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Présentation d’un personnage, Yasmina la Bédouine, qui vit en Algérie, près de Timgad, nord-est du
pays.
Terre sacrée qui a du vécu.
Terre aride à la rare végétation qui semble pourtant magnifique : émerveillement face aux couleurs
des chardons.
Terre désolée et magnifique qui a forgé le caractère de Yasmina.
Contraste entre l’aridité, la dureté de la terre et la magnificence du passé de ce lieu.
Sorte de magie due à la présence des chardons et des rares plantes dans ce paysage séché par le
soleil.
Béat de Murat, Lettres sur les Anglais et les Français, lettre II, 1725
Je continue, Monsieur, à vous rendre compte de ce que je pense des Anglais, et je continue d’autant
plus volontiers que vous m’assurez que ma lettre vous a diverti. Celle-ci vous apprendra quels sont
leurs plaisirs, ou du moins quel est celui du théâtre, qui est le plus considérable.
Les Anglais prétendent y exceller : ils trouvent dans la diversité des manières de vivre de leur nation,
et dans l’imagination singulière de leurs poètes, de quoi surpasser les Anciens et les Modernes ; c’est
ainsi que s’en expliquent quelques-uns d’entre eux. La vérité est qu’on aime beaucoup à lire leurs
écrits, quand ils parlent d’autre chose que de ce qui les regarde eux-mêmes ; mais un Anglais, sur sa
nation, et sur tout ce où il croit qu’elle excelle, ne manque guère d’outrer les choses et de fatiguer le
lecteur. Je n’entreprendrai pas ici la cause des Anciens ; je dirai seulement que toute personne qui a
du goût et qui aime ce qui est naturel, toute personne accoutumée à Molière ne se plaira pas
beaucoup aux comédies anglaises, qui le plus souvent sont remplies de pointes d’esprit et d’ordures ,
bien puisque sur toutes sortes de sujets il faut qu’ils se préfèrent au reste du monde, on leur est bien
obligé lorsqu’ils choisissent les habiles d’entre eux pour emporter cette préférence. Si pourtant il
était permis de ne se pas soumettre à la décision de ces messieurs, et que sans trop m’aventurer
j’osasse dire mon sentiment sur ce sujet, je dirais que Ben Johnson, quoique véritablement grand
poète à certains égards, est inférieur à Molière en beaucoup de choses. Plus que de traits fins qui
fassent plaisir et qui soient de quelque usage. Cependant c’est à Molière surtout qu’ils aiment à se
préférer, et c’est lui qu’ils maltraitent.
Pour le venger en quelque sorte, autant que pour vous faire connaître le théâtre anglais, je vous
parlerai ici de leurs comédies ; et si j’y emploie toute une lettre, vous vous souviendrez que la
comédie est une bagatelle privilégiée, et que de tout temps on a vu même des gens graves non
seulement s’y amuser, mais en parler aussi sérieusement que si c’était une affaire importante.
L’Angleterre, aussi bien que la France, a eu sa plus haute période pour la comédie.
Ben Johnson, qui vivait au commencement de ce siècle, est le poète qui l’a portée le plus loin. Que
ce soit lui que les Anglais préfèrent à Molière, à la bonne heure ; puisque sur toutes sortes de sujets
il faut qu’ils se préfèrent au reste du monde, on leur est bien obligé lorsqu’ils choisissent les habiles
d’entre eux pour emporter cette préférence. Si pourtant il était permis de ne se pas soumettre à la
décision de ces messieurs, et que sans trop m’aventurer j’osasse dire mon sentiment sur ce sujet, je
dirais que Ben Johnson, quoique véritablement grand poète à certains égards, est inférieur à Molière
en beaucoup de choses.
Lettre critique qui opère une différence entre la comédie française et la comédie anglaise.
Critique des Anglais que Murat trouve prétentieux, orgueilleux.
Définition de la comédie qui doit faire rire et critiquer.
Evocation de la querelle française des Anciens et des Modernes.
Comparaison entre la comédie de Molière et la comédie de Ben Johnson pour affirmer la suprématie
de Molière.
Comparaison de plusieurs villes qu’il a visitées et qui aiment la littérature pour mettre en valeur la
ville de Téhéran et l’exemple anecdotique du parfumeur vient illustrer le fait que Téhéran est une
ville littéraire. Même un parfumeur se passionne pour la poésie.
La poésie est au centre de ce récit de voyage avec des références littéraires et un extrait de poème.
Mise en avant de la curiosité artistique et littéraire des Iraniens.
Emerveillement de l’auteur face à Téhéran.
Tableau de confrontation
Proposition de rédaction
A travers un extrait de roman, un conte, une lettre et un récit de voyage, les auteurs de ce corpus se
demandent quelles découvertes offrent les voyages.
Pour répondre à cette question, ils vont montrer que le voyage permet de se découvrir soi-même et
de découvrir les autres, qu’il implique des surprises et qu’il donne l’opportunité de connaître
d’autres cultures.
En premier lieu, les auteurs expliquent que tout voyage permet de se connaître soi-même et les
autres en présentant les personnages principaux de chaque œuvre qui se sont tous découverts des
âmes de voyageurs lors d’un premier voyage.
Tout d’abord, les auteurs présentent les personnages qui aiment voyager comme Antoine de Saint-
Exupéry, dans son roman Courrier sud écrit en 1929 qui met en avant Jacques Bernis dont le métier
est aviateur, tout comme le romancier lui-même d’ailleurs. Mais les auteurs décrivent également les
personnages rencontrés lors des voyages. Ainsi, Isabelle Eberhardt, dans le conte « Yasmina, conte
algérien » extrait du recueil Au pays des sables de 1896, fait la description de Yasmina la Bédouine,
qui vit en Algérie, près de Timgad, nord-est du pays. Elle n’est pas à proprement parler une
voyageuse mais le récit permet d’en faire la connaissance. Béat de Murat, dans sa Lettre II des
Lettres sur les Anglais et les Français de 1725, en voyage en Angleterre fait la description critique du
caractère des Anglais qu’il trouve prétentieux, orgueilleux, tandis que Nicolas Bouvier dans son récit
de voyage L’Usage du monde de 1963, en voyage à Téhéran en Iran donne une description positive
des habitants de la ville et des Iraniens en général dont il vante la curiosité artistique et littéraire.
Ensuite, certains de ses personnages se sont découvert l’amour du voyage lors d’un premier
déplacement particulièrement marquant qui leur a donné envie d’en faire d’autres. Tel est le cas de
Jacques Bernis dans le roman Courrier sud de Saint Exupéry qui rapporte de manière originale le
premier vol de l’aviateur pour souligner le fait que, l’avion transportant des voyageurs, il exerce un
métier à responsabilité car la vie d’humains est entre les mains du pilote, d’autant que chaque
voyage recèle des dangers et le premier tout particulièrement. Il en est de même pour Béat de
Murat qui laisse entendre qu’il a déjà rédigé une première lettre qu’il a eu besoin d’approfondir avec
cette deuxième missive traitant d’une autre thématique mais toujours en rapport avec les
différences entre les Anglais et les Français comme le sous-entend le titre de son essai épistolaire
Lettres sur les Anglais et les Français qui révèle qu’il y a eu ensuite de nombreuses autres lettres.
En second lieu, après avoir décrit des personnages en voyage ou découverts lors d’un périple, les
auteurs vont mettre en valeur le fait que le voyage implique des surprises, c’est pourquoi les
voyageurs sont habitués à se déplacer et voyager instaure une vie difficile.
En effet, les personnages décrits sont habitués à voyager, même passent une grande partie de leurs
vies à se déplacer d’un pays à l’autre. Tel est le cas de Jacques Bernis, dans Courrier sud, qui a
effectués un grand nombre de vols d’un pays à l’autre, ce qui lui a donné de l’assurance, il est
désormais maître de son avion et Saint Exupéry anticipe le prochain trajet que va effectuer Jacques
Bernis ainsi que les nombreuses villes que le pilote va survoler. Il en est de même pour Nicolas
Bouvier qui explique qu’il a effectué des voyages dans des villes différentes sur des continents
différents, ce qui laisse entendre qu’il est habitué des voyages. Dans le cas de Béat de Murat, c’est
un peu différent puisqu’il semble être une sorte de reporter spécifiquement en Angleterre.
Cette vie toujours en déplacement est difficile, démontre alors Saint Exupéry à travers l’exemple de
Jacques Bernis. En effet, le pilote ne sait jamais en avance où il va aller et est averti de son départ la
veille au soir chaque fois, il n’a guère le temps de se poser entre deux vols, ce qui rend sa vie de
famille compliquée. Mais les vies croisées lors des voyages peuvent aussi se révéler dures. Isabelle
Eberhardt explique alors que vivre sur une terre désolée et aride a forgé le caractère de Yasmina et
Nicolas Bouvier démontre que les Iraniens, quels que soient leurs niveaux de pauvreté ou de
richesse, sont heureux grâce littérature et à la poésie qui est au centre de leur vie.
En dernier lieu, selon l’ensemble des auteurs, pour ces personnages qui aiment voyager, le voyage
est attirant car il permet la découverte d’un autre mode de vie, ce qui provoque leur
émerveillement, due notamment à la présence de l’art, même s’ils ne peuvent pas s’empêcher de
comparer le pays visité à leurs lieux de vie.
Tout d’abord, l’émerveillement est une émotion que les voyageurs ressentent, prouvent Saint
Exupéry, Isabelle Eberhardt, Nicolas Bouvier. En effet, tout le texte de Nicolas Bouvier est un éloge
de la vie à Téhéran qui est totalement subjugué par la ville et le mode de vie des Iraniens. Isabelle
Eberhardt est également fascinée par le pays de Yasmina la Bédouine ; elle décrit la terre comme
sacrée car elle a du vécu, et magique car, bien qu’aride, la rare végétation est pourtant magnifique.
Isabelle Eberhardt s’enthousiasme pour toutes les couleurs des chardons qui semblent pousser
comme par magie. Le contraste qu’Isabelle Eberhardt effectue entre l’aridité, la dureté de la terre et
la magnificence du passé de ce lieu, entre ce paysage séché par le soleil et la beauté des. chardons et
des rares plantes traduit son enchantement. Saint Exupéry, lui, traduit son émerveillement et celui
de Jacques Bernis face aux éléments du ciel qui, vivants, rendent chaque voyage unique et
extraordinaire.
Béat de Murat et Nicolas Bouvier positionnent l’art au centre de leurs voyages. En effet, Nicolas
Bouvier montre que la poésie est au centre de ce récit de voyage avec des références littéraires et
un extrait de poème car la littérature semble tenir une place primordiale dans la vie des habitants de
Téhéran. Béat de Murat, lui, rédige une lettre critique qui opère une différence entre la comédie
française et la comédie anglaise. Il définit ainsi la comédie et explique qu’elle est au centre de la vie
des Français comme des Anglais.
Enfin, Béat de Murat et Nicolas Bouvier effectuent une comparaison entre leurs lieux de vie et le lieu
visité pour justifier la suprématie d’un lieu ou d’une culture par rapport à une autre. Par contre, ils
n’en arrivent pas à la même conclusion. De fait, Béat de Murat cherche à prouver la suprématie
française. Pour cela, il compare la comédie de Molière et la comédie de Ben Johnson pour affirmer la
suprématie de Molière et se base sur querelle française des Anciens et des Modernes pour appuyer
son choix. A l’inverse, Nicolas Bouvier compare plusieurs villes qu’il a visitées et qui aiment la
littérature pour mettre en valeur la ville de Téhéran et l’exemple anecdotique du parfumeur vient
illustrer le fait que Téhéran est une ville littéraire car même un parfumeur se passionne pour la
poésie.
En conclusion, l’ensemble des auteurs a expliqué que le voyage permet de se découvrir soi-même et
de découvrir les autres, qu’il implique des surprises et qu’il donne l’opportunité de connaître
d’autres cultures, prouvant ainsi combien tout voyage est porteur de découvertes différentes.