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Par
Audrey DEPREZ
Sous la direction de
Docteur TROITZKY Anne
Médecin Anesthésiste Réanimateur – CHU de Poitiers
Juillet 2022
UE 7 : MEMOIRE PROFESSIONNEL
En vue de l’obtention du Diplôme d’État d’Infirmier Anesthésiste
PRÉFET DE LA RÉGION NOUVELLE-AQUITAINE
Article 1 : Tout étudiant et stagiaire s’engage à faire figurer et à signer sur chacun de ses travaux, deuxième de
couverture, l’engagement suivant :
atteste avoir pris connaissance de la charte anti-plagiat élaborée par la DRDJSCS Nouvelle-Aquitaine et de
m’y être conformé.
et certifie que le mémoire/dossier présenté étant le fruit de mon travail personnel, il ne pourra être cité sans
respect des principes de cette charte
Article 2 :
« Le plagiat consiste à insérer dans tout travail, écrit ou oral, des formulations, phrases, passages, images en
les faisant passer pour siens. Le plagiat est réalisé de la part de l’auteur du travail (devenu le plagiaire) par
l’omission de la référence correcte aux textes ou aux idées d’autrui et à leur source »1.
Article 3 :
Tout étudiant, tout stagiaire s’engage à encadrer par des guillemets tout texte ou partie de texte emprunté(e) ;
et à faire figurer explicitement dans l’ensemble de ses travaux les références des sources de cet emprunt. Ce
référencement doit permettre au lecteur et correcteur de vérifier l’exactitude des informations rapportées par
consultation des sources utilisées.
Article 4 :
Le plagiaire s’expose aux procédures disciplinaires prévues au règlement intérieur de l’établissement de
formation.
En application du Code de l’éducation2 et du Code pénal3, il s’expose également aux poursuites et peines
pénales que la DRDJSCS Nouvelle-Aquitaine est en droit d’engager. Cette exposition vaut également pour tout
complice du délit.
_____________
1
Site Université de Genève http://www.unige.ch/ses/telecharger/unige/directive-PLAGIAT-19092011.pdf
2
Article L. 331-3 du Code de l’éducation : « les fraudes commises dans les examens et les concours publics qui ont pour objet l’acquisition
d’un diplôme délivré par l’Etat sont réprimées dans les conditions fixées par la loi du 23 décembre 1901 réprimant les fraudes dans les examens
et concours publics ».
3
Articles 121-6 et 121-7 du Code pénal.
REMERCIEMENTS
A Morgan, mon futur mari, d’avoir toujours cru en moi, que ce soit dans cette formation
ou dans la vie quotidienne. Merci d’avoir fait en sorte que je ne manque de rien et que je
puisse réaliser mon projet professionnel. Et surtout merci d’avoir pris soin de notre petite
Jude durant ces deux années.
A nos futurs projets plus fous les uns que les autres.
Je rentre !
Merci à tous mes amis et particulièrement à mes amies Claire, Mylène et Domitille qui sans
elles ma vie serait beaucoup moins fun !
Merci à mon ami Rudy d’avoir su prendre du temps pour mon travail de recherche.
A mes copains de promo, merci pour ces nombreux moments de partage, de rire, de fête,
de pleurs. Il faut vraiment le vivre pour comprendre !
Un grand merci à Monsieur Gil, tu sais déjà tout. Rentre vite retrouver ta famille !
Merci à Sandra de toujours avoir un sourire et un mot doux pour chacun d’entre nous.
INTRODUCTION 1
2. L’EXTUBATION 9
3. METHODE 10
4. RESULTATS 14
4.1. INCLUSION 14
4.2. DESCRIPTIF DE LA POPULATION ETUDIEE 15
4.3 RESULTATS DES RELEVES DE SATURATION 17
4.4 RESULTATS EN LIEN AVEC L’OBJECTIF PRINCIPAL 20
4.5 RESULTATS EN LIEN AVEC LES OBJECTIFS SECONDAIRES 20
5. ANALYSE ET DISCUSSION 21
6. PERSPECTIVES 24
7. CONCLUSION 25
Introduction
Chaque année, plus de 11 millions d’anesthésies sont pratiquées en France 1. L’utilisation
d’Oxygène (O2) au sein des blocs opératoires est quotidienne et nécessaire à la pratique
d’une Anesthésie Générale (AG). Son utilisation est parfois banalisée par certains
professionnels. Tous les jours un grand nombre de patients bénéficient d’une
oxygénothérapie supplémentaire après une chirurgie programmée afin de prévenir
l’hypoxémie induite par l’anesthésie.
Le but de ce travail est de voir si chez les patients à qui nous n’avons pas mis d’O2
systématique faisaient des complications en Salle de Surveillance Post Interventionnelle
(SSPI).
1. Oxygénothérapie, concept d’hyperoxie et d’hypoxie : rappels
physiologiques
L’oxygène est considéré comme un médicament depuis le décret 98-79 du 11 février 1998
et dispose d’une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) depuis cette date 2. Hors
contexte d’urgence, l’oxygène est administré sur prescription médicale. Il est utilisé en
milieu hospitalier et préhospitalier et il est délivré par voie inhalée.
Comme tout médicament, l’O2 a ses indications, ses contre-indications et ses effets
indésirables 3.
2
Tableau 1 : Dispositifs d’oxygénothérapie conventionnelle.
L’oxygène, en plus d’être indispensable à la cellule pour produire de l’énergie, est essentiel
à la production de radicaux libres oxygénés. Ce sont des moyens de défense anti-infectieux
très puissants. Lorsque leur production est excessive, ils accompagnent certaines
pathologies graves avec de lourdes conséquences comme des lésions cellulaires et
tissulaires. C’est un des effets indésirables de l’oxygène.
La prescription médicale de l’oxygénothérapie doit être raisonnée et individualisée en
fonction de la pathologie sous-jacente, des capacités d’adaptation à l’hypoxémie et des
paramètres d’oxygénation tissulaire disponibles 5.
1.2. L’hyperoxie
L’hyperoxie est définie « par la présence d’un contenu en oxygène des tissus plus élevée que
celle existant naturellement au niveau de la mer (oxygénation supraphysiologique). Elle
correspond à une hyperoxémie définie par une PaO2 > 120 mm Hg » 7.
Pour la SaO2, il est impossible de déterminer un seuil pour l’hyperoxie, en raison de la
courbe de dissociation de l’oxyhémoglobine. La SaO2 est proche de 100% à des valeurs de
PaO2 > 90 mmHg (figure 1 : Courbe de Barcroft).
3
En anesthésie, l’hyperoxie s’obtient par l’inhalation d’un mélange riche en oxygène, afin
d’obtenir des valeurs de PaO2 supérieures aux valeurs physiologiques. Celle-ci est pratiquée
lors de la phase de pré-oxygénation, lorsqu’une situation critique est prévue ou vécue et
en fin d’anesthésie avant d’extuber le patient 8.
4
L’hyperoxie peut être délétère dans certaines situations. Elle provoque une
vasoconstriction coronaire, systémique et cérébrale. Elle est également responsable d’une
hausse de la pression artérielle systémique 1&.
Les effets délétères de l’hyperoxie chez l’adulte ont été décrits dans l’article de Hafner et
al. de 2015 12.
Une hyperoxie prolongée est délétère par différents mécanismes et affecte plusieurs
systèmes 13 14 :
• Pulmonaire :
o Par la formation d’atélectasies d’absorption engendrant une diminution de
la production de surfactant,
o Par l’altération des échanges gazeux pulmonaires en raison de l’inhibition
de la vasoconstriction pulmonaire hypoxique provoquée par l’augmentation
de la PaO2 alvéolaire et veineuse,
o Par l’augmentation du shunt intrapulmonaire droite-gauche 15.
• Cardiovasculaire :
o Par l’augmentation des résistances vasculaires systémiques,
o Par la vasoconstriction coronarienne et l’augmentation du travail
myocardique puis de la diminution du débit cardiaque.
• Neurologique : par la diminution de la perfusion cérébrale en raison d’une
vasoconstriction.
• Métabolique : par l’effet Haldane (c’est la perte d’affinité de l’hémoglobine pour le
Dioxyde de carbone (CO2) quand la PaO2 augmente) et la dysfonction
mitochondriale.
• Rénal : par la diminution du flux sanguin rénal.
• Autres : la toxicité des radicaux libres et le retard de détection d’une détérioration
clinique.
Il faut seulement 5 minutes à FiO2 1 pour que la formation d’atélectasies ait lieu. La toxicité
de l’hyperoxie semble proportionnelle à la durée d’exposition et au niveau de la FiO2
utilisée 15.
5
1.3. L’hypoxémie et l’hypoxie
Depuis 1994, il est obligatoire de monitorer en continu la SpO2 de tous les patients au bloc
opératoire et en SSPI 18. Les oxymètres de pouls font partis du monitorage standard des
patients du bloc opératoire.
6
Le saturomètre a été créé par Carl Matthes en 1935. A l’origine, il est non pulsatile. C’est
en 1974 que Takuo Aoyagi découvre la saturation pléthysmographique (SpO2 ou saturation
pulsée en oxygène), qui est à l’origine des oxymètres de pouls. Le premier a été
commercialisé en 1982. Ce dispositif est devenu indispensable à la pratique de l’anesthésie.
Il permet la mesure de la saturation artérielle en oxygène par voie transcutanée (SpO 2)
19.
La saturation pulsée en oxygène (SpO2) est une technique non invasive et est mesurée par
un oxymètre de pouls qui reflète le pourcentage d’oxyhémoglobine (partie de
l’hémoglobine combinée avec l’oxygène) (O2Hb).
La SpO2 normale est comprise entre 95% et 98% 21. Ce dispositif apporte plusieurs
informations sur l’oxygénation artérielle, la fréquence cardiaque et la perfusion tissulaire
du patient 22. La détection précoce d’une hypoxémie permet la mise en place de
l’oxygénothérapie. Le monitorage de la SpO2 permet également de suivre et d’évaluer la
réponse à l’oxygénothérapie.
7
La SpO2 est corrélée à la PaO2, lorsqu’elle atteint des valeurs élevées (98-100%), la PaO2
peut varier entre 100 et 600 mmHg chez le sujet sain (courbe de dissociation de
l’oxyhémoglobine de Barcroft – Figure 1). Ainsi, pour une SpO2 égale, un patient peut être
en normoxie ou en hyperoxie. Le saturomètre de pouls ne peut donc pas être utilisé pour
déceler l’hyperoxie.
La SpO2 est principalement utilisée pour détecter des épisodes d’hypoxémie, les soignants
ne sont pas habitués à l’utiliser pour réduire les apports d’oxygène 23. « Il a été démontré
qu’en se basant sur la SpO2 pour adapter la FiO2 des ventilateurs, les patients passent plus
de la moitié de leur temps en hyperoxie et que la FiO2 n’est que peu diminuée, en particulier
lorsqu’elle est déjà basse (30-50%) » 24 25 26.
Pour connaître la PaO2 des patients et détecter une éventuelle hyperoxie, il faudrait
effectuer une gazométrie artérielle. Celle-ci donne le reflet des échanges gazeux. La PaO2
normale est comprise entre 75 et 100mmHg 3.
Mais cela représente une surveillance invasive, couteuse, responsable d’une spoliation
sanguine. Les résultats de cette technique sont intermittents et retardés.
Le capteur de SpO2 semble être le dispositif le plus adapté pour évaluer l’oxygénation d'un
patient, car il permet une surveillance non invasive et continue. Bien que la surveillance de
la SpO2 facilite la détection de l'hypoxémie, elle n’aide pas à détecter l'hyperoxémie car
une PaO2 élevée n'est pas détectée une fois que la SpO2 est ≥ 98 % 27. Seulement l’alarme
minimale de la SpO2 sur le cardioscope est généralement réglée en fonction du profil du
patient alors que l’alarme maximale est rarement réglée et reste préréglée à 100.
8
2. L’extubation
Le contrôle des voies aériennes est une des principales préoccupations en anesthésie.
L’extubation est un acte quotidien dans notre pratique professionnelle mais elle représente
une période à haut risque.
L'extubation trachéale (ET) d'un patient doit être réalisée uniquement si la réversibilité des
médicaments de l'anesthésie est suffisante et que les paramètres physiologiques sont
stables. Les conditions pour extuber un patient sont :
- Le TOF T4/T1 est > 90 %.
- La respiration spontanée régulière assurant des échanges gazeux satisfaisants.
- Les conditions hémodynamiques satisfaisantes.
- Le patient éveillé (ouverture des yeux/réponse aux ordres/sans agitation) sauf si
décision d'extuber un patient sous anesthésie (pour éviter la toux)
- L'absence de risque immédiat de complication chirurgicale 28.
Une FiO2 trop importante (FiO2 0,8) et inappropriée au patient favorise la formation
d’atélectasies 29. Une FiO2 0,4, si elle est tolérée par le patient, est recommandée par
les experts des recommandations du BJA 9.
9
3. Méthode
3.2. Objectifs
10
3.3. Population étudiée
11
3.4. Méthodologie
Le recueil de données a été effectué à l’aide d’un document mis en place dans les SSPI du
CHU de Poitiers et du CHR d’Orléans (Annexe 2). Le personnel de SSPI devait relever la
saturation du patient à l’arrivée en SSPI et à la sortie de SSPI, indiquer si une
oxygénothérapie a été débutée en SSPI et renseigner la position dans laquelle se trouvait
le patient en SSPI. Les autres données ont été recueillies à l’aide du logiciel informatique
Diane et Excel.
Le critère de jugement principal est la désaturation. Le seuil fixé lors de cette étude est à
94%.
12
Les données recueillies afin d’effectuer ce travail de recherche sont :
- Age, sexe, IMC, antécédents principaux, score ASA
- Tabagisme
- Type de chirurgie et le type d’abord chirurgical
- La technique d’abord des voies aériennes (Intubation Oro-Trachéale : (IOT), Masque
Laryngé : (ML))
- Le nom du morphinique et la quantité totale de celui-ci reçu par le patient
- La saturation du patient à l’arrivée au bloc opératoire, à l’extubation, à l’arrivée en
SSPI et à la sortie de la SSPI
- Les manœuvres de recrutement
- La durée de l’intubation/masque laryngé, de la chirurgie
- L’absence d’oxygénothérapie à l’extubation
- La mise en place d’oxygénothérapie, le dispositif utilisé, le débit d’oxygène et la
durée de l’oxygénothérapie
- La SpO2 du patient avant de recevoir l’oxygène et la SpO2 du patient à la sortie de la
SSPI
- La durée de séjour en SSPI
- La position de l’installation du patient
La méthodologie du recueil de ces données est identique dans les 2 centres hospitaliers.
- Les variables qualitatives ont été décrites par leur effectif et leur pourcentage.
- Les variables quantitatives ont été retranscrites sous forme de moyenne, médiane
et valeurs (minimale ; maximale).
13
4. Résultats
4.1. Inclusion
Cette étude porte sur 200 patients ASA 1 ou ASA 2 de chirurgie programmée sous
anesthésie générale ayant été intubés ou ayant eu un masque laryngé au cours de
l’intervention.
100 patients ont été étudiés au CHU de Poitiers et 100 patients ont été étudiés au CHR
d’Orléans. L’ensemble de ces patients n’ont pas bénéficié d’oxygénothérapie à l’extubation
ou au retrait du dispositif supra glottique.
Aucun patient n’a été exclu. La cohorte de patients étudiés est donc de 200 patients
(n=200).
14
4.2. Descriptif de la population étudiée
* NR = Non Renseigné sur la consultation d’anesthésie : 24 soit 12% des patients étudiés.
15
Figure 2 : Durées des dispositifs de contrôle des voies aériennes
40
Effectif
20
0
< 30 Entre 30 et 60 Entre 61 et 90 Entre 91 et 120 > 120
Durée en minutes
IOT ML
Pour les chirurgies de plus de 60minutes, l’intubation est le dispositif glottique le plus
utilisé.
16
4.3 Résultats des relevés de saturation
Figure 3 : Relevés de la saturation en air ambiant à l’arrivée au bloc opératoire des patients en
décubitus dorsal.
60
45
38
40
21
20 10
4 5
0
94 95 96 97 98 99 100
SpO2 en %
Nous remarquons que tous les patients étudiés ont une SpO2 94% en air ambiant à leur
arrivée au bloc opératoire.
Saturation à l'extubation
90 81
80
70
58
60
Effectifs
50
40
30 24
19
20
5 5 8
10
0
94 95 96 97 98 99 100
SpO2 en %
L’ensemble des patients ont une SpO2 94% à l’extubation en air ambiant.
17
Figure 5 : Relevés de saturation à l’arrivée en SSPI
80
Effectifs
60
40
23 22 24 21
20 8 10
0
94 95 96 97 98 99 100
SpO2 en %
L’ensemble des patients ont une SpO2 94% en arrivant en SSPI et seulement 9% des
patients ont une SpO2 < 96%.
40
27
30 24 22
17
20
10
0
95 96 97 98 99 100
SpO2 en %
Tous les patients ont une SpO2 95% à la sortie de la SSPI. La majorité, soit 62,5% des
patients quittent la SSPI avec une SpO2 98%.
18
Figure 7 : Évolution des relevés de la saturation lors du transfert en SSPI
50
40 SpO2 à l'extubation
30 SpO2 à l'arrivée en SSPI
20
10
0
94 95 96 97 98 99 100
SpO2 en %
Nous observons qu’il n’y a eu aucun patient qui n’a désaturé durant le transfert entre la
salle d’intervention et la SSPI.
50
SpO2 à l'arrivée en SSPI
40
SpO2 à la sortie de SSPI
30
20
10
0
94 95 96 97 98 99 100
SpO2 en %
Nous remarquons que tous les patients arrivent en SSPI avec une SpO 2 95% et qu’ils
sortent tous de la SSPI avec une SpO2 95%.
19
4.4 Résultats en lien avec l’objectif principal
→ 100% des patients étudiés n’ont pas reçu d’oxygénothérapie une fois l’extubation
réalisée.
→ 100% des patients n’ont pas désaturé dans les minutes suivant l’extubation.
→ 9 patients, soit 4,5% ont désaturé durant leur séjour entre 90-94% de SpO2.
Sur les 200 patients étudiés qui n’ont pas reçu d’oxygénothérapie en post-extubation
immédiate les résultats sont les suivants :
- A l’arrivée au bloc opératoire : 100% des patients ont une SpO2 94%.
- 100% des patients ont eu une FiO2 80% précédant l’extubation.
- A l’extubation sans oxygénothérapie : 100% des patients ont une SpO2 94%.
- 100% des patients ont une SpO2 94% lors du transfert de la salle d’intervention
vers la SSPI.
- En SSPI, concernant les 9 patients ayant désaturé :
▪ Pour 8 patients, il a été administré de l’O2 à 3L/min aux lunettes
nasales. Pour le patient ayant eu 90% de SpO2, il a reçu 6L/min au
masque moyenne concentration. En moyenne, les patients ont
bénéficié d’oxygène durant 50 minutes 22 ; 102.
▪ 1 patient était en position allongé lors de la désaturation, les 8 autres
patients étaient en position ½ assise lors de leur désaturation.
▪ Aucun de ces 9 patients n’a eu de titration de Morphine.
▪ Tous les patients ayant désaturé sont ASA 2 car ils sont ex-fumeurs.
Au total, 4,5% des patients étudiés ont désaturé et ont eu besoin d’oxygène avant leur
sortie de SSPI.
- 100% des patients sont sortis de SSPI avec une saturation 95% en AA.
o 83,5% des patients ont été installés en position demi-assise en SSPI. 11,5%
ont été installés en décubitus dorsal et 10% des positions dans laquelle se
trouvait le patient en SSPI n’ont pas été renseignées par l’équipe de SSPI.
20
5. Analyse et discussion
Au CHR d’Orléans, les patients sont majoritairement extubés en SSPI en position ½ assise
mais pour cette étude il a été demandé d’inclure que les patients arrivant en SSPI extubés.
A l’arrivée au bloc opératoire, tous les patients avaient une SpO2 94% en air ambiant, en
décubitus dorsal. Cette SpO2 relevée correspond à la première pris en compte par le logiciel
Diane lorsque le patient est installé en décubitus dorsal, en air ambiant sur la table
d’intervention (figure 3).
A l’extubation, l’ensemble du panel a une SpO2 94% en air ambiant. Plus de la moitié des
patients, soit 69,5% ont une SpO2 99% lors de l’extubation (figure 4).
A l’arrivée en SSPI, l’ensemble des patients ont une SpO2 94% et seulement 9% des
patients ont une SpO2 < 96%. Nous remarquons que 46%, pratiquement la moitié des
patients étudiés, ont une SpO2 à 100%. 45% des patients ont une SpO2 comprise entre 96
et 99% (figure5). Il faut garder à l’esprit qu’une FiO2 80% est administrée en systématique
lors de la phase de réveil avant l’extubation ce qui pourrait expliquer qu’aucun patient n’a
désaturé à l’extubation et lors du transfert de la salle d’intervention jusqu’à la SSPI. Cette
étude a révélé qu’aucun patient n’a désaturé après extubation et lors du transfert de la
salle d’intervention vers la SSPI (figure 6). Pourtant, la diminution de la FiO2 lors de
l’extubation est recommandée pour diminuer le risque d’atélectasies 29, ce qui n’est pas
respectée pour l’ensemble des patients étudiés dans cette étude.
En 2012, Maity et al. a démontré au cours d’une étude portant sur 150 patients ASA I ou
ASA II que « 28% des patients qui n’ont pas reçu d’oxygène ont développé une hypoxémie
lors du transfert du bloc opératoire à la salle de réveil, alors qu’aucun de ceux qui ont reçu
de l’oxygène supplémentaire n’a développé d’hypoxémie postopératoire précoce » 30.
Nous retrouvons une différence significative entre les données de l’étude de Maity et al. et
les résultats obtenus dans notre étude concernant le pourcentage de désaturation lors du
transfert de salle d’intervention vers la SSPI.
21
Au CHR d’Orléans, la majorité des patients n’ont pas d’oxygène en systématique après
l’extubation. Contrairement au CHU de Poitiers où la majorité des patients ont de l’oxygène
en systématique directement après l’extubation effectuée. Il semblerait que l’oxygène
administré en systématique après l’extubation des patients au CHU de Poitiers soit une
habitude de service et/ou de pratique.
Il s’avère que seulement 4,5% des patients étudiés ont désaturé en post opératoire lors de
leur séjour en SSPI. L’évolution de la saturation de chaque patient a été relevé à l’aide du
logiciel Diane. Nous avons relevé qu’un seul patient a désaturé à 90% de SpO2, les 8 autres
patients avaient une SpO2 comprise entre 93-94% en air ambiant.
La position de l’installation des patients en SSPI a été relevée et ne semble pas influer. En
effet, seul un patient sur les 11,5% patients qui se trouvaient en position allongé en SSPI a
désaturé. Tous les patients qui ont désaturé ont un score ASA 2 pour tabac sevré. Le tabac
sevré pourrait être un facteur de risque de désaturation post opératoire selon cette
étude. Ayant un faible échantillon de population, ceci est une hypothèse.
Concernant les différentes chirurgies, aucune ne se diffère. Le type de chirurgie ne semble
pas influer sur la désaturation post opératoire.
22
l’oxygène doivent être effectuées pendant l’administration d’oxygène pour maintenir la
normoxémie.
A la sortie de SSPI, tous les patients ont une SpO2 95% en air ambiant. La majorité, soit
62,5% des patients quittent la SSPI avec une SpO2 98%.
Cette étude a mis en évidence la non nécessité d’administrer en systématique de l’oxygène
en post-extubation chez les patients ASA 1 et ASA 2 opérés sous AG d’une chirurgie
programmée et quelle que soit la technique d’abord des voies aériennes.
Une utilisation raisonnée et individualisée de l’oxygénothérapie post opératoire immédiate
apparaît donc comme sûre.
En effet, sur les 200 patients étudiés, seulement 4,5% ont présenté une désaturation en
SSPI ayant nécessité une oxygénothérapie transitoire.
La limite principale de notre étude est le biais de sélection des patients et de chirurgies. En
effet, même si l’étude est multicentrique, elle ne représente que deux centres hospitaliers
français sur une période limitée. La taille de l’échantillon reste faible malgré les 200
patients inclus. Les dossiers des patients répondant aux critères d’inclusion ont été
sélectionnés de façon aléatoire et les chirurgies gynécologiques et viscérales représentent
respectivement 39% et 37% des dossiers étudiés lors de ce travail de recherche, ces
chirurgies sont surreprésentées.
Une autre limite retrouvée dans ce travail est la différence de pratiques entre les infirmiers
anesthésistes ainsi que la différence de pratiques entre les deux centres hospitaliers
étudiés. Au CHU de Poitiers, la majorité des IADE administrent en systématique de
l’oxygène au MMC en général à 6L/min ou 8L/min par habitude de service et/ou de
pratique. Alors qu’au CHR d’Orléans, les IADES ne mettent pas d’oxygène supplémentaire
en systématique après l’extubation du patient. L’administration éventuelle d’oxygène se
fait par titration à travers des lunettes à oxygène nasales.
23
6. Perspectives
Un dispositif récent a fait son apparition sur le marché afin de détecter un risque
d’hyperoxie : L’Oxygen Reserve Index (ORI). C’est un monitorage non invasif qui permet
d’évaluer les réserves en oxygène du patient. C’est un capteur digital qui analyse
l’absorption de l’hémoglobine dans ses composantes artérielles, veineuses et capillaires.
L’indice est sans unité et varie entre 0,00 et 1,00 et est corrélé à la PaO 2 du patient. Il
pourrait prévenir la désaturation précoce avant même la baisse de la SpO2. Il pourrait
également limiter les épisodes d’hyperoxie en périopératoire en détectant des PaO 2 entre
100 et 200mmHg contrairement à la SpO2 3. Il permettrait d’avoir un aperçu de la réserve
en oxygène des patients bénéficiant d’un apport supplémentaire d’oxygène 31.
24
7. Conclusion
25
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
J’ai le plaisir de vous confirmer l’inscription au registre des traitements du CHU de Poitiers à
compter de ce jour :
10 juin 2022
Des traitements suivants :
ECOLE
Cordialement,
Pierre Taveau
DPO CHU Poitiers et GHT86
Pouvez-vous relever les saturations des patients arrivant en SSPI SANS O2 SVP ? OU relever
les saturations des patients qui sont extubés en SSPI SANS O2 ?
Critères d’inclusion :
Critères d’exclusion :
Relevé de saturation :
Saturation %
A la sortie de SSPI
Allongé
½ Assis
Asiss
Ecole d’Infirmier(e)s Anesthésistes Diplômé(e)s
d’Etat
UE 7 - MEMOIRE PROFESSIONNEL
En vue de l’obtention du diplôme d'Etat d'infirmier anesthésiste
2020-2022
Introduction : L’oxygénothérapie est une pratique courante lors d’une anesthésie au bloc
opératoire mais son impact et son utilisation lors de la phase de réveil d’un patient est
inégale. Banalisé par certains professionnels, cette oxygénothérapie peut s’avérer
inadaptée voir néfaste.
Résultats : Il s’avère qu’un faible taux de patient présentent une désaturation durant leur
séjour en SSPI.
PROFESSIONAL DISSERTATION
To obtain the National Diploma in Anaesthetic Nursing
2020-2022
Objectives : The aim of this study is to evaluate the occurrence of desaturation after
extubation of a patient. It questions the need for routine oxygen therapy after extubation
in ASA 1 and ASA 2 patients undergoing scheduled surgery.
Method : This is a retrospective, multicentre study in the Poitiers University Hospital and
the Orleans Regional Hospital. It is carried out on 200 ASA 1 and ASA 2 patients operated
on during a scheduled surgery under general anaesthesia, not receiving oxygen therapy at
extubation. It will take place from June 2021 to May 2022.
Results : It was found that a low rate of patients were desaturated during their stay in the
ICU.
Conclusion : This study questions the use of systematic oxygen therapy in the post-
extubation period of ASA 1 and ASA 2 patients undergoing scheduled surgery. The rate of
desaturation observed suggests a reasoned use of oxygen as well as a stricter respect of
the indications of this one with regard to the potential harmful effects that hyperoxia can
generate after a period of recovery.