Vous êtes sur la page 1sur 153

MINISTERE DE L’EMPLOI ET DE

LA PROTECTION SOCIALE
………………
INSTITUT NATIONAL DE
FORMATION SOCIALE

SOUS-DIRECTION DE LA FORMATION
DES CADRES SUPERIEURS DES
AFFAIRES SOCIALES
.………….…
PROMOTION
2017 - 2019

Mémoire de fin de cycle en vue de l’obtention du diplôme


d’Inspecteur………………
d’Education Spécialisée

PERSISTANCE DES INEGALITES DE GENRE


DANS L’ACCES ET LE MAINTIEN AU NIVEAU
DE L’EDUCATION DE BASE DES
ETABLISSEMENTS PUBLICS D’ANDOKOI

Présenté par : Sous la direction de :


DIABY Née DIARRA Mme Rose KOFFI-NEVRY
Alioune Mariam Professeure Titulaire de
Inspectrice d’Education Microbiologie à l’Université
Spécialisée Stagiaire Nangui Abrogoua, Formatrice
en Genre et Développement

Octobre 2019
II
Mémoire de fin de cycle en vue de l’obtention du diplôme d’Inspecteur
d’Education Spécialisée

DEDICACE

PERSISTANCE DES INEGALITES DE GENRE


DANS L’ACCES ET LE MAINTIEN AU NIVEAU DE
L’EDUCATION DE BASE DES ETABLISSEMENTS
PUBLICS D’ANDOKOI

DIABY Née DIARRA Alioune Mariam


Inspectrice d’Education Spécialisée Stagiaire

III
A

Ma tendre mère,
Mon époux bien aimé
Mes enfants adorés
Pour toute leur affection

A la mémoire
de notre condisciple,
feu N’DRI Konan Edouard,
qui nous a quitté le 13 janvier 2019,
la veille de notre rentrée académique 2018-2019

IV
REMERCIEMENTS

Au terme de ce travail de recherche, nous sommes consciente que cet


exercice scientifique n’aurait pu être mené à bien sans le soutien, l’expertise et
la disponibilité de certaines personnes. A toutes ces personnes, nous voudrions
exprimer notre profonde gratitude.
Celle-ci s’adresse particulièrement à :
- Professeure KOFFI-NEVRY Rose, notre Directeur de mémoire, pour l’intérêt
qu’elle accorde aux questions de genre, son sens du travail bien fait et son
sens de la rigueur ;
- Madame KABA FOFANA Yaya Fanta, Secrétaire Exécutive de
l’Observatoire National de l’Equité et du Genre (ONEG), notre encadreur de
stage et ses collaborateurs, Messieurs LAVRY Kouakou Augustin et EHUI
Tiémélé Raphaël pour leur implication à l'avancement de ce travail et leurs
conseils avisés ;
- Monsieur SORO Ali, Sous-Directeur chargé de la formation des cadres
supérieurs de la protection sociale, pour sa sollicitude et sa contribution à ce
travail ;
- Monsieur BOTTY Anlefouhazy Antoine, notre Coordonnateur et Madame
BAMBA Madognan, son adjointe, pour leurs encouragements ;
- Monsieur NARAHINI Moustapha, Chef du cabinet de formation continue et
de recherche en travail social, pour ses conseils et encouragements ;
- Docteur FOFANA Memon, pour sa disponibilité et sa contribution
considérable à ce travail ;
- Docteurs KOUAKOU OI KOUAKOU Benoît, DONGO Kouamé Brahiman
et N’DOLY Christophe pour leurs encouragements et leur contribution à ce
travail ;
- Docteur ATTA Kouadio Yeboua Germain pour ses observations, suite à
l’instruction du mémoire ;

V
- Messieurs TRA Siagbé, Expert en Technologie de l’Enseignement et Genre et
BAMBA Mamadou, Inspecteur Pédagogique Principal en Communication
pour leurs encouragements et leur contribution à ce travail ;
- Messieurs BESSIE Baudry, Doctorant en Sociologie et KONIN Benjamin,
Educateur Spécialisé pour leur contribution à ce travail ;
- Messieurs BROU Kouakou Noel, SOUMAILA Koffi Youssouf et Sindou
SANOGO, du Ministère en charge de l’Education Nationale et AMAN Albert
notre formateur en statistiques pour leur contribution à ce travail ;
- L’ensemble des Formateurs, Encadreurs et Conseillers de l’Institut National
de Formation Sociale (INFS), pour la qualité des enseignements reçus dans le
cadre de notre formation ;
- Nos condisciples de la deuxième promotion des Inspecteurs d’Education
Spécialisée en formation ;
- NALO Françoise Koua épouse SAYNI, Censeur au Lycée Moderne
Yopougon-Andokoi, Madame SEME N’DRI Amoin, Directrice de l’EPP
Andokoi 2B et Monsieur KOUASSI Bertin, Conseiller Principal d’Education
à l’IEPP Yopougon-Andokoi pour leur disponibilité ;
- Messieurs DIABY Sékou du Service bibliothèque de la DREN Abidjan 3 et
SOUMAHORO Broulaye, membre du COGES du Lycée Moderne
Yopougon-Andokoi et Madame TOURE Namariama, Vice-présidente du
groupe « Intime » pour leur disponibilité ;
- Lieutenant KONE Dramane, Chef des opérations du District de Police de
Yopougon pour sa disponibilité ;
- Monsieur Coulibaly Pelibien Ghislain, Sociologue, Expert Genre, l’accesseur,
pour sa contribution à l’amélioration de ce travail ;
Nos remerciements vont également à l’endroit de tous ceux que nous ne
citons pas nommément et qui ont contribué directement ou indirectement à la
réalisation de ce document.

VI
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES

BEPC : Brevet d’Etudes du Premier cycle


CAFOP : Centre d’animation et de Formation Pédagogique
CCDO : Centre de Coordination des Opérations Décisionnelle
CEDEAO : Communauté Economique des Etats de l’Afrique de
l’Ouest
CEDEF : Convention relative à l’Elimination de toutes les formes
de Discriminations à l’Egard des Femmes
CEPE : Certificat d’Etude Primaire Elémentaire
CEPED : Centre Population et Développement
COGES : Comité de Gestion des Etablissements Scolaires
DCEP : Direction de la Coordination et de l’Exécution des
Projets
DELC : Direction des Ecoles, Lycées et Collèges
DEEG : Direction de l’Egalité, de l’Equité et du Genre
DEPG : Direction de l’Egalité et de la Promotion du Genre
DGE : Direction du Genre et de l’Equité
DREN : Direction Régionale de l’Education
DSPS : Direction des Stratégies, de la Planification et des Statistiques
EDHC : Education aux Droits de l’Homme et à la Citoyenneté
EEG : Egalité et Equité du genre
ENS : Ecole Normale Supérieure
EPP : Ecole Primaire Publique
EPT : Education pour Tous
GLPE : Groupe Local des Partenaires de l’Education
IEPP : Inspection de l’Enseignement Primaire et Préscolaire
IGEN : Inspection Général de l’Education Nationale
INFS : Institut National de Formation Sociale

VII
IPNET : Institut Pédagogique National de l’Enseignement Technique
IPS : Indice de parité entre les sexes
MACA : Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan
MENET-FP: Ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement Technique
et de la Formation Professionnelle
ODD : Objectifs de Développement Durable
ONEG : Observatoire National de l’Equité et du Genre
ONU : Organisation des Nations Unies
PAM : Programme Alimentaire Mondiale
PSR-ETFP : Plan Stratégique de la Réforme de l’Enseignement Technique et
de la Formation Professionnelle
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
PP : Professeur Principal
PSE : Plan Sectoriel de l’Education
PSO : Politique de Scolarisation Obligatoire
PTF : Partenaire Technique Financier
RGPH : Recensement Général de la Population et de l’Habitat
SE : Suivi-Evaluation
SMIG : Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti
SOFEFIHA: Société pour la Gestion et le Financement de l’Habitat
SVT : Science de la Vie et de la Terre
TAS : Taux d’Achèvement au Secondaire
TBA : Taux Brut d’Admission
TNA : Taux Net d’Accès
UCCA : Union des Chefs Communautaires d’Andokoi
UNESCO : United Nation Educational Scientific and Cultural Organization
(Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la
Culture)
VBG : Violence basée sur le Genre

VIII
LISTE DES TABLEAUX

Pages
Tableau 1: Variables et indicateurs ..................................................................... 17

Tableau 2: Répartition de la population des enfants d’Andokoi


selon les tranches .............................................................................. 34

Tableau 3: Répartition de la population scolaire d’Andokoi suivant


les cycles et le sexe ........................................................................... 34

Tableau 4: Répartition du personnel du Lycée Moderne Yopougon-Andokoi


selon le sexe pour l’année scolaire 2018-2019 ................................. 36

Tableau 5: Répartition des individus selon la qualité et le sexe ......................... 39

Tableau 6: Répartition des élèves admis à l’EPP Andokoi 2B sans


extrait d’acte de naissance pour l’année scolaire 2018-2019 ........... 48

Tableau 7: Répartition des enfants n’ayant pas eu accès à la classe CP1


à l’EPP Andokoi 2B et au groupe scolaire Andokoi 2 selon
le sexe pour l’année scolaire 2018-2019 .......................................... 49

Tableau 8: Bilan des résultats de fin d’année du premier cycle du


Lycée Moderne Yopougon-Andokoi selon le sexe .......................... 72

Tableau 9: Répartition des parents selon la situation matrimoniale ................... 75

IX
LISTE DES GRAPHIQUES
Pages
Graphique 1: Répartition des parents selon le sexe ............................................ 73

Graphique 2: Répartition des parents selon la religion ....................................... 75

Graphique 3: Répartition des parents selon le statut professionnel .................... 76

Graphique 4: Répartition des parents selon le revenu par mois.......................... 77

Graphique 5: Répartition des parents selon le niveau d’instruction ................... 79

X
SOMMAIRE
Pages

INTRODUCTION ................................................................................................. 1

CHAPITRE 1 : ASPECT THEORIQUE .............................................................. 5

CHAPITRE 2 : ASPECT PRATIQUE ............................................................... 31

CHAPITRE 3 : EVALUATION DU MEMOIRE ET PERSPECTIVE


D’ACTION ............................................................................... 95

CONCLUSION ................................................................................................. 118

ANNEXES ........................................................................................................ 120

BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE THEMATIQUES .......................... 134

TABLE DES MATIERES ................................................................................ 139

XI
INTRODUCTION

L'égalité des genres constitue pour l'UNESCO (2019), une priorité à


l’échelle mondiale, indissociable de ses efforts de promotion du droit à
l'éducation et de son soutien à la réalisation des Objectifs de Développement
Durable (ODD). En effet, l’Agenda Education 2030 reconnaît que l'égalité des
genres requiert une approche qui « garantisse que les filles et les garçons, les
femmes et les hommes non seulement aient le même accès aux différents cycles
d’enseignement, jusqu’à leur terme, mais aussi qu’ils aient les mêmes
possibilités de s’épanouir dans l’éducation et ceci, grâce à l’éducation ».
Il est admis par la Banque Mondiale (2018) que l’éducation est un
puissant vecteur de développement et l’un des meilleurs moyens de réduire la
pauvreté, d’élever les niveaux de santé, de promouvoir l’égalité entre les sexes
et de faire progresser la paix et la stabilité.
Par ailleurs, pour l’Institut de Statistique de l’UNESCO (ISU) et le
Rapport Mondial de Suivi de l’Education (Rapport GEM) (2017), la pauvreté
dans le monde pourrait être réduite de moitié si tous les adultes achevaient le
cycle secondaire.
Toutefois, bien que de nombreux pays aient réalisé des progrès
impressionnants pour lutter contre les obstacles à l’éducation au fil des ans, de
nombreuses inégalités de genre persistent dans de nombreux contextes, dans
l'accès, les acquis de l’apprentissage et la poursuite des études, le plus souvent
au détriment des filles, même si dans certaines régions, ce sont les garçons qui
sont désavantagés (UNESCO, 2019).
Investir dans l’éducation des femmes, des hommes, des filles et des
garçons est une impérieuse nécessité pour tous les pays, particulièrement pour la
Côte d’Ivoire dont l’ambition est d’être un pays émergent dans un bref délai.

1
En conséquence, pour garantir l’égalité des chances entre les sexes, dans
l’accès à une éducation de base de qualité, l’Etat de Côte d’Ivoire a pris en
compte la dimension genre dans le système éducatif ivoirien.
Ainsi, la problématique du développement durable constitue un enjeu
structurel de développement d’un pays. En effet, il est prouvé par les études
effectuées par de grandes institutions comme la Banque Mondiale (2017) et le
PNUD (2017) que la prise en compte du genre et l’autonomisation des femmes
sont essentiels pour accéder à un développement plus juste et plus équitable.
La Côte d’Ivoire a manifesté son adhésion à cette stratégie de
développement en ratifiant à partir de 1975, la plupart des conventions
internationales et régionales de promotion du genre. En 1995, l’Etat ivoirien a
ratifié la Convention relative à l’Elimination de toutes Formes de
Discriminations à l’Egard des Femmes (CEDEF) et a adhéré à la Déclaration et
au plan d’action de Beijing. La Côte d’Ivoire a également ratifié le Protocole de
Maputo ou la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples relative
aux droits de la femme en Afrique, le Protocole facultatif à la CEDEF, souscrit à
l’Agenda 2068 de l’Union Africaine, notamment en son point 10, et adhéré, en
septembre 2015, au nouvel agenda de développement à l’horizon 2030, dit
ODD.
Par ailleurs, le principe d’égalité entre femmes et hommes est consacré
dans la Constitution ivoirienne du 8 novembre 2016, en son article 4.
Ainsi, au plan national, ces engagements se sont traduits par diverses
politiques, stratégies, réformes institutionnelles, législatives, au niveau de la
planification et à travers diverses mesures particulières.
Parmi les réformes institutionnelles, il faut noter la création en 2006,
d’une Direction chargée de la Promotion du Genre qui a compris que
l’engagement de la Côte d’Ivoire à intégrer la dimension genre à son
développement ne pouvait se faire en dehors d’une politique nationale.

2
C’est ainsi qu’après la signature par le Chef de l’Etat, le 21 février 2007
d’une Déclaration Solennelle de la Côte D’Ivoire sur l’Egalité des Chances,
l’Equité et le Genre, un Document de Politique Nationale sur l’Egalité des
Chances, l’Equité et le Genre a été élaboré de façon participative et adopté en
Avril 2009 par le Gouvernement afin de prendre en compte la dimension genre
dans les politiques, plans et programmes de développement dans la perspective
d’un développement humain, équilibré et durable. Constitué de six axes
stratégiques dont l’un est intitulé « Genre, reconstruction et services sociaux de
base » au niveau duquel est inscrit le volet « Genre et éducation », ce document
a inspiré l’adoption de nombreuses réformes institutionnelles et juridiques et des
stratégies sectorielles ou thématiques.
La prise en compte du genre dans le secteur de l’éducation a pour but
d’assurer l’éducation de base pour tous et de veiller au maintien d’un
environnement d’apprentissage qui améliore les rendements des apprenants et
des apprenantes.
Selon la Direction des Stratégies, de la Planification et des Statistiques
(DSPS) du Ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement Technique et
de la Formation Professionnelle (MENET-FP), dans son rapport d’Analyse
Statistique du Système Educatif Ivoirien, la prise en compte du genre dans le
secteur éducatif a permis une amélioration de l’accès des filles et des garçons à
tous les niveaux des cycles d’enseignements, (DSPS, 2017).
Cependant, l’analyse des Taux Net d’Accès aux différents cycles montre
que des efforts restent encore à faire pour un accès plus équitable au système
éducatif. En effet, les statistiques du Ministère de l’Éducation Nationale de
2016-2017 mettent en lumière des écarts importants en matière d’accès à
l’éducation entre les régions et des inégalités de genre au niveau de l’éducation
de base et cela, en défaveur de la fille.

3
En vue de réduire les inégalités de genre au niveau de l’accès, du maintien
et des résultats scolaires dans le système éducatif en Côte d’Ivoire, le MENET-
FP a entrepris l’élaboration d’une politique genre depuis avril 2019.
C’est pour coordonner la mise en œuvre de cette politique genre en son
sein que, le MENET-FP s’est doté de la Direction de l’Egalité et de l’Equité du
Genre (DEEG). Elle a pour mission essentielle de réduire les inégalités en
matière de genre, dans le sous-secteur Education/Formation.
Le constat de la persistance des inégalités de genre dans l’éducation de
base motive l’intérêt de la présente étude. Notre travail s’articule autour de trois
chapitres.
Le premier présente l’aspect théorique de notre champ d’étude autour des
points que sont le choix du domaine et du sujet, l’expérience professionnelle
vécue, le problème de recherche et les questions qui en découlent, les objectifs,
les hypothèses, les différentes variables et leurs indicateurs et le cadre théorique
de référence.
Le second traite de l’aspect pratique de notre étude. Cette partie, indiquant
la méthodologie de recherche qui a permis la collecte des données, présente les
résultats obtenus, leur analyse et interprétation.

Le troisième fait d’abord l’évaluation du mémoire en révélant les traces de


compétences en termes d’analyse et des réponses adaptées aux situations vécues
sur les plans diagnostic et pronostic. Ensuite, il met en exergue les perspectives
d’actions en termes de réflexion sur les axes et les actions concrètes à poser.

4
CHAPITRE 1 :
ASPECT THEORIQUE

5
1- Choix du domaine et du sujet

Ce travail s’inscrit dans le domaine « genre et éducation » et


spécifiquement au niveau de l’éducation de base. Il présente l’importance et/ou
l’intérêt de la prise en compte de la dimension genre dans le secteur de
l’éducation.
La prise en compte des considérations de genre dans le secteur de
l’éducation a pour but d’assurer l’éducation de base pour tous et de veiller au
maintien d’un environnement d’apprentissage qui améliore les rendements des
apprenants et des apprenantes1.
Dans cette perspective, le Ministère en charge de l’Education Nationale a
entrepris des réformes du système éducatif. En effet, en novembre 2007, puis de
novembre 2014 à juillet 2015, ce département ministériel s’est engagé dans une
analyse diagnostique approfondie du système éducatif qui a mis en évidence
avec rigueur et objectivité ses forces et ses faiblesses2. Sur la base des résultats
de ce diagnostic, des innovations ont été enregistrées dans ce secteur. Ces
innovations ont abouti en septembre 2015, à l’adoption de la Politique de
Scolarisation Obligatoire (PSO)3 pour tous les enfants des deux sexes âgés de 6
à 16 ans et à l’élaboration du Plan Sectoriel Education/Formation 2016-2025
(2017).
Toutefois, selon le Rapport d’Analyse Statistique du Système Educatif
Ivoirien 2016-2017, des points faibles demeurent. En effet, des disparités entre
les régions administratives et des inégalités liées à l’accès et au maintien des
filles, persistent toujours dans ce secteur.

1
Source : Document de Politique Nationale de l’Egalité des Chances, de l’Equité et du Genre, 2009
2
Plan Sectoriel Education/Formation 2016-2025, p 15
3
La loi N° 2015-635 du 17 septembre 2015 portant modification de la loi N° 95-696 du 07 septembre 1995
relative à l’enseignement.

6
Cette situation inégalitaire entre les filles et les garçons dans l’éducation
constitue également une préoccupation pour certaines instances internationales
(ONU, UNESCO) qui insistent auprès des Etats et des gouvernements pour que
soit promue une éducation de qualité, inclusive, équitable et favorable aux
possibilités d’apprentissage de tous les êtres humains, tout au long de la vie.
En tant que travailleure sociale qui aura à charge la conception, la
supervision et l’évaluation des politiques et programmes, il est primordial que
nous nous intéressions à la question des inégalités de genre dans le secteur de
l’éducation.
De ce qui précède, notre intérêt pour la question et le choix de ce sujet se
situent à trois niveaux.
Tout d’abord, au niveau individuel, en tant que femme intellectuelle, nous
connaissons l’importance de l’éducation dans la vie de tout être humain. De ce
fait, nous ne pouvons qu’encourager les parents à inscrire leurs enfants sans
distinction ni préférence de sexe (garçons et filles) à l’école. En effet, l’accès
des filles à l’éducation est d’autant plus important que lorsqu’elles atteignent le
cycle secondaire, elles sont plus susceptibles d’éviter le mariage précoce, les
grossesses précoces et d’avoir des familles en meilleure santé et plus épanouies.
Ensuite, au niveau social, cette étude entend contribuer à la prise de
conscience de toute la communauté éducative face aux enjeux sociaux et
politiques en rapport avec la persistance des inégalités d’accès et de maintien
entre les filles et les garçons dans l’éducation de base. Cette situation
inégalitaire peut induire un ensemble de mesures pouvant contribuer à réduire
ces inégalités à travers la promotion d’une éducation fondée sur le respect
mutuel des deux sexes et le renforcement des outils de promotion du genre y
compris la formation des acteurs.

7
Enfin, au niveau scientifique, cette étude vise à aider le MENET-FP et
toute la communauté éducative à comprendre les inégalités à l’école, malgré les
efforts consentis par le gouvernement, et proposer la prise en compte de la
dimension genre pour y faire face. En d’autres termes, cette étude se veut
comme une contribution à l’institutionnalisation du genre en cours au MENET-
FP.
Le choix de cette étude s’explique également par notre volonté de porter
un regard scientifique sur les inégalités d’accès et de maintien dans l’éducation
de base. Il s’agira alors de faire une nouvelle lecture de la situation afin de
susciter de nouvelles politiques permettant d’infléchir ou de réduire ces
inégalités.
Cependant, pour une meilleure compréhension du sujet d’étude, il
convient de définir les concepts clés qui s’y rapportent : « Genre », « Inégalités
de genre », « Violences Basées sur le Genre », « Accès », « Maintien » et
« Education de base ».
Dans le cadre de notre étude, l’ensemble de ces concepts renvoient aux
réalités ci-dessous.
 Genre
En Côte d’Ivoire, le Document de Politique Nationale sur l’Egalité des
Chances, l’Equité et le Genre (2009) donne une définition consensuelle du genre
assez proche des réalités de notre pays comme étant : « L’ensemble des règles
implicites et explicites qui régissent les relations homme /femme en leur
attribuant des valeurs, des responsabilités et des obligations distinctes ». Selon,
toujours ce Document de Politique, l’approche genre est « une approche de
développement qui vise à réduire les inégalités sociales, économiques,
politiques et culturelles entre les hommes et les femmes, entre les filles et les
garçons.

8
Il révèle les injustices, les discriminations qui sont tolérées, voire encouragées
dans divers contextes sociaux, le plus souvent à l’encontre des femmes. Il s’agit
en d’autres termes, des chances, des opportunités, des droits et devoirs qu’on
accorde à tout individu (homme et femme) au sein d’une société ».
En d’autre termes, le terme genre permet de cerner (comprendre, analyser)
les rôles et responsabilités assignés dans la société aux individus selon leur
appartenance sexuelle. Il inclut les valeurs, les attitudes et comportements
qu’une société juge appropriés à un sexe ou l’autre (activités et comportements
jugés acceptables ou non selon le sexe de la personne concernée).
 Inégalités de genre
Les inégalités de genre désignent les déséquilibres entre hommes et
femmes en termes de réalisations, d’accès et de contrôle des ressources, de
pouvoir de décision, dans la définition des rôles et des responsabilités.
 Violences Basées sur le Genre (VBG)
Selon le Document de Document de Stratégie Nationale de Lutte contre
les Violences Basées sur le Genre (2014), les Violences Basées sur le Genre
concernent tout acte dirigé contre un homme ou une femme du fait des rapports
sociaux inégalitaires régissant la communauté et défavorisant un groupe. La
Violence Basée sur le Genre est un terme générique pour désigner tout acte
nuisible/préjudiciable perpétré contre le gré d’autrui, et qui est basé sur des
différences socialement prescrites entre hommes et femmes/filles et garçons. Les
VBG incluent toutes les violences physiques, verbales, psychologiques,
sexuelles ; les mutilations génitales féminines, le viol, les mariages
précoces/forcés, les grossesses en cours de scolarité.
Leur persistance en milieu scolaire traduit à la fois la dégradation de
l’environnement scolaire, mais également celle des indicateurs de qualité en
milieu scolaire, si l’on considère que l’enfant qui fréquente une école a droit à
un environnement favorable aux apprentissages.

9
L’existence des VBG en milieu scolaire est à la fois révélatrices de la
reproduction de ces stéréotypes sexistes à l’école et de la vulnérabilité des filles.
De ce qui précède, l’élimination des VBG reste un défi dans le secteur de
l’éducation/formation.
 Accès
Selon le dictionnaire de français Larousse, c’est la possibilité pour
quelqu’un d’atteindre un lieu, d’y pénétrer. C’est également le fait ou droit
d’accéder à une fonction, un état, une dignité, etc.
C’est donc, la possibilité qu’a une personne d’avoir accès aux ressources,
aux opportunités : ici, il s’agit de l’accès à la ressource éducation qui est un droit
fondamental pour l’enfant.
 Maintien
Selon le Dictionnaire de français Larousse, c’est l’action, le fait de
maintenir, de se maintenir. C’est aussi la manière de tenir son corps.
En d’autres termes, le maintien renvoie aux stratégies, techniques et
outils utilisés dans l’éducation de base pour lutter contre les différentes formes
de violences basées sur le genre à l’école et en dehors de l’école. Ces stratégies,
techniques et outils ont pour objectifs de créer les conditions optimales
d’apprentissages, participant au maintien des filles et des garçons à l’école.
 Education de base
En Côte d’Ivoire, selon la Lettre de Politique du Secteur
Education/Formation 2016-2025 (2017), l’éducation de base correspond, pour
l’essentiel à l’enseignement primaire et au premier cycle de l’enseignement
secondaire général ; ce qui est en adéquation avec la Politique de Scolarisation
Obligatoire pour les enfants de 6 à 16 ans.
En conclusion, par persistance des inégalités de genre dans l’accès et le
maintien au niveau de l’éducation de base, il faut entendre que les déséquilibres
entre les filles et les garçons persistent dans le fait d’accéder et de se maintenir
au primaire et au premier cycle du secondaire général.

10
2- Expérience professionnelle vécue
Le secteur de l’éducation ne nous est pas totalement inconnu. En effet,
nous avons débuté notre carrière professionnelle en tant qu’éducatrice
préscolaire en 2006. Nous étions chargée de la prise en charge globale de la
petite enfance sur les plans éducatif, sanitaire et nutritionnel. Nous avions pour
missions de veiller au développement cognitif, socioaffectif et psychomoteur des
enfants de 2 à 5 ans. Nous avons travaillé pendant quatre ans avec les enfants du
niveau préscolaire. Suite à un concours professionnel, nous avons été admise au
cycle des éducateurs spécialisés.
Après cette formation en 2012, nous avons été affectée au Ministère en
charge de la Femme et plus précisément à la Direction de l’Egalité et de la
Promotion du Genre (DEPG) en 2013, devenue par la suite la Direction du
Genre et de l’Equité (DGE) en 2016. C’est donc dans cette Direction que nous
avons pris conscience des inégalités existant entre les femmes et les hommes
dans presque tous les domaines d’activités. Les formations thématiques reçues
au cours des ateliers et séminaires et les formations personnelles à travers nos
lectures sur le genre, nous ont permis de comprendre que les rapports de pouvoir
entre l’homme et la femme sont généralement en défaveur de cette dernière. Ce
constat pourrait s’expliquer par les pesanteurs socioculturelles et par le manque
d’éducation de la femme. Par ailleurs, nous avons aussi compris que c’est
seulement en accédant à l’éducation au même titre que l’homme, que la femme
pourrait non seulement sortir de la pauvreté, mais influencer les décisions aussi
bien au sein de sa famille, de sa communauté, que de son pays et lutter contre les
violences basées sur le genre dont elle est souvent victime. L’éducation est donc
la clé pour réduire les inégalités de genre, voire les éliminer dans la société. En
d’autres termes, l’éducation est l’arme privilégiée de lutte contre la pauvreté.

11
C’est partant de tous ces acquis au niveau professionnel que notre choix
s’est porté sur ce sujet dont le but est d’étudier les déterminants de la persistance
des inégalités de genre au niveau de l’accès et du maintien dans l’éducation de
base dans les établissements publics d'Andokoi en général et particulièrement,
l’EPP Andokoi 2B et le Lycée Moderne Yopougon-Andokoi.

3- Problème de recherche et questions de recherche


3.1- Problème de recherche
Assurer une éducation inclusive et de qualité à tous les enfants en âge
d’aller à l’école est au cœur des préoccupations liées au développement de nos
communautés et de nos sociétés.
Pour réduire les écarts entre les filles et les garçons au niveau du secteur
de l’éducation, l’Etat de Côte d’Ivoire a engagé, à partir de 2007, de nombreuses
réformes4 au niveau de son système éducatif. Elles ont été entreprises en
s’appuyant sur les besoins, les aspirations et les préoccupations des femmes et
des hommes, des filles et des garçons aussi bien des milieux urbains que ruraux.
Ces initiatives qui capitalisent l’approche genre visent à corriger les inégalités
dans l’accès surtout à l’enseignement primaire et secondaire, conformément au
point 1 de l’Objectif de Développement Durable (ODD) 45.
Les données du Ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement
Technique et de la Formation Professionnelle (MENET-FP) indiquent que la
Côte d’Ivoire a accompli des progrès significatifs en matière d’accès à
l’éducation, surtout dans l’enseignement primaire qui représente la porte
d’entrée obligatoire au niveau de l’éducation de base.

4
Ces réformes entreprises à partir de 2007 avec l’adoption du plan stratégique de l’éducation de la fille en Côte
d’ivoire ont abouti en 2015 à « l’école obligatoire » pour tous les enfants de 6 à 16 ans (la loi N° 2015-635 du 17
septembre 2015 portant modification de la loi N° 95-696 du 07 septembre 1995 relative à l’enseignement).
5
Point recommandant à tous les Etats de faire en sorte que d’ici à 2030, toutes les filles et tous les garçons aient
accès et suivent sur un pied d’égalité, un cycle complet d’enseignement primaire et secondaire de qualité et qui
débouche sur un apprentissage avec des acquis scolaires performants.

12
Ainsi, selon les données statistiques publiées par la Direction des
Stratégies, de la Planification et des Statistiques (DSPS, 2015 ; 2018), de 2014-
2015 à 2017-2018, les effectifs des nouveaux inscrits en première année de ce
degré d’enseignement sont passés de 734 834 élèves (dont 350 514 filles et
384 320 garçons) à 768 352 élèves (dont 371 138 filles et 397 214 garçons). Ce
qui fait, selon la DSPS (2018), une progression annuelle moyenne de 1,5 %.
De même, dans l’enseignement secondaire, le Taux Brut d’Admission (TBA)6
au premier cycle du secondaire a connu des progrès, passant de 2014/2015 à
2017/2018, de 60,7 % (53,7 % pour les filles et 67,2 % pour les garçons) à 69,9
% (63,3 % pour les filles et 70,2 % pour les garçons). Ce qui signifie qu’en
2018, 70 adolescents sur 100 ont pu accéder à la classe de sixième contre 61 en
2015 (DSPS, 2015 ; 2018).
En dépit de ces avancées, des disparités et des inégalités dans l’accès
existent encore, respectivement, entre les régions administratives et entre les
filles et les garçons, au regard des Taux Net d’Accès (TNA) 7 et de l’Indice de
Parité entre les Sexes (IPS)8 dans l’enseignement primaire et dans
l’enseignement secondaire général (DSPS, 2018).
En effet, au plan national, le TNA des filles à l’enseignement primaire est
de 70,9 % contre 73,2 % pour les garçons avec un IPS de 0,96 (DSPS, 2018).
Au premier cycle du secondaire général, le TNA est de 16,3 % pour les filles
contre 17,8 % pour les garçons et l’IPS se situe à 0,92 (DSPS, 2018).

6
Le TBA est le nombre total des nouveaux élèves en première année d’un cycle d’enseignement, sans
considération d’âge, exprimé en pourcentage de la population ayant l’âge légal d’admission scolaire première
année de ce cycle.
7
Le TNA représente le nombre total des nouveaux élèves en première année d’un cycle d’enseignement ayant
l’âge légal d’entrée dans ce cycle, exprimé en pourcentage de la population ayant l’âge légal d’entrée en
première année de ce cycle.
8
L’IPS est le rapport entre la valeur correspondant au sexe considéré comme défavorisé (féminin en général) et
celle correspondant au sexe favorisé (masculin en général) pour un indicateur donné. Il se calcule par rapport à
n’importe quel indicateur pourvu que celui-ci puisse se désagréger en fonction du sexe. Lorsqu’il est supérieur
ou égal à 1, cela indique que la parité est atteinte. Dans le cas où il est inférieur à 1, cela montre que les filles et
les garçons n’ont pas les mêmes chances d’accès à l’éducation de base.

13
Relativement au maintien, les inégalités entre les filles et les garçons au
niveau de l’éducation de base s’apprécient par les taux d’achèvement et
d’abandon.
Concernant le Taux d’Achèvement au Primaire (TAP)9, il est de 75,0 %
pour les filles contre 80,2 % pour les garçons avec l’IPS à 0,93 % et celui du
premier cycle du secondaire général (TAS)10 est de 49,2 % pour les filles contre
59,4 % pour les garçons avec un IPS de 0,83 (DSPS, 2018).
En ce qui concerne l’abandon scolaire, le taux au primaire est de 5,0 %
chez les filles contre 5,2 % chez les garçons (DSPS, 2018). Au premier cycle du
secondaire général, il est de 18,6 % chez les filles et de 15,6 % chez les garçons
(DSPS, 2017).
A Abidjan, Capitale économique de la Côte d’Ivoire, au primaire, le TNA
est de 70,79 % (69,27 % pour les filles et 72,37 % pour les garçons).
Ce qui signifie que sur 100 enfants de 6 ans, seuls environ 71 ont pu avoir
accès au CP1 en 2018. L’IPS à 0,96 indique que dans le District d’Abidjan, les
filles et les garçons n’ont pas les mêmes chances d’accès à l’éducation de base
(DSPS, 2018). Ces données varient selon les différentes communes d’Abidjan.
Ainsi, pour ce qui concerne Yopougon, commune cible de cette étude, les
données montrent que pour l’année scolaire 2017-2018, dans le primaire, l’EPP
SOGEFIHA 4A enregistre 45,5 % de filles contre 54,5 % de garçons tandis que
l’EPP Gare Sud 3 compte 45,4 % de filles contre 54,6 % de garçons.
Dans le premier cycle du secondaire, pour la même année scolaire, le Lycée
Municipal Simone Ehivet Gbagbo comptabilise 48 % de filles contre 51,52 % de
garçons comparativement au Lycée Municipal 1 Gadié Pierre qui enregistre 43,8
% de filles contre 56,2 % de garçons (DSPS, 2018).

9
Le TAP est le rapport est le rapport entre les nouveaux inscrits au CM2, quel que soit leur âge, exprimé en
pourcentage du nombre total des enfants âgés de 11 ans.
10
Le TAS est le rapport est le rapport entre les nouveaux inscrits en 3ème, quelque soit leur âge, exprimé en
pourcentage du nombre total des enfants âgés de 15 ans

14
A Andokoi, pour la même année scolaire, au primaire, l’EPP Andokoi 2B
compte 46,5 % de filles contre 53,5 % de garçons tandis que l’EPP Saint Hubert
enregistre 47,12 % de filles contre 52,88 % de garçons.
Dans le premier cycle du secondaire, le Lycée Moderne Yopougon-Andokoi
(seul établissement secondaire public d’Andokoi) enregistre 46,2 % de filles
contre 53,8 % de garçons (DSPS, 2018).
Ces données laissent entrevoir l’existence d’inégalité de genre dans
l’éducation de base dans les établissements publics de Yopougon et plus
précisément d’Andokoi.
La difficulté persistante à éliminer ces inégalités de genre dans
l’éducation de base a favorisé l’adoption de la loi sur l’école obligatoire en
2015. Cependant, malgré cette Politique de Scolarisation Obligatoire (PSO), les
inégalités de genre persistent toujours dans l’éducation de base. Ce constat
suscite un certain nombre de questions.
3.2- Questions de recherche
Quels sont les déterminants sociaux de la persistance des inégalités de
genre dans l’éducation de base à l’EPP Andokoi 2B et au Lycée Moderne
Yopougon-Andokoi ? Quel est le dispositif institutionnel mis en place pour
l’accès et le maintien des filles et des garçons dans l’éducation de base à
Andokoi ? Quelles sont les caractéristiques socioéconomiques des parents
d’élèves ? Comment les parents et les communautés perçoivent-ils la
scolarisation des filles et des garçons à Andokoi ?
4- Objectifs de recherche, hypothèses de recherche, Variables et
indicateurs de variables
4.1- Objectifs de recherche
4.1.1- Objectif général
Comprendre les déterminants sociaux de la persistance des inégalités de
genre dans l’accès et le maintien des filles et des garçons à l’EPP Andokoi 2B et
au Lycée Moderne Yopougon-Andokoi.

15
4.1.2- Objectifs opérationnels
- Etudier le dispositif institutionnel mis en place à Andokoi pour l’accès et le
maintien des filles et des garçons à l’EPP Andokoi 2B et au Lycée Moderne
Yopougon-Andokoi ;
- Analyser les caractéristiques socioéconomiques des parents en lien avec les
inégalités d’accès et de maintien entre les filles et les garçons à l’EPP
Andokoi 2B et au Lycée Moderne Yopougon-Andokoi ;
- Examiner les perceptions des communautés en rapport avec la scolarisation
des filles et des garçons à Yopougon-Andokoi.
4.2- Hypothèses de recherche
4.2.1- Hypothèse générale
Le dispositif institutionnel mis en place à Andokoi, la situation
socioéconomique des parents et la perception des communautés sur la
scolarisation des filles et celle des garçons structurent les inégalités dans l’accès
et le maintien entre les filles et les garçons à l’EPP Andokoi 2B et au Lycée
Moderne Yopougon-Andokoi.
4.2.2- Hypothèses opérationnelles
- Le dispositif institutionnel mis en place à Andokoi détermine les inégalités
dans l’accès et le maintien entre les filles et les garçons à l’EPP Andokoi 2B et
au Lycée Moderne Yopougon-Andokoi ;
- La situation socioéconomique des parents influence les inégalités d’accès et
de maintien entre les filles et les garçons à l’EPP Andokoi 2B et au Lycée
Moderne Yopougon-Andokoi ;
- La perception de la scolarisation de la fille et de celle du garçon par les
communautés crée les inégalités d’accès et de maintien entre les filles et les
garçons à l’EPP Andokoi 2B et au Lycée Moderne Yopougon-Andokoi.
4.3- Les variables et leurs indicateurs
L’opérationnalisation des hypothèses, à travers les variables et leurs
indicateurs est faite de la manière suivante :

16
Tableau 1: Variables et indicateurs

Variable Variable
Hypothèses Indicateurs objectivement vérifiables (IOV)
dépendante indépendante
HO 1 : - Nombre de nouveaux inscrits (filles et garçons) au
Le dispositif CP1
institutionnel -Nombre de nouveaux inscrits (filles et garçons)
mis en place Les inégalités en sixième
pour l’accès dans l’accès - Nombre de filles et de garçons en classe de CM2
et le maintien et le maintien -Accès des filles et garçons au primaire
des filles et entre les - Accès des filles et des garçons en classe de 6ème
des garçons filles et les - Maintien des filles et des garçons au primaire
détermine les garçons à -Maintien des filles et des garçons au premier cycle du
inégalités l’EPP secondaire
dans l’accès Andokoi 2B -Taux d’admission entre les filles et les garçons au
et le maintien et au Lycée CEPE et au BEPC
entre les Moderne
filles et les Yopougon-
garçons à Andokoi
l’EPP
Andokoi 2B -Nombre d’écoles primaires publiques
et au Lycée -Nombre d’établissements publics secondaires
Moderne -Modalités d’accès au primaire /au premier cycle du
Yopougon- secondaire général
Andokoi -Nombre d’écoles primaires privées
Le dispositif -Nombre d’établissements secondaires privés
institutionnel -Nombre d’écoles franco-arabes
mis en place à -Nombre d’enfants (filles et garçons) n’ayant pas eu
Andokoi accès à l’école
-Nombre de filles et de garçons inscrits au primaire
sans extrait d’acte de naissance
-Mode de fonctionnement des classes au primaire et
au premier cycle secondaire général
-Encadrement pédagogique (taille des classes, taux
d’encadrement)
-Disponibilité des commodités /fonctionnalité des
commodités
- Disponibilité des kits et des manuels scolaires au
primaire
-Etat des salles de classe
-Nombre de tables et bancs / qualité des table-bancs
HO 2 : Les inégalités - Nombre de nouveaux inscrits (filles et garçons) au
La situation d’accès et de CP1
socioéconomi maintien -Nombre de nouveaux inscrits (filles et garçons)
que des entre les en sixième
parents filles et les - Nombre de filles et de garçons en classe de CM2
influence les garçons à -Accès des filles et garçons au primaire
inégalités l’EPP - Accès des filles et des garçons en classe de 6ème
d’accès et de Andokoi 2B - Maintien des filles et des garçons au primaire
maintien et au Lycée -Maintien des filles et des garçons au premier cycle du

17
entre les Moderne secondaire
filles et les Yopougon- -Taux d’admission entre les filles et les garçons au
garçons à Andokoi CEPE et au BEPC
l’EPP
Andokoi 2B
et au Lycée -Acquisition des manuels scolaires par les enfants
Moderne -Acquittement des frais annexes au primaire
Yopougon- -Acquittement des droits d’inscription au premier
Andokoi La situation cycle du secondaire
socio- -Acquisition des fournitures par les enfants
économique -Nombre de repas pris par jour
des parents -Petit commerce des filles à l’école
-Revenu des parents
-Niveau d’instruction des parents
-Statut professionnel des parents
-Statut matrimonial des parents
HO 3 : la Les inégalités -- Nombre de nouveaux inscrits (filles et garçons) au
perception de d’accès et de CP1
la maintien -Nombre de nouveaux inscrits (filles et garçons
scolarisation entre les en sixième)
de la fille et filles et les - Nombre de filles et de garçons en classe de CM2
de celle du garçons à -Accès des filles et garçons au primaire
garçon par l’EPP - Accès des filles et des garçons en classe de 6ème
les commu- Andokoi 2B - Maintien des filles et des garçons au primaire
nautés crée et au Lycée -Maintien des filles et des garçons au premier cycle du
les inégalités Moderne secondaire
d’accès et de Yopougon- -Taux d’admission entre les filles et les garçons au
maintien Andokoi CEPE et au BEPC
entre les -Mariage précoce
filles et les -Préférence dans la scolarisation des enfants (fille ou
garçons à La perception garçon)
l’EPP de la -Pesanteurs socioculturelles en rapport avec la fille
Andokoi 2B scolarisation -Grossesse précoce
et au Lycée de la fille et de -Sexualité précoce
Moderne celle du garçon - Croyances stéréotypées de la scolarisation des filles
Yopougon- par les -Fille assignée aux travaux ménagers à la maison
Andokoi communautés -Petit commerce (vente d’eau, jus)
-Inscription des filles / garçons dans les établissements
franco-arabes

5- Revue de la littérature
Elle se réfère aux auteurs qui ont abordé cette question et au cadre de
référence théorique à savoir, la perspective particulière de l’étude.

18
5.1- Etat des connaissances sur le sujet
Cette partie est bâtie autour des écrits d’auteurs qui ont abordé les
thématiques suivantes :
- système éducatif et stratégies de scolarisation des filles et des garçons ;
- facteurs socioéconomiques, sociodémographiques et stratégies de scolarisation
des filles et des garçons ;
- représentations sociales de l’école, de la femme et stratégies de scolarisation
des filles et des garçons.
5.1.1- Système éducatif et stratégies de scolarisation des filles et
des garçons
Au regard des travaux consultés dans le cadre de cette recherche, il ressort
que la question liée à la persistance des inégalités de genre au niveau de
l’éducation a fait l’objet de plusieurs travaux. Ces différentes études mettent en
évidence les relations entre la demande et l’offre éducatives et les stratégies de
scolarisation des filles et des garçons.
Selon Lange (2001), les conditions d’accès à l’école sont largement
déterminées par l’offre. Or, le désengagement progressif des Etats du Sud a été
accentué récemment par l’application de mesures visant à accroître la
participation de l’ensemble des acteurs et partenaires de l’école (Lange, 2001).
Celles-ci ont entraîné une explosion d’initiatives privées et communautaires en
matière de création d’écoles formelles ou informelles. Cette explosion est le
signe que la demande scolaire est souvent supérieure aux capacités d’accueil ; le
déficit en infrastructures étatiques est alors comblé par la création d’écoles aux
dénominations diverses comme les « écoles communautaires », « écoles
spontanées », le plus souvent à la charge des populations (Lange et Paillet,
2006).

19
Dans le même ordre d’idée, Alderman et al., (1996), dans une étude
intitulée ‟Réduire l'écart entre les sexes dans les compétences cognitives dans
une économie rurale médiocre” ont montré que c’est la disponibilité des
infrastructures qui explique la discrimination de l’accès à l’éducation entre
milieu rural et milieu urbain et cette explication est aussi valable pour les
inégalités entre les sexes.
Relativement, ces auteurs mettent à nue les limites du cadre institutionnel
pour accueillir les apprenants. En outre, cette situation entrave la parité dans la
scolarisation fille/garçon, comme le souligne la présente étude.
Yéo et Kéi (2016), le démontre aussi bien dans leur étude sur ‟Le défi de
la scolarisation primaire universelle des filles dans la région du Worodougou en
Côte d’Ivoire”. Dans cette étude, les auteurs notent que la discontinuité
éducative représente l’obstacle à la scolarisation et au maintien des enfants et
surtout la scolarisation de la jeune fille. Ils l’évoquent en ces termes : « De
manière générale, l’offre d’éducation primaire n’est pas suffisante et pose
quelques fois des difficultés relatives à la scolarisation et au maintien des
enfants et notamment des filles à l’école. En effet, lorsque, dans une école, il se
pose le problème de l’insuffisance de places, les filles sont sacrifiées au profit
des garçons. Au cours des entretiens, il est ressorti que les populations locales
préfèrent scolariser les garçons en cas de manque de place. » (Yéo et Kéi,
2016 : 407).
En étudiant ces auteurs, nous nous rendons compte que la demande en
éducation peut être considérée comme le produit d’un ensemble de facteurs
scolaires, économiques, socioculturels, démographiques et religieux que les
individus ou les groupes prennent en comptent directement ou indirectement,
consciemment ou inconsciemment dans leur pratique de scolarisation. C’est
d’ailleurs ces facteurs que le CEPED (2001) indexe comme conditionnant la
mise à l’école, le maintien à l’école et la poursuite des études des enfants.

20
Dans l’ensemble, le politique offre diverses formes de scolarisation à
différentes catégories de population et met en place les règles permettant de
gérer les flux scolaires entre ces différentes filières. L’offre proposée par le
politique rend ainsi possible, avec telle une probabilité, la scolarité dans telle ou
telle voie. Mais le politique ne décide pas de cette configuration de l’offre sans
anticiper les caractéristiques de la demande, en l’occurrence du public potentiel.
Ce qui revient à dire que ce sont les politiques éducatives qui fixent les
règles à suivre à l’école, qui décident des orientations des enseignements, des
publics cibles. Ce qui peut être source d’exclusion comme le décrit la présente
étude.
5.1.2- Facteurs socioéconomiques, sociodémographiques et
stratégies de scolarisation des filles et des garçons
Des auteurs se sont penchés sur la relation entre la pauvreté et l’éducation
en examinant cette relation par rapport aux politiques éducatives en direction
des parents et les stratégies éducatives opérées par ceux-ci en matière de
scolarisation des filles et des garçons.
Parlant de pauvreté, Dubois (2001) en distingue trois formes qu’il définit
comme suit :
« De façon fonctionnelle, il existe trois formes de pauvreté : (i) la pauvreté
monétaire "ou de revenu'' qui exprime un aspect de niveau de vie et qui résulte
d'une insuffisance de ressources engendrant une consommation insuffisante ; (ii)
la pauvreté des conditions de vie ou "d'existence" qui traduit le fait qu'il devient
difficile de satisfaire un grand nombre de besoins fondamentaux et que l'on se
trouve en situation de manque dans des domaines relatifs à l'alimentation
(déséquilibre nutritionnel), à la santé (non accès aux soins primaires), à
l'éducation (non-scolarisation), au logement, etc. ; et (iii) la pauvreté de
potentialités ou de "capacités" qui fait que l'on n'a pas réussi à constituer le
capital minimal qui permet de vivre, de fonctionner correctement et de créer ».

Ces trois définitions ont un lien fonctionnel avec la dimension


économique de la pauvreté. Pour Dubois (2001), il existe des relations entre ces
trois formes, même si elles n'ont pas toutes été explicitement mesurées par des
études statistiques.

21
Ainsi, on peut observer que la pauvreté monétaire, qui fluctue à court terme, a
un effet à moyen terme sur les conditions de vie et à plus long terme sur les
potentialités. En effet, pour lui, la pauvreté empêche la constitution du capital
humain, en raison d'une santé ou d’une éducation déficiente, et l'émergence
d'innovations dans les populations qui sont les plus à même de les développer.
Parlant dans le même sens, Nolwen et al., (2009) notent que parmi les
aspects multidimensionnels de la pauvreté, il y’a un élément stratégique qui est
celui de l’accès à l’éducation et souvent des interrelations qui opèrent au sein
des politiques publiques. Dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, l’éducation
doit se développer malgré la pauvreté, pour permettre de sortir de la pauvreté.
La non-scolarisation des enfants et l’échec scolaire sont constitutifs de l’une des
dimensions de l’état de pauvreté et les situations concrètes montrent que les
enfants les plus pauvres matériellement sont également les moins susceptibles de
bénéficier des acquisitions scolaires. Cela montre l’importance de la dimension
périscolaire des politiques publiques de lutte contre la pauvreté et du ciblage
social des politiques éducatives. Aussi, revisiter la relation éducation et pauvreté
sous l’angle des relations de la demande et de l’offre éducatives permet de
s’intéresser aux stratégies éducatives, qu’elles soient individuelles ou collectives
(Lange et Martin, 1995) et autorise la prise en compte des dynamiques sociales
des acteurs qui sont alors appréhendés avant tout par ce qu’ils pensent et ce
qu’ils font et non pas seulement par les manques dont ils seraient affligés
(Nolwen et al., 2009).
De ce qui précède, si la pauvreté constitue une entrave à la scolarisation,
son incidence peut être amplifiée ou amoindrie par un ensemble de facteurs non
économiques, au premier rang desquels, se trouvent l’adhésion des parents à
l’idéologie de la scolarisation, le volontarisme et les efforts de l’Etat en matière
de scolarisation, ainsi que la convergence entre les objectifs poursuivis par l’Etat
et par les familles dans ce domaine.

22
Ainsi, il n’y a pas de correspondance systématique entre le niveau de
pauvreté et les dépenses que les familles engagent dans l’éducation. Si les plus
pauvres ne sont pas en mesure d’assumer les dépenses incompressibles pour la
totalité de leurs enfants, différentes enquêtes de terrain ont montré des stratégies
différentielles des familles aux faibles ressources, de la pratique de la surenchère
avec les moyens qui sont à leur disposition, quitte à rogner sur d’autres
dépenses, à s’endetter, à concentrer leurs efforts sur certains de leurs enfants, ou
à assurer à l’ensemble des enfants une éducation à coût réduit (Henaff et
al.,2002).
Gazibo et Argoze (2013), pour leur part, notent que le niveau de vie des
ménages a une influence sur la scolarisation des enfants et en particulier sur la
différentiation entre les sexes en matière de scolarisation. Pour ces derniers, le
niveau de vie des ménages est un facteur déterminant dans la scolarisation des
enfants. Ces auteurs affirment que dans les ménages pauvres et à grande taille,
les filles sont utilisées à des travaux domestiques et commerciaux pour
l’économie du ménage. Ainsi, plus le niveau de vie d’un ménage est bas, plus
les chances de scolariser les enfants s’amenuisent ; surtout celles des filles.
Ce qui fait dire à Mimche (2004 : 8) que la pauvreté engendre « Une
faible capacité des populations à satisfaire convenablement leurs besoins
essentiels dont celui relatif à l’éducation ». Pour cet auteur, « Il y a dans ce sens
une relation étroite entre le niveau de vie des populations et les conditions
d’accès à l’éducation », et que « la pauvreté accentue les disparités de genre en
matière d’éducation et favorise la mise au travail précoce des enfants, ainsi que
le mariage précoce des filles ».
Dans la même veine, Yéo et Kéi (2016) dans ‟Le défi de la scolarisation
primaire universelle des filles dans la région du Worodougou en Côte d’Ivoire”
indiquent que la pauvreté des parents est un obstacle à la scolarisation de leurs
enfants.

23
A cet effet, ils affirment que : «Lorsqu’on demande aux populations enquêtées
de donner les causes de la non-inscription à l’école et de la déscolarisation des
enfants, notamment des filles, elles évoquent en premier lieu les problèmes
économiques et financiers » (Yéo et Kéi, 2016 : 400).
Ces études révèlent dans leur ensemble le lien étroit entre le niveau
économique des parents et la scolarisation de leurs enfants.
Par ailleurs, des travaux révèlent que certains facteurs démographiques
déterminent aussi les stratégies éducatives des parents.
Ainsi, Yéo et Kéi (2016) dans leur étude, incriminent le niveau
d’instruction des parents comme obstacle à la non-scolarisation des enfants.
Pour ceux-ci, l’importance du taux d’analphabétisme en Côte d’Ivoire et
principalement dans la région du Worodougou est un facteur aggravant de la
sous-scolarisation et la déscolarisation des filles.
Abondant dans le même sens, Marcoux (1994) affirme qu’il existe un
effet positif entre le niveau d’instruction des parents et la scolarisation des
enfants en Afrique subsaharienne.
Marcoux (1994) estime également que l’activité du chef de ménage
influence aussi la scolarisation des enfants. Les enfants qui appartiennent aux
ménages où le chef est un travailleur indépendant ont moins de chance d’être
scolarisés que ceux dont le chef de ménage est salarié. En effet, les enfants des
ménages dont le chef est un travailleur indépendant sont plus soumis au risque
de travailler dans l’entreprise familiale et, par voie de conséquence, de ne pas
être scolarisés, comparativement à ceux vivant dans un ménage où le chef est un
salarié. Cette assertion pourrait s’expliquer par le fait que le travailleur
indépendant peut espérer une augmentation de production en intégrant un enfant
dans la chaîne de production qu’il contrôle, contrairement à un chef de ménage,
salarié qui peut difficilement compter sur la participation d’un enfant à son
activité économique dans le but d’augmenter son rendement.

24
Le sexe revêt également un caractère important dans une étude
sociologique car il est facteur de discrimination dans toute activité. A ce propos,
la décision de scolariser les enfants en général et les filles en particulier diffère
selon que le chef de ménage soit de sexe masculin ou de sexe féminin. Ainsi, il
est démontré que les familles où le chef de ménage est de sexe masculin
scolarisent moins les filles que leurs homologues féminins. Dans une étude sur
les déterminants de la scolarisation des enfants de 6 à 14 ans au Togo, Pilon
(1995 : 708) montre que « La sous-scolarisation des filles est toujours plus
faible lorsque le chef de ménage est une femme ».
En outre, la composition de la fratrie joue aussi un rôle important dans les
stratégies des familles, l’investissement dans l’éducation des filles n’intervenant
le plus souvent qu’une fois assurée l’éducation des garçons, à l’exception de
rares pays (Lange, 1998). De même, plus le nombre d’enfants en âge d’être
scolarisés dans un ménage est élevé, moins les filles de ce ménage auront la
chance d’aller à l’école. Egalement, plus un enfant participe grandement à la
production familiale (c’est-à-dire effectue les travaux domestiques, participe au
revenu familial), moins il a de la chance de réussir sa scolarité. En effet, ce type
d’enfant n’a pas assez de temps pour consacrer à ses études et il n’a pas l’esprit
libre pour se donner entièrement aux études (Kobiane, 2001).
Ainsi, malgré l’accent qui est mis aujourd’hui sur la lutte contre la
pauvreté, l’on constate que les arbitrages en matière de politique d’éducation ne
se font pas en faveur des plus pauvres, dont la voix peine à se faire entendre
(Nolwen et al., 2009). Ce qui fait dire à Kouakou (2016 : 17) que « Si tout le
monde va à l’école, tout le monde n’y va pas dans les mêmes conditions […] si
tous ont pour ambition de réussir, tous n’y parviennent pas avec les mêmes
moyens ». L’auteur explique que « les stratifications de la société se retrouvent
à l’école et certains élèves sont apparemment favorisés par leur position
sociale, c’est-à-dire celle de leurs géniteurs et partent avec un certain avantage,
une certaine avance ou même une avance certaine ».

25
Il continue :
« Chez d’autres au contraire, les plus défavorisés, la question scolaire est
abordée avec beaucoup d’anxiété, d’appréhension, car elle se traduit le plus
souvent en terme d’échec, de violence, de relégation, de discrimination, de
marginalisation, de conflit culturel ou encore de rapports sociaux, et donc de
reproduction sociale par le système. Du coup, les familles démunies qui reportent
leurs espoirs sur l’école et sur la réussite scolaire de leurs progénitures
déchantent, surtout qu’en plus l’instruction coûte trop cher et que la gratuité
annoncée n’est finalement qu’un leurre ».

5.1.3- Représentations sociales de l’école, de la femme et les


stratégies de scolarisation des filles et des garçons
Selon Lange (2003), c’est à la suite du Forum Mondial sur l’Education qui
s’est tenu à Dakar du 26 au 28 avril 2000, dans le but de faire le bilan des
progrès réalisés après la Conférence Mondiale sur l’EPT de Jomptien du 5 au 9
mars 1990 que les comportements des parents furent pris en compte dans la
scolarisation de leurs enfants.
Lange (2003) indique également que les représentations sociales de
l’école se construisent selon les expériences de tout un chacun et au quotidien.
Selon cette auteure, ces représentations ont une grande influence sur les
stratégies familiales de scolarisation.
Pour Compaoré et al., (2003), les représentations sociales de l’école sont
des facteurs qui influencent plus les stratégies familiales de scolarisation.
Malgré leur importance, elles sont rarement prises en compte dans les politiques
nationales éducatives du Burkina Faso. Elles sont « Différentes selon les
acteurs, selon le lieu de résidence (ville/village) et selon l’origine
socioéconomique des personnes » (Compaoré et al., 2003 : 9).
Yaro (1995) a plutôt orienté son étude sur les phénomènes sociologiques
et culturels qui influencent la scolarisation au burkina. Il montre que dans ce
pays, le lieu de résidence, la religion, l’ethnie, les activités socioéconomiques
influent sur les pratiques scolaires. Il ajoute qu’à Ouagadougou, le statut social
du chef de ménage constitue la variable la plus déterminante de scolarisation.

26
Il constate que « Les attitudes scolaires des parents se distinguent
fondamentalement selon qu’ils résident en milieu urbain ou rural, qu’ils
observent des pratiques religieuses animistes, islamiques ou chrétiennes. C’est
aussi en fonction de leur statut professionnel ou de leur catégorie sociale que
les parents décident de scolariser toute ou partie de leur progéniture ou de
préférer quelquefois l’instruction du garçon à celle de la fille» (Yaro, 1995 :
667).
Pour Yéo et Kéi (2016), certains parents analphabètes ou peu scolarisés
ont une certaine représentation sociale de l’école qui n’est pas de nature à
favoriser la scolarisation primaire, plus précisément celle des filles. Ces parents
estiment que la finalité de l’école, c’est l’acquisition d’un emploi rémunéré et
par conséquent avoir suffisamment d’argent. Or, l’on peut avoir de l’argent sans
avoir été à l’école, en faisant d’autres activités. Partant de cette perception
qu’elles ont de l’école, ces personnes sont réfractaires à la scolarisation des
enfants et surtout, celle des filles. Le nombre d’années de fréquentation scolaire
est donc vu comme une perte de temps. Ces auteurs mettent en exergue le
témoignage d’un conseiller COGES en ces termes : « Nos parents estiment que
l’objectif de l’école est de permettre aux enfants d’avoir plus tard un travail
bien payé. Or, le nombre d’années qu’un enfant passe à l’école avant d’être
diplômé et d’avoir un emploi est considéré comme une perte de temps parce que
l’enfant peut apprendre un métier ou quand il s’agit des filles, les parents
pensent qu’elles peuvent faire du commerce pour avoir de l’argent ou se marier
plus tard avec quelqu’un » (Yéo et Kéi, 2016 : 406).
Par ailleurs, la représentation sociale de la femme est également un
facteur de non scolarisation et de déscolarisation des filles.
En effet, Aouij (1997) montre que la femme est d’abord mère et épouse et sa
fonction principale est celle de la reproduction. Elle est « Qualifiée
"d’inférieure" en comparaison avec l’homme et elle vit pour la procréation et
l’éducation des enfants » (Aouij, 1997 : 2).

27
Pour Yéo et Kéi (2016), dans leur étude sur ‘‘Le défi de la scolarisation
primaire universelle des filles dans la région du Worodougou en Côte
d’Ivoire ’’, les comportements et les attitudes réfractaires des parents en rapport
avec la scolarisation et le maintien de la fille à l’école sont fortement influencés
par les représentations sociales que les communautés ont de la femme. En effet,
ces auteurs indiquent que dans le Worodougou, les mots ou expressions qui
reviennent le plus souvent pour décrire le rôle des femmes sont : « Ménagère,
procréatrice, personne subordonnée à l’homme, personne dépendante de
l’homme, éducatrice des enfants, personne courageuse qui prend soin de la
famille, personne devant pratiquer les travaux champêtres, sexe faible, objet
sexuel ou encore être inférieur aux hommes (Yéo et Kéi, 2016 : 405). Ces deux
auteurs concluent en disant que cette image qu’ont les communautés de la
femme, n’est pas de nature à favoriser la scolarisation et la rétention des filles à
l’école primaire. Ce qui fait que lorsqu’elles sont scolarisées, les filles ne sont
pas exemptées pour autant, des tâches ménagères. Or, l’'exécution des activités
ménagères, particulièrement par les filles, peut être un facteur de différenciation
scolaire entre celles-ci et les garçons.
De nombreux travaux montrent ainsi qu'en milieu urbain la participation
des filles aux tâches domestiques demeure importante ; ce qui contribue à limiter
leurs chances d'entrée à l'école ou à perturber leur scolarité (Marcoux, 1998).
Les résultats des travaux de Gérard (1998), en rapport avec la
scolarisation de la jeune fille, exposent les propos qui laissent entendre que la
scolarisation des filles est « Inutile, erronée et néfaste ». Ces propos constituent
selon cet auteur, des éléments dans la justification du choix des parents à
scolariser les garçons que les filles, lorsqu’ils n’ont pas assez de moyens
financiers.
Par ailleurs, dans son étude sur « Les politiques, mythes et stratégies
d’éducation au Mali » (1997), Gérard considère que les facteurs culturels jouent
un rôle dans la non-scolarisation des filles.

28
En effet, des arguments tels que « Destinée à être mariée, la fillette restera bien
souvent à la maison parce que ses études représenteraient un capital perdu pour
son propre lignage et un avantage dont bénéficierait celui de son mari, trop
instruite, la jeune fille représente de surcroit un danger pour tout mari potentiel
dans la mesure où, elle peut, en cas de conflit, lui opposer l’argument de la loi »
(Gérard, 1997 : 55).
Tous ces travaux décrivent les représentations sociales de la non-
scolarisation des filles. Pour notre part, la présente étude s’accorde à l’accès et
au maintien pour une analyse plus approfondie de la situation des inégalités de
genre dans l’éducation de base à Andokoi.
5.2- Cadre de référence théorique : la perspective particulière de
l’étude
La présente étude s’inscrit dans la perspective du modèle féministe libéral
de Descarries (1988). Le féminisme, en effet, est un courant qui met au centre
de ses préoccupations la distribution du pouvoir et des ressources entre hommes
et femmes et les images et symboles associés aux deux sexes et à leurs relations.
Il considère aussi le genre comme une dimension fondamentale de toute
organisation, au même titre que la classe et comme une catégorie construite
socialement aussi bien sur le lieu de travail, dans la famille, à l’école que dans
les sphères économiques, politiques et culturelles (Oakley, 1972).
Considéré comme féminisme de la première heure parce qu’il précède les
autres théories féministes, ce modèle, a pour objectif de réfuter toutes les
conceptions liées à l’infériorité naturelle des femmes utilisées pour légitimer
leur subordination. Ainsi, la subordination est considérée comme étant d’origine
historique et non naturelle (Descarries, 1988).

29
Ce féminisme parle du vécu des femmes et de leurs revendications en
termes d’égalité de droits entre hommes et femmes, car pour Descarries (1988),
le sexe est un attribut secondaire ; femmes et hommes ont une valeur égale, ils
sont équivalents, ils partagent les mêmes aspirations pour leur propre existence
(bien-être économique, affirmation de soi, etc.) et doivent donc avoir accès aux
mêmes droits et infrastructures (ici, l’école).
Ainsi, cette approche théorique présente les inégalités hommes/femmes
comme les résultantes des dysfonctionnements sociaux. En nous inscrivant dans
ce modèle théorique, nous voulons saisir la construction des inégalités de genre
dans l’accès et le maintien dans l’éducation de base dans la commune de
Yopougon à travers des canaux sociaux et culturels qui résulte de ces
dysfonctionnements sociaux.

30
CHAPITRE 2 :
ASPECT PRATIQUE

31
Ce chapitre se réfère à la méthodologie adoptée pour collecter des
données aux fins d’analyse. Quant à l’interprétation, elle va permettre de donner
du sens à l’analyse des résultats à partir des hypothèses formulées et de la
perspective théorique dans laquelle s’inscrit cette étude.
1- Méthodologie de recherche

Il s’agit, d’une part, d’indiquer la méthode utilisée pour le recueil des


données et d’autre part, d’expliquer les stratégies de vérification et les
instruments de recherche mis en œuvre pour obtenir les résultats. A ce niveau,
nous décrivons le milieu, la population et l’échantillon. Par la suite, nous
présentons les instruments de collectes de données.
1.1- Lieu de l’étude, population et échantillon
1.1.1- Lieu de l’étude
Dans le cadre de cette étude, la commune de Yopougon a été choisie pour
y mener nos investigations car elle représente la plus grande et la plus peuplée
des 13 communes du District d’Abidjan. Dans ce contexte, la prise en compte de
la majorité des établissements scolaires du primaire et du premier cycle du
secondaire général de la Commune de Yopougon, aurait permis d'avoir plus
d'informations pour enrichir le contenu de cette recherche. Cependant, pour des
raisons liées au temps et aux moyens financiers, nos investigations ont été
circonscrites dans deux établissements publics dont l’un du primaire et l’autre
du secondaire général dans cette commune et plus précisément dans le village
Andokoi. Il s’agit, pour le primaire, de l’EPP Andokoi 2B et pour le secondaire,
du Lycée Moderne Yopougon-Andokoi.
1.1.1.1- Présentation de Yopougon-Andokoi
La commune de Yopougon est située dans le district autonome d’Abidjan.
C’est à la faveur de la loi n° 78-07 du 09 janvier 1978 que Yopougon devint une
commune de plein d’exercice en 1980.
Elle est située dans la région des lagunes et plus précisément au nord de la
lagune Ebrié d’où l’appellation de commune d’Abidjan Nord.

32
Elle est limitée au Nord par les communes d’Abobo et d’Anyama, au Sud par le
port Autonome d’Abidjan et l’Océan Atlantique et à l’Ouest, par la commune de
Songon. Elle est la plus grande commune de Côte d’Ivoire en termes de
superficie et de population, avec une étendue de 153,06 km² et une population
d'environ 1 293 271 d'habitants (INS, 2019). Ce qui représente une forte densité
de population évaluée à plus de 8449 habitants au km². La population de
Yopougon est composée de 48,90 % d’hommes et de 51,10 % de femmes. Quant
à la population des 6 à 16 ans, elle est estimée 292 678 enfants et compte 45,22
% de garçons contre 54,80 % de filles (INS, 2019). Le territoire communal de
Yopougon est composé de quatorze (14) quartiers et de douze (12) villages dont
Andokoi11, champ de la présente étude.
Andokoi est situé au nord de la Commune de Yopougon. Selon l’INS
(2019), ce village a une superficie de 1,79 km² et sa population est estimée 74
248 habitants dont 50,48 % de femmes et 49,52 % d’hommes.
Ce village est composé de 30,5 % d’Akan, de 33,3 % de population issue
du nord de la Côte d’Ivoire et une population étrangère (Mali et Burkina)
estimée à 9 %. La population musulmane représente 45,41 % contre 45,59 % de
chrétiens (RGPH, 2014).
Dans ce village, la population des 6-16 ans est estimée à 17 475 enfants
dont 8026 garçons soit 45,93 % et 9449 filles soit 54,07 %. Par ailleurs, la
population des 6-11 ans est de 9584 enfants dont 4609 garçons soit 48,10 % et
4975 filles soit 51,90 %. Celle de 12-15 ans est de 6458 enfants dont 2777
garçons soit, 43,00 % et 3681 filles soit, 57,00 %. Celle de 12-16 ans se chiffre à
7891 dont 3417 garçons soit 43,30 % et 4474 filles soit 56,70 % (INS, 2019).

11
Présentation de la Commune Yopougon, Mairie de Yopougon, 2014.

33
Toutes ces données sont regroupées dans le tableau suivant :
Tableau 2: Répartition de la population des enfants d’Andokoi selon les tranches
d’âge et le sexe
Groupe d’âge Sexe Total
Filles Garçons
06-16 ans 9449 8026 17 475
06-11 ans 4975 4609 9584
12-15 ans 3681 2777 6458
12-16 ans 4474 3417 7891
Total 21 987 18 334 40 321
Source : INS, 2019
Sa population scolaire en rapport avec l’éducation de base (primaire plus
premier cycle du secondaire et concernant les 6-16 ans) est de 15 587 élèves
dont 8098 garçons soit, 51,96 % contre 7489 filles soit, 48,04 % (DSPS, 2019).
La population scolaire du primaire se situe à 7511 élèves dont 3685
garçons soit, 49,06 % contre 3826 filles soit, 50,94 %. Celle du premier cycle du
secondaire est de 8076 élèves dont 4413 garçons soit 54,64 % et 3663 filles soit
45,36 % (DSPS, 2019).
Ainsi, les données relatives à l’éducation de base sont regroupées dans le
tableau suivant :
Tableau 3: Répartition de la population scolaire d’Andokoi suivant les cycles et le sexe
Population scolaire Sexe Total
Filles Garçons
Cycle primaire 3826 3685 7511
Premier cycle du 3663 4413 8076
secondaire
Total 7489 8098 15 487
Source : DSPS, 2019

A Andokoi, l’habitat est composé en majorité de cours communes. On y


trouve également des maisons en bande, des villas (appartements et villas) et des
baraques.

34
Concernant le volet sécuritaire, il convient de noter qu’à Andokoi, les
populations sont souvent victimes d’agressions perpétrées par de jeunes gens en
bandes organisées, âgés de 14 à 20 ans, communément appelés « microbes ». Ils
sont à la base de 90 à 95 % des agressions commises sur les populations. Il faut
aussi noter que 80 % de ces enfants dits en conflit avec la loi sont déscolarisés.
Ils ont déjà fait l’objet de deux ou trois incarcérations à la MACA et ont été
libérés le plus souvent à l’occasion de grâce présidentielle. Ils passent la plupart
de leur temps dans les deux fumoirs répertoriés dans ce village12.
En ce qui concerne les infrastructures scolaires du village Andokoi, selon
l’Inspection de l’Enseignement Primaire et Préscolaire (IEPP) Yopougon-
Andokoi (2019), ce village totalise neuf (09) écoles primaires publiques et
quinze (15) écoles primaires privées. Par ailleurs, Andokoi compte sept (07)
établissements du secondaire général dont un (01) établissement public et six
(06) du privé (DREN Abidjan 3, 2019).
1.1.1.2- Présentation des établissements retenus
- Ecole Primaire Publique Andokoi 2B
L’EPP Andokoi 2B a été créée en 1986. Elle est située au Nord de la
commune de Yopougon et fait partie d’un groupe scolaire composé de cinq (5)
écoles primaires et d’une école maternelle. Elle est située au quartier Andokoi 2.
Elle comprend 06 classes du CP1 au CM2 avec 06 instituteurs (04 femmes et 02
hommes) qui les animent y compris la Directrice d’école qui en est la
responsable depuis 2011.
- Lycée Moderne Yopougon-Andokoi
Créé en 1977, cet établissement est situé au Nord de la commune de
Yopougon. Il existe sous l’appellation de Lycée Moderne Yopougon Andokoi
depuis l’année scolaire 2005-2006. Plusieurs proviseurs se sont succédé à la tête
de cet établissement.

12
District de Police de Yopougon

35
Le proviseur actuel est en exercice depuis 2010. Le Lycée Moderne Yopougon-
Andokoi compte pour l’année scolaire 2018-2019, 153 enseignants (111
hommes et 42 femmes). Le personnel administratif compte 43 personnes (27
femmes et 16 hommes) et le personnel de service, 36 personnes (21 hommes et
15 femmes). Le tableau ci-dessous présente la répartition du personnel du Lycée
Moderne Yopougon-Andokoi pour l’année scolaire 2018-2019.
Tableau 4: Répartition du personnel du Lycée Moderne Yopougon-Andokoi selon le sexe
pour l’année scolaire 2018-2019

Fonction Hommes Femmes Total


Personnel
16 27 43
administratif
Personnel
111 42 153
enseignant
Personnel de
21 15 36
service
Total 148 84 232
Source : Administration du Lycée Moderne Yopougon-Andokoi, 2019

1.1.2- Population et échantillon


1.1.2.1- La population d’étude
Selon Paul N’da (2015), la population d’étude est « Une collection
d’individus (humain ou non), c’est-à-dire un ensemble d’unités élémentaires
(une personne, un groupe, une ville, un pays) qui partagent des caractéristiques
communes précises par un ensemble de critères ».
Dans le souci d’être en accord avec les objectifs de l’étude, notre
population est constituée de plusieurs catégories d’acteurs.
D’abord, en rapport avec l’école, nous avons les enseignants, les élèves, le
personnel administratif du lycée (censeurs, éducateurs, travailleurs sociaux) et
de l’EPP, les responsables de la DREN Abidjan 3 et de l’IEPP Yopougon-
Andokoi dans la Commune de Yopougon. Leurs points de vue sur les inégalités
de genre dans l’accès et le maintien dans l’éducation de base peuvent influer les
résultats obtenus auprès des parents et de certains leaders communautaires.

36
Ensuite, les parents d’élèves d’Andokoi. Le recours à cette catégorie
d’acteurs se justifie par le fait que ce sont leurs opinions qui permettront de
confirmer ou d’infirmer nos hypothèses et de comprendre les inégalités d’accès
et de maintien dans l’éducation de base dans les différents établissements
retenus dans le cadre de cette étude.
Enfin, nous avons interrogé certains leaders tels que les guides religieux,
les leaders communautaires, les présidentes d’associations féminines et leurs
membres du village Andokoi dont les avis nous ont permis également d’infirmer
ou de confirmer nos hypothèses mais également de comprendre les modalités de
ces inégalités.
1.1.2.2- L’échantillon
L’échantillon est la partie de la population sur laquelle porte concrètement
l’étude.
La constitution de cet échantillon a fait appel à la technique
d’échantillonnage non probabiliste ou empirique. Ainsi, nous avons recouru à
l’échantillonnage par choix raisonné ou intentionnel qui a fait appel à des
critères de choix et à l’échantillonnage accidentel ou de commodité.
Pour constituer notre échantillon, nous avons eu recours aux
établissements scolaires publics d’Andokoi. Le choix pour ces établissements
publics a été guidé par les critères d’inclusion suivants : « inégalité existante
entre les filles et les garçons » et la « facilité d’accès à l’établissement ».
Ainsi, 02 établissements scolaires publics, dont 01 du primaire et 01 du
secondaire général ont été retenus. Il s’agit de l’Ecole Primaire Publique (EPP)
Andokoi 2B et du Lycée Moderne Yopougon-Andokoi.
A l’EPP Andokoi 2B, 05 instituteurs ont été retenus pour l’entretien.

37
Au Lycée Moderne Yopougon-Andokoi, concernant les enseignants, se
sont 08 professeurs principaux (des classes de 6ième A1, 6ième B1, 5ième A2, 5ième
B42, 4ième B1, 4ième B5, 3ième B2 et 3ième B3) qui ont été interviewés sur la base
des critères suivants : « être professeur principal » et « être professeur principal
de l’une des classes retenues pour l’étude ».
En ce qui concerne le personnel de la DREN Abidjan 3 et de l’IEPP
d’Andokoi, les principaux critères de choix sont « être en service à la DREN
Abidjan 3 ou à l’IEPP Yopougon-Andokoi », et « y occuper un poste de
responsabilité ». Sur la base de ces critères, 03 personnes ont été retenues pour
l’entretien, soit une personne à l’IEPP et deux personnes à la DREN.
Le choix des élèves à interviewer est fonction de leur résidence à Andokoi
et de leur appartenance aux classes retenues. Compte tenu des contraintes liées à
la réalisation de ce travail, 03 élèves par niveau ont été retenus, soit un total de
24 élèves du premier cycle du secondaire.
Au niveau des acteurs de l’administration, nous avons eu des entretiens
avec 02 censeurs, 04 éducateurs (de la sixième à la troisième) et 02 travailleurs
sociaux du Lycée Moderne Yopougon-Andokoi, soit 8 individus. Ces individus
ont été retenus sur la base des critères suivants : « être un censeur, un éducateur
ou un travailleur social » et « être en service, depuis au moins trois ans dans ce
lycée ».
En outre, des entretiens ont été réalisés avec 39 parents d’élèves sur la
base d’un échantillonnage non probabiliste en l’occurrence, un échantillonnage
accidentel ou de commodité (les parents interrogés sont ceux qui étaient
disponibles).
L’échantillon des guides religieux, leaders communautaires et présidentes
et membres d’associations féminines a été réalisé en opérant de la même
manière (échantillonnage de commodité).

38
De ce qui précède, 01 imam, 01 prêtre catholique, 18 femmes (y compris les
présidentes) issues de six associations féminines et 02 leaders communautaires,
membres du bureau de l’Union des Chefs Communautaire d’Andokoi (UCCA),
ont été interviewés, soit 22 individus.
Au total, les interviews ont concerné 109 individus (voir ci-dessous).
Tableau 5: Répartition des individus selon la qualité et le sexe

Nombre
Acteurs Qualité
Femme Homme
Chef de service
00 01
Personnel DREN Abidjan 3 Enseignement public
Chef de service
00 01
Enseignement privé
Personnel de l’IEPP Conseiller principal (CP) 00 01
Censeurs 01 01
Personnel administratif du Educateurs 02 02
secondaire
Travailleurs sociaux 01 01
Enseignants du secondaire Professeurs principaux (PP) 03 05
Elèves du secondaire Elèves du premier cycle du
12 12
secondaire
Instituteurs Directrice 01 00
Les autres instituteurs 02 02
Parents d’élèves Parents d’élèves 07 32
Secrétaire général de
00 01
l’UCCA
Leaders communautaires Responsable des affaires
sociales de la communauté 00 01
baoulé
Guides religieux Imam adjoint 00 01
Responsable de la Paroisse 00 01
Présidentes et quelques Présidentes 06 00
membres d’association Membres
féminine 12 00
Sous-total 47 62
Total général 109
Source : Notre enquête

Les entretiens ont été guidés selon le principe de la saturation des


données.

39
1.2- Stratégies de vérifications et instruments de recherche
Pour la collecte des données, des techniques et des instruments ont été
nécessaires sur la période d’avril à juillet 2019. Ainsi, l’observation, l’étude
documentaire, les entretiens (individuel semi-directif et de groupe) et le
questionnaire ont permis de recueillir les données de l’étude.
1.2.1- L’Observation
Dans le cadre de cette étude, l’observation directe et plus précisément
l’observation non participante ou de visu a également servi. Elle porte sur des
comportements au moment où ils se déroulent.
En effet, l’approche générale de la présente étude nécessite une
appréhension fine du contexte et des interactions individuelles et collectives
entre les acteurs sociaux à l’étude. Il a donc été indispensable de faire une
immersion dans le milieu d’étude afin de procéder directement à l’observation
de ce milieu.
La collecte et l’analyse des données liées à l’observation ont été faites sur
la base d’une grille d’observation élaborée à cet effet. Cette grille comprend une
colonne consacrée aux éléments à observer et une autre aux commentaires faits
par rapports à ces éléments. Il s’agit des effectifs dans les salles de classe, du
nombre d’élèves assis sur les bancs, des inégalités entre les filles et les garçons
observées dans les classes, de l’état des salles de classe, des table-bancs, de
l’existence ou non de commodités et leur fonctionnalité ou non.
1.2.2- L’étude documentaire
Dans le cadre de cette étude, des documents issus de l’EPP Andokoi 2B
et du lycée Moderne Yopougon-Andokoi ont été consultés. Ces documents se
rapportent aux données sur les nouveaux inscrits en classe de CP1 et en classe
de 6ième pour les années scolaires 2017-2018 et 2018-2019.
Il en est de même des documents relatifs aux données des niveaux
intermédiaires pour le primaire (CP2, CE1, CE2, CM1, CM2) et pour le premier
cycle du secondaire (5ième, 4ième, 3ième).

40
Les registres d’appel du primaire ont également fait l’objet d’un examen.
De même, grâce à cette étude documentaire, les données en rapport avec les
élèves inscrits sans extraits de naissance et les enfants n’ayant pas eu accès à
l’école au cours l’année scolaire 2018-2019 ont pu être collectées au niveau du
primaire.
Cette étude documentaire a été faite à l’aide de deux grilles d’analyse qui
ont permis de collecter toutes les informations nécessaires à cette étude.
La première grille concerne les données recueillies au primaire et elle
comporte au niveau de la première colonne, les éléments analysés que sont les
effectifs à tous les niveaux d’enseignement, les taux de fréquentations des
élèves, les admissions sans extraits et le nombre d’enfants n’ayant pas eu accès à
l’école. A la deuxième colonne sont inscrits les niveaux d’étude à renseigner, la
troisième colonne est en rapport avec les fréquences relevées selon le sexe et la
quatrième, aux observations éventuelles à faire.
La deuxième grille d’analyse est relative aux données recensées au
premier cycle du secondaire. Elle comporte également quatre colonnes avec tous
les éléments susmentionnés, en dehors des admissions sans extraits et les non
accès à l’école inscrits au niveau de la première colonne.
1.2.3- Les entretiens
Selon Blanchet et al. (1992), « L’entretien est une technique qui s’impose
lorsqu’on veut aborder certaines questions. C’est une démarche qui soumet le
questionnement à la rencontre, au lieu de le fixer d’avance ».
L’entretien est donc une méthode de production de discours permettant ainsi de
recueillir des opinions et des faits concrets.
L’enquête par entretien est particulièrement pertinente lorsque l’on veut
analyser le sens que les acteurs donnent à leurs pratiques, aux événements dont
ils ont pu être les témoins actifs, lorsque l’on veut mettre en évidence les
systèmes de valeur et les repères normatifs à partir desquels ils s’orientent et se
déterminent.

41
Dans cette étude, les entretiens sont de type individuel semi-directif, mais
également des groupes de discussion ou focus group.
1.2.3.1- L’entretien individuel semi-directif
Dans l’entretien semi-directif, il s’agit de faire produire par la personne
soumise à l’enquête, un discours plus ou moins linéaire avec le minimum
d’intervention de la part de l’enquêteur.
Cet instrument permet d’être souple avec l’interviewé pour que ce dernier
puisse parler ouvertement et donc sans contrainte dans les termes et l’ordre qui
lui conviennent. Le choix de cette technique est également motivé par la
perspective qualitative dans laquelle l’étude est inscrite.
L’entretien semi-directif a été exploité autour d’un guide d’entretien
préalablement élaboré.
Les points abordés dans les entretiens concernent le dispositif
institutionnel mis en place pour l’accès et le maintien des filles et des garçons
dans l’éducation de base à Andokoi (l’état de la capacité du système éducatif, les
déterminants de la qualité du système éducatif) et les perceptions des
communautés en rapport avec la scolarisation des filles et des garçons
(perception par rapport à la scolarisation des filles, perception par rapport à la
scolarisation des garçons) dudit village.
Les entretiens se sont déroulés avec une population de quatre-vingt-onze
(91) individus dont vingt-neuf (29) femmes et soixante-deux (62) hommes.
1.2.3.2- Le groupe de discussion (focus group)
C’est une technique d’entrevue qui a servi à la collecte d’informations
concernant la persistance de la disparité de genre dans l’éducation de base. Les
personnes invitées au focus group étaient composées de femmes de six (06)
associations féminines d’Andokoi. Deux groupes de femmes composés pour le
premier de sept (07) membres de quatre associations féminines et le deuxième,
de onze (11) membres de deux associations ont participé à cet entretien.

42
Les échanges se sont déroulés au lycée pour le premier groupe et au sous-
quartier Fanny, avec le second groupe. Ces deux (02) focus group ont été
réalisés le 11 avril 2019 et ont duré chacun deux (2) heures de temps.
Le discours oral des personnes interrogées, nous a été d’un grand apport
dans la connaissance de l’objet de la présente étude à Andokoi, avec ces acteurs
et leurs pratiques, leur représentation sociale en lien avec l’éducation de la jeune
fille ainsi qu’avec leur sens et motivation. En outre, le focus group a favorisé
l’émergence de données sur les conditions de vie matérielles et sociales des
hommes et des femmes qui y vivent.
En outre, les thèmes abordés au cours des causeries ont permis de mettre
en exergue les causes de la disparité de genre à l’école ainsi que des solutions
et/ou réponses et les catégories de perceptions mobilisées autour du genre et de
la scolarisation de la jeune fille.
1.2.4- Le questionnaire
En vue de cerner les caractéristiques socioéconomiques des parents
d’élèves à l’étude, un questionnaire (avec des questions fermées) leur a été
administré. Sur cette base, des informations en rapport avec le sexe, la situation
matrimoniale, le statut professionnel, le niveau d’instruction, le revenu et la
religion ont été fournies par ces parents d’élèves.
De ce qui précède, le questionnaire a été administré à trente-neuf (39)
parents d’élèves dont sept (7) femmes et trente-deux (32) hommes.

43
2- Résultats
2.1- Analyse des données recueillies
Les résultats sont présentés selon les objectifs opérationnels définis dans
le cadre de la présente étude.
2.1.1- Dispositif institutionnel mis en place pour l’accès et le
maintien des filles et des garçons à Andokoi

L’étude du dispositif institutionnel mis en place pour l’accès et le


maintien des filles et des garçons dans l’éducation de base à Andokoi
s’apparente au cadre institutionnel au niveau national. Il englobe aussi la
capacité d’accueil et les déterminants de la qualité de l’éducation de base à
Andokoi.
2.1.1.1- Cadre institutionnel au niveau national
La Côte d’Ivoire, en adhérant aux objectifs de l’Education Pour Tous
(EPT) au Forum Mondial de Dakar en 2000, s’est engagée à faire en sorte que
tous les enfants, sans distinction de sexe aient la possibilité d’accéder à un
enseignement primaire obligatoire et gratuit de qualité et de le suivre jusqu’à son
terme, comme recommandé par l’UNESCO13.
Cela signifie que les questions de genre à travers l’accès de tous les
enfants à l’éducation de base est au cœur de la politique du Gouvernement
ivoirien.
Dans cet ordre d’idées, afin de permettre à la majorité des enfants
d’accéder à l’école, l’Etat de Côte d’Ivoire s’est engagé sur les mesures
suivantes :
- La suppression des obstacles liés à l’inscription à l’école primaire à travers le
Communiqué n°2830/MENET/DELC du 28 août 2013, instituant le
recrutement des enfants sans extrait de naissance ;
- la gratuité de l’école au primaire, à travers l’exemption de frais d’inscription
et de scolarité aux parents ;
13
Rapport d’Analyse Statistiques du Système Educatif Ivoirien 2016-2017

44
- la distribution de kits scolaires et de manuels scolaires gratuits, aux enfants
inscrits dans les écoles primaires publiques depuis 2013 ;
- la campagne zéro grossesse au cours de la scolarisation menée par l’Etat
depuis plusieurs 2015 ;
- le code de bonne conduite institué par le MENET-FP à travers l’arrête
n°0111 du 24 décembre 2014 régulant les rapports entre élèves et
enseignants ;
- l’école obligatoire pour les enfants de 06 à 16 ans à travers la loi n°2015-635
du 17 septembre 2015 portant modification de la loi n°95-696 du 7 septembre
1995 relative à l’enseignement, sur la période 2015 à 2025.
Toutefois, rendre l’école obligatoire pour tous les enfants de 06 à 16 ans
nécessite l’accroissement de la capacité d’accueil du système éducatif afin que
tous les enfants de cette tranche d’âge puissent y avoir accès. Cette Politique de
scolarisation obligatoire (PSO) implique également le recrutement et la
formation d’enseignants du public et du privé. Par ailleurs, l’accès aux
commodités de base telles que les dispositifs de lavage des mains, les latrines,
les points d’eau, l’électricité et les cantines sont des mesures à prendre en
compte pour l’atteinte des objectifs de la PSO. Il s’agit de mesures essentielles
se rapportant aux conditions matérielles et pédagogiques mises en œuvre par
l’Etat pour le maintien des enfants dans le système éducatif jusqu’à l’âge de 16
ans, pour qu’ils y achèvent au moins, le premier cycle du secondaire.
Dans le cadre de la présente étude, cette PSO a été captée à travers deux
interrogations : le système éducatif ivoirien est-il capable d’accueillir tous les
enfants de cette tranche d’âges, dans la mesure où un système éducatif
performant doit être capable d’absorber chaque année, le nombre d’enfants en
âge d’aller à l’école ? Par ailleurs, avec cette PSO, les déterminants liés à la
qualité interne du système éducatif sont-ils satisfaits ?

45
De ce qui précède, quel est alors l’état de la capacité d’accueil et des
déterminants de la qualité de l’éducation de base à Andokoi, champ de la
présente étude ?
L’accès et le maintien des filles et des garçons au niveau de l’éducation
de base vont s’apprécier respectivement à travers les états de la capacité
d’accueil et des déterminants de la qualité interne de l’éducation de base à
Andokoi.
2.1.1.2- Accès à l’éducation de base à Andokoi
L’accès à l’éducation de base de toutes les filles et de tous les garçons en
âge d’aller à l’école à Andokoi est déterminé par la capacité d’accueil de
l’éducation de base qui a été appréciée à travers les entretiens réalisés et l’étude
documentaire.
La capacité d’accueil de l’éducation de base est l’un des premiers
indicateurs d’appréciation de l’accès des filles et des garçons dans le système
éducatif. Cet indicateur est une garantie de l’ambition promotionnelle d’une
nation. L’éducation de base correspondant à l’enseignement primaire et au
premier cycle de l’enseignement secondaire général, présente l’état des lieux
suivant :
- Accès au niveau du primaire
A Andokoi, selon l’INS (2019), la population des 6-11 ans se situe à 9584
enfants dont 4609 garçons soit 48,10 % et 4975 filles soit 51,90 %.
 Infrastructures primaires publiques
Le village Andokoi compte neuf (09) écoles primaires publiques réparties
entre deux groupes scolaires que sont Andokoi 1 et Andokoi 2. De nos
investigations auprès des communautés et des parents d’élèves, il ressort qu’un
établissement primaire, notamment l’EPP Saint-Hubert est fermée à cause d’un
gros ravin qui menace la sécurité des élèves et des enseignants.
Cette affirmation est confortée par les propos du leader communautaire 1
en ces termes :

46
« L’école Saint-Hubert est fermée à cause d’un gros ravin qui a détruit
l’école ; ce qui fait que le système de double vacation est instaurée à l’école
primaire ».
Cependant, des entretiens à l’IEPP Yopougon-Andokoi avec le CP, il
ressort que le personnel et les élèves de l’EPP Saint-Hubert ont été admis pour
les cours au groupe scolaire Andokoi 1. Cette situation a favorisé l’instauration
de la double vacation à Andokoi 1 ; ce que les parents d’élèves déplorent, car ils
ne comprennent pas que leurs enfants soient souvent à la maison et même dans
la rue.
Des investigations à l’IEPP, il ressort que pour l’année scolaire 2018-
2019, l’effectif des nouveaux élèves de toutes ces écoles publiques d’Andokoi
est de 3629 élèves dont 1819 filles soit, 50,12 % et 1810 garçons soit, 49,87 %.
 Mesures de facilitation de l’accès au cycle primaire
Pour faciliter l’accès des enfants à l’école, leur recrutement au primaire
n’est pas subordonné par le paiement de frais d’inscription ni par la présentation
d’un extrait d’acte de naissance.
Pour l’année scolaire 2018-2019, l’IEPP Yopougon-Andokoi nous révèle
que 367 enfants ont été recrutés sans extrait de naissance dont 178 garçons soit,
48,50 % et 189 filles soit, 51,50 %.
A l’EPP Andokoi 2B, selon, la Directrice, pour la même année scolaire,
40 enfants du CP1 au CM1 (dont 19 garçons et 21 filles) ont été inscrits dans
sans extrait d’acte de naissance. Au CP1, nous avons 12 dont 7 filles et 5
garçons ; au CP2, 8 dont 5 filles et 3 garçons ; au CE1, 5 dont 3 filles et 2
garçons ; au CE2, 10 dont 4 filles et 6 garçons ; au CM1, 5 dont 2 filles et 3
garçons. Tous les élèves du CM2 sont pourvus d’un extrait d’acte de naissance.
Il importe de rappeler que pour la classe de CM2, ce document administratif est
très important pour le Certificat d’Etudes Primaires et Elémentaires (CEPE).

47
Le tableau ci-dessous présente la répartition selon le sexe des élèves
admis à l’EPP Andokoi 2B pendant l’année scolaire 2018-2019 sans extrait
d’acte de naissance :

Tableau 6: Répartition des élèves admis à l’EPP Andokoi 2B sans extrait d’acte de naissance
pour l’année scolaire 2018-2019

Niveaux Filles Garçons Total


CP1 07 05 12
CP2 05 03 08
CE1 03 02 05
CE2 04 06 10
CM1 02 03 05
CM2 00 00 00
Total 21 19 40
Source : Notre enquête
 Entraves à l’accès au CP1
L’accès à l’école primaire n’est pas conditionné par l’acquittement de
frais d’inscription comme il a été dit plus haut au niveau des mesures de
facilitation à l’accès. Toutefois, sur le terrain, pour ce qui concerne la gratuité de
l’école annoncée par le gouvernement, les instituteurs et les parents d’élèves
reconnaissent que la gratuité n’est pas totale.
En effet, les trente-neuf (39) parents d’élèves enquêtés ont déploré
l’existence de frais annexes (COGES, tenues de sport, visites médicales, droit
d’examen à l’entrée en sixième, compositions) estimés à 7000 FCFA du CP1
au CM1 et à 10 000 FCFA pour le CM2. Tous les parents d’élèves enquêtés se
plaignent de cette situation et le témoignage de l’un d’eux est le suivant :
« Il y’a toujours quelque chose à payer. Le public est fait pour les
personnes démunies mais au public, il y a trop de frais au dépend des parents,
alors qu’on dit que l’école est gratuite ».
Par ailleurs, de nos investigations, il est encore admis par les acteurs de
l’école, les parents et les communautés que les infrastructures scolaires du
village sont insuffisantes à cause de la forte demande des parents.

48
En effet, la demande est forte dans le public car l’accès à ces écoles est
gratuit et donc à priori aisé pour la plupart des populations du village.
De ce fait, il ressort des investigations à l’IEPP et à l’EPP Andokoi 2B,
notre champ d’étude, que pour l’année scolaire 2018-2019, l’accès de l’école a
été refusé à certains enfants, faute de place pour les y accueillir.
A l’EPP Andokoi 2B, il ressort des entretiens avec la responsable de cet
établissement que pour l’année scolaire 2018-2019, « 25 enfants dont 10 filles et
15 garçons » en âge d’aller à l’école n’ont pas eu accès à l’inscription au CP1.
Cette situation en déphasage avec les objectifs de la PSO se justifie par
l’insuffisance de la capacité d’accueil c'est-à-dire le « manque de places » selon
les acteurs de l’école interrogés. Au niveau du groupe scolaire (Andokoi 2)
auquel appartient la structure, l’école a refusé l’accès à 70 élèves dont 30
garçons et 40 filles, faute également de places pour les y accueillir. Ce qui fait
un total de 95 enfants (50 filles et 45 garçons) dont l’accès à l’école a été refusé,
concernant ce groupe scolaire pour insuffisance liée à la capacité d’accueil, pour
l’année scolaire 2018-2019.
Ces données sont regroupées dans le tableau suivant :
Tableau 7: Répartition des enfants n’ayant pas eu accès à la classe CP1 à l’EPP Andokoi 2B
et au groupe scolaire Andokoi 2 selon le sexe pour l’année scolaire 2018-2019

Etablissement EPP Andokoi 2B Groupe scolaire Total


Sexe Andokoi 2
Filles 10 40 50
Garçons 15 30 45
Total 25 70 95
Source : Notre enquête

49
 Renforcement de la capacité d’accueil par les écoles
privées
L’insuffisance des infrastructures en rapport avec ce cycle
d’enseignement est comblée par des écoles privées dont quinze (15) sont
dénombrées à Andokoi, à la suite de nos investigations à l’IEPP Yopougon-
Andokoi.
Certains parents enquêtés ont préféré inscrire leurs enfants dans ces
établissements pour diverses raisons, entre autres :
« Dans le public, les enfants ne vont à l’école qu’une ou deux fois dans la
semaine. Les maitres sont toujours absents. Comment les enfants vont
apprendre ? C’est pourquoi, j’ai scolarisé mes enfants au privé » explique un
parent d’élève.
Dans ces établissements, les entretiens avec le CP de l’IEPP révèle que
l’effectif des nouveaux inscrits dans ces établissements au titre de l’année
scolaire 2018-2019 est de 3882 élèves dont 2007 filles soit, 51,70 % et 1875
garçons soit, 48,30 %.
En plus de ces établissements privés, nos investigations ont permis de
dénombrer cinq (05) établissements non formels que sont les écoles franco-
arabes. Parmi ces établissements, selon l’Imam adjoint avec lequel, nous avons
échangé, il n’y a que trois (03) qui sont plus ou moins bien organisés. Dans ces
écoles, les effectifs des élèves s’élèvent, au titre de l’année scolaire 2018-2019
à 693 élèves dont 344 filles soit 49,64 % et 349 garçons soit 50,06 %.
Des entretiens avec le CP de l’IEPP, il ressort que ces établissements ne
font l’objet d’aucun suivi pédagogique. L’IEPP ne se contente que de relever
chaque année les effectifs de ces écoles.
Dix (10) parents musulmans sur vingt-sept (27) ayant fait l’objet de cette
étude ont au moins un enfant ou la totalité de leurs enfants inscrits dans ces
établissements.

50
Certains, le font pour que leurs enfants y apprennent les préceptes de la religion
musulmane, le temps que ceux-ci obtiennent l’entrée en sixième et intègrent
l’école formelle. D’autres, par contre, les plus nombreux, parce que ces écoles
font généralement du social et l’enfant n’y est jamais renvoyé pour scolarité
impayée.
A cet effet, l’Imam adjoint avec lequel, nous avons échangé, fondateur
d’une école franco-arabe, nous a informé que les parents n’arrivent pas à
s’acquitter de la scolarité de leurs enfants. Ce qui fait qu’il rencontre d’énormes
difficultés pour le paiement des enseignants. Toutefois, aucun enfant n’est
renvoyé de son établissement en cas de non-paiement de la scolarité lorsqu’il
sait que ses parents sont des personnes démunies.
 Inégalités à l’accès entre les filles et les garçons
L’ensemble des témoignages liés à l’accès au primaire et les données
recueillies sur notre site d’étude montrent que l’éducation de base se heurte à
des difficultés d’ordre infrastructurel qui sont sources d’inégalités entre les filles
et les garçons dans l’accès à l’école primaire à Andokoi.
Ce constat est renforcé par les données recueillies à l’IEPP Yopougon-
Andokoi qui indiquent que pour l’année scolaire 2018-2019, l’effectif des
nouveaux inscrits en classe de CP1 (qui constitue la porte d’entrée de
l’éducation de base) pour l’ensemble des neuf (09) écoles publiques se situe à
562 élèves dont 278 filles soit 49,47 % et 284 garçons soit 50,53 %.
Celles recueillies à l’EPP Andokoi 2B au niveau du CP1 indiquent que
pour l’année scolaire 2017-2018, l’effectif des nouveaux inscrits en classe de
CP1 est de 89 élèves dont 41 filles soit, 46,07 % et 48 garçons soit, 53,93 %. Et
pour cette année scolaire 2018-2019, cet effectif se situe à 96 élèves dont 52
garçons et 44 filles, soit 54,16 % de garçons contre 45,84 % de filles.
Ces données confirment donc, l’existence d’inégalités entre les filles et les
garçons dans l’accès au primaire à Andokoi, en défaveur des filles.

51
- Au niveau du premier cycle du secondaire
 Infrastructures secondaires publiques
A Andokoi, l’examen des infrastructures scolaires montrent qu’il existe
un seul établissement secondaire public. Il s’agit du Lycée Moderne Yopougon-
Andokoi. Selon les acteurs en charge de la gestion de cet établissement, les
pensionnaires sont issus de divers milieux sociaux du district d’Abidjan.
Mais, la majorité de ceux-ci sont des résidents de la commune de Yopougon.
Ainsi, selon les données recueillies, le Lycée Moderne Yopougon-Andokoi
compte pour l’année scolaire 2018-2019, soixante-dix (70) classes dont trente-
neuf (39) du premier cycle. Les effectifs des classes du premier cycle varient
entre soixante-dix-sept (77) et cent (100) élèves. Cette situation résulte de
l’insuffisance des infrastructures dédiées au premier cycle d’enseignement dans
cet établissement public. Les effectifs des nouveaux inscrits de ce cycle
d’enseignement pour l’année 2018-2019 indiquent que le lycée compte 2986
élèves dont 1544 garçons soit, 51,70 % et 1442 filles, soit 48,30 %.
 Entraves à l’accès en sixième
L’accès à ce cycle d’enseignement nécessite le paiement de frais
d’inscription. A cet effet, le censeur 1 de cet établissement nous apprend que
l’inscription en ligne revient à 6000 f suivie de l’inscription physique où les frais
sont à 9 500 f de la sixième à la quatrième et à 11 500 en classe de troisième à
cause du droit d’examen fixé à 2000 f à ce niveau. En plus, les élèves qui
veulent composer dans une matière facultative doivent payer 500 f.
Toutefois, ce censeur nous apprend que :
« Après l’acquittement de l’inscription en ligne, sur les 9000 f, les
parents doivent payer 5000 f. Ce qui pose problème. L’inspecteur demande au
personnel administratif de garder les enfants. Ce qui fait que, jusqu’à la fin du
premier trimestre, il y a 50 enfants environs qui n’avaient pas encore payé les
frais de l’inscription physique.

52
Jusqu’au deuxième trimestre, il restait encore une dizaine d’enfants. Finalement
ces derniers n’ont payé leur frais d’inscription physique qu’après leur exclusion
du lycée ».
Cet acteur qualifie cette attitude des parents de négligence de la part de
ces derniers. Nous pensons que cette attitude des parents peut résulter, soit d’un
problème financier, soit parce qu’ils pensent que l’école publique est gratuite
comme, il est annoncé par les autorités ivoiriennes.
Le travailleur social 1, quant à lui affirme que :
« Pendant les inscriptions, sur un groupe de dix élèves qui ne sont pas
inscrits, il y’a neuf qui sont du nord et qui n’ont pas terminé leur inscription.
Lorsque l’inscription en ligne est faite, le reste ne les intéresse pas ».
Un élève de la classe de cinquième nous informe que :
« A cause du prix élevé de l’inscription, j’ai des camarades de classe qui
ne sont plus revenus à l’école ».
Les noms de ces camarades qu’il nous a donnés étaient des noms à
connotation ‘‘nordiste et sudiste’’.
De cette situation, peut résulter des inégalités entre les filles et les garçons
au niveau du premier cycle du secondaire.
 Renforcement de la capacité d’accueil par les
établissements privés
L’insuffisance des établissements secondaires publics dédiés à ce cycle
d’enseignement est comblée par l’existence d’établissements secondaires privés
pour pallier le déficit à ce niveau. De nos investigations à la DREN Abidjan 3
(Service Enseignement Privé), six (06) sont dénombrés à Andokoi. L’effectif
des nouveaux inscrits dans ces établissements au cours de l’année 2018-2019,
selon les données reçues à la DREN est de 5090 élèves dont 2221 filles soit,
43,64 % et 2869 garçons soit, 56,36 %.

53
De nos investigations à la DREN, il ressort que parmi ces six (06)
établissements privés, seulement quatre (04) reçoivent les élèves affectés de
l’Etat. La plupart des parents enquêtés dont l’enfant est au privé s’explique par
le fait, que cet enfant y a été orienté par l’Etat soit depuis la classe de sixième
après l’admission à l’entrée en sixième ou après la classe de troisième après
l’admission au BEPC. Ces derniers se plaignent des droits d’inscription élevés
dans ces établissements alors que leurs enfants y ont été orientés par l’Etat.
Et l’un d’entre eux le dit en ces termes :
«Madame, on paye trop cher au privé pour nos enfants. Il faut que vous
nous aidiez pour que l’Etat diminue beaucoup pour nous ».
 Inégalités à l’accès entre les filles et les garçons
En dépit de l’insuffisance des infrastructures relevées, les entretiens avec
certains acteurs de l’école évoquent d’autres causes associées.
Selon le Professeur Principal (PP) 1, ces inégalités s’expliquent par le fait
que « Tout part du CM2 où, il y a plus de garçons que de filles ».
L’analyse de ces témoignages nous amène à retenir que les inégalités à
l’accès au premier cycle de l’enseignement secondaire sont liées à l’insuffisance
des infrastructures et aux inégalités entre les filles et les garçons constatés au
niveau du primaire et particulièrement en classe de CM2.
En effet, les données recueillies à l’EPP Andokoi 2B sur les deux années
scolaires 2017-2018 et 2018-2019 indiquent qu’en classe de CM2, les effectifs
des nouveaux inscrits se situent respectivement à 83 élèves dont 40 filles soit,
48,20 % contre 43 garçons soit, 51,80 % et à 80 élèves dont 32 filles soit, 40 %
contre 48 garçons soit, 60 %.
Ces inégalités d’accès constatées au niveau du premier cycle du
secondaire général sont également renforcées par les données recueillies au
niveau du Lycée Moderne Yopougon-Andokoi qui confirment l’existence
d’inégalités à l’accès entre les filles et les garçons.

54
En effet, pour l’année scolaire 2017-2018, les données reçues de cet
établissement indiquent que les nouveaux inscrits en de classe de sixième ont un
effectif de 699 élèves dont 370 garçons soit, 52,93 % contre 329 filles soit,
46,06 %. Les données de l’année scolaire 2018-2019 montrent que cet effectif
est de 794 élèves dont 399 garçons et 395 filles soit, 50,25 % de garçons contre
49,75 % de filles.
Ces données confirment également, l’existence d’inégalités entre les filles
et les garçons dans l’accès au premier cycle du secondaire.
2.1.1.3- Maintien des filles et des garçons au niveau de
l’éducation de base à Andokoi
Le maintien des filles et des garçons dans l’éducation de base est saisi à
travers les déterminants de la qualité de l’éducation de base qui se réfèrent à la
qualité des services éducatifs offerts aux apprenants.
A ce niveau, les données ont été recueillies sur la base des entretiens, de
l’observation et de l’étude documentaire.
Ainsi, nous examinerons au primaire et au premier cycle du secondaire,
les conditions matérielles dans lesquelles, les apprentissages se déroulent,
l’encadrement pédagogique dont bénéficient les élèves, la disponibilité des kits
et des manuels scolaires et la disponibilité du personnel enseignant.
- Au niveau du primaire
 Conditions matérielles d’apprentissage
Les conditions matérielles d’apprentissage englobent l’état des classes et
la disponibilité des commodités qui dans le cadre de la présente étude constitue
des indicateurs du maintien des élèves dans le système éducatif.
 Etat des classes
A l’analyse, de notre entretien avec la responsable de l’EPP Andokoi 2B,
il ressort que les classes de l’établissement présentent un état pas tout à fait
reluisant.

55
En effet, selon cette dernière :
« Les classes du CP1, CP2 et CE1 n’ont pas de plafond, le sol est en
mauvais état et dégradé…dans la classe de CM1, le plafond est dégradé, l’eau
coule par endroit. Les tables-bancs sont en nombre insuffisant, et ils ne sont pas
tout à fait en bon état ».
La Directrice continue et affirme ceci :
« Il y a très longtemps que nous n’avons pas reçu de table-bancs ».
Nos observations portées sur ces aspects confirment ces verbatines. En
effet, à l’EPP Andokoi 2B, nous avons constaté que des enfants étaient assis à
quatre (04) sur un banc dans les classes du CP1 au CM1 et même à trois (03) au
CM2 pour des bancs qui ne devaient recevoir que deux (02) élèves.
 Disponibilité des commodités
Pour ce qui concerne les commodités, la responsable de l’école dénonce le
problème de l’électricité en ces termes : « Quand, il pleut, les cours sont arrêtés
dans l’école à cause de la visibilité qui est réduite ».
Elle poursuit :
« L’éclairage est insuffisant dans les salles de classes car il faut 3 néons
par classe. Or, au CP1, il n’y a qu’un seul néon, l’éclairage n’est pas suffisant ;
au CP2, pas de néon, il n’y a que deux ampoules au mur ; au CE1, pas de néon,
seulement 4 petites ampoules; au CE2, il y a un seul néon. Au CM1, pas de
néon, mais 2 ampoules rondes qui n’éclairent pas suffisamment. Au CM2, il
n’existe pas de néon, il n’y a qu’une seule ampoule ronde, ce qui fait que
l’éclairage n’est pas suffisante ».
A ce propos, le maître 1 affirme :
« Lorsque la classe est mal éclairée, il fait sombre. Lorsqu’on demande à
l’enfant de prendre son livre à telle page, il n’arrive pas à suivre, il est
distrait. Dans ma classe, celle qui s’allume est mal localisée.

56
Ce qui fait que la qualité de la lumière est défectueuse, du coup, les enfants
n’arrivent pas à suivre les contenus du livre et si l’enfant ne suit pas, il
commence à faire autre chose, il dérange ces camarades, c’est le bavardage
dans la classe et le maître est obligé de leur dire de se taire ».
Relativement aux points d’eau, selon la Directrice de l’école, il n’en existe
qu’un seul avec trois (03) robinets dont deux (02) sont fonctionnels. Toutefois,
nos observations révèlent que ces trois (03) robinets ont besoin d’être
réhabilités.
En effet, le maître 1 explique :
« Les enfants se servent d’une pointe incurvée pour ouvrir les 2
robinets fonctionnels pour boire de l’eau. Seuls les plus grands arrivent à user
de cette astuce. Les plus petits en profitent également pour boire aussi. On leur
avait même suggéré d’avoir de petite bouteille pour conserver l’eau ».
A la question de savoir si le COCES a été interpellé par rapport à cette
situation, la Directrice répond : « Le COGES a été interpellé mais, rien n’est
fait ».
Concernant le dispositif de lavage de mains, il n’en existe pas à l’EPP
Andokoi 2B alors que son existence en milieu scolaire permet de prévenir
certaines maladies liées aux mains sales mais également de faire la promotion
des règles élémentaires d’hygiène à travers le lavage régulier et correcte des
mains.
Quant à la clôture, elle est basse car les enfants l’enjambent.
Selon le maître 1, il s’agit :
« Des enfants les plus grands. Si le gardien est assis, ils escaladent la
clôture pour s’échapper de l’école ; d’autres encore pressés, à la descente,
prennent des raccourcis et évitent le portail ».

57
Cette situation contribue aux absences dans les classes.
Le maître 2 révèle :
« Certains enfants sortent à 10 h et ne reviennent plus en classe ; ce sont
les garçons qui le font. D’autres reviennent le lendemain ; je leur dit qu’ils ne
retournent pas en classe, tant que leurs parents ne viennent pas. Chez moi, c’est
ce principe que j’ai instauré. L’enfant doit se faire accompagner sinon, je ne
l’accepte pas. Il va expliquer à ces parents où, il était car certains parents
pensent que leur enfant est en classe alors que ce n’est pas le cas ».
En ce qui concerne les latrines, nos observations portées sur les locaux
montrent que l’EPP Andokoi 2B possède des latrines avec trois cabines non
séparées pour les filles et les garçons et très sales.
Ces cabines sont insuffisantes, en rapport avec les effectifs de l’école qui est de
626 élèves dont 311 garçons, soit 49,68 % et 315 filles, soit 50,32 %.
La responsable de l’école indique :
« Ce sont les élèves qui font l’entretien des latrines. Je leur fournis le
nécessaire pour le faire. Mais, à cause du nombre élevé d’élèves pour ces trois
cabines, les latrines sont toujours sales ».
De ce fait, selon le maître 1 :
« Il y’a des enfants qui refusent de s’y soulager. Ils préfèrent aller le faire
à la maison. Ils ratent des cours, ratent les contenus d’apprentissage ».
Quant à la cantine scolaire, l’acteur responsable (maître 2) de la gestion
nous informe que « Le groupe scolaire avec un effectif de 2491 élèves dont
1239 filles et 1252 garçons dispose d’une seule cantine ».
Ainsi, dans le mode de fonctionnement, il révèle ceci :
« Un effectif d’enfants pouvant se restaurer à la cantine de l’école est
imposé par le Conseiller Cantine du Ministère en charge de l’Education
Nationale. Il est de 780 élèves et ce, pour 20 jours. De ce fait, la cantine a pris
fin depuis le mois de Décembre, avant les congés de Noël».

58
Or, selon ce maître :
« Beaucoup d’enfants restent à midi à l’école. Au temps du PAM, il était
de 100 jours et est passé ensuite à 50 jours car le PAM cherchait à se
désengager pour permettre à l’Etat de Côte d’Ivoire de prendre le relais.
Normalement, les parents doivent s’organiser pour assurer la pérennisation des
cantines, chose que d’autres structures ont réussi à faire, mais pas mon école.
Le prix à débourser pour que les enfants y mangent est fixé à 25 f par enfant.
Par ordre alphabétique, 26 élèves par classe sont sélectionnés et ainsi de suite
et on reprend. La parité doit être respectée, à savoir autant de filles que de
garçons ».
Toutefois, on n’y fait pas la cuisine tous les jours car les vivres ne sont
pas suffisants.
En effet, en début d’année, la cantine reçoit 42 sacs de riz de 50 kg, 5 bidons
d’huile de 25 litres, 9 sacs de soja texturé et 15 cartons contenant 50 boîtes de
sardines et ce pour 20 jours.
Mais, selon cet instituteur :
« Pour atteindre ces 20 jours, la cuisine est faite deux fois dans la
semaine. Par conséquent, beaucoup d’enfants n’arrivent pas à manger à cause
de l’insuffisance des plats même s’ils ont leur 25 f ».
Or, selon le témoignage du maître 1 :
« A midi, de nombreux enfants restent à l’école. Souvent, beaucoup
d’entre eux n’ont pas de quoi à manger ».
Il continue en ces termes :
« Il y’a beaucoup d’absents, mais avec la cantine, on assiste à une
présence régulière des enfants. A la fermeture de la cantine, le taux de présence
baisse sensiblement ».
En effet, la consultation des registres d’appel des différentes classes a
permis de constater que le taux de fréquentation des élèves est autour de 88, 70
% après la fermeture de la cantine.

59
Selon le maître 2, au regard de la cible de la Direction des Cantines
Scolaires qui de 70 %, la fermeture de la cantine n’agit pas considérablement sur
le taux de fréquentation des élèves de cet établissement.
Ainsi, à l’EPP Andokoi 2B, l’accès à toutes les commodités de base n’est
pas satisfait pour les enfants. Par ailleurs, celles qui sont disponibles ne sont
toujours pas suffisantes et ne sont pas toutes fonctionnelles.
 Encadrement pédagogique
Dans la présente étude, l’encadrement pédagogique renvoie à la taille des
classes et au taux d’encadrement.
 Taille des classes
La taille des classes se mesure à travers le ratio élève/salle de classe. A
Andokoi 2B, les effectifs vont de 80 à 124 élèves dans les classes. Nous avons
assisté à des situations où il est difficile aux instituteurs de ramener le calme
dans la classe, surtout dans les classes de CP1, CP2 et même CE2.
La maîtresse 1 explique :
« Vous voyez, le nombre d’enfants que nous avons dans les classes ; c’est
difficile. Une classe doit être divisée en deux ».
Donc, pour les acteurs de cet établissement primaire, au lieu de six (06)
classes qui composent cette école, il faut douze (12) classes.
Ces propos du leader communautaire 1 vient corroborer celui des acteurs
de l’école en ces termes :
« Les classes sont engorgées ; les conditions de travail sont difficiles ; les
enfants sont assis à même le sol ; le gouvernement doit avoir un droit de
regard. La majorité des enfants sont au privé ; en cours d’année, les enfants
sont retirés du public et inscrits au privé. Et ceux qui n’ont pas les moyens de le
faire ? Que deviennent leurs enfants ? ».

60
 Taux d’encadrement
Au regard de ces effectifs, la question de l’encadrement et du suivi des
élèves devient problématique. Ainsi, le taux d’encadrement qui se mesure par le
ratio élève/maître s’avère élevé dans cet établissement.
A ce niveau, l’EPP Andokoi 2B, comme il a été indiqué plus haut,
enregistre des effectifs allant de 80 à 124 élèves qui ne respectent pas la norme
de l’UNESCO qui est de l’ordre de 40 élèves par classe au primaire 14. Avec un
tel effectif, se pose la préoccupation de la distribution des kits scolaires et des
manuels scolaires.
 Disponibilité des kits et manuels scolaires
En effet, les kits scolaires sont un ensemble de matériels remis aux élèves
pour suivre les cours. Ils sont distribués chaque année aux élèves du primaire
public.
La maîtresse 1 révèle que ces kits sont composés de « deux cahiers double
ligne, une ardoise, un bic, un crayon, un paquet de crayons de couleur ».
Des entretiens avec la Directrice, il ressort que son établissement a reçu
pour l’année scolaire 2018-2019, 455 kits dont 95 pour le CP1, 80 pour le CP2,
90 pour le CE1, 110 pour le CE2, 95 pour le CM1 et 80 pour le CM2.
Elle continue :
« Ce nombre en deçà de l’effectif n’est pas suffisant pour tous les élèves.
Pour ce faire, les anciens reçoivent d’abord ; on demande aux nouveaux inscrits
d’attendre. Ce qui fait que tous les enfants n’ont pas reçu de kit ».
Le manuel est un livre à partir duquel, les enseignements sont dispensés
par les enseignants. Il s’agit des livres de mathématiques, de sciences, d’histoire-
géographie, de lecture et d’Education Droit l’Homme et de la Citoyenneté
(EDHC).

14
Rapport d’Analyse Statistique du système Educatif Ivoirien, 2017

61
Concernant les manuels scolaires, la responsable de l’établissement
révèle :
« Un stock de livres est remis à la rentrée. On remet les livres aux enfants
et en fin d’année, ils ramènent les livres, Cependant, les livres reviennent en très
mauvais état, ce qui fait que ceux qui viennent après ne bénéficient pas de livres
car la distribution des livres est arrêtée depuis 2008. Ce sont ‘‘Mon cahier au
quotidien’’ que les enseignants ont reçus. Tous les exercices sont dans ces
cahiers et chaque enfant a reçu le sien. Ils sont disponibles du CP1 au CE2 »
Toutefois, la maîtresse 2 précise :
« Les livres sont arrivés tard, dans le mois de décembre-janvier. Or nous
suivons la progression du programme à partir de ce livre. Donc, nous
demandons aux parents d’acheter ce livre qui coûte 1500 f sur le marché et c’est
à cause de ce seul livre que les enfants sont pénalisés.
Ils ne peuvent pas travailler car c’est leur cahier de devoir. Ceux qui ont les
moyens achètent le livre de leurs enfants. Mais, si un enfant prend un livre qu’il
le déchire, le parent doit rembourser, ce qui ne se fait pas. Cette situation
entraine une réduction du nombre de livres ; ce qui pénalise les futures
promotions ».
Ainsi, nous constatons que toutes les conditions ne sont pas réunies pour
favoriser le maintien de l’enfant à l’école.
Ce constat peut-être illustré par les propos tenus par le maître 1:
« Une classe doit être agréable pour l’apprentissage, éclairage, table-
bancs, effectif. Lorsque l’enfant passe toute une année dans un environnement
sain, il est pressé de venir à l’école. Il y a des enfants qui trainent dehors, qui ne
viennent pas. Ils ne peuvent pas écrire car ils sont à 4 sur un banc. Ils se mettent
devant, à même le sol pour recopier. Si je rentre en classe, je ne pourrai même
pas m’asseoir pour écrire. L’enfant n’a pas envie de rentrer dans la classe.
Cette situation a un impact sur le rendement des enfants.

62
L’environnement scolaire agit à 50 % sur le rendement de l’élève, le reste, c’est
la personnalité de l’enseignant. Les deux vont ensemble ».
 Personnel enseignant
Cet entretien qui place l’enseignant au cœur du dispositif de maintien
ouvre les brèches de la situation observée à l’EPP Andokoi 2B. En effet, lors de
nos investigations dans cette école, toutes les classes étaient pourvues d’un
enseignant sauf la classe de CE1. Cela est justifié par le fait que la maîtresse est
en congé de maternité.
La responsable explique : « La classe est fermée depuis un mois et demi.
Un jeune a pris les enfants pendant un mois et il n’est plus revenu ». Pendant ce
temps, que deviennent les enfants ?
En outre, le leader communautaire 2 décrie : « L’absentéisme constaté au
primaire de manière récurrente ».
Un parent d’élève nous dit en ces termes :
« Au public, les enfants ne vont à l’école qu’une ou deux fois dans la
semaine. Les enfants qui sont au primaire public de la cour où j’habite sont
souvent à la maison. Et quand je demande à ces enfants, ils disent le maître a
voyagé. Comment les enfants vont-ils apprendre ? C’est pourquoi, j’ai mis mes
enfants au privé. Ça me fatigue, je n’ai pas d’économie, tout rentre dans l’école
des enfants. Mais, je vais faire comment ? Sinon, si je laisse l’école publique, où
on ne paye rien pour mettre mes deux enfants au privé, c’est que je ne suis pas
satisfait de cette école ».
Par ailleurs, les grèves constatées cette année sont déplorées par les
parents enquêtés : « Trop de grèves, les enfants n’apprennent rien » dit un autre
parent d’élève.
Ces grèves des enseignants ont favorisé l’abandon de l’école par certains
enfants.

63
C’est le cas rapporté par la maîtresse 2 en ces termes :
« Une de mes élèves, originaire du nord du pays a abandonné l’école
pendant les grèves qui secouaient le secteur de l’éducation. Elle était très
brillante et avait 13 ans. J’ai pensé au départ qu’elle avait été retirée de l’école
à cause des grèves intempestives et inscrites dans un établissement privé.
Malheureusement, ce n’était pas le cas parce que des enfants de ma classe
m’ont informé que la petite vendait de l’eau glacée au marché. Ça m’a fait mal,
ce fut une désolation pour moi. Je suis impuissante face à une telle situation, on
ne peut rien faire, c’est malheureux ».
Au total, toutes ces conditions d’encadrement posent le problème du
maintien des filles et des garçons au primaire. Et elles sont sources d’inégalités
de maintien entre ceux-ci au niveau de ce cycle d’enseignement.
Ces inégalités de maintien sont appréciées à travers les résultats du CEPE,
session 2019, de l’EPP Andokoi 2B. Ces résultats indiquent que 38 garçons sur
47 sont admis contre 30 filles sur 32, soit respectivement 93,75% de filles contre
80,85% de garçons.
Ainsi, bien qu’il puisse avoir des inégalités en faveur des garçons, ces
résultats indiquent un avantage en termes de performances scolaires pour les
filles qui ont pu atteindre le niveau du CM2.
- Au niveau du premier cycle du secondaire général
 Conditions matérielles d’apprentissage
Les conditions matérielles d’apprentissage, comme indiquées plus haut,
prennent en compte, l’état des classes et la disponibilité des commodités.
 Etat des classes
A ce niveau, les entretiens réalisés avec la censeure 1 font ressortir que
deux bâtiments abritant le niveau quatrième et comportant huit (08) classes
n’ont pas de plafonds. Elle le justifie en ces termes :
« Quand, il pleut, les élèves et les enseignants ne s’entendent pas. Le
professeur est obligé d’arrêter le cours ».

64
Elle continue :
« Il y a également des classes où, l’eau coule. Il s’agit d’une classe de
sixième et une classe de cinquième. Les élèves sont obligés de se ranger d’un
côté de la classe. Ce qui ne facilite pas les enseignements ».
Nous avons demandé si le COGES en était informé.
Notre interlocutrice nous a répondu en ces termes :
« Il n’y avait pas d’électricité dans 12 classes. Ce problème a été réglé
par le COGES. Et plus d’une dizaine de classes étaient fermées. Elles ont été
réparées par le COGES. Le plafonnage a été promis, mais, il n’est pas encore
fait ».
Par conséquent, toutes les classes ne présentent pas un état satisfaisant, ne
favorisant pas de bonnes conditions d’apprentissage.
Quant aux commodités, l’observation sur cet aspect révèle l’absence de
cantine, alors que les informations obtenues des entretiens avec le travailleur
social 1 indique que : « Beaucoup d’élèves ont des problèmes et ce sont ceux qui
viennent vers nous que nous essayons d’aider. Certains ont des problèmes de
déjeuner. Les élèves font des jeux de billes, moyennant de l’argent, rien que
pour avoir de l’argent pour manger et faire leur transport et ils sont très
nombreux ».
En ce qui concerne les points d’eau, il en existe deux qui sont fonctionnels
dans ce lycée. L’un est pourvu d’un seul robinet et l’autre, de trois (03) robinets.
Toutefois, celui muni de trois (03) robinets a été fermé par l’administration à
cause du gaspillage d’eau par les élèves alors que c’est justement ce point d’eau
qui constituait le dispositif de lavage des mains. Mais, puisqu’il est fermé, cette
commodité n’existe pas au lycée.
Quant à la clôture, le censeur 2 mentionne en ces termes : « Elle n’est pas
haute, donc, les élèves l’escaladent et même les voyous le font également ».
En effet, selon ce censeur, les enfants en rupture sociale escaladent
souvent la clôture pour agresser les élèves au sein de l’établissement.

65
Par rapport à ce phénomène, le travailleur social 2 raconte :
« Le phénomène des enfants en conflit avec la loi existe dans le lycée,
mais ils ne sont pas actifs à l’école. Ils se manifestent lorsqu’il y a une petite
querelle. L’année dernière, ces enfants étaient actifs au sein de l’établissement.
Il y avait un bâtiment inachevé au sein de l’établissement qui leur servait de
cache d’armes blanches et d’hôtel de passe. Le « lieutenant », à savoir le
meneur était en classe de troisième et les enfants de troupes en sixième,
cinquième ».
Selon le censeur 2 :
« Cet enfant donnait même des ordres à des élèves de terminale malgré le
fait qu’il était en classe de troisième. Nous avons écrit à la DREN que nous ne
voulions plus de cet élève. Il a échoué au BEPC et il a été renvoyé du lycée ».
Pour le travailleur social 2 : « Avec la réparation de la clôture et le
bâtiment qui était inachevé, réhabilité, il y a moins de méfaits au lycée».
En rapport avec ce phénomène, une membre de l’association féminine 1
raconte :
« L’année dernière, mon fils a été agressé par un enfant microbe qui lui a
arraché son portable. Il a failli même le blesser car il était armé d’un couteau.
Mon fils m’a dit qu’il a escaladé la clôture et il les a surpris, lui et son
camarade au terrain de sport. Mon fils m’a également dit qu’il connait son
agresseur. Ce dernier est un ancien élève du lycée et camarade de classe. Vous
voyez que nos enfants ne sont pas en sécurité et nous aussi ».
Concernant les latrines, de nos observations, il ressort que les filles et les
garçons utilisent les mêmes latrines constituées de quatre (04) cabines qui ne
sont pas propres.

66
La censeure 1 justifie cette situation en ces termes :
« Les latrines des filles sont fermées à cause d’un problème de conduit
qui à la base n’est pas bien fait. En effet, cette défectuosité crée des problèmes
aux bureaux des éducateurs de sixième qui ont leurs bureaux inondés et
l’humidité qui affecte les dossiers. Ainsi, tous les élèves, filles et garçons se sont
rabattus sur l’autre toilette qui n’est pas utilisée par tous. Les élèves se réfèrent
aux toilettes publiques en face du lycée. Ce n’est pas facile pour eux. Et d’autres
font leurs besoins au niveau des dernières salles de classe à l’air libre. Ce qui
fait que les odeurs fétides fatiguent ceux qui font les cours dans ces salles ».
Elle poursuit :
« Un jour, un enfant est venu prendre un billet d’annulation de zéro car il
avait mal au ventre. Il a dû rentrer pour se soulager. Quand, je lui ai dit qu’il y
avait des toilettes ici, il m’a dit que c’étaient sales ».
Concernant le problème des toilettes partagées par les filles et les garçons,
l’éducatrice de niveau cinquième évoque en ces termes :
« Les filles et les garçons partagent les mêmes toilettes. On ne sait pas ce
qui peut se passer là-bas. Lorsque les toilettes étaient séparées, c’était plus
facile de faire le contrôle».
De ce qui précède, nous constatons que les élèves de ce lycée n’ont pas
accès à toutes les commodités et celles qui sont disponibles sont soit
insuffisantes soit non fonctionnelles.
 Encadrement pédagogique
Dans le secondaire, l’appréciation de l’encadrement pédagogique porte
sur le mode de fonctionnement des classes.
Au Lycée Moderne Yopougon-Andokoi, les entretiens réalisés indiquent
qu’il est admis au premier cycle du secondaire, la double vacation.

67
Si ce système de double vacation permet d’aider à la gestion des ressources de
l’établissement, il présente des inconvénients en ce sens que, selon la censeure
1:
« Quand les parents ne suivent pas les enfants, cela crée des problèmes.
En 2013, un enfant a dit à ses parents qu’il partait au cours. Or il n’avait pas
cours. Il est venu au lycée pour jouer. Il s’est hissé sur un poteau de handball et
a commencé à se balancer. Le poteau n’étant pas fixé, il s’est renversé sur
l’enfant qui est mort sur le champ ».
L’éducatrice de niveau troisième va dans le même sens en affirmant :
« Certains enfants mentent à leurs parents qu’ils ont cours, alors que
non ; juste pour aller se promener. Il faut que les parents s’approprient l’emploi
du temps de leurs enfants ».
Celle de sixième ajoute que concernant les filles :
« Les parents doivent suivre les entrées et les sorties des filles. En
somme, ils doivent maitriser l’emploi du temps des filles ».
La situation du système de double vacation résultante du nombre
important d’élèves montre que les salles de classes sont insuffisantes pour les
élèves de ce cycle d’enseignement, en dépit des « 77 à 100 élèves » par classes,
selon la censeure 1. Ces effectifs sont contraires à la norme de l’UNESCO qui
est de 55 élèves par classe15.
Par ailleurs, selon cette censeure :
« Les table-bancs sont de mauvaise qualité, ce qui fait que ces tables se
cassent facilement. Elles sont également en nombre insuffisant. C’est pourquoi,
les plus grands vont dans les classes des plus petits pour en prendre. Ce qui fait
que pour prendre les cours, ces derniers s’asseyent à cinq. Certains même
s’asseyent sur l’estrade, à même le sol pour prendre les cours, gênant ainsi
l’enseignant qui n’a même plus d’espace ».

15
Source : DSPS, MENET-FP

68
Lors des entretiens avec les élèves, une élève de la classe de cinquième a
souligné que les effectifs des élèves dans les classes font que : « les grands qui
sont assis derrière perturbent les cours ».
Une autre élève de troisième ajoute :
« A cause du bavardage des perturbateurs, en général les garçons, en
classe, les enseignants ne s’occupent pas de nous ».
Concernant, les enfants qui perturbent les cours, le PP2 fait cette
révélation : « Un élève perturbateur ne peut être puni car l’enseignant peut
perdre son emploi. Si l’élève porte main à un enseignant, ce dernier n’a pas le
droit de répliquer ».
C’est la raison pour laquelle, un élève de cinquième raconte : « lorsque les
élèves bavardent, le professeur sort de la classe et donne ce cours en devoir
pour les punir ».
C’est pourquoi, le responsable de la paroisse du village dit ceci : « L’école
est malade aujourd’hui. Il faut la soigner car elle n’est plus un lieu d’éducation.
Les enfants ne respectent plus les enseignants ».
Cependant, au regard du code de bonne conduite régulant les rapports
entre élèves et enseignants, la censeure 1 indique qu’il n’y a jamais eu d’incident
majeur à déplorer entre les enseignants et les élèves.
En outre, l’éducateur de niveau quatrième mentionne ceci :
« Les effectifs pléthoriques créent du désordre en défaveur des filles qui
ont du mal à suivre. Elles ont tendance à se regrouper entre elles pour regarder
les films sur leurs portables, au lieu de suivre les cours ».
Le problème des portables "Android" a également été déploré par le
leader communautaire 1 qui a fait les mêmes constats que l’éducateur de niveau
quatrième.
Ainsi, les portables "Android" sont incriminés par les acteurs de l’école
comme étant à la base de la sexualité précoce des filles qui est l’un des facteurs
favorisant les grossesses précoces en cours de scolarisation.

69
Cette année au lycée, treize (13) cas de grossesses nous ont été signalés par la
cellule sociale dont trois (3) au premier cycle du secondaire.
Par contre, les garçons s’adonnent plus jeux vidéo et aux jeux de billes
dans la cour de l’école.
Le PP5 l’illustre en ces termes :
« Des garçons peuvent venir au cours et après les deux premières heures,
ils vont aux jeux vidéo ou ils jouent beaucoup plus dans la cour au lieu d’être
en classe avec leurs camarades ».
Ainsi, l’encadrement pédagogique offert aux élèves du Lycée Moderne
Yopougon-Andokoi ne respecte pas les normes pédagogiques, rendant les
conditions d’apprentissage difficiles.
 Personnel enseignant
Concernant le personnel enseignant, il ressort des entretiens avec la
censeure 1, qu’au Lycée Yopougon-Andokoi, il y a de bons enseignants.
Toutefois, elle mentionne qu’il y a un besoin d’enseignants dans certaines
matières telles que l’histoire-géographie, l’anglais et l’allemand.
Par ailleurs, les vingt-quatre (24) élèves interrogés sont unanimes sur le
fait que les enseignements sont dispensés de la même manière aux filles et aux
garçons.
Cependant, cette censeure affirme :
« En classe, compte tenu de l’effectif pléthorique des élèves, les
enseignants n’ayant pas assez de temps, ils ne travaillent qu’avec ceux qui
peuvent les aider à avancer dans leurs cours ».
Aussi, vu l’effectif des élèves dans les classes, le censeur 2 explique :
« Les enseignants ne font que deux évaluations par trimestre, pour la
plupart car ils disent qu’ils ont une classe à l’intérieur d’une autre classe. En
général, la troisième note est souvent une note de participation ou de cahier. Ce
sont les professeurs de mathématiques qui font plusieurs interrogations et deux
devoirs ».

70
Cette situation, selon cet acteur de l’école ne permet pas à l’élève de
s’améliorer. Ce qui peut avoir un impact négatif sur son niveau car selon la
norme, il faut trois notes par trimestre.
Une élève de cinquième a également évoqué le fait que : « Il y a des
professeurs qui ne viennent pas au cours ».
Un autre problème évoqué par les enseignants cette fois-ci concerne les
manuels scolaires. Selon ces derniers, tous les élèves n’ont pas leurs manuels.
Et le PP3 le dit en ces termes :
« C’est l’approche par compétence. Il faut obligatoirement les manuels
que sont le livre et le livret d’activités. Il faut que l’enfant ait au moins, l’un des
documents. Dans ma classe, la moitié ne dispose pas de manuels.
Mais, on ne met pas un enfant dehors, s’il n’a pas de manuels. Les élèves
s’associent pour suivre les activités ».
De plus, les entretiens avec les enseignants font ressortir que dans
certaines classes, les garçons travaillent mieux que les filles et dans d’autres,
c’est le contraire.
Mais, pour le PP8 :
« Au Lycée Moderne Yopougon-Andokoi, le nombre de filles admises
augmentent. Les garçons achèvent moins que les filles. Ce qui fait que plus de
garçons que de filles sont exclus du lycée. Les quelques filles qui sortent du
système scolaire s’expliquent par la sexualité précoce, les grossesses précoces,
le non suivi des parents, le problème des tuteurs et celui des familles
recomposées».
L’analyse de toutes ces données explique les difficultés de maintien des
filles et des garçons au premier cycle du secondaire qui sont également, sources
de maintien entre ceux-ci.

71
Et les statistiques du tableau suivant en témoignent :
Tableau 8: Bilan des résultats de fin d’année du premier cycle du Lycée Moderne Yopougon-
Andokoi selon le sexe

Sexe Effectif classé Admis Redoublants Exclus


Garçons 1749 1685 49 15
Filles 1577 1545 19 13
Total 3326 3230 68 28
Source : Service informatique du Lycée Moderne Yopougon-Andokoi, 2019
L’analyse de ce tableau fait ressortir que sur 68 redoublants, 49 sont des
garçons soit, 72,06 % et 19 sont des filles soit, 27,94 %. Sur 28 exclus, 15 sont
des garçons soit, 53,57 % et 13 filles soit, 46,43 %.
Par ailleurs, les résultats du BEPC, session 2019, montrent que sur 1716
candidats dont 765 filles et 951 garçons, il y a 526 filles admises et 631 garçons
admis. Ce qui représente un taux de réussite de 68,75% pour les filles contre
66,35 % pour les garçons.
Ainsi, bien qu’il puisse avoir des inégalités en faveur des garçons, les
résultats de fin d’année et du BEPC, session 2019, du Lycée Moderne
Yopougon-Andokoi indiquent un avantage en termes d’effort de travail pour les
filles qui ont pu atteindre ce niveau d’étude.
Au total, le dispositif institutionnel mis en place pour l’accès et le
maintien des filles et des garçons dans l’éducation de base à Andokoi permet de
relever que l’accès à l’école n’est plus subordonné à la présentation d’un extrait
d’acte de naissance. Toutefois, les infrastructures scolaires publiques dédiées à
l’éducation de base ne sont pas suffisantes pour accueillir tous les enfants de 6-
16 ans, au regard de la PSO, bien qu’il soit fait obligation aux acteurs de l’école
de recruter le maximum d’enfants au primaire. Cette situation est à la base des
effectifs pléthoriques dans les classes aussi bien au primaire qu’au premier cycle
du secondaire.

72
Par ailleurs, l’insuffisance des infrastructures couplée aux effectifs
pléthoriques a favorisé l’instauration du système de double vacation au primaire
et au premier cycle du secondaire. Relativement à la gratuité de l’école, les
parents estiment qu’elle n’est pas totale car des frais annexes existent.
Quant aux services éducatifs offerts aux apprenants, ils sont de faible
qualité, ne favorisant pas de meilleures conditions d’apprentissage. En outre, ils
ne prennent pas en compte les considérations de genre.
2.1.2- Caractéristiques socioéconomiques des parents à l’étude
Les caractéristiques socioéconomiques des parents sont présentées selon
le sexe, la situation matrimoniale, la religion, le statut professionnel, le niveau
d’instruction et le revenu. Elles sont issues de l’enquête par questionnaire.
Graphique 1: Répartition des parents selon le sexe

7; 18%

32; 82%

Féminin Masculin

Source : Notre enquête

Parmi les parents interviewés, 82 % sont des hommes et 18 % sont des


femmes. Ce qui traduit que la majorité des parents d’élèves, chefs de ménage
sont des hommes. Dans les familles où l’homme est le chef de ménage, ce sont
ces derniers qui ont le pouvoir de décision dans la famille, surtout, au sein des
familles venant du nord. Dans ces familles, l’homme est le seul maitre, la femme
n’a pas son mot à dire.

73
Cette présidente de l’association féminine 4 le traduit en ces termes :
« L’enfant n’appartient pas à la femme. La femme ne doit pas mettre sa
bouche dans affaire des enfants. L’enfant appartient à l’oncle, le frère du
père. Chez nous, les filles sont toujours retirées de l’école pour les donner en
mariage. Nous, les femmes, on ne peut rien dire. J’ai très mal car je ne suis pas
allée à l’école. J’ai fait le ménage, balayer, laver les habits, qu’est-ce que j’ai
eu ».
Il ressort également de l’étude que tous les parents de sexe masculin ont
affirmé vouloir scolariser tous leurs enfants qu’ils soient filles ou garçons.
Cependant, 29 parents sur 32 ont affirmé préférer scolariser le garçon, s’il y
avait un choix à faire. Ceux-ci ont justifié cette préférence par des difficultés
liées à la scolarisation de la fille (sexualité précoce, grossesse précoce, etc.).
Concernant les parents de sexe féminin, chef de ménage, elles veulent au
contraire que leurs filles soient scolarisées au même titre que leurs garçons et y
réussissent car elles n’ont pas eu cette opportunité.
Il y a le cas de cette parente d’élève, (dont le mari ne s’intéresse pas à la
scolarisation de ses enfants) qui se bat pour inscrire ces derniers à l’école. Elle
vend des fruits et avec les revenus de son petit commerce s’organise pour le
maintien de ses deux fils et de sa fille qui sont inscrits dans des établissements
privés d’Andokoi. Si elle a pu solder la scolarité de sa fille en classe de CP2 et
de son garçon en classe de sixième, elle n’avait pas encore soldé la scolarité de
celui qui est en seconde. Elle nous a appris que son plus grand souhait est que
ses enfants, filles comme garçons réussissent à l’école. Comparativement à cette
dernière, le souhait de ce parent d’élève de sexe masculin est d’inscrire tous ses
enfants, filles comme garçons à l’école. Toutefois, il soutient qu’au cas, où il n’y
arriverait pas à cause de ses moyens financiers, il sacrifierait ses filles au
bénéfice des garçons.

74
Tableau 9: Répartition des parents selon la situation matrimoniale

Situation matrimoniale Effectif %


Marié 35 89,7
Veuve 4 10,3
Total 39 100,0
Source : Notre enquête
Environ, 89,7 % des parents ayant fait l’objet de cette enquête sont mariés
et sont tous monogames, à l’exception d’un seul qui est polygame. Les 10,3 %
sont des femmes qui ont perdu leur époux. Ces femmes, le plus souvent sans
revenu, deviennent du coup des chefs de ménages. Dans ces familles enquêtées,
le décès du père rend la scolarisation des enfants très difficile. Chacun est obligé
d’aller se ‘’débrouiller’’ pour assurer son quotidien. C’est la raison pour
laquelle, la situation matrimoniale a un impact sur la scolarisation des enfants en
général et celle de la jeune fille en particulier.
Graphique 2: Répartition des parents selon la religion

12; 31%

27; 69%

Chrétienne Musulmane

Source : Notre enquête

Sur 39 parents interrogés, 27 (5 femmes et 22 hommes) sont des


musulmans et 12 (une femme et 11 hommes), des chrétiens. La religion en
général et plus particulièrement la religion musulmane a un impact sur la
scolarisation des enfants et plus particulièrement sur celle des jeunes filles.

75
Cette affirmation est soutenue par les propos du PP 7 en ces termes : « La
majorité des élèves sont des nordistes et des étrangers. La non scolarisation des
filles à leur niveau peut jouer dans ces inégalités ».
L’Imam adjoint interviewé, renforce davantage cette affirmation lorsqu’il
dit : « Trop d’enfants trainent dans les cours car ne vont pas à l’école. Les filles
sont retirées de l’école pour être mariées ou pour faire le commerce ».
Par ailleurs, l’influence de leur religion amène des parents enquêtés
musulmans à inscrire leurs enfants dans les écoles franco-arabes. 10 parents
enquêtés musulmans sur 27 ont au moins un enfant ou la totalité de leurs enfants
inscrits dans ces écoles.
Par contre, selon les parents d’obédience chrétienne interrogés, la
déscolarisation de l’enfant est liée non seulement au refus de l’enfant de
continuer les études mais également à la situation économique difficile des
parents.
Graphique 3: Répartition des parents selon le statut professionnel

25 23

20

15

9
10
6
5
1
0
Auto-emploi Pas d'emploi Secteur privé Secteur public

Source : Notre enquête, 2019

Ce graphique indique que 23 (4 femmes et 19 hommes) parents soit, 58,98


% sur 39 interrogés sont des travailleurs indépendants ou autonomes. Seulement
9 hommes soit, 23,08 % sont dans le secteur privé et 6 (2 femmes et 4 hommes)
soit, 15, 38% n’ont pas d’emploi.

76
Ces travailleurs indépendants sont de petits commerçants, des chauffeurs de taxi
compteur ou communaux (wôrô-wôrô), travaillant pour d’autres personnes, des
couturiers, des coiffeurs. Il ressort des entretiens que ces parents, travailleurs
indépendants, rencontrent d’énormes difficultés à scolariser leurs enfants à cause
des revenus liés à leurs activités. En effet, les revenus de la majorité des
enquêtés sont assez faibles et instables. Cette situation financière dérisoire de
ceux-ci a un impact sur la scolarisation des enfants. L’Imam adjoint enquêté
justifie la déscolarisation ou la non scolarisation des enfants par le fait que la
majorité des parents utilisent les enfants notamment les filles dans le petit
commerce telle que la vente d’eau glacée et de jus de « bissap » et de
« gnamakoudji » et les garçons dans les petits métiers (apprentis ‘‘gbaka’’,
mécaniciens, etc.).
Il exprime ce constat en ces termes :
« Lorsqu’un garçon est retiré de l’école pour exercer ces petits métiers,
cela est dû aux difficultés financières de ses parents. La fille, quant à elle est
retirée de l’école pour être donnée en mariage ou pour le commerce ».
Graphique 4: Répartition des parents selon le revenu par mois

[300 000 ; 360 000[ 1

[240 000 ; 300 000[ 1

[180 000 ; 240 000[ 4

[120 000 ; 180 000[ 8

[60 000 ; 120 000[ 18

[0 ; 60 000[ 7

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18

Source : Notre enquête

77
La majorité des parents, à savoir 18 (6 femmes et 12 hommes) parents
soit, 46,15 % sur 39 ont un revenu de moins de 120 000 FCFA par mois. 7 (3
femmes et 4 hommes) parents sur 39 soit, 17,95 % gagnent moins du Smig par
mois et seulement 8 hommes soit, 20,51 % ont moins de 180 000 FCFA par
mois. Ainsi, 25 (6 femmes et 19 hommes) soit, 64,10 % des parents enquêtés ont
moins de 120 000 FCFA par mois et 33 (6 femmes et 27 hommes) soit, 84,61 %
ont moins de 180 000 FCFA par mois. Ces revenus sont jugés insuffisants par
les enquêtés pour couvrir les charges liées au loyer, aux factures d’eau,
d’électricité, à l’habillement, à la nourriture, etc. Par exemple, nous avons eu
affaire à plusieurs familles qui ne prennent qu’un seul repas par jour (à midi, ils
remettent de l’argent aux enfants pour acheter à manger dehors). Pour la
majorité des parents (37 sur 39), la popote varie de 1000 à 2000 FCFA par jour.
Cette situation financière dérisoire fait que les parents ont le plus souvent
du mal à s’acquitter des droits d’inscription et des fournitures de leurs enfants.
Des entretiens avec les 24 élèves de l’établissement soumis à cette étude,
il ressort que seuls 08 élèves ont acquis toutes leurs fournitures. Les 16 élèves ne
disposant pas de l’ensemble des manuels (le livre et le cahier d’habileté) ont
évoqué les difficultés financières de leurs parents.
Par ailleurs, face au coût de l’école, un parent enquêté a reconnu, avec
difficulté, avoir sacrifié sa fille pour permettre à ses frères de continuer leurs
études. Il l’a donc retirée de l’école pour qu’elle apprenne un métier.
Aujourd’hui, elle est coiffeuse et participe aux dépenses de la famille. Mais, elle
a repris ses études par le biais des cours du soir et est en classe de seconde.
Le leader communautaire 1 mentionne :
« La situation financière difficile des parents a fait que des enfants ont
arrêté l’école une année et ont repris les études l’année suivante ».
De plus, les parents d’obédience musulmane, face à leur difficulté
financière, développent d’autres stratégies de scolarisation tenant compte du
facteur religieux en inscrivant leurs enfants dans les écoles franco-arabes.

78
Certains y inscrivent tous leurs enfants et d’autres optent pour une scolarisation
différentiée. Selon l’Iman adjoint, de nombreux parents le font, pour que
l’enfant soit admis à l’entrée en sixième et réintègre l’école formelle. Pour
d’autres par contre, les moins nombreux pour que l’enfant continue dans le
système arabe.
Toutefois, selon cet Imam, les difficultés financières des parents, face aux
exigences de l’IEPP, font que rares sont les enfants qui arrivent à intégrer le
système scolaire formel.
Par ailleurs, dans ces familles, nous avons constaté que beaucoup
d’enfants étaient déscolarisés. Nous pouvons citer le cas de ce parent d’élève,
âgé de 64 ans, sans emploi, dont tous les fils ont abandonné l’école car, selon
lui, il n’avait plus les moyens financiers pour faire face à leur scolarité.
Et il l’exprime en ces termes :
« Mon premier garçon a abandonné l’école en classe de première, il est
devenu tapissier. Mon deuxième garçon a abandonné l’école au CM2. Il est
aussi tapissier. Le troisième qui a 12 ans a également arrêté les études au CM2
aussi, pour devenir menuisier. Tout ça parce que je ne travaille plus. Je n’ai
plus d’argent pour mettre mes enfants à l’école ».
D’ailleurs, ce dernier vit des revenus gagnés par ces deux premiers
garçons.
Graphique 5: Répartition des parents selon le niveau d’instruction

25 22
20
15
10 7
4 4
5 2
0

Source : Notre enquête

79
Ce graphique nous montre que la plupart des parents interrogés sont
analphabètes. Ils représentent 22 (5 femmes et 17 hommes) parents soi, 56,41 %
sur 39 enquêtés. Selon les entretiens, tous les parents enquêtés analphabètes
souhaitent que leurs enfants soient instruits. Ils pensent que la cause de leur
situation financière difficile est liée à leur situation d’analphabète. En effet, les
enquêtés, majoritairement analphabètes se représentent la scolarisation comme
un moyen de lutte contre la pauvreté. Toutefois, avec leur faible revenu, ils
rencontrent beaucoup de difficultés lors de la scolarisation de leurs enfants.
Au total, l’analyse de la situation socioéconomique des 39 parents
enquêtés, fait ressortir que 58,98 % (10,26 % de femmes et 48,72 % d’hommes)
des parents interviewés sont des travailleurs indépendants.
Ce sont de petits commerçants, des chauffeurs (de taxi compteur ou ‘‘wôrô-
wôrô’’) travaillant pour d’autres personnes, des couturiers, des coiffeurs etc. Par
ailleurs, 64,10 % (15,38 % de femmes et 48,72 % d’hommes) des parents
enquêtés gagnent moins de 120 000 FCFA par mois. Cette situation explique le
fait que ces parents rencontrent d’énormes difficultés dans la scolarisation de
leurs enfants. Ce qui pousse certains, le plus souvent, les parents musulmans, à
adopter des stratégies de scolarisation différentiée en privilégiant le petit garçon
au détriment de la fille.
2.1.3.- Perceptions des communautés en rapport avec la
scolarisation des filles et des garçons à Andokoi
Ces perceptions ont été captées au cours des différents entretiens réalisés
avec les différents acteurs impliqués dans cette étude.
Il s’agit ici, de se préoccuper des représentations que se font les
communautés d’Andokoi sur la scolarisation des filles et des garçons.

80
2.1.3.1- Perception des communautés en rapport avec la
scolarisation du garçon
Quarante-neuf (49) personnes (dont 25 hommes et 24 femmes) enquêtées
dans la communauté sur cinquante-neuf (59) estiment que s’il y avait un choix à
faire entre scolariser le garçon ou la fille, ils opteraient pour le garçon. Et divers
arguments sont avancés pour défendre cette position.
Nous avons entendu des assertions telles que : « La tâche de l’homme est
plus difficile, la fille peut se marier » ; « Je veux que tous mes enfants partent à
l’école. Si, à un moment donné, je n’arrive plus, je vais inscrire les garçons et
laisser les petites filles car elles peuvent se marier », etc.
Les dix (10) autres ayant opté pour la fille ont avancé les arguments
suivants : « Les filles s’occupent mieux des parents lorsqu’elles ont les moyens
que les garçons qui préfèrent s’occuper de leur femme et des parents de leur
femme ». Ou encore : « Les filles ont pitié de leurs parents », etc.
Tous ces propos ont été entendus aussi bien chez les parents de confession
religieuse musulmane que chrétienne.
En outre, un autre élément est en faveur du garçon lors de sa scolarisation.
Il n’est pas soumis aux travaux ménagers lorsqu’il rentre à la maison.
« Il a tout son temps consacré à ses études » comme nous l’apprend le
chef de service 1 de la DREN.
En effet, parmi les élèves garçons interrogés, aucun ne s’occupe des
tâches ménagères lorsqu’il rentre à la maison à l’exception d’un seul qui vit chez
son tuteur.
Le témoignage de cet élève de troisième met en lumière, les difficultés
qu’il rencontre : « Mon tuteur me donne de l’argent lorsque j’aide sa femme
dans son commerce. Je fais le marché pour ma tutrice. Elle me donne de la
nourriture à la place ».
Par ailleurs, les dires de certaines personnes interrogées indiquent que les
communautés étrangères scolarisent difficilement leurs enfants.

81
Il est traduit à travers ce que dit le leader communautaire 2 :
« En général, chez les frères étrangers, les enfants ne sont pas scolarisés.
Ils sont Apprentis ‘‘gbaka’’ à 7-8 ans. Quand, je vois un enfant qui a l’âge
d’aller à l’école qui est apprentis ‘‘gbaka’’, je lui dis que je ne veux plus te voir
ici ».
L’analyse de cette situation pourrait s’expliquer par la perception de
certains parents qui estiment qu’il est mieux que leurs enfants soient scolarisés
dans leur pays d’origine pour s’adapter à leur société. D’autres sont plutôt
préoccupés par la recherche de l’argent, surtout qu’avec la difficulté du monde
du travail, la majorité des communautés étrangères estiment qu’il n’y a plus de
débouchés après l’école.
L’Imam adjoint interviewé pour sa part révèle que concernant le garçon,
c’est par « Manque de moyens » qu’il abandonne l’école. Il fait cas de vingt (20)
abandons scolaires chez les garçons devenus par la suite, des apprentis, des
mécaniciens ou des chauffeurs.
Toutefois, cet Imam nous informe que les parents musulmans d’Andokoi aiment
inscrire leurs garçons à l’école franco-arabe. C’est la raison pour laquelle,
beaucoup de garçons sont dans ces écoles (349 garçons sur 693 au titre de
l’année scolaire 2018-2019).
En effet, selon l’Imam adjoint :
« Les parents se disent que lorsque les enfants finissent l’école, il n’y a
pas de travail. Or, dans nos écoles, ils apprennent leur religion. Donc, ils ne
sortent pas perdants ».
Ainsi, de manière générale, pour les communautés, il est normal de
scolariser le garçon. Ce qui n’est pas le cas de la scolarisation de la fille autour
de laquelle, il y a beaucoup d’appréhensions.

82
2.1.3.2- Perception des communautés en rapport avec la
scolarisation de la fille
A Andokoi, il ressort que les personnes enquêtées reconnaissent
l’importance de scolariser la fille au même titre que le garçon.
Certains l’ont soutenu en ces termes : « La fille a les mêmes droits que le
garçon. Donc, il faut la mettre aussi à l’école », ou encore : « Bonne chose car
les filles ont beaucoup de choses à dire dans la société », etc.
Sur la base de ce qui précède, nous pouvons affirmer que la scolarisation
de la fille est bien perçue par les enquêtés. Toutefois, la majorité reconnait que
lorsque la fille a accès à l’école, c’est son maintien qui pose problème.
Le leader communautaire 2 le présente en ces termes : « La sexualité fait
que la fille ne veut plus suivre l’école. Tu vas beau lui parler, elle ne t’écoute
pas. Lorsqu’il y a grossesse, elle arrête les cours ».
C’est pourquoi, le maître 2 indexe les grossesses précoces qui peuvent
amener les parents à ne pas inscrire les filles à l’école et il le dit en ces termes :
« L’éducation de la jeune fille échappe aux parents, l’école est acculée
pour cela. Donc, la petite fille peut être retirée de l’école ou ne pas être
scolarisée ».
La présidente de l’association féminine 6, quant à elle, affirme ceci :
« A cause des activités domestiques, elle n’arrive plus à suivre les
deux. Le mariage empêche la fille à continuer ses études. Si le mari n’a pas un
bon boulot, il peut empêcher la fille de continuer ses études ».
A ce propos, selon, une élève de la classe de quatrième :
« J’aide ma sœur à attacher les jus quand je rentre à la maison. Je lave
les assiettes. Quand, je ne vais pas à l’école, je prépare (faire la cuisine).
Quand, je descends tôt, je prépare. Le mercredi, je n’ai pas cours, je prépare ».
A quel moment étudie-t-elle ? Pour preuve, elle a eu 09 de moyenne au
premier trimestre et 10 au second trimestre. Elle a déjà redoublé la classe de
sixième. Elle risque de reprendre encore cette classe.

83
Ce phénomène est également observé au primaire, où la responsable de
l’école affirme :
« Certaines filles dorment en classe pendant les cours à cause des tâches
ménagères. Et elles sont également en retards en classe car leur mère leur
demande d’aller déposer leurs bagages au marché avant de venir à l’école ».
En rapport également avec cette situation, le PP5 a étayé ces faits en nous
montrant lors des entretiens, sur son téléphone portable, deux photos d’une de
ses élèves prises des jours différents. Cette dernière était en train de dormir alors
qu’il dispensait ses cours.
Cette situation vécue par les élèves filles peut être expliquée par le fait
que les parents, surtout la mère prépare la jeune fille à son futur rôle d’épouse.
En effet, la fille est appelée à se marier et à éduquer la société. De ce fait, les
travaux ménagers tels que la cuisine, la lessive, l’entretien de la maison et des
frères constituent une formation pour la fille, formation qu’elle ne peut pas
recevoir de l’école. Aucun parent ne prend fait et cause pour sa fille qui ne sait
pas faire la cuisine ni ‘‘tenir son foyer’’, comme on l’entend communément.
Aujourd’hui encore, avec les difficultés d’insertion professionnelle, les parents
ne veulent pas que leur fille échoue dans les deux systèmes éducatifs, à savoir
‘‘école et foyer’’. C’est cette crainte qui resserre plus les activités domestiques
autour de la fille qu’autour du garçon et qui est souvent, source de son non
maintien dans le système éducatif. Ces types de crainte qui tirent leurs origines
dans la culture sont légion dans les communautés majoritairement musulmanes.
En effet, ce sont les populations nordistes et étrangères qui sont indexées
par les autres communautés et les acteurs de l’école comme étant celles qui
refusent de scolariser leurs enfants et particulièrement les petites filles.
Selon le leader communautaire 2 : « Les petites filles qui vendent de l’eau
dans les marchés ont 8 et 12 ans ».

84
La censeure 1 va dans le même sens en ces termes :
« J’ai eu à faire à certaines filles l’année dernière qui sortaient de
l’école pour aller vendre. Beaucoup de filles sont dans cette situation, surtout
les malinkés. Souvent, quand je vais au marché, ce sont les petites filles de mon
école qui portent mes bagages ».
A ce propos, la maîtresse 1 explique :
« Andokoi est pratiquement un village, ils ont la mentalité que la petite
fille est destinée au foyer. Beaucoup ne comprennent pas encore. Ils préfèrent
inscrire le petit garçon. Souvent en classe de CM2, ce sont les filles que les
parents retirent pour apprendre un métier ou rester à la maison. Ce sont les
populations nordistes et les étrangers ».
La maîtresse 2 incrimine le problème crucial des filles de ménage qui
pousse certaines mères à former leur fille pour les épauler à la maison.
Elle appui cette assertion de la sorte :
« Une femme est venue me dire que sa fille ne vaut rien ; l’année
prochaine, je vais la retirer de l’école. La petite fille est utile aux travaux
ménagers. Ce n’est qu’un alibi de la mère car cette dernière veut retirer sa fille
de l’école pour que celle-ci l’aide à la maison ou dans son commerce.
Elle aurait pu trouver des solutions pour améliorer le rendement scolaire de sa
fille plutôt que de penser à la retirer de l’école ».
Un élève de sixième, nous instruit sur son père en ces termes : « Mon père
préfère scolariser les garçons que les filles. Les filles vont au ‘‘franco-arabe’’
car mon père dit qu’elles vont se marier ».
Le petit commerce fait par les filles au sein du lycée a également été
évoqué par les acteurs de cet établissement. Le travailleur social 1 nous a même
signalé que la cellule sociale aide une fille de quatrième à faire son petit
commerce pour subvenir à ses besoins.

85
En effet, comme l’explique le maître 1 :
« Les parents ont une bonne idée de l’école. Ils demandent aux filles
d’aller à l’école. Mais, quels sont les moyens mis à la disposition de ces
filles ? C’est tout le problème du maintien de la jeune fille à l’école ».
Ce qui fait dire au censeur 2 :
« Il y a un effort qui est fait dans la scolarisation des filles au niveau des
parents. Toutefois, les parents mettent tous les moyens à la disposition des
garçons au détriment des filles. Car la jeune fille a une autre carte en mains qui
est le mariage ».
Ainsi, selon l’Imam adjoint, sa communauté est beaucoup négligente en
ce qui concerne la scolarisation de leurs enfants et surtout de la fille.
Il l’illustre comme suit :
« 45 % de la communauté peut envoyer leurs enfants à l’école ou se
battre pour envoyer leurs enfants à l’école sans problème. C’est la négligence
ou le manque de moyens qui les en empêche. Au niveau de la scolarisation, les
filles sont beaucoup négligées car pour certaines personnes de la communauté,
les filles ne sont pas faites pour l’école. Cinq ou six filles sont venues se
plaindre parce qu’on les a retiré de l’école pour les marier. Sur vingt filles,
seules trois peuvent continuer leurs études ».
Une membre de l’association féminine 5 lance ce cri de cœur :
« Dans notre famille, jusqu’à présent, on retire les filles de l’école pour
les marier. Donc, pardonnez, faites en sorte que les enfants filles partent loin à
l’école ».
De ce fait, l’Imam adjoint nous apprend que pendant les prêches, à la
rentrée, il exhorte les parents à envoyer les filles à l’école.
Il le traduit comme suit :
« Les autres, même si la mère dort sans manger, va scolariser son enfant,
mais vous, vous acheter un pagne wax à 50 000 et ne pouvez pas scolariser vos
enfants.

86
Les autres envoient leurs enfants à l’école, vous envoyez vos enfants au garage.
Comment se fait-il qu’une fille doit nourrir son papa, vendre les gnamakoudji ».
C’est la raison pour laquelle, ayant un établissement franco-arabe, il
récupère beaucoup d’enfants qui ne vont pas à l’école pour les inscrire
gratuitement dans son établissement. Et il dit que les plus brillants peuvent
continuer au collège, lorsqu’ils sont admis à l’entrée en sixième.
Il le traduit en ces termes :
« 50 à 60 % des élèves sont dans mon école, tout juste pour avoir l’entrée
en sixième. Je remets les dossiers des enfants à l’inspection pour qu’ils puissent
passer cet examen. Mais, je présente peu d’enfants car l’inspection demande
15 000 f à 20 000 f par enfant. Les parents n’arrivent pas à payer. Donc, cette
année je n’ai présenté que 11 enfants ; 7 garçons et 4 filles. Les autres élèves
qui sont 34 continuent les études en arabe ».
Toujours, selon cet Imam, les parents préfèrent inscrire leurs filles dans
ces établissements pour l’éducation religieuse qui y est donnée. Dans ces écoles,
les filles sont également nombreuses. Elles ont un effectif de 344 élèves sur 693
pour l’année scolaire 2018-2019.
Au total, à Andokoi, les pesanteurs socioculturelles et religieuses sont en
défaveur de la scolarisation et du maintien de la fille contrairement au garçon.
2.2- Interprétation des données
Il s’agit à ce niveau de vérifier l’authenticité des résultats obtenus par
rapport aux hypothèses formulées au début de l’étude. Cette vérification
permettra d’infirmer ou de confirmer ces hypothèses. Mais, également, de
vérifier l’authenticité des résultats par rapport aux auteurs cités dans la revue de
la littérature.

87
2.2.1- L’authenticité des résultats par rapport à l’hypothèse
2.2.1.1- Vérification de l’Hypothèse opérationnelle 1
Cette hypothèse stipule que : « Le dispositif institutionnel mis en place à
Andokoi détermine les inégalités dans l’accès et le maintien entre les filles et les
garçons à l’EPP Andokoi 2B et au Lycée Moderne Yopougon-Andokoi ».
Notre étude révèle qu’à Andokoi, les infrastructures scolaires publiques
dédiée à l’éducation de base ne sont pas en mesure d’accueillir tous les enfants
en âge d’aller à l’école (neuf (09) écoles primaires publiques et un seul
secondaire général public). En effet, pour l’année scolaire 2018-2019, l’accès à
l’école primaire a été refusé à 95 enfants (dont 50 filles et 45 garçons) à cause de
l’insuffisance de ces infrastructures. De plus, selon les parents d’élèves, la
gratuité annoncée par le gouvernement « n’est pas totale » sur le terrain car des
frais annexes leur sont imposés alors que l’école primaire est déclarée gratuite
par le gouvernement. Par ailleurs, à cause de l’insuffisance des infrastructures
publiques, les acteurs de l’école sont obligés de recruter le maximum d’élèves
dans les classes. Ce qui fait que les effectifs sont pléthoriques dans toutes les
classes aussi bien au primaire qu’au premier cycle du secondaire. A l’EPP
Andokoi 2B, les effectifs varient de 80 à 124 élèves et au Lycée Moderne
Yopougon-Andokoi, ils varient de 77 à 100 élèves. Aussi, l’insuffisance des
infrastructures couplée aux effectifs pléthoriques a favorisé l’instauration du
système de double vacation à Andokoi aussi bien au primaire qu’au premier
cycle du secondaire.
Ce système de double vacation est décrié par les parents d’élèves du
primaire car il explique le désœuvrement de leurs enfants qui trainent souvent
dans les rues. D’autre part, les conditions matérielles ne sont pas réunies pour
que les apprentissages se déroulent de la meilleure façon possible à cause de la
faible qualité des services éducatifs offerts aux apprenants. En outre, cette offre
éducative ne tient pas compte des considérations de genre.

88
Ainsi, l’offre éducative mise à la disposition des parents d’Andokoi par
l’Etat au niveau de l’éducation de base favorise les inégalités d’accès et de
maintien entre les filles et les garçons à ce niveau. De ce qui précède, nous
pouvons affirmer que cette hypothèse est confirmée.
2.2.1.2- Vérification de l’Hypothèse opérationnelle 2
« La situation socioéconomique des parents influence les inégalités
d’accès et de maintien entre les filles et les garçons à l’EPP Andokoi 2B et au
Lycée Moderne Yopougon-Andokoi ».
L’analyse de la situation socioéconomique des parents a permis de mettre
en évidence que 58,98 % (10,26 % de femmes et 48,72 % d’hommes) des
parents interviewés sont des travailleurs indépendants. Ce sont de petits
commerçants, des chauffeurs (de taxi compteur ou ‘‘wôrô-wôrô’’) travaillant
pour d’autres personnes, des couturiers, des coiffeurs etc. Par ailleurs 64,10 %
(15,38 % de femmes et 48,72 % d’hommes) ont un revenu de moins 120 000
FCFA par mois. Notre analyse a montré que ce faible niveau économique est
une entrave à la scolarisation des enfants, surtout de la petite fille.
De cette situation résulte également, les inégalités d’accès et de maintien
entre les filles et les garçons dans l’éducation de base à l’EPP Andokoi 2B et au
Lycée Moderne Yopougon-Andokoi. Cette hypothèse est également confirmée.
2.2.1.3- Vérification de l’Hypothèse opérationnelle 3
« La perception de la scolarisation de la fille et de celle du garçon par les
communautés crée les inégalités d’accès et de maintien entre les filles et les
garçons à l’EPP Andokoi 2B et au Lycée Moderne Yopougon-Andokoi ».
A Andokoi, les communautés reconnaissent qu’il est important de
scolariser les filles au même titre que les garçons.

89
Toutefois, quarante-neuf (49) (dont 25 hommes et 24 femmes) personnes
enquêtées dans la communauté sur cinquante-neuf (59) estiment que s’il y avait
un choix à faire entre scolariser le garçon ou la fille, elles opteraient pour le
garçon car ce dernier est « le futur chef de famille », la fille étant destinée à « se
marier ».
En outre, les parents ont beaucoup d’appréhensions relatives à la
scolarisation de la jeune fille. En effet, pour ces derniers, même si la fille a accès
à l’école, son maintien est « difficile ». Et ces difficultés de maintien de la jeune
fille ont pour dénominations : « sexualité précoce, grossesses précoces, abandon
scolaire ». De plus, les pesanteurs socioculturelles et religieuses liées à la
représentation sociale de la femme dans la société ne favorisent pas leur
scolarisation et leur maintien à l’école. Cette situation est à la base des inégalités
d’accès et de maintien entre les filles et les garçons dans l’éducation de base à
l’EPP Andokoi 2B et au Lycée Moderne Yopougon-Andokoi. Nous pouvons
donc conclure que cette hypothèse est aussi vérifiée.
2.2.2- L’authenticité des résultats par rapport aux auteur (e)s
convoqués (es)
Cette dernière partie porte un regard plus théorique sur le sujet à l’étude.
Cette fois-ci, les résultats seront discutés à la lumière des travaux empiriques
recensés et la théorie utilisée.
L’étude du dispositif institutionnel, à Andokoi met en exergue que l’offre
et la demande éducatives relatives à l’éducation de base ne sont pas en
adéquation. En effet, l’offre éducative, concernant les établissements publics de
base mise à la disposition des parents est faible par rapport à la forte demande
exprimée par ceux-ci. Ce constat dénote d’une insuffisance des infrastructures
publiques dédiées à l’éducation de base dans ce village. Cette situation indique
que l’école n’est pas capable d’accueillir tous les enfants en âge d’aller à l’école,
au regard de la PSO, instaurée par l’Etat.

90
De ce fait, à Andokoi, pour l’année scolaire 2018-2019, 70 enfants (dont 30
garçons et 40 filles) n’ont eu accès à l’école, faute de place pour les y accueillir.
Ce résultat rejoint les travaux de Lange (2001) selon lesquels, l’accès des
enfants à l’école dépend de la capacité de l’Etat à offrir des infrastructures
scolaires aux parents.
De ce qui précède, l’insuffisance des infrastructures scolaires crée des
inégalités à l’accès dans l’éducation de base à Andokoi au regard des différents
taux des nouveaux inscrits à l’EPP Andokoi 2B (54,16 % de garçons et 45,84 %
de filles) et au Lycée Moderne Yopougon Andokoi (50,25 % de garçons contre
49,75 % de filles). Ce résultat rejoint également les résultats des travaux
d’Alderman et al. (1996) qui ont montré que la disponibilité des infrastructures
explique les inégalités à l’accès entre les sexes.
A Andokoi, l’insuffisance des infrastructures scolaires publiques a
favorisé la création de plusieurs établissements privés et écoles franco-arabes.
Dans ce village, il existe quinze (15) écoles primaires privées, six (06)
établissements du secondaire général privés et cinq (05) écoles franco-arabes.
Ce résultat est en adéquation avec les travaux de Lange et Paillet (2006) pour
lesquels, l’insuffisance des infrastructures étatiques est comblée par des
initiatives privées et communautaires aux dénominations variables. Ainsi, à
Andokoi, ces initiatives communautaires s’apparentent à la création des écoles
franco-arabes. Les communautés musulmanes de ce village préfèrent ces écoles
pour l’éducation de leurs enfants. En effet, face à leur difficulté financière, des
parents musulmans y inscrivent certains de leurs enfants, le temps qu’ils soient
admis à l’entrée en sixième et réintègrent l’école formelle. D’autres, par contre,
choisissent ces établissements par de ressources financières pour faire face au
coup de l’école. D’autres encore optent pour une scolarisation différentiée en
scolarisant le petit garçon à l’école formelle et la petite fille dans ces écoles.

91
Ces résultats sont en cohérences avec ceux du CEPED (2001) qui affirme que la
scolarisation des enfants par les familles est liée à un ensemble de facteurs
scolaires, économiques, socioculturels, religieux que les individus ou les
groupes prennent en comptent dans leur pratique de scolarisation. Ces facteurs
conditionnent l’accès et le maintien des enfants à l’école.
Par ailleurs, à Andokoi, ces établissements sont tous dans l’informel et de
ce fait, ne bénéficient d’aucun suivi pédagogique de l’IEPP qui ne se contente
que de relever leurs effectifs chaque année. Ce qui fait dire à Henaff et al.
(2002) que lorsque les parents ont de faibles ressources, ils concentrent leurs
efforts sur certains de leurs enfants, ou assurent à l’ensemble des enfants une
éducation à coût réduit.
De plus, cette étude a montré que 58,98 % (10,26 % de femmes et 48,72
% d’hommes) des parents enquêtés sont des travailleurs indépendants qui sont
dans l’informel et qui pour la plupart sont des analphabètes (12,82 % de femmes
et 43,59 % d’hommes) soit, 56,41% %. Pour ces parents, la scolarisation de
leurs enfants est un moyen pour eux d’améliorer leur condition d’existence. Pour
ce faire, ils reconnaissent les bienfaits de l’école comme facteur de mobilité
sociale. Raison pour laquelle, ils veulent que tous leurs enfants, filles comme
garçons aient accès à l’école et y soient maintenus. Toutefois, 64,10 % (15,38 %
de femmes et 48,72 % d’hommes) de ces parents gagnent moins de 120 000
FCFA par mois. Avec ces revenus, ils doivent faire face aux charges de la
famille (loyer, nourriture, factures d’électricité, d’eau, soins médicaux etc.). La
majorité de ces ménages ne prennent qu’un seul repas par jour, en général, le
diner. Ainsi, au regard de leur revenu, et des charges de la famille, ces derniers
ont du mal à faire face aux frais liés à la scolarisation (droit d’inscription,
COGES, droit d’examen, fournitures) de leurs enfants. Par conséquent, ces
ménages enregistrent la présence de beaucoup d’enfants qui n’ont jamais été
scolarisés (surtout les petites filles) ou des enfants déscolarisés (filles comme
garçons).

92
Ce sont également ces ménages dans lesquelles, les parents font le choix de
scolariser les garçons au détriment de la petite fille. Ce résultat rejoint ceux des
travaux de Gazibo et Argoze (2013), de Mimche (2004) et de Yéo et Kéi,
(2016). Selon ces auteurs, le niveau de vie des ménages est un facteur
déterminant dans la scolarisation des enfants. En effet, selon ces derniers, la
pauvreté des parents est un obstacle à la scolarisation de leurs enfants et cette
pauvreté accentue les inégalités de genre en matière d’éducation.
Relativement à la perception de la scolarisation des filles et des garçons
par les communautés, cette étude a montré qu’à Andokoi, les communautés ont
une bonne représentation sociale de l’école. Pour celles-ci, l’école peut
permettre « d’améliorer leur existence ». Cette assertion se rapporte à l’étude de
Gérard (1995) qui montre des représentations du fait scolaire par les citadins de
Bobo-Dioulasso. Toutefois, si la scolarisation du garçon ne souffre d’aucune
ambigüité, cela n’est pas le cas de la jeune fille dont la scolarisation suscite
beaucoup d’appréhensions de la part de ces communautés. La majorité des
personnes interrogées (90 %) disent que s’il y a un choix à faire entre scolariser
le garçon et la fille, elles opteraient pour le garçon. Ce choix est influencé par la
représentation sociale que se font ces populations de la femme et de l’homme
dans la société. A ce sujet, des auteurs tels que Gérard (1998), Marcoux (1998),
Aouij, (1997) et Yéo et Kéi, (2016) montrent que les comportements et les
attitudes réfractaires que les parents ont pour la scolarisation de la jeune fille
sont généralement liés à la représentation sociale de la femme qui est considérée
comme inférieure à l’homme car destinée à être mariée et consacrées aux
travaux ménagers etc. Ce qui fait que dans certaines communautés, notamment,
musulmane, les filles sont souvent retirées de l’école soit pour être données en
mariage soit pour être utilisées dans les petits commerces (vente d’eau glacée,
de jus divers, etc.). Par ailleurs, même lorsque les filles sont scolarisées, elles ne
sont pas épargnées des travaux ménagers.

93
Elles sont soumises à ces travaux qui n’incombent cependant pas aux garçons
qui disposent tout leur temps pour se consacrer à leurs études.
Ce qui influence négativement le maintien de la fille à l’école. A ce propos,
Marcoux (1998), à travers les résultats de ses travaux montrent que la
participation des filles aux tâches ménagères contribue à limiter leurs chances
d'entrée à l'école ou à perturber leur scolarité.
Ce qui amène Descarries (1988) à dire que les inégalités entre les sexes
ne sont pas innées mais qu’elles sont la résultante des constructions sociales des
identités de sexe, à savoir le processus de socialisation des filles et des garçons.

94
CHAPITRE 3 :
EVALUATION DU MEMOIRE ET
PERSPECTIVE D’ACTIONS

95
Ce chapitre présente les traces des compétences de cette étude et fait état
des perspectives d’actions.
1- Les traces de compétences en termes d’analyse et de réponses
adaptées aux situations vécues
Paul N’DA (2015 :211) affirme que : « Le bon mémoire est celui qui
traite de problèmes immergés dans l’action à propos desquels l’auteur
s’interroge, combinant connaissances livresques et savoirs de l’expérience, afin
de proposer des solutions ».
Les traces de compétences sont présentées au plan diagnostic et au plan
pronostic.
1.1- Au plan diagnostic
1.1.1- Analyse de la situation-problème
Cette étude a permis d’analyser la situation qui posait problème, à savoir,
la persistance des inégalités d’accès et de maintien entre les filles et les garçons
dans l’éducation de base à l’EPP Andokoi 2B et au lycée Moderne Yopougon-
Andokoi. Ainsi, cette étude a permis de comprendre que cette persistance est
liée non seulement au dispositif institutionnel mis en place à Andokoi, mais
également à la situation socioéconomique des parents et à la perception des
communautés en rapport avec la scolarisation de la fille et du garçon.
Concernant le dispositif institutionnel, il ressort de cette étude, qu’à
Andokoi, il y a un manque d’infrastructures scolaires publiques, les services
éducatifs (table-bancs, état des classes, commodités, etc.) offerts aux apprenants
sont de faible qualité et ne favorisent pas de bonnes conditions d’apprentissage.
Cette étude révèle également la non prise en compte des considérations de genre
dans cette offre éducative.
Par ailleurs, en rapport avec les caractéristiques socioéconomique des
parents d’Andokoi, l’étude a montré que les revenus des parents ne leur
permettent pas de toujours faire face au coût de l’école au regard des autres
charges de la famille, et le plus souvent, la fille est sacrifiée au profit du garçon.

96
Enfin, l’examen de la perception des communautés sur la scolarisation des
filles et des garçons a permis de comprendre que les pesanteurs socioculturelles
et religieuses sont en défaveur de la scolarisation de la fille.
Donc, la persistance des inégalités dans l’accès et le maintien entre les
filles et les garçons à l’EPP Andokoi 2B et au Lycée Moderne Yopougon-
Andokoi, s’explique par l’insuffisance des établissements scolaires étatiques, la
persistance des violences basées sur le genre, la non prise en compte des
considérations de genre dans l’offre éducative, les faibles revenus des parents et
les pesanteurs socioculturelles et religieuses qui sont en défaveur de la fille et
qui poussent les parents à privilégier la scolarisation des garçons à celle des
filles.
Ce qui explique que dans ce village, il ressort respectivement des
statistiques de l’INS (2019) et la DSPS (2019) que dans la population des 6-16
ans, il y ait beaucoup plus de filles que de garçons (54,07 % contre 45,93 %)
alors que dans celle de la même tranche d’âge de la population scolaire, les filles
sont moins nombreuses que les garçons (48,04 % contre 51,96 %).
1.1.2- Pertinence des stratégies et instruments de recherche
utilisés
La conduite de cette étude a permis d’élaborer un cadre méthodologique
se basant sur une démarche à la fois qualitative et quantitative à l’effet de
comprendre les déterminants sociaux de la persistance des inégalités de genre
dans l’accès et le maintien dans l’éducation de base dans des établissements
publics d’Andokoi. Pour ce faire, des techniques de collecte de données ont été
utilisées. Il s’agit, notamment, de l’étude documentaire, de l’observation directe,
des entretiens (individuel semi-directifs et focus group) et du questionnaire.
L’utilisation de ces techniques ont permis d’obtenir des résultats indéniables.

97
Les différents entretiens avec les acteurs de l’école, les parents d’élèves et
les leaders de la communauté associés à l’observation directe et à l’étude
documentaire ont permis de mettre en évidence les forces et les faiblesses du
dispositif institutionnel en rapport avec l’éducation de base à Andokoi. Par
ailleurs, ces entretiens ont également permis d’examiner la perception des
communautés en rapport avec la scolarisation des filles et des garçons.
Cet examen a mis en évidence que les pesanteurs socioculturelles et
religieuses ont un impact négatif sur la scolarisation de la fille. Enfin, le
questionnaire administré aux parents d’élèves d’Andokoi a aidé à mettre en
exergue les caractéristiques socioéconomiques de ceux-ci, à travers des données
quantitatives. L’analyse de ces données chiffrées a permis d’appréhender la
situation socioéconomique des parents d’élèves qui rend difficile la scolarisation
de leurs enfants et qui favorise également des stratégies de scolarisation
différentiées, favorisant la scolarisation du garçon au détriment de la fille.
Ainsi, cette étude a contribué à comprendre les déterminants sociaux de la
persistance des inégalités de genre dans l’éducation de base des établissements
publics d’Andokoi. Cette compréhension s’est faite en mobilisant tous les
acteurs de l’école (DREN, IEPP, personnel administratif de l’école, enseignants,
élèves), les parents et les communautés. Ce qui revient à dire que l’élimination
de ces inégalités demande aussi bien l’implication des décideurs, à travers les
politiques éducatives qui déterminent les stratégies d’offre éducative que celle
des parents et de la communauté au niveau desquels, se situe la demande qui
d’ailleurs est influencée par les facteurs économiques, culturels, religieux,
démographiques. Ces facteurs déterminent en effet les stratégies de scolarisation
de leurs enfants.

98
1.1.3- Limites de l’étude
Cette étude a permis d’étudier le dispositif institutionnel mis en place à
Andokoi en rapport avec l’éducation de base, d’analyser les caractéristiques
socioéconomiques des parents et d’examiner les perceptions des communautés
liée à la scolarisation des filles et des garçons. Elle avait pour objectif de
comprendre les déterminants sociaux de la persistance des inégalités de genre
dans l’accès et le maintien au niveau de l’éducation de base des établissements
publics d’Andokoi et d’envisager des perspectives pour réduire ces inégalités.
Cependant, lors de la réalisation de cette étude, des difficultés de divers
ordres ont constitué une limite.
Pendant la collecte de données, nous n’avons pas pu interviewer la
Secrétaire Exécutive de l’Observatoire National de l’Equité et du Genre
(ONEG), la Directrice de l’Egalité et de l’Equité du Genre (DEEG) ainsi qu’une
personne ressource du Ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant.
Par ailleurs, certaines données obtenues lors des entretiens avec les
parents sur le second groupe scolaire d’Andokoi n’ont pu être vérifiées auprès
des acteurs de ce groupe scolaire public.
Enfin, nous n’avons pas conduit d’entretiens avec les parents ou les
tuteurs des élèves ayant fait l’objet de l’enquête.
Toutes ces insuffisances auraient pu enrichir ou diversifier les données
obtenues.
1.2- Au plan pronostic
Dans le cadre de cette étude, l’évaluation des traces de compétences du
mémoire au plan pronostic permet de vérifier les acquis de cette étude en termes
de compétence à l’effet d’améliorer notre pratique professionnelle.

99
1.2.1- Acquisition de compétences personnelles
Pour mener à bien cette étude, la formation théorique reçue a été d’un
apport considérable sur le terrain, à travers notamment, la méthodologie utilisée,
l’approche sur le terrain etc. Par exemple, pour pouvoir avoir accès aux parents
d’élèves et à la communauté d’Andokoi, nous avons sollicité l’appui de
personnes ressources (membre du COGES, présidente d’association féminine,
leader communautaire). En effet, la compréhension du phénomène à l’étude a
nécessité la mobilisation de plusieurs acteurs de l’école et de la communauté
d’Andokoi autour de la question de la persistance des inégalités de genre dans
l’éducation de base. Par ailleurs, en tant que travailleure sociale, nous avons été
confrontée aux problèmes que vivent les populations. Cette situation nous a
permis de lire et de comprendre leur détresse face à leurs difficultés à scolariser
leurs enfants au regard des autres charges de leurs familles. De ce fait, il a été
opportun à certains moments, non seulement de poser certaines actions sociales
mais également d’user de tact pour nous tirer de certaines situations très
gênantes. Toujours est-il que nous avons essayé tant bien que mal d’apporter
notre aide à celles que nous pouvions.
Au terme de cette étude, nous préconisons l’institutionnalisation effective
du genre dans les sous-secteurs enseignement général et enseignement technique
et professionnelle, à travers la systématisation du genre.
En effet, la prise en compte du principe de l’égalité femmes et hommes, la
prise en compte des besoins pratiques et des intérêts stratégiques des catégories
vulnérables garantiront l’accès et le maintien des filles et des garçons à l’école.

100
2- Perspectives

2.1- Réflexions sur les résultats


Les résultats de cette étude suscitent un ensemble de réflexions en rapport
avec les politiques éducatives élaborées par les pouvoirs publics en direction des
populations en particulier celles les plus défavorisées. Ils nécessitent aussi des
réflexions en rapport avec les comportements de ces populations relativement à
la scolarisation de la fille et du garçon.
En effet, pour faciliter l’accès des filles et des garçons à l’école, l’Etat a
pris des mesures relatives à la gratuité de l’école, l’inscription sans extrait de
naissance et la distribution des kits et de manuels scolaires au primaire. Par
ailleurs, l’Etat a décidé de rendre la scolarisation obligatoire pour tous les
enfants des deux sexes, âgés de 6 à 16 ans. Cette Politique de Scolarisation
Obligatoire correspondant à l’éducation de base en Côte d’Ivoire, fait obligation
aux parents dont les enfants ont atteints l’âge de 6 ans de les inscrire à l’école et
de s’assurer de leur assiduité jusqu’à l’âge de 16 ans. L’Etat à son tour a
obligation de maintenir au sein du système scolaire, les enfants de 6 à 16 ans y
compris ceux, à besoins spécifiques et de mettre en place un mécanisme
permettant d’intégrer et de réintégrer tous les enfants de 9 à 16 ans qui sont hors
du système. Il s’agit notamment des classes passerelles pour la tranche d’âge de
9 à 13 ans et la formation professionnelle pour celle de 14 à 16 ans.
Toutefois, à Andokoi, l’étude a révélé que non seulement, tous les enfants
en âge d’aller à l’école n’y ont pas accès, mais les filles y ont moins accès que
les garçons. Cette situation est illustrée à travers les données statistiques fournies
par l’INS et la DSPS au titre de l’année 2019.

101
Selon l’INS (2019), la population des 6-16 ans est estimée à 17 475
enfants dont 8026 garçons soit 45,93 % et 9449 filles soit 54,07 % alors que la
population scolaire de la même tranche d’âge (correspondant à l’éducation de
base) se situe à 15 587 élèves dont 8098 garçons soit, 51,96 % contre 7489 filles
soit, 48,04 % (DSPS, 2019). Ce qui revient à dire qu’à Andokoi, les filles sont
plus nombreuses que les garçons dans la tranche d’âge de 6-16 ans alors qu’elles
sont moins nombreuses que les garçons pour cette même tranche d’âge de la
population scolaire.
L’étude a montré que cette situation inégalitaire est liée à la persistance
des violences basées sur le genre, à la non prise en compte des considérations de
genre dans l’offre éducative, à la situation socioéconomique difficile des parents
et aux pesanteurs socioculturelles et religieuses défavorables à la fille.
En effet, à Andokoi, certains parents sont encore réfractaires à la
scolarisation de la jeune fille. Ils pensent encore aujourd’hui que la fille n’est
destinée qu’au mariage, au commerce ou aux tâches ménagères.
C’est la raison pour laquelle, les inégalités persistent dans l’accès et le
maintien au niveau de l’éducation de base des établissements publics
d’Andokoi.
Or, il est connu que les inégalités qui persistent entre les filles et les
garçons à l’école sont ces mêmes inégalités qui se reflètent dans la société où il
existe un écart entre les hommes et les femmes à presque tous les niveaux de la
vie sociale.
Pour réduire cet écart entre l’homme et la femme dans la société, il est
primordial que la fille ait accès à l’école au même titre que le garçon. C’est
l’éducation de la fille qui contribuera à l’émergence d’un leadership féminin,
pour une meilleure participation des femmes aux instances de prise de décision
et une participation de qualité au développement économique de leur pays.

102
D’autre part, l’étude a également révélé qu’à Andokoi, la communauté
musulmane est celle qui néglige le plus la scolarisation de la fille. Cette même
communauté préfère scolariser leurs enfants dans les établissements franco-
arabes qui n’intègrent pas le programme officiel du MENET-FP. Or, dans ces
établissements, nous trouvons un nombre important d’enfants. Au titre de
l’année scolaire 2018-2019, l’effectif est de 693 enfants dont 344 filles et 349
garçons. Parmi ces enfants, rares sont ceux qui se retrouvent dans le système
scolaire formel.
Ces réflexions orientent vers des actions concrètes à poser en faveur de la
scolarisation des enfants, surtout celle de la fille en vue de réduire les inégalités
entre les sexes dans l’éducation de base. Ces actions sont envisagées au niveau
institutionnel et sous la forme d’un projet éducatif dont la mise en œuvre
prendra en compte les établissements franco-arabes, notamment, l’intégration
des enfants de ces établissements dans le système éducatif formel.
2.2- Actions concrètes à poser
2.2.1- Etat (Ministère de l’Education Nationale, de
l’Enseignement Technique et de la Formation
Professionnelle)

- Renforcer les conditions de l’école obligatoire


Pour permettre à tous les enfants (garçons et filles) de 6 ans, sans
exception, d’avoir accès à l’éducation de base, l’Etat doit renforcer les
conditions nécessaires pour que tous ces enfants en âge d’aller à l’école, y aient
accès. Par ailleurs, tous ces enfants, au regard de la loi sur l’école obligatoire,
doivent être maintenus dans le système scolaire jusqu’à l’âge de 16 ans.
Ce qui veut dire que tant que l’enfant n’a pas dépassé l’âge de 16 ans, il ne doit
pas sortir de ce système. Pour y arriver, l’Etat doit multiplier les infrastructures
scolaires en construisant beaucoup plus de collèges et de lycées dans le District
Autonome d’Abidjan et particulièrement dans la Commune de Yopougon.

103
En outre, dans les établissements au sein desquels, il y’a encore de l’espace,
l’Etat peut procéder à l’extension de ceux-ci en y construisant de nouvelles
salles de classe et des internats.
Le Ministère en charge de l’Education Nationale doit faire en sorte que
non seulement toutes les salles de classes soient en bon état mais, également,
que toutes les commodités soient fonctionnelles. De même, toutes les salles de
classes doivent être équipées de table-bancs de bonne qualité et en quantité
suffisante, sans oublier d’équiper tous les nouveaux établissements et les anciens
existants, de toutes les commodités (latrines séparées selon le sexe et adaptées
selon les élèves en situation de handicap, cantine, dispositif de lavage de mains,
clôture, etc.). Concernant, la cantine, elle doit être fonctionnelle sur toute
l’année scolaire pour favoriser l’assiduité et le maintien des élèves à l’école.
Pour améliorer la gestion des flux des élèves et l’employabilité des
sortants du système éducatif, il faut que l’Etat construise des établissements
professionnels. Aussi, la spécialisation pourrait commencer plutôt, à partir du
CM2 et favoriser l’orientation des élèves de ce niveau d’enseignement dans ces
établissements.
- Poursuivre la politique de gratuité de l’école
L’Etat doit poursuivre ladite politique pour qu’elle prenne en compte
toute l’éducation de base (primaire et premier cycle du secondaire). Pour que
l’école soit effectivement gratuite, l’Etat doit éliminer tous les frais annexes et
les frais d’inscription instaurés respectivement au primaire et au premier cycle
du secondaire. Il doit également renforcer la foi des populations en l’action
publique, et en les impliquant davantage dans la gestion de l’école. Cela, se fera
par un contrôle citoyen plus accru de la communauté à travers les COGES pour
lesquels, les missions doivent être suffisamment connues de tous afin de
maîtriser les cotisations anarchiques à leurs niveaux.

104
- Accentuer la distribution des manuels scolaires
L’Etat doit faire en sorte que les manuels scolaires soient remis à tous les
enfants du primaire sans exception, même si ces derniers ne doivent pas les
emporter à la maison. Il faudra également que ces manuels leurs soient
véritablement mis à disposition en temps opportun pour éviter de pénaliser les
bénéficiaires, par d’éventuel retard dans l’apprentissage en rapport avec
l’opération de distribution de ces manuels. Par ailleurs, au regard de la loi sur
l’école obligatoire, il serait opportun que le gouvernement pense à étendre la
distribution des manuels scolaires à tous les élèves du premier cycle. Cela aura
pour avantage, de faciliter l’apprentissage pour les enfants de ce cycle
d’enseignement. Cette disposition permettrait ainsi à bon nombre d’entre eux de
poursuivre leurs études, dans les meilleures conditions, jusqu’à l’obtention du
BEPC.
- Opérationnaliser la Direction de l’Egalité et de l’Equité du Genre
L’opérationnalisation de la DEEG nécessite des mesures concrètes de
gestion de proximité du système éducatif, capables d’apporter les changements
qualitatifs.
 Au niveau stratégique
1. Veiller à renforcer la collaboration interne au MENET-FP avec les autres
départements ministériels à savoir dont le Ministère de la Femme, de la Famille
et de l’Enfant (MFFE) et l’Observatoire National de l’Equité et du Genre
(ONEG) ainsi que toutes les autres structures ;
2. Responsabiliser toutes les Directions en procédant par exemple par des
notes émanant de la hiérarchie et intégrer le genre dans les mandats des autres
structures du MENETFP, lettres de mission, référentiels des métiers et fiches de
poste. Cela peut se faire par deux biais : (1) la saisie du Cabinet qui peut faire
une note de service pour informer toutes les autres directions ; (2) la désignation
d’un Inspecteur Général dédié au genre qui a la légitimité/autorité.

105
L’Inspection Générale est un organe de régulation et de veille pour aider à la
mobilisation des personnels ;
3. Désigner les responsables (point focal) des autres directions centrales,
chargés des questions pour leur permettre d’être informés en temps réel. Faire
une notification à partir de l’alinéa de l’ONEG pour notamment informer des
missions de la DEEG ;
4. Actualiser la charte fonctionnelle du Ministère (et tous les autres textes
fonctionnels à la lumière de la politique Genre), grilles d’évaluation (à élaborer
pour le personnel) ainsi que la prise en compte du genre dans le système de
reconnaissance des mérites ;
5. Institutionnaliser un cadre commun de résultats commun entre la DEEG et
les autres directions centrales de sorte que les résultats attendus sur l’Egalité et
l’Equité du Genre (EEG) soient clairement identifiés du niveau central jusqu’au
niveau de l’école et que chaque niveau soit redevable (accountable). Faire en
sorte que les indicateurs sensibles au genre soient intégrés avec la Task Force,
l’IGEN (Inspection Générale de l’Education Nationale), la DCEP (Direction de
la Coordination et de l’Exécution des Projets) pour aboutir à des indicateurs et
alignés au Plan Sectoriel de l’Education (PSE). Il revient à la DEEG de veiller à
identifier les indicateurs relevant de la problématique du Genre. La DEEG devra
s’inscrire dans le cadre des indicateurs des documents stratégiques notamment le
PSE et ses cibles lors des revues. Ces revues doivent être précédées par des
revues sectorielles internes dans les Ministères ;
6. Créer une plateforme de collaboration à partir du Comité Technique de
Suivi, qui soit ouverte aux autres directions, sous la coordination de l’Inspection
Générale ;
7. Formaliser un mécanisme de Suivi-Evaluation (SE) intégrant des
revues semestrielles pour relever les résultats atteints en matière de genre ;

106
8. Le MENET-FP doit veiller à renforcer la collaboration interne avec les
autres départements ministériels dont le MFFE et l’ONEG ainsi que toutes les
autres structures. Le cadre d’échanges que constitue le Groupe Local des
Partenaires de l’Education (GLPE) devra intégrer les questions du genre. La
DEEG devra participer à un cadre autre d’échange intitulé Cadre Commun de
Concertation Gouvernement- PTFs Genre ;
9. S’appuyer sur le réseau local d’écoles pour la formation initiale et
continue des formateurs existant en Côte d’Ivoire pour renforcer les capacités
des acteurs du secteur et les outiller sur les questions du genre.
Dans tous les cas, il faudra réviser les curricula (ENS, CAFOP, IPNEPT…) et
intégrer la notion de genre dans les curricula au CAFOP ;
10. Veiller à l’adoption d’un budget sensible au genre au sein du
MENET-FP.
 Au niveau opérationnel
1. Créer une plateforme de concertation et d’échanges avec les autres
directions pour éviter les risques de conflits. Cette plateforme serait un espace
ouvert à la DEEG pour accorder son plan de travail avec ceux des autres
directions, former et suivre l’intégration du genre dans les plans et pratiques des
autres directions ;
Le comité de suivi de la politique genre pourrait servir comme tel, pour peu
que le cadre stratégique s’y prête et qu’un Inspecteur Général soit dédié au
genre. Elaborer un cadre commun de résultats (Tableau de bord, indicateurs
sensibles au genre, suivi et rapportage) et proposer un dispositif de sa
gouvernance. La Direction (DEEG) pourrait collaborer notamment avec la
cellule genre FP pour le définir ensemble ;

107
3. La DEEG doit veiller à sa mise en œuvre du mécanisme de SE qui existe
déjà au sein du Ministère et le rendre sensible au genre. Il faut un chargé de SE
au sein de la DEEG, relais avec la DSPS ;
4. Intégrer la dimension genre dans la mise en œuvre, les revues et les
évaluations du PSE et du PSR-ETFP (Plan Stratégique de la Réforme
Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle) et collaborer avec
la Task Force du MENET-FP ;
5. La DEEG pourrait opérer des analyses diagnostiques différenciées pour
amener chaque Direction centrale à identifier ses problèmes relatifs à l’EEG
(Par exemple en sollicitant l’aide des partenaires) et être force de propositions en
conséquence ;
6. S'assurer de la collecte de données fiables (qui recueille quoi ?, au moyen
de quel outil?) pour constituer un vrai tableau de bord. Cet outil est primordial
pour suivre l’atteinte des résultats de la DEEG. Il doit comporter entre autres des
indicateurs statistiques désagrégés d'accès, de scolarisation, d'abandon, de
transition, de réussite aux examens et d'achèvement de chaque cycle
d'enseignement ;
7. Poursuivre les efforts pour réduire les écarts entre les textes
internationaux, dont la Côte d’Ivoire est signataire en matière
d’éducation/formation, et émettre des propositions/recommandations pour leur
mise en application. A cet effet, La DEEG pourrait se rapprocher d`ONU
Femmes, qui aurait déjà commencé le processus de leur révision ;
8. Elaborer une cartographie détaillée des programmes et projets des
partenaires de l'éducation ayant un objectif genre ;

108
9. Inclure et impliquer, par le biais de la sensibilisation notamment, la
communauté éducative :
- acteurs du système éducatif : guides religieux, chefs traditionnels, parents
d’élèves, élèves, autorités administratives (corps préfectoral, élus locaux) ;
- établissements scolaires privés ;
- éducation non formelle. L’intégration du genre par la direction de l’éducation
non formelle et de l’alphabétisation est perçue comme un catalyseur efficace de
la scolarisation des filles.
2.2.2- Actions en faveur de l’amélioration de la scolarisation de
la petite fille à Andokoi
En tant que travailleure sociale, nous ne pouvons pas rester insensible à la
situation des petites filles d’Andokoi. Comme il a été mentionné plus haut, il est
primordial pour les petites filles d’avoir accès à l’école au même titre que les
petits garçons car il y va du respect de leur droit à l’éducation. Pour ce faire,
nous avons décidé d’élaborer un projet éducatif à soumettre à la Mairie de
Yopougon en vue d’améliorer la scolarisation des petites filles à Andokoi. Il
s’agit d’un projet participatif avec toutes les parties prenantes que sont les
parents, les leaders communautaires, les associations de femmes et les acteurs de
l’école. Le projet s’intitule : « Mobilisons-nous pour la scolarisation de la petite
fille à Andokoi».

109
PROJET DE SCOLARISATION DE 200 PETITES FILLES EN AGE
D’ALLER A L’ECOLE A ANDOKOI DANS LA COMMUNE DE
YOPOUGON

TITRE DU PROJET : « MOBILISONS-NOUS POUR LA


SCOLARISATION DE LA PETITE FILLE A
ANDOKOI»

Durée du projet : 12 mois

I- Justification du projet
La Côte d’Ivoire s’est engagée à rendre l’école obligatoire pour tous les
enfants de 6 à 16 ans à travers la loi n°2015-635 du 17 septembre 2015 portant
modification de la loi n°95-696 du 7 septembre 1995 relative à l’enseignement.
Toutefois, si l’adoption de la Politique de Scolarisation Obligatoire (PSO)
a permis l’amélioration de l’accès à tous les niveaux d’études, il n’en demeure
pas moins que des inégalités persistent toujours entre les filles et les garçons au
niveau de l’accès à l’école. En effet, en dépit de l’amélioration du Taux Net
d’Accès (TNA) des filles, elles n’ont toujours pas les mêmes chances d’accès à
l’école que les garçons. Par ailleurs, malgré l’obligation scolaire, l’accès aux
écoles primaires publiques est refusé à des enfants en raison de leur âge et de
l’insuffisance de la capacité d’accueil (DSPS, 2019).
C’est le cas à Andokoi où, non seulement, tous les enfants en âge d’aller
à l’école n’y ont pas accès, mais les filles ont moins accès à l’école que les
garçons. Cette situation est même illustrée à travers les données statistiques
fournies par l’INS et la DSPS au titre de l’année 2019. En effet, selon l’INS
(2019), la population des 6-16 ans est estimée à 17 475 enfants dont 8026
garçons soit 45,93 % et 9449 filles soit 54,07 % alors que la population scolaire
de la même tranche d’âge (correspondant à l’éducation de base) se situe à
15 587 élèves dont 8098 garçons soit, 51,96 % contre 7489 filles soit, 48,04 %
(DSPS, 2019).
Ainsi, à Andokoi, les filles sont moins scolarisées que les garçons.

110
L’enquête diligentée sur le terrain permet d’expliquer cette situation par
l’insuffisance des infrastructures scolaires, la persistance des violences basées
sur le genre, la non prise en compte des considérations de genre dans l’offre
éducative, la situation socioéconomique difficile des parents qui les empêchent
de faire face à la scolarisation de tous leurs enfants, en plus des pesanteurs
socioculturelles et religieuses en défaveur de la fille. Ce qui fait qu’à Andokoi,
pour l’accès à l’école, les garçons sont privilégiés par rapport aux petites filles.
En effet, les petites filles ne sont pas scolarisées puisque souvent utilisées
dans les petits commerces et dans les tâches ménagères. Mais, lorsqu’elles sont
scolarisées, elles peuvent être retirées de l’école pour être mariées précocement
ou être également utilisées dans les petits commerces.
L’étude a également révélé que les parents musulmans d’Andokoi ont une
prédilection pour les écoles franco-arabes qui sont toutes dans l’informel dans ce
village. Plusieurs jeunes filles se retrouvent dans ces écoles et leur nombre pour
l’année scolaire 2018-2019, selon nos investigations sur le terrain, s’élève à 344
filles sur 693 élèves.
Ainsi, malgré les initiatives en cours, la question de l’éducation de la petite
fille est très préoccupante. En effet, sa non scolarisation constitue non
seulement, une violation de ses droits, mais elle constitue également un frein à
l’égalité des chances et au renforcement du capital humain.
Le présent projet est bien en phase avec la vision du Gouvernement
contenue dans le Plan National de Développement (PND 2016-2020). Plus
particulièrement, il s’inscrit dans l’Axe Stratégique 2 « Accélération du
développement du capital humain et promotion du bien-être social » et contribue
à atteindre l’effet 1 : « L'offre d'éducation formelle est accrue et de qualité » et
l’extrant suivant : « la scolarisation de la jeune fille et son maintien dans le
système éducatif sont assurés ». D’où la pertinence de ce projet.

111
II- Objectifs du projet
1. Objectif général
Le projet « Mobilisons-nous pour la scolarisation de la petite fille à Andokoi»
vise l’amélioration de l’accès des petites filles à l’école dans ce village de la
commune de Yopougon.
2. Objectifs spécifiques
- mobiliser toutes les communautés d’Andokoi autour du projet à travers des
séances d’informations ;
- sensibiliser les communautés d’Andokoi pour un changement de
comportement en faveur de la scolarisation des filles ;
- organiser des activités de plaidoyers en direction de la Mairie de Yopougon
pour une meilleure implication dans la scolarisation de la petite fille.
III- Résultats attendus
- les séances d’informations sont organisées pour la mobilisation de toutes les
communautés d’Andokoi autour du projet (au bout 3 mois) ;
- des activités de sensibilisation sont organisées en direction des communautés ;
- des activités de plaidoyers sont organisées en direction de la Mairie de
Yopougon.
IV- Stratégies d’intervention
Les stratégies pour l’atteinte de l’objectif du projet s’articulent autour des points
suivants :
- la mobilisation de la communauté d’Andokoi autour de l’école à travers des
séances d’information pour l’amener à adhérer au projet ;
- l’organisation des activités de sensibilisation des populations en faveur de la
scolarisation et du maintien des filles à l’école ;
- le plaidoyer auprès des autorités municipales pour une meilleure implication
dans la scolarisation des enfants à Andokoi, surtout les petites filles.

112
V- Activités
N° Activités Actions
1. Rencontre avec l’Union des Chef Communautaires d’Andokoi pour
une séance de travail en vue de leur présenter le projet et avoir leur
point de vue sur le projet ;
1 Mobiliser toute la communauté autour du projet
2. Rencontre avec chacune des vingt-sept (27) communautés
d’Andokoi pour échanger avec elle et avoir leur point de vue sur le
projet.
1. Confection d’affiches
2. Confections de tee-shirts
3. Elaboration des messages de sensibilisation dans les langues locales
Sensibiliser les populations sur la nécessité de 4. Diffusion des messages sur les antennes des radios de proximité
2
scolariser et de maintenir les petites filles à l’école 5. Diffusion des messages par les griots
6. Sensibilisation de masse : animation
Publique (sketches, programmation de films en présence des chefs
coutumiers et religieux)
1. Plaidoyers pour une meilleure implication dans la scolarisation de la
jeune fille (octroie de prise en charge, distribution de kits et de manuels
scolaires, de tenues scolaires) ;
2. Plaidoyers pour appuyer les écoles franco-arabes en vue de favoriser
Organiser des plaidoyers auprès des autorités l’intégration des enfants dans le système éducatif formel ;
3 3. Plaidoyers pour la construction de salles de classes, d’établissements
municipales
primaire et secondaire général en tenant compte de la carte scolaire
établie à Andokoi.
(Si ces actions aboutissent, elles seront à la charge des autorités de la
Mairie de Yopougon)

113
VI- Suivi/Evaluation

Un mécanisme de supervision / évaluation interne sera mis en place en vue de permettre de réajuster de façon régulière la
conduite des activités.
Le suivi se fera tous les mois en vue d’apprécier le niveau d’exécution du plan d’action.
Situation État Mesures
Activités à réaliser Indicateurs clés Cible Moyens de vérification
de départ d’avancement correctrices
1. Mobiliser toute la communauté autour du projet
Nombre de Compte rendu des différentes
Rencontrer l’UCCA 0 2
rencontres rencontres
Rencontrer chacune des
Nombre de Compte rendu des différentes
27 communautés 0 27
rencontres rencontres
d’Andokoi
2. Sensibiliser les populations sur la nécessité de scolariser et de maintenir les petites filles à l’école
Affiches
Confection d’affiches, Nombre d’affiches 0 50
Factures
Nombre de tee- Factures
Confection de tee-shirts 0 500
shirts Tee-shirts confectionnés
Elaboration des
messages de Nombre de CD
0 05
sensibilisation messages Messages
dans les langues locales
Diffusion des messages sur les
Nombre de Messages diffusés
antennes des radios de proximité 0 9 mois
diffusion Factures
et par les griots
Sensibilisation de masse : La cérémonie
0 1 Rapport de la cérémonie
animation Publique réalisée

114
(sketches,
programmation
de films en présence
des chefs coutumiers
et religieux)
3. Organiser des plaidoyers auprès des autorités municipales
Photos de la cérémonie de
Octroie de prise en Nombre de kits 0 400
réception des Kits
charge, distribution de
Nombre de Photos de la cérémonie de
kits et de manuels 0
manuels scolaires 400 réception des manuels scolaires
scolaires, de tenues
scolaires Nombre de tenues Photos de la cérémonie de
0 400
scolaires réception des tenues scolaires
Appuyer les écoles
franco-arabes à intégrer Nombre d’écoles Les classes passerelles existent
0 5
le système éducatif franco-arabes dans ces 5 écoles
formel
Nombre de salles 6 salles de classes construites au
Construction de salles de classes primaire
de classes, 0 6
(primaires et 5 salles de classes construites au
d’établissements secondaires) secondaire
primaire et secondaire
Nombre d’écoles Les deux écoles primaires
général en tenant 0 2
primaires livrées
compte de la carte
Nombre
scolaire établie à L’établissement secondaire
Andokoi d’établissements 0 1
livré
secondaires

115
VII- Zone d’intervention
Le projet sera mis en œuvre à Andokoi dans la Commune de Yopougon
VIII- Population cibles
Ce projet cible 200 petites filles en âge d’aller à l’école dont les parents vivent
des situations difficiles
IX- Populations bénéficiaires
- bénéficiaires directes : 200 petites filles
- bénéficiaires indirectes : les garçons en âge d’aller à l’école, les parents, les
leaders de la communauté, les leaders religieux, les associations féminines, les
acteurs de l’école, les autorités municipales.
X- Facteurs limitant
-insuffisance des moyens
-réticence des communautés
XI- Budget estimatif du projet
Désignation Quantité Prix unitaire Montant
Location de bâches 5 10 000 50 000
Location de chaises 500 100 50 000
Achat de packs d’eau 1000 100 100 000
Confection d’affiches 50 5000 250 000
Confection de tee-shirts 500 3000 150 000
Elaboration de messages de sensibilisation en 5 10 000 50 000
Langues
Diffusion des messages par les griots 9 20 000 180 000
Diffusion des messages sur les radios 9 50 000 450 000
(forfait)
Sensibilisation de masse (forfait) Forfait 1 000 000 1 000 000
Transport (Forfait carburant) Forfait 100 000 100 000
Communication (Frais du communicateur) Forfait 500 000 500 000
Divers matériels (forfait) Forfait 200 000 200 000
Imprévus Forfait 500 000 500 000
Total 3 400 000
Coût du projet : 3 580 000 FCFA

116
DUREE ET CALENDRIER DE MISE EN ŒUVRE DU PROJET

PHASE D’EXECUTION DU PROJET

ACTIVITES / STRATEGIES
Trimestre 1 Trimestre 2 Trimestre 3 Trimestre 4

Mai Juin. Juillet. Août Sep. Oct. Nov. Déc. Janv. Fév. Mars Avril
1 Rencontre avec les l’UCCA x x x
2 Rencontres avec les 17
x x x
communautés
3 Caravane de sensibilisation sur la
nécessité de scolariser les filles et x x x X X X x x x
les maintenir à l’école
4 Activités de plaidoyers à la Mairie
de Yopougon
x x x x x x X X X x x x

117
CONCLUSION
L’éducation reste la seule arme pour réduire les inégalités entre les
femmes et les hommes dans la société. La Côte d’Ivoire l’a si bien comprise
qu’elle a décidé d’entreprendre des réformes au niveau du secteur éducatif. Ces
réformes visent à résoudre notamment les problèmes liés aux inégalités de genre
dans l’accès, surtout dans l’enseignement primaire et secondaire. Toutefois,
même si ces réformes ont permis au pays d’accomplir des progrès significatifs
en matière d’accès à l’éducation de base, il n’en demeure pas moins que des
inégalités persistent toujours entre les filles et les garçons à ce niveau.
Dans l’optique de comprendre certains déterminants sociaux de cette
persistance, la présente étude s’est déroulée, pendant six mois, à Andokoi et
s’est intéressée aux questions concernant le dispositif institutionnel mis en place
pour l’accès et le maintien des filles et des garçons dans l’éducation de base, les
caractéristiques socioéconomiques des parents d’élèves et la perception de la
scolarisation des filles et des garçons par les communautés.
Il résulte au terme de ces analyses que les inégalités de genre dans l’accès
et le maintien à l’EPP Andokoi 2B et au Lycée Moderne Yopougon-Andokoi
sont liées à l’insuffisance des infrastructures scolaires publiques, à la persistance
des violences basées sur le genre, à la non prise en compte des considérations de
genre dans l’offre éducative, à la situation socioéconomique difficile des parents
et aux pesanteurs socioculturelles et religieuses défavorables à la fille.
Toutefois, au niveau du maintien, les inégalités sont moins observées au
regard des performances scolaires des filles comparativement à celles des
garçons et, aux efforts de l’Etat à éliminer certains facteurs d’abandon chez les
filles, notamment les grossesses en cours de scolarité.
Ainsi, ce travail de recherche a permis de mettre en évidence la
corrélation entre l’offre et la demande éducatives et les dynamiques sociales des
acteurs qui déterminent les stratégies éducatives développées par ceux-ci.

118
Partant de ce constat et sur la base de notre expérience, nous
recommandons de prendre en considération trois enjeux fondamentaux à l’effet
de garantir l’accès et le maintien des filles et des garçons à l’école :
- Le principe d’un accès équitable : l’exécution des mécanismes d’équité
et d’égalité de chances doit permettre de réduire considérablement les
écarts et les inégalités d’accès à l’éducation de base.
Cependant, le choix des stratégies d’accès équitable repose sur des
analyses rigoureuses.
- Le principe d’environnement favorable : le développement d’un
environnement favorable et propice pour tous nécessite des mesures
adéquates de protection et d’accroissement des opportunités de bien-être
social et d’éducation. Des défis et des contraintes à la scolarisation de tous
sont en partie liés à l’environnement, notamment aux violences sexuelles,
aux conflits conjugaux ou d’intégration, aux violences scolaires, et aux
marginalisations subies au sein de différentes communautés.
- Le principe d’autonomisation sociale et économique des femmes : les
interventions qui aboutissent à l’autonomisation permettent aux enfants et
aux jeunes de prendre des décisions mesurées et responsables de leurs
propres corps et de leur vie. A n’importe quelle étape du développement,
les apprenants doivent être capable d’acquérir les compétences
d’autonomisation afin de pouvoir évoluer dans la société ivoirienne et de
contribuer à la productivité du pays afin d’assurer que la Côte d’Ivoire
devienne un pays émergent dans un bref délai.

119
ANNEXES

120
LISTE DES ANNEXES
Pages
Annexe 1: Grilles d’analyse .............................................................................. 122
Annexe 2: Grilles d’observation ....................................................................... 123
Annexe 3: Guide de l’entretien avec le personnel administratif de la
DREN Abidjan 3, de l’IEP Yopougon-Andokoi ............................ 124
Annexe 4: Guide de l’entretien avec le personnel administratif de l’EPP
Andokoi 2B et du Lycée Moderne Yopougon-Andokoi ................ 126
Annexe 5: Guide de l’entretien avec les enseignants de l’école
primaire et du lycée ......................................................................... 128
Annexe 6: Guide de l’entretien avec les élèves du premier cycle
du secondaire .................................................................................. 130
Annexe 7: Guide de l’entretien avec les parents ............................................... 131
Annexe 8: Guide de l’entretien avec la communauté (leaders
communautaires, guides religieux, présidentes et membres
d’association féminine) ................................................................... 132

Annexe 9: Questionnaire administré aux parents d’élèves ............................... 133

121
Annexe 1: Grilles d’analyse
Primaire
Eléments Niveau d’étude Fréquences Observations
analysés Garçons Filles
CP1
CP2
Effectifs des CE1
classes CE2
CM1
CM2
Nouveaux inscrits CP1
CP1
CP2
CE1
Registre d’appel
CE2
CM1
CM2
CP1
CP2
Inscrits sans
CE1
extraits de
naissance CE2
CM1
CM2
Non accès à
l’école
CP1
CP2
Registres d’appel
CE1
(taux de
CE2
fréquentation)
CM1
CM2

Premier cycle du secondaire


Eléments Niveau d’étude Fréquences Observations
analysés Garçons Filles
6ième
Effectifs des 5ième
classes 4ième
3ième
Nouveaux inscrits 6ième

122
Annexe 2: Grilles d’observation
Primaire
Eléments à observer Commentaires
Effectifs dans les classes
Nombre d’élèves assis sur les bancs
Nombre de filles et de garçons dans
les classes
Etat des salles Sol
de classe Plafond
Etat des table-bancs
Latrines
Commodités Dispositif de lavage
(existent ou des mains
pas ; sont Eclairage des salles
fonctionnelles de classe
ou non) Clôture
Points d’eau

Premier cycle du secondaire


Eléments à observer Commentaires
Effectifs dans les classes
Nombre d’élèves assis sur les bancs
Nombre de filles et de garçons dans
les classes
Etat des table-bancs
Etat des salles de Sol
classe Plafond
Latrines
Commodités Dispositif de lavage
(existent ou des mains
pas ; sont Eclairage des salles
fonctionnelles de classe
ou non) Clôture
Points d’eau

123
Annexe 3: Guide de l’entretien avec le personnel administratif de la DREN
Abidjan 3, de l’IEP Yopougon-Andokoi
I- Avis
Cet entretien a pour objectif de collecter des informations relatives aux
inégalités de genre au niveau de l’éducation de base des établissements publics
d’Andokoi. Nous vous garantissons la confidentialité de vos réponses qui ne
seront exploitées et diffusé5es que dans le strict cadre de cette recherche.
Nous vous remercions d’avance pour votre compréhension.
II- Identification
Date de l’entretien…………………………………………..
Nom de l’enquêté……………………………………………
Qualité de la personne interviewée………………………….
Contact de la personne interviewée………………………….
1- Nombre d’établissements primaires et secondaires publics;

2- Nombre d’établissements primaires et secondaires privés;


3- Analyse des modalités d’accès à l’école
- Accès des filles et des garçons au primaire et au premier cycle du
secondaire (Mesures de facilitation à l’accès, entraves à l’accès, inégalités
entre les sexes à l’accès) ;
- Modalités d’inscription à l’école primaire /premier cycle du secondaire
(inscription, gratuité, frais d’inscription, frais annexes) ;

- Avis sur la Politique de Scolarisation Obligatoire (PSO) /conditions de


mise en œuvre ;
4- Analyse des modalités de maintien et de réussite scolaire de la fille et du
garçon
- Conditions matériel d’apprentissage (état des classes, commodités
(électricité, clôture, cantine scolaire, dispositif de lavage des mains) ;

124
- Encadrement pédagogique (taille des classes, taux d’encadrement) ;
- Disponibilité des kits et manuels scolaires /opération liée à la distribution;
5- Analyse des obstacles à l’accès et au maintien et à la réussite des jeunes
filles
- Avis sur la persistance des inégalités d’accès et de maintien malgré
l’école obligatoire;
6- Solutions pour la réduction des inégalités entre les filles et les garçons
dans l’éducation de base (élimination des inégalités à l’accès et réduction
des déperditions scolaires).

125
Annexe 4: Guide de l’entretien avec le personnel administratif de l’EPP
Andokoi 2B et du Lycée Moderne Yopougon-Andokoi
I- Avis
Cet entretien a pour objectif de collecter des informations relatives aux
inégalités de genre au niveau de l’éducation de base des établissements publics
d’Andokoi. Nous vous garantissons la confidentialité de vos réponses qui ne
seront exploitées et diffusées que dans le strict cadre de cette recherche.
Nous vous remercions d’avance pour votre compréhension.
II- Identification
Date de l’entretien…………………………………………..
Nom de l’enquêté……………………………………………
Qualité de la personne interviewée………………………….
Contact de la personne interviewée………………………….
1- Analyse des modalités d’accès à l’école
- Accès des filles et des garçons au primaire et au premier cycle du
secondaire (Mesures de facilitation à l’accès, entraves à l’accès, inégalités
entre les sexes à l’accès) ;
- Modalités d’inscription à l’école primaire /premier cycle du secondaire
(inscription, gratuité, frais d’inscription, frais annexes) ;
- Avis sur la Politique de Scolarisation Obligatoire (PSO) /conditions de
mise en œuvre;
2- Analyse des modalités de maintien et de réussite scolaire de la fille et du
garçon
- Conditions matériel d’apprentissage (état des classes, commodités
(électricité, clôture, cantine scolaire, dispositif de lavage des mains) ;
- Encadrement pédagogique (taille des classes, taux d’encadrement) ;
- Disponibilité des kits et manuels scolaires /opération liée à la distribution;

126
3- Analyse des obstacles à l’accès et au maintien et à la réussite des jeunes
filles
- Avis sur la persistance des inégalités d’accès et de maintien malgré
l’école obligatoire;
4- Solutions pour la réduction des inégalités entre les filles et les garçons
dans l’éducation de base (élimination des inégalités à l’accès et réduction
des déperditions scolaires).

127
Annexe 5: Guide de l’entretien avec les enseignants de l’école primaire et
du lycée
I- Avis
Cet entretien a pour objectif de collecter des informations relatives aux
inégalités de genre au niveau de l’éducation de base des établissements publics
d’Andokoi. Nous vous garantissons la confidentialité de vos réponses qui ne
seront exploitées et diffusées que dans le strict cadre de cette recherche.
Nous vous remercions d’avance pour votre compréhension.
II- Identification
Date de l’entretien…………………………………………..
Nom de l’enquêté……………………………………………
Quartier………………………………………………………
Qualité de la personne interviewée………………………….
Contact de la personne interviewée………………………….
1- Analyse des modalités d’accès à l’école
- Accès des filles et des garçons au primaire et au premier cycle du
secondaire (Mesures de facilitation à l’accès, entraves à l’accès, inégalités
entre les sexes à l’accès) ;
- Modalités d’inscription à l’école primaire /premier cycle du secondaire
(inscription, gratuité, frais d’inscription, frais annexes) ;
- Avis sur la Politique de Scolarisation Obligatoire (PSO) /conditions de
mise en œuvre ;
2- Analyse des modalités de maintien et de réussite scolaire de la fille et du
garçon
- Conditions matériel d’apprentissage (état des classes, commodités
(électricité, clôture, cantine scolaire, dispositif de lavage des mains) ;
- Encadrement pédagogique (taille des classes, taux d’encadrement) ;

128
- Disponibilité des kits et manuels scolaires /opération liée à la distribution;
3- Analyse des obstacles à l’accès et au maintien et à la réussite des jeunes
filles
- Avis sur la persistance des inégalités d’accès et de maintien malgré
l’école obligatoire.
4- Solutions pour la réduction des inégalités entre les filles et les garçons
dans l’éducation de base (élimination des inégalités à l’accès et réduction
des déperditions scolaires)

129
Annexe 6: Guide de l’entretien avec les élèves du premier cycle du
secondaire
I- Avis
Cet entretien a pour objectif de collecter des informations relatives aux
inégalités de genre au niveau de l’éducation de base des établissements publics
d’Andokoi. Nous vous garantissons la confidentialité de vos réponses qui ne
seront exploitées et diffusées que dans le strict cadre de cette recherche.
Nous vous remercions d’avance pour votre compréhension.
II- Identification
Date de l’entretien…………………………………………..
Nom de l’enquêté……………………………………………
Qualité de la personne interviewée………………………….
Contact de la personne interviewée………………………….
Age de l’enquêté…………………………………………….
Niveau d’étude……………………………………………..
Statut professionnel des parents……………………………..
Nombre de frères et sœurs…………………………………..
Position dans la fratrie………………………………………
Moyennes du premier du second trimestre
Redoublant Non redoublant

1- Appréciation de l’environnement scolaire (commodités, violence)


2- Appréciation de la qualité de l’enseignement reçu
3- Acquisition des fournitures / manuels scolaires
4- Appréciation de l’environnement familial (suivi à la maison / participation
aux travaux ménagers)
5- Point de vue des parents par rapport à la scolarisation des filles et des
garçons
6- Attentes par rapport aux enseignants

130
Annexe 7: Guide de l’entretien avec les parents
I- Avis
Cet entretien a pour objectif de collecter des informations relatives aux
inégalités de genre au niveau de l’éducation de base des établissements publics
d’Andokoi. Nous vous garantissons la confidentialité de vos réponses qui ne
seront exploitées et diffusées que dans le strict cadre de cette recherche.
Nous vous remercions d’avance pour votre compréhension.
II- Identification
Date de l’entretien…………………………………………..
Nom de l’enquêté……………………………………………
Age de l’enquêté…………………………………………….
Quartier………………………………………………………
Qualité de la personne interviewée………………………….
Contact de la personne interviewée………………………….
1- Nombre d’enfants à charge
2- Nombre d’enfants scolarisés ou déscolarisés
3- Raison de la non-scolarisation ou de l’abandon scolaire
4- Avis sur la loi sur l’école obligatoire pour les enfants de 06 à 16 ans
5- Point de vue sur l’école (environnement scolaire, commodité, violence,
enseignants, élèves)
6- Implication dans les études des enfants
7- Perception de la scolarisation des filles et des garçons
8- Relation entre la scolarisation des enfants et leur situation
socioéconomique
9- Proposition de solutions pour améliorer la scolarisation des filles

131
Annexe 8: Guide de l’entretien avec la communauté (leaders
communautaires, guides religieux, présidentes et membres
d’association féminine)
I- Avis
Cet entretien a pour objectif de collecter des informations relatives aux
inégalités de genre au niveau de l’éducation de base des établissements publics
d’Andokoi. Nous vous garantissons la confidentialité de vos réponses qui ne
seront exploitées et diffusées que dans le strict cadre de cette recherche.
Nous vous remercions d’avance pour votre compréhension.
II- Identification
Date de l’entretien…………………………………………..
Nom de l’enquêté……………………………………………
Quartier………………………………………………………
Qualité de la personne interviewée………………………….
Contact de la personne interviewée………………………….
1- Point de vue sur l’école
2- Perception de la communauté en rapport avec la scolarisation des filles
3- Perception de la communauté en rapport avec la solarisation des garçons
4- Proposition de solutions pour améliorer la scolarisation des filles

132
Annexe 9: Questionnaire administré aux parents d’élèves
I- Avis
Ce questionnaire qui vous est soumis a pour objectif de collecter des
informations relatives aux inégalités de genre au niveau de l’éducation de base
des établissements publics d’Andokoi. Nous vous garantissons la confidentialité
de vos réponses qui ne seront exploitées et diffusées que dans le strict cadre de
cette recherche.
Nous vous remercions d’avance pour votre compréhension.
II- Identification
Date de l’entretien…………………………………………..
Nom de l’enquêté……………………………………………
Quartier………………………………………………………
Qualité de la personne interviewée………………………….
Contact de la personne interviewée………………………….
Sexe : Masculin Féminin
III- Questions
1-Quel est votre situation matrimoniale ?
Marié Célibataire Veuve

2-Quelle religion pratiquez-vous ?


Musulmane Chrétienne Autres
3-Quel est votre statut professionnel ? : Secteur public Secteur privé
Auto-emploi Pas d’emploi
4-Quel est votre niveau d’instruction ? : Analphabète Etude primaire
Etude secondaire et professionnel Etude supérieure

5-Quel est votre revenu ? : [0 ; 60 000[ [60 000 ; 120 000[


[120 000 ; 180 000[ [180 000 ; 240 000[
[240 000 ; 300 000[ [300 000 ; 360 000[

133
BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE THEMATIQUES

1. OUVRAGES DE METHODOLOGIE
- BLANCHET Alain et GOTMAN Anne, 1992, L’enquête et ses méthodes :
l’entretien, NATHAN, coll.128.
- N’DA Paul, 2015, Recherche et méthodologie en sciences sociales et
humaines : Réussir sa thèse, son mémoire de master ou professionnel, et son
article, Paris, L’Harmattan.

2. OUVRAGES ET ARTICLES SUR LA PAUVRETE


- Banque Mondiale, 2018, Comprendre la pauvreté,
https://www.banquemondiale.org/fr/understanding-poverty, consulté le 05
avril 2019, à 21h30.
- DUBOIS Jean-Luc, 2001, « Pauvreté et inégalités : situation et politiques de
réduction », A. Lery & P. Vimard (Éd.), Population et développement : les
principaux enjeux cinq ans après la Conférence du Caire, Paris: CEPED, pp.
123-135.
- HENAFF Nolwen , LANGE Marie-France et MARTIN Jean-Yves, 2009,
« Revisiter les relations entre pauvreté et éducation », Revue Française de
Socio-Économie, (n° 3), pp. 187-194.
- KOUAKOU Oi Kouakou Benoît, 2016, La réussite paradoxale à l’école,
quand réussissent des élèves africains qui avaient peu de chance de réussir,
Paris, L’Harmattan.
- UNESCO, 2017, Réduire la pauvreté dans le monde à travers l’enseignement
primaire et secondaire universel, Institut de Statistique de l’UNESCO,
http://uis.unesco.org/sites/default/files/documents/reducing-global-poverty-
through-universal-primary-secondary-education-fr.pdf, consulté le 05 avril
2019, à 21h30.

134
3. OUVRAGES ET ARTICLES SUR L’EDUCATION
- ALDERMAN Harold, BEHRMAN Jere Richard, ROSS David Robertson et
SABOT Richard, 1996, « Decomposing The Gender Gap In Cognitive Skills
In A Poor Rural Economy », The Journal Of Human Resources, vol. 31, n° 1,
pp. 229-254.
- CEPED, 2001, « Famille et scolarisation en Afrique », la chronique du
CEPED, n°42, juillet, septembre.
- COMPAORE Félix et KONBIANE Jean-François, LANGE Marie-France,
PILON Marc, 2003, La recherche face aux défis de l’éducation au Burkina
Faso, Synthèse issue du colloque organisé à Ouagadougou du 12 au 22
novembre 2002,Institut de Recherche pour le Développement (IRD), Atelier
de Recherche sur l’Education au Burkina Faso (AREB), édition Diakonia,
p.33.
- GAZIBO Hamani et ARGOZE Koura, 2013, « Fréquentation scolaire au
Niger : une analyse par la méthode de décomposition », Conférence
Internationale sur la Population, août, BEXCO, Busan, Korea, p.16.
- GERARD Etienne, 1997, « La tentative du savoir en Afrique. politiques,
mythes, et stratégies au mali », Karthala – Orstom, p. 283.
- GERARD Etienne, 1998, « Femme instruction et développement au Burkina
Faso. Incertitudes africaines », LANGE Marie-France (sous la direction de)
L’école et les filles en Afrique. scolarisation sous condition, édition Karthala,
pp. 197-220.
- HENAFF Nolwen, LANGE Marie-France, MARTIN Jean-Yves, 2002,
« Stratégies et capacités de financement de l’éducation de base par les agents
privés », Rapport final, Mission des Appuis Financiers et des Etudes
Economiques (DCT/F), Ministère des Affaires étrangères, Paris.

135
- KOBIANE Jean-François, 2001, Revue générale de la littérature sur la
demande d’éducation en Afrique, « La demande d’éducation en Afrique : état
des connaissances et des perspectives », sous la direction de PILON Marc et
YARO Yacouba, édition UEPA (Union pour l’Etude de la Population
Africaine), n°1, pp. 19-47.
- LANGE Marie-France, 1991, « Systèmes scolaires et développement :
discours et pratiques », Politique africaine, n° 43, pp. 105-121.
- LANGE Marie-France, MARTIN Jean-Yves (dir), 1995, « Les stratégies
éducatives en Afrique subsaharienne », Cahiers des sciences humaines,
vol. 31, n° 3, pp. 563-737.
- LANGE Marie-France, 1998, (dir), L’école et les filles en Afrique,
Scolarisation sous conditions, Karthala, Paris.
- LANGE Marie-France, 2001, « Dynamiques scolaires contemporaines au
Sud », Autrepart, n° 17, pp. 5-12.
- LANGE Marie-France, 2003, « École et mondialisation : vers un nouvel ordre
scolaire ? », Cahiers d’études africaines, XLIII (1-2), no 169-170, pp. 143-
166.
- LANGE Marie-France. et PAILLET G., 2006, « Quel droit à l’éducation pour
les enfants et les jeunes travailleurs », Bonnet Michel et al., Enfants
travailleurs. Repenser l’enfance, Page Deux, Genève, pp. 129-164.
- Larousse, https://www.larousse.fr, consulté le 11 novembre 2019 à 21h10.
- MARCOUX Richard, 1998, « Entre l’école et la calebasse. sous-scolarisation
des filles et mise au travail à Bamako » LANGE Marie-France, L’école et les
filles en Afrique : scolarisation sous condition, paris, Karthala, pp 73-95
- MIMCHE Honoré, 2004, « Les inégalités d'accès à l'éducation au Tchad »,
communication présentée à la rencontre internationale de 1'AFEC de
Ouagadougou.

136
- Ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement Technique et de la
Formation Professionnelle, 2017, Rapport d’Analyse Statistique du Système
Educatif Ivoirien, DSPS.
- Ministère, de l’Education Nationale, de l’Enseignement Technique et de la
Formation Professionnelle, Ministère de l’Enseignement supérieur et la
Recherche Scientifique, 2017, Plan Sectoriel Education/Formation 2016-
2025.
- Ministère, de l’Education Nationale, de l’Enseignement Technique et de la
Formation Professionnelle, Ministère de l’Enseignement supérieur et la
Recherche Scientifique, 2017, Lettre de Politique du Secteur
Education/Formation 2016 – 2025.
- PILON Marc, 1995, « les déterminants de la scolarisation des enfants de 6 à
14 ans au Togo en 1981 : apports et limites des données censitaires. »,
LANGE Marie-France et MARTIN Jean-Yves, éditeurs scientifiques, Cahiers
des sciences humaines, vol.31-n°3, les stratégies éducatives en Afrique
subsaharienne, éd. de l’Orstom, paris, pp. 697-718.
- YARO Yacouba, 1995, « Les stratégies scolaires des ménages au Burkina
Faso », Cahiers des sciences humaines, vol. 31, n° 3, pp. 675-695.
- YEO Soungari, KEI Mathias, 2016, « Le défi de la scolarisation primaire
universelle des filles dans la région du Worodougou en Côte d’Ivoire »,
European Scientific Journal, september, edition vol.12, no 25, IREEP,
Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY de Cocody, Abidjan.

4. OUVRAGES ET ARTICLES SUR LE GENRE


- BANQUE MONDIALE, 2017, Et si l’émergence était une femme ?,
https://www.banquemondiale.org, consulté le 05 avril 2019 à 19h30.
- DESCARRIES Francine, 1998, « Le projet féministe à l’aube du xxie siècle :
un projet de libération et de solidarité qui fait toujours sens », cahiers de
recherche sociologique, 30, pp. 179-210.

137
- Ministère de la Solidarité, de la Famille, de la Femme et de l’Enfant, 2014,
Document de Stratégie Nationale de Lutte contre les Violences basées sur le
Genre, Nations Unies/Côte d’Ivoire.
- EMNA Aouij, 1997, « L’objectif à atteindre, l’égalité entre les sexes :
approche juridique des relations de genre, présentation des législations
nationales et internationales, Formation Internationale en Genre, Population et
Développement », module II, Centre de Recherches, d’Études, de
Documentation et d’Information sur la Femme (CREDIF), avec le soutien du
FNUAP, session du 12 au 31 mai 1997, p. 40.
- OAKLEY Ann, 1972, Sex, gender and society, London, Angleterre: Maurice
Temple Smith Ltd, Université du Michigan, Toward a new society, Colophon
books, p. 225.
- PNUD, 2017, Egalité des sexes en Côte d’Ivoire: rôle du PNUD 2010-2017,
file:///C:/Users/hp/Desktop/GENRE%20Et%20EDUCATION/BROCHURE_
PNUD_EGALITE_SEXES.pdf, consulté le 05 avril 2019 à 20h15.
- UNESCO, 2019, Education et égalité des genres,
https://fr.unesco.org/themes/education-egalite-genres, consulté le 05 juillet
2019, à 20h50.

138
TABLE DES MATIERES

Pages
DEDICACE ......................................................................................................... III
REMERCIEMENTS ............................................................................................ V
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES ..........................................................VII
LISTE DES TABLEAUX ................................................................................... IX
LISTE DES GRAPHIQUES ................................................................................ X
SOMMAIRE ....................................................................................................... XI
INTRODUCTION ................................................................................................. 1
CHAPITRE 1 : ASPECT THEORIQUE .............................................................. 5
1- Choix du domaine et du sujet ........................................................................ 6
2- Expérience professionnelle vécue ............................................................... 11
3- Problème de recherche et questions de recherche....................................... 12
3.1- Problème de recherche .......................................................................... 12
3.2- Questions de recherche ......................................................................... 15
4- Objectifs de recherche, hypothèses de recherche, Variables et
indicateurs de variables ............................................................................. 15
4.1- Objectifs de recherche........................................................................... 15
4.1.1- Objectif général .................................................................................. 15
4.1.2- Objectifs opérationnels ...................................................................... 16
4.2- Hypothèses de recherche....................................................................... 16
4.2.1- Hypothèse générale ............................................................................ 16
4.2.2- Hypothèses opérationnelles ............................................................... 16
4.3- Les variables et leurs indicateurs .......................................................... 16
5- Revue de la littérature ................................................................................. 18
5.1- Etat des connaissances sur le sujet ........................................................ 19
5.1.1- Système éducatif et stratégies de scolarisation des filles
et des garçons ...................................................................................... 19
5.1.2- Facteurs socioéconomiques, sociodémographiques et stratégies de
scolarisation des filles et des garçons ................................................. 21

139
5.1.3- Représentations sociales de l’école, de la femme et les stratégies de
scolarisation des filles et des garçons ............................................... 26
5.2- Cadre de référence théorique : la perspective particulière de l’étude... 29
CHAPITRE 2 : ASPECT PRATIQUE ............................................................... 31
1- Méthodologie de recherche ......................................................................... 32
1.1- Lieu de l’étude, population et échantillon ........................................... 32
1.1.1- Lieu de l’étude .................................................................................. 32
1.1.1.1- Présentation de Yopougon-Andokoi ............................................. 32
1.1.1.2- Présentation des établissements retenus........................................ 35
1.1.2- Population et échantillon .................................................................. 36
1.1.2.1- La population d’étude ..................................................................... 36
1.1.2.2- L’échantillon ................................................................................... 37
1.2. Stratégies de vérifications et instruments de recherche ...................... 40
1.2.1- L’étude documentaire ........................................................................ 40
1.2.2- Le questionnaire ................................................................................. 43
1.2.3- Les entretiens ..................................................................................... 41
1.2.3.1- L’entretien individuel semi-directif .............................................. 42
1.2.3.2- Le groupe de discussion (focus group) ......................................... 42
1.2.4- L’Observation ................................................................................... 40
2- Résultats ...................................................................................................... 44
2.1- Analyse des données recueillies .......................................................... 44
2.1.1- Dispositif institutionnel mis en place pour l’accès et
le maintien des filles et des garçons à Andokoi ................................ 44
2.1.1.1- Cadre institutionnel au niveau national......................................... 44
2.1.1.2- Accès à l’éducation de base à Andokoi ........................................ 46
2.1.1.3- Maintien des filles et des garçons au niveau de
l’éducation de base à Andokoi ...................................................... 55
2.1.2- Caractéristiques socioéconomiques des parents à l’étude ................. 73
2.1.3.- Perceptions des communautés en rapport avec la scolarisation
des filles et des garçons à Andokoi ................................................... 80
2.1.3.1- Perception des communautés en rapport avec la scolarisation
du garçon ......................................................................................... 81
2.1.3.2- Perception des communautés en rapport avec la scolarisation
de la fille ......................................................................................... 83

140
2.2- Interprétation des données ................................................................... 87
2.2.1- L’authenticité des résultats par rapport à l’hypothèse ..................... 88
2.2.1.1- Vérification de l’Hypothèse opérationnelle 1 ............................... 88
2.2.1.2- Vérification de l’Hypothèse opérationnelle 2 ............................... 89
2.2.1.3- Vérification de l’Hypothèse opérationnelle 3 ............................... 89
2.2.2- L’authenticité des résultats par rapport aux auteur (e)s
convoqués (es) .................................................................................. 90
CHAPITRE 3 : EVALUATION DU MEMOIRE ET PERSPECTIVE
D’ACTION ............................................................................... 95
1- Les traces de compétences en termes d’analyse et de réponses
adaptées aux situations vécues .................................................................... 96
1.1- Au plan diagnostic ............................................................................... 96
1.1.1- Analyse de la situation-problème ..................................................... 96
1.1.2- Pertinence des stratégies et instruments de recherche utilisés ......... 97
1.1.3- Limites de l’étude ............................................................................. 99
1.2- Au plan pronostic ................................................................................ 99
1.2.1- Acquisition de compétences personnelles ...................................... 100
2- Perspectives ............................................................................................... 101
2.1- Réflexions sur les résultats.................................................................. 101
2.2- Actions concrètes à poser.................................................................... 103
2.2.1- Etat (Ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement
Technique et de la Formation Professionnelle) .................................... 103
2.2.2- Actions en faveur de l’amélioration de la scolarisation de
la petite fille à Andokoi......................................................................... 109
CONCLUSION ................................................................................................. 118
ANNEXES ........................................................................................................ 120
BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE THEMATIQUES .......................... 134
TABLE DES MATIERES ................................................................................ 139

141
RESUME

Les inégalités de genre liées à l’accès et au maintien dans l’éducation de base, le plus souvent
au détriment des filles, constituent une entrave à la réalisation de l’Objectif de
Développement Durable (ODD) 4. L’objectif de cette étude est de comprendre les
déterminants de la persistance de ces inégalités entre les filles et les garçons au niveau de
l’éducation de base des établissements publics d’Andokoi et de façon spécifique ceux de
l’EPP Andokoi 2B et le Lycée Moderne Yopougon-Andokoi. Quatre instruments ont servi à
la collecte des données: l’observation directe, l’étude documentaire, les entretiens et le
questionnaire, à l’effet de questionner le dispositif institutionnel mis en place pour l’accès et
le maintien des filles et des garçons dans l’éducation de base, les caractéristiques
socioéconomiques des parents d’élèves et la perception de la scolarisation des filles et des
garçons par les communautés. L’étude a porté sur 109 individus dont 46 femmes et filles et 63
hommes et garçons, composés d’acteurs de l’école, de parents d’élèves et de leaders de la
communauté. Au terme de l’investigation, il ressort que la persistance des inégalités de genre
dans l’accès et le maintien au niveau de l’éducation de base de ces établissements publics sont
liées à l’insuffisance des infrastructures scolaires publiques, à la persistance des violences
basées sur le genre, à la non prise en compte des considérations de genre dans l’offre
éducative, à la situation socioéconomique difficile des parents et aux pesanteurs
socioculturelles et religieuses défavorables à la fille. Toutefois, au niveau du maintien, les
inégalités sont moins observées au regard des performances scolaires réalisées par les filles.
Pour réduire, voire éliminer ces inégalités de genre, des pistes de solutions sont proposées à
travers des actions concrètes telles que le renforcement des conditions de l’école obligatoire
au niveau institutionnel et l’élaboration d’un projet intitulé « Mobilisons-nous pour la
scolarisation de la petite fille à Andokoi».

MOTS-CLES : Genre - inégalité de genre - accès - maintien - éducation de base

Vous aimerez peut-être aussi