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UNIVERSITE DE KINSHASA
L2 Démographie
Dirigé par
MANGALU MOBHE Agbada
Professeur Ordinaire
LOKA KONGO Francis
Chef des travaux
DEDICACE
Je dédie ce travail.
iii
In Memoriam
A mon père ASENDE ATEMBO qui nous a quitté si tôt sans pour autant bénéficier des fruits
du travail abattu.
EPIGRAPHE
« L’âne met au monde son enfant, pour que son dos se repose ».
Proverbe burkinabè
v
REMERCIEMENTS
Reconnaissance aux autres frères et sœurs MLECHI ESALO ALIMASI, OMEGA ALIMASI,
ISOMBELO ALIMASI et MASOKA LUUNDO pour leurs soutiens tant moral que matériel.
Je ne peux pas finir cette section sans pour autant remercier mes camarades de lutte Erick
SWEDI ULUKA, Patient MWAMBA MBUYI, KABAMBA MAZAMA Esther, BIABOLA
MUSENGA Christelle, LUKEBA MATONDO Carmelle, MANTUMBU TAKA Jennie,
MPIA IYELI Ornella, MBOKASHANGA BUSHABU Rebecca, MUTIRI MUBIALA Philo,
MUKENDI Bob, TSHIMANGA KABONGO Ange, BETU LUNGENI Félicitée, MANITU
LEMA Junior et LOKO André.
INTRODUCTION GENERALE
0.1 Problématique
Le développement d’un pays est fonction de plusieurs facteurs dont le plus important est le
capital humain1. Si l’homme est le principal facteur du développement, il ne s’agit pas ici de
n’importe quel homme. Selon Nyembo (2014), l’homme dont il est question ici est celui qui
sait, celui qui a la connaissance, celui qui a le savoir de domestiquer la nature, de maitriser
ses pulsions négatives, de faire avancer la science pour le bonheur et la richesse de la
communauté. Cet homme doit être formé pour contribuer significativement au développement
du pays.
En effet, comme le confirme Nadia et al. (2020) la mobilité internationale des compétences
ou la migration qualifiée est parfois appréhendée sous l’angle de la « fuite des cerveaux ». La
fuite des cerveaux peut concerner la migration des professionnels, des scientifiques et même
des étudiants. Quant à la migration des étudiants, ce phénomène est encore plus répandu
actuellement dans le monde. Le volume des étudiants en mobilité dans le monde a connu une
forte croissance depuis ces dernières années passant de 4,2 millions en 2013 à 5,3 millions en
1. On entend par capital humain, les qualités, les qualifications, les connaissances et savoir-faire-innés
ou accumulés par l’expérience et la formation -qui contribuent à la productivité des individus.
2
2017 soit plus d’un million d’étudiants en seulement quatre années (Mohamed et al., 2020).
Ces étudiants constituent une classe très capitale pour le développement du pays d’origine et
c’est en cela qu’il s’avère important de s’intéresser à ces jeunes pendant qu’ils n’ont pas
encore quitté le pays afin de se faire une idée de leur intention migratoire. Se faire une idée de
leurs intentions de partir car selon (OCDE, 2012) cité par Athanase (2021) convoités et
appréciés pour leur potentiel exceptionnel, les pays et les métropoles, Occidentaux comme
émergents, se livrent une concurrence intense et grandissante pour les attirer et, si possible,
les retenir.
A cet égard, Efionayi et Piguet (2019) ont trouvé que près de deux tiers de répondants (62,2
%) dans une étude sur la migration des étudiants nigériens, sénégalais et ivoiriens
souhaiteraient résider tôt ou tard à l’étranger. En République Démocratique du Congo, aucune
étude sur l’intention migratoire des jeunes en général ni étudiants en particulier n’est
disponible. Cependant, Athanase (2021) précise qu’avec la globalisation, tous les étudiants
deviennent aujourd’hui une cible pour l’ensemble des universités, des consommateurs de
connaissances, des clients cherchant un meilleur produit sur le marché de la formation (Slama
1999; Garneau et Mazzella 2013). Etant sur le marché de la formation, les étudiants de
l’Université de Kinshasa seraient tentés de partir un jour. Un désir de partir qui se manifeste
au moment où, non seulement les conditions sociales sont précaires, mais aussi, depuis
plusieurs décennies, le milieu universitaire congolais est en crise et cette dernière est souvent
expliquée par les conditions déplorables et les moyens dérisoires avec lesquels l’université
fonctionne (Lututala, 2012). Cela semble négligeable aujourd’hui mais la réalisation de ces
intentions, si elles ne sont pas orientées, aurait des graves répercussions sur le développement
de la RDC. C’est pour cela qu’au-delà des constats basés sur les intentions migratoires de ces
étudiants, la compréhension de ces intentions migratoires nécessite une analyse des
caractéristiques des acteurs concernés avant qu’ils ne quittent leur pays.
Au-delà de l’idée de s’intéresser aux caractéristiques des étudiants ayant l’intention de quitter
le pays (RDC), nous devons aussi nous intéresser aux motifs de leurs intentions migratoires.
Ces deux éléments sont très importants dans l’étude du phénomène migratoire car ils nous
permettent de mieux appréhender le phénomène en mettant l`individu au centre de la
réflexion. Les étudiants migrent, non seulement, pour la poursuite des études, qui constitue
d`ailleurs le second motif de migration pour les ressortissants congolais (Schoonvaere, 2010),
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mais aussi, pour plusieurs autres motifs. Quant à la poursuite des études, les données de
l’UNESCO (2010) nous révèlent qu’en 2007, 3.402 étudiants congolais effectuaient leurs
études à l’étranger, soit 2 % du nombre d’étudiants congolais effectuant des études
supérieures. Ce nombre a diminué, puisqu’il s’élevait à 4.624 en 2000 (Ngoie, 2010).
Eu égard à ce qui précède, il serait intéressant aujourd’hui de nous interroger sur les raisons
des intentions migratoires de ces jeunes (étudiants) étant donné que ces intentions peuvent se
concrétiser. Pour ce faire, reliée au processus de socialisation, la migration peut, en effet, être
perçue comme un moyen et une condition qui permet d’accéder à divers apprentissages,
qu’ils soient formels ou informels, nécessaires dans le monde contemporain (Blackburn et al.,
2017). Cette perception de la migration nous incite à nous intéresser davantage aux intentions
migratoires des étudiants de l’Université de Kinshasa car les jeunes instruits sont des
membres d’une élite modernisatrice, qui doit guider la nation vers le développement
(Abdulaye, 2019). Ces étudiants, une fois leurs intentions migratoires réalisées, peuvent
accéder aux divers apprentissages pouvant contribuer au développement de la République
Démocratique du Congo. D’où l’intérêt de connaitre les motifs qui sont à la base de leurs
intentions migratoires.
cela, l’objectif général de cette étude est de contribuer à l’orientation de la migration des
étudiants afin que cela soit bénéfique au pays.
0.3.2 Objectifs spécifiques de l’étude
L’atteinte de l’objectif général est toujours fonction de l’atteinte des plusieurs objectifs
spécifiques. Donc, pour comprendre l’intention migratoire des étudiants afin de les orienter
pour profiter de leurs compétences et talents, nous poursuivons spécifiquement dans le cadre
de ce travail, les quatre objectifs suivants :
Déterminer la proportion d’étudiants enquêtés qui ont l’intention d’émigrer ;
Identifier les principaux motifs de l’intention migratoire internationale des étudiants
enquêtés ;
Déterminer les facteurs individuels associés à l’intention migratoire internationale des
étudiants enquêtés.
0.4Les hypothèses de l’étude
Dans cette étude, nous partons des hypothèses de base selon lesquelles :
Les principaux motifs des intentions migratoires des étudiants de l’Université de
Kinshasa seraient la poursuite des études, la quête du travail et la nouvelle expérience
de vie (H1) ;
Plus l’âge augmente, moins l’étudiant a le projet migratoire précis (H2) ;
Les hommes seraient plus enclin à avoir un projet migratoire que les femmes (H3), les
étudiants des sciences sociales seraient plus enclins à vouloir migrer que ceux des
autres facultés (H4) ;
Les étudiants qui n’ont pas pu choisir librement leur discipline d’étude seraient plus
enclins à vouloir partir à l’étranger que les autres (H5) ;
Plus le niveau d’instruction du chef du ménage augmente, plus l’étudiant est enclin à
vouloir migrer (H6).
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1.1 Introduction
Dans une étude, il est toujours important de connaitre la manière dont le problème de
recherche a été abordé par d’autres chercheurs avant vous. C’est-à-dire qu’il est important de
savoir ce qui a déjà été dit ou écrit sur son/ses problèmes de recherche par d’autres avant
d’aller dans le vif du sujet. Ce chapitre, intitulé revue de littérature, va passer en revue
quelques théories existantes et quelques études empiriques sur le thème de notre étude.
Pour ce faire, ce chapitre portera essentiellement sur les intentions migratoires des jeunes et
étudiants. Ainsi, ce chapitre portera de prime à bord sur les généralités sur les intentions
migratoires, puis sur les motifs et les facteurs des intentions migratoires des jeunes et
étudiants, enfin nous allons chuter par le rôle du réseau tant familial que social sur l’intention
migratoire internationale de l’étudiant.
1.2 Généralités sur les intentions migratoires internationales des jeunes et
étudiants
Le phénomène migratoire est souvent étudié pendant que l’individu qui migre a déjà effectué
le déplacement. Donc, on s’intéresse souvent à l’individu quand il est déjà dans le pays de
destination. Cependant, dans la présente étude, il s’agit de s’intéresser à l’individu pendant
qu’il est encore dans son pays de résidence actuel. Ainsi, l’étude s’intéresse à l’intention de
migrer des étudiants de l’Université de Kinshasa ou à leurs intentions d’effectuer une
migration dans le futur. Les intentions migratoires permettent d’interroger un ensemble
d’individus localisés sur un territoire donné afin de tenter de cerner ce qui pourrait les pousser
à partir (Fortin et al, 2006). Dans le cas échéant, il s’agit de cerner ce qui pourrait pousser les
étudiants de l’Université de Kinshasa à partir.
Procéder à une revue de littérature sur les intentions migratoires serait pour nous une occasion
de saisir de ce qui a été dit ou fait spécialement sur notre étude. Signalons d’abord qu’en
République Démocratique du Congo, rares sont les études qui ont été menées sur les
intentions migratoires, encore moins concernant particulièrement les étudiants. Cependant,
plusieurs auteurs précisent que l’intention de migrer ne doit pas être dissociée de l’acte lui-
même car, dans le domaine des migrations, intentions et actions s'avèrent corrélées ou
répondent pour le moins à des facteurs explicatifs semblables (Efionayi et Piguet, 2019). Par
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ailleurs, même si l’intention et l’acte ne doivent pas être dissociés, leur association ne doit pas
être directe car les intentions migratoires peuvent très bien ne jamais se réaliser (Fortin et al,
2006).
En effet, qu’il s’agisse des intentions ou de l’acte lui-même, les concernés ont toujours été des
jeunes adultes car la jeunesse est une étape plus ambitieuse de la vie d’un individu. Pendant
cette étape de la vie, on aspire à des grandes choses et on cherche surtout à se faire
socialement une identité. Pour ce faire, certains jeunes préfèrent quitter leur milieu de
résidence actuel pour aller à n’importe quel milieu où leurs intérêts seraient bien pris en
compte. C’est-à-dire que les jeunes ont généralement l’intention de migrer s’ils estiment que
le milieu de destination leur offrirait un cadre de vie meilleur. Fortin et al. (2006) précisent
que la satisfaction des jeunes face à leur cadre de vie serait un élément fondamental de leur
décision de migrer ou non.
S’intéressant au projet migratoire des jeunes dans trois pays africains (Niger, Sénégal et Cote
d’Ivoire), Efionayi et Piguet (2019) ont trouvé que dans l’ensemble près des deux tiers des
répondants (62,2 %) avaient « assez » ou « beaucoup », voir « énormément » le souhait de
résider tôt ou tard à l’étranger. Selon ces auteurs, la grande majorité d’entre eux (83 %)
affirment avoir un projet précis de migration en tête, mais comme ils se trouvent plutôt en
début de cursus universitaire, ils comptent pour la plupart (52 %) le réaliser après l’obtention
du prochain diplôme ou une fois les études terminées. Si on s’intéresse aux intentions
migratoires des jeunes, en général, et des étudiants, en particulier, c’est parce que ces jeunes
jouent un rôle important dans le dynamisme du développement et aussi comme le confirment
Blackburn et al. (2017) en quittant leur région d’origine, les jeunes privent celle-ci d’une
partie de leurs talents et de leurs compétences, lesquels pourraient être propices à son
développement. Selon Roy (1997) cité par Laberge et al (2004) la façon dont les jeunes
perçoivent leur communauté est aussi une dimension cruciale de l’intention de migrer. C’est
seulement lorsque la représentation dont se font ces jeunes de leur milieu est loin de répondre
à leurs attentes que ces derniers manifestent une intention de quitter leur pays.
En plus de cela, les jeunes africains qui désirent quitter le continent pour plusieurs raisons
(économiques, académiques, sociales, familiales, etc.), estiment que le gain est ailleurs et pas
en Afrique. Pour un nombre croissant de ces jeunes africains, la migration internationale est
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perçue comme l’ouverture du champ des possibles (Bonnassieux et Pliez, 2009). Les
intentions migratoires des étudiants requièrent une attention particulière car une fois qu’elles
sont réalisées, elles deviennent une migration effective.
1.3 Les motifs des intentions migratoires des jeunes et étudiants
Les jeunes, en général, et les étudiants, en particulier, désirent migrer pour plusieurs motifs. A
ce propos, l’étude d’Efionayi et Piguet (2019) révèle que les principaux motifs pour lesquels
les intentions migratoires des jeunes nigériens, sénégalais et ivoiriens sont exprimées sont les
études (63 %), nouvelle expérience de vie (18,4 %), le travail (13,9 %) et la famille et autres
motifs (4,7 %). Le souhait de résider à l’étranger est particulièrement répandu en Côte
d’Ivoire et très pressant au Sénégal, mais il concerne également un peu plus de la moitié des
Nigériens (Efionayi et Piguet, 2019).
Dans ce même angle d’idées, l’étude de Gilliard et Oumarou (2008) sur l’intention migratoire
des étudiants de l’Afrique de l’Ouest révèle que la moitié des étudiants déclarent vouloir
quitter le pays pour leurs études, très peu veulent s’exiler pour obtenir un travail à l’étranger.
Selon ces auteurs, ce motif semble moins valable que le fait d’acquérir des nouvelles
expériences. L’étude de Bakewell et Bonfiglio, (2013, p.4) citée par Schöfberger et al. (2020)
précise que les données mettent en évidence la présence de processus sociaux continus,
possiblement ordinaires, qui sous-tendent la mobilité, tels que la quête d’études, d’un conjoint
ou d’une vie meilleure en ville. Signalons que les motifs d’une intention migratoire peuvent
varier selon les caractéristiques de l’individu qui souhaite migrer.
En effet, ce qui précède montre qu’en 2019, dans l’ensemble, l’intention migratoire des
jeunes nigériens, sénégalais et ivoiriens était dominée par la poursuite des études même si
cela n’est pas le seul motif pour lequel les jeunes étudiants ont l’intention de quitter le pays
d’origine. Cependant, entre 2016 et 2018 les facteurs économiques semblent particulièrement
importants : plus de la moitié des jeunes au Cap Vert (64 %) et au Sénégal (54 %) ont indiqué
la «quête de travail» comme la principale raison les poussant à envisager d’émigrer
(Schöfberger et al., 2020). Dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest (le Burkina Faso, la Côte
d’Ivoire, le Togo, la Sierra Leone, le Libéria, le Niger et le Mali), la « quête de travail » était
également la principale raison du désir d’émigrer pour une proportion moindre mais
conséquente des jeunes (25 % à 35 %), tandis que la « pauvreté/les difficultés » constituait le
facteur le plus cité par 40 % à 50 % des personnes interrogées (Schöfberger et al., 2020).
11
Dans cet ordre d’idées, quel que soit le motif pour lequel les jeunes ont une intention de
migrer (la poursuite des études, la quête de travail, l’expérience de vivre une nouvelle vie et
autres), ces derniers croient qu’ils trouveront mieux ailleurs. C’est seulement lorsque ces
jeunes migrent pour leurs études qu’on parle de la migration des étudiants 2 ou estudiantine ou
encore étudiante. La poursuite des études à l’étranger pour les jeunes africains est considérée
comme un espoir d’un emploi et de ce que ces jeunes appellent « gagner bien sa vie ».
Obtenir un diplôme universitaire dans un pays autre que son pays d’origine offre d’immenses
opportunités d’emploi en cas de retour surtout si c’est un pays où le système éducatif jouit
d’une bonne réputation.
Pour les étudiants ayant déjà fait le premier et le deuxième cycle dans leurs pays d’origine,
avoir une intention d’émigrer à l’étranger serait soit pour poursuivre le troisième cycle soit
pour chercher l’emploi et autres raisons socioculturelles (Efionayi et Piguet, 2019).
L’intention migratoire internationale des jeunes pour études est prise au même titre que celle
d`une main d’œuvre qualifiée. En la considérant ainsi, une fois qu’elle deviendra une
migration effective et comme toute migration, elle aura des conséquences dans les pays
d’origine et de destination.
En effet, une étude menée par Laberge et al (2004) sur les facteurs prédictifs de l’intention de
migrer chez les élèves du secondaire au Saguenay-Lac-Saint-Jean au Québec a révélé que
davantage de filles que de garçons auraient une préférence de vivre à l’extérieur de leur
région une fois leurs études terminées. Cette étude montre que les aspirations scolaires, les
relations familiales et les comportements des jeunes qui ont l’intention de migrer se
différencient nettement selon le sexe. Selon ces auteurs, les hommes et les femmes se
comportent différemment quant à l’intention de migrer.
2
Signalons qu’il ne s’agit pas ici d’une intention migratoire pour étude mais des étudiants des
l’Université de Kinshasa pour plusieurs autres motifs
12
Ces auteurs ont identifié, d’une part, les facteurs associés à l’intention de migrer des femmes
et, d`autre part, ceux des hommes. Les résultats de cette étude ont révélé que plus de quatre
filles sur dix (41,3 %) et près de trois garçons sur dix (29,8 %) ont l’intention de quitter le
SLSJ une fois leurs études terminées. Pour expliquer cela, Laberge et al. (2004) ont trouvé
que 13 facteurs seraient associés à l’intention de migrer des élèves filles alors que 14 facteurs
le seraient pour les élèves garçons. Ces facteurs proviennent des dimensions totalement
différentes dont psychosociale et culturelle, familiale, scolaire et professionnelle et école pour
les filles et dimensions psychosociale et culturelle, scolaire et professionnelle, économique,
famille, loisirs, événements préoccupants, consommation de tabac et jeux de hasard pour les
garçons.
1.4.1 Dimension psychosociale et culturelle
Dans leur étude sur les facteurs prédictifs de l’intention de migrer chez les élèves du
secondaire au Saguenay-Lac-Saint-Jean, Laberge et al. (2004) ont trouvé 7 facteurs qui
relèvent de la dimension psychosociale et culturelle qui sont associés à l’intention de migrer
des filles et 5 facteurs pour les garçons. Pour les filles, ces facteurs sont entre autres le fait de
vouloir vivre dans une grande ville dans 15 ans, penser que l’avancement est impossible dans
sa région, degré d’ambition, se sentir chez soi dans sa municipalité, Se sentir chez soi
ailleurs au SLSJ, Indice d’habiletés cognitives et avoir recours au culturisme. Selon ces
résultats, une jeune fille risque huit fois plus d’avoir l’intention de migrer si elle est
entièrement d’accord avec l’idée qu’il n’y a pas d’avancement possible au SLSJ, quatre fois
plus si elle se voit vivre dans une grande ville dans 15 ans, trois fois plus si elle ne se sent pas
chez elle ailleurs au SLSJ et si son indice d’habiletés cognitives est élevé, et deux fois plus si
elle ne se sent pas chez elle dans sa municipalité (Laberge et al.,2004).
Pour les garçons, les 5 facteurs de la dimension psychosociale et culturelle associés à leur
intention de migrer sont le fait de vouloir vivre dans une grande ville dans 15 ans, être
Intéressé par l’avenir de sa région, penser que l’avancement est impossible dans sa région, le
fait de vouloir vivre dans une banlieue dans 15 ans et l’opinion que les grandes villes
permettent d’être plus proches des services. Ainsi, ces résultats ont révélé qu’en particulier, le
fait de désirer vivre dans une grande ville dans 15 ans et celui de n’être guère ou aucunement
intéressé par l’avenir de la région multiplient par environ six la probabilité qu’un garçon
souhaite vivre ailleurs qu’au SLSJ une fois ses études achevées, deux fois plus s’il est
entièrement d’accord avec l’idée que les grandes villes permettent d’être plus près des
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services et désirer vivre en banlieue dans 15 ans, trois fois plus s’il est entièrement d’accord
avec l’idée que l’avancement est impossible au SLSJ (Laberge et al., 2004).
1.4.2 Dimension familiale
Une fois de plus, les filles et les garçons diffèrent en ce qui concerne les facteurs de la
dimension familiale qui sont associés à leur intention migratoire. A ce sujet, Laberge et al.
(2004) nous révèlent que la scolarité du père et la satisfaction envers sa vie de famille se sont
avérés significatifs pour les filles et pour les garçons, le fait que la mère travaille à temps
plein, les parents se crient ou s’insultent entre eux et la scolarité du père. Selon ces résultats,
une jeune fille risque deux fois plus d’avoir l’intention de migrer si son père est allé à
l’université et si elle est insatisfaite de sa vie familiale (Laberge et al., 2004). Cependant, Pour
les garçons, Laberge et ses collaborateurs nous ont révélé qu’un garçon a deux fois plus le
risque d’avoir l’intention de quitter sa région s’il a un père qui a fréquenté l’université, une
mère qui travaille à temps plein et s’il a les parents qui jamais ne crient ou ne s’insultent entre
eux.
1.4.3 Dimension scolaire et professionnelle
Quant à la dimension scolaire et professionnelle, les facteurs associés à l’intention migratoire
des élèves de la région du SLSJ sont les raisons de la difficulté de l’élève à arrêter son choix
de carrière et la raison d’aller à l’école pour les filles (Laberge et al., 2004). Ainsi, une fille
a trois fois plus de risque d’avoir une intention de quitter la région si elle croit que chacun
devrait s’efforcer d’être le meilleur dans ses entreprises, et deux fois plus si sa raison d’aller à
l’école est d’apprendre à fonctionner dans la société. Selon ce même auteur et ses co-auteurs,
le garçon a quatre fois plus le risque d’avoir une intention de quitter la région s’il a des
aspirations scolaires de niveau universitaire.
1.4.4 Dimension économique, de loisir, des évènements préoccupants, de la
consommation du tabac et jeux du hasard
Les facteurs de ces dimensions et qui sont associés à l’intention de migrer des élèves de la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean se sont avérés essentiellement significatifs à l’égard des
élèves garçons uniquement. Ces facteurs sont notamment la fréquentation d’un camp dans le
bois, le fait d’avoir déjà parié dans sa vie, le fait de vivre dans un ménage qui connaît
l’insécurité alimentaire, l’indice d’événements préoccupants-II et le fait d’avoir déjà essayé
de fumer Laberge et al., 2004). Ainsi, un garçon a deux fois plus le risque d’avoir une
intention de migrer s’il a vécu deux événements préoccupants ou plus, s’il a déjà essayé de
fumer et a déjà fait des paris et trois fois plus s’il n’a pas connu l’insécurité alimentaire. Bref,
cette étude a montré que ce sont les filles qui ont plus l’intention de quitter la région que les
14
Tableau 2. Synthèse des facteurs associés à l’intention migratoire selon les différentes
dimensions et par sexe
Dimensions Facteurs Filles Garçons
Dimension psychosociale et Vouloir vivre dans une grande ville X X
culturelle dans 15 ans
Penser que l’avancement est X X
impossible dans sa région
Degré d’ambition, se sentir chez soi X
dans sa municipalité
Se sentir chez soi ailleurs au SLSJ X
Indice d’habiletés cognitives et X
avoir recours au culturisme
Être Intéressé par l’avenir de sa X
région
Vouloir vivre dans une banlieue X
dans 15 ans
L’opinion que les grandes villes X
permettent d’être plus proches des
services.
Dimension familiale La scolarité du père X X
Source : Auteur
15
Le tableau ci-haut nous montre clairement que l’étude de Laberge et al. (2004) s’est
intéressée plus aux facteurs multidimensionnels, majoritairement psychosociaux et culturels.
En revanche, dans ce même angle d’idées, Djamba (2004) s’est intéressé aux déterminants
des intentions de migration internationale parmi les Éthiopiens et les Sud-Africains. Cet
auteur a mené une étude comparative entre les deux pays (Ethiopie et République Sud-
Africaine). Alors que Laberge et ses collaborateurs se sont intéressés aux variables
majoritairement psychosociales et culturelles mentionnées ci-haut, Djamba, lui, s’est intéressé
aux variables sociodémographiques. Cet auteur s’est intéressé aux deux intentions migratoires
distinctes. Premièrement celle d’aller à l’étranger et deuxièmement celle d’aller dans une
autre entité du pays d’origine. Cette étude a révélé que le sexe a un effet significatif sur
l’intention de migrer en Afrique du Sud et non en Ethiopie. Les hommes sud-africains
expriment plus souvent le désir futur de migrer que les femmes (Djamba, 2004). Quant à
l’âge, Bernier (2019) précise que plusieurs études montrent qu’à mesure que l’âge augmente
la tendance à vouloir migrer diminue (Faggian et al., 2007 ; Charlier et al., 2016).
En effet, l’étude de Djamba (2004) révèle que le mariage est un facteur réduisant le risque de
migration. En d’autres termes, les individus mariés sont moins intéressés par une migration
que les célibataires. De plus, ces résultats indiquent que, par rapport à ceux qui n’ont pas fait
d’études, les individus ayant un niveau d’études primaire ou secondaire sont
géographiquement stables, alors que ceux ayant un niveau supérieur veulent migrer. Enfin, la
résidence en milieu urbain réduit le désir de migrer chez les Éthiopiens, alors que les citadins
d’Afrique du Sud sont clairement favorables à la migration. Bref, les résultats de l’étude de
Djamba (2004) ont révélé que l’âge, le sexe, l’état matrimonial, le niveau d’instruction et le
milieu de résidence sont des variables sociodémographiques significativement associées à
l’intention de migrer.
étudiant peuvent aussi dépendre de la filière faite par l’étudiant dans son pays d’origine. A ce
sujet, Gilliard et Oumarou (2008) précisent que les intentions migratoires peuvent être plus
faibles dans les filières en pleine croissance, comme les géologues qui trouvent facilement
des conditions de travail très alléchantes dans le secteur minier à nouveau en plein boom au
Niger (pétrole, or, uranium).
En outre, l’étude de Gilliard et Oumarou (2008) nous renseigne encore que les étudiants qui
ont pu choisir librement leur discipline d’étude veulent moins partir à l’étranger. Enfin,
précisons qu’une personne ayant une intention migratoire est un candidat à la migration. A ce
sujet, Schöfberger et al. (2020) précise qu’en moyenne, les candidats à la migration sont plus
jeunes, présentent un niveau d’instruction plus élevé et perçoivent des revenus plus
importants que le reste de la population. Pour finir ce chapitre, il est important de dire un mot
sur le rôle que joue le réseau tant social que familial dans l’intention migratoire internationale
des étudiants.
1.5 Le réseau social et familial dans l’intention migratoire des étudiants
Bien que nous soyons intéressés par les facteurs individuels, donc par l’individu, nous ne
devons pas nous passer du rôle que jouent les réseaux, tant sociaux que familiaux, dans
l’intention migratoire de l’étudiant. L’individu qui souhaite migrer ne prend pas isolement la
décision mais conjointement avec sa famille et son réseau social. Ceux-ci le soutiennent dans
tout le processus jusqu’à la réalisation de l’intention. Actuellement, l’interaction entre le
migrant et sa famille est alors analysée comme une stratégie permettant d’augmenter les
ressources et de minimiser les risques (Paola et al., 2020). A ce propos, la famille et le réseau
social peuvent être un moteur pour le désir de partir d’un étudiant, mais aussi, un motif pour
rester. Ils sont un moteur dans le cadre que la famille compte augmenter ses ressources en
incitant ou en encourageant l’individu à partir et un motif puissant pour rester dans la mesure
où l’individu ne désire pas vivre loin de sa famille et ne conçoit pas sa réussite loin de celle-ci
et de son réseau social.
En effet, selon Efionayi et Piguet (2019) la décision d’émigrer est ainsi souvent le produit
d’un consensus familial dans le cadre duquel les membres jeunes, en bonne santé et les plus
qualifiés sont encouragés à partir (Nanfosso and Tschouassi, 2005; Morete et al., 2006). Bien
que l’individu ait une intention de migrer, cette décision n’est pas dans la plupart de cas
unilatérale mais consensuelle. La famille ne contribue au fait que l’intention de partir soit
17
effective en s’impliquant sur le plan tant moral que financier. Cependant, des enquêtes
menées au Maroc, il a été constaté que le projet migratoire des répondant(e)s ne s’inscrit pas
dans le cadre d’un projet piloté par la famille (EL MOUKHI, 2017). Selon cette étude, malgré
le rôle crucial joué par la famille dans le projet migratoire de l’individu, l’option individuelle
semble prévaloir. Ainsi, quand on analyse l’intention migratoire, le réseau familial ne doit pas
être ignoré mais aussi l’individu concerné.
Conclusion partielle
Il ressort de la revue de littérature que l’intention migratoire et l’acte lui-même de migrer ne
sont pas dissociables mais au contraire, les deux obéissent aux mêmes facteurs, mêmes motifs
et mêmes caractéristiques sociodémographiques des individus concernés. Tenant compte de
cet état de chose, plusieurs études sur l’intention migratoire s’intéressent généralement aux
jeunes et aux facteurs contextuels et moins aux facteurs sociodémographiques.
C’est en cela que notre étude est originale et essaie de dépasser les limites de notre revue de
littérature en s’intéressant aux étudiants et aux facteurs sociodémographiques. Pour ce faire,
les facteurs sociodémographiques liés à l’intention migratoire sont entre autres l’âge, le sexe,
la faculté faite, le niveau d’instruction, l’occupation professionnelle, l’état matrimonial, le
milieu de résidence, le niveau d’étude du père, le fait d’avoir choisi ou non librement sa
discipline d’étude et autres. Enfin, notre revue de littérature nous révèle qu’en général, les
jeunes ont l’intention de migrer pour trois motifs principaux (les études, le travail et la
nouvelle expérience de la vie).
18
METHODOLOGIE DE L’ETUDE
2.1 DEFINITION DES CONCEPTS
Toute étude scientifique utilise des concepts clés qui lui donnent particulièrement un sens.
Elucider la définition de ces concepts permet aux lecteurs de saisir le sens spécifique utilisé
par le chercheur dans une quelconque étude. Dans le cas d’espèce, six concepts sont définis.
Il s’agit de la migration, de l’intention migratoire, de caractéristique, du facteur, du facteur
individuel et du facteur individuel associé.
a. Migration
Depuis longtemps, la définition de la migration pose problème étant donné son caractère
multidimensionnel. Malgré cela, la définition suivante permet dans une certaine mesure
d’intégrer les dimensions (espace-temps) du terme même si cela n’est pas suffisant. C’est
ainsi que la migration est définie comme le transfert de la résidence d’un individu d’un lieu
vers un autre d’une personne appelée migrant pendant au moins 6 mois. Dans ce même angle
d’idées, Lututala (2021) propose une définition en tenant compte du contexte africain3 en
introduisant notamment la notion de l’ubiquité résidentielle. Selon cet auteur, la migration
n’est plus seulement un changement de lieux de résidence mais une multiplication de lieux de
résidence. Dans le cadre de cette étude, la migration serait alors le fait qu’un étudiant de
l’Université de Kinshasa transfère sa résidence de la RDC vers un autre pays pendant au
moins 6 mois.
b. Intention migratoire
Les intentions de migration, désignent les projets concrets des candidats à la migration
(Schöfberger et al., 2020). C’est-à-dire qu’une intention migratoire est un projet comme tant
d’autres qu’a un individu de migrer. Dans une intention migratoire, on étudie l’individu
pendant qu’il est encore dans son pays d’origine afin de savoir s’il a le projet de quitter son
pays d’origine dans le futur. Cette intention est dite internationale si elle est tournée vers un
autre pays et non à l’interieur du pays d’origine. Dans cette etude, nous appelons intention
migratoire, le fait d’avoir un souhait de migrer et d’avoir entrepris au moins une demarche
pour concretiser ce souhait.
3
Cet auteur a observé que l’organisation sociale en Afrique permet à chaque individu d’avoir
plusieurs résidences. Chacune de résidence des membres d’une même famille, parfois clan ou
tribu, est aussi considérée comme la résidence des autres membres (Lututala, 2021).
19
c. Caractéristiques
Une caractéristique désigne ce qui constitue le caractère distinctif, la particularité d’une
personne ou d’une chose, ce qui la détermine. Selon le Robert, une caractéristique permet de
distinguer, de reconnaitre. Dans le cadre de cette étude, quand on parle des caractéristiques,
on voit les éléments qui determinent chaque étudiant.
d. Facteurs
Selon le Larousse français, un facteur désigne un agent, élément qui concourt à un résultat.
Un élément déterminant qui intervient dans le résultat, dans l’évènement (www.larousse.fr,
consulté le 19/07/2022). Dans cette étude, un facteur signifie un élément qui peut concourir à
l’intention migratoire internationale de l’étudiant. Un élément pouvant intervenir dans le fait
qu’un étudiant ait une intention migratoire internationale.
e. Facteurs individuels
Après avoir défini un facteur, il est alors important de bien définir un facteur individuel. Un
facteur individuel n’est rien d’autre qu’un élément déterminant qui intervient dans un résultat
quelconque et qui est lié à l’individu ou à la personne. Selon Fortin (2008), l'explication des
dynamiques migratoires ne doit pas seulement considérer les facteurs associés au milieu
d'origine et d'accueil, mais doit également tenir compte des obstacles (économiques,
familiaux, administratifs) et des facteurs personnels (profil, habiletés, etc.) qui peuvent
retarder, modifier ou compromettre complètement un projet migratoire. Dans le cadre de cette
étude, un facteur individuel est une caractéristique de l’étudiant pouvant concourir au fait
qu’il ait une intention migratoire.
f. Facteurs individuels associés
Un facteur individuel associé est un élément qui est lié à l’individu et qui a un rapport avec un
certain comportement de l’individu. Dans cette étude, un facteur individuel associé est une
caractéristique de l’étudiant pouvant concourir au fait qu’il ait une intention migratoire et qui
a un lien avec son intention migratoire.
2.2 METHODOLOGIE DE L’ETUDE
Dans cette section, il va s’agir de présenter les différentes méthodes et techniques utilisées
pour répondre à nos questions de recherche et vérifier nos hypothèses. Pour ce faire, il s’agit,
d’une part des méthodes de collecte, et d’autre part, des méthodes d’analyse des données.
Toutefois, avant de présenter ces méthodes et techniques, commençons d’abord par présenter
le cadre de l`étude et la population sous étude et la méthode d’échantillonnage
20
7
Il s’agit d’une technique qui fait partie du sondage non-aléatoire ou non probabiliste. Cette technique
consiste à sélectionner les individus concernés par l’étude en fonction de leur accessibilité pratique et
leur présence sur le lieu de l’enquête
8
A ce sujet, Mangalu (2019) précise que les différentes formules ne sont valables que pour des
enquêtes quantitatives ayant notamment pour but d’extrapoler les résultats de l’échantillon sur
l’ensemble de la population.
22
un simple souhait d’une intention migratoire, notre variable dépendante a été saisie sur base
des éléments suivants :
a) L’étudiant doit d’abord avoir un souhait de migrer ;
b) Il doit avoir entrepris certaines démarches9pour partir.
Dans l’étude migratoire, l’intention est souvent utilisée comme indicateur de migration
potentielle.
9
Cfr questionnaire d’enquête pour les différentes démarches que doit entreprendre l’étudiant
23
1. L’étudiant lui-même
2. Autres personnes
c. Le niveau d’instruction du chef de manage
Cette variable avait seulement 3 modalités contenant les observations après l’enquête dont
primaire, secondaire et supérieur/universitaire. Pour les analyses, la variable a été recodée en
deux modalités suivantes :
1. Non-universitaire
2. Supérieur/universitaire
d. La profession du chef de ménage
Enfin, la variable profession du chef de ménage n’avait que 8 modalités ayant des
observations dont cadres de direction, cadre de collaboration, ouvrier qualifié, travailleur à
son propre compte, infirmiers, enseignants, aide familial et manœuvre. Cette variable a été
recodée en 4 modalités suivantes :
1. Cadres
2. Employé, ouvrier qualifié
3. Travailleur à son propre compte
4. Autres
2.2.5 Cadre conceptuel
Le cadre conceptuel est un schéma qui essaie d’expliquer le phénomène qu’on étudie en
spécifiant les différentes relations entre les variables d’étude. Ainsi, le phénomène que nous
cherchons à expliquer est résumé par le schéma ci-après :
Figure 1. Lien entre les facteurs individuels sociodémographiques et l’intention migratoire
Catégorie
Niveau d’instruction
socioprofessionnelle
du chef de ménage
du chef de ménage
Intention
La faculté de l’étudiant migratoire
internationale
Décision du choix de la
faculté faite par Le sexe de l’étudiant
l’étudiant Age de l’étudiant
Source : Auteur
25
En outre, la discipline faite à l’université est dans beaucoup de cas, associée au sexe de
l’étudiant car selon Corcoran et al. (2010) cité par Bernier (2019) le sexe influe sur le choix
du domaine d’étude. Toutes les deux influenceraient alors l’intention migratoire de l’étudiant
car les hommes ont plus l’intention de migrer que les femmes et selon Gilliard et Oumarou
(2008), les étudiants des sciences sociales sont plus enclins à partir que ceux des autres
domaines. Le cadre nous montre aussi que, les étudiants qui ont pu choisir librement leur
discipline d’étude voudraient moins partir à l’étranger que les autres et cela est associé au
sexe de l’étudiant et à son domaine d’étude. Enfin, plus l’âge de l’étudiant avance, moins ce
dernier a l’intention de migrer. Ainsi, l’âge de l’étudiant influencerait aussi son intention
migratoire.
2.2.7 Méthodes d’analyse des données et leur justification
Pour répondre à nos questions de recherche et pour atteindre nos objectifs et aussi tester nos
hypothèses, nous allons utiliser un certain nombre de méthodes pour analyser les données.
Pour ce faire, au regard des objectifs de notre étude et de la nature de nos variables, les
méthodes d’analyse suivantes ont été utilisées : analyse descriptive univariée (technique des
fréquences), l’analyse bivariée (technique du tableau de contingence et du Khi-deux) et la
régression logistique binaire.
26
10
A ce sujet, l’âge est une variable quantitative et sera collectée individuellement. Cependant,
cette variable sera traitée et analysée entant qu’une variable qualitative en la regroupant.
27
Tableau 3. Congruence entre les objectifs et les méthodes d’analyse des données
RESULTATS
Introduction
Dans ce chapitre, nous allons chercher à répondre aux questions de recherche, atteindre les
objectifs spécifiques et vérifier nos hypothèses. Pour y arriver, commençons par la
présentation des résultats.
3.1 PRESENTATION DES RESULTATS
Dans cette section, il s’agit d’abord de présenter les caractéristiques sociodémographiques de
de la population enquêtée, puis déterminer l’ampleur du phénomène que nous étudions en
donnant la proportion d’étudiants enquêtés ayant l’intention de migrer à l’étranger. En plus,
nous allons déterminer les principaux motifs pour lesquels les étudiants veulent migrer et
établir le lien entre les caractéristiques sociodémographiques des étudiants et leur intention
migratoire internationale. Enfin, nous allons déterminer les facteurs individuels associés à
l’intention migratoire des étudiants.
3.1.1 Présentation de la description de la population enquêtée
Les caractéristiques sociodémographiques des étudiants enquêtés sont présentées dans le
tableau 4 ci-dessous. En effet, ce tableau montre que les étudiants de 22-25 ans sont plus
représentés dans l’échantillon que ceux d’autres classes d’âge, soit 63,3% d’étudiants
enquêtés. Seulement 16,3% d’étudiants enquêtés ont l’âge de 26 ans et plus et 20,4%
d’étudiants de notre échantillon sont âgés de moins de 22 ans.
En plus, 92,5 % d’étudiants enquêtés ont librement choisi leurs facultés. Ceux dont le chef de
ménage est un employé, ouvrier qualifié sont plus représentés dans l’échantillon que les
autres (37,9 %). L’échantillon compte 28,8 % d’étudiants dont les chefs de ménage travaillent
à leur propre compte et le reste de l’échantillon (14,2 %) comprend les étudiants dont le chef
de ménage a une autre profession (débrouillard, aide familial, enseignant et autres). Enfin, les
étudiants dont les chefs de ménage ont un niveau d’étude supérieur représentent 77,9 % de
l’échantillon. Seulement 22,1 % ont un niveau d’instruction non-universitaire.
29
Ce tableau montre que les étudiants ont en majorité choisi leurs facultés eux-mêmes. A cet
effet, la variable décision du choix de la faculté a été écartée pour les analyses qui suivent
étant donné qu’elle ne discrimine presque pas les étudiants. Après avoir présenté les
caractéristiques sociodémographiques des étudiants enquêtés, il est maintenant important de
déterminer l’ampleur du phénomène étudié. Il s’agit donc dans la section suivante de
déterminer le nombre d’étudiants qui ont l’intention de migrer.
3.1.2 Détermination de l’ampleur du phénomène
Déterminer l’ampleur du phénomène c’est déterminer le nombre de personnes qui sont
touchées par un phénomène quelconque. Dans le cas échéant, il s’agit de la proportion
d’étudiants enquêtés ayant l’intention de migrer parmi les étudiants enquêtés. Pour y parvenir,
Nous commençons d’abord par présenter la proportion d’étudiants ayant un simple souhait de
migrer. Après, nous présenterons la proportion d’étudiants ayant une intention migratoire,
c’est-à-dire ceux ayant déjà entrepris au moins une démarche pour partir. Eu égard à ce qui
précède, le graphique 2 révèle que près de 8 étudiants sur 10 ont un souhait de migrer soit 79
%.
30
21%
N'ont pas un souhait
de migrer
Ont un souhait de
migrer
79%
Le graphique ci-dessous nous montre clairement que parmi les étudiants ayant un simple
souhait de migrer, près de 4 étudiants sur 10 soit 36 % ont l’intention de migrer. Il s’agit juste
des étudiants qui ont un souhait de migrer et qui ont entrepris au moins une démarche pour
partir. Ces démarches sont entre autres : Prise d’information sur Internet, demande
d’inscription dans une université étrangère, prise d’information dans une ambassade
étrangère, demande de visa dans une ambassade étrangère, demande d’une lettre de
recommandation à un professeur et renseignements dans une agence ou auprès de passeurs.
A ce stade, nous avons présenté les caractéristiques des étudiants enquêtés et déterminé
l’ampleur du phénomène étudié. Dans la section suivante, nous allons maintenant identifier
les principaux motifs pour lequel les étudiants ont l’intention de migrer.
31
En effet, les résultats de notre enquête de terrain présentés dans le graphique 4, révèlent que
près de 7 étudiants sur 10 ayant l’intention de migrer soit 71 % ont l’intention de migrer pour
le motif de « poursuivre les études ». Seulement 10 % avancent le motif d’aller uniquement
pour la « quête du travail » alors que 19 % manifestent l’intention de migrer pour « une
nouvelle expérience de vie ». Ce résultat révèle que le principal motif pour lequel les
étudiants faisant partie de l’échantillon veulent migrer est « la poursuite de leurs études ».
Figure 4. Proportion d’étudiants selon les motifs de leur intention migratoire
10%
Chercher du travail
19%
Nouvelle experience
de vie
Poursuivre les etudes
71%
Nous venons de mettre en évidence le principal motif pour lequel les étudiants veulent
migrer. La section suivante de ce chapitre portera sur l’établissement du lien entre les
caractéristiques sociodémographiques des étudiants et leur intention migratoire internationale
par le test de Khi-deux.
32
En effet, le tableau 6 révèle que 39,6 % de femmes ont une intention migratoire contre 33,3%
d’hommes. Selon ce résultat, les différences entre les femmes et les hommes ne sont pas
statistiquement significatives. Quant à l’âge des étudiants, les différences sont statistiquement
significatives à 95 %. A ce sujet, les étudiants âgés de 26 ans et plus sont nombreux à avoir
une intention migratoire (48,4 %) que ceux des autres groupes d’âge. Faible est la proportion
d’étudiants âgés de moins de 22 ans ayant une intention migratoire (seulement 17,9 %). Ces
résultats nous révèlent que la proportion d’étudiants ayant l’intention de migrer augmente
avec l’âge. Cela peut s’expliquer par le fait qu’ils murissent leurs souhaits de partir avec le
temps et ainsi plus les étudiants passent de promotion, plus leurs souhaits de partir deviennent
plus concrets. En ce qui concerne la faculté des étudiants enquêtés, le tableau montre que les
différences observées sont statistiquement significatives à 99 %. Pour ce faire, 75 %
d’étudiants enquêtés de la faculté des polytechniques ont une intention migratoire
comparativement à ceux de la faculté des sciences qui représentent à peine 14,3 %. Les
étudiants polytechniciens sont nombreux à vouloir partir car ils estiment que ce domaine est
mieux rémunéré et valorisé ailleurs. Par conséquent, ils murissent plus leurs souhaits de partir
que les autres.
En ce qui concerne le niveau d’instruction du chef de ménage, les différences ne sont pas
statistiquement significatives entre les étudiants dont le chef de ménage a un niveau d’étude
supérieur ou universitaire (37,7 %) et ceux dont le chef de ménage a un niveau Non-
universitaire (31,8 %) à avoir une intention migratoire. Par rapport à la profession du chef de
ménage dans lequel vit l’étudiant, 42,9 % d’étudiants dont le chef de ménage travaille à son
propre compte ont une intention migratoire contre 30,6 % parmi ceux dont le chef de ménage
est un employé, ouvrier qualifié. Ces différences, selon les résultats, ne sont pas
statistiquement significatives.
33
Tableau 5. Proportion d’étudiants ayant une intention migratoire selon leurs caractéristiques
Caractéristiques sociodémographiques
des étudiants Intention migratoire Chi-deux
% Total (N)
Sexe de l'étudiant
Masculin 33,3 99 0,795ns
Féminin 39,6 91
Age de l'étudiant
Moins de 22 ans 17,9 39
22-25 ans 39,2 120 8,064**
26 ans et plus 48,4 31
Faculté de l'étudiant
Sciences économiques et de gestion 15,8 19
Sciences sociales, administratives et
politiques 42,9 14
Lettres et sciences humaines 31,3 16
Psychologie et science de l'éducation 45,5 11
Sciences 14,3 14
Droit 56,3 16 26,316***
Pétrole et Gaz 41,2 17
Médecine humaine 29,4 17
Médecine vétérinaire 33,3 18
Pharmacie 18,8 16
Agronomie 25 12
Polytechniques 75 20
Niveau d'instruction du chef de
ménage
Non-universitaire 31,8 44 0,501ns
Supérieur/universitaire 37,7 146
Profession du chef de ménage
Cadres 41,2 34
Employé, ouvrier qualifié 30,6 72
Travailleur à son propre compte 42,9 56 2,627ns
Autres 32,1 28
Ensemble 36,3 190
Source : Enquête sur terrain ;***: Sig à 99% ; ** : Sig à 95% ; ns : Non significatif
Après avoir établi le lien entre les caractéristiques sociodémographiques des étudiants et leur
intention migratoire, nous pouvons cette fois-ci déterminer les facteurs individuels associés à
l’intention migratoire des étudiants enquêtés.
Dans cette section, il s’agit maintenant de déterminer les facteurs individuels associés à
l’intention migratoire des étudiants enquêtés à l’aide de la méthode de régression logistique
binaire. Il s’agit de déterminer les facteurs susceptibles d’expliquer le fait d’avoir une
intention migratoire. Comme l’exige l’analyse de la régression logistique, notre variable
dépendante est qualitative dichotomique avec 1 : si l’étudiant a une intention migratoire et 0 :
si l’étudiant n’a pas une intention migratoire. Seules les variables qui ont statistiquement un
lien avec l’intention migratoire ont été introduites dans le modèle de régression logistique. Il
s’agit donc de l’âge et de la faculté de l’étudiant.
Les résultats de cette analyse présentés dans le tableau 6 révèlent que seule la faculté de
l’étudiant est statistiquement significative dans le modèle de régression au seuil de 95 %. Par
conséquent, la faculté de l’étudiant est le seul facteur associé à l’intention migratoire des
étudiants enquêtés de l’Université de Kinshasa. Ainsi ces résultats révèlent qu’il n’existe
aucune différence statistique entre les étudiants des sciences sociales, administratives et
politiques, ceux de la faculté des lettres et sciences humaines, de psychologie et sciences de
l’éducation, ceux des sciences et de Droit avec les étudiants des sciences économiques et de
gestion comme modalité de référence.
Dans ce même ordre d’idées, pas de différence entre les étudiants de la faculté de Pétrole et
Gaz, ceux de la Médecine humaine, de la faculté de Médecine vétérinaire, de la pharmacie et
ceux des sciences agronomiques avec les étudiants des sciences économiques et de gestion.
35
Par contre, les résultats révèlent qu’il y a une différence entre les étudiants des
Polytechniques et ceux des sciences économiques et de gestion. Pour ce faire, un étudiant
polytechnicien a 18 fois plus de chance d’avoir une intention migratoire que ceux des
sciences économiques. Ce résultat est significatif à 99%. En gros, les étudiants des
Polytechniques sont plus susceptibles d’avoir une intention migratoire que ceux des autres
facultés.
Tableau 6. Effet des caractéristiques des étudiants enquêtés sur l’intention migratoire
Cette analyse de la régression logistique nous a permis de dégager les facteurs individuels
susceptibles d’expliquer l’intention migratoire des étudiants enquêtés. Selon cette analyse, le
seul facteur qui explique l’intention migratoire c’est la faculté de l’étudiant à 95 %. Pour ce
faire, le fait d’être étudiant de la faculté des Polytechniques est un facteur susceptible
d’expliquer l’intention migratoire des étudiants de l’Université de Kinshasa enquêtés à 99 %.
Dans cette section de notre dernier chapitre, nous allons confronter les résultats aux
hypothèses. Il s’agit donc de vérifier si nos hypothèses ont été affirmées ou rejetées. Pour ce
faire, le tableau 7 ci-dessous nous donne un éclaircissement à ce sujet.
36
Les résultats de cette étude présentent certaines tendances qui nécessitent d’être discutées
largement. Les étudiants ayant un simple souhait de migrer sont nombreux, soit 79 %
d’étudiants enquêtés tandis que ceux qui ont déjà entrepris au moins une démarche pour
concrétiser ce souhait représentent 36 %. Compte tenu de la situation spécifique des étudiants,
leur souhait de migrer serait expliqué par les conditions déplorables et les moyens dérisoires
avec lesquels l’université fonctionne (Lututala, 2012). De plus, Athanase (2021) estime que la
nationalisation de l’Université de Kinshasa en 1971 a auguré sa déchéance, caractérisée par
une dégradation progressive de son patrimoine, un désengagement graduel de l’État qui ne
parvenait plus à subventionner l’Université et une détérioration des conditions de travail aussi
bien des étudiants, des enseignants, des chercheurs que du personnel administratif. Ainsi,
toutes ces conditions déplorables au niveau national et institutionnel peuvent être avant toute
autre chose la base de cette proportion élevée d’étudiants candidats à la migration
internationale.
En effet, bien que la littérature démontre le lien entre le sexe et l’intention de migrer, dans
cette étude, en ce qui concerne l’intention migratoire, les femmes et les hommes n’ont pas un
comportement différent. Par conséquent, le sexe n’est pas un facteur individuel associé à
l’intention migratoire des étudiants enquêtés. Ces résultats rencontrent ceux de Djamba
(2004) selon lesquels les hommes et les femmes ont le même désir de migrer s’ils ont les
mêmes caractéristiques sociodémographiques. Les résultats révèlent que les étudiants
enquêtés et ayant une intention migratoire veulent migrer plus pour les études, soit 71%
d’étudiants ayant une intention migratoire. A ce sujet, Laberge et al (2004) précisent que
selon certains auteurs, les aspirations d’étude élevées des jeunes sont en opposition avec leur
désir de vivre auprès de leur famille ou de demeurer dans leur communauté. Cette tendance
des étudiants à vouloir à tout prix poursuivre leurs études les incite à avoir une intention
migratoire internationale.
Eu égard à ce qui précède, l’étude d’Efionayi et Piguet (2019) sur le projet migratoire des
étudiants sénégalais, ivoiriens et nigériens révèle que deux tiers des répondants considèrent
que des diplômes acquis à l’étranger sont souvent mieux reconnus et présentent donc un
avantage à la fois sur le marché du travail local et pour une carrière académique. Dans ce
même ordre d’idées, Abdulaye (2019) ajoute que les étudiants espèrent alors que le départ à
38
l’étranger leur permettra de réaliser les rêves déçus qui ont inspiré leur effort personnel et le
sacrifice familial au cours de leurs études. Ainsi, l’étudiant a l’espoir d’avoir un bon emploi
dans son pays d’origine quand il a obtenu un diplôme à l’étranger, de préférence dans les pays
du Nord.
L’intérêt manifesté par ces étudiants d’aller poursuivre leurs études serait aussi motivé par le
fait que les conditions d’études à l’étranger, sont meilleures à plusieurs égards : qualité,
fonctionnement et encadrement dans l’enseignement, meilleures technologies, moins de «
perturbations », moins d’ingérences politiques et de « tromperies » au sein de l’université
(Efionayi et Piguet, 2019). Ces meilleures conditions sont logiquement loin d’être remplies au
sein de l’Université de Kinshasa sur tous les plans. Cependant, vouloir étudier à l’étranger
exige l’entreprise des plusieurs démarches et cela n’est pas sans coût. Pour cela, Abdoulaye
(2020) précise qu’il ne suffit pas, pour les étudiants désireux d’aller poursuivre leurs études
supérieures à l’étranger d’obtenir une préinscription dans une université étrangère du fait que
les ressources pour le voyage ne sont pas à la portée de tous les étudiants ayant une
préinscription surtout ceux qui viennent des familles ayant des moyens financiers très limités.
En effet, les résultats de notre étude rejoignent un peu ceux de Gilliard et Oumarou en 2008
en ce qui concerne le lien entre l’intention migratoire et le domaine poursuivi par l’étudiant.
Selon ces auteurs, un pourcentage plus fort d’étudiants qui avaient un projet migratoire au
Niger était observé à la faculté des sciences exactes et techniques. Dans cette étude, la plus
part d’étudiants qui ont une intention migratoire sont des polytechniques soit 75% d’étudiants
de cette faculté que nous avons enquêtés. Il est constaté ainsi un lien statistiquement
significatif entre l’intention de migrer des étudiants et leurs domaines d’étude. Cette tendance
élevée des étudiants de cette faculté à vouloir migrer serait en partie expliquée par la volonté
d’aller offrir son expertise à l’étranger où elle sera mieux rémunérée car en République
Démocratique du Congo, le domaine technique est peu valorisé et cela suscite en ces
étudiants le désir d’aller valoriser leurs compétences ailleurs où non seulement le domaine
technique est plus valorisé mais aussi il est porteur.
En plus, les résultats révèlent que l’âge de l’étudiant n’a aucun effet sur la décision de migrer
de celui-ci même si au niveau bivarié la différence statistique s’observe. Contrairement à
l’étude de Djamba (2004) qui a abouti à un résultat selon lequel la migration est plus probable
chez les personnes les moins âgées et Efionayi et Piguet (2019) qui soutiennent aussi que le
39
souhait de migrer des étudiants nigériens, sénégalais et ivoiriens diminuent avec l’âge, dans
cette étude l’âge de l’étudiant influence nullement son intention migratoire.
CONCLUSION GENERALE
Ce travail, traite de l’intention migratoire des étudiants de l’Université de Kinshasa. Il était
question de répondre à un certain nombre de questions pour avoir une idée claire sur les
intentions migratoires de ces étudiants. L’intérêt porté à ce sujet est expliqué par le fait que
cette catégorie de la population est une future élite du pays. A ce propos, l’objectif principal
de ce travail était de voir dans quelle mesure l’Etat peut orienter les intentions migratoires de
cette future élite afin de profiter de leurs talents et compétences.
Pour atteindre les objectifs assignés à cette étude, il a fallu d’abord déterminer l’ampleur du
phénomène, puis identifier les principaux motifs pour lesquels les étudiants enquêtés à
l’Université de Kinshasa veulent migrer. Enfin, il était question de déterminer les facteurs
individuels associés à l’intention migratoire des étudiants. Pour y arriver, un certain nombre
de méthodes ont été utilisées. Pour la collecte les données, nous avons recouru à une enquête
sur terrain et notre échantillon de 240 étudiants de l’Université de Kinshasa a été tiré à l’aide
de la technique d’échantillonnage dite de commodité ou de convenance ou encore
accidentelle. . Les méthodes d’analyse utilisées sont l’analyse descriptive (univariée et
bivariée) à l’aide des techniques de fréquences et de tableau de contingence (Khi-deux) et la
régression logistique binaire.
Il ressort des résultats obtenus que près de 8 étudiants sur 10, soit 79 % ont un simple souhait
de migrer. Cependant, seulement 36 % d’entre eux ont une intention migratoire (c’est-à-dire
qu’ils ont déjà entrepris au moins une démarche pour concrétiser leur souhait de migrer). Sans
tenir compte des démarches entreprises, l’étude révèle que ces étudiants sont nombreux à
vouloir migrer. De ces étudiants enquêtés, près de 7 sur 10, soit 71 % souhaitent migrer pour
les études, 19% pour la nouvelle expérience de vie et 10% seulement pour la quête du travail.
Ces résultats reflètent bel et bien la détérioration non seulement des conditions
socioéconomiques du pays mais aussi du milieu universitaire congolais. En plus, il n’y a pas
de différence entre les hommes et les femmes en matière d’intention migratoire.
Contrairement à ce qui a été démontré dans la revue de littérature, quel que soit le sexe de
l’étudiant, l’intention de migrer reste la même. L’analyse bivariee nous a révélé que
l’intention migratoire est plus observée auprès des étudiants âgés de 26 ans et plus et moins
aux étudiants âgés de moins de 22 ans. C’est-à-dire que plus l’âge de l’étudiant augmente
plus l’étudiant a l’intention de migrer. Nombreux sont les d’étudiants de la faculté des
41
Polytechniques qui ont une intention migratoire par rapport à ceux des autres facultés au seuil
de 99 %. Pour finir, pas de différence statistiquement significative entre les étudiants dont le
chef de ménage travaille à son propre compte ayant un niveau supérieur et universitaire et les
autres étudiants quant au fait d’avoir une intention migratoire.
S’agissant des facteurs pouvant être associés à l’intention migratoire des étudiants, l’analyse
de la régression logistique révèle que le seul facteur qui explique mieux l’intention migratoire
des étudiants est leur faculté. Selon ce résultat, les étudiants de Polytechnique sont plus
enclins à avoir une intention migratoire que les autres. A l’opposé de ce que révèle la revue
de littérature, le sexe de l’étudiant, son âge, le niveau d’instruction du chef de ménage et la
profession du chef de ménage n’ont aucun effet sur le fait qu’un étudiant ait une intention de
migrer. Ainsi, nous pouvons affirmer certainement que l’intention migratoire des étudiants de
l’Université de Kinshasa enquêtés est fonction uniquement de leurs domaines d’étude.
Pour clore, cette étude met en évidence quelques limites. Premièrement, le fait de ne pas
utiliser un échantillon représentatif des étudiants de l’Université de Kinshasa nous empêche
de saisir le phénomène sur l’ensemble des étudiants de cette institution universitaire. Pour ce
faire, une étude de grande envergure tenant compte de la représentativité de l’échantillon, afin
de généraliser les résultats sur l’ensemble des étudiants congolais en général et ceux de
l’université de Kinshasa en particulier est nécessaire. Ce qui fait que les résultats de cette
étude ne sont valables qu’à l’intérieur de notre échantillon. Par conséquent, les résultats ne
concernent que 240 étudiants enquêtés. Deuxièmement, l’étude devrait intégrer la partie
qualitative pour avoir une idée claire du phénomène. Ainsi, l’intégration de la partie
qualitative serait un atout pour une meilleure compréhension et explication des intentions
migratoires de ces étudiants. Pour chuter, les études ultérieures sur le phénomène migratoire
en République Démocratique du Congo doivent prendre en compte cet aspect de chose.
42
RECOMMANDATIONS
Au regard des résultats de cette étude et en tenant compte de l’objectif général poursuivi,
celui de contribuer à orienter les intentions migratoires des étudiants afin de profiter de leurs
talents et compétences, quelques recommandations ont été formulées à l’égard des autorités
congolaises.
o Le principal motif de l’intention migratoire des étudiants de l’Université de Kinshasa
que nous avons enquêtés est la poursuite des études. A cet effet, l’Etat congolais doit
améliorer la qualité de l’enseignement pour ne pas perdre toute l’expertise formée au
pays après tant de sacrifices ;
o Les résultats révèlent que les étudiants des polytechniques sont plus enclins à migrer
que les autres. A cet égard, l’Etat congolais doit valoriser le domaine technique afin
que les compétences apprises soient bénéfiques au pays étant donné son rôle dans le
développement.
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ANNEXE
QUESTIONNAIRE D’ENQUETE
Ce questionnaire a été élaboré dans le cadre d’une étude intitulée « Intention migratoire
internationale : caractéristiques sociodémographiques et facteurs individuels associés »
cas des étudiants de l’Université de Kinshasa. Il a pour but de mieux comprendre votre
intention d’émigrer à l’étranger. Les réponses seront traitées de manière confidentielle et
l’interview ne prendra qu’au maximum 10 minutes. Dans la plupart des cas vous pouvez
répondre en cliquant sur la réponse qui vous convient. Nous vous prions de nous aider à
réaliser cette étude en répondant aux questions ci-dessous.
Question 1. Sexe ?
1. Masculin
2. Féminin
Question 2. Quel est votre âge ?
…………………………………………………………………………………………………..
1. Célibataire
2. Marié(e)
3. Divorcé (e)/Séparé (e)
4. Veuf/Veuve
5. Autre (à préciser !)………………………………………………………
Question 4. Vous êtes inscrit dans quelle faculté ?
1. Economie et gestion
2. Sciences sociales, administratives et politiques
3. Lettres et sciences humaines
4. Psychologie et sciences de l’éducation
5. Sciences
6. Droit
7. Pétrole et Gaz
8. Médecine
9. Médecine vétérinaire
10. Pharmacie
11. Agronomie
12. Polytechnique
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1. Moi-même
2. Mes parents
3. Mes ami(e)s
4. Autres à préciser ………………………………………………………………
Question 6. Quel est le sexe du chef de votre ménage ?
1. Masculin
2. Féminin
Question 7. Quelle est la catégorie socioprofessionnelle du chef de votre ménage ?
1. Cadre de direction
2. Cadre de collaboration
3. Agent de maitrise
4. Employé, ouvrier qualifié
5. Employé, ouvrier non qualifié
6. Manœuvre
7. Patron
8. Travailleur à son propre compte
9. Apprenti
10. Aide familial
Question 8. Quel est le niveau d’instruction du chef de votre ménage ?
1. Sans instruction
2. Primaire
3. Secondaire
4. Supérieur et universitaire
5. Autres à préciser ....................................................................................................
Question 10. Si oui, pour quel motif avez-vous l’intention de migrer en dehors de la
RDC ?
Question 11. Si poursuivre les études, dans quel pays envisagez-vous aller étudier ?
…………………………………………………………………………………………….
Question 12. Avez-vous entrepris certaines démarches pour partir ?
Question 14. Si oui, votre famille, vos connaissances ou vos amis vous aident à
entreprendre ces démarches ?
…………………………………………………………………………………………………..
Question 16. Votre famille, vos connaissances ou vos amis sont au courant de votre
intention de migrer en dehors de la RDC ?
0. Non
1. Oui
Question 18. Si oui, quelle relation avez-vous avec ce membre vivant à l’étranger ?
1. Père ou mère
2. Oncle ou tante
3. Sœur ou frère
4. Cousin ou cousine
5. Ami(e)
6. Autres à préciser ………………………………………………………………………..
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