Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
SOCIALE
Aquitaine
Bât 22-25 rue des terres neuves
33130 Bègles
UE 28
Mai 2021
GREIL Julien
Liste des abréviations
1. Introduction .................................................................................................................. 1
3.2. Étiologie.................................................................................................................... 7
4. Enquête exploratoire................................................................................................. 17
5. Constat ....................................................................................................................... 19
6. Méthode ..................................................................................................................... 20
6.1. Identifier la question de recherche....................................................................... 20
7. Résultats .................................................................................................................... 29
8. Discussion ................................................................................................................. 42
Annexes ............................................................................................................................. 52
1. Introduction
- La main palmaire, qui est destinée aux appuis et aux prises. Les pulpes de l’extrémité
des doigts contiennent de nombreux récepteurs sensoriels
- La main dorsale, qui a un rôle plus social comme le port de bijoux ou encore le
baisemain
- La main ulnaire, qui est une main de force (pour les coups avec le tranchant ou les
prises de force)
- La main radiale, qui représente une main de finesse, pour les prises précises.
La main n’est pas seulement une entité anatomique, elle est intégrée à l’activité
humaine au quotidien. Cette utilisation de la main au quotidien explique qu’elle peut
être sujette à différentes pathologies qui peuvent être de nature traumatologique,
rhumatologique ou neurologique.
Lors de différents stages réalisés en milieu libéral, j’ai observé et pris en soin
des patients atteints du Syndrome du Canal Carpien (SCC). Les patients étaient le
plus souvent en post-opératoire, néanmoins certains consultaient en pré-opératoire.
Chaque patient était différent compte tenu de son sexe, de sa profession, de ses
1
loisirs. Les techniques utilisées étaient assez similaires et peu diversifiées quelle que
soit la raison de la venue du patient. Cette « habitude thérapeutique » m’a interpellé,
c’est pour cela que j’ai commencé à investiguer dans la littérature scientifique sur ce
que le masseur-kinésithérapeute pouvait réaliser lors de ce type de prise en soin. J’ai
constaté que la masso-kinésithérapie n’était pas indiquée en premier lieu par la Haute
Autorité de Santé (Haute Autorité de Santé, 2012a).
Lors de la formation en Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie, on nous a
appris que si un patient était atteint de SCC, on procédait à la mise en place d’une
attelle et à des injections de corticoïdes. Et si les symptômes persistaient, l’intervention
chirurgicale était nécessaire.
Cependant, je me suis interrogé sur l’utilité du recours à la chirurgie à l’ensemble des
stades de la pathologie. Surtout, je me suis demandé si la masso-kinésithérapie n’avait
pas sa place en première intention dans la prise en soin d’un patient atteint de SCC.
Le SCC est un problème de santé publique majeur. D’après la HAS, le SCC est
le trouble musculo-squelettique le plus fréquent en Europe, aux États-Unis et au
Canada. En 2006, il représentait 37 % des maladies professionnelles indemnisables
(Haute Autorité de Santé, 2012a). En France, le SCC est reconnu comme une maladie
professionnelle dans le tableau 57 du régime général (RG 57. Tableau - Tableaux des
maladies professionnelles - INRS, 2009).
On recense 200 000 nouveaux cas de cette pathologie par an en France, soit une
incidence de 3/1000.
Les interventions liées au SCC, en 2014, étaient de 127 000 en France métropolitaine.
A la suite de ces chirurgies, des arrêts de travail sont donnés avec des durées allant
d’une semaine à 45 jours (Santé Publique France, 2020).
Selon Tuppin et al. (2011), en 2008, le coût des interventions était de 108 millions
d’euros, auxquels s’ajoutent les indemnités de journées d’arrêt de travail qui s’élèvent
à 31,7 millions d’euros. Donc pour l’année 2008, l’intervention chirurgicale du SCC a
coûté environ 140 millions d’euros.
2
Il existe une prédominance féminine (2,5 pour 1000 contre 1,4 pour les hommes) dans
deux tranches d’âge (Comprendre le syndrome du canal carpien, 2019) :
- Entre 40 et 50 ans
- Entre 60 et 70 ans
Des formes bilatérales sont retrouvées dans une proportion de 30 à 50 % avec une
évolution asymétrique (Tuppin et al., 2011).
2. Canal carpien
2.1. Anatomie
3
Il est délimité :
- en arrière et sur les côtés par les os du carpe, médialement par le pisiforme et le
crochet de l’hamatum, latéralement par les tubercules du scaphoïde et du trapèze
- en avant par le rétinaculum des muscles fléchisseurs (RMF), qui est une épaisse
bande de tissu conjonctif. Il a pour fonction de plaquer les tendons des muscles cités
contre le plan osseux du carpe pour éviter qu’ils fassent la corde de l’arc lors de la
flexion du poignet (Richard L. Drake et al., 2015).
Ces muscles ont des mouvements dits « libres » dans le canal carpien, qui sont
facilités par la présence des gaines synoviales qui entourent les tendons. Les FSD et
les FPD sont tous entourés par une seule et même gaine synoviale. Seul le LFP a une
gaine synoviale propre.
Il existe une expansion latérale qui est destinée au Fléchisseur Radial du Carpe (FRC).
Le nerf médian est un nerf mixte (moteur et sensitif), il provient des racines des
nerfs spinaux C6, C7, C8, T1. Il naît de la réunion entre le faisceau latéral et le faisceau
médial dans le creux axillaire, en arrière du petit pectoral. Il est volumineux. Il innerve
les muscles dont l’action est la pronation et l’opposition. Il se termine au poignet, au
bord inférieur du RMF.
Le nerf médian est le nerf sensitif le plus important de la main par le fait qu’il innerve
la face palmaire de la main, plus précisément le pouce, l’index, le majeur et la moitié
latérale de l’annulaire. De plus, il innerve la face dorsale de la main au niveau des
phalanges intermédiaires et distales (lit de l’ongle) de l’index et du majeur, ainsi que la
moitié latérale de l’annulaire.
4
intrinsèques de la main : court abducteur du pouce, opposant du pouce, faisceau
superficiel du court fléchisseur du pouce. Ces muscles permettent l’opposition du
pouce aux autres doigts.
A son origine dans la fosse axillaire, il se situe en avant de l’artère axillaire. Il descend
de manière oblique et latéralement (en bas et en dehors) dans la région antéro-
médiale du bras, plus précisément dans le canal brachial avec l’artère brachiale (qu’il
surcroise en X) et ses deux veines satellites. Ensuite, il se dirige vers la gouttière
bicipitale médiale et descend en direction du pli du coude. C’est à cet endroit qu’il
passe entre les deux chefs du muscle rond pronateur, et l’artère brachiale longe le
bord latéral du nerf. Après, il se situe sur l’axe médian de l’avant-bras entre les plans
superficiel et profond de la loge antérieure. Et il se finit, au poignet en traversant le
canal carpien, juste en avant du FSD de l’index.
Une fois le canal carpien traversé, le nerf médian se divise en un rameau récurrent et
en rameaux palmaires digitaux.
Le rameau récurrent du nerf médian nait du bord latéral du nerf près du bord distal du
RMF et passe entre le Court Fléchisseur du Pouce (CFP) et le Court Abducteur du
Pouce (CAP) pour se terminer dans l’opposant du pouce.
Les nerfs issus des rameaux digitaux palmaires traversent la paume de la main et
rejoignent les doigts (Frank H. Netter, 2015; Michel Dufour, 2016; Richard L. Drake et
al., 2015).
D’après Topp & Boyd (2006), le nerf médian est composé d’axones qui sont recouverts
de plusieurs couches de tissu conjonctif protecteur : l’endonèvre (collagène autour de
chaque axone), le périnèvre (tissu résistant autour du fascicule) et l’épinèvre (couche
la plus externe), qui contient les éléments vasculo-nerveux et les cellules adipeuses
protégeant le nerf contre la compression et facilitant les glissements avec les surfaces
externes. Le nerf présente deux types de mobilité : intraneurale, possible grâce aux
glissements entre les fascicules du nerf et une extraneurale qui se fait par le glissement
du nerf avec les structures avoisinantes. Le nerf peut être soumis à des contraintes de
plusieurs types : traction, compression, cisaillement ou une combinaison de
contraintes. La contrainte par compression de faible ampleur et de courte durée peut
entraîner des changements physiologiques réversibles. Cependant, une compression
5
de forte amplitude peut entraîner des altérations structurelles des gaines de myéline,
allant jusqu’à la rupture de ces dernières. Une contrainte de compression de faible
amplitude appliquée sur une longue durée peut entraîner des modifications
structurelles importantes, secondaires à une diminution du flux sanguin et à des
séquelles ischémiques.
Cette contrainte par compression peut entrainer un syndrome du canal carpien.
3.1. Physiopathologie
Le SCC est le résultat d’une compression du nerf médian, laquelle crée une
augmentation de pression au sein du canal carpien ; c’est un conflit contenant-
contenu. Lors de cette compression, le passage nerveux électrique est altéré, ce qui
provoque des retentissements dans les activités de la vie quotidienne. Le SCC peut
aller jusqu’à la paralysie de l’opposition du pouce (Richard L. Drake et al., 2015).
Cliniquement, cette pathologie peut entrainer des paresthésies (sous la forme de
fourmillements, engourdissements) dans les 3 premiers doigts. Des douleurs peuvent
être présentes sur les 3 premiers doigts mais aussi sur l’avant-bras ou le coude. On
peut retrouver des troubles de la motricité : l’atteinte des fibres motrices entraine une
perte de force lors de l’opposition du pouce aux autres doigts pour le serrage ou le
lâchage des objets. Pour les stades les plus avancés, une amyotrophie de l’éminence
thénar peut être retrouvée.
6
Les premiers symptômes rencontrés sont les paresthésies sous forme de
fourmillements durant la seconde partie de la nuit. Lors de cette partie, nous sommes
en phase de sommeil profond et la position du poignet est en hyperflexion, ce qui vient
augmenter le pression intracanalaire. Ces symptômes réveillent le patient, et, en
répétant des changements de position du poignet et des doigts cela diminue la
pression et fait disparaitre les paresthésies.
D’autre part, certains mouvements ou positions maintenues peuvent déclencher les
symptômes.
L’évolution naturelle du SCC est mal connue. On peut avoir une disparition spontanée
(dans 34 % des cas). Cependant, les facteurs prédictifs pour une guérison spontanée
ne sont pas établis. En l’absence de traitement, nous manquons d’informations sur la
fréquence, la gravité des séquelles et sur la rapidité du développement.
3.2. Étiologie
Le SCC est le plus souvent idiopathique, néanmoins pour agir efficacement afin
d’éviter l’aggravation, il faut déterminer une cause éventuelle (Richard L. Drake et al.,
2015). Ce syndrome est souvent dû à une hypersollicitation qui entraine une
hypertrophie des tendons et des gaines synoviales, ou à la présence de kystes
synoviaux. L’augmentation de la pression intracanalaire peut résulter d’une congestion
veineuse qui provoque un œdème et une anoxie du nerf. Avec l’âge, le corps se
modifie et dans le cas du SCC, deux éléments vont particulièrement changer :
- Premièrement, le RMF perd de sa souplesse par diminution de son hydratation.
7
- Deuxièmement, les tendons et les gaines des muscles s’épaississent, ce qui diminue
l’espace dans ce canal ostéo-fibreux inextensible ; on retrouve donc le problème de
contenant-contenu avec une augmentation de pression.
Voici une liste non exhaustive des causes de SCC (Syndrome du canal carpien -
Pathologie de la main, 2011) :
- Facteurs professionnels ou extra-professionnels par des mouvements répétés, un
travail en force, des mouvements de torsion du poignet, une utilisation de la pince
pouce-index, une utilisation d’un outil vibrant.
- Facteurs anatomiques : anomalie des os du carpe après traumatisme (fracture
Pouteau-Colles)
- Facteurs tumoraux : kyste synovial, ganglion
- Facteurs vasculaires : hémorragie intracanalaire, anoxie du périnèvre
- Facteurs rhumatologiques : polyarthrite rhumatoïde, lupus érythémateux, goutte
- Facteurs endocriniens : hypothyroïdie, grossesse, diabète, ménopause, obésité,
insuffisance rénale
Plusieurs de ces facteurs peuvent être combinés lors de la survenue du SCC.
8
Des examens morphostatique et morphodynamique peuvent être réalisés. Le but sera
de rechercher un œdème possible, une amyotrophie de l’éminence thénar, une
difficulté lors de l’opposition du pouce aux autres doigts.
Par la suite, certains tests peuvent évoquer un SCC :
- Signe de Phalen : le patient vient juxtaposer les faces dorsales de ses mains l’une
contre l’autre, les doigts vers le bas, c’est-à-dire à 90° de flexion de poignet. Il doit
avoir les coudes fléchis et avoir les avant-bras sur la même ligne horizontale. La
position est à maintenir pendant 60 secondes. Le test est positif si les symptômes
apparaissent.
9
- Upper Limb Neural Test n°1 (Pommerol, 2007) : le test se divise en plusieurs stades.
Ce test neurodynamique est le plus important du membre supérieur. Prenons comme
exemple un patient atteint d’un SCC gauche :
- 1er stade : le patient est en décubitus dorsal sur la table. Le praticien prend la main
gauche du patient avec sa main droite en contrôlant le pouce et les phalanges distales
des doigts.
- 2e stade : avec l’autre bras, le praticien abaisse la ceinture scapulaire. Puis, il réalise
une abduction du membre maintenu jusqu’à 110°.
- 3e stade : l’avant-bras est mis en supination, poignet et doigts en extension et le
coude fléchi.
- 4e stade : le praticien réalise une rotation latérale de l’épaule.
- 5e stade : le praticien réalise une extension de coude tout en maintenant les autres
positions.
- 6e stade : avec cette position, le praticien demande au patient une inclinaison vers
la gauche puis vers la droite en donnant la consigne « collez votre oreille sur votre
épaule ».
Les symptômes et les changements de symptômes doivent être identifiés et
interprétés à chaque étape. Le test est considéré comme positif si les symptômes
apparaissent.
10
- Test de Mac Murthry-Durkan : Le praticien vient compresser le nerf médian au niveau
du poignet pendant 30 secondes. Le test est positif si les symptômes apparaissent.
Selon Petrover & Richette (2018), l’échographie montre une utilité car elle est mieux
tolérée, moins couteuse que l’ENMG, est bien corrélée au stade de l’atteinte du nerf
médian. Elle permet en outre d’apprécier les variations anatomiques. Selon la HAS,
11
elle permet d’observer l’épaississement et/ou l’aplatissement du nerf, ainsi que le
bombement palmaire du RMF.
La surface du nerf médian est de 9 mm2 au niveau du pisiforme. Si cette valeur excède
les 11 mm2 alors le diagnostic de SCC peut être posé.
3.5. Classification
- Le Boston Carpal Tunnel Questionnaire peut être utilisé pour distinguer le niveau de
sévérité des symptômes et le retentissement fonctionnel associé. (Annexe 1)
12
- Classification selon le degré de probabilité après interrogatoire de Kartz et Stirrat :
13
3.6. Diagnostic différentiel
Le nerf médian peut être comprimé à divers endroits autres que dans le canal
carpien, ce qui peut se traduire par les mêmes symptômes cliniques que dans un SCC.
C’est pour cela qu’il faut exclure les diagnostics différentiels comme (Brin et al., 2018) :
De plus, il peut être comprimé à des endroits différents en même temps, c’est ce que
l’on appelle le « double crush syndrome ».
14
L’attelle est une orthèse thermo-moulée sur mesure, immobilisant le poignet en
position neutre pour réduire les symptômes survenant la nuit. Elle est utilisée dans les
cas initiaux à modérés ou si l’injection de corticoïdes n’est pas indiquée. Elle ne
représente aucun risque pour le patient.
Concernant l’infiltration de corticoïdes, elle doit respecter un cadre très strict pour
éviter d’injecter dans le nerf, ce qui provoquerait des lésions irréversibles. (Haute
Autorité de Santé, 2012). Ce type de traitement permet de réduire voire de faire
disparaitre les symptômes. Plusieurs infiltrations peuvent être réalisées, soit 2 ou 3
injections au maximum.
Le traitement conservateur est indiqué en première intention en l’absence de signe de
gravité comme l’amyotrophie de l’éminence thénar ou les difficultés motrices.
Cependant, le traitement conservateur n’a pas de consensus sur l’ordre ou la durée à
adopter.
Si l’attelle et les infiltrations de corticoïdes sont inefficaces alors la chirurgie sera
proposée au patient.
15
du RMF peut être réalisée pour éviter que les tendons des fléchisseurs ne prennent la
corde.
L’opération endoscopique a été développée dans les années 90, l’intérêt est de faire
une résection du RMF depuis l’intérieur du canal, sans léser les structures sus-
jacentes. De plus, la cicatrice est moins importante, elle est plus esthétique pour le
patient.
16
4. Enquête exploratoire
Nous avons choisi de réaliser cette enquête à l’aide d’un entretien semi-directif.
(Annexe 2)
4.3 Population
17
4.6 Résultats de l’enquête exploratoire
Suite à cet entretien semi-directif, nous avons eu des réponses liées à notre
question d’enquête qui était : la masso-kinésithérapie a-t-elle sa place dans la prise en
soin d’un patient atteint du syndrome du canal carpien ? En effet, P.L a bien insisté
sur le fait que le circuit kinésithérapique préopératoire n’est absolument pas entré dans
les mœurs actuellement et qu’il n’est donc pas courant. De plus, sur le plan médical et
chirurgical, l’expert a parlé plusieurs fois de « circuit court » lors de suspicion de
syndrome du canal carpien. Le terme « circuit court » signifie une rapidité de prise de
décision quant au plan thérapeutique d’un patient atteint de syndrome du canal
carpien. A l’heure actuelle, c’est le médecin généraliste qui constate les symptômes.
Suite à cela, il adresse le patient au chirurgien, lequel prescrit un électromyogramme
et suite aux résultats, le traitement conservateur ou chirurgical est choisi.
L’entretien semi-directif nous a permis de nous rendre compte que nous n’avions pas
assez développé certains points dans notre première partie, comme les diagnostics
différentiels et les « double crush ». Ces derniers sont importants puisque la prise en
soin kinésithérapique visera à traiter ces pathologies. Comme indiqué précédemment,
la symptomatologie du syndrome du canal carpien peut être la conséquence plutôt
d’un problème proximal que d’un problème réel au niveau du canal. Le bilan
kinésithérapique, les tests appliqués lors de ce dernier ainsi que les différentes
techniques de rééducation prodiguées par P.L lors de ses prises en soin, m’ont permis
18
de mieux comprendre la pathologie dans sa globalité et donc le projet de soin possible
à mettre en place.
Lors de notre échange, j’ai pu constater des similitudes avec mes précédentes
recherches documentaires, tout d’abord sur l’âge avancé de la population atteinte de
cette pathologie, la symptomatologie atypique comme les paresthésies nocturnes. De
plus, j’ai retrouvé des informations identiques sur la prise en soin actuelle des patients
sur le traitement aussi bien médical, que chirurgical mais aussi kinésithérapique.
Comme l’a rappelé PL, pour le traitement médical, le port de l’orthèse est indiqué, puis,
si celui-ci n’est pas assez efficace, une à deux injections de corticoïdes peuvent être
prescrites. Si toutefois la symptomatologie persiste, alors le traitement chirurgical est
envisagé. Ce dernier peut être utilisé en premier recours si le stade de la pathologie
est sévère. Sur le plan kinésithérapique, la Haute Autorité de Santé n’indique pas la
masso-kinésithérapie en première intention.
Cet entretien semi-directif avec cet expert m’a permis de réaliser la possible place que
la masso-kinésithérapie pourrait avoir dans la prise en soin d’un patient atteint de
syndrome du canal carpien léger à modéré. Au-delà de la place du kinésithérapeute,
l’entretien et l’analyse m’ont donné un regard différent et une meilleure compréhension
de cette pathologie. L’avis, les explications et l’expérience de mon expert ont contribué
à ces changements. De plus, les différents éléments relevés vont donner une
orientation différente à la deuxième partie de ce mémoire.
5. Constat
Nos recherches sur la prise en soin d’un patient atteint du syndrome du canal
carpien nous montrent qu’à l’heure actuelle deux traitements sont recommandés : le
traitement conservateur et le traitement chirurgical. Le premier se compose du port
d’attelle et d’une possible injection de corticoïdes si l’attelle n’est pas suffisante. Le
second est une opération qui a pour but de réséquer le RMF pour libérer le canal
carpien. Au-delà de nos recherches, nous avons réalisé une enquête exploratoire en
19
utilisant un entretien semi-directif avec un expert dans la rééducation de la main. Ce
qui ressort de cet entretien, c’est que le MK dispose dans ses connaissances de
plusieurs bilans pour réaliser son bilan diagnostic kinésithérapique afin d’objectiver un
SCC. Par ailleurs, il ressort de nos recherches et de cet entretien qu’à un stade sévère
du SCC la masso-kinésithérapie n’a pas sa place dans la prise en soin. Seule la
chirurgie est à envisager.
La prise en soin masso-kinésithérapique étant non invasive et non traumatique pour
le patient, il nous parait intéressant d’investiguer ce que le MK pourrait mettre en place
lors de la prise en soin d’un patient atteint de SCC léger à modéré.
Actuellement en France, le SCC a une incidence qui croit chaque année, ce qui
entraine un nombre d’opérations en nette augmentation. Tout cela représente des
coûts socio-économiques importants.
6. Méthode
Pour répondre à notre question de recherche, nous allons rédiger une scoping
review, aussi appelée « revue de la portée ».
Les recherches effectuées dans notre première partie ont permis de déterminer
une question de recherche : Quelles sont les techniques masso-kinésithérapiques
manuelles susceptibles d’être mises en place lors de la prise en soin d’un syndrome
du canal carpien léger à modéré ?
20
Cette revue de la portée a pour but de cartographier les techniques masso-
kinésithérapiques pouvant être utilisées lorsque nous sommes confrontés à un patient
atteint du syndrome du canal carpien.
Nous avons choisi des critères d’inclusion et de non-inclusion pour nos recherches
d’articles.
Pour qu’un article soit inclus dans notre scoping review, il faut qu’il soit écrit en
français ou en anglais. Le français parait intéressant pour étudier les études réalisées
en France sur ce sujet du canal carpien. L’anglais, quant à lui, est la langue la plus
utilisée dans la recherche scientifique.
Les articles doivent recenser les traitements sur des personnes, sans distinction de
genre, âgées de plus de 18 ans. Seules les études où le diagnostic donné est un stade
léger ou modéré du syndrome du canal carpien seront retenues. Les patients ne
doivent pas avoir de pathologie(s) associée(s).
21
Au niveau de l’intervention, nous avons inclus les techniques masso-kinésithérapiques
qualifiées de « manuelles ».
Nous avons décidé d’inclure tous types d’études, c’est-à-dire avec des niveaux de
preuves différents pour ne pas être sélectif et donc balayer un maximum de techniques
étudiées relatives au traitement d’un syndrome du canal carpien léger à modéré. Ce
choix permet un mapping complet de l’approche thérapeutique de cette pathologie.
De plus, nous avons décidé de ne sélectionner que les articles de moins de 10 ans. Si
nous avons choisi cette date limite, c’est pour pouvoir étudier les techniques dites
« nouvelles » mais aussi en pensant que les études les plus récentes se basent sur
des connaissances anciennes et qu’elles seront présentes dans ces études.
Nous avons déterminé des critères de non-inclusion pour notre scoping review.
Les articles qui sont rédigés dans une autre langue que le français et l’anglais ne
seront pas retenus. Les patients qui sont atteints du SCC à un stade sévère sont eux
aussi non inclus. De la même manière, si un traitement chirurgical a eu lieu. Les
22
articles décrivant des techniques qui ne sont pas du champ de compétence du
masseur-kinésithérapeute ne seront pas inclus. Les techniques dites « non
manuelles » comme la physiothérapie ne seront pas non plus incluses. Tout article ne
présentant que l’abstract et non la totalité de son contenu ne sera pas inclus ainsi que
les articles non téléchargeables en version complète. Les études qui seront publiées
avant 2010, ne seront pas incluses pour la justification donnée précédemment.
Critères de non-inclusion :
La même équation de recherche a été reportée sur les deux bases de données. Les
opérateurs booléens « OR/AND » ont permis une recherche plus approfondie. De
plus, les astérisques ont quant à elles donné la possibilité d’avoir de plus larges
résultats car elles permettent de définir plusieurs mots en même temps. La différence
que l’on peut relever est que dans la base de données PubMed, les mots clés devaient
figurer dans le titre ou abstract de l’article.
Sur la base de données PubMed, nous avons utilisé le filtre « 10 ans » et sur Cochrane
Library le filtre « entre 2011 et 2020 ».
23
L’élaboration des équations de recherche a été réalisée par la détermination de mots
clés qui sont issus de nos lectures précédentes ainsi que de nos recherches lors de la
première partie.
Intervention Physiotherap*
nonsurgical treatment
conservative treatment
manual therap*
physical therap*
Les recherches ont été faites jusqu’au 15 février 2021, tout article publié après cette
date n’a donc pas été pris en compte.
Ces deux équations de recherche nous ont permis d’identifier 501 articles dont 213
sur PubMed et 291 sur Cochrane Library.
Sur ce nombre total d’articles, nous avons recensé 107 doublons. Il nous restait donc
397 articles à la suite de la suppression de ces doublons.
Après une lecture des titres et abstracts des articles, nous avons éliminé 306 articles.
Les raisons de la suppression sont : des interventions différentes de celle désirée, des
sujets d’étude différents de ceux choisis pour notre étude, langue inadaptée. Nous
avons donc 91 articles.
24
Ensuite, il a fallu vérifier l’accès au texte intégral, 40 articles n’étaient pas disponibles
en version complète. Cela nous a donné 51 articles à étudier.
Lors de notre recherche sur les bases de données, nous avons trouvé la revue de
littérature de Page (2011). Nous ne l’avons pas incluse car les stades des SCC n’y
étaient pas clairement identifiés.
25
6.4. Cartographier les données et synthèse des résultats
26
La lecture complète des articles inclus dans notre scoping review, a permis d’extraire
différentes données : l’auteur, la date de publication, le schéma d’étude.
Afin de répondre à notre question de recherche, nous avons indiqué si les techniques
masso-kinésithérapiques manuelles étaient utilisées seules ou en association avec
d’autres techniques de rééducation. De plus, nous nous sommes intéressés aux
modalités d’application des techniques : la durée du traitement, le nombre de séances
par semaine, le nombre de répétitions de chaque exercice, l’explication du
positionnement du thérapeute et du patient.
Groupe mobilisation
nerveuse : manœuvre de
glissement et tension
27
(Wolny Essai G1 (NM) : techniques 70 NON 2 fois par
et al., clinique neurodynamiques/ patients semaine
2016) contrôlé massage trapèze/ dans pendant
randomisé techniques de flexion- chaque 10
extension du poignet groupe semaines
G2 (EPM) :
physiothérapie (ultrasons
+ laser)
28
(Sim et Étude Orthèse seule 56 OUI 10
al., prospective mains sessions
2019) randomisée Combinaison : Orthèse + pour 41 par jour
mobilisation nerf et tendon patients et suivi à
+ ultrasons 2 mois
Cette scoping review a permis de collecter des données existantes dans la littérature
sur les techniques manuelles que le masseur-kinésithérapeute est susceptible de
mettre en place lors de la prise en soin d’un patient atteint du syndrome du canal
carpien léger à modéré.
7. Résultats
Nos résultats reposent donc sur 10 articles inclus dans notre scoping review.
Nous avons choisi d’exposer en fonction de la technique étudiée. Tous les articles
étudiant la même technique ont été rassemblés dans une même partie. Ce choix
permet une classification plus précise des techniques. Cela permet de révéler les
points communs et les différences entre les articles tant sur les techniques en elles-
mêmes que sur les modalités d’application.
29
Nous avons recensé 5 techniques différentes. La première correspond aux massages
et aux étirements, la deuxième s’intéresse aux mobilisations des os du carpe, la
troisième correspond aux techniques neurodynamiques, la quatrième aux glissements
tendineux. La cinquième technique consiste à associer de la physiothérapie (ultrasons
et TENS) ainsi que le port d’attelle à l’une des techniques précédemment étudiées.
7.1.1 Massage/Étirement
Le massage et l’étirement sont des techniques manuelles qui ont été étudiées
dans nos différents articles. Le but de ces techniques est de détendre une zone ou un
muscle en particulier. La présence de tensions le long du trajet du nerf médian peut
entrainer des répercussions distales ; on retrouve donc la symptomatologie du
syndrome du canal carpien telle que les paresthésies dans les trois premiers doigts de
la main.
Dans l’article de Wolny et al. (2016), Wolny et al. (2017), Wolny & Linek (2018b), le
thérapeute ne va pas détendre le rond pronateur mais le muscle trapèze à l’aide d’un
massage, plus précisément, la partie descendante de ce muscle. Le patient est en
décubitus latéral face au praticien. En position initiale, le thérapeute place une main
sur l’humérus en empaumant le tiers inférieur de l’os. Avec cette main, il réalise une
élévation de la scapula, ce qui raccourcit le muscle. Ensuite, avec l’autre main, il
exerce une pression et la maintient sur le bord médial du trapèze au contact des
30
épineuses du rachis cervico-thoracique, en utilisant son éminence thénar. En
maintenant l’appui, le thérapeute fait glisser l’humérus vers le bas jusqu’à la position
finale pour étirer le muscle. Ce mouvement est répété de façon rythmique pendant 3
min. (Annexe 9). Dans ces trois articles, le traitement se réalise sur 20 séances de
thérapie à raison de 2 séances par semaine durant 10 semaines.
Dans l’article d’Isabel de-la-Llave-Rincón et al. (2011), le thérapeute place ses pouces
sur les parties médiales et latérales du canal carpien. Il fléchit ses index sur l’arrière
du poignet du patient en formant une pince. Par la suite, il applique une traction
tridimensionnelle tout en étendant légèrement le poignet, c’est-à-dire avec une légère
extension. Aucune durée de traitement et aucune modalité d’application n’ont été
renseigné. (Annexe 4)
31
Dans l’article de Talebi et al. (2020), le thérapeute exerce une distraction du poignet,
cette technique est du même type que celle utilisée précédemment. Des modalités
d’application sont données : 3 séries pendant 3 minutes, 3 fois par semaine pendant
4 semaines.
32
7.1.3 Techniques neurodynamiques
33
Figure 6 : Séquence de mobilisation du nerf médian (Talebi et al., 2020)
Dans l’article de Wolny et al. (2016), le traitement est basé sur la thérapie manuelle, y
compris les techniques neurodynamiques pour le nerf médian telles que décrites par
Shacklock. La mobilisation par glissement et tension du nerf médian était réalisée par
la position du test neurodynamique du nerf médian ULNT1. C’est une mobilisation par
glissement dans une direction proximale (raccourcissement) et distale (allongement)
du nerf.
34
supination de l’avant-bras et une extension du coude sont réalisées. Tout au long de
ces étapes, le thérapeute met le coude en flexion à 90°. C’est pour la dernière position
de la séquence que le thérapeute exerce une extension du coude.
Lors de cette technique, le thérapeute va utiliser des mobilisations proximales et
distales dites « glissées » et des mobilisations proximales et distales dites « de
tension ».
35
- Mobilisation distale « glissée » : le thérapeute effectue un mouvement
d’extension et de flexion de haute amplitude de l’articulation du poignet en
alternance avec l’articulation fixe du coude. L’action est répétée de manière
rythmique pendant 3 séries de 60 répétitions avec 15 secondes de repos entre
chaque série. (Annexe 14)
Dans l’article de Vaidya & Nariya (2020), le thérapeute utilise une séquence de la
technique de neuromobilisation du nerf médian. Il réalise une dépression et une
abduction (110°) de l’épaule, puis une extension du poignet, une supination de l’avant-
bras, une rotation latérale de l’articulation gléno-humérale, une extension du coude et
une flexion latérale (inclinaison) du rachis cervical vers le côté opposé. Les modalités
d’application sont 3 séries de 10 répétitions, 3 fois par semaine pendant 4 semaines.
De plus, il est décrit dans cet article 6 positions de la main et du poignet destinées à
mobiliser le nerf médian :
36
- Position 6 : Poignet, doigt en extension, avant-bras en supination avec l’autre
main tirant le pouce en hyperextension
Dans l’article d’Oskouei et al. (2014), le thérapeute utilise le Median Nerve Tension
Test (MNTT). Le sujet est en décubitus dorsal sur la table et le thérapeute se trouve
du côté du membre à traiter. Il réalise une dépression et une abduction de l’épaule,
puis une supination de l’avant-bras et une rotation externe de l’articulation gléno-
humérale, puis une extension du poignet et des doigts et enfin une extension du
coude. (Annexe 18)
Les manœuvres sont appliquées 3 fois dans chaque session, à raison de 15 répétitions
de flexion-extension oscillatoire du coude à chaque fois, 3 jours par semaine.
Dans les articles de Wolny et al. (2016), Wolny et al. (2017), Wolny & Linek (2018b),
des techniques de mobilisation du poignet décrites par Shacklock ont été effectuées
mais aucun détail n’a été donné sur leur réalisation. Les seules informations que nous
pouvons extraire sont sur les modalités d’application : 3 séries de 10 mobilisations, 1
mobilisation durait 15 secondes et était suivie de 10 secondes de repos.
De plus, des mobilisations par tension et par glissement étaient réalisées en position
de l’ULNT1 avec un support. Un travail similaire à celui dans l’article Effect of MT avec
37
les mêmes modalités d’application tant sur les techniques, que sur la thérapie en
général, c’est-à-dire que la technique consistait en 3 séries de 60 répétitions de
mobilisations par tension et par glissement séparées de 15 secondes de repos. Une
séance comprenait l’ensemble des techniques décrites précédemment. Les séances
avaient lieu 2 fois par semaine pendant 20 séances, soit 10 semaines.
Dans l’article de Wolny & Linek (2018a), le thérapeute réalise une séquence
neurodynamique sur le nerf médian. Le patient est en décubitus dorsal sur la table, et
le thérapeute se positionne du côté du membre à traiter. Il induit une abduction et une
rotation latérale de l’articulation gléno-humérale, puis une extension du poignet et des
doigts, puis une supination de l’avant-bras et enfin une extension du coude. Lors de
cette séquence, des techniques de glissement et de tension du nerf médian ont été
réalisées dans les directions proximales et distales. (Annexe 19)
Voici les descriptions de la technique :
38
La technique neurodynamique pour le nerf médian est réalisée sur 3 séries de 60
répétitions séparées par des intervalles de 15 secondes entre les séries, tout cela 2
fois par semaine pendant 20 jours. Chaque séance dure environ 20 minutes.
Dans l’article de Sim et al. (2019), le thérapeute exerce un glissement du nerf médian.
Pour cela, il réalise 2 exercices sur la base de l’étude biomécanique de Cappieters.
Les termes de « charge » et « décharge » correspondent respectivement à
« allongement » et « raccourcissement » du nerf médian selon la position utilisée.
Dans le premier exercice, le patient doit faire une extension du poignet (charge) et une
flexion des doigts (décharge) en alternant avec une flexion du poignet (décharge) et
une extension des doigts (charge). Le deuxième exercice repose sur une flexion du
coude (décharge) et une extension de poignet (charge) en alternant avec une
extension de coude (charge) et une flexion de poignet (décharge).
Dans l’article de Talebi et al. (2020), le thérapeute fait glisser les tendons des muscles
fléchisseurs des doigts. Pour cela, il réalise un mouvement dit « oscillatoire » de
flexion-extension de l’articulation métacarpo-phalangienne des doigts. Les modalités
d’application sont 3 séries durant 3 minutes.
Dans l’article de Vaidya & Nariya (2020), un exercice de glissement tendineux est
réalisé. Le patient doit maintenir 5 positions différentes pendant 7 secondes et le
répéter 5 fois à chaque séance :
- Main droite : poignet en position neutre avec les doigts et le pouce en extension.
- Main en crochet : poignet en position neutre MP en position neutre avec les IPP
et IPD en flexion
- Main poing : poignet neutre, enroulement des doigts (MP, IPP, IPD) avec le
pouce qui vient se fléchir en avant des autres doigts
- Main dessus de table : poignet neutre, MP en flexion et IPP et IPD en extension
- Main poing droit : poignet neutre, MP en flexion, IPP en flexion et IPD en
extension, le pouce est en extension
39
Figure 9 : Glissement tendineux (Vaidya & Nariya, 2020)
Pour cet exercice de glissement tendineux, il faut que le patient réalise au total 3-5
séances par jour pendant 4 semaines.
Dans l’article d’Oskouei et al. (2014), des exercices de glissement des tendons
fléchisseurs des doigts sont réalisés. Les conditions d’application et le déroulement
des exercices ne sont pas détaillés.
Dans l’article de Sim et al. (2019), le thérapeute réalise des glissements tendineux en
utilisant la technique de Wehbe et Hunter. Cette technique est composée de 5
mouvements des doigts.
On commence par une extension complète suivie d’une flexion complète des doigts.
Puis, le thérapeute exerce une extension de l’articulation inter-phalangienne proximale
(IPP), tandis que les articulations métacarpo-phalangiennes (MP) et les inter-
phalangiennes proximales sont maintenues en flexion complète. Ensuite les IPP ont
été étendus, tandis que les MP étaient en flexion et les IPD maintenues en extension.
Enfin, toutes les MP étaient en extension et toutes les IPP et IPD en flexion complète
(crochet).
Les modalités d’application sont les suivantes : 10 répétitions, durant 10 séances par
jour.
40
7.1.5 Association de la physiothérapie et attelle à d’autres techniques
Les techniques manuelles ont été parfois couplées avec d’autres techniques de
traitement telles que la physiothérapie (les ultrasons, le Transcutaneous Electronical
Nerve Stimulation), le port d’attelle.
Dans l’article Vaidya & Nariya (2020), les deux groupes ont reçu une thérapie par
ultrasons et le port d’une attelle de nuit. Les ultrasons étaient pulsés sur le canal
carpien avec une fréquence de 1 MHz, une intensité de 1 MHz/cm2 pendant 5 minutes.
Trois séances ont été données par semaine pendant 4 semaines. Pour l’attelle de nuit,
le poignet était en position neutre avec les doigts et le pouce en extension.
Dans l’article d’Oskouei et al. (2014), le thérapeute utilise une attelle, du TENS et des
ultrasons. L’attelle utilisée est une attelle courte type cock-up (Annexe 24) où le
poignet est en position neutre (0°). Cette attelle est à porter nuit et jour pendant 4
semaines. Ajouté à cela, le thérapeute a recours au TENS durant 20 minutes à chaque
session, 3 jours par semaine, à une fréquence de 80 Hz, une durée d’impulsion de 60
µs, une intensité de sensation de picotement supportable. Les ultrasons sont aussi
utilisés, au niveau de la zone palmaire du canal carpien pendant 5 minutes à chaque
séance, 3 jours par semaine, à une fréquence de 1 MHz, une intensité de 1 W/cm2 et
un rapport cyclique de 20 %.
Dans l’article de Sim et al. (2019), les patients ont effectué une thérapie par ultrasons
à raison d’une fois par semaine pendant 8 semaines, cette session durait 5 minutes.
Les ultrasons étaient réglés avec une fréquence de 1 MHz, une intensité de 1,0 W/cm2
41
et un mode pulsé. Les ultrasons étaient appliqués sur la zone du canal carpien
jusqu’au pli du poignet. Les orthèses ont été réalisées en position neutre. Les patients
devaient porter l’orthèse pendant 8 semaines de manière stricte. Ils avaient la
possibilité de l’enlever 1 heure par jour au maximum.
Dans l’article de Günay (2015), l’ensemble des patients c’est-à-dire les patients du
groupe de traitement par mobilisation des os du carpe et les patients du groupe témoin
doivent porter une attelle de nuit durant les 10 jours de traitement.
8. Discussion
Dans cette partie, nous allons interpréter les résultats de notre scoping review et
recenser les limites de notre étude. Puis nous ferons une proposition sur un travail
complémentaire qui pourrait être réalisé suite à cette scoping review.
L’objectif de la scoping review que nous avons réalisée est de cartographier les
différentes techniques manuelles qu’un MK peut mettre en place lors de la prise en
soin d’un patient atteint du SCC à un stade léger à modéré. Les résultats obtenus de
nos 10 articles inclus, nous permettent de mettre en lumière les différentes techniques
qui y ont été étudiées.
Les articles traitent de 5 techniques principales :
- les massages et étirements
- la mobilisation des os du carpe
- les techniques neurodynamiques
- les glissements tendineux
- l’association de l’une de ces techniques à de la physiothérapie (ultrasons, TENS) ou
au port d’attelle.
D’après les résultats de nos recherches, les conditions d’application (intensité, durée
de la thérapie, durée d’une séance) sont adaptables et n’ont pas offert de consensus
dans la réalisation de la prise en soin.
42
Lors de nos recherches, l’intensité des séances était entre 2 et 3 fois par semaine,
dans 70 % des cas.
La thérapie durait entre 4 et 10 semaines pour 70 % des cas. Les thérapies ne
proposaient pas un enchainement particulier des techniques manuelles.
Concernant la durée d’une séance de masso-kinésithérapie, celle-ci durait entre 15 et
30 minutes selon les articles.
Dans les études retenues, certains auteurs se sont intéressés à la détente musculaire
de certains muscles (rond pronateur et/ou trapèze) dans le but de réduire la
symptomatologie du patient. Ces muscles sont à distance du canal carpien, le rond
pronateur se situant au niveau de l’articulation du coude et le trapèze au niveau de
l’articulation de l’épaule. Cela démontre que le MK doit analyser et prendre en compte
l’entièreté du membre supérieur du patient atteint de SCC et pas seulement se
focaliser sur la zone du canal carpien et sur la main où les symptômes sont présents.
Le nerf médian provient du plexus brachial, qui prend son origine au niveau du rachis
cervical et se termine dans les 3 premiers doigts de la main, il faut donc agir sur tout
le trajet de ce nerf. Nous pouvons être confrontés à des zones de piégeage de ce nerf,
à différents endroits de son trajet. Les techniques pratiquées à distance du canal
carpien pourraient avoir un intérêt pour les patients atteint de SCC léger à modéré.
Ce nerf peut être « piégé » lors de son trajet au travers des différentes
articulations qu’il traverse : rachis cervical, épaule, coude, poignet.
Les techniques neurodynamiques étudiées dans notre recherche mobilisent l’entièreté
du membre supérieur du patient pour faire « coulisser » le nerf sur toute sa longueur.
Et l’on retrouve bien le travail sur les différentes articulations citées précédemment. Le
nerf médian est mobilisé soit en raccourcissement, soit en allongement selon la
position des articulations mises en jeu.
Le fait de venir travailler la totalité du nerf, de le faire coulisser peut potentiellement
permettre d’éviter ce que l’on a appelé le « double crush » où le nerf peut se retrouver
piégé à deux endroits différents le long de son trajet.
De plus, les exercices de glissements tendineux et nerveux étant réalisés par le
patient, nous pourrions envisager que le patient les réalise chez lui sous forme d’auto-
rééducation. Bien sûr, la réalisation de ces exercices serait supervisée par le MK lors
des séances de rééducation dans le but de vérifier la bonne compréhension et
réalisation des différents mouvements et des modalités d’application.
43
Le but de l’ensemble de ces techniques est de soulager le patient, de diminuer les
symptômes et d’améliorer la fonction.
Le processus de sélection a été réalisé par une seule personne, ce qui peut engendrer
des biais de sélection en cas de doute sur l’inclusion de certains articles. De plus, la
détermination des critères d’inclusion ou de non-inclusion pour cette pathologie sont
difficiles car il n’y a pas de consensus sur la classification exacte des stades de
sévérité du SCC. Le fait de n’avoir qu’une seule personne pour choisir ces critères
peut être un biais à notre étude.
Dans cette scoping review, nous avons choisi d’investiguer seulement les techniques
dites « manuelles » de la masso-kinésithérapie. Néanmoins, l’arsenal thérapeutique
du MK ne se résume pas seulement à des techniques manuelles. Le MK est capable
d’utiliser des techniques dites « instrumentales » pour optimiser la prise en soin de ses
patients.
Pour notre étude, nous avons choisi d’inclure seulement les articles en français et en
anglais. Ce choix peut nous limiter dans l’élaboration de notre cartographie des
techniques manuelles et peut constituer un biais de langage.
En plus de la limite dans les langues, nous avons aussi mis une limite de date (-10
ans). Cela peut restreindre nos résultats et amener un manque d’informations sur des
techniques plus anciennes que nous n’aurions pas étudiées.
Nous avons effectué nos recherches dans deux bases de données : PubMed et
CochraneLibrary. D’autres sources auraient pu rendre notre étude plus exhaustive sur
les techniques manuelles mises en place par un MK face à un patient atteint de SCC
léger à modéré.
La qualité de nos équations de recherches sur ces bases de données peut constituer
un biais, nous n’avons peut-être pas déterminé les mots-clés les plus adaptés pour
44
permettre un « mapping » plus efficient des techniques manuelles masso-
kinésithérapiques.
A l’instar de l’inclusion des articles, l’extraction des données a été réalisée par un seul
examinateur. Nous pouvons retrouver des oublis ou des biais d’information lors de
cette extraction.
8.3 Ouverture
Dans le cas d’un SCC léger à modéré, en France le traitement conservateur est choisi
en première intention. Il est composé du port d’attelle et de l’injection de corticoïdes.
Cependant nos recherches montrent que certains praticiens se sont intéressés à des
techniques de mobilisation de tissus mous par les étirements et massages, de
mobilisation nerveuse par les techniques neurodynamiques, de mobilisations
45
tendineuses et de mobilisations des os du carpe. Donc les recommandations actuelles
préconisent une certaine immobilisation du poignet par l’attelle et la littérature parle de
mobilisations de différentes structures. On retrouve ici un conflit sur la marche à suivre
pour le traitement du SCC. Ces mobilisations sont bien entendu réalisées par un MK,
qui est un professionnel de santé qualifié, pour qui ces techniques font partie du panel
thérapeutique.
Ce traitement masso-kinésithérapique aurait l’objectif de réduire la symptomatologie
du patient par les différentes techniques citées précédemment selon leur efficacité. De
plus, une étude sur les conditions d’application en termes d’enchainement des
techniques au sein de la séance, de séries, de répétitions, de temps de repos, de
temps de séance, de durée de la prise en soin ainsi que d’auto-rééducation avec les
glissements tendineux ou bien les techniques neurodynamiques pourrait être menée.
46
9. Synthèse de la scoping review
Critères d’éligibilité des études : Patients ayant un syndrome du canal carpien léger
à modéré, sans pathologie(s) associée(s), traités avec des techniques masso-
kinésithérapiques manuelles.
Résultats : Parmi nos 10 articles inclus, nous avons identifié 5 techniques manuelles
qui sont : l’étirement/massage des tissus mous, les glissements tendineux, les
techniques neurodynamiques sur nerf médian, les mobilisations des os du carpe et
l’association de l’une de ces techniques à de la physiothérapie et/ou au port d’attelle.
47
10. Conclusion
48
Références bibliographiques
Brin, E., Evelinger, S., Hominal, A., Cerioli, A., & Dufour, X. (2018). Point d’anatomie.
Focus sur le nerf médian. Kinésithérapie, la Revue, 18(202), 21-24.
https://doi.org/10.1016/j.kine.2018.07.002
Carla Vanti et al. (2017, avril 28). The Upper Limb Neurodynamic Test One -.
http://www.fisioreabilita.it/2017/04/28/the-upper-limb-neurodynamic-test-1-intra-
and-intertester-reliability-and-the-effect-of-several-repetitions-on-pain-and-
resistance/
Chirurgie du nerf médian au canal carpien—Institut Européen de la Main. (2018).
http://www.sosmain.eu/index.php?id=chirurgie-du-nerf-median-au-canal-carpien
Comprendre le syndrome du canal carpien. (2019).
https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/syndrome-canal-carpien/comprendre-
syndrome-canal-carpien
Frank H. Netter. (2015). Atlas d’anatomie humaine (6 édition). Elsevier Masson.
Günay, B. (2015). The Effectiveness of Carpal Bone Mobilization Accompanied by
Night Splinting in Idiopathic Carpal Tunnel Syndrome | Cochrane Library.
https://www.cochranelibrary.com/central/doi/10.1002/central/CN-02108297/full
Haute Autorité de Santé. (2012a). chirurgie du syndrome du canal carpien : Approche
multidimensionnelle pour une decision pertinente.pdf.
Haute Autorité de Santé. (2012b). Recommandations liées au parcours du patient avec
signes de syndrome du canal carpien.
Isabel de-la-Llave-Rincón, A., Puentedura, E. J., & Fernández-de-Las-Peñas, C.
(2011). Clinical presentation and manual therapy for upper quadrant
musculoskeletal conditions. The Journal of Manual & Manipulative Therapy, 19(4),
201-211. https://doi.org/10.1179/106698111X13129729551985
Michel Dufour. (2016). Anatomie de l’appareil locomoteur Tome 2 Membre supérieur
(3e édition). Elsevier Masson.
Oskouei, A. E., Talebi, G. A., Shakouri, S. K., & Ghabili, K. (2014). Effects of
neuromobilization maneuver on clinical and electrophysiological measures of
patients with carpal tunnel syndrome. Journal of Physical Therapy Science, 26(7),
1017-1022. https://doi.org/10.1589/jpts.26.1017
Pavageau, W. (2015, novembre). Syndrome du canal carpien : Symptômes,
traitement, définition. https://www.docteurclic.com/maladie/syndrome-du-canal-
carpien.aspx
Petrover, D., & Richette, P. (2018). Treatment of carpal tunnel syndrome : From
ultrasonography to ultrasound guided carpal tunnel release. Joint Bone Spine,
85(5), 545-552. https://doi.org/10.1016/j.jbspin.2017.11.003
Piriforme. (2000). Test de Phalen | Piriforme.
http://www.piriforme.fr/bdd/orthopedie/poignet/phalen
Pommerol, P. (2007). TEST NEURAL DU MEMBRE SUPÉRIEUR 1 (TECHNIQUE
ULNT1). 12.
Raimbeau, G. (2008). Récidives de syndrome du tunnel carpien. Chirurgie de la Main,
27(4), 134-145. https://doi.org/10.1016/j.main.2008.07.001
Ramsay Santé. (2002, octobre 27). Syndrôme du canal carpien | Ramsay Santé.
https://ramsaygds.fr/vous-etes-patient-en-savoir-plus-sur-ma-
pathologie/syndrome-du-canal-carpien
RG 57. Tableau—Tableaux des maladies professionnelles—INRS. (2009).
http://www.inrs.fr/publications/bdd/mp/tableau.html?refINRS=RG%2057
Richard L. Drake, A. Wayne Vogl, & Adam W. M. Mitchell. (2015). Gray’s Anatomie
pour les étudiants (3e éd.). Elsevier Masson.
Santé Publique France. (2020). Le syndrome du canal carpien. Santé Publique france.
https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-liees-au-
travail/troubles-musculo-squelettiques/donnees/le-syndrome-du-canal-
carpien#block-196367
Sevivas, N., Gherissi, A., Kalouche, I., & Viet, D. L. (2009). SYNDROME DU CANAL
CARPIEN : QUEL TRAITEMENT ? 11.
Sim, S. E., Gunasagaran, J., Goh, K.-J., & Ahmad, T. S. (2019). Short-term clinical
outcome of orthosis alone vs combination of orthosis, nerve, and tendon gliding
exercises and ultrasound therapy for treatment of carpal tunnel syndrome. Journal
of Hand Therapy: Official Journal of the American Society of Hand Therapists, 32(4),
411-416. https://doi.org/10.1016/j.jht.2018.01.004
Syndrome du canal carpien—Pathologie de la main. (2011).
http://www.ccos.fr/syndrome-canal-carpien
Talebi, G. A., Saadat, P., Javadian, Y., & Taghipour, M. (2020). Comparison of two
manual therapy techniques in patients with carpal tunnel syndrome : A randomized
clinical trial. Caspian Journal of Internal Medicine, 11(2), 163-170.
https://doi.org/10.22088/cjim.11.2.163
Topp, K. S., & Boyd, B. S. (2006). Structure and Biomechanics of Peripheral Nerves :
Nerve Responses to Physical Stresses and Implications for Physical Therapist
Practice. Physical Therapy, 86(1), 92-109. https://doi.org/10.1093/ptj/86.1.92
Tuppin, P., Blotière, P.-O., Weill, A., Ricordeau, P., & Allemand, H. (2011). Syndrome
du canal carpien opéré en France en 2008 : Caractéristiques des malades et de leur
prise en charge. Revue Neurologique, 167(12), 905-915.
https://doi.org/10.1016/j.neurol.2011.05.010
Vaidya, S. M., & Nariya, D. (2020). Effect of neural mobilisation versus nerve and
tendon gliding exercises in carpal tunnel syndrome : A randomised clinical trial |
Cochrane Library.
https://www.cochranelibrary.com/central/doi/10.1002/central/CN-02144029/full
Wolny, T., & Linek, P. (2018a). Neurodynamic Techniques Versus “Sham” Therapy in
the Treatment of Carpal Tunnel Syndrome : A Randomized Placebo-Controlled Trial
| Cochrane Library.
https://www.cochranelibrary.com/central/doi/10.1002/central/CN-01459924/full
Wolny, T., & Linek, P. (2018b). The Effect of Manual Therapy Including Neurodynamic
Techniques on the Overall Health Status of People With Carpal Tunnel Syndrome :
A Randomized Controlled Trial. Journal of Manipulative and Physiological
Therapeutics, 41(8), 641-649. https://doi.org/10.1016/j.jmpt.2018.11.001
Wolny, T., Saulicz, E., Linek, P., Myśliwiec, A., & Saulicz, M. (2016). Effect of manual
therapy and neurodynamic techniques vs ultrasound and laser on 2PD in patients
with CTS : A randomized controlled trial. Journal of Hand Therapy: Official Journal
of the American Society of Hand Therapists, 29(3), 235-245.
https://doi.org/10.1016/j.jht.2016.03.006
Wolny, T., Saulicz, E., Linek, P., Shacklock, M., & Myśliwiec, A. (2017). Efficacy of
Manual Therapy Including Neurodynamic Techniques for the Treatment of Carpal
Tunnel Syndrome : A Randomized Controlled Trial. Journal of Manipulative and
Physiological Therapeutics, 40(4), 263-272.
https://doi.org/10.1016/j.jmpt.2017.02.004
Annexes