour modèle l’Antiquité. En effet, la lecture devient le pilier
nécessaire pour s’humaniser. Ces lectures diverses et variées ont des impacts positifs dans le
développement des capacités de l’individu. D’où les recommandations de Gargantua à son fils dans
Pantagruel de François Rabelais. Ainsi, Gargantua invite son fils à pratiquer la lecture des hommes savants
en disant que « Le monde entier est plein de gens savants, de précepteurs très doctes, de bibliothèques très
vastes, au point que, me semble-t-il, ni au temps de Platon, ni en celui de Cicéron, ni en celui de Papinien,
on ne pouvait étudier aussi commodément que maintenant ». Il est important de souligner que la lecture
humanise l’homme, car qui voyage dans la lecture découvre et comprend beaucoup de choses. Par
conséquent, on peut dire que l’apprentissage des livres consolide les connaissances de l’homme et le forge
à devenir meilleur.
En résumé, cette analyse nous a permis de saisir l’importance des connaissances qui se manifeste d’une part
à travers des expériences de voyage, et d’autre part à travers des lectures intenses et variées. Tous ces
savoirs concourent à faire bien l’homme. Certes, nous pouvons dire que ces connaissances sont
importantes, mais il faut aussi reconnaître que la vertu participe à l’élaboration de l’homme humaniste.
Dans la perspective de mettre toujours en valeur l’idéal humaniste, il s’avère nécessaire de convoquer la
vertu qui, au regard des bouleversements religieux, peut jouer un rôle important tant sur le plan de la
tolérance que sur le plan de la pratique de la foi.
Il faut remarquer que l’apprentissage des enfants passe aussi par la pratique de la foi. En effet, étant sous la
domination de l’Eglise catholique, tous les enseignements humanistes étaient liés à ces pratiques de la foi
chrétienne. L’individu ne peut être considéré comme complet sans la pratique de la religion. L’homme vit
et se nourrit des principes religieux. Ainsi pour eux, ces pratiques permettent à l’enfant ou bien l’être
humain d’être en rapport avec la parole divine. Mais, aussi, de respecter les valeurs morales pour pouvoir
faire de l’homme un modèle qui consolidera surtout les rapports individuels et collectifs. C’est la raison
pour laquelle les écrivains humanistes se saisissent du message divin pour le traduire ainsi dans leurs
œuvres. En témoigne l’œuvre de Rabelais Pantagruel; une œuvre dans laquelle le personnage Gargantua, à
travers une série de recommandations, encourage son fils à servir, aimer et craindre Dieu. Ainsi déclare –t-
il « tu dois servir, aimer et craindre Dieu, et mettre en lui toutes tes pensées et tout ton espoir ; et par une
foi nourrie de charité, tu dois être uni à lui, en sorte que tu n’en sois jamais séparé par le péché. Méfie-toi
des abus du monde ; ne prends pas à cœur les futilités, car cette vie est transitoire, mais la parole de Dieu
demeure éternelle ». Tous ces conseils pratiques traduisent une fois de plus la volonté des humanistes à
faire de leurs enfants des hommes vertueux et sages.
En outre, avec les réformes mises en place dès le XVIe siècle en vue de changer certaines pratiques
religieuses comme le trafic d’indulgence, le courant humaniste était dans le chaos du désespoir. Il n’y avait
pas de la tolérance entre les hommes. C’est ce qui a occasionné même les guerres de religion entre les
catholiques et les protestants. Mais, de telles pratiques sont remises en cause par les intellectuels et des
hommes de bonne volonté qui prônaient pour la paix et la sociabilité. D’où l’invitation à la tolérance
religieuse entre les deux antagonistes dès 1598, avec la promulgation de l’Edit de Nantes. Cette initiative
salutaire avait pour fonction de reconnaître toutes les croyances religieuses et en donnant surtout le statut à
l’église réformée. Les auteurs humanistes, conscients de cette initiative, écrivent des œuvres pour renforcer
cet appel dans le but de promouvoir la vertu, principe de la moralité. Ainsi, c’est dans ce sens que Rabelais
nous dit, par le biais des conseils de son personnage Gargantua, que « Sois serviable pour tous tes proches,
et aime-les comme toi-même. Révère tes précepteurs. Fuis la compagnie des gens à qui tu ne veux pas
ressembler, et ne reçois pas en vain les grâces que Dieu t’a données ». Il appelle donc à la clémence, au
pardon et à l’amour du prochain qui, aux yeux de tous, constituent des valeurs cardinales pour assurer
l’accomplissement de l’homme et la stabilité de la société.
En somme, l’analyse de cette partie nous a permis de comprendre la notion de vertu qui se caractérise d’une
part par la pratique de la foi et d’autre part par la tolérance religieuse. Ces caractéristiques participent à la
consolidation et la définition de l’idéal humaniste. Toutefois, retenons que la plénitude de l’homme passe
par la complémentarité entre savoir et vertu.
Dans la conception humaniste, l’homme était considéré comme quelqu’un qui était au centre des
préoccupations. Sa formation en vertu et en savoir fait qu’il devient l’être le plus complet voire même le
plus sage. Ainsi, avec la perfection dans la recherche de la connaissance et dans la pratique des valeurs
cardinales, les humanistes voient en l’homme un abime de science d’autant qu’il a cultivé le principe de la
bienséance et son âme ne peut être malveillante. C’est probablement dans cette mouvance que Rabelais
nous dit que « Sagesse n’entre point dans une âme malveillante ». Cela veut dire que l’homme sage ne peut
s’inscrire ni dans des injustices ni dans malversations inquiétantes. Il est toujours et constamment dans la
quête initiatique du bien à travers des actions sociales ou religieuses. C’est aussi dans ce sens que
Gargantua, infatigable, recommande son fils de méfier les bassesses du monde en lui rappelant « Méfie-toi
des abus du monde ; ne prends pas à cœur les futilités, car cette vie est transitoire, mais la parole de Dieu
demeure éternelle. Sois serviable pour tous tes proches, et aime-les comme toi-même. Révère tes
précepteurs. Fuis la compagnie des gens à qui tu ne veux pas ressembler, et ne reçois pas en vain les grâces
que Dieu t’a données. Et, quand tu t’apercevras que tu as acquis au loin tout le savoir humain, reviens vers
moi ». La dernière phrase de la citation est frappante, car elle met en valeur la plénitude, l’accomplissement
de Pantagruel qui a acquis tout le savoir humain. Cette acquisition fait de ce dernier l’homme le plus
complet. Ainsi, cette phrase témoigne bien cette affirmation « je t’engage à employer ta jeunesse à bien
progresser en savoir et en vertu ». En termes plus clairs, il veut que son fils soit un homme vertueux, plein
de connaissances et qui utilise cette connaissance avec justesse pour pouvoir servir sa société.
Bref, on peut dire que savoir et la vertu font la sagesse de la personne. Et être sage, c’est avoir l’amour de
la connaissance, du prochain et d’agir dans la justesse de manière vertueuse.
En définitive, cette étude susmentionnée est d’une importance particulière, car elle nous a donnés
l’occasion de bien comprendre les notions de connaissance et de vertu. Ces deux principes participent ou du
moins définissent l’homme dans son ensemble en le présentant comme un être bienveillant et complet.
C’est-à-dire un homme sage. Nous pensons comme l’auteur de la citation que les connaissances de
l’homme doivent être utilisées à des fins meilleures. C’est ce que le savant sénégalais Cheikh .A.DIOP
avait martelé en ces mots « La plénitude culturelle ne peut que rendre un peuple plus apte à contribuer au
progrès général de l’humanité ». Cependant est-il possible d’utiliser ses connaissances de manière juste et
équitable ?

Champ lexical et semantique

n lexicologie, le terme "champ" est utilisé pour désigner la structure d'un domaine linguistique donné. Les
deux notions de "champ sémantique" et de "champ lexical" sont très souvent confondues. Toutefois,
lorsqu'on les distingue, on réserve généralement le terme "champ sémantique" pour caractériser le
fonctionnement propre à une unité lexicale, et celui de "champ lexical" pour décrire des relations entre
plusieurs unités lexicales.
A- #Le_champ_lexical :
On appelle champ lexical un ensemble de mots, d’expressions qui tournent autour du même thème, de
même idée ou du même domaine.
Les mots qui appartiennent à un champ lexical peuvent être des noms, des verbes, des adjectifs, des
adverbes ou des expressions.
Exemples :
Les mots : hôpital, médecin, opérer, bistouri, diagnostic, malade.
---> font tous partie du champ lexical de la médecine.
Les mots : montagne, vallée, fleuve, plaine, rivière.
---> font partie du champ lexical de la nature.
Les mots : entraînement, performance, record, stade, piscine
---> font partie du champ lexical du sport.
● Dans un texte, repérer les champs lexicaux, c’est pouvoir identifier tous les mots qui nous font penser aux
mêmes choses, cela nous permet de découvrir le thème principal d’un texte.
Exemple :
Extrait du "dormeur du val" de Rimbaud.
C’est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent; Où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.
Les mots verdure, rivière, herbes, soleil, montagne, val font partie du champ lexical de la nature.
Les champs lexicaux sont très utiles pour écrire un texte, décrire un paysage, un lieu, un personnage.
Les champs lexicaux peuvent être de plus ou moins grande importance selon le thème qu’il représente. Le
champ lexical de la nature est par exemple beaucoup plus étendu que celui de l’équitation car il englobe
beaucoup plus de choses.
En fonction du contexte, le même mot peut également faire partie de champs lexicaux différents.
Ex. : le mot "arbre" fait partie du champ lexical de (la nature), mais peut également faire partie du champ
lexical de (la généalogie).
● Fonctions du champ lexical :
Un champ lexical permet de :
---> étudier le thème principal du texte.
---> comprendre le sens des textes.
---> assurer une cohérence thématique.
---> renforcer une impression.
B- #Le_champ_sémantique :
Un mot a souvent plusieurs sens. On dit qu'il est polysémique.
L'ensemble des sens d'un mot forme son champ sémantique.
Certains mots n'ont qu'un seul sens (théière, sur, Chine...).
D'autres mots sont polysémiques; leur champ sémantique est étendu.
Ex. : les sens du mot "souris"
---> Sens 1 : Le chat de la ferme fait la chasse aux souris (petit mammifère).
---> Sens 2 : J'ai beaucoup de mal à utiliser ma souris (souris d'ordinateur), je n'arrive pas à cliquer
rapidement.
---> Sens 3 : Au restaurant j'ai mangé une délicieuse souris d'agneau (morceau de viande).
Les dictionnaires donnent le champ sémantique des mots, c'est-à-dire leurs différents sens. Ainsi, certains
mots seront définis sur une ligne; d'autres, qui ont un champ sémantique développé verront leur définition
s'étendre sur plusieurs colonnes.
#Les_différents_sens_du_mot :
● Sens propre et Sens figuré :
1 Le sens propre :
C'est le sens premier, le plus simple, le plus courant, celui qui dans le dictionnaire apparaît en première
place.
Ex. : Je n'arrive pas à remettre le bouchon de cette bouteille ---> sens propre.
2 Le sens figuré :
Le sens figuré est un deuxième sens plus abstrait.
Ex. : Nous sommes arrivés tard; nous avons été pris dans un bouchon ---> sens figuré.
● Sens général et Sens spécialisé :
1 Le sens général :
Le sens général d'un mot désigne sa signification générale plus commune.
Ex. : le mot "la puce" est un insecte qui sautille, c'est un sens général.
2 Le sens spécialisé :
Le sens spécialisé d'un mot désigne sa signification particulière dans un domaine de connaissance défini.
Ex. : le mot "infarctus" est utilisé en médecine pour indiquer la nécrose (mort de cellules) de tissus d'un
organe.
● Sens concret et Sens abstrait :
On oppose généralement le sens concret et le sens abstrait que peut prendre un même mot.
1 Le sens concret :
Il renvoie à un objet, à une chose matérielle. Il réfère au monde physique perçu par les sens (nature, objets,
êtres, animaux, sensations, actions).
Ex. : Je rénove la cuisine.
---> "Cuisine" est employé dans son sens concret, il s'agit de la pièce d'une maison, élément observable et
tangible.
2 Le sens abstrait :
Il réfère à une idée, à une chose qu'on ne peut voir ni toucher. Il renvoie à la pensée, à ce qui perçu par
l'esprit. Il ne désigne pas une chose, mais une caractéristique ou une qualité de celle-ci.
Ex. : Je prends un cours de cuisine.
---> "Cuisine" est employé dans un sens abstrait qui réfère à l'art culinaire, concept non observable à l'oeil
nu.
● Sens fort et Sens faible :
1 Le sens fort :
le sens fort à une valeur expressive plus grande.
Ex. : Marie est affamée.
---> "Être affamé" a un sens fort et signifie que Marie doit manger immédiatement.
2 Le sens faible :
le sens faible renvoie à une valeur expressive moindre
Ex. : Marie a un petit creux.
---> "Avoir un petit creux" a un sens faible et signifie que Marie peut certainement attendre avant de
manger.
N.B :
Ex. : Marie a faim.
---> "Avoir faim" a un sens neutre, c'est-à-dire ni fort ni faible. On ne sait jusqu'à quel point Marie désire
manger.
● Connotation et dénotation :
1 Connotation :
Les mots peuvent acquérir des sens ajoutés aux sens ordinaires en fonction du contexte et de chacun des
interlocuteurs. C'est un sens second, plus subjectif et variable (la connotation).
La connotation est une appréciation subjective (issue d'un point de vue particulier) que porte un mot.
Ex. :
- Au matin de sa vie.
"matin" ---> l'idée de renouveau, de début. (quand il était tout petit).
- Quand il parle comme ça, je vois rouge.
"rouge" ---> l'idée de violence ou de danger. (je suis énervé).
• Le sens mélioratif :
Si la connotation (appréciation subjective) d'un mot est positive, le sens du mot est mélioratif (comme dans
améliorer).
Ex. : Napoléon est un grand homme.
---> "Grand" est un adjectif employé dans un sens mélioratif puisqu'on l'utilise pour vanter les mérites de
Napoléon, ce qui n'a rien à voir avec sa taille.
• Le sens péjoratif :
Si la connotation (appréciation subjective) d'un mot est négative, le sens du mot est péjoratif.
Ex. : Cet article est paru dans une petite revue à potins.
---> "Petite" est un adjectif employé dans un sens péjoratif puisqu'on l'utilise pour dénigrer la valeur de la
revue.
2 Dénotation :
Les mots ont un ou plusieurs sens précis admis par tous et définis dans les dictionnaires. C'est le sens
premier et stable : la dénotation.
Ex. : "
- matin" ---> moment qui commence la journée.
- "rouge" ---> couleur précise.
● Sens contextuel (selon le contexte) :
Le sens contextuel désigne la signification précise d'un mot dans une expression, une phrase ou un texte.
C'est le sens du mot par rapport au contexte. Un même mot peut avoir plusieurs sens, mais le lecteur doit
expliquer selon le sens le plus logique dans le texte.
Ex. : "mon père" peut désigner à la fois un père biologique et un prêtre, donc, dans ce cas le lecteur
explique seulement le sens le plus adapté au texte.
● Sens grammatical (selon l'emploi grammatical) :
Le sens d'un mot peut dépendre de son emploi grammatical.
Son sens peut varier selon :
1 Sa classe grammaticale :
Ex. : Juliette crie fort (bruyamment, adverbe) ; Un homme fort (vigoureux, adjectif) ;
2 Sa place quand il s'agit d'un adjectif :
Ex. : un curieux enfant (étrange); un enfant curieux (indiscret).
De toute manière le sens d'un mot ne peut se comprendre que d'après le contexte dans lequel il se trouve :
Ex. : "Il est bouché", peut être prononcé dans deux contextes différents et n'aura pas le même sens.
---> Il est bouché (dit-il en montrant son nez).
---> Il est bouché (dit-il en parlant de quelqu'un qui refuse d'accepter quelque chose).

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