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LFIAL1130 Approche

comparée des
littératures
européenne :
Partie du professeur Laurent Béghin.

Godart justine
ANNÉE 2019-2020.

Le romantisme. Europe latine et slave.


1. Introduction : Un romantisme tardif :
Décalage chronologique d’une bonne quinzaine d’années par rapport à l’Allemagne et à l’Angleterre.

2. La France :
Le romantisme en France. Une démobilisation des consciences ?

® 1789-1815 : Tourmente révolutionnaire, guerres napoléoniennes.


® Néo-classicisme : Fascination pour l’Antiquité.
® Héritage des lumières
® Après 1815 : libération du poids de la politique
® Parmi la jeunesse : Sentiment d’être né trop tard : « Mal du siècle », fascination pour
Napoléon (Stendhal, Hugo, etc..).

L’attrait de l’étranger :

® François-René de Chateaubriand (1768-1848), qualité de médiateur.


® États-Unis, Angleterre
® Milton, Shakespeare

Germaine de Staël (1776-1817) :

® Grande voyageuse : Russie


® Groupe de Coppet canton de Vaud : August-Wilhelm Schlegel, Friedrich Schlegel, Benjamin
Constant etc.. « L’Élysée intellectuel de toute une génération » Sainte-Beuve.

® Séjour à Weimar 1803 : Goethe, Schiller, Wieland.


® De l’Allemagne, 1813. Ouvrage fondamenal.

L’attrait de l’étranger. De nouvelles sources d’inspiration pour une plus grande liberté.

® La littérature allemande : le fantastique et le rêve (E.T.A Hoffman, 1776-1822), l’inspiration


populaire, nombreuses traductions (Faust, par Gérard de Nerval 1828).

® Le roman historique : Walter Scott (1771-1832), inspire de nombreuses œuvres (Victor Hugo,
Notre-Dame de Paris, 1831).

® Shakespeare : ligne de démarcation entre partisans et adversaires du classicisme. Stendhal,


Racine et Shakespeare (1823-1825) et la polémique anticlassique, Victor Hugo.

® Dante, le Siècle d’Or espagnol.

Fascination des origines :

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Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) et son exaltation de la nature.

Le Moyen Âge : Absence de règles, triomphe de la passion sur la raison.

3. L’Italie :
Une expression géographie :

® L’Italie dans l’orbite française.


® Triomphe du néo-classicisme.
® Le congrès de Vienne (1814-1815). Klemens von Metternich.
® Une mosaïque d’États sous influence autrichienne.

Les chemins de la liberté :

® Aspirations à plus de liberté, voire à l’unité de l’Italie. ` ®


Couleur particulière au romantisme italien.
® Ugo Foscolo (1778-1827) : écrit deux romains importants 12
® Alessandro Manzoni (1785-1873)3
® Giacomo Leopardi (1798-1837), un romantique problématique :
o Héritage des Lumières, matérialisme. o Pessimisme. o «
Weltschmerz » o Chants (1845, éd. posthume).
o Petites œuvres morales (1836).

4. Russie et Pologne :
L’occidentalisation de la Russie au XVIIIe siècle :

® Pierre le Grand (1672-1725).


® Saint-Pétersbourg (1703) : « Une fenêtre sur l’Europe ».
® Une littérature d’imitation (Mikhaïl Lomonosov, Denis Fonvizine, Ivan Krylov, Gavrila
Derjavine).

Les prémices du romantisme :

1 Ugo Foscolo, Les dernières lettres de Jacopo Ortis (1802). Modèle : Les souffrances du jeune Werther (1774),
de Goethe, thème politique, la disparition de la Républoique de Venise (1797).
2 Les sépulcres (1807). Modèle « Elegy Written in a Country Churchyard » 1751, de Thomas Gray, les tombeaux
des grands hommes d’Italie (Santa Croce, Florence).
3 Les fiancés (1827) : romain historique (Lombardie, XVII e siècle).
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® Vassili Joukovski (1783-1852) :
o Traduction de l’Élégie de Gray.
o Ludmila et Svetlana : Deux adaptations de la Lenore (1773) de Gottfried Bürger
(17471794).

® Alexandre Pouchkine (1799-1837). Un auteur polymorphe inspiré par la tradition européenne :


o Théâtre : Boris Godounoc (1825). Influence de Shakespeare. o Romain historique :
La fille du capitaine (1836). o Récits en prose, avec une dose de fantastique : La
dame de pique (1834). o Roman vers : Eugène Onéguine (1823-1830). Influence de
Byron. o Poésies lyriques.
o Contes et récits en vers : Le cavalier de bronze (1833), Le coq d’Or (1834).

® Alexandre Pouchkine et le romantisme :


o Inspiration shakespearienne (Boris Godounov). o Fantastique hoffmannien (La dame
de pique). o Exotisme orientalisant.
o Ennui byronien (Eugène Onéguine).

® Mikhaïl Lermontov (1814-1841) :


o Poésies lyriques et récits en vers.
o Un héros de notre temps (1840).

La Pologne au XIXe siècle : une nation sans État :

® Un « âge d’or » : les XVIe et XVIIe siècles.


® Une roche littérature en latin et en polonais : Nicolas Copernic (1473-1543), Jan Kochanowski
(1530-1584).

® Entre Autriche, Prusse et Russie, les trois partages de la Pologne (1772,1793,1795).

® Adam Mickiewicz (1798-1855) :


o Un homme de confins.
o o L’exil forcé en Russie, Pouchkine.
o o Paris, capitale de l’émigration polonaise.

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o o Un combattant de la cause nationale.
o o La mort à Constantinople.
o o L’inspiration « lituaninenne »
o o La lutte pour l’indépendance nationale :
§ Les aïeux (1823-1832).
o Poésies lyriques.
o Ballades dans le style populaire.
o Un roman en vers : Monsieur Thaddée ou la dernière incursion en Lituanie. Une
histoire de nobles en 1811 et 1812 (1834), amours de Tadeusz et Zofia, Napoléon.

® Adam Mickiewicz : un exemple de « sacre de l’écrivain » :


o La métamorphose du poète en prophète national.

o o La statuaire urbaine.

o o Sandor Petöfi (1823-1849), le grand poète hongrois

o o Les funérailles de Victor Hugo (1 er juin 1885).

Conclusion : un des apports du romantisme : un horizon culturel


élargi :
® Un dépassement du canon classique (Antiquité gréco-romain revue et corrigée par
l’enseignement des collèges, Renaissance italienne, classicisme français).

® Shakespeare et le théâtre élisabéthain.


® Le Moyen Âge européen.
® L’Orient : une « Renaissance orientale ? ». ®
Les philologies : une création romantique.

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Le Temps du Roman : Autour du réalisme.

1. L’irrésistible ascension d’un genre littéraire : l’essor du roman


au XIXe siècle :
Le roman avant le XIXe siècle :

L’ambition de bien des auteurs du XIX e siècle – Stendhal, Balzac, Hugo – était d’écrire des pièces de
théâtre. Néanmoins c’est le genre romanesque qui s’imposera partout en Europe, et même au-delà,
et finira par devenir, aux XXe et XXIe siècles, la forme littéraire dominante.

o Roman picaresque o Prolongement du roman picaresque au XVIII e


siècle : Moll Flanders, de Daniel Defoe.
o Ambitions pédagogiques : Robinson Crusoé (Daniel Defoe), Tom Jones…
o Collections d’aventures.

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Le roman n’est pas une invention du 19 e siècle.

Le roman au XIXe siècle : o Prolongement de l’héritage des siècles

précédents, le roman picaresque.

o Roman historique ; o Développement du roman des mœurs ; o


Ambition totalisante du roman du 19e siècle.

2. Un Dante du 19e siècle : Balzac et le projet de La comédie


humaine :
o 1840 : « L’illumination rétrospective » (La prisonnière, de Marcel Proust) ; o La comédie
humaine : regroupe les textes écrits par Balzac depuis 1829 et ceux que le romancier se
propose d’écrire par la suite ;
o Inspiration dantesque.

Une structure dantesque ;

o Trois parties ; o Mouvement ascensionnel, des effets aux principes ; o Une cathédrale
inachevée.

3. Le réalisme : une esthétique contestée :


Balzac ne parviendra pas à réaliser totalement son projet. Lorsqu’il meurt à cinquante et un ans, il
laisse une liste d’une cinquantaine d’ouvrages qu’il avait encore l’intention d’écrire. Contrairement à
l’œuvre de Dante, La comédie humaine est donc une cathédrale inachevée. Néanmoins l’ambition
totalisante de Balzac, celle de décrire toute une société à un moment de son histoire, inspirera
d’autres écrivains.

On parle souvent à propos de Balzac de « réalisme ». Le terme, qui semble remonter au XIX e siècle,
ne désigne pas une école à proprement parler. Il y a d’ailleurs beaucoup d’éléments fantastiques et
même ésotériques chez Balzac. On ne peut toutefois nier qu’il y ait chez lui, comme chez bien

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d’autres écrivains de son siècle, un goût marqué pour la peinture de la réalité, en particulier du
monde social. Les descriptions minutieuses – des lieux, des personnages – abondent dans son œuvre.
Elles sont également présentes chez la plupart des auteurs européens du XIX e siècle que l’on
regroupe, avec plus ou moins de raison.

Sous l’étendard du réalisme :


En France :

o Balzac : éléments ésotériques et fantastiques, mais aussi goût pour la description du


monde social ;
o Stendhal (1783-1880) : Le rouge et le noir (1830) ; o Gustave Flaubert (1821-1880) :
Madame Bovary (1857), L’Éducation sentimental (1869); o Le roman populaire : Eugène
Sue (1804-1857) et Les mystères de Paris (1842-1843).

En Angleterre :

o William Makepeace Thackeray (1811-1863) : La foire aux vanités [Vanity Fair] (1847-
1848); o Charles Dickens (1812-1870), David Copperfield, Oliver Twist, etc. o George
Eliot (1819-1880) : Le moulin sur la Floss [The Mill on the Floss] (1860): o Emily Brontë
(1818-1848), Les Hauts de Hurlevent [Wuthering Heights] (1847).

Un instrument de connaissance du réel : o La petite


bourgeoise de province (Madame Bovary) ; o
L’aristocratie provinciale (Le rouge et le noir) ; o Les
bas-fonds parisiens (Les mystères de paris) ; o Etc..

Une esthétique outrageant « les bonnes mœurs » :

L’esthétique réaliste n’est pas acceptée unanimement. Comme le montre plaisamment l’extrait de
Gérard de Nerval cité au début de cette leçon, les tenants d’un classicisme s’en méfient. Et pas
seulement pour des raisons littéraires. On l’accuse également d’outrager les bonnes mœurs ainsi que
l’illustre le procès intenté à Flaubert à l’occasion de la publication de Madame Bovary, ouvrage
accusé, en particulier pour les scènes où il est question d’amour physique, d’ « outrage à la morale
publique et à la religion ».

4. Du Roman Russe :

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o Époque de Pouchkine : âge d’or de la poésie ; o Déclin de la veine poétique après la mort de
Lermontov (1841) ; o Essor de la prose romanesque.

Nicolas Gogol (1809-1852) et Les âmes mortes : un nouvel essai dantesque :

o Les récits ukrainiens : Les veillées à la ferme près de Dikanka (1831-1832) ,Migorod (1835) ;
Taras Boulba (roman historique). o Les nouvelles de Pétersbourg : fantastique Hoffmanesque
; o Production théâtrale : Le revizor (1836).

Les âmes mortes (1842) :

o Les aventures de Pavel Ivanovicth Tchitchikov, o Tchitchikov, un picaro russe du 19e siècle ;
o Une Divine comédie russe : trois parties, du triomphe du mal au triomphe du bien.

Autour de Gogol :

o Ivan Tourgueniev [Ivan Turgenev] (1818-1883), dont le long séjour en France – l’écrivain a
longtemps vécu à Bougival, non loin de Paris – et l’amitié de Gustave Flaubert lui valurent
d’être rapidement traduit en français et de devenir en France, selon le mot du vicomte de
Vogüé (cf. infra), « un missionnaire de l’esprit russe ». Dans ses romans et nouvelles, il est,
entre autres, le peintre de la Russie rurale, des gentilshommes campagnards. Le conflit des
générations (Premier amour [Pervaja ljubov’, 1860], Père et fils [Otcy i deti, 1862]), les
rapports de la Russie avec l’Occident (Fumée [Dym], 1867) sont quelques-uns de ses thèmes ;
o Ivan Gontcharov [Ivan Gončarov] (1812-1891) : Oblomov (1859).

Fiodor Dostoïevski (1821-1881) : du bagne à la création romanesque :

o Intérêt pour le socialisme. Charles Fourier (1772-1837). Le cercle Petrachevski.


o L’arrestation et le bagne en Sibérie (1849-1858) ; o Du progressisme à l’autoritarisme ; o
Sous le signe du christianisme. o

Dostoïevski : les premières œuvres :

Dostoïevski avait déjà publié quelques ouvrages très remarqués avant sa déportation (Pauvres gens
[Bednye ljudi], 1846 ; Le double [Dvojnik], 1846, etc.). Il y apparaît comme un continuateur de Gogol
(en particulier celui des Nouvelles de Pétersbourg). Le jeune écrivain a également assimilé quelques-
uns des courants les plus récents de la littérature européenne : le fantastique hoffmannesque, le
réalisme balzacien (en 1844, il a publié une traduction d’Eugénie Grandet).
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Dostoïevski : les œuvres majeures :

o Les récits de la maison des morts [Zapiski iz mërvtogo doma] (1861), qui est un témoignage
sur les années que Dostoïevski a passées au bagne.
o Les cinq grands romans :
o Crime et châtiment [Prestuplenie i nakazanie] (1866) ; o L’idiot [Idiot] (1868) ; o Les démons
[Besy] (1872) ; o L’adolescent [Podrostok] (1875) ; o Les frères Karamazov [Brat’ja
Karamazovy] (1881).

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Multiples sources :

Les romans de Dostoïevski s’abreuvent à plusieurs sources : Hoffmann et le fantastique ; Balzac pour
la peinture sociale ; le roman populaire à la Eugène Sue pour la multiplicité des personnages, la
complexité de l’intrigue, la trame policière (il est question de meurtre dans plusieurs d’entre eux), les
innombrables rebondissements.

Mais ce qui distingue ces ouvrages, c’est leur acuité psychologique. Dostoïevski éclaire la psychologie
des profondeurs.

Autour de la fin-de-siècle.

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1. Le naturalisme n’est pas seul :
L’esthétique réaliste, en particulier dans sa variante naturaliste, n’est pas seule à inspirer la création
littéraire à la fin du XIX e siècle. Dans les dernières décennies du siècle, plusieurs écrivains – des
poètes surtout – ont élaboré une œuvre bien éloignée des présupposés du réalisme. En France on
peut citer :

o Charles Leconte de l’Isle (1818-1894), Théodore de Banville (1823-1891) et les poètes


parnassiens, partisans, contre un certain romantisme humanitaire (à la Hugo par exemple) de
l’art pour l’art ;
o Charles Baudelaire (1821-1867) et ses Fleurs du mal (1857) ; o Arthur Rimbaud (1854-1891) ;
o Paul Verlaine (1844-1896) ;
o Les romans et nouvelles d’un romantisme échevelé de l’écrivain catholique Jules Barbey
d’Aurevilly (1808-1889).

D’autres sources d’inspirations :

o Nietzsche; o Dostoïevski;

o La pensée antirationaliste et antipositiviste;

o La littérature latine médiévale.

Un langage relativement homogène : la fin-de-siècle :

Ce langage a, selon les traditions littéraires, différentes appellations : décadentisme, préraphaélisme,


symbolisme, etc. Néanmoins cette diversité terminologique ne doit pas cacher la relative unité d’un
courant esthétique que nous nommerons pour notre part Fin-de-Siècle.

o Rejet du monde moderne, industrialisé et bourgeois ;

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o Volonté de fuir l’Histoire et de se réfugier dans un passé mythifié ou dans une temporalité
indéfinie ;

o Individualisme exacerbé ; o Dandysme et aristocratisme ; o Ésotérisme et satanisme ; o

Goût pour les paradis artificiels ;

o Intérêt pour le fantastique, l’extraordinaire (Edgar Allan Poe [1809-1849], dont Baudelaire a
traduit le contes et Mallarmé la poésie) ;

o Érotisme : la Fin-de-Siècle développera l’image de la « femme fatale »

Une littérature qui multiplie les allusions au passé :

D’un point de vue formel, il s’agit d’un art très raffiné, qui multiplie les allusions au passé (l’Antiquité
tardive, Byzance, Dante, la mystique médiévale, la première Renaissance, etc.).

Toutefois les auteurs de la Fin-de-Siècle n’hésitent pas à innover. C’est parmi les écrivains de cette
mouvance en effet qu’apparaissent ou se développent certaines formes appelées à un bel avenir
comme le vers libre, le poème en prose et chez le Rimbaud, tous les trois au panthéon des écrivains
de la ou le monologue intérieur.

Un art innovant :

Véritable mouvement européen, la littérature de la Fin-de-Siècle s’incarnera dans divers pays et


diverses langues. Examiner en quelques dizaines de minutes toutes ses manifestations tient de la
gageure. C’est pourquoi on se limitera ici à quelques-unes d’entre elles.

2. La France et la Belgique :
En France, la nouvelle esthétique trouve son théoricien en la personne du poète Jean Moréas
(18561910) qui, le 18 septembre 1886, publie dans Le Figaro son « Manifeste du symbolisme ». «
Symbolisme » sera en effet le nom sous lequel on regroupera la plupart des œuvres fin-de-siècle en
langue française.

Après avoir invoqué le patronage de Baudelaire, Verlaine, Mallarmé et Banville, Moréas donne une
définition de la nouvelle esthétique :

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Ennemie de l'enseignement, la déclamation, la fausse sensibilité, la description
objective, la poésie symbolique cherche à vêtir l’Idée d'une forme sensible qui,
néanmoins, ne serait pas son but à elle-même, mais qui, tout en servant à exprimer
l'Idée, demeurerait sujette. L'Idée, à son tour, ne doit point se laisser voir privée des
somptueuses simarres des analogies extérieures ; car le caractère essentiel de l'art
symbolique consiste à ne jamais aller jusqu'à la concentration de l'Idée en soi. Ainsi,
dans cet art, les tableaux de la nature, les actions des humains, tous les phénomènes
concrets ne sauraient se manifester eux-mêmes ; ce sont là des apparences sensibles
destinés à représenter leurs affinités ésotériques avec des Idées primordiales.

Une langue renouvelée :

Pour la traduction exacte de sa synthèse, il faut au symbolisme un style archétype et complexe ;


d'impollués vocables, la période qui s'arc-boute alternant avec la période aux défaillances ondulées,
les pléonasmes significatifs, les mystérieuses ellipses, l'anacoluthe en suspens, tout trop hardi et
multiforme ; enfin la bonne langue – instaurée et modernisée –, la bonne et luxuriante et fringante
langue française d'avant les Vaugelas et les Boileau-Despréaux, la langue de François Rabelais et de
Philippe de Commines, de Villon, de Ruteboeuf [sic] et de tant d'autres écrivains libres et dardant le
terme acut du langage, tels des Toxotes de Thrace leurs flèches sinueuses.

Quant au vers, il doit lui aussi être libéré de la métrique traditionnelle, de l’alexandrin mécanique et
clinquant, avec une préférence pour les mètres impairs (Verlaine déjà dans son « Art poétique » -
publié dans Jadis et naguère (1884) – écrivait ces vers fameux : « De la musique avant toute chose, /
Et pour cela préfère l’Impair / Plus vague et plus soluble dans l’air, / Sans rien en lui qui pèse ou qui
pose ») :

Le Rythme : l'ancienne métrique avivée ; un désordre savamment ordonné ; la rime illucescente et


martelée comme un bouclier d'or et d'airain, auprès de la rime aux fluidités absconses ; l'alexandrin à
arrêts multiples et mobiles ; l'emploi de certains nombres premiers – sept, neuf, onze, treize –
résolus en les diverses combinaisons rythmiques dont ils sont les sommes.

Le « Manifeste » de Moréas : un condensé des codes symbolistes :

o Le recours au vague et à l’imprécis; o Une conception ésotérique de l’art;

o Une certaine préciosité : mots rares, flou linguistique.

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Un bréviaire de la Fin-de-Siècle : À rebours (1884) :

o Joris-Karl Huysmans (1848-1907);

o Jean des Esseintes et ses tentatives pour échapper à l’ennui:

• La littérature (les écrivains de l’Antiquité tardive, les auteurs latins du moyen âge,
Sade,
Baudelaire, Mallarmé, Verlaine) ;

• Les stupéfiants ;

• L’esthétisme.

Le livre deviendra rapidement le bréviaire de la Fin-de-Siècle et sera fréquemment imité.

La contribution de la Belgique :

o Albert Mockel (1866-1945) et La Wallonie (1886-1892);

o Quelques francophones des Flandres:

• Georges Rodenbach (1855-1898): Bruges-la-Morte (1892);

• Charles Van Lerberghe (1861-1907);

• Émile Verhaeren (1855-1916).

Maurice Maeterlinck (1862-1949). I. Le poète :

o Serres chaudes (1889);

o Quinze chansons (1896, éd. augmentée 1900).

Maurice Maeterlinck (1862-1949). II. Le dramaturge :

o La princesse Maleine (1889)

« [une œuvre] comparable, et, oserai-je le dire, supérieure en beauté à ce qu’il y a de plus beau dans
Shakespeare » (Octave Mirbeau, 1890)

o Pelléas et Mélisande (1893).

Pelléas et Mélisande (1893) :

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o Une intemporalité voulue : l’action a lieu au royaume d’Allemonde – alle, « tout » dans les
langues germaniques et monde – dont le souverain est le vieux roi Arkel – du grec arkhè
(vieux, ancien) ;

o Une atmosphère de légende qui rappelle le médiévalisme des Quinze chansons (cf. supra).
Réminiscence de l’épisode de Paolo et Francesca dans la Divine comédie (Enfer, chant V); o
L’inquiétude permanente et sourde qui parcourt la pièce: on saisit mal les raisons qui poussent
les différents personnages de la pièce à agir.

Pelléas et Mélisande et la musique :

Les œuvres musicales inspirées de cette œuvre : (on rappelle qu’en 1911, Maurice a reçu le prix
Nobel, c’était une superstar). Il a inspiré 4 grands musiciens (par ordre d’importance) :

o Gabriel Fauré : musique de scène (1898); o Claude Debussy : l’opéra Pelléas et Mélisande

(1902); o Arnold Schönberg : le poème symphonique Pelléas et Mélisande (1903);

o Jean Sibelius : musique de scène (1905).

3. La Fin-de-Siècle en Angleterre :
Un mouvement précurseur de la Fin-de-Siècle : le préraphaélisme :

1886 : Mouvement préraphaélite :

o Confrérie préraphaélite (Pre-Raphaelite Brotherhood) (1848):

William Holman Hunt (1827-1910) John Everett Millais (1829-1896), Dante Gabriele Rossetti
(1828-1882); o Hostilité à l’académisme victorien; o Source

d’inspiration : la peinture italienne précédant Raphaël;

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Le peintre Raphael décédé en 1520 considéré comme une charnière entre la
première et seconde renaissance (ou maniérisme).

o Sujets: la Bible, le moyen âge italien.

Le préraphaélisme. II. Versant littéraire :

o Dante Gabriele Rossetti (1828-1882);

o Traducteur de Dante et des poètes du Dolce Stil Novo (The Early Italian Poets from Ciullo
d’Alcamo to Dante Alighieri, 1861);

o Poèmes d’inspiration italienne.

D’autres précurseurs : quelques essayistes fascinés par le passé :

Passé médiévale ou l’Antiquité…

o John Ruskin (1819-1900)

• Les pierres de Venise [The Stones of Venice] (1851)

• Éloge de la ville de Venise

• La Bible d’Amiens [Bible of Amiens] (1885) (traduit en 1904 par Marcel Proust) •

Commentaire du portail de la cathédrale d’Amiens • Elle a été traduite,

cela montre les liens.

o Walter Pater (1839-1894)

• La Renaissance [The Renaissance. Studies in Art and Poetry] (1873). Influence


sur Oscar Wilde.

• Ce sont des essais, un recueil d’essai, sur la renaissance italienne.

• Oscar Wilde, étudiant à Oxford , avait lu cette œuvre et l’avait profondément


marqué.

4. La variante anglaise de la Fin-de-Siècle : l’esthétisme :


L’esthétisme :

o Culte de la beauté, culte de l’art;

• Culte de son expression la plus radicale : l’art.

p. 16

o Absence de préoccupations morales;
Ce culte est caractérisé par une absence totale de préoccupation morale.

o Hédonisme.

• Culte du plaisir.

Un maître de l’esthétisme : Oscar Wilde (1854-1900) : Anglo-Irlandais : o Un

compendium des thèmes de l’époque (avec une composante supplémentaire: l’humour); o

Salomé (1891), un drame écrit en français. Thème de la « femme fatale », de l’amour qui tue; o

Le portrait de Dorian Gray [The picture of Dorian Gray] (1890-1891): exaltation de la beauté.

5. Le décadentisme italien :
Un maître de la Fin-de-Siècle italienne : Gabriele D’Annunzio (1863-1938) :

o Écrivain polymorphe: dramaturge, romancier, poète;

o Compendium de la Fin-de-Siècle: esthétisme, aristocratisme, érotisme + une bonne dose de


nietzschéisme (motif du surhomme); influant des auteurs de fin-de-siècle.

o Écrivain à succès: en Italie, à l’étranger (en France, grâce aux traductions de Georges

Hérelle). o Comme Wilde, il a écrit une œuvre en français (pour le théâtre) : Figure de Saint-

Sébastien.

6. La Russie de l’Âge d’Argent :


Fin du 19ème et début du 20ème siècle. Âge d’argent : dans la littérature latine, on distingue l’âge d’or et
l’âge d’argent.

Décalage minime avec la France :

o Dimitri Merejkovski : Symboles (1892); o Valéri Brioussov : Symbolistes russes (1893);

o L’oiseau bleu de Maurice Maeterlinck: création à Moscou en 1908 (mise en scène de


Konstantin Stanislavski).

Idéalisme et catastrophisme :

o L’idéalisme :

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• Influence par le platonisme de Vladimir Soloviov (1853-1900);
L’écrivain: un trait d’union entre le monde matériel et celui des réalités supérieures
dont notre monde n’est que le pâle reflet.

• Pensée platonisante

o Le catastrophisme :

• Sentiment très aigu d’être à la veille d’une catastrophe : défaite militaire


inattendue et traumatisante devant le Japon (1905), révolution manquée de
1905.

• Inquiétude sourde

• Inquiétude presque omniprésente dans cette littérature russe de la fin-


desiècle

• Inquiétude d’être à la veille d’une catastrophe, à la fin d’un tournant.

• Sourde inquiétude parcourant la littérature de l’époque.

• Il y a eu une autre révolution russe que l’on oublie souvent ( elle marque les
esprits).

• 1904-1905 : Guerre désastreuse avec le Japon, la Russie déclare la guerre aux


nippons pour des motifs assez futiles, le Tsar est persuadé qu’ils vont gagner
contre eux mais ils perdent lamentablement.

Le prince des poètes : Alexandre Blok (1880-1921) :

o Sentiment d’inquiétude: Le monde terrible;

o Fascination pour la Russie traditionnelle, non occidentalisée;

• Forme de haine de soi

• Ils admirent, en Russie, ce qui n’est pas eux-mêmes

• Le sacre du printemps (//Musicologie) de Stravinski, fascination occidentalisée

• Pièce de 1913, balais

• Sacrifice dans la Russie païenne

o Catastrophisme: Les Scythes (1918).

p. 18

• Poème

• Population indoeuropéenne à l’époque de JC dans les states de la Russie et de


l’Ukraine (les scythes)

p. 19
• Se considéraient comme les ancêtres des russes (ce n’est pas le cas) Un écrivain

indépendant : Anton Tchékhov (1860-1904) :

o Continuateur de la tradition réaliste;

o Dramaturge:

• La mouette (1896).

• Les trois sœurs (1901).

• Oncle Vania (1899).

• La cerisaie (1903).

Le temps des « ISMES » : Autour des avant-gardes et après la


première guerre mondiale.

1. La naissance des avant-gardes :


L’esthétique de la Fin-de-Siècle avait quelque chose de confiné et d’un peu étouffant. Dès le début
du XXe siècle, des écrivains explorent d’autres voies et, revendiquant leur propre modernité,
adoptent parfois une attitude iconoclaste à l’égard de la littérature du passé. C’est ainsi que naissent
les divers mouvements d’avant-garde. Ceux-ci ne se limiteront pas à littérature, mais affecteront
aussi les beauxarts et la musique : le cubisme d’un Picasso ou d’un Braque, l’expressionnisme d’un
Emil Nolde, le primitivisme d’un Stravinski (Le sacre du printemps est créé à Paris en 1913) ou le
dodécaphonisme de la seconde école de Vienne (Arnold Schönberg, Alban Berg, Anton Webern) en
sont quelques-unes des expressions les plus marquantes.

Introduction : Guillaume Apollinaire et Blaise Cendrars :


Guillaume Apollinaire (1880-1918) :

o Guillaume Albert Apollinaire de Kostrowitzky; o Naissance à Rome; o Établissement en

France;

p. 20
o Paris: fréquente les avant-gardes artistiques (Picasso, Marie Laurencin, Picabia, etc.);

o 1913 : Alcools (rassemble la plupart des poèmes écrits depuis 1898).

Blaise Cendrars (1887-

1961) : o Naissance en

Suisse; o Louis Frédéric

Sauser;

o Pâques à New York (1912) et La prose du transsibérien et la petite Jeanne de France (1913).

Deux œuvres caractéristiques du modernisme littéraire :

o Célébration du monde moderne dans ses aspects les plus remarquables (l’automobile,

l’avion, la vitesse, les métropoles, etc.); o Technique littéraire rompant avec la tradition

(utilisation intensive du vers libre, absence de ponctuation, usage du calligramme, etc.).

Le futurisme, entre Italie et Russie :


Le futurisme italien :

Le 20 février 1909, le poète italien Filippo Tommaso Marinetti (1876-1944) publie, en français, en
première page dans le Figaro un texte intitulé « Futurisme », dont une section s’intitule « Manifeste
du Futurisme ».

Le Manifeste avait été publié en italien quelques jours plus tôt dans quelques quotidiens de la
Péninsule.
Mais sa publication en français lui assura un écho international.

Le Manifeste du futurisme :

o Filippo Tommaso Marinetti (1876-1944); o Le 20 février 1909 dans le Figaro.

Filippo Tommaso Marinetti :

o Manifestes: Tuons le clair de lune [en français, 1909], Contre Venise passéiste [Contro
Venezia passatista, 1910], etc.

o Poèmes: Zang Tumb Tumb (1914);

p. 21
• Mots en liberté
• Exaltation de la vitesse, de la guerre (« seule hygiène du monde »)

Le futurisme en Russie :

Rejet de la tradition :

o David Bourliouk (1882-1967), Alexandre Kroutchionykh (1886-1968), Vélimir Klebhnikov


(1885-
1922), Vladmir Maïakovski (1893-1930);

o Une gifle au goût public (1912).

o Néologie;

o « Zaoum » (« outre-entendement »): primat du signifiant sur le signifié; Deux grands

poètes :

o Vélimir Khlebnikov (1885-1922) : fasciné par un certain primitivisme slave – celui-là qu’on
retrouvera dans le Sacre du Printemps d’Igor Stravinski (1913) – ce maître du zaoum a même
écrit certains poèmes dans une langue de son invention créée à partir de racines slaves ;

o Vladimir Maïakovski (1893-1930) : célèbre aujourd’hui pour son engagement au service de la


Révolution et ses poèmes de propagande, il a écrit avant 1917 de nombreux poèmes très
novateurs tant par leur prosodie que par l’audace de leurs images.

p. 22

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