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INTERGOUVERNEMENTAL
IFORD
INSTITUT DE FORMATION ET DE RECHERCHEDEMOGRAPHIQUE
Prix de lauréat des nations unis pour la population et le développement 2011
Comité d’encadrement
Pr. Hélène KAMDEM KAMGNO, Directeur
M. Ambroise HAKOUA, Lecteur
Je dédie ce travail
Qui, malgré toutes les difficultés de la vie, n’ont ménagé aucun effort pour me
garantir ce que j’appelle « Le tout héritage », l’éducation par la scolarisation.
BAC : Baccalauréat
CM : Chef de Ménage
TS : Taux de Scolarisation
ENGAGEMENT ................................................................................................................................................... i
DEDICACE ......................................................................................................................................................... ii
4.2 Caractérisation des enfants ayant abandonné l’école à partir de l’AFCM ............................................... 82
4.2.2 Caractérisation du groupe cible ............................................................................................................ 84
5.1 Identification des facteurs explicatifs de l’abandon scolaire des enfants en Guinée et leurs mécanismes
d’action ......................................................................................................................................................... 87
5.1.1 Caractéristiques contextuelles .......................................................................................................... 87
5.1.2 Caractéristiques des ménages et chefs de ménage .......................................................................... 88
5.1.3 Caractéristiques individuelles ............................................................................................................ 90
Tableau 5.1 Effets des variables indépendantes sur l'abandon scolaire des enfants ....... 92
Tableau 5.2 contribution relative des facteurs dans l'explication de l'abandon scolaire
des enfants de 6 à 14 ans en Guinée ..................................................................................................... 94
Tableau A3 Proportion (%) d'abandon scolaire par milieu de résidence selon le type de
ménage .......................................................................................................................................................... 111
Tableau A6 proportion (%) d'abandon scolaire par niveau de vie du ménage selon le
type de ménage .......................................................................................................................................... 112
Tableau A7 proportion (%) d'abandon scolaire par sexe du CM selon le type du ménage
.......................................................................................................................................................................... 112
Tableau A10 proportion (%) d'abandon scolaire par statut d'occupation du CM selon le
type de ménage .......................................................................................................................................... 113
Tableau A12 proportion (%) d'abandon scolaire par groupe d'âge de l'enfant selon le
type de ménage .......................................................................................................................................... 114
Tableau A13 proportion (%) d'abandon scolaire par sexe et milieu de résidence selon le
type de famille ............................................................................................................................................ 114
Tableau A14 : Les principales raisons de l'abandon scolaire des enfants de 6 à 14 ans en
Guinée ............................................................................................................................................................ 115
Graphique 3.1 Répartition des enfants selon l’âge au moment du recensement ................ 62
Graphique 3.2 : Répartition des enfants de 6 à 14 ans scolaire selon les groupes d'âge . 63
Graphique 4.1 : Proportion (%) d'abandon scolaire selon le type de ménage .................... 73
Graphique 4.3 : Proportion (%) d'abandon par type de ménage selon la région naturelle
de résidence ................................................................................................................................................... 74
Graphique 4.6 : Proportion (%) d'abandon par type de ménage selon le sexe du CM ..... 77
Graphique 4.7 : Proportion (%) d'abandon scolaire par type de ménage selon le niveau
d’instruction du CM ..................................................................................................................................... 78
Graphique 4.8 : Proportion (%) d'abandon scolaire par type de ménage selon le statut
matrimonial du CM ...................................................................................................................................... 79
Graphique 4.9 : Proportion (%) d'abandon scolaire par type de ménage selon le statut
d’occupation du CM ..................................................................................................................................... 79
Graphique 4.10 : Proportion (%) d'abandon scolaire par type de ménage selon la survie
des parents biologiques de l’enfant ...................................................................................................... 80
Graphique 4.12 : Proportion (%) d'abandon par sexe de l’enfant selon le type de ménage
............................................................................................................................................................................. 82
Figure 1.1: Répartition intra -sectorielle des dépenses courantes d’éducation .................. 12
La question sur les déperditions scolaires est d’actualité en Guinée. En effet, malgré des
efforts énormes consentis au cours de ces dernières décennies dans le pays pour accroître les
taux de scolarisation à tous les niveaux de l’enseignement général, et en particulier celui du
primaire, les taux de redoublements et d’abandons y sont encore très élevés. La présente
étude s’est alors fixée comme principal objectif spécifique de rechercher les facteurs
explicatifs de l’abandon scolaire des enfants de 6 à 14 ans en guinée et de les hiérarchiser.
Les données utilisées pour atteindre ces objectifs sont celles du troisième RGPH
réalisé en Guinée en 2014. En claire, il s’agit des données contextuelles, ménages et
individuelles collectées pendant cette opération démographique d’envergure nationale.
Plusieurs méthodes statistiques d’analyse ont été utilisées : il s’agit notamment des tableaux
croisés, accompagnés des tests de chi-deux et de l’Analyse Factorielle des Correspondances
Multiples (AFCM) respectivement au niveau bivarié et multivarié descriptif, et des modèles
multivariés explicatifs de régression logistique.
Il ressort de l’analyse descriptive bivariée, que toutes les variables indépendantes
mobilisées sont significativement associées à l’abandon scolaire des enfants. Au niveau
descriptif multivarié, un profil des enfants ayant abandonné l’école a été dressé. Quant à
l’analyse explicative, toutes les variables explicatives sont avérées facteurs explicatifs de
l’abandon scolaire des enfants de 6 à 14 ans en Guinée. Cependant, cinq d’entre elles
contribuent plus dans l’explication de ce phénomène à savoir : l’âge de l’enfant (groupe
d’âge) ; il est suivi par la région naturelle de résidence ; puis le milieu de résidence, la survie
de parents et le niveau de vie du ménage.
Au regard des résultats obtenus, des recommandations ont été faites parmi lesquelles
nous demandons aux autorités politiques, de renforcer les politiques éducatives permettant de
maintenir longtemps les enfants à l’école, notamment les politiques liées à la construction des
cantines scolaires, dans les régions de Moyenné Guinée et Haute Guinée ; de mettre en place
des politiques permettant aux parents d’élèves vivant en milieu rural à garder le plus
longtemps possible leurs enfants à l’école. Nous demandons également aux ONGs de veiller
à ce que les enfants orphelins soient non seulement scolarisés, mais aussi à ce qu’ils puissent
rester le plus longtemps possible à l’école.
The question of school wastage is topical in Guinea. Despite the enormous efforts
made in recent decades in the country to increase enrollment rates at all levels of general
education, especially primary education, repetition and drop-out rates are still very high. The
present study then set itself as the main specific objective to search for the factors explaining
the dropout of children aged 6 to 14 in Guinea and to prioritize them.
The data used to reach these objectives are those of the third RGPH carried out in
Guinea in 2014. Clearly, this is the contextual, household and individual data collected during
this nationwide demographic operation. Several statistical methods of analysis were used:
these include cross-tabulations, accompanied by chi-square tests and Factorial Multiple
Correspondence Analysis (FMA) respectively at bivariate and multivariate descriptive level,
and multivariate explanatory logistic regression models.
The bivariate descriptive analysis shows that all the independent variables mobilized
are significantly associated with school drop-out. At the multivariate descriptive level, a
profile of children who dropped out of school was developed. As for the explanatory analysis,
all the explanatory variables have proved to be factors explaining the dropout of children
aged 6 to 14 in Guinea. However, five of them contribute more to the explanation of this
phenomenon, namely: the age of the child (age group); it is followed by the natural region of
residence; then the place of residence, the survival of parents and the standard of living of the
household.
In view of the results obtained, recommendations have been made among which we
ask the political authorities, to reinforce educational policies to keep children in school for a
long time, in particular the policies related to the construction of school canteens, in the
regions of Middle Guinea and Upper Guinea; put in place policies that allow parents of rural
students to keep their children in school as long as possible. We also call on NGOs to ensure
that orphaned children are not only educated, but also that they can stay in school as long as
possible.
L’éducation par la scolarisation est l’une des pierres angulaires pour le développement
de toute population. Son importance dans tout processus de développement n’est plus à
démontrer. Cependant, elle a suscité de nombreuses difficultés qui ont souvent été l’objet de
plusieurs conférences internationales ainsi que des études particulières. Depuis la déclaration
de l’Education Pour Tous (EPT) en 1990 à Jomtien (Thaïlande), renouvelée en 2000 à Dakar
(Sénégal) puis à New York en 2015, tous les pays en développement cherchent à tout prix à
scolariser et maintenir à l’école leur population en âge scolaire.
Par ailleurs, malgré des efforts consentis dans la scolarisation des enfants en Afrique
subsaharienne au cours de ces dernières années, on observe à côté de cette forte scolarisation,
un nombre élevé d’élèves qui n’achèvent même pas le cycle primaire. En Afrique
subsaharienne, le problème d’abandon scolaire reste encore un défi à relever de nos jours. K.
Franck (Afrique Renouveau, ODD, 2015) précise qu’après les 15 ans d’adoption des OMD :
« presque tous les enfants d’âge scolaire des pays d’Afrique subsaharienne sont certes
scolarisés, mais la cible n’a pas été atteinte. La région est parvenue à maintenir un plus
grand nombre d’enfants à l’école ; pour autant un enfant sur trois décrochera
probablement ».
Pour ce qui est de la Guinée, des efforts remarquables ont été également consentis ces
dernières décennies pour améliorer son système éducatif. De nombreux programmes
d’éducation ont été notamment mis en œuvre dans ce cadre et sont en cours d’alimentation.
On a par exemple, le programme EPT (Education Pour Tous) qui découle de l’Objectif n°2
des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD2), et de l’Objectif n°4 du
Développement Durable (ODD4), lequel vise à assurer l’accès de tous à une éducation de
qualité, sur un même pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au
long de la vie. Ces derniers ont contribué à l’élaboration et la planification des politiques
éducatives nationales qui à leurs tours, ont abouti au relèvement des taux de scolarisation à
tous les niveaux d’enseignement, plus particulièrement celui du primaire. Au primaire, le
TBS qui était d’environ 30% en 1990, est passé à 70,3% en 2002 puis à 82,9% en 2014
(UNESCO, 2015).
Si de nos jours le système éducatif guinéen est à la hauteur d’assurer une scolarisation
effective des enfants jusqu’à plus de 83% au niveau primaire, d’énormes efforts restent
Cependant, la plupart des études sur l’abandon scolaire montrent que ce phénomène
dépend de deux principaux groupes de facteurs : d’un côté ceux de l’offre scolaire et de
l’autre ceux de la demande scolaire. L’offre scolaire comprend non seulement les
infrastructures scolaires, mais aussi le personnel enseignant, le matériel didactique, le contenu
de l’enseignement, etc. La demande scolaire quant à elle, se ramène aux décisions que
prennent les parents d’envoyer leurs enfants à l’école et de les encadrer jusqu’au terme de
leurs études. A titre d’illustration, KOBIANE (2001) affirme que l’abandon scolaire dépend
(et peut-être même davantage) des facteurs individuels, familiaux et contextuels.
Le phénomène d’abandon scolaire des enfants, des enfants très jeunes, âgées de 6 à 14
ans, continue encore d’être répandu en Guinée. C’est face à cette situation et dans le souci de
contribuer aux connaissances des facteurs qui expliquent cette persistance, que cette étude
s’interroge à la question de savoir : Quels sont les facteurs familiaux qui expliquent
l’abandon scolaire des enfants de 6 à 14 ans en Guinée ainsi que leurs mécanismes
d’action ? Pour répondre à cette question, l’objectif de cette étude est de contribuer à une
amélioration des connaissances des facteurs explicatifs de l’abandon scolaire en Guinée, et
1
C’est le rapport entre le nombre d’années- élèves théoriquement utiles pour former un nombre donné de
sortants et le nombre d’années- élèves effectivement consommées (MEPUA, 2016).
A cet effet, il importe de commencer cette étude par la description des éléments du
contexte, sur les plans géographique, historique, démographique, économique, culturelle et
politique, en les mettant en lien avec l’éducation scolaire et plus particulièrement l’abandon
scolaire.
L’abandon scolaire tout comme la fréquentation scolaire présente des disparités pour
chacune des subdivisions naturelles et administratives. Pour le cas des abandons scolaires,
d’après le RGPH de 2014, le taux d’abandon scolaire des enfants de 6 à 14 ans est de 11,4%
sur le plan national. Selon les régions naturelles, il est de 10,2%, 13,3%, 14,9% et 9,2%
respectivement en Basse-Guinée, Moyenne Guinée, Haute Guinée et Guinée Forestière. On
observe également des disparités au niveau des régions administratives avec une forte
proportion dans la région de Faranah (14,7%), suivie de la région de Kankan (14,4%) puis la
2
Boké, Kankan, Kindia, Labé, Mamou, N’Zérékoré et la ville de Conakry, qui constitue une zone spéciale.
Lorsqu’on parle d’école ici, on fait référence à l’école française car bien avant celle-ci
et même jusqu’à nos jours, il existe l’école coranique. L’histoire de l’école guinéenne
remonte depuis la période coloniale et s’articule principalement autour de quatre périodes.
3
Cette section est le résumé d’une publication tirée sur le site https://histoire-education,revues,org/2278
4
Il s’agit de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry et L’Université Julius Nyéréré de Kankan.
a) Relever le taux brut de scolarisation dans le cycle primaire de 28% en 1990 à 53% en
2000 ;
b) Accroître l’efficacité interne ;
c) Utiliser de manière plus efficace les enseignants en augmentant le rapport
élèves/enseignants de 39/1 à 42/1.
La dernière période part de 2007 jusqu’à nos jours, l’année à laquelle le pays a adopté
le système LMD (Licence, Master, Doctorat). En effet depuis 2007, le système a connu des
reformes dont certaines ont aboutis à la suppression de certains examens : la suppression du
Baccalauréat première partie (BAC1) qui s’effectuait en classe de seconde et les concours
d’orientation à l’université après l’obtention du baccalauréat 2ème partie (BAC2) qui
s’effectuait en classe de terminal. Désormais le baccalauréat unique permet d’avoir accès à
l’université.
Dans cette section, est présenté avec un accent sur la population scolarisable,
l’évolution, la réparation spatiale, par âge et par sexe de la population guinéenne de 1983
jusqu’en 2014 dans un premier temps et, dans un second temps, est présentée l’évolution de
la population scolaire.
Selon les groupes d’âge 0-14 ans, 15-64 ans et 65 ans et plus, nous avons
respectivement 44,9%, 51,3% et 3,8%. La population guinéenne est relativement très jeune :
elle a en moyenne un âge de 21,8 ans ; la moitié de la population est âgée de moins de 16,3
ans et plus de la moitié (51,04%) est âgée de moins de 18 ans.
Dans la population scolarisable, celle du primaire est passée de 1286 490 enfants en
1999 à 1816383 en 2014 soit un accroissement annuel de 2,75%. Concernant la fréquentation
scolaire, l’effectif des élèves a également évolué. Elle est passée de 1 045 659 à 1 759 550
enfants, soit une augmentation de 68% sur la même période. La forte croissance de la
population scolarisable ainsi constatée nécessite d’importants efforts en matière
d’investissement pour accroître l’offre d’éducation. Elle constitue également l’un des facteurs
qui minimisent la portée des interventions (dans l’éducation et la santé) pour la réduction de
la pauvreté et le développement humain (RGPH, 2014). L’effectif de la population de 6-14
ans en 2014 était de 2555833 soit 24,33% de population au niveau national.
La majorité des groupes ethniques du pays sont inégalement répartis entre ces cultures
étrangères. La culture arabo-musulmane caractérisée par l’islam, est majoritairement
pratiquée par les Malinkés, les Peulhs et les Soussous. Par contre, la religion occidentale
caractérisée par le christianisme est pratiquée majoritairement de son côté par les Kissis, les
Tomas et les Guerzés. Il convient de souligner que ces distinctions entre ethnies selon les
religions ne sont pas strictes car il est évident de trouver dans chaque groupe ethnique dont la
majorité est musulmane, une certaine proportion (minimum quand soit) qui pratique le
christianisme et vice-versa. Les ethnies Coniagui et Bassari vivant à cheval entre la Guinée,
la Guinée–Bissau et le Mali quant à elles ont jusque-là préféré conserver leurs pratiques
traditionnelles. En plus de ces derniers, nous pouvons également observer une certaine
proportion non négligeable dans chaque groupe ethnique et très variable d’ailleurs entre
groupes ethniques, des individus qui pratiquent la religion traditionnelle ou qui sont sans
religion.
Par ailleurs, l’une des causes des changements culturels en Guinée est due au
phénomène d’urbanisation qui s’accompagne de l’ouverture de la population au reste du
monde. Cette situation pousse parfois la population à abandonner la plupart de ces pratiques
culturelles au détriment des cultures étrangères généralement diffusées par les médias.
Dans le contexte guinéen, les populations (surtout celles des zones rurales) ont parfois
tendance à se reproduire socialement vis-à-vis de leurs activités professionnelles. En effet, il
est vrai que la propagation et les mécanismes de la scolarisation universelle poussent de nos
jours les parents à envoyer leurs enfants à l’école, et à les soutenir progressivement. Mais à
côté de cette fréquentation scolaire, les enfants doivent également apprendre à exercer les
activités quotidiennes (agriculture, élevage, etc.) que pratiquent leurs parents. Par exemple,
les planteurs dès un certain âge de leurs enfants, vont leur donner des portions de terrain pour
propriété, dans le but de les faire des champs de plantation. Pour les éleveurs, cela se traduit
par la mise à disposition à leurs enfants un certain nombre de bétails qui devront commencer
eux-mêmes à élever de manière autonome. Toutes ces activités s’exercent pendant que les
enfants fréquentent encore, et généralement ce qui se passe par la suite est que, de plus en
plus les enfants deviennent plus performants dans l’agriculture ou l’élevage plutôt qu’à
l’école. Ce qui les confronte soit aux redoublements répétés, soit à l’abandon total de l’école.
En 2013, le revenu par tête de la Guinée ne culmine seulement qu’à 440 dollars
US/tête/ ans (BAD, 2013). Sur le plan de développement humain, le pays a aussi un faible
indice de développement humain (IDH). D’après les classements du PNUD, son IDH est de
0,392 en 2014, ce qui le place au 179ème rang sur 187 pays alors qu’elle était 178ème en 2011
pour le même nombre de pays. Cette pauvreté pourrait être l’une des conséquences de
l’analphabétisme de la population qui, lui aussi est conséquence de la non scolarisation et des
abandons scolaires précoces dont souffre une bonne partie de la population.
5
Entre 2002 et 2007 la croissance du PIB/tête est de - 0,6%
4
3,69
3,5 3,54
3,22
pourcentage dans le PIB
3,21
3 3,07
L’enseignement secondaire général (collège et lycée) : il est assuré dans les collèges
et lycées. La durée totale des études est de sept ans répartis en deux cycles d’études. Le
premier cycle ou collège couvre les quatre premières années (classes de 7ème, 8ème, 9ème et
10ème année) et le second cycle ou lycée s’étend sur les trois dernières années (classes de
11ème année, 12ème année et la Terminale). La fin des études du premier cycle est
sanctionnée par le Brevet d’Études du Premier Cycle (BEPC) alors que celle des études du
second cycle est sanctionnée par le Baccalauréat unique, diplôme permettant d’accéder à
l’enseignement supérieur. Il a pour vocation de former les agents de niveau moyen.
24 6 4
5 Universités 3 ETP
23 3
22 4 Instituts BTS, DUT
21 3 2 Supérieurs 2
1 Type B
20 2 1
19 1
18 7 2
S e c o n d a i re
11 6
10 5 Autorités de Tutelle :
9 4 Écoles Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche
8 3 Primaires
7 2 Scientifique
6 1 Ministère de l’Enseignement Technique, de la formation
professionnelle, de l’Emploi et du Travail
Ministère de l’Enseignement Pré-Universitaire et de l’Alphabétisation
5 3 Préscolaire
4 2 Ministre de l’Action Sociale de la Promotion Féminine et de l'Enfance
3 1
Cette section dédiée à l’offre d’éducation en Guinée s’articule autour des éléments ci-
après : l’évolution récente de l’offre d’éducation, les types d’offres d’éducation et équité dans
sa répartition entre les milieux et régions de résidence.
De 2008 à 2012, le nombre d’écoles primaires est passé globalement de 7 391 à 8 313
soit un Taux d’Accroissement Moyen Annuel (TAMA) de 3,0% (MEPUA, 2012). Entre 2011
et 2016, ce nombre n’a pas cessé d’augmenter en passant de 8 024 à 9 559, soit un TAMA de
2,96%. Pour cette période, le nombre de salles de classe est passé de 34 791 à 41 199, soit un
TAMA de 2,86% (MEPUA, 2016).
Malgré cet accroissement sans cesse de l’offre scolaire en termes d’école et de salles
de classe, le rapport de l’offre publique d’éducation à la demande potentielle montre
l’insuffisance de l’offre au niveau national. Au primaire, nous avons 1 école pour 328 enfants
scolarisables et au secondaire 1 collège pour 2 146 enfants scolarisables et 1 lycée pour 7 269
enfants en âge de fréquenter ce cycle. Des disparités entre les régions administratives
existent. Concernant le niveau primaire, les régions de Faranah et de Labé sont les mieux
loties avec respectivement 1/213 et 1/217 écoles par enfants scolarisables et par contre la
L’offre éducative au primaire est caractérisée par une forte présence d’écoles à cycle
incomplet. En 2012, au niveau national, 67% des écoles sont à cycle incomplet. Selon les
régions administratives, la situation est plus accentuée au niveau des régions de Labé,
Mamou, Faranah et Kankan avec 86,5%, 84,1%, 81,2% et 79,3% d’écoles à cycle incomplet
respectivement. Seul le cas de la région de Conakry (11,4% d’écoles à cycle incomplet) peut
au moins être apprécié, sinon partout ailleurs nous sommes au-delà des 65% de présence
d’écoles à cycle incomplet. Cette situation ne favorise pas la continuité éducative et pourrait
être à l’origine de nombreux cas d’abandon (MEPUA, 2012).
Le problème d’eau se pose avec acuité dans la grande majorité des écoles primaires
publiques. Dans le rapport des statistiques scolaires de 2015/2016, il ressort qu’en moyenne,
sur le plan national 76% des écoles publiques ne disposent pas de points d’eau. Un énorme
écart s’observe entre la zone urbaine (64%) et la zone rurale (78%).
Pour avoir une idée sur le coût unitaire de l’élève du primaire, on va se servir de
l’analyse faite dans le rapport des statistiques scolaires 2011/2012. Pour ce faire, les analystes
ont considéré les dépenses courantes du primaire et les effectifs pour les quatre dernières
années. Pour chaque année, il a été divisé les dépenses par le nombre d’élèves. Ainsi, le coût
unitaire moyen d’un élève du primaire est de 242 000 FGNF en 2008, 228 000 FGNF en
2009, 296 000 FGNF en 2010 et 255 000 en 2011. En 2011, le coût global dû aux
redoublements, en milliers de GNF, est de 57 935 490 soit 14,8% des dépenses courantes du
primaire alors qu’il était de 51 539 950 en 2008 soit 15,6% des dépenses courantes. Le coût
des abandons quant à lui est passé, en milliers de GNF, de 37 654 474 soit 11,4% des
dépenses courantes du primaire en 2008 à 46 078 755 en 2011 soit 11,7% des dépenses. Pour
calculer le coût global cumulé, ils ont fait la moyenne des coûts des quatre dernières années.
Ce qui leur a donné un coût unitaire moyen de 255 000 GNF. Il a été supposé que le coût
unitaire est constant pour tous les niveaux d’étude.
En 2011, les abandons qui ont lieu entre la classe de CP1 et celle du CM2 ont un coût
global cumulé, en milliers de GNF, de 31 717 045. Quand on sait que tous les enfants qui
quittent l’école à ce niveau retombent dans l’illettrisme pur et simple, ce montant représente
donc un gaspillage des finances publiques et donc un exemple type du désinvestissement
social. (MEPU-A, 2012).
La famille est définie comme une entité démographique dont les membres sont très
généralement liés par les liens de sang, d’adoption ou de mariage et vivant ou pas sous le
même toit ou en proximité (RGPH, 2014). Cette entité, d’origine socioculturelle et historique,
connaît de nos jours une mutation due à la croissance démographique conduisant souvent à
son éclatement en des entités de taille plus réduites appelées « ménage ».
Culturellement en Guinée, la famille est constituée autour des liens de sang,
d’adoption, de confiage et surtout autour d’un « noyau familial » déterminé par le mariage.
Chaque individu d’une famille est animé d’un souci, celui de fonder un foyer, avoir un toit.
Ce souci ancestral est encouragé par les ascendants qui se placent au premier plan pour
préparer le mariage de leur enfant (Garçon/fille). La société guinéenne confère à l’homme la
responsabilité de la gestion de la famille, du ménage. Il est difficilement admissible que la
femme soit chef de famille ou ménage mais, de manière circonstancielle, cet état de fait est
Antérieurement, des études fondées sur différents paradigmes ont été réalisées et
suggèrent que l’explication de l’abandon scolaire des élèves dépend de deux groupes de
facteurs : les facteurs de l’offre d’éducation et les facteurs de la demande d’éducation.
L'abandon scolaire des milliers de jeunes a une signification profonde et complexe, et
comporte certainement des messages qu'il importe de comprendre et de décoder (B.
SAWADOGO et B. SOURA, 2002). En effet, l’abandon scolaire est un long processus
cumulatif et hiérarchisé qui s’explique à partir des facteurs personnels mais aussi familiaux et
scolaires6 (FORTIN & al, 2005). Ce chapitre est composé de deux sections : la revue de la
littérature et le cadre conceptuel.
Dans ce chapitre, nous allons d’abord passer en revue des approches théoriques
développés antérieurement par bon nombre de théoriciens pour comprendre les différences en
matière de réussite scolaire, et enfin seront présentés les différents facteurs associés à
l’abandon scolaire des enfants relevés à partir des études empiriques antérieures.
6
Les facteurs personnels et familiaux relèvent de la demande scolaire alors que les facteurs scolaires sont de
l’offre scolaire.
La réussite scolaire des enfants des classes dominantes ne s'explique pas par leur
talent (leur don) mais par leur héritage culturel ainsi que le fonctionnement de l’école. C’est-
à-dire que chaque participant au jeu social dispose de ressources assimilables à des capitaux,
largement léguées par les parents (Bourdieu et Passeron, 1984).
PARENTS ========================================== > ENFANT
CAPITAUX (culturel, économique, social)
Le capital culturel peut être les connaissances, dont la maîtrise de la langue, l’amour
de l’Art. Le capital économique quant à elle renvoie aux ressources matérielles, la
Nous avons retenu dans cette approche deux principaux groupes de théories à savoir
les théories de la motivation présentées sous quatre principales dimensions et les théories de
l’apprentissage dont trois seulement ont été retenues et présentées dans ce travail. Elles
s’appuient sur des concepts tels que la cognition, le comportement, la motivation, l’attitude,
l’aptitude, etc. Ces théories expliquent et permettent de comprendre les changements plus ou
moins néfastes dans un processus d’apprentissage.
Depuis les années soixante, les études portant sur la motivation se sont multipliées,
Lewin fut l'un des premiers chercheurs à traiter le sujet avec une certaine rigueur scientifique.
Les théories de la motivation sont fondées sur deux hypothèses fondamentales que
sont :
Du point de vue évolution, le contenu des motivations a connu des changements dans
l’histoire. Par exemple dans l'Antiquité, le travail était réservé aux esclaves et le "non-travail"
aux hommes libres, riches ou non. A partir du Xème siècle, le travail a pris une valeur
salvatrice. Mais ce n’est qu’au XXème siècle, dans les années trente, que le terme motivation
est apparu.
La dimension chaud-froid
La dimension extrinsèque-intrinsèque
Dans cette dimension, la motivation extrinsèque suppose que toute conduite vise à
respecter un ordre établi à l’extérieur de soi. Elle se substitue à la locution je dois le faire. En
d’autres termes, cela signifie que plus on conditionne, plus on renforce la motivation. Ainsi
dit, l’impulsion de départ de la conduite vient de l’extérieur de soi, d’une obéissance au désir,
à la perception d’un autre.
La dimension général-spécifique
Le général ici substitue la vie à la motivation et suppose qu’il n’y a qu’un seul but en
motivation : vivre. Le seul grand réservoir de la motivation n’est donc rien d’autre que celui
de la vie. La motivation spécifique quant à elle prône que la force de la motivation dépend de
la force du besoin vécu dans l’instant et que les besoins varient selon les situations vécues.
Quant aux buts spécifiques, plusieurs apparaissent dans la vie des individus selon la
maturation et l’expérience de chacun (CHARBONNEAU, 2003).
La conception « inné » de cette dimension souligne que la plupart des buts poursuivis
sont issus de la nature humaine même, plus on laisse émerger les besoins personnels, plus la
force de la motivation sera grande. La recherche de l’actualisation de chacun est à l’origine
de la plupart des comportements. En ce qui concerne la deuxième conception « acquis » de
cette dimension, elle postule que les gens poursuivent la plupart du temps les buts qu’on leurs
a appris à poursuivre. La force de la motivation est en étroite relation avec la présence de
stimuli significatifs dans l’environnement immédiat de la personne (CHARBONNEAU,
2003). C’est d’ailleurs cette idée qui considère l’environnement physique et social comme
déterminant de la plupart des conduites humaines.
Ce sont des théories qui se sont développées en vue de comprendre les différences de
niveau d’adaptation généralement observées dans un groupe d’apprenants tout en se basant
sur les comportements de ces derniers. Elles ont en commun une certaine idiologie : le
fonctionnement psychique repose sur un mécanisme essentiel, la réaction à des stimulations ;
les comportements nouveaux reposent sur la répétition des expériences de stimulation, on
parle alors de théorie du conditionnement (ou de l'apprentissage) ; et enfin, les observations
comme les seuls stimuli et les réactions comportementales, principe du Behaviorisme. Parmi
ces théories nous avons principalement retenu le behaviorisme, le cognitivisme et le
constructivisme. Il est à reconnaître avec conscience qu’il n’y a pas que ces trois modèles, il
en existence plusieurs autres modèles, mais nous pensons que ces trois-là sont parmi les plus
significatifs à l'heure actuelle et qu’ils sont censés nous renseigner convenablement au regard
de notre phénomène.
Le behaviorisme
Pour le béhaviorisme, on ne peut pas aller voir ce qui se passe dans la tête d’un
apprenant. Raison pour laquelle, celle-ci est considérée comme une « boîte noire » dont la
connaissance n'est pas nécessaire à la compréhension de ce qui est déterminant dans
l'apprentissage. Ce qui est important, ce sont les conditions dans lesquelles s'effectue un
apprentissage. C’est pourquoi, pour les behavioristes, comprendre le problème se ramène à
connaître les facteurs de l'environnement qui influencent significativement cet apprentissage,
des indicateurs essentiellement comportementaux, donc observables (APSMS, 1997). Le
schéma béhavioriste simplifié de l'apprentissage est le suivant :
Dans une perspective behavioriste, l’enseignant a des rôles à jouer. Il doit pouvoir
maintenir, développer ou faire disparaître certains comportements à l'aide de renforcements
adéquats (récompenses, félicitation, etc.) ; l’enseignant doit déterminer des objectifs
d'apprentissage très précis qui correspondent à des comportements observables chez les
élèves. Il doit organiser et sérier les objectifs qu’il se propose d'atteindre. Une fois les
objectifs précisés, l'enseignant doit observer les comportements des élèves et renforcer
systématiquement et immédiatement les comportements qu’il veut maintenir ou développer et
ignorer les comportements qu’il veut voir disparaître. Enfin, l'enseignant doit élaborer des
techniques de renforcement des comportements des élèves (TARDIF et BIHAN).
Nombreux sont des auteurs (notamment J. TARDIF, 1992) qui se sont intéressés au
traitement de l’information par le cerveau et en déduits des implications directes pour
l’apprentissage. TARDIF a présenté à cet effet, un modèle d’apprentissage fondé sur
l’importance de l’appropriation graduelle et effective des stratégies cognitives. Son modèle
admet un certain nombre de principes de base d’apprentissage que sont :
Le constructivisme
La théorie du capital humain fut initialement développée par Gary Becker en 1964 et
largement diffusé par la publication de son ouvrage majeur intitulé « Human capital ». Dans
cet ouvrage une analyse économique des différences en matière de poursuite scolaire a été
faite et largement diffusée. Le modèle théorique étant la demande d’éducation.
Pour Patrick GUILLAUMONT cité par SHOUAME (2018), le capital humain est « le
capital incorporé dans l’homme, disons encore l’ensemble des biens qui, incorporés dans
l’homme permet d’accroître la productivité du travail humain : il s’agit en fait de l’éducation
Dans ce cas une longue étude permet donc d’augmenter la productivité des individus
et de générer un flux de bénéfices valorisable à la fois sur le marché du travail et dans la
production. Les moins diplômés ont en revanche plus de difficultés à s’insérer en raison
d’une plus faible capacité productive. En outre, ces derniers ont également une plus forte
substituabilité du capital ce qui les rend plus vulnérables sur le marché du travail
(FLAYOLS, 2015).
L’éducation étant supposée comme investissement, il est normal de penser que chaque
individu va chercher à optimiser le rendement de son investissement éducatif ou plutôt à
continuer ces études tant que le taux de rendement sera supérieur à celui des investissements
alternatifs. Le modèle de la demande d’éducation part donc de la comparaison entre le coût
des études et le supplément de gains anticipés. En distinguant trois périodes à savoir :
La vie active (𝑡0−𝑡k ou 𝑡1−𝑡k). Pour simplifier, nous supposons que l’âge de fin de la
vie active (noté tk) est le même pour tous.
Un individu n’ayant pas poursuivi ses études au-delà de la scolarité obligatoire perçoit
un salaire w0f(t) où w0 résultant du diplôme initial et f(t) traduit l’effet de l’expérience
professionnelle pendant la vie active. A contrario, un individu effectuant un investissement en
capital humain percevra 𝑤1(𝑡) où 𝑤1>𝑤0 et pourra envisager une courbe d’expérience
professionnelle différente (𝑔(𝑡)). Afin d’assurer sa formation ce dernier subira des coûts
directs (𝐶𝐷) et des coûts d’opportunité (𝐶𝐼) liés au renoncement du salaire qu’il aurait perçu
s’il était entré sur le marché du travail directement après la période de scolarité obligatoire.
Nous pouvons alors calculer les bénéfices B(𝑡) retirés d’un investissement en capital humain :
𝑡𝑘
(𝑤1 𝑔(𝑡) − 𝑤0 𝑓(𝑡))
𝐵(𝑡) = ∑
(1 + 𝑟)𝑡
𝑡=𝑡1
𝒕𝒌 𝒕𝒌
(𝑪𝑫 (𝒕) − 𝑪𝟏 (𝒕)) (𝑪𝑫 (𝒕) + 𝒘𝟎 𝒇(𝒕))
𝒄(𝒕) = ∑ 𝒕
= ∑
(𝟏 + 𝒓) (𝟏 + 𝒓)𝒕
𝒕=𝒕𝟎 𝒕=𝒕𝟎
S’il est vrai que l’absence d’instruction est un handicap pour la productivité, il reste
difficile de fixer le seuil minimum à partir duquel l’employé est le plus productif. Il est quasi
impossible de déterminer quelle instruction supplémentaire provoque quelle productivité
La plupart des travaux sur le décrochage (abandon) scolaire convergent sur le fait que
ce phénomène est multidimensionnel, et que ses origines sont multiples et peuvent être
appréhendées par des cadres théoriques de différentes disciplines (ROBERTSON et
COLLERETTE, 2005). Si les études en psychologie mettent surtout l’accent sur les
dimensions intrapsychiques, comportementales et socio-interactionnelles, des facteurs
structurants des institutions ou encore du rapport entre les classes sociales, et que les
sociologues et des historiens s’intéressent également en examinant la problématique sous
l’angle de la construction sociale du phénomène, les chercheurs en éducation se penchent
Dans cette dernière approche soutenue par les chercheurs en science d’éducation, il
est supposé que l’abandon scolaire ou les inégalités en matière de réussite scolaire, relèvent
essentiellement des méthodes pédagogiques ainsi que l’environnement éducatif.
ROBERTSON et COLLERETTE (2005) relèvent un certain nombre de facteurs de
l’environnement scolaire qui influencent l’abandon scolaire à partir des études empiriques.
En effet, d’après eux, plusieurs auteurs ont démontré l’influence de l’école sur l’expérience
scolaire des adolescents, par ses structures, son organisation du curriculum et son climat. Ils
continuent en soulignant que « peu d’études ont démontré un lien explicite entre
l’environnement scolaire et le décrochage ; néanmoins, les liens observés entre l’absentéisme
et le décrochage (Bos et al., 1990), de même que les résultats d’études concernant l’influence
de l’environnement scolaire sur la réussite (Janosz et al., 1998) suggèrent que l’école, en
tant que milieu de vie, reste l’un des principaux déterminants de la persévérance scolaire ».
FISCHER Lorenzo (2004) dans une recherche sur l’abandon scolaire en Italie,
suppose que « Si la baisse de la dispersion scolaire constatée ces dernières années dans le
deuxième cycle du secondaire atteste d’une demande d’instruction accrue dans la société
italienne, elle pourrait en partie aussi masquer les efforts déployés par les chefs
d’établissement et les enseignants pour éviter les fermetures de classes et les fusions
d’instituts que la baisse de la démographie serait susceptible d’entraîner ». De cette
hypothèse, il affirme que si cette dernière hypothèse se révélait fondée, « les indicateurs
formels du pourcentage accru de réussite scolaire ne correspondraient pas, dans les mêmes
proportions, à de réels progrès qualitatifs de l’offre éducative, ni à une formation capable de
Les théories susmentionnées ont été vérifiées à partir des données d’enquêtes ou de
recensements dans plusieurs études antérieures.
Dans cette section, on va présenter la synthèse des résultats auxquels ils sont parvenus
en mettant en relation les indicateurs de tel ou tel concept avec le phénomène étudié ici.
Sexe de l’enfant
Contrairement aux observations faites dans la plupart des pays développés, la réussite
scolaire des enfants dans les pays en développement en particulier ceux d’Afrique
subsaharienne, est plus favorable aux enfants de sexe masculin. En effet, les filles sont
généralement les plus vulnérables en matière de fréquentation scolaire en Afrique : elles sont
non seulement faiblement inscrites en termes d’effectif mais aussi, si elles fréquentent, elles
sont encore les plus touchées par l’abandon scolaire précoce.
Anne LESSARD (2004) a de son côté, fait ressortir dans sa thèse « Genre et abandon
scolaire », les différences des raisons d’abandon scolaire entre filles et garçon. Elle est
arrivée à conclure qu’outre le travail qui consistait la raison la plus fréquemment citée chez
les filles (44%) et les garçons (75%), les filles abandonnait en raison de problèmes
personnels et familiaux, tandis que les garçons abandonnaient pour des raisons scolaires. Les
résultats de ces analyses qualitatives indiquent que le processus d’abandon n’est pas vécu de
la même façon par les filles et garçons. L’abandon scolaire est souvent précipité par un cumul
de raisons et de facteurs de risque (LESSARD, 2004).
Selon AKOUE (2007), la controverse demeure quant aux écarts de réussite scolaire
entre les filles et les garçons. D’un côté dans le contexte des pays industrialisés, les études
montrent que, dans l'ensemble, à tous les échelons du cursus scolaire, les filles obtiennent de
meilleurs résultats comparativement aux garçons. De l’autre côté, dans les pays en voie de
développent (notamment ceux d’Afrique Subsaharienne) les recherches menées rapportent
que les garçons ont de meilleurs résultats scolaires. Même s'il existe des inégalités de
résultats scolaires entre les genres au niveau des matières un fait demeure, les garçons
réussissent mieux à l'école que les filles dans les pays en développement. Dans la même
perspective, une étude réalisée par la Banque mondiale affirme qu’en Afrique, même si le
taux de scolarisation des filles a doublé depuis 1965, 15 % de celles-ci ne poursuivent pas
leurs études secondaires (AKOUE, 2007).
D’après Marc PILON (2005), la circulation des enfants au sein de la parenté constitue
un des traits traditionnels des systèmes familiaux africains. La littérature confirme que la
pratique du confiage des enfants, dont ceux d’âge scolaire, continue d’être répandue en
Afrique de l’Ouest. Ces études montrent par ailleurs le caractère ambivalent du confiage des
enfants en relation avec la scolarisation : d’un les enfants sont confiés pour être scolarisés et ;
de deux, les enfants (particulièrement les filles) sont confiés avant tout pour travailler
(PILON, 2005).
Les quelques études qui se sont intéressées à la relation entre confiage et fréquentation
scolaire des enfants en Afrique corroborent que, dans un même ménage, les enfants du chef
Le lien de parenté est l’une des variables les plus utilisées dans le contexte africain
pour expliquer des différences en matière de réussite scolaire ou au contraire l’abandon
scolaire. Il ressort dans la plupart des études que les enfants d’un chef de ménage sont mieux
scolarisés (et mieux suivis) que les autres enfants confiés vivant dans le ménage (KOBIANE,
1999 ; Pilon, 2003, Pilon, 2005).
La famille, milieu extrascolaire des enfants, n’est pas neutre dans l’explication de
l’abandon scolaire, voir les différences en termes de réussite scolaire des enfants. Au
contraire, elle participe activement. Les familles ont la responsabilité d’accompagner et de
soutenir l’éducation des enfants. Ainsi, des variables telles que la structure familiale, le statut
matrimonial du chef de famille ou de ménage, la structure par âge et par sexe du ménage et la
Taille du ménage
Du point de vue théorique, les études s’intéressant entre la taille du ménage (ou de la
famille) et la réussite scolaire des enfants s’inscrivent généralement dans le courant des
théories économiques. L’enfant étant considéré comme un bien économique dont l’utilité
dépend de ses avantages et coûts perçus par les parents, sa scolarisation résultera d’un calcul
purement économique de type coûts-bénéfices. Cette situation fera que dans les ménages de
grande taille (avec notamment des enfants en bas âge), s’exerce une ponction importante sur
les ressources financières du ménage, et limite par conséquent les capacités de celui-ci à
investir dans la scolarisation des enfants (KOBIANE, 2002).
Les ménages en Afrique subsaharienne sont généralement dirigés par les hommes qui sont
en même temps les principaux pourvoyeurs de l’économie du ménage. Les ménages dirigés par
les femmes sont donc susceptibles d’être pauvres du fait même que ces dernières deviennent dans
la plupart des cas chef de ménage que dans des circonstances particulières (décès du conjoint,
déplacement du conjoint, divorce, etc.). Plusieurs études ont montré l’existence de lien entre le
sexe du chef de ménage et la scolarisation des enfants du ménage. Mais, contrairement à ce
qu’on pourrait s’attendre, pour la plupart d’entre elles, il ressort que c’est dans les ménages
dirigés par les femmes que les enfants sont plus scolarisés et mieux encadrer dans la
perspective de la poursuite scolaire. Parmi ces études nous pouvons citer : NGANAVARA
(2016) et WAKAM (2001) dans le contexte Camerounais ; CLEVENOT et PILON (1996) dans
une étude portant sur sept pays d’Afrique subsaharienne (Ghana, Kenya, Madagascar, Malawi,
Rwanda, Sénégal, Zambie), M. Pilon dans le cas du Togo.
Le type d'école
La performance scolaire des élèves est l’un des indicateurs de la qualité dans le
fonctionnement du système scolaire. Elle est fonction du taux de réussite scolaire qui, à son
tour, sert d’indicateurs et détermine généralement le choix des parents d'inscrire leurs enfants
Taille de la classe
Religion
Le concept ethnie vient du grec « ethnos » qui signifie ensemble des peuples qui
n’étaient pas organisés en cités (polis) et des groupes d’êtres vivants (humains ou animaux)
qui vivaient ensemble. Ce vocable fut introduit pour la première fois en sciences sociales à la
fin du XIXème siècle par G. Vacher de LAPOUGE.
Le cas des Lobi du Sud-ouest du Burkina Faso correspond à un refus, dans la mesure
où ceux-ci sont connus pour s’être farouchement opposés à la colonisation et jusqu’à nos
jours, ils manifestent une certaine méfiance face à tout ce qui provient de l’administration
DIALLO M. B et all (2009). PERE M. (1995 cité par KOBIANE J. F, 2002) rappelle de son
côté que cette résistance des Lobi à la colonisation a été telle que les responsables de
l’époque avaient fait le serment sacré « qu’aucun de leurs enfants ne suivra, de quelque
manière que ce soit, et sous peine de malédiction et de mort, la « voie des Blancs », la «
mauvaise voie des étrangers », dont l’école était par excellence l’empreinte ».
Milieu de résidence
L’une des raisons les plus apparentes de l’abandon scolaire dans la littérature est la
distance qui sépare l’école des résidences des enfants l’ampleur est due au manque d'écoles
dans des villages. On ne trouve que les écoles à cycle complet dans les grandes villes où la
densité de la population est forte. Ce n’est que très récemment que certains gros villages ou
districts ont été dotés d’écoles à cycle incomplet allant de la première année en sixième
années et accueillant parfois les enfants des villages environnants (DIALLO, 2001 ; AKOUE,
2007). Cette disparité favorise les enfants vivant en milieu urbain par rapport aux enfants
vivant en milieu rural en matière de poursuite scolaire.
Tous les travaux liés à l’éducation scolaire, s’accordent jusque-là sur l’effet positif du
niveau d’instruction du chef de ménage sur l’éducation scolaire des enfants. En suivant la
perspective de Bourdieu et Passeron, c’est-à-dire l’idée selon laquelle les hommes sont par
nature à même de se reproduire socialement d’une génération à une autre, nous pouvons
confirmer à première vue que dans un ménage, plus le niveau d’instruction du chef de
ménage est élevé plus la probabilité de poursuivre est grande pour l’enfant vivant dans le
ménage.
Premièrement, les enfants ont souvent tendance de suivre les pas de leurs parents, à
les prendre pour modèle de référence. Ce qui fait que, dans les ménages où le chef de ménage
a beaucoup fréquenté, les enfants une fois scolarisés auront en idée d’atteindre un niveau
considérable, plus ou égal à celui du chef de ménage ;
D’un côté malgré la gratuité de l’école primaire ces dernières années, certaines
dépenses scolaires incombent encore aux familles. Les frais de transport, l’achat des
fournitures scolaires (tenues, cahiers, stylos, etc…) sont bien des dépenses courantes que
doivent assurer les parents d’élèves. De l’autre côté, en s’appuyant sur l’analyse économique
de l’abandon scolaire selon Becker, où l’éducation est considérée comme investissement, il
est claire que cela demande des dépenses financières. D’après une étude menée par KHALID
GUEDDARI (2015) en milieu rural du Maroc, les participants dénoncent trois types de
soutien familial (notamment financier, intellectuel et affectif) qui conduiraient les enfants à
abandonner l’école. Les variables souvent utilisées dans les analyses pour capter la position
socioéconomique des ménages sont le niveau de vie du ménage, le statut professionnel du
chef de ménage et bien d’autres (notamment le statut d’occupation, le type d’emplois, le
revenu du ménage, etc…).
AKOUÉ (2007) dans sa thèse « le redoublement des filles dans les classes de 3e des
écoles secondaires de Libreville au Gabon » constate que le statut socioéconomique des
parents et leur niveau d'instruction sont favorables à la réussite scolaire des leurs filles. De
même, dans une étude enquête réalisée par Fleuret et al. (1992) en Ouganda sur 237 cas
d’abandon scolaire, la raison fondamentale de la non scolarisation des filles reste le manque
de moyens financiers.
Nous avons souvent constaté dans nos sociétés une distinction entre les pauvres et les riches.
Et cette classification a souvent servi de facteur de différenciation en matière d’éducation.
Nous pouvons à titre d’exemples citer les œuvres de Raymond Boudon (1973) « l’inégalité
des chances », de Pierre Bourdieu et Person (1964) « les héritiers » et « la reproduction
sociale » de Bourdieu (1970). Ces travaux ont pris naissance de l’observation faite entre les
fils des cadres et les fils des domestiques en matière de réussite scolaire.
D’après les résultats de l’étude réalisée par NGANAWARA (2016), il ressort que les
enfants dont le chef de ménage occupe un emploi permanent présentent de forts taux de
fréquentation scolaire.
Après une large connaissance de la littérature sur l’abandon scolaire des enfants, il est
à présent question d’orienter notre étude. Pour ce faire, nous allons d’abord énoncer
l’hypothèse générale de cette étude, laquelle découlera le schéma conceptuel. Puis, suivra
enfin la définition des concepts de l’étude.
L’hypothèse générale de cette étude est la suivante : l’abandon scolaire des enfants est
fonction des caractéristiques individuelles des enfants. Ces caractéristiques individuelles sont
modulées par l'environnement familial et l’environnement scolaire qui, à leurs tours
dépendent des contextes socioéconomique et culturel.
Environnement
Environnement scolaire
familial
Caractéristiques
individuels des enfants
Abandon scolaire
2.2.2.1 Famille
La famille est définie comme une entité démographique dont les membres sont très
généralement liés par les liens de sang, d’adoption ou de mariage et vivant ou pas sous le
même toit ou en proximité (RGPH, 2014). Dans ce travail, la famille est représentée par le
« ménage », entité dont les membres sont liés ou pas par les liens de sang, d’adoption ou de
mariage et résidant sous le même toit au moment du recensement.
C’est le fait pour un enfant d’âge compris entre 6 à 14 ans de cesser de fréquenter
l’école, quelle que soit la raison de cet arrêt. Il est appréhendé dans ce travail par la variable
abandon scolaire.
C’est l’ensemble des caractéristiques liées au milieu de vie (les ménages) des enfants
après l’école. Il s’agit de : type de famille, niveau de vie du ménage, niveau d’instruction du
chef de ménage, statut d’occupation du chef de ménage, sexe du chef de ménage, l’âge du
chef de ménage statut d’alphabétisation et statut matrimonial du chef de ménage.
Environnement scolaire renvoie au milieu lequel étudient les enfants. Il est caractérisé
par l’ensemble des infrastructures scolaires (type d’école, équipements, matériels
didactiques), le personnel enseignants et le contenu de l’enseignement dispensé.
H1. Les ménages non familiaux sont généralement des ménages dans lesquels les enfants en
âge de fréquenter sont des enfants confiés. Nous supposons que le type de ménage dans
lequel vit l’enfant est associé à l’abandon scolaire en Guinée de sorte que l’abandon scolaire
soit plus récurrent dans les ménages non familiaux que dans les ménages familiaux.
H3. Toutes choses égales par ailleurs, l’abandon scolaire des enfants en Guinée est lié au
niveau d’instruction du chef de ménage. Plus le niveau d’instruction du CM est élevé plus le
risque d’abandon scolaire est faible chez l’enfant.
H4. Toutes choses égales par ailleurs. Nous supposons que les enfants vivant en milieu rural
courent plus de risque d’être victime d’abandon scolaire que ceux du milieu urbain quelle que
soit la région naturelle de résidence.
H5. Toutes choses égales par ailleurs, l’abandon scolaire des enfants en Guinée est lié au sexe
du chef de ménage dans lequel vit l’enfant. Le risque d’abandon scolaire est moins élevé dans
les ménages dirigés par les femmes que dans ceux dirigés par les hommes.
H6. Toutes choses égales par ailleurs, la survie des parents biologiques de l’enfant est
associée à l’abandon scolaire des enfants en Guinée. Les enfants orphelins sont plus
susceptibles d’être touchés par l’abandon scolaire que les enfants dont les deux parents sont
en vie.
H7. Nous supposons que le statut matrimonial du chef de ménage est associé à l’abandon
scolaire chez les enfants. Les enfants vivant dans des ménages dont les chefs sont mariés
polygames sont enclins à l’abandon scolaire que les autres quel que soit son statut
d’occupation.
Abandon scolaire
La variable dépendante de cette étude est abandon scolaire. C’est le fait qu’un enfant
âgé de 6 à 14 ans inscrit dans un établissement de l’enseignement général cesse de fréquenter
quel que soit le motif de son arrêt. C’est une variable dichotomique ayant pour modalités :
La variable de contrôle dans cette étude est l’âge de l’enfant. C’est le nombre
d’années révolues qu’à un enfant au moment du recensement. Il est généralement obtenu en
faisant la différence entre l’année de naissance de chaque enfant et l’année du recensement
(2014 pour notre cas). Nous avons regroupé pour les enfants âgés de 6 à 14 ans en trois
catégories : 6 à 8 ans ; 9 à 11 ans et de 12 à 14 ans. Ce regroupe est basé non seulement sur le
critère de la représentativité des modalités, mais aussi il garde la même amplitude pour
chaque classe d’mages.
a) Variables contextuelles
Milieu de résidence
Elle renvoie à un découpage du pays basé sur des critères purement naturels : la
végétation, le climat et le relief. On en distingue quatre région naturelles en Guinée à savoir :
la Basse-Guinée ; la Moyenne Guinée ; la Haute Guinée et la Guinée forestière. Elle est
considérée comme variable de différenciation car à côté des critères naturels, on observe
d’autres disparités telles que l’effectif de la population (même celle scolarisable ou scolarisé),
niveau d’urbanisation notamment en termes d’infrastructures dont scolaires.
Religion de l’enfant
C’est au sexe biologique du chef de ménage que nous faisons référence ici comme
cela a été précédemment dans le cas de la variable sexe de l’enfant. Cette variable à
également deux modalités : sexe masculin et sexe féminin.
C’est le niveau de cycle atteint dans l’enseignement formel par le chef du ménage
dans lequel vit l’enfant. On a regroupé ces différents niveaux en trois modalités dans le cas de
ce travail : sans niveau ou préscolaire, primaire et secondaire ou plus.
C’est le fait que le père biologique ou la mère biologique de l’enfant soit en vie ou pas
au moment du recensement. Cette variable à deux modalités que sont :
Tous en vie : si tous deux parents biologiques de l’enfant sont en vie au moment du
recensement qu’il soit dans le ménage ou pas ;
Un au moins est décédé : si un quelconque au moins des deux parents biologiques de l’enfant
ne vit plus au moment du recensement ou lorsque la survie d’un parent est non déclarée.
C) Variables individuelles
Sexe de l’enfant
C’est au sexe biologique de l’enfant que nous appréhendons ici par cette variable. Il
s’agit bien évidemment d’une variable à deux modalités : sexe masculin et sexe féminin.
Statut d’handicap
D’après l’OMS, la santé est « l’état de complet bien-être physique, mental et social, et
ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité », le statut d’handicap
quant à lui, renvoie à l’« infirmité physique ou mentale, acquise ou de naissance »
(dictionnaire Français, Encarta 2009).
Les données utilisées dans ce travail sont celles du troisième RGPH de la Guinée
réalisé en 2014. Ces données ont été collectées sur la période du 1er mars au 2 avril 2014 sur
toute l’étendue du territoire national auprès des chefs de ménage ou d’autres membres
(conjoint, fils/filles, etc.) capables de fournir l’essentiel de l’information sur tous les membres
du ménage. Les données collectées lors de ce recensement fournissent des informations sur
toute la population, sur leurs caractéristiques démographiques et socioéconomiques ainsi que
sur les conditions de leurs logements au moment du recensement.
Lors de ce recensement, des données ont été également collectées sur l’éducation et
sur les caractéristiques familiales, mais elles ont été analysées séparément sous forme de
rapports d’analyse thématiques. Pour l’éducation, c’est auprès des individus âgés de trois (3)
ans ou plus ans que des informations portant sur l’alphabétisation, la fréquentation scolaire, le
type d’enseignement (enseignement général, technique ou professionnel), la dernière classe
fréquentée et le diplôme obtenu le plus élevé ont été collectées. A ces variables, s’ajoutent
celles des caractéristiques démographiques et socioéconomiques qui nous serviront de
variables explicatives dans les analyses.
C’est la variable « fréquentation scolaire » qui est utilisée dans cette étude comme
variable opérationnelle de l’abandon scolaire. Elle permet de déterminer si, au moment du
dénombrement en 2014, l’individu recensé a fréquenté dans le passé mais ne fréquente plus
ou non8 un établissement d’enseignement général.
Cette étude concerne les enfants âgés de 6 à 14 ans ayant fréquenté dans le passé mais
ne fréquente plus ou qui continuent à fréquenter un établissement d’enseignement général au
8
Ce sont les individus qui continuent à fréquenter au moment du recensement
Les données que nous utilisons présentent un certain nombre de limites parmi
lesquelles nous avons principalement :
Le manque des variables liées à l’offre d’éducation telles que le type d’école
fréquentée par l’élève, la distance entre le l’école fréquentée et le domicile de l’élève,
le rapport enseignant/élèves, le nombre de redoublements et la disponibilité d’école à
cycle complet. Ces dernières sont souvent utilisées comme variables de
différenciation de l’abandon scolaire des élèves tributaires à l’offre d’éducation.
Le type de données ne prend pas en compte le facteur temps puisse qu’il s’agit des
données du moment. L’utilisation des données longitudinales issues des enquêtes à
passages serait plus judicieuse dans cette étude. Puisque certaines de nos variables
(par exemple le statut d’occupation du chef de ménage, son âge, l’âge de l’enfant)
sont très sensibles à la variation du temps. Cela nous amènerait à avoir des résultats
qui s’écarteraient de la réalité si les analyses étaient effectuées à partir des
caractéristiques des enfants et les ménages aux moments mêmes où chaque enfant
décide d’abandonner l’école.
Les données issues du recensement peuvent avoir des erreurs qui sont imputables
notamment aux enquêteurs, aux enquêtés voir même aux agents de saisie des données,
Comme le souligne Dackam (2014 cité par NGANAWARA, 2016) : « Dans les opérations
de collecte telles que celles liées à un recensement général de la population, des erreurs de
natures diverses (erreurs de dénombrement, de contenu et d’exploitation) sont susceptibles
d’entacher la qualité des données, particulièrement dans les pays en développement ». Par
exemple, il peut s’agir d’un refus de répondre à certaines questions, ou bien les agents
enquêteurs peuvent oublier de poser une question. Il est donc nécessaire d’évaluer la qualité
des données et de procéder ensuite à des ajustements si nécessaires. Ainsi, nous allons
examiner le taux de non réponse pour chaque variable du fichier d’analyse. Ensuite un accent
est mis sur l’évaluation de la qualité des données sur l’âge des enfants et des chefs de
ménage.
L’examen du tableau 2.1 montre que les taux de non-réponse des variables retenues
pour l’étude sont inférieurs à 1 %. Par conséquent, nos données sont jugées de bonne qualité
et toutes les variables peuvent être utilisées pour nos analyses.
Taux de
Effectif Effectif
Variables non
valide manquant
réponse
Région Administrative 1449018 0 0.00
Milieu de résidence 1449018 0 0.00
Région naturelle 1449018 0 0.00
Sexe du CM 1449018 0 0.00
Âge du CM 1449018 0 0.00
Statut d'occupation 1448992 26 0.00
Etat matrimonial du CM 1448998 20 0.00
Type de de ménage 1449018 0 0.00
Niveau d'instruction du CM 1448979 39 0.00
Sexe population 1449018 0 0.00
Lien de parenté 1449018 0 0.00
Âge de l'enfant 1449018 0 0.00
Religion 1449018 1 0.00
Survie du père 1441134 7884 0.01
Survie de la mère 1441134 7884 0.01
Fréquentation scolaire 1449018 0 0.00
Raison de d'abandon scolaire 164668 459 0.00
Statut d'handicap de l'enfant 1449008 10 0.00
Quintile de niveau de vie 1449018 0 0.00
Source : Données du RGPH-3, Guinée 2014
L’âge est une variable fondamentale dans l’analyse des phénomènes démographiques.
Dans le cas espèce de cette étude, c’est d’ailleurs cette dernière, en combinaison avec la
variable fréquentation scolaire, qui nous a servi de critère de sélection de la population
d’étude. En effet, l’étude concerne les enfants en âge scolaire obligatoire : les enfants âgés de
6 à 14 ans révolus. Si l’âge est mal déclaré ou mal enregistré, on serait à même de faire des
interprétations erronées sans pour autant se rendre compte. Généralement l’évaluation des
données sur l’âge se fait suivant deux méthodes, toutes complémentaires : la méthode
graphique et la méthode numérique.
Le graphique 3.1 nous donne l’allure de la répartition des enfants selon l’âge au
moment du recensement de 2014. On observe une progression en dents de scie de la courbe
donnant l’évolution de l’effectif des enfants par âge. Cette dernière présente des pics,
notamment à 10 ans et à 11 ans de sorte que pendant que l’effectif de la population de 10 ans
tire la courbe vers le haut, celui de la population de 10 ans la tire vers le bas. Ce constat nous
amène à penser que, malgré les ajustements effectués par les évaluateurs de la qualité des
données de ce recensement, les données concernant l’âge les enfants de 6 à 14 ans, présentent
encore quelques incohérences.
250000
Effectif des enfants
200000
150000
100000
50000
0
6 7 8 9 10 11 12 13 14
Age des enfants
Dans le souci de minimiser les erreurs sur cette variable, nous allons par la suite,
conformément à la recommandation des évaluateurs qui consiste à recourir à un
Graphique 3.2 : Répartition des enfants de 6 à 14 ans scolaire selon les groupes d'âge
522328
500000 468938 457560
400000
Effectif
300000
200000
100000
0
6à8 9 à 11 12 à 14
Groupe d'âges de l'enfant
Le graphique 3.1 nous donne l’allure de la répartition des chefs de ménages selon l’âge au
moment du recensement de 2014. On observe également une progression en dents de scie de
la courbe d’évolution de l’effectif des chefs par âge ainsi que des pics au niveau des âges qui
se terminent par 0 ou 5 notamment à 20 ans, à 25 ans, à 30 ans 35 ans, 45 ans, 50 ans, 55 ans,
65 ans, 70 ans, 75 ans, 80 ans, 85 ans, 90 ans et 95 ans. Par contre on observe pour certains
âges des creux notamment, à 21 ans, à 26 ans, à 31 ans et à 41 ans. Ce constat montre que
l’âge des chefs de ménages n’a pas été bien déclaré. On va cependant utiliser une méthode
analytique pour voir si réellement l’âge des chefs de ménage n’a pas été bien déclaré.
90000
Effectif des chefs de ménage
80000
70000
60000
50000
40000
30000
20000
10000
0
12 15 18 21 24 27 30 33 36 39 42 45 48 51 54 57 60 63 66 69 72 75 78 81 84 87 90 93
Age du chef de ménage
Dans cette méthode, l’indice calculé a une valeur comprise entre 0 et 180. Plus la
valeur trouvée est élevée plus la qualité des données est mauvaise ; et plus elle s’approche de
faible c’est-à-dire proche de 0, plus elle est de bonne qualité. Le procédé de calcul de cet
indice se trouve en annexe. Le tableau 3.2 (en annexe) montre que l’indice de Myers pour les
données de l’âge des chefs de ménage est d’une valeur de 39,9. Cet indice de MYERS obtenu
est élevé, ce qui vient corroborer l’idée d’une mauvaise déclaration des âges des enquêtés.
Vu la mauvaise qualité de l’âge des chefs de ménage, cette variable ne sera plus
utilisée dans les analyses.
L’étude va s’étendre sur tout le territoire national de la Guinée, il s’agit donc d’une
étude nationale. Qu’en ce qui concerne les méthodes d’analyse, nous allons recourir à deux
méthodes : l’analyse descriptive et l’analyse explicative.
9
Manuel de Yaoundé
C’est à ce niveau d’analyse que seront établies les associations entre variables
indépendantes et la variable dépendante. Elle permet de s’assurer au préalable que les
variables explicatives retenues pour l’analyse, ont, chacune pris individuellement,
effectivement un impact sur l’abandon scolaire des enfants. L’examen se fait au moyen du
test de Khi2. Vu que la proportion des abandons scolaires est 11,4%, le seuil de significativité
retenue dans cette étude est de 5%. Ainsi, une association n’est statistiquement significative
dans cette étude que si elle l’est au moins au seuil de 5%.
Cette analyse repose sur la notion de profil et d’inertie entre les modalités des
variables étudiées. On caractérise d’abord les principaux axes factoriels. Ensuite, on utilise le
plan factoriel pour affiner la typologie afin de dégager le profil des enfants ayant abandonné
l’école. L’analyse est faite au moyen du logiciel SPAD 5.5.
Le modèle de régression logistique binomiale, dit modèle logit, est tout à fait adapté à
cette problématique. Outre qu’il permet d’identifier les caractéristiques distinguant les
individus des deux groupes, il mesure aussi l’influence de chacune d’entre elles dans cette
distinction (AFSA, 2016).
Soit la variable Y (abandon scolaire), une variable dichotomique ayant pour modalités
"1" si l’individu ne fréquente plus l’école au moment du recensement mais a fréquenté dans
le passé et "0" si l’individu fréquente actuellement. Considérons l’ensemble des enfants âgés
Notre analyse consiste à estimer la probabilité qu’un enfant âgé de 6 à 14 ans puisse
abandonner l’école, c’est-à-dire P (Y=1) en fonction de plusieurs variables indépendantes, X1,
X2,….,Xn. Au lieu d’utiliser la probabilité elle-même, on peut calculer des « odds » (θ), tels que :
𝑃
𝜃(Y = 1) =
1−𝑃
Pour linéariser θ, on prend son logarithme népérien, Ce qui nous donne
𝑃
𝐿𝑜𝑔(𝜃) = 𝐿𝑜𝑔 ( ) = 𝛽0 + 𝛽1 𝑋1 + 𝛽2 𝑋2 + ⋯ , + 𝛽𝑛 𝑋𝑛
1−𝑃
La procédure « logistic regression » de STATA permet d’estimer les coefficients β0,…, βn. Ces
valeurs permettent ensuite de calculer les valeurs de Z, puis les probabilités de fréquentation
scolaire (P) pour un individu dont les caractéristiques (X1, …, Xn) sont connues. Ce calcul se fait
de la manière suivante :
𝑃 𝑃
𝑍 = 𝛽0 + 𝛽1 𝑋1 + 𝛽2 𝑋2 + ⋯ , + 𝛽𝑛 𝑋𝑛 𝐴𝑣𝑒𝑐 𝑍 = 𝐿𝑜𝑔 (
1−𝑃
) et 𝑒 𝑧 = (1−𝑃)
𝑒𝑧
On obtient finalement p = (1+ 𝑒𝑧
).
La variable à expliquer doit être qualitative et dichotomique, dans notre cas elle prend
la valeur "1" si l’individu ne fréquente plus l’école au moment du recensement mais a
fréquenté dans le passé et "0" si l’individu fréquente actuellement ;
Les variables explicatives doivent être catégorielles et dichotomisées avant leur
introduction dans le modèle. On choisit une modalité pour chaque variable (modalité de
référence, celle qui servira de comparaison) qui ne sera pas introduite dans le modèle mais
servira de référence dans les interprétations des paramètres rattachés aux autres modalités de
la variable considérée.
a) Test de multicolinéarité
0.50
0.25
0.00
c) Spécificité du modèle
Nous allons construire au total treize modèles de régression. Le premier (M0), servira à
mesurer l’effet brut de chacune des variables explicatives sur la variable dépendante. Sur les
douze autres modèles, le dernier (M12), est celui qui est saturé (qui contient toutes les
variables), et c’est lui qui donne l’effet net de chaque variable explicative sur la variable
expliquée. L’effet net est l’effet d’une variable indépendante sur la variable dépendante
mesuré en présence de toutes les autres. Dans ce modèle (M12), toutes les variables
explicatives significativement associées à l’abandon scolaire sont considérées comme
facteurs explicatifs de l’abandon scolaire des enfants en Guinée. Le reste des modèles (de
Dans l’exécution des modèles, la variable de contrôle est introduite en premier lieu.
Celle-ci est suivie par les variables socioéconomiques et culturelles, puis les variables
caractéristiques des chefs de ménage et des ménages et enfin, les variables caractéristiques
des enfants. Cette procédure connue sous le nom de méthode « pas à pas », permet de
dégager à la fois les effets nets de chaque variable explicative et les mécanismes d’action
entre variables explicatives.
Notons aussi que l’utilisation d’une analyse multiniveau pouvait nous permettre de
distinguer les effets des variables individuelles des effets des variables relatives aux ménages
et aux communautés. Les modèles multiniveaux (parfois aussi désignés sous le terme de
modèles hiérarchiques, ou modèles mixtes), ont été développés pour répondre aux problèmes
spécifiques posés par des données structurées selon plusieurs niveaux (deux, trois par
exemple selon les cas), typiquement dans le cas où les individus partagent un environnement
commun qui peut affecter le comportement auquel on s’intéresse (Givord & Guillerm, 2016).
Elle permet alors d’adopter, pour reprendre les affirmations de J. Brailly et E. Lazega (2014),
« une position regardant à la fois l’individu mais aussi le groupe, supposant par la même
d’alterner les deux positionnements méthodologiques polaires, à savoir individualisme et
holisme[…]expliquant un comportement individuel par des caractéristiques de la personne et
des groupes auxquels elle est reliée ».
L’analyse bivariée consiste à l’étude des relations entre l’abandon scolaire et les
variables explicatives. La variable dépendante « abandon scolaire » est appréhendée ici par la
proportion d’abandon scolaire, le rapport du nombre individus ayant fréquenté dans le passé
mais ne fréquentent plus par le nombre d’individus ayant au moins une fois fréquenté et ceux
qui fréquentent actuellement.
Le type de ménage dans lequel vit l’enfant est significativement associé à l’abandon
scolaire des enfants de 6 à 14 ans en Guinée. En effet, on enregistre la plus faible proportion
d’abandon dans les ménages monoparentaux (10,9%), ensuite vient celle des ménages
familiaux (11,3%) puis les ménages non familiaux (12,3%) (Graphique 4.1).
Proportion d'abandon
13,0
15 10,9 11,3
scolaire (%)
10
0
Ménage non Ménage Ménage familial
familial monoparental
Type de ménage
Il ressort du Graphique 4.2 que, quel que soit le milieu de résidence considéré, la
proportion d’abandon scolaire est plus élevée dans les ménages non familiaux. Elle est de
11,4% en milieu urbain contre 14,6% en milieu rural. Par ailleurs, en milieu urbain, il n’y a
pas de différence significative entre ménages monoparentaux et ménages familiaux en terme
d’abandon scolaire : il y respectivement 8,9% et 8,6% d’abandon. Par contre en milieu rural,
la différence entre ces deux types de ménages est significative : il y a 13% et 13,8%
d’abandon respectivement dans les ménages monoparentaux et dans les ménages familiaux.
Graphique4.2 : Proportion(%) d'abandon par type de ménage selon le milieu de résidence selon
14,6
13,8
Proportion d'abandon (%)
15 13,0
11,4
Ménage non
8,9 8,6
10 familial
Ménage
monoparental
5 Ménage familial
0
Urbain Rural
Milieu de résidence
Le tableau A4(en annexe) indique que d’abandon scolaire des enfants est
significativement associée à la région naturelle de résidence de l’enfant en Guinée. La
proportion d’abandon scolaire est, de façon croissante, égale à 9,2% en Guinée Forestière ;
10,2% en Basse Guinée ; 13,3% en Moyenne Guinée et 14,9% en Haute Guinée.
Selon la région naturelle de résidence de l’enfant, le Graphique 4.3 montre que, la
proportion d’abandon scolaire reste plus élevée dans les ménages non familiaux. En Basse
Guinée, elle est de 12,5% dans les ménages non familiaux et sans différence significative
entre ménages monoparentaux et ménages familiaux soit 9,1% et 9% respectivement ; en
Moyenne Guinée, on a 14,4% dans les ménages non familiaux, 12,6% dans les ménages
monoparentaux et 13,4% dans les ménages ; en Haute Guinée, on a 16,6% dans les ménages
non familiaux et sans différence significative entre ménages monoparentaux et ménages
familiaux soit 14,7% et 14,8% respectivement et en Guinée Forestière, on a 10,3% dans les
ménages non familiaux et sans différence significative entre ménages monoparentaux et
ménages familiaux soit 9,4% et 9% respectivement.
Graphique 4.3 : Proportion (%) d'abandon par type de ménage selon la région naturelle de
résidence
20
16,6
Proportion d'abandon (%)
14,4 14,8
14,7
15 12,5 13,4
12,6
Ménage non
10,0
9,9 10,3 familial
9,49,0
10 Ménage
monoparental
5 Ménage familial
0
Basse Moyenne Haute Guinée
Guinée Guinée Guinée Forestière
Région naturelle de résidence
Graphique 4.4 : Proportion(%) d'abandon par type de ménage selon la religion de l’enfant
13,4
14
11,6 12,0
11,5
11,2 10,7 11,1
12
Proportion d'abandon (%)
10 8,79,0
Ménage non
8 familial
Ménage
6
monoparental
4 Ménage
familial
2
0
Musulmane Chrétienne Autre
Religion de l'enfant
Graphique 4.5 : Proportion(%) d'abandon par type de ménage selon le niveau du ménage
15,5
16 14,9
14,5
13,6
14 12,5
11,8
Proportion d'abandon
11,5
12
9,29,2 Ménage non
10 familial
8 Ménage
monoparental
6 Ménage
4 familial
2
0
Pauvre Moyen Riche
Niveau de vie du ménage
Graphique 4.6 : Proportion (%) d'abandon par type de ménage selon le sexe du CM
13,8
14 12,2 12,1
11,3 11,6
Proportion d'abandon (%)
12 10,6
10
Ménage non
8 familial
6 Ménage
4 monoparental
2
0
Masculin Féminin
Sexe du CM
Le niveau d’instruction du chef de ménage est associé à l’abandon scolaire des enfants
en Guinée. En effet, la proportion d’abandon scolaire des enfants est de 11,9% dans les
ménages dont le CM est sans niveau d’instruction ou préscolaire, 12,8% lorsque le CM a un
niveau primaire et 9,4% s’il a un niveau secondaire ou plus (Tableau A8, en annexe).
20
Proportion d'abandon (%) 16,5
15 13,0 12,7
11,9
11,2 11,6 11,9
Ménage non
9,29,2
10 familial
Ménage
monoparental
5
Ménage familial
0
Sans niveau ou Primaire Secondaire ou
préscolaire plus
Niveau d'instruction du CM
0
Marié Marié Autre statut
monogame polygame
Statut matrimonial du CM
Il ressort du tableau A10 (en annexe) que le statut d’occupation du chef de ménage est
significativement associé à l’abandon scolaire des enfants en Guinée. Dans l’ensemble, la
proportion d’abandon scolaire des enfants de 6 à 14 ans est de 11,5% dans les ménages où le
CM est occupé contre 10,8% dans les ménages où le CM n’est pas occupé (ce sont des
personnes en chômage, en recherche d’emploi, femmes de foyer ou élèves/étudiants).
Le Graphique 4.9 montre les variations de la proportion d’abandon scolaire des
enfants par type de ménage selon le statut d’occupation du chef de ménage. Il ressort de ce
dernier que dans les ménages dont les chefs sont occupés, la proportion d’abandon scolaire
est de 14,2% s’il s’agit des ménages non familiaux. Cette proportion est égale dans les
ménages monoparentaux (11,3%) et les ménages familiaux (11,4%). Par contre, dans les
ménages dont les chefs sont non occupés, égalité est plutôt observée entre ménages non
familiaux et ménages familiaux avec 11,1% contre 10,3% dans les ménages monoparentaux.
Graphique 4.9 : Proportion (%) d'abandon scolaire par type de ménage selon le statut
d’occupation du CM
14,2
Proportion d'abandon
15
11,311,4 11,110,311,1
scolaire (%)
10 Ménage non
familial
Ménage
5 monoparental
0
Occupé Non occupé
Statut d'occupation du CM
Le lien entre survie des parents biologiques et abandon scolaire des enfants est
significatif en Guinée. Le Tableau A11(en annexe) montre qu’au niveau national, c’est chez
les enfants dont les parents biologiques sont tous en vie, la proportion d’abandon est plus
faible soit 11,1% contre 15,8% lorsque l’un au moins deux parents biologiques de l’enfant est
décédé.
Graphique 4.10 : Proportion (%) d'abandon scolaire par type de ménage selon la survie des
parents biologiques de l’enfant
20 16,6 17,6
15 12,4
10,511,1 familial
Ménage
10
monoparental
Ménage
5
familial
0
Tous en vie Au moins un décédé
Survie des parents
Age de l’enfant
Graphique4.11: Proportion(%) d'abandon par groupe d’âge de l’enfant selon le type de ménage
Proportion d'abandon (%)
20 16,7
14,4 14,7
15
11,3
11,1 10,4 6 à 8 ans
8,89,5 9,4
10 9 à 11 ans
5 12 à 14 ans
0
Ménage non Ménage Ménage familial
familial monoparental
Age de l'enfant
13,7
14 12,3 12,0
11,5
Proportion d'abandon(%)
12 10,4 10,7
10 Masculin
8
Féminin
6
4
2
0
Ménage non Ménage Ménage familial
familial monoparental
Sexe de l'enfant
L’un des objectifs que nous nous sommes fixés dans ce travail est de dresser le profil
des enfants de 6 à 14 ans touchés par l’abandon scolaire en Guinée. Nous allons pour ce faire
recourir à l’Analyse Factorielle des Correspondances Multiples (AFCM). Cette méthode
d’analyse permet d’examiner simultanément les associations entre les modalités des variables
d’étude et de les classer selon leur proximité. L’analyse est faite au moyen du logiciel SPAD
version5.5.
Le tableau 4.1.1 donne les différentes modalités ayant contribué le plus à la formation
du premier axe factoriel. Cet axe oppose d’un côté, les enfants résidant dans les ménages non
familiaux ou monoparentaux, dirigés par des femmes et dont les chefs sont non occupés et, de
l’autre, les enfants résidant dans les ménages familiaux, dirigés par des hommes et dont les
chefs sont occupés.
Axe1
Contribution Contribution
Variables positive négative
Modalité Modalité
Sexe du CM Féminin Masculin
Situation
Non occupé Occupé
d'occupation
Ménage non
Type de ménage familial; Ménage Ménage familial
monoparental
Source : Traitement des données du RGPH-3, Guinée
Le tableau 4.1.2 donne les différentes modalités ayant contribué le plus à la formation
du second axe factoriel. Cet axe oppose également deux groupes d’individus :
Le premier, situé sur le côté négatif de l’Axe2, est composé des enfants qui
fréquentent l’école, ils vivent en milieu urbain, dans la région de la Basse Guinée et sont
principalement dans les ménages où le CM à un niveau d’instruction secondaire ou plus.
Le second, se trouvant sur le côté positif de l’Axe2 est constitué des enfants qui ont
abandonné l’école. Ils résident principalement en milieu rural, dans les régions de la
Moyenne ou Haute Guinée ou en Guinée Forestière. Ils vivent dans les ménages de niveau de
vie pauvre ou moyen et dont les chefs sont sans niveau d’instruction ou de niveau préscolaire.
Axe2
Contribution Contribution
Variables positive négative
Modalité Modalité
Milieu de résidence Rural Urbain
Moyenne
Région de résidence Guinée; Guinée Basse Guinée
Forestière
Niveau de vie Pauvre ; Moyen Riche
Sans niveau ou
Niveau d'instruction Secondaire ou
niveau
du CM plus
préscolaire
Abandon A abandonné Fréquente
Source : Traitement des données du RGPH-3, Guinée
L’observation du plan factoriel (figure 4.1) met en exergue deux groupes d’enfants
parmi lesquels on retrouve celui d’enfants ayant abandonné l’école. Ce dernier est constitué
des enfants résidant principalement en milieu rural, dans les régions de la Moyenne Guinée
ou Haute Guinée ou en Guinée Forestière. Ils vivent dans des ménages de niveau de vie
pauvre ou moyen, où le CM est sans niveau d’instruction ou de niveau préscolaire, les
ménages familiaux dirigés par les hommes occupés.
Le deuxième groupe quant à lui est constitué des enfants fréquentant encore l’école au
moment du recensement. Ils vivent en milieu urbain, dans la région de la Basse Guinée ; dans
des ménages dont les chefs sont de niveau d’instruction secondaire ou plus, des ménages non
familiaux ou monoparentaux dirigés par les femmes non occupées.
10
C’est l’effet d’une variable indépendante sur une variable dépendante mesurée en présences des autres
variables indépendantes.
5.1 Identification des facteurs explicatifs de l’abandon scolaire des enfants en Guinée
et leurs mécanismes d’action
Il ressort du modèle saturé (M12), que toutes les variables indépendantes sont
significativement associées à l’abandon scolaire des enfants de 6 à 14 ans. Par conséquent,
elles sont toutes des facteurs explicatifs de l’abandon scolaire des enfants) âgés de 6 à 14 ans
en Guinée.
L’examen des modèles à pas croissants montre que les différences des Odds Ratios
sont restées significatives au seuil de 1% mais le contrôle du milieu de résidence a réduit,
dans une certaine mesure, leur ordre de grandeur : la Basse Guinée a connu une baisse de
Religion de l’enfant
Type de ménage
Le type de ménage dans lequel vit l’enfant a des effets significatifs sur l’abandon
scolaire de ce dernier en Guinée. En effet, le modèle (M12) montre que, comparativement
aux enfants vivant dans les ménages familiaux, ceux vivant dans les ménages non familiaux
ou monoparentaux ont respectivement 1,27 et 1,12 fois plus de risque d’abandonner l’école
(Tableau 5.1). L’Hypothèse H1 est confirmée.
Cependant, après contrôle des variables, cette influence du type de ménage a diminué
suite à l’introduction de la variable région naturelle de résidence (M2). Cela signifie que
l’influence du type de ménage sur l’abandon scolaire des enfants en Guinée passe
nécessairement par la région naturelle de résidence. En d’autres termes, les différences
Il existe une relation négative entre niveau de vie du ménage et l’abandon scolaire des
enfants de 6 à 14 ans en Guinée. En effet, le risque d’abandon scolaire diminue
significativement avec le niveau de vie du ménage (OR=1,35 dans le cas des ménages
pauvres ; 1,14 dans le ceux de niveau de vie moyen et 1,00 dans les ménages riches). Ces
résultats confirment l’hypothèse H2.
Sexe de l’enfant
Après avoir identifié les facteurs explicatifs de l’abandon scolaire, nous allons à
présent passer à leur hiérarchisation. Cette activité consiste à classer par ordre décroissant,
selon les contributions de chaque facteur dans l’explication du phénomène étudié. La
hiérarchisation des facteurs est importante car elle permet de prioriser les actions à mener
pour baisser les taux d’abandon scolaire des enfants pendant des éventuelles interventions.
𝑥𝑠2 −𝑥𝑖2
𝐶𝑖 = où
𝑥𝑠2
D’après le tableau 5.2, de tous les facteurs explicatifs de l’abandon scolaire des
enfants de 6 à 14 ans en Guinée, c’est l’âge de l’enfant (groupe d’âge) qui contribue le plus
(30,4%). Il est suivi par la Région naturelle de résidence (11,9%), puis le milieu de résidence
(6,5%%), la survie de parents (6,4%) et le niveau de vie du ménage (4,6%). Par contre, ceux
qui contribuent le moins dans l’explication de notre phénomène sont : le statut d’occupation
du CM (0,2%), la religion de l’enfant (0,4%), le sexe de l’enfant (instruction du CM (0,6%),
etc…
Tableau 5.2 contribution relative des facteurs dans l'explication de l'abandon scolaire
des enfants de 6 à 14 ans en Guinée
Chi-deux du modèle Chi-deux du modèle sans la Contribution (en
VARIABLES Rang
saturé (xs2 ) variable (xi2 ) %)
Groupe d'âge de l'enfant 27319,9 19013,0 30,4 1
Région naturelle de résidence 27319,9 24078,6 11,9 2
Milieu de résidence 27319,9 25551,0 6,5 3
Survie des parents biologiques 27319,9 25583,0 6,4 4
Niveau de vie du ménage 27319,9 26053,9 4,6 5
Sexe de l'enfant 27319,9 26283,9 3,8 6
Niveau d'instruction du CM 27319,9 26599,3 2,6 7
type de ménage 27319,9 26900,2 1,5 8
Statut Matrimonial du CM 27319,9 27057,7 1,0 9
Sexe du CM 27319,9 27160,2 0,6 10
Religion de l'enfant 27319,9 27217,8 0,4 11
Statut d'occupation du CM 27319,9 27276,0 0,2 12
Source : Traitement des données du RGPH-3, Guinée
La discussion des résultats consiste à comparer les résultats de l’étude à ceux des
études antérieures précédemment présentés au chapitre II. Elle permet de savoir si les
résultats obtenus de notre étude corroborent ou au contraire s’opposent à ceux des études
antérieures. Une explication contextuelle de chaque résultat est également donnée à la suite
de chaque comparaison.
Il ressort des analyses qu’en Guinée, l’abandon scolaire des enfants est plus récurrent
en milieu rural qu’en milieu urbain. Ce résultat va dans le même sens que ceux des études
antérieures. Par exemple, dans l’étude de NOUMBA (2006) au Cameroun, il arrive au
résultat que taux d’abandon en milieu rural est plus élevé que la moyenne nationale.
Au regard du contexte guinéen, ce résultat s’explique par le fait qu’en milieu urbain,
presque toutes les infrastructures scolaires y sont au complet et les enfants sont moins
exposés aux activités extra-scolaires comparativement au milieu rural. A ces éléments
d’explication, s’ajoutent les problèmes de distances qui séparent les domiciles des enfants à
leur école dont sont généralement confrontés les élèves des zones rurales. En effet, de tous les
abandons scolaires des enfants de 6 à 14 ans déclarés en 2014 en Guinée, 11,7% sont causés
par le manque d’école ou l’éloignement de l’école aux domiciles des enfants en milieu urbain
contre 17,6% en milieu rural (Tableau A14, en annexe).
Les résultats montrent qu’en Guinée, le risque d’abandonner l’école chez les enfants
est plus élevé en Haute Guinée et Moyenne Guinée par rapport en Basse Guinée. Et plus
faible en Guinée Forestière comparativement à la Basse Guinée.
Les différences observées au départ entre les deux premières régions (Moyenne
Guinée et Basse Guinée) et la région de la Basse Guinée sont dues au fait que les deux
premières sont moins urbanisées que la troisième. Deux autres explications contextuelles
peuvent intervenir dans le cas de la différence entre la Haute Guinée et la Basse Guinée : la
première est liée à l’extraction traditionnelle de l’or observée en Haute Guinée au cours de
ces dernières années. Plutôt que de continuer l’école, la plupart des enfants de cette région
seraient à même d’aller dans des orpaillages pour vite devenir des « milliardaires », comme
ils le disent généralement. En outre, cette pratique ouvre la région de la Haute Guinée à
l’immigration interne, pour laquelle la plupart des immigrants sont des décrocheurs, des
Religion de l’enfant
Les résultats montrent que comparativement aux enfants de religion musulmane, les
enfants de religion chrétienne ont moins de risque d’abandonner l’école alors que ceux de la
religion « Autre » ont plus de risque d’abandonner l’école que ceux du groupe de référence.
Ces résultats peuvent également se justifier par le fait que, certains abandons se font
chez les enfants musulmans au profit de fréquenter les écoles coraniques (Tableau A14, en
annexe). Plus encore, l’enseignement général et la religion chrétienne sont issus de la même
culture (culture occidentale). Par conséquent, ils ont tendance à se compléter ; alors que la
religion musulmane est issue de la culture arabo-musulmane et envisage plus l’école
coranique qui, est d’ailleurs l’une des causes des abandons chez les enfants musulmans.
Type de ménage
Le type de ménage dans lequel vit l’enfant a des effets significatifs sur l’abandon
scolaire de ce dernier en Guinée. En effet, comparativement aux enfants vivant dans les
ménages familiaux, ceux vivant dans les ménages non familiaux ou monoparentaux ont plus
de risque d’abandonner l’école. Ces résultats corroborent avec ceux que Isabelle Bouchard
relève au niveau des déterminants familiaux de l’abandon scolaire dans sa revue, en
confrontant famille monoparentale (gynoparentale, famille monoparentale dirigée par une
femme) et famille biparentale à l’aide des résultats de Lipman et al. (1998).
Si les abandons scolaires sont plus récurrents dans les ménages non familiaux, c’est
parce que ces ménages abritent principalement les enfants confiés (notamment les orphelins).
Ce résultat pourrait s’expliqués par les coûts élevés des études et les manques de
soutien aux enfants qui sont aussi causes de l’abandon scolaire des enfants vue que, 23,55%
des enfants déscolarisés ont déclaré au moment du recensement que la principale cause de
leur abandon est l’une des deux susmentionnées (Tableau A14, en annexe). Déclarations
qu’on trouverait très probablement plus dans les ménages pauvres que dans des ménages
riches. En plus, on trouve principalement les ménages riches en milieu urbain.
Les enfants vivant dans les ménages dirigés par les femmes ont moins de risque
d’abandonner l’école que ceux vivant dans les ménages dirigés par des hommes. Ce résultat
corrobore à ceux des études antérieures parmi lesquelles pouvons citer : WAKAM (2001) dans
le contexte Camerounais, CLEVENOT et PILON (1996) dans une étude portant sur sept pays
d’Afrique subsaharienne (Ghana, Kenya, Madagascar, Malawi, Rwanda, Sénégal, Zambie) et
Marc PILON dans le cas du Togo.
Une explication contextuelle serait que, le moindre risque d’abandon scolaire des
enfants dans des ménages dirigés par les femmes par rapport aux ménages dirigés par les
hommes est l’une des conséquences de l’autonomisation des femmes. Ces femmes sont
généralement autonomes surtout économiquement (par exemple, veuve dont le mari défunt
lui a laissé de bons héritages, ou elle-même exerçant une activité rémunératrice).
On constate que, comparativement aux enfants dans les ménages dont les chefs sont
sans niveau d’instruction ou préscolaire, le niveau d’instruction du CM n’a défet sur
l’abandon scolaire à son plus haut niveau. En revanche, au niveau primaire, la différence
observée est plutôt positive. Ce dernier résultat s’oppose à ceux des études antérieures. La
reconnaissance de l’éducation scolaire comme moyen efficace pour l’amélioration des
conditions de vie par la population analphabète pourrait justifier ce résultat.
Les enfants vivant dans les ménages dont le chef est non occupé ont moins de risque
que ceux vivant dans les ménages dont le chef est occupé. Ce résultat s’oppose à celui
attendu dans cette étude. On pourrait expliquer cela par le fait que la catégorie des chefs de
ménages occupés, telle que définie dans ce travail, regroupe la quasi-totalité des chefs de
ménages vivant en milieu rural, alors que l’abandon scolaire des enfants est beaucoup plus
rependu dans ce milieu. Toutefois, ces différences doivent être utilisées avec des réserves vue
que le statut d’occupation est une variable qui varie significativement avec le temps. Il est
très fort probable que les positions selon de statut d’occupation des chefs de ménages pendant
le recensement soient significativement différentes de celles qu’avaient au moment où les
enfants abandonnaient l’école. C’est raison pour laquelle une étude évolutive, permettant de
suivre les enfants est mieux placée de vérifier ce genre de relation avec toute certitude.
On remarque que les enfants vivant dans les ménages dont les chefs sont mariés
polygames ont plus de risque d’abandonner l’école que ceux des ménages dont les chefs sont
mariés monogames. Par contre, les enfants vivant dans les ménages dont les chefs
appartiennent à la catégorie « autre » du statut matrimonial ont moins de risque d’abandonner
l’école que ceux du groupe de référence.
Comparativement au risque d’abandon scolaire des enfants dont les deux parents sont
en vie, ce risque est plus élevé chez les enfants dont l’un au moins des parents biologiques est
décédé. Ce résultat corrobore avec ceux de la littérature et peut s’expliquer par le manque de
soutien et la « non gratuité » de l’école telles que prévalent les lois en vigueurs dans le
contexte guinéen.
Sexe de l’enfant
Les résultats montrent que les filles sont relativement plus touchées par l’abandon
scolaire que les garçons en Guinée. Ce résultat est une confirmation de la plupart des études
antérieures. En Guinée, cette vulnérabilité des filles d’être plus victimes de l’abandon
scolaire, s’explique par le fait que certaines d’entre elles sont touchées par le phénomène de
mariage précoce accompagné des grossesses précoces vue que 0,2% des abandons scolaires
de ces enfants sont attribuables à ces deux éléments. A cela s’ajoute, le moindre intérêt
En faisant une comparaison par rapport au risque d’abandon des enfants de 6 à 8 ans,
on voit que les risques des enfants de 9 à 11 ans et des enfants de 12 à 14 ans sont tous plus
élevés. Ces résultats corroborent avec ceux de la littérature et ne sont qu’une confirmation de
ce qu’on pouvait attendre. Car, l’abandon scolaire étant un processus dans lequel, un enfant
inscrit au compte d’un établissement d’enseignement général, arrive à quitter l’école après un
nombre d’années d’étude. Vu que nous sommes en train de mener une étude du moment,
c’est-à-dire une étude qui cherche des explications à un phénomène à un moment donné, il est
évident qu’en statique, qu’on pût observer une relation positive entre proportion d’abandon
scolaire et à âge de l’enfant.
Hypothèse Synthèse
H1. Le type de ménage dans lequel vit l’enfant est associé à l’abandon
scolaire en Guinée de sorte que l’abandon scolaire soit plus récurrent dans Confirmée
les ménages non familiaux que dans les ménages familiaux.
H2. Les enfants issus des ménages pauvres sont plus enclins à l’abandon
Confirmée
scolaire que leurs homologues issus des ménages riches.
H3. Plus le niveau d’instruction du CM est élevé plus le risque d’abandon Partiellement
scolaire est faible chez l’enfant. Confirmée
H4. Les enfants vivant en milieu rural courent plus de risque d’être victime
d’abandon scolaire que ceux du milieu urbain quelle que soit la région Confirmé
naturelle de résidence.
H5. Le risque d’abandon scolaire est moins élevé dans les ménages dirigés
Confirmé
par les femmes que dans ceux dirigés par les hommes.
H6. Les enfants orphelins sont plus susceptibles d’être touchés par
Confirmée
l’abandon scolaire que les enfants dont les deux parents sont en vie.
H7. Les enfants vivant dans des ménages dont les chefs sont mariés
Partiellement
polygames sont enclins à l’abandon scolaire que les autres quel que soit son
confirmée
statut d’occupation.
Cette étude avait pour objectif général de contribuer à une amélioration aux
connaissances des facteurs explicatifs de l’abandon scolaire des élèves en Guinée. Plus
spécifiquement, il était question de :
Pour atteindre ces objectifs on a en premier lieu passé en revue des études antérieures
portant sur l’abandon scolaire des élèves. Cela nous a permis d’élaborer un cadre conceptuel
et de formulé des hypothèses. Puis, sur la base des données du troisième RGPH de la Guinée,
dont leurs qualités, après avoir être évaluées, ont été jugées acceptables, deux types
d’analyses ont été menés : analyses descriptives (bivariée et multivariée) et analyse
explicative multivariée.
Des résultats de l’analyse descriptive bivariée, toutes les variables mobilisées ont été
significativement associées à l’abandon scolaire des enfants en Guinée. Ceux de l’analyse
descriptive multivariée ont également par ailleurs permis de dresser le profil des enfants
touchés par l’abandon scolaire en Guinée. Pour ce qui est des résultats de l’analyse
explicative multivariée, il ressort que toutes nos variables explicatives sont nettement
associées à l’abandon scolaire des enfants et par conséquent, elles sont considérées comme
facteurs explicatifs de l’abandon scolaire des enfants en Guinée. Cependant, certaines
influencent plus et se situent aux premiers rangs dans la hiérarchie de leur contribution dans
l’explication du phénomène étudié. Les cinq premiers sont : l’âge de l’enfant (groupe d’âge)
qui contribue le plus ; il est suivi par la région naturelle de résidence, puis le milieu de
résidence, la survie de parents et le niveau de vie du ménage.
Par ailleurs, cette étude comporte quelques limites à relever afin que les résultats ainsi
obtenus puissent être utilisés avec toute prudence. Il y a entre autre :
Sur la base des résultats ainsi obtenus, nous nous proposons formuler quelques
recommandations à l’endroit de la communauté scientifique, aux décideurs politiques ainsi
qu’aux organismes et ONGs intervenant dans le domaine de l’éducation scolaire en Guinée.
A la communauté scientifique
Mettre en place des politiques permettant aux parents d’élèves vivant en milieu rural à
garder le plus longtemps possible leurs enfants à l’école. Une politique de sensibilisation
Veiller à ce que les enfants orphelins soient non seulement scolarisés, mais aussi à ce
qu’ils puissent rester longtemps à l’école. La mise en place d’un programme de lutte contre
d’abandon scolaire des enfants orphelins, qui viserait la prise en charge des dépenses
scolaires y compris les fournitures scolaires de ces derniers, pourra servir à cet effet.
FLAVIER Éric et MEARD Jacques (2016), « L’approche du décrochage scolaire selon les
théories culturalistes de l’activité. Bénéfices et perspectives », Activités [En ligne],
mis en ligne le 15 octobre 2016, 17 p.
JANOSZ Michel. (2000), « L’abandon scolaire chez les adolescents : perspective nord-
américaine », Enjeux, n°122, pp.105-127.
PILON Marc (1996), « Genre et scolarisation des enfants en Afrique », in : Locoh T.,
Labourie-Racapé A. et Tichit C. (éds.), Genre et développement : des pistes à suivre,
documents et Manuels du CEPED n05, CEPED, Paris, pp. 25-34.
c) Ouvrages
BOUDON Raymond (1984), L’Inégalité des chances, Edition pluriel 2010, 314 p.
BRIGNE Arnaud et GOLAZ Valérie (2017), Manuel pratique d’analyse multiniveau, INED,
Paris, 2017, 118 p.
d) Thèses et mémoires
BALDE Mamadou Baïlo (2017), « scolarisation différentielle des enfants de 6-24 ans en
Guinée selon le de parenté avec le chef de ménage », Mémoire en Démographie
professionnelle, IFORD, Université de Yaouné II, 176 p.
DIALLO Koura (2001), « L’influence des facteurs familiaux, scolaires et individuels sur
l’abandon scolaire des filles en milieu rural, de la région de Ségou (Mali) », Thèse de
Doctorat (Ph,D,) en sciences de l’éducation, Université de Montréal, 391p.
MARIE-COLETTE AKOUE (2007), « le redoublement des filles dans les classes de 3e des
écoles secondaires de Libreville au Gabon », Thèse de Doctorat en administration et
politique scolaires, Université Laval, 150 p. + annexes.
SIME NGONGANG Edvige Nadie (2010), « Inégalités en matière de scolarisation chez les
enfants orphelins de 6-14 ans au Cameroun », Mémoire de master professionnel en
démographie, Université de Yaoundé II SOA, IFORD, 113 p.
UNESCO (2015), Examen national 2015 de l’Éducation pour tous : Guinée, rapport
synthétique de la Guinée sur l’EPT à l’horizon 2015, 28 p.
PILON M arc (2002), Scolarisation et travail des enfants en Afrique : apports et limites des
sources de données démographiques (Colloque international de l’AIDELF Enfants
d’aujourd’hui diversité des contextes, pluralité des parcours, Dakar, 10-13 décembre
2002) 11 p.
http://www,crepas,qc,ca/userfiles/ancien_site/editeur10/DOC_9_16,pdf (consulté le 02
janvier 2018).
https://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud/php_main/php_20032003_22.html
(consulté le 8 mars 2018).
https://docplayer.fr/475802244-Maurice-tartif-en-collaboration-avec-alain-bihan-le-
cognitivisme.html (consulté le 8 mars 2018).
b) Procédure de calcul
Le calcul de l’indice de MYERS se déroule en quatre (04) étapes :
Étape n°1
On calcule les sommes « Su » des effectifs des personnes de 10 ans et plus, dont les âges se
terminent respectivement par chacun des chiffres de 0 à 9. Soit P(10d+u), l’effectif des
personnes dont l’âge a pour chiffre des dizaines d et pour chiffre des unités u. La somme Su
pour les 10 ans et plus est : 𝑆𝑢=Σ(10𝑑+𝑢)𝑑𝑚𝑎𝑥𝑑=1
Étape n°2
On calcule de même les sommes Su’ pour les 20 ans et plus : 𝑆′𝑢=Σ(10𝑑+𝑢)𝑑𝑚𝑎𝑥𝑑=2
Étape n°3
Les effectifs remaniés de Myers sont les quantités Tu définies par : 𝑇𝑢=(𝑢+1)𝑆𝑢+(9−𝑢)𝑆′𝑢
Étape 4
Abandon scolaire
Poids de la
Type de ménage
A modalité (%)
abandonné Effectif Fréquente (%) Effectif
(%)
Ménage non familial 13.0 12230 7.4 81600 648.0
Ménage
10.9 21144 12.8 172399 1336.0
monoparental
Ménage familial 11.3 131753 79.8 1029892 8016.0
Total 11.4 165127 100.0 1283891 10000.0
Khi2 de Person 295,33***
Tableau A3 Proportion (%) d'abandon scolaire par milieu de résidence selon le type de
ménage
Type de famille
Milieu de Ménage non Ménage Ménage
Ensemble
résidence familial monoparental familial
N % N % N % N %
Urbain 5257a 11.4 8767a 8.9 46632a 8.6 60656a 8.8
Rural 6973b 14.6 12377b 13.0 85121b 13.8 104471b 13.7
Khi2 de Person 203.80*** 847.81*** 7824.08*** 8705.91***
Type de famille
Ménage Ménage
Région naturelle Ménage non familial Ensemble
monoparental familial
N % N % N % N %
5367a 8544a 51791a 65702a
Basse Guinée 12.5 9.9 10.0 10.2
3307b 6024b 26443b 35774b
Moyenne Guinée 14.4 12.6 13.4 13.3
1752c 2616c 33838c 38206c
Haute Guinée 16.6 14.7 14.8 14.9
1804d 3960d 19681d 25445d
Guinée Forestière 10.3 9.4 9.0 9.2
Khi2 de Person 281.73*** 597.28**** 5684.44*** 6483.76***
Type de famille
Religion de Ménage non Ménage Ménage
Ensemble
l'enfant familial monoparental familial
N % N % N % N %
Musulmane 10699a 13.4 17878a 11.2 118390a 11.6 146967a 11.6
Chrétienne 999b 10.7 1864b 8.7 8396b 9.0 11259b 9.1
Autre 532c 12.0 1402a 11.5 4967c 11.1 6901c 11.2
Tableau A6 proportion (%) d'abandon scolaire par niveau de vie du ménage selon le
type de ménage
Type de famille
Niveau de vie du Ménage non Ménage Ménage
Ensemble
ménage familial monoparental familial
N % N % N % N %
Pauvre 3197a 15.5 6404a 14.5 45373a 14.9 54974a 14.9
Moyen 2905b 13.6 4830b 11.5 29426b 12.5 37161b 12.5
Riche 6128c 11.8 9910c 9.2 56954 c 9.2 72992 c 9.3
Tableau A7 proportion (%) d'abandon scolaire par sexe du CM selon le type du ménage
Type de famille
Ménage non Ménage
Sexe du CM Ménage familial Ensemble
familial monoparental
N % N % N % N %
Masculin 7090a 13.8 4749a 12.2 128599 a 11.3 140438a 11.5
Féminin 5140b 12.1 16395b 10.6 3154 a 11.6 24689b 11.0
Khi2 de
64.036*** 82.12*** 1.39ns 41.69***
Person
Source : Traitement des données du RGPH-3, Guinée
Type de famille
Statut matrimonial du Ménage non Ménage Ménage
Ensemble
CM familial monoparental familial
N % N % N % N %
Marié monogame 6054a 14.0 7929a 11.4 68656a 10.5 82639a 10.8
Marié polygame 3690a 13.6 7481a 11.6 63088b 12.4 74259b 12.4
Autre statut 2486b 10.6 5734b 9.7 9a, b 13.4 8229c 10.0
Khi2 de Person 161.697*** 127.373*** 998.528*** 998.528***
Source : Traitement des données du RGPH-3, Guinée
Tableau A10 proportion (%) d'abandon scolaire par statut d'occupation du CM selon le
type de ménage
Type de famille
Survie des Ménage non Ménage Ménage
Ensemble
parents familial monoparental familial
N % N % N % N %
Tous en vie 9845a 12.4 16908a 10.5 123748a 11.1 150501a 11.1
Au moins un
2385b 16.6 4236b 12.8 8005b 17.6 14626b 15.8
décédé
Tableau A12 proportion (%) d'abandon scolaire par groupe d'âge de l'enfant selon le
type de ménage
Type de famille
Groupe d'âge Ménage non Ménage
Ménage familial Ensemble
de l'enfant familial monoparental
N % N % N % N %
6 à 8 ans 3512a 11.1 5677a 8.8 39904a
9.4 49093a 9.4
9 à 11 ans 3382a 11.3 5998b 9.5 38937b 10.4 48317b 10.3
12 à 14 ans 5336b 16.7 9469c 14.4 52912c 14.7 67717c 14.8
Khi2 de
563.714*** 1240.35*** 6054.388*** 7850.205***
Person
Source : Traitement des données du RGPH-3, Guinée
Tableau A13 proportion (%) d'abandon scolaire par sexe et milieu de résidence selon le
type de famille
Type de famille
Sexe de l'enfant Ménage non familial Ménage monoparental Ménage familial Ensemble
N % N % N % N %
Masculin 5472a 12.3 10268a 10.4 67319a 10.7 83059a 10.8
Féminin 6758b 13.7 10876b 11.5 64434b 12.0 82068b 12.1
Manque d'intérêt 15,30 16,11 15,73 11,65 12,18 11,90 12,90 13,73 13,31
Apprentissage/école
coranique 26,42 19,78 22,88 20,15 12,11 16,32 22,29 15,13 18,73
Aide aux parents 7,91 14,85 11,61 16,73 20,96 18,74 13,72 18,55 16,12
Autres 4,79 5,63 5,23 3,37 6,79 5,00 3,86 6,33 5,09
Ensemble
100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00
Source : Traitement des données du RGPH-3, Guinée