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Cervicalgie commune et névralgies


cervicobrachiales
C.-H. Roux, N. Bronsard

Dans les cervicalgies communes, aucune cause ou lésion avérée ne peut généralement être retenue.
Très fréquentes, elles ont des conséquences financières importantes. Les progrès de la physiopathologie
ont permis une meilleure compréhension de la symptomatologie et des connexions avec des manifes-
tations à distance, que ce soit des céphalées, des pseudovertiges, des manifestations ophtalmologiques
ou oto-rhino-laryngologiques (ORL), des douleurs référées. Le torticolis de l’adulte ou de l’enfant est
un cas particulier avec de nombreuses étiologies. Les formes symptomatiques sont nombreuses, parfois
de réalité discutable. Se placent ici : la névralgie d’Arnold, le syndrome de l’angulaire de l’omoplate,
l’arthrose cervicale (association plutôt que cause), les formes post-traumatiques, rarement graves, dont
le coup de fouet cervical, et des formes inquiétantes : tumorales, infectieuses, vasculaires, rhumatismes
inflammatoires, etc. ; ainsi que d’autres plus bénignes : syndrome d’Eagle, syndrome de l’os hyoïde, syn-
drome cervicolingual, parfois impressionnantes en cas de pathologie microcristalline. L’imagerie répond
au désir d’éliminer une cause grave ; elle doit être envisagée avec modération. Les difficultés diagnostiques
sont multiples avec des affections locales ou distantes. Une multitude de traitements ont été proposés
empiriquement, la plupart efficaces. La névralgie cervicobrachiale (NCB) comporte une douleur cervi-
cale et une douleur de topographie radiculaire dans l’un ou les deux membres supérieurs. Les causes
les plus fréquentes de la NCB commune sont la hernie discale cervicale, et surtout le conflit radiculaire
consécutif à un rétrécissement dégénératif du foramen intervertébral avec une composante mécanique
et une composante inflammatoire. La douleur est associée à des troubles objectifs sensitifs, moteurs et
réflexes. Des radiographies du rachis cervical sont licites, alors qu’imagerie par résonance magnétique
(IRM) et tomodensitométrie (TDM) doivent être limitées aux cas non résolutifs ou dans l’optique d’un
acte invasif. L’exploration électrique est une aide pour le diagnostic différentiel qui se fait surtout avec des
plexopathies et des neuropathies tronculaires, parfois avec une myélopathie cervicarthrosique. Les NCB
symptomatiques, peu nombreuses, sont souvent des formes potentiellement graves, d’origine rachidienne
ou intrarachidienne : traumatiques, tumorales plus souvent malignes que bénignes, infectieuses, rhuma-
tismes inflammatoires, etc. Le traitement des NCB communes est avant tout médical : maintien si possible
de l’activité, collier cervical, tractions vertébrales, acupuncture, antalgiques, anti-inflammatoires non sté-
roïdiens, myorelaxants, physiothérapie, kinésithérapie, etc. Manipulations et injections sont déconseillées.
Le traitement chirurgical ne se conçoit qu’après échec d’un traitement médical bien conduit ou bien en
cas d’indication de chirurgie en urgence.
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Mots-clés : Cervicalgie commune ; Névralgie cervicobrachiale (NCB) ; Torticolis ; Névralgie d’Arnold ;


Arthrose cervicale ; Coup de fouet cervical ; Hernie discale cervicale ; Conflit radiculaire ;
Traitement médical des cervicalgies communes ; Traitement médical des NCB ;
Traitement chirurgical de la NCB

Plan  Introduction
■ Introduction 1 Les cervicalgies sont définies comme des douleurs ressenties à
■ Cervicalgie commune 1 la partie dorsale de la nuque, entre en haut la ligne nucale supé-
Cervicalgie commune 2 rieure, et en bas les épines des scapulas et le bord supérieur des
Cervicalgies symptomatiques 4 clavicules [1] . La névralgie cervicobrachiale (NCB) est l’association
Imagerie 6 d’une douleur cervicale et d’une douleur de topographie radicu-
Diagnostic différentiel 6 laire dans l’un ou les deux membres supérieurs.
Traitement 6

 Cervicalgie commune
■ Névralgies cervicobrachiales 8
Névralgies cervicobrachiales communes 8
Névralgies cervicobrachiales symptomatiques 11
Traitement 12 Généralement, aucune cause avérée ne peut être retenue, et
les lésions anatomiques peuvent être considérées banales compte

EMC - Appareil locomoteur 1


Volume 11 > n◦ 2 > avril 2016
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0521(16)63667-7
15-831-A-10  Cervicalgie commune et névralgies cervicobrachiales

Tableau 1. Physiopathologie [6]


Approche étiologique des cervicalgies (d’après [2] ).
Toutes les structures innervées sont des sources poten-
Cervicalgies Fracture tielles de douleurs : muscles du cou (postérieurs, prévertébraux,
rares traumatiques Hématome rachidien latéraux), articulations (zygapophysaires, uncovertébrales, occipi-
Entorse grave toatloïdiennes, atloïdoaxoïdiennes, odontoïde–atlas), ligaments,
Cervicalgies rares non Rhumatismes inflammatoires synoviales, ménisques, vaisseaux, disque intervertébral, dure-
traumatiques Arthropathies microcristallines mère, etc.
Dissection artère vertébrale
Tumeurs médullaires, rachidiennes Évaluation [7]
et intrarachidiennes
Infections Intensité de la douleur, incapacité et amplitudes peuvent être
Cervicalgies Cause inconnue mesurées.
communes Arthrose cervicale
Post « coup du lapin » Manifestations cliniques
Les douleurs cervicales sont ressenties derrière le cou, à sa par-
tie basse ou haute, parfois sur toute sa hauteur, ou latéralement,
pratiquement jamais en avant.
Tableau 2.
Éléments alarmants (drapeaux rouges) (adapté de [5] ). Modalités d’installation
Affection maligne, Fièvre, sueurs nocturnes Un facteur déclenchant est parfois retrouvé : accident de voi-
infection, Perte de poids inexpliquée ture, chute, contraintes exagérées (port d’objets lourds, travail
inflammation Antécédent : cancer, infections, maladie inhabituel, malposition maintenue, etc.). La question des cervical-
inflammatoire, immunosuppression, sida, etc. gies posturales fait débat. Souvent évoquées, les postures sont plus
Douleur excruciante, nocturne, intraitable, la conséquence que la cause des cervicalgies [6] . Il s’agit de sujets
douleur rachidienne exquise jeunes ou adultes exerçant des professions nécessitant une flexion
Adénopathies du cou prolongée ; une irradiation au rachis dorsal est fréquente ;
Myélopathie Troubles de la marche les radiographies sont normales.
Maladresse des mains Les douleurs peuvent survenir au réveil, s’installer de façon
Anomalie neurologique objective progressive, après certains mouvements. En cas de recrudescence
Autres Antécédent de chirurgie cervicale nocturne (non rare), il faut éliminer un autre diagnostic. Elles
Drop attacks peuvent être diffuses, bilatérales, irradiant parfois aux épaules, aux
Douleur progressivement croissante trapèzes, à la tête, aux fosses supraépineuses, entre les scapula, à
la partie haute du thorax, aux bras (NCB).
Coup de fouet Perte de conscience
cervical Déficit neurologique objectif Modalités évolutives
Instabilité cervicale
Elles peuvent être aiguës, exacerbées par toute tentative de
mobilisation, avec attitude antalgique en latéroflexion plus ou
moins marquée (torticolis). Elles peuvent être prolongées et
tenu de l’âge. On parle alors de cervicalgies non spécifiques, de cer- lorsqu’elles persistent plus de six mois, on parle de cervical-
vicalgies d’origine inconnue. On retrouve ici [2] le coup de fouet gies chroniques. L’existence de cette forme est discutée avec des
cervical post-traumatique et, avec une imputabilité parfois discu- facteurs psychogènes probables ainsi que fatigue et stress. La capa-
table, l’arthrose cervicale (discale et zygapophysaire), les activités cité du patient à reproduire sa douleur est un argument pour
de force, les postures prolongées de la tête. L’isolement de ce l’organicité.
groupe de douleurs cervicales aspécifiques et d’évolution généra- Examen
lement très favorable repose en fait sur l’absence d’identification
Inspection. Debout, on apprécie la posture de la tête, la sta-
de lésion anatomique, infectieuse, tumorale, inflammatoire, etc.
tique rachidienne en recherchant une anomalie dans le plan
(Tableau 1).
frontal, le plan sagittal, et une préférence pour la rotation globale
Les incapacités générées par les cervicalgies les situent dans le
du corps plutôt que pour la rotation de la tête.
monde au quatrième rang en termes d’années vécues avec une
Mobilité. On recherche sur le patient assis une diminution
incapacité [3] . Elles ont des conséquences financières importantes
de mobilité active et passive et/ou une douleur lors des flexion,
en termes de coûts directs (consommations de soins) et indi-
extension, rotation et latéroflexion. On peut s’aider de mesures
rects (indemnisations, absentéisme, etc.), particulièrement dans
de distances : menton–sternum, oreille–épaule en inclinaison laté-
les pays développés. Elles ont représenté 1 % des dépenses de
rale, menton–acromion en rotation. La mobilité normale est pour
santé, soit 0,1 % du produit intérieur brut aux Pays-Bas en 1996 [4] .
la flexion : 45◦ , l’extension : 55◦ , la flexion latérale : 40◦ , les rota-
Un travail exhaustif réalisé par la Task Force on Neck Pain and
tions : 70◦ . Le déficit de mobilité est discret dans les cervicalgies ;
Associated Disorders (Bone and Joint Decade 2000–2010) a été
lorsque la douleur est aiguë la limitation est plus intense. Une cré-
rapporté dans un numéro spécial de Spine 2008, en France la Revue
pitation lors des rotations est sans signification pathologique. Un
du rhumatisme leur a consacré deux numéros spéciaux en 2004 et
moyen commode de noter les résultats est le schéma en « étoile »
2008.
de Maigne dont les branches correspondent aux directions des
La vérification de l’absence d’éléments de gravité potentielle
mouvements.
(signes d’alerte) est un impératif. Ce sont les drapeaux rouges de
Palpation. En décubitus dorsal, en position confortable, il
la littérature anglo-saxonne (Tableau 2) [5] . La présence de l’un
faut vérifier toutes les structures : apophyses épineuses de C7
d’entre eux imposerait des explorations.
et de C2 facilement, transverse de C1, articulations zygapophy-
saires (typiquement palpées latéralement avec le médius tendu, à
1 cm de la ligne des épineuses, en commençant par le bas et en
remontant progressivement). La palpation appuyée bilatérale et
Cervicalgie commune comparative permet souvent de reproduire la douleur du patient
et de localiser une souffrance segmentaire. Le plus souvent il s’agit
Épidémiologie et histoire naturelle de C5–C6 et C2–C3. Les muscles, surtout les élévateurs de la sca-
Les études épidémiologiques sont inhomogènes du fait en par- pula, splénius de la tête et du cou, trapèze, semi-épineux de la
ticulier de méthodologies différentes, mais elles mettent toutes tête et du cou, peuvent révéler trois types d’anomalies : cordons
en évidence une incidence élevée (10,4 à 21,3 % par an selon les myalgiques (fibres musculaires tendues et sensibles à la palpa-
études). tion), point-gâchette dont la pression reproduit la douleur et sa

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V1

C2

VII X V2

C3 V3

C4

Branches terminales du plexus brachial


Dermatomes sensitifs du membre supérieur
(territoires sensitifs)

Nerfs supraclaviculaires C5 C6
C6 C8
Nerf axillaire
C7
Nerf cutanémédial T1
du bras
Nerf radial
C8

Nerf cutanémédial
de l’avant-bras

Nerf cutanélatéral
de l’avant-bras

Nerf ulnaire
C7

Nerf médian

Le nerf musculo cutané tire ses fibres de C5 et C6.


Le nerf médian tire ses fibres de C6,C7,C8,D1.
Le nerf ulnaire tire ses fibres de C8 et D1.
Le nerf radial tire ses fibres de C6,C7,C8,D1.
Le nerf axillaire tire ses fibres de C5 et C6.

Figure 1. Dermatomes sensitifs : membre supérieur, tête et cou. 1. Nerf supraclaviculaire ; 2. nerf axillaire ; 3. nerf cutané médial du bras ; 4. nerf radial ;
5. nerf cutané médial de l’avant-bras ; 6. nerf cutané latéral de l’avant-bras ; 7. nerf ulnaire ; 8. nerf médian.

projection, et douleur d’insertion. En cas d’irradiations occipi- Le vertige cervical, non rotatoire, est secondaire à un défaut
tales ou céphaliques, il faut rechercher une cellulalgie dans les de stabilisation cervicocéphalique dans l’espace par atteinte de
dermatomes C2 et C3 (manœuvre de la friction), et de la région la proprioception cervicale surtout musculaire qui limite le fonc-
sus-orbitaire (pincé-roulé du sourcil). Lorsqu’il s’agit d’une cervi- tionnement normal des systèmes vestibulaires et visuels [8] . Une
calgie à irradiation basse, il faut explorer la fosse sus-épineuse : contracture cervicale peut induire un vertige de même que des
dermatomes T1, T2, T3, rechercher aussi une dorsalgie inter- causes vasculaires, une cervicarthrose, un coup de fouet cervi-
scapulaire (point douloureux au niveau de l’épineuse T4, zone cal, une dysfonction du rachis cervical supérieur. Le diagnostic
cellulalgique dorsale au pincé-roulé), et douleur le long du muscle de vertige cervical est un diagnostic d’élimination qui nécessite
élévateur de la scapula et à son insertion. Il faut aussi vérifier des explorations oto-rhino-laryngologiques (ORL), ophtalmolo-
thyroïde, trachée, aires ganglionnaires, glandes salivaires, articu- giques, neurologiques. Des anomalies objectives de l’équilibre
lations temporomandibulaires, épaules. Un examen neurologique statique et dynamique, souvent avec céphalées, ont été constatées
complet est indispensable. La distribution dermatomale est sché- chez des cervicalgiques chroniques avec sensations vertigineuses
matisée sur la Figure 1. et instabilité posturale.
Des céphalées peuvent être aussi associées. Elles sont
Associations unilatérales, à point de départ cervical avec irradiation oculo-
Les cervicalgies peuvent être associées à des vertiges dont fronto-temporale. On les attribue à l’irritation de la deuxième
l’origine cervicale, souvent évoquée, doit être considérée avec pru- racine cervicale, ou à des tiraillements dure-mériens (tension
dence. du muscle rectus capitis posteriori minor), ou à une projection

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douloureuse vers la région sus-orbitaire. Elles évoluent par épi- dégénératives, tumorales ; pharynx : adénites, amygdalites, infec-
sodes, calmées par le décubitus, accrues par la flexion du cou. Des tions ; système nerveux central : tumeurs cérébelleuses ; oreille :
critères ont été proposés pour les différencier des céphalées de ten- infections ; médicaments : antiémétiques, antipsychotiques, neu-
sion et de la migraine. Leur prévalence a été estimée à 4,1 %, 27 % roleptiques, phénothiazines).
en cas de coup de fouet cervical. La mobilité cervicale est réduite, la • Le plus souvent il s’agit d’un torticolis aigu, correspondant à
pression du rachis cervical haut est sensible aux niveaux C1–C2, un dérangement mineur cervical mécanique (subluxation atlas-
C2–C3, des cellulalgies sont présentes dans les territoires C2 ou axis, pincement synovial), apparaissant souvent au réveil, ou
C3, et/ou sus-orbitaire. Les blocs anesthésiques sont un élément après un mouvement brusque ou particulier [15] . La contrac-
important mais non indispensable au diagnostic : blocs C2 ou C3, ture musculaire est persistante au niveau du cou avec douleur à
articulations zygapophysaires [9] . Des céphalées d’origine cervicale chaque mouvement. La contracture implique le muscle trapèze
basse ont été décrites, de même que des points-gâchettes muscu- et le sterno-cléido-mastoïdien. L’évolution est résolutive en une
laires à l’origine de douleurs du scalp sans dysfonctionnement à quatre semaines.
rachidien (syndrome myofascial). Parmi les céphalées d’origine • Une forme particulière est le torticolis spasmodique, plus fré-
cervicale, la névralgie occipitale d’Arnold constitue une entité quent chez la femme de 40 à 60 ans. La contracture des muscles
anatomoclinique (cf. infra). du cou est puissante, avec des secousses des muscles de la tête de
D’autres manifestations sont parfois présentes : acouphènes, grande amplitude, irrégulières, s’accompagnant de cervicalgies
troubles visuels, troubles phoniques. et de céphalées. L’évolution est chronique, des rémissions sont
Le syndrome dit « de Barré-Liéou » a beaucoup fait discuter [10] . possibles, mais habituellement transitoires [16] . C’est la forme la
Il associe des troubles vertigineux survenant à la rotation du cou plus fréquente de la dystonie focale survenant chez l’adulte.
à des céphalées occipitales, des bourdonnements d’oreille, des • Chez l’enfant [17] , les étiologies sont nombreuses et de gravité
troubles visuels subjectifs, des troubles phoniques (aphonie oscil- variable. La majorité de ces torticolis sont bénins ce qui ne dis-
lante), de la fatigue, parfois une hypoacousie, une diplopie, des pense pas d’un examen complet pour éliminer les causes rares
paresthésies. Son origine dans une possible irritation par l’arthrose et graves.
cervicale des rami communicants des quatrième, cinquième et
sixième nerfs cervicaux n’a pas été prouvée. Torticolis aigu
Les signes peuvent en fait appartenir à l’insuffisance vertébroba- Les causes sont nombreuses :
silaire, dont il existe des formes sans trouble déficitaire permanent. • traumatiques le plus souvent avec plusieurs possibilités :
Dans la cervicarthrose, une ostéophytose peut comprimer l’artère ◦ luxation rotatoire C1/C2, de type I sans glissement antérieur
vertébrale et la rotation du cou peut transformer une sténose C1/C2, le plus fréquent, survenant à l’occasion d’un mou-
en occlusion complète mais la seule compression artérielle est vement brutal, du sport ; ou de type II avec glissement de
insuffisante pour entraîner des signes cliniques si le réseau ver- moins de 5 mm ; ou de types III ou IV avec glissement de plus
tébrobasilaire est intact. La présence de lésions athéromateuses de 5 mm après choc très violent,
est nécessaire pour que des troubles apparaissent. Elles sont en ◦ fractures de l’atlas, de l’odontoïde, des pédicules de C2, plus
fait l’élément principal et la cervicarthrose n’est qu’un facteur rarement atteinte du rachis cervical inférieur : entorses, luxa-
aggravant. tions, fractures. L’imagerie, surtout la tomodensitométrie
D’autres fois, la cervicalgie comporte une irradiation thoracique (TDM), permet le diagnostic ;
antérieure qui peut prêter au change avec une cardiopathie isché- • infections d’origine avant tout ORL : syndrome de Grisel [18] ,
mique (angor pectoris cervical). mais aussi ostéoarticulaires : spondylodiscites ;
L’association à une lombalgie chronique est fréquente, c’est un • maladies inflammatoires : arthrite idiopathique juvénile, ou de
facteur de risque indépendant de chronicité de la cervicalgie [11, 12] . manière plus bénigne discopathie calcifiante débutant parfois
Sévérité par une cervicalgie aiguë ;
Quatre grades de sévérité des cervicalgies [13] ont été définis pour • causes tumorales bénignes ou malignes très nombreuses. On
le sous-ensemble des individus ayant recours à des soins : peut citer : l’ostéome ostéoïde (rare), le granulome éosinophile
• cervicalgies grades I et II : pas de signe ou de symptôme évoca- avec vertebra plana, le kyste anévrismal, la neurofibromatose,
teur d’une pathologie structurelle majeure, interférence absente le sarcome d’Ewing (l’une des tumeurs rachidiennes les plus
ou minime (I) ou forte (II) avec les activités de la vie quoti- fréquentes), les tumeurs neurologiques : fosse postérieure, céré-
dienne ; brale ou médullaire ;
• cervicalgies grades III et IV : présence de signes neurologiques, • malformations parfois à l’origine de tableaux dramatiques (qua-
symptômes de pathologie structurelle majeure absents (III) ou driplégie), ou mineurs : en particulier les blocs vertébraux et
présents (IV). le syndrome de Klippel-Feil (bloc cervical étendu, cou court,
Cette classification prend en compte la fréquence élevée des implantation basse des cheveux).
grades I et II, les incapacités, et des facteurs individuels et envi-
ronnementaux avec le concept d’interférence sévère, c’est-à-dire Torticolis chronique
le risque de non-participation sociale, familiale, professionnelle, Il est le plus souvent congénital mais devant des signes neuro-
ainsi que l’évolution et la persistance, et s’applique aussi aux cer- logiques associés, une imagerie est nécessaire pour éliminer une
vicalgies du coup de fouet cervical [1] . cause tumorale [19] .
Pronostic [14]
En population générale, la résolution de douleurs du cou
n’est pas complète (50–85 %). Les sujets jeunes ont un meilleur Cervicalgies symptomatiques
pronostic, les personnes d’âge moyen ont le plus mauvais. La
De nombreuses causes sont décrites [6] , certaines sont sans gra-
pratique d’exercices physiques ne joue pas. Une mauvaise santé
vité, d’autres sont discutables : maladie de Paget, hyperostose
est un relatif facteur péjoratif. Les facteurs psychologiques ont
vertébrale engainante, causes psychogènes, etc. Il faut surtout
une importance modérée. L’irritabilité, l’impression d’injustice
éliminer une affection sévère en cas d’altération de l’état géné-
sont associés à un moins bon pronostic. L’optimisme, l’aptitude
ral, d’adénopathies cervicales, de perte de poids, de fièvre,
à s’adapter, l’autoassurance, de bonnes relations sociales sont des
d’aggravation progressive de la douleur, rebelle à tout traitement,
facteurs favorables.
d’antécédents inquiétants : tumeur, maladie inflammatoire, infec-
tion systémique, toxicomanie, immunosuppression, et recourir
Torticolis à des explorations complémentaires : radiographies, TDM, ima-
C’est une contracture du cou habituellement du muscle gerie par résonance magnétique (IRM), scintigraphie osseuse,
sterno-cléido-mastoïdien avec position vicieuse de la tête et dou- explorations électriques, et biologiques. Une douleur nocturne
leurs musculaires. Un très grand nombre d’affections peuvent doit certes alerter mais elle est fréquente en cas de pathologie
être en cause (vertèbres cervicales : traumatiques, infectieuses, commune.

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Névralgie d’Arnold [20] à la palpation. Si l’enraidissement est majeur, il faut suspecter


une lésion ostéoarticulaire. Actuellement, on considère quatre
Elle représenterait 8,7 % des névralgies d’origine cervicale. C’est
stades [1] . Les situations de traumatisme mineur en coup de
une irradiation douloureuse unilatérale, à la nuque et à la région
fouet cervical (stades I/II) sont de loin les plus fréquentes.
occipitale, violente, à type de décharge électrique, de brûlure,
Aucune investigation n’est nécessaire si une complication n’est
avec cellulalgies (signe du shampoing). La pression à l’émergence
pas suspectée. L’évolution est très variable : récupération rapide
du nerf reproduit la douleur, une injection anesthésiante la sup-
en moins de trois mois dans la moitié des cas, possibilité de per-
prime. Elle correspond à une irritation ou à une compression
sistance de douleurs et d’incapacité à un an, sinon de manière
du grand nerf occipital postérieur et/ou du petit nerf occipital
plus prolongée. Les éléments de mauvais pronostic paraissent
souvent par un processus arthrosique. Des causes sévères sont pos-
être la sévérité initiale de la douleur, des céphalées et de
sibles : arthrites infectieuses, tumorales, polyarthrite rhumatoïde,
l’incapacité, le sexe féminin, la notion d’antécédents de cervi-
etc.
calgie, la présence de lésions dégénératives. Le niveau de la pro-
tection sociale et les conditions de vie sont des facteurs impor-
Syndrome de l’angulaire de l’omoplate tants. Les raisons de la pérennisation éventuelle sont débattues.
Il est fait de douleurs irradiant à la nuque et au bras et de contrac-
tures douloureuses du muscle élévateur de la scapula et du trapèze Cervicalgies tumorales
avec point douloureux à l’insertion basse, et zone douloureuse à Le plus souvent c’est une localisation métastatique d’une
l’insertion haute, dans un cadre de dysfonction posturale ou de néoplasie viscérale, prostatique, mammaire, d’un lymphome rare-
surmenage cervical (travail à l’écran, marche arrière). Il a pu être ment, plus souvent d’un myélome, parfois d’une tumeur primitive
décrit sous le terme de syndrome myofascial. Dans sa forme la agressive (chordome) ou bénigne (chondrome, ostéome ostéoïde).
plus typique c’est l’équivalent d’une NCB C4. Il faut rechercher
systématiquement une sténose foraminale C3–C4. Dans les autres Spondylodiscites
cas, la clinique est moins affirmée et les signes plus flous.
En cas de germe banal, la douleur est vive, inflammatoire, avec
[6] signes généraux : fièvre, frissons, sueurs, abattement. Les atteintes
Cervicarthrose
tuberculeuses sont rares.
On l’évoque chez des patients de plus de 40 ans, devant
des douleurs chroniques, des aspects radiographiques banals de Cervicalgies vasculaires [25]
discarthrose, d’uncarthrose, d’arthrose zygapophysaire, le plus
souvent C5–C6 et C6–C7, dont la corrélation la plus manifeste • Dissection : une cervicalgie isolée ou en association avec des
est avec l’âge. Dans certaines publications d’ailleurs la corrélation céphalées peut révéler une dissection carotidienne ou une dis-
avec la douleur est inverse. section aortique dans un petit nombre de cas. Associée à une
céphalée occipitale, ce peut être la manifestation initiale d’une
Cervicalgies post-traumatiques dissection vertébrale. Les dissections artérielles cervicales sont
la première cause identifiée d’infarctus cérébral du sujet de
• Fractures et entorses cervicales graves sont exceptionnelles et moins de 45 ans. Il est fréquemment précédé par des douleurs
dans un travail déjà ancien [21] , seuls 2 % des sujets avec dou- cervicocrâniennes et des signes locaux (syndrome de Claude
leurs cervicales post-traumatiques avaient des fractures ou des Bernard-Horner, acouphènes unilatéraux pulsatiles), qui sont
ruptures ligamentaires éprouvées. des signes d’alerte. Le diagnostic doit aussi être évoqué devant
• Le coup de fouet cervical, beaucoup plus fréquent, est dû à des céphalées et/ou des cervicalgies associées à des signes locaux
un impact arrière en voiture avec brutale poussée antérieure (notamment le syndrome de Claude Bernard-Horner). L’IRM est
du siège avec flexion relative du cou, puis translation arrière l’examen de choix pour authentifier l’hématome de paroi et les
de la tête (limitée par l’appui-tête) avec étirement du cou et éventuelles conséquences ischémiques cérébrales (séquences en
flexion du rachis cervical supérieur, et brutale extension du diffusion). Le risque de récidive de dissection cervicale est très
rachis cervical inférieur, à laquelle succède une flexion cervicale faible.
légère, le thorax étant maintenu par la ceinture de sécurité [22] . • Carotidynie. Elle correspond à une douleur cervicale haute de
Les contraintes mécaniques sont mineures, une entorse cer- la bifurcation carotidienne, unilatérale, très importante, exacer-
vicale grave ne peut être réalisée que dans un choc violent, bée par la palpation, due à une inflammation péricarotidienne
bien au-delà du traumatisme mineur. Un facteur identifié de visible radiologiquement [26] .
la douleur, dans la moitié des cas, est l’atteinte d’une ou de
plusieurs articulations zygapophysaires responsables (C2–C3 et Dépôts microcristallins [27, 28]
C5–C6 isolément ou en association, et moins souvent C5–C6
Des dépôts d’hydroxyapatite ou de pyrophosphate de calcium
combiné à C6–C7). Cette atteinte trouve confirmation dans la
peuvent être à l’origine de cervicalgies : dépôts dans le muscle
réalisation de blocs de la branche médiale du rameau nerveux
long du cou, dans des disques, dans le ligamentum flavum ou
postérieur innervant l’articulation zygapophysaire, et/ou dans
dans le ligament rétro-odontoïdien de l’atlas constituant alors le
la neurotomie percutanée à hautes fréquences de cette branche
syndrome radiologique de la dent couronnée, avec un tableau de
qui fournit 70 % de bons résultats [23] . La cause de la douleur
cervicalgies intenses, fébriles, conduisant souvent au diagnostic
reste cependant incertaine : possibilité de fractures, de fractures
erroné de méningite ou de spondylodiscite.
sous-chondrales, de lésions de structures méniscoïdes, de fis-
sures capsulaires, d’hémorragie, toutes indétectables avec les
Rhumatismes inflammatoires
procédés habituels. D’autres mécanismes peuvent être incrimi-
nés : atteintes discales (autopsies), lésions musculaires (IRM), La polyarthrite rhumatoïde dans un petit nombre de cas, avec
dysfonctions musculaires, syndromes myofasciaux, anoma- des atteintes essentiellement de la charnière cervico-occipitale,
lies de réflexes (oculomoteurs, vestibulomoteurs). Sont aussi et les spondyloarthropathies peuvent comporter des cervicalgies
évoqués une hypersensibilisation centrale, et des facteurs dans leur tableau clinique. Il en est de même pour la pseudopoly-
psychoémotionnels et affectifs. La cervicalgie est quasi cons- arthrite rhizomélique par atteintes des bourses interépineuses [29] .
tante [24] dans les suites immédiates du coup de fouet cervical,
ou plus tardive avec irradiation dorsale, à l’épaule ou à l’occiput. Cervicalgies atypiques
Il s’y associe des sensations d’instabilité, d’ébriété, des troubles On peut regrouper les syndromes suivants.
visuels avec difficultés d’accommodation, des troubles auditifs,
des étourdissements, des troubles proprioceptifs, des anoma- Syndrome stylocarotidien (syndrome d’Eagle)
lies de la concentration, de la mémoire, du sommeil, souvent Rare, il est à l’origine de douleurs latérocervicales irradiant à la
des céphalées occipitofrontales. La mobilisation passive du cou face, liées à une hypertrophie de l’apophyse styloïde de l’os tem-
est limitée dans la moitié des cas avec des points douloureux poral, ou à une ossification du ligament stylohyoïdien. La douleur

EMC - Appareil locomoteur 5


15-831-A-10  Cervicalgie commune et névralgies cervicobrachiales

est vive, fulgurante, provoquée par la déglutition, la mobilisation Tableau 3.


de la mandibule, les mouvements de rotation de la tête. Le diag- Critères radiologiques d’une entorse cervicale grave.
nostic peut être confirmé par la radiologie et la TDM, parfois par Antélisthésis supérieur à 3,5 mm
l’injection d’un anesthésique local qui supprime la douleur [30] .
Augmentation de l’espace interépineux correspondant par rapport aux
Syndrome de l’os hyoïde [26] étages adjacents
Les douleurs sont localisées plus bas dans le cou, centrées sur Perte de parallélisme des facettes articulaires et perte de contact de ces
la grande corne de l’os hyoïde et aggravées par la déglutition. surfaces égale ou supérieure à 50 %
L’amygdale n’est pas sensible à la palpation. Angulation des deux plateaux vertébraux à l’étage concerné supérieure à
Syndrome cervicolingual 11◦
C’est une douleur cervico-occipitale unilatérale paroxystique de
durée brève, à la rotation brusque de la tête, avec douleurs ou
paresthésies linguales homolatérales de durée plus longue. Une Syndrome algodysfonctionnel de l’appareil
dysfonction de l’articulation C1–C2 du côté douloureux serait manducateur, syndrome de Costen
en cause. Il peut être idiopathique ou révéler une affection sous-
jacente [31] . L’âge de prédilection est entre 30 et 50 ans, il touche surtout les
femmes (trois pour un). La douleur survient lors de la mastication
avec craquements et bruits articulaires chez un sujet présen-
Imagerie tant une malocclusion dentaire. Acouphènes, otalgies, céphalées,
algies faciales ou cervicales hautes, unilatérales, aggravées après
Radiographies conventionnelles les repas sont parfois associés. Des critères ont été définis.
Leur demande répond à un désir d’éliminer une cause grave,
mais elles ne modifient pas le plus souvent l’attitude théra-
peutique. Selon la Haute Autorité de santé (HAS) [32] , en cas de Affections neurologiques
première poussée, le traitement symptomatique peut être entre-
Les causes sont nombreuses : tumeurs de la fosse postérieure
pris avant toute imagerie. La résistance au traitement médical
(astrocytome), tumeurs intrarachidiennes (méningiome, neuri-
bien conduit, l’aggravation clinique ou la douleur et la raideur
nome), malformations nerveuses (Arnold-Chiari), etc.
d’emblée intenses justifient la réalisation de radiographies du
rachis cervical, face et profil, auxquelles est ajouté un cliché de
face odontoïde bouche ouverte en cas de cervicalgie haute ou
Cardiopathies ischémiques
sous-occipitale. Les radiographies sont justifiées avant d’engager
un geste local. La persistance de la cervicalgie sur le même mode Elles se manifestent généralement par des douleurs thoraciques,
ne justifie pas la répétition des radiographies. mais d’autres topographies sont parfois constatées dont les dou-
leurs cervicales, particulièrement chez la femme.
Tomodensitométrie et imagerie par résonance
magnétique
Affections digestives hautes
Elles n’ont pas d’indication dans la cervicalgie vertébrale
commune. On peut y recourir en cas d’aggravation clinique ou Parmi les manifestations du reflux œsophagien peut figurer une
s’il existe un contexte évocateur d’une pathologie inflammatoire, cervicalgie, à côté d’autres manifestations plus spécifiques.
tumorale, infectieuse ou un traumatisme récent. IRM ou TDM en
deuxième intention peuvent être indiquées afin d’éliminer une
cause spécifique ou pour un bilan anatomique. Causes psychogènes et fibromyalgie
Souvent avancé, le diagnostic de cervicalgies psychogènes, en
Coup de fouet cervical dehors d’un cadre psychiatrique précis, ne correspond pas à une
Le risque de passer à côté d’une lésion ostéoarticulaire en réalité et cache volontiers une ignorance de l’étiologie. Dans les
l’absence de radiographies standard semble quasi nul pour les deux cas s’observent des troubles du sommeil et des anomalies
stades I/II en l’absence d’anomalies neurologiques ou d’un point psychologiques, et les classiques points douloureux dans la fibro-
douloureux interépineux précis, si le patient est parfaitement myalgie.
conscient, s’il n’est pas sous l’emprise d’alcool ou de psychotropes,
s’il n’y a pas d’autres lésions douloureuses ailleurs susceptibles
d’occulter la douleur cervicale [24] . Les radiographies sont alors Traitement
sans utilité. En présence d’un traumatisme violent, il faut des
radiographies standard, des clichés en flexion/extension dans les En l’absence d’arguments pour l’intérêt d’un geste chirurgi-
jours qui suivent le traumatisme avec une lecture attentive. Une cal [13] , le traitement médical seul est considéré. Une multitude
TDM pourrait trouver sa place, en revanche une IRM précoce est de traitements ont été proposés empiriquement, la plupart sont
discutable en raison de faux positifs : protrusion, hernie discale, efficaces. Mais en fait, les questions qu’il faut se poser concernent
encore qu’elle permette un dépistage de déchirures discoligamen- l’éventuelle supériorité d’un traitement sur un autre, leur durée
taires graves. En cas de doute, une lecture attentive des clichés nécessaire, et la durée de l’efficacité. Peu d’études bien conduites
standard, surtout chez le sportif, est indispensable complétée ou ou contrôlées existent. L’Institut canadien pour la santé et le tra-
non par des clichés dynamiques, une TDM ou IRM, peut-être vail [34] range les traitements des cervicalgies non traumatiques en
un single photon emission tomography (SPET) à la recherche d’une rubriques :
entorse grave (Tableau 3), d’une fracture, voire d’un hématome • probablement utiles : manipulation, immobilisation, exercices
rachidien [33] . contrôlés, massages et exercices, acupuncture, laser, antal-
giques ;
• peut-être utiles : thérapies neuromusculaires percutanées,
Diagnostic différentiel courtes interventions selon les principes du comportement cog-
nitif ;
Épaule • probablement inutiles : colliers, chaleur, neurostimulation élec-
Des pathologies de la coiffe ou une capsulose rétractile peuvent trique transcutanée (TENS), ultrasons, stimulation musculaire,
interférer avec une pathologie rachidienne cervicale. La différen- exercices, toxine botulique, etc. ;
ciation de l’origine des douleurs peut s’avérer particulièrement • non prouvés : stimulation magnétique, massages seuls, trac-
difficile et nécessiter des explorations complémentaires. Il en est tions, anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et autres
de même pour la pathologie acromioclaviculaire. médicaments.

6 EMC - Appareil locomoteur


Cervicalgie commune et névralgies cervicobrachiales  15-831-A-10

Tableau 4. meilleure qu’avec les médicaments et les résultats sont compa-


Indications et contre-indications des manipulations cervicales [36] . rables à ceux des exercices à domicile.
Indications Cervicalgie commune mécanique Tractions vertébrales
Certaines céphalées et algies projetées (membre On peut proposer des tractions douces manuelles ou sur appa-
supérieur–rachis dorsal, etc.) considérées
reil, avec collier. Patient sur le dos, la machine est réglée pour
comme étant d’origine cervicale
une certaine période et un poids spécifique ; la traction peut rester
Contre-indications Toute pathologie des artères vertébrales régulière pendant toute la période ou être intermittente (peut être
absolues Affections rachidiennes tumorales, infectieuses, préférable) : une fois par jour ou tous les deux jours. On propose
fracturaires, malformatives (Arnold-Chiari-canal généralement dix séances de 30 à 45 minutes chaque fois. De pra-
cervical étroit, etc.), inflammatoires,
tique difficile dans les cervicalgies aiguës, elles ont moins d’intérêt
post-traumatiques récentes (moins de
dans les formes chroniques. Il y a peu d’études informatives quant
6 semaines)
aux résultats de la méthode. Selon une revue Cochrane, on ne
Névralgie cervicobrachiale par hernie discale ou
ostéophytose
peut ni étayer ni récuser l’efficacité par comparaison à la trac-
Ostéoporose tion placebo, à la chaleur ou à d’autres traitements conservateurs
dans les formes chroniques [40] . Déficit neurologique, cervicalgies
Contre-indications Anticoagulation
secondaires, signes de souffrance médullaire, atteintes de l’artère
relatives Facteurs de risque vasculaires cervicocrâniens
vertébrale, formes post-traumatiques, et surtout majoration dou-
(estroprogestatifs, tabac, HTA, etc.)
Patient âgé
loureuse liée aux séances ou effets secondaires (céphalées, nausées,
Enraidissement important du rachis cervical pertes de connaissance) sont des contre-indications.
Contre-indications Non-respect possible des règles d’application Acupuncture
techniques fondamentales des manipulations vertébrales Une revue Cochrane [41] à travers dix publications de qualité
Absence de réalisation des tests vasculaires de méthodologique modérée concernant des cervicalgies chroniques
posture considère qu’il existe une preuve modérée de supériorité par rap-
Absence de radiographies port à un placebo ou un massage. Une efficacité apparaît dans
Non-indications Absence de dérangement intervertébral d’autres études à court terme.
Jeune âge (avant 15 ans)
Affection psychiatrique (névrose, etc.) Antalgiques, anti-inflammatoires non stéroïdiens,
Pathologie organique de voisinage (ORL, myorelaxants
neurologique, pulmonaire, etc.) Les bénéfices sont incertains [5] dans les formes aiguës où il n’y a
Fibromyalgie pas de preuve d’un intérêt des AINS et des antalgiques, et un effet
faible des myorelaxants, et dans les formes chroniques où ils sont
HTA : hypertension artérielle ; ORL : oto-rhino-laryngologique.
inférieurs aux exercices. On utilise en priorité des antalgiques de
niveau 1, éventuellement de niveau 2. Un myorelaxant, des anti-
dépresseurs tricycliques, des antiépileptiques sont parfois propo-
Méthodes sés de même que des hypnotiques. Les morphiniques sont à réser-
ver aux échecs et pour de courtes périodes seulement. Des AINS
Repos peuvent être prescrits, en tenant compte des contre-indications et
Sauf en période aiguë, il faut essayer de maintenir une activité de l’âge. En cas d’échec, on fait appel à la corticothérapie : 20 mg/j
normale toutes les fois où cela est possible car le repos n’a pas fait à 1 mg/kg par jour pendant dix jours. Les incertitudes sont encore
preuve d’une supériorité d’efficacité. La position à privilégier est plus grandes pour le coup de fouet cervical.
celle qui est la plus antalgique, souvent en position demi-assise
avec discrète surélévation des membres supérieurs. La position à Injections
plat ventre et l’utilisation d’un traversin la nuit sont déconseillées. Les études sont insuffisantes pour autoriser un degré élevé
de confiance quant aux résultats [42] . On peut réaliser des
Collier cervical
injections de points douloureux, des injections épidurales, des
Un collier cervical souple type C1 ou C2 suffit parfois à réduire injections atloïdoaxoïdiennes (arthropathies C1–C2 et névral-
les douleurs, mais sans trop de bénéfice à long terme [35] . En gies d’Arnold) [43] , des injections d’articulations zygapophysaires
fait, le port d’un collier a peu de place dans les cervicalgies avec un intérêt limité, en utilisant anesthésiques et corti-
chroniques communes. Surtout, il ne doit pas être conservé coïdes, parfois en association, parfois la toxine botulique A sans
longtemps compte tenu du risque théorique d’accoutumance et supériorité démontrée par rapport aux injections de sérum phy-
d’amyotrophie et surtout de son efficacité relative. Une semaine siologique. Seules les injections zygapophysaires et atlas/axis
paraît un maximum, sauf cas particuliers. latérales semblent pouvoir être utiles [43] .
Manipulations Physiothérapie
Contre-indiquées dans les phases hyperalgiques, il est impé- TENS, ionisations, ultrasons (augmentation locale de chaleur),
ratif de respecter les recommandations et les contre-indications ondes courtes, application de chaleur, laser pulsé, ondes électro-
de la Société française de médecine manuelle orthopédique et magnétiques athermiques, etc., ont été utilisés. Dans une revue
ostéopathique (SOFMOO) [36] . Sont considérées comme contre- Cochrane [44] , les thérapeutiques électriques apparaissent de peu
indications absolues : tumeurs, infections, fractures, entorses, d’intérêt avec des niveaux de preuves faibles ou très faibles.
NCB, pathologies de l’artère vertébrale, ostéoporose, et comme Les champs électromagnétiques pulsés, les stimulations magné-
contre-indications simples : hyperlaxité, pathologie inflamma- tiques répétées et les TENS pourraient montrer une supériorité par
toire, anticoagulation, tabagisme, estroprogestatifs, hypertension, rapport au placebo. Le courant galvanique, l’iontophorèse, la sti-
sujet de moins de 16 ans, auxquelles on peut ajouter pour la pré- mulation magnétique répétée, et un champ magnétique statique
vention des dissections artérielles une réaction indésirable à une ne réduisent pas la douleur ou les limitations d’activité. Aucun
précédente manipulation, le caractère récent de la cervicalgie, bénéfice supplémentaire ne découle de l’association de la stimu-
la femme de moins de 50 ans, etc. (Tableau 4) [36] . Quelques cas lation musculaire électrique à la mobilisation ou la manipulation.
d’accidents vasculaires graves ont été signalés : dissection artérielle Ultrasons, chaleur et froid n’ont semble-t-il pas été évalués. La
(vertébrale, carotidienne), lésions cérébrales, syndrome de Wal- méthodologie imparfaite des différents essais limite les conclu-
lenberg, etc. [37] . Une revue Cochrane [38] leur attribue une même sions et cantonne ces techniques à un rôle d’adjuvants.
efficacité que la mobilisation, que ce soit pour la douleur, la fonc-
tion, et la satisfaction des patients, avec une évidence de qualité Kinésithérapie
modérée. L’évidence est faible par rapport aux contrôles pour la L’intérêt des massages doux à visée antalgique et décontractu-
sédation rapide. Dans une étude bien conduite [39] , l’efficacité à rante complétés par une parafangothérapie paraît discutable. Ils
court et long termes pour des cervicalgies aiguës et subaiguës est doivent être utilisés avec d’autres techniques de kinésithérapie

EMC - Appareil locomoteur 7


15-831-A-10  Cervicalgie commune et névralgies cervicobrachiales

et ne pas constituer seuls la base du traitement. On préconise vertébrales, médecines alternatives sont inefficaces ; le collier est
aussi une rééducation de la mobilité cervicale avec tractions moins efficace que la pratique d’exercices [51] . Les manipulations
manuelles, techniques myotensives, étirements musculaires ainsi ont un niveau de preuve insuffisant ; elles sont contre-indiquées
qu’une rééducation proprioceptive avec couplage oculocervical au moins précocement. Des infiltrations zygapophysaires, cuta-
ou une rééducation musculaire active et une prise en charge nées de points-gâchettes, des essais de toxine botulique ont été
pluridisciplinaire [45] . Les exercices de recouplage oculocervical réalisés. Les techniques d’éducation ont un intérêt limité. La
ont paru à court terme avoir une supériorité sur d’autres types littérature actuelle est de faible qualité méthodologique et n’est
d’exercice mais sans réduction significative de la douleur. pas suffisamment homogène pour permettre le regroupement
La HAS recommande pour les cervicalgies communes la réali- des résultats des traitements pour les formes aiguës, subaiguës ou
sation de techniques de gain de mobilité (actives et passives), de chroniques.
rééducation oculocervicale et d’exercices actifs (contracté-lâché)
Torticolis aigu
avec un niveau de preuves de grade B [46] . Des données de qualité
faible à modérée corroborent l’utilisation d’exercices d’étirement Le traitement médical fait appel aux antalgiques, myorelaxants,
et de renforcement cervical et scapulaire spécifiques dans la cer- anti-inflammatoires, à la mise au repos, avec éventuellement port
vicalgie chronique immédiatement et à moyen terme, et dans les d’un soutien cervical. La kinésithérapie comprend en phase aiguë :
céphalées d’origine cervicale à long terme, avec une absence de thermothérapie, fangothérapie, électrothérapie antalgique, mas-
bénéfice pour les exercices d’étirement et de renforcement des sages doux de la nuque et de la région scapulaire.
extrémités supérieures et les programmes d’exercices généraux [47] .
Mésothérapie  Névralgies cervicobrachiales
Elle n’a guère été évaluée ; une publication montre des résultats
intéressants [48] . En l’absence de critères établis, la NCB se définit comme
l’association d’une douleur cervicale et d’une douleur de topogra-
Conditions d’activité phie radiculaire dans l’un ou les deux membres supérieurs. Il faut
Leur étude est souhaitable afin de préconiser une ergonomie séparer la douleur radiculaire causée par l’activation ectopique
fonctionnelle après la crise ; cependant les programmes éducatifs de fibres nociceptives, et la radiculopathie avec alors des signes
collectifs ou individualisés ne semblent pas réduire la douleur et neurologiques sensitifs et/ou moteurs déficitaires. L’affection est
il n’y a pas de preuve solide d’une efficacité [49] . fréquente, elle représente environ 10 % des hospitalisations en
rhumatologie et a des conséquences économiques. On distingue
Indications habituellement les NCB communes et les NCB symptomatiques.

Cervicalgies non spécifiques


La prise en charge est basée sur le repos, les antalgiques, les AINS,
Névralgies cervicobrachiales communes
la physiothérapie, des conseils d’adaptation et de récupération Les causes les plus fréquentes sont la hernie discale cervicale,
selon les besoins du patient [46] et la prescription de kinésithéra- et surtout le conflit radiculaire consécutif à un rétrécissement
pie avec massages, mobilisations passives et actives, étirements, dégénératif du foramen intervertébral. L’atteinte survient le plus
renforcement musculaire, proprioception (notamment avec tra- souvent au cours de la quatrième ou de la cinquième décennie de
vail oculocervical). la vie.
Dans la forme habituelle d’intensité moyenne, on utilise les
antalgiques de niveaux 1 ou 2. Dans les formes sévères on associe Épidémiologie et histoire naturelle
corticothérapie, kinésithérapie, tractions vertébrales.
Les publications concernent généralement des douleurs radicu-
Selon la classification en quatre niveaux de sévérité [13] : en cas
laires cervicales et non des radiculopathies.
de cervicalgie grade I ou II, il suffit de rassurer, contrôler la dou-
leur, de mobiliser précocement afin de prévenir l’incapacité à long
Physiopathologie
terme. Aucune investigation intensive n’est à proposer. Dans les
cervicalgies grade III, des investigations et parfois des traitements Dans la plupart des cas, la cause est un conflit discoligamen-
plus invasifs peuvent être nécessaires ; les cervicalgies grade IV taire (hernie discale cervicale), ou surtout une sténose osseuse du
nécessitent des investigations, un avis et un traitement neuro- foramen intervertébral liée à une arthrose cervicale [52] .
chirurgical rapides.
En phase aiguë, aucune méthode n’a montré une supériorité Évaluation
indéniable. De nombreux tests ont été proposés pour évaluer l’incapacité,
Les patients en phase chronique sont généralement des sujets son évolution, l’intérêt des moyens d’exploration, ainsi que la
d’âge moyen, souvent des femmes, n’ayant pas tiré de bénéfices de valeur des thérapeutiques proposées.
traitements multiples, parfois sous morphiniques, et surexplorés
sans que des traitements plus simples et pourtant efficaces comme Manifestations cliniques [53, 54] (Tableau 5)
l’exercice aient été essayés [50] . Ces patients sont susceptibles de
bénéficier d’une approche multidisciplinaire. Au stade chronique, Les marques distinctives de la radiculalgie cervicale sont la dou-
la prise en charge est semblable à celle de toute rachialgie chro- leur, le déficit sensitif, les troubles moteurs dans un territoire
nique. anatomique précis. La vérification de l’absence d’éléments de gra-
vité est essentielle : fièvre, frissons, perte de poids inexpliquée,
Cervicalgies du coup de fouet cervical douleur nocturne, immunosuppression, addictions, antécédent
Habituellement, les séquelles disparaissent après six à de cancer, etc.
12 semaines. L’évolution vers la chronicité, liée à de mul- • Un interrogatoire soigneux, indispensable en raison du nombre
tiples facteurs, pose de vraies difficultés. Les stades 4 et 3 avec élevé de diagnostics à écarter, conduit au diagnostic dans plus
signes neurologiques relèvent d’une prise en charge orthopé- de 75 % des cas. Douleur (70 % des cas), faiblesse musculaire,
dique ; le point important est l’existence ou non d’une instabilité engourdissements, paresthésies sont les manifestations les plus
qu’il faut explorer avec des clichés dynamiques avec à la clé une fréquentes. Ont une signification péjorative les antécédents
stabilisation chirurgicale. Dans les stades 1 et 2 habituels, il faut de radiculalgies, les paresthésies bilatérales, un âge de plus de
limiter les examens, éviter les prescriptions, les appareillages 50 ans chez la femme.
et le repos, conseiller le maintien de l’activité, et en cas de • L’examen du cou montre rarement un torticolis, le plus
chronicité, rester aussi simple et rassurant que possible en ne souvent on constate une limitation douloureuse de la mobi-
prescrivant que le minimum. Selon une revue Cochrane [42] , les lité avec raideur asymétrique. Il faut rechercher des zones
injections intraveineuses de corticostéroïdes administrées dans plus douloureuses : épineuses, gouttières vertébrales, articula-
les huit heures suivant le traumatisme semblent réduire la douleur tions uncovertébrales en latéroflexion–rotation, apprécier la
aiguë (un seul essai). Massages, application de chaleur, tractions contracture musculaire, la mobilité, généralement limitée pour

8 EMC - Appareil locomoteur


Cervicalgie commune et névralgies cervicobrachiales  15-831-A-10

Tableau 5.
Fréquence et topographie schématique des manifestations cliniques (d’après [54] ).
Racine Fréquence (%) Douleur Déficit sensitif Réflexes Motricité
C4 Partie haute du cou Partie basse du cou, épaule,
partie haute du bras. En « cape »
C5 2 Cou, scapula, épaule, partie Partie latérale du bras Bicipital Abduction de l’épaule
antérieure du bras Styloradial
C6 20 Cou, scapula, épaule, partie Partie latérale avant-bras, main, Bicipital Abduction épaule
latérale bras et avant-bras, 1er et pouce, index Styloradial Flexion avant-bras
2e doigts Pronation avant-bras
C7 70 Cou, épaule, partie latérale du Partie dorsale et latérale Tricipital Extension du coude
bras, scapula partie médiale, face avant-bras, main et 3e doigt Extension du poignet
d’extension de l’avant-bras
C8 8 Cou, scapula partie médiale, Avant-bras partie médiale, 4e , Ulnopronateur Doigts : abduction, adduction
partie médiale bras, avant-bras, 5e doigts et flexion
4e et 5e doigts

l’extension, la flexion latérale, la rotation du côté douloureux. perception de figures, à l’écriture, vibratoire, thermique, pro-
Certaines manœuvres aggravent la douleur ainsi que certains fonde. La perte de la sensibilité (24 % des cas) correspond à un
mouvements tels que la latéroflexion ou la rotation du côté dou- dermatome. C4 : partie basse du cou, épaule, partie haute du
loureux et extension, mais aussi la toux, les efforts de défécation bras ; C5 : partie haute du bras latéralement ; C6 : partie laté-
(signe de Déjerine). Le repos, membre supérieur en abduction rale de l’avant-bras et de la main, premier et deuxième doigts ;
avec la main sur la tête en rotation du côté opposé à la douleur C7 : partie postérieure et latérale de l’avant-bras et de la main,
a un effet antalgique. troisième doigt ; C8 : partie médiale de l’avant-bras, quatrième
• L’examen neurologique doit être précis. Il faut éliminer une et cinquième doigts. Les anomalies objectives sont le fait de
atteinte pyramidale : signe de Babinski, signe de Hoffman, l’atteinte de plusieurs racines, on les retrouve surtout en péri-
hyperréflexie des membres, rechercher un syndrome de Claude phérie, là où les dermatomes se chevauchent moins. Le déficit
Bernard-Horner, des signes cordonaux (signe de Lhermitte), les est rarement complet, il s’agit le plus souvent d’hypoalgésie
réflexes cutanés abdominaux. Une pathologie scapulaire doit ou d’hypoesthésie irrégulière, par places, concernant essen-
aussi être vérifiée. tiellement la sensibilité superficielle. Des zones musculaires
• Douleur radiculaire. Un facteur déclenchant est rare. La douleur plus dures ont une sensibilité accrue, leur pression déclenche
peut succéder à un épisode douloureux cervical et s’installer une douleur diffuse, irradiante. Elles correspondent à des
de manière rapide, avec alors habituellement des manifesta- zones de spasme ; elles sont difficiles à distinguer des bur-
tions sensitives au premier plan, ou insidieuse avec plutôt une sites, tendinites et fibrosites ; elles cèdent à une injection locale
combinaison de troubles sensitifs et moteurs. Son intensité anesthésiante.
doit être évaluée (échelle visuelle analogique [EVA]) de même • Déficit moteur. C’est un élément majeur, subjectif et objectif,
que ses conséquences : travail, conduite automobile, activités de la radiculopathie ; il peut, rarement, être seul présent. On
sociales, sommeil, céphalées, etc. L’horaire est mécanique mais constate les signes habituels de l’atteinte du neurone moteur
un réveil nocturne au changement de position ou un enrai- périphérique : faiblesse, atrophie et hypotonie musculaires, fas-
dissement matinal de courte durée sont tout à fait possibles. ciculations au moment de l’installation, parfois impressions de
Il faut s’enquérir de l’effet des différentes thérapeutiques déjà lourdeur, de raideur et de maladresse des doigts avec des trem-
utilisées. Flexion et rotation du cou, d’un côté ou de l’autre, blements, des spasmes musculaires, des crampes rarement. Il
compression axiale, sont susceptibles d’aggraver les douleurs, faut une appréciation comparative par rapport au côté sain,
particulièrement lorsque le rachis est en extension, ou de les et rechercher les conséquences pour les activités manuelles et
déclencher avec parfois une sensation d’électricité en particulier les mouvements fins, en tenant compte du fait qu’une part du
aux doigts. La traction axiale peut calmer. L’importance du phé- déficit musculaire est liée à l’appréhension de la douleur. Une
nomène initial ne préjuge en rien de l’évolution qui va se faire faiblesse musculaire non gênante dans l’activité quotidienne
habituellement avec des périodes de rémissions et de rechutes, avec difficulté ou impossibilité de certains mouvements (pous-
encore que certaines formes ne comportent qu’un seul épisode. ser, tirer, saisir) peut passer inaperçue. Une atrophie du muscle
Il est des formes aiguës (< 3 semaines), subaiguës (trois semaines deltoïde ou des muscles supra- et infraépineux oriente vers une
à trois mois), ou chroniques (> 3 mois). La douleur a une dis- atteinte C5 ou C6, du triceps brachial vers une atteinte C7, des
tribution myotomale au bras, à l’avant-bras, dans une bande muscles de l’éminence thénar vers une atteinte C8. Dans les
étroite, elle est très évocatrice lorsqu’elle se prolonge jusqu’aux rares atteintes des racines C2, C3, C4, il n’y a pas de déficit
doigts. C4 : partie haute du cou, trapèze ; C5 : cou, omoplate, moteur ; pour C5, le déficit porte sur l’abduction de l’épaule et
épaule, partie antérieure du bras ; C6 : cou, omoplate, épaule, la flexion du coude ; pour C6, l’abduction de l’épaule, la flexion
partie latérale du bras et avant-bras, premier et deuxième doigts ; du coude et la pronation de l’avant-bras, pour C7 l’extension du
C7 : cou, épaule, omoplate partie médiale, partie latérale du coude, l’extension du poignet et des doigts, pour C8 les flexion,
bras, face d’extension de l’avant-bras ; C8 : cou, omoplate par- abduction et adduction des doigts. Un testing musculaire avec
tie médiale, partie médiale du bras et avant-bras, quatrième et cotation de 0 à 5 établit l’importance du déficit. Généralement,
cinquième doigts. l’atteinte d’une seule racine (sauf s’il s’agit de la racine pré-
• Une douleur cervicale peut ou non être associée, son siège doit dominante), ne conduit qu’à une faiblesse et à une atrophie
être précisé ainsi que sa projection, fréquemment à la région partielles habituellement inférieures à 3 sur 5. Faiblesse et atro-
interscapulovertébrale, au bord interne de l’omoplate, parfois à phie peuvent être sévères en cas d’atteintes pluriradiculaires.
la fosse sus-épineuse (C6 ou C7). • Réflexes. L’absence, la diminution ou l’inversion d’un ou plu-
• Paresthésies (91 % des cas). Elles sont habituellement distales, sieurs réflexes au membre supérieur constitue le signe objectif le
intermittentes ou continues, plus ou moins associées à la dou- plus fréquent (72 % des cas). C5 : bicipital, styloradial, C6 : bici-
leur, à type de brûlures, d’engourdissement, de sensation de pital, styloradial, C7 : tricipital, C8 : palmaire, cubitopronateur
froid ou de gonflement, de maladresse, de perte de dextérité. dans certaines publications.
Elles ont une meilleure valeur que la douleur pour la localisation • Topographie. Des variations anatomiques peuvent exister, et le
topographique. chevauchement des dermatomes, particulièrement au niveau
• Troubles sensitifs objectifs. Leur recherche doit être minutieuse : proximal, rend les informations recueillies en périphérie plus
sensibilité à la piqûre, à l’effleurement, discriminatoire, à la contributives que les constatations proximales.

EMC - Appareil locomoteur 9


15-831-A-10  Cervicalgie commune et névralgies cervicobrachiales

Manœuvres–tests structure osseuse comme une ossification du ligament commun


vertébral postérieur ; elle montre bien les limites osseuses du
L’intérêt des manœuvres est surtout dans les formes frustes et
trou de conjugaison et la présence éventuelle à son niveau
pour le diagnostic différentiel.
d’ostéophyte agressif pour la racine. L’espace épidural et le couple
• Manœuvre de Spurling. L’examinateur effectue une pression
racine–veine sont mieux vus avec injection intraveineuse.
axiale sur la tête d’un patient assis, la tête inclinée du côté
symptomatique. Le test est positif si la manœuvre reproduit Image par résonance magnétique
la douleur radiculaire, confirmant l’origine cervicale. Le test
Elle est indiquée en cas de persistance après six à huit semaines
de Jackson – flexion latérale du cou et compression – est une
ou lorsque existent des signes de gravité. Elle montre bien la
variante.
moelle : morphologie et anomalies de signal. En imagerie T1, les
• Manœuvre de distraction. L’étirement de la tête diminue la
ostéophytes et les hernies discales apparaissent hypo-intenses et
douleur radiculaire.
se différencient mal des ligaments et de l’os. En imagerie T2,
• Manœuvre d’abduction de l’épaule. L’abduction passive
l’effet myélographique est particulièrement intéressant, et l’état
complète du côté symptomatique sur un patient assis diminue
du disque est mieux évalué. T2 fat sat ou short TI inversion recovery
la douleur radiculaire. La fiabilité est moyenne, la positivité
(STIR) améliorent la sensibilité de même que l’IRM dynamique.
serait associée à une incidence élevée de protrusions discales
L’injection de gadolinium est utilisée surtout en cas de recherche
molles.
de métastase ou d’infection. Elle est indiquée en cas de déficit
• Test de tension du membre supérieur. Sur un patient couché,
moteur ou de suspicion d’atteinte médullaire. Dans des cas parti-
bras placé sur le corps, l’examinateur place le bras en abduc-
culiers, la position tête en extension est plus informative, encore
tion, avant-bras en pronation et flexion, l’avant-bras est ensuite
qu’elle doive être interprétée avec prudence, particulièrement en
étendu et placé en supination et enfin, la main du patient est
cas de compression médullaire [62] . C’est l’examen de choix avec
placée en extension. Le test est positif si la douleur est repro-
une meilleure appréciation des tissus mous que la TDM, mais elle
duite à l’une ou l’autre étape.
sous-estime les anomalies osseuses, surestime les sténoses et la
• Manœuvre de Valsalva. L’augmentation de la pression intratho-
fréquence des anomalies asymptomatiques et des faux positifs est
racique par une expiration bouche fermée accroît la douleur.
élevée [63] . La séquence myélographique 2D est un outil supplé-
• Évaluation des manœuvres. Les évaluations ont été faites avec
mentaire simple enrichissant la sémiologie IRM rachidienne, qui
comparaison IRM ou TDM, ou électromyogramme (EMG) ou
paraît avoir un intérêt.
avec la myélographie [55] . Une haute spécificité apparaît pour
le test de Spurling, le test de distraction et la manœuvre de Myélographie et discographie
Valsalva ; le test de tension du membre supérieur a une haute La myélographie n’est plus guère utilisée que comme image-
sensibilité mais une basse spécificité. Aucun test n’a à la fois une rie préopératoire ; la discographie reste un test diagnostique pour
haute sensibilité et une haute spécificité [56] . Sensibilité et spé- certains.
cificité (IRM ou TDM) apparaissent équivalentes (95 %/94 %)
pour le test de Spurling dans un autre travail [57] . Ailleurs, avec
comparaison EMG, le test de tension apparaît comme un bon Explorations électriques [64]
outil de screening, le test de Spurling et le test d’abduction Électromyogramme
comme de valeur pour le diagnostic [58] . Pour les tests de Spur-
C’est l’examen le plus utile, mais il n’évalue que les fibres
ling, de traction–distraction, d’abduction et de Valsalva, la
motrices, ne détecte pas la perte axonale et ne donne que peu
sensibilité est modérée, avec une spécificité élevée. Pour le test
d’indications quant à la cause. On recherche au repos des poten-
de traction du membre supérieur, c’est l’inverse [56] . Compte
tiels de fibrillation, le plus souvent distaux, parfois absents, des
tenu du faible niveau de recommandation [59] , il est prudent de
ondes positives aiguës, et à l’effort un tracé neurogène avec ano-
les intégrer aux autres données. D’autres manœuvres existent,
malies du recrutement et polyphasisme avec amplitude accrue.
en particulier les tests neurodynamiques du membre supé-
Avec l’étude de six muscles dont un muscle paraspinal, la sen-
rieur [60] .
sibilité de l’EMG est de 94 à 98 %. L’exploration des muscles
• Un essai d’établissement d’une règle de prédiction clinique [61]
paraspinaux est plus sensible mais avec des faux positifs, parti-
a été proposé avec quatre items : test de Spurling, test de dis-
culièrement chez le sujet âgé. La spécificité est de 87 à 97 % si on
traction, rotation du cou ipsolatérale inférieure à 60◦ , et test de
retient comme significative une augmentation du polyphasisme
tension du membre supérieur. Avec quatre items, la spécificité
de plus de 30 %. Les anomalies apparaissent après trois semaines
est de 99 %, avec trois items elle est de 94 %.
d’évolution, plus précocement (10 j) au niveau paraspinal. Un
EMG négatif n’élimine pas un diagnostic de radiculopathie. Cou-
Imagerie plé aux mesures de vitesses de conduction nerveuse (VCN), il
Selon la HAS [32] , en cas de NCB commune, il y a un accord représente une aide importante pour le diagnostic différentiel,
professionnel pour des radiographies du rachis cervical (face, pro- en particulier pour la détection de syndromes canalaires et des
fil, trois quarts) à la recherche d’une cause autre que dégénérative. neuropathies.
IRM et TDM, de préférence avec injection de produit de contraste,
sont limitées aux cas d’évolution défavorable ou lorsque se pose Vitesses de conduction nerveuse
l’indication éventuelle d’un acte invasif (intervention percutanée Dans la radiculopathie pure, la VCN sensitive est normale
ou chirurgicale). compte tenu de la position du ganglion rachidien postérieur, mais
une situation proximale du ganglion peut expliquer une altération
Radiographies conventionnelles du neurone sensitif. Une atteinte marquée oriente plutôt vers une
On réalise habituellement un cliché antéropostérieur, un cli- plexopathie ou une atteinte périphérique : syndrome canalaire,
ché de profil et des clichés de trois quarts ainsi qu’un cliché de neuropathie généralisée, etc. La VCN motrice est normale sauf
l’apex pulmonaire en cas de radiculalgie C8–D1. Souvent réalisées, perte axonale sévère ou atteinte pluriradiculaire. Plusieurs niveaux
leur utilité est réduite avec une sensibilité et une spécificité faibles compressifs peuvent être associés (double/multicrush).
pour la détection de tumeurs, infections ou hernies discales. Elles
peuvent s’avérer normales chez des sujets radiculalgiques. Elles Réponses tardives
objectivent des pincements discaux et des rétrécissements du • Réflexe H. Il permet d’explorer les parties proximales et peut
canal de conjugaison dont la valeur prédictive est faible après détecter des anomalies précocement. Il paraît avoir un inté-
70 ans. Des clichés dynamiques peuvent avoir un intérêt en cas rêt lorsque l’EMG est normal avec des manifestations cliniques
d’instabilité cervicale. d’interprétation difficile.
• Ondes F. Dans l’étude des radiculopathies, elles ne permettent
Tomodensitométrie pas une localisation lésionnelle et leur sensibilité est faible. Elles
Considérée comme le gold standard pour la détection d’une sont surtout anormales dans les formes graves et pourraient
compression foraminale, elle dépiste toutes les anomalies de la avoir un intérêt en association avec l’EMG.

10 EMC - Appareil locomoteur


Cervicalgie commune et névralgies cervicobrachiales  15-831-A-10

• Potentiels évoqués somesthésiques (PES). Leur utilité pour le • Des radiculites infectieuses non compressives peuvent
diagnostic de radiculopathie cervicale est discutée. aussi s’observer : zona, rare à l’étage cervical, virus de
l’immunodéficience humaine (VIH), et borrélioses à tiques
Évaluation quantitative des troubles sensitifs (maladie de Lyme).
On recherche une réduction des seuils douloureux (allodynie),
une hyperalgésie (élévation des réponses à des stimulations supra- Diagnostic différentiel
liminaires) ; on quantifie un déficit sensitif (augmentation des
seuils de détection). L’augmentation de sensibilité de détection Irradiations mal systématisées
à l’effleurement et l’allodynie apportent des informations inté- La NCB ne doit pas être confondue avec les douleurs référées
ressantes dans les cervicobrachialgies chroniques, comparables à des cervicalgies communes au trapèze, à l’omoplate, à la fosse sus-
celles des blocs [65] . épineuse, ni avec la pathologie douloureuse de l’épaule (confusion
avec NCB C5), ni avec une épicondylite (confusion avec NCB C6).

Névralgies cervicobrachiales symptomatiques Plexopathies


Des atteintes plexulaires sont possibles au cours de cancers : can-
Elles ne regroupent qu’un petit nombre de cas (3 à 5,5 %) ; leur cer du sein, cancer régional, lymphome, et surtout cancer de l’apex
association éventuelle à une cervicarthrose peut retarder le diag- pulmonaire : syndrome de Pancoast-Tobias. La NCB C8-T1 est sou-
nostic. La recherche d’éléments de gravité est essentielle : fièvre, vent révélatrice, intense, permanente, avec syndrome de Claude
frissons, perte de poids inexpliquée, douleur nocturne, immuno- Bernard-Horner et sur les clichés : opacité du dôme pulmonaire,
suppression, addictions, antécédent de cancer, etc. Le diagnostic ostéolyse de la première et de la deuxième côte. La TDM permet
repose, particulièrement dans les formes rebelles, inquiétantes un bilan d’extension.
ou sévères, sur la mise en œuvre d’explorations complémen- Après radiothérapie (cancer du sein ou locorégional), une
taires. plexopathie peut apparaître, en moyenne trois à quatre ans
plus tard, avec faiblesse musculaire, douleur et troubles sensitifs
Causes rachidiennes objectifs.
Syndrome du défilé thoracobrachial
• Traumatismes. Ce peut être le facteur déclenchant d’une her-
nie discale cervicale et d’un conflit discoradiculaire : 15 % des La compression d’éléments vasculaires et/ou nerveux dans le
cas [66] . Il peut être à l’origine d’une fracture rachidienne ou triangle interscalénique, la pince costoclaviculaire et le tunnel du
d’une avulsion radiculaire (3 %). S’il s’agit d’une hernie molle, muscle petit pectoral réalise diverses formes symptomatiques. Il
l’IRM est l’examen de choix mais il y a des faux positifs ; sinon s’agit de douleurs de l’épaule et du bras et de paresthésies intermit-
la TDM est l’examen clé. tentes. Une atteinte plexique supérieure (C4–C7), ou inférieure
• Tumeurs. Les tumeurs malignes se manifestent par des dou- (C8–T1), associée à des atteintes veineuses ou artérielles avec
leurs intenses, d’installation progressive, avec atteinte de l’état diminution du pouls radial est possible. Les manœuvres de facili-
général, et tableau neurologique évolutif et aggravatif. Il s’agit tation sont souvent positives chez des sujets normaux : manœuvre
le plus souvent de myélomes, de maladies de Hodgkin, de d’Adson, test de Roos, etc. L’exploration comporte des radiogra-
métastases, ou de transformations : angiosarcome, maladie de phies standard avec dans les formes vasculaires dominantes un
Paget, etc. Les tumeurs bénignes sont rares : granulome éosino- Doppler, complété ou non par artériographie, phlébographie ou
phile, hémangiome, dysplasie fibreuse des os, ostéome ostéoïde, angioscanner et dans les formes neurologiques, une exploration
ostéoblastome habituellement de l’arc postérieur à proxi- électromyographique et électrophysiologique, surtout utile pour
mité des articulations zygapophysaires, avec radiculopathie le diagnostic différentiel. L’IRM dépiste la plupart des anomalies
isolée. anatomiques musculotendineuses.
• Rhumatismes inflammatoires. La polyarthrite rhumatoïde Amyotrophie névralgique de l’épaule (syndrome
comporte souvent une atteinte de la charnière cervico- de Parsonage et Turner)
occipitale avec un risque de radiculopathie C2, rarement des
C’est une plexopathie inflammatoire de cause inconnue. Les
compressions radiculaires C5 ou C6. Dans la maladie de Horton,
douleurs sont intenses au début puis décroissent pour laisser
de très rares radiculites, préférentiellement C5, ont été décrites.
apparaître une faiblesse musculaire, une importante amyotrophie
Dans les spondyloarthrites, des atteintes radiculaires post-
avec des hypoesthésies. Le diagnostic clinique est confirmé par
traumatiques ont été observées, ainsi qu’exceptionnellement
l’exploration électromyographique.
de véritables atteintes radiculaires cervicales.
• Affections métaboliques. Chondrocalcinose et goutte pro- Neuropathies tronculaires
voquent exceptionnellement des radiculalgies cervicales. L’exploration électrique est essentielle avec en particulier la
• Infections. Dans les spondylodiscites, la raideur rachidienne recherche d’anomalies de la conduction sensitive [67] .
est généralement importante avec un contexte infectieux. • Nerf suprascapulaire. Son étirement ou sa compression dans
Les arguments essentiels sont fournis par la biologie et par l’échancrure coracoïdienne ou en amont sont à l’origine de dou-
l’imagerie. leurs à la partie supérieure de la scapula, irradiant à l’épaule et
de paralysie des muscles supra- et infraépineux avec déficit de
Causes intrarachidiennes l’abduction et surtout de la rotation externe. L’amyotrophie de
la fosse infraépineuse est bien visible, celle de la fosse supraé-
• Tumeurs extradurales. Les neurinomes et méningiomes sont pineuse est longtemps cachée. Peut être confondu avec une
rares ; plus souvent il s’agit d’épidurites néoplasiques et lym- NCB C5.
phomateuses avec douleur radiculaire, amyotrophie, déficit • Nerf médian. Sa compression peut se produire dans le canal
moteur, et symptomatologie polyradiculaire parfois bilatérale carpien (cas le plus fréquent) avec paresthésies ou engourdisse-
avec signes médullaire. ment nocturne des trois premiers doigts et signes de Tinel et de
• Tumeurs intradurales extramédullaires. Méningiomes et neuri- Phalen. Peut être confondu avec une NCB C6, C7.
nomes sont à l’origine de douleurs intenses et tenaces, à prédo- • Nerf ulnaire. Compression dans sa gouttière (épicondyle
minance nocturne sans position antalgique. L’imagerie typique médial-olécrâne) : à l’origine de paresthésies des quatrième
sur les clichés standard du neurinome est l’élargissement du et cinquième doigts, d’hypoesthésie du territoire du nerf à la
trou de conjugaison en trois quarts. main, de déficit moteur des muscles intrinsèques de la main.
• Tumeurs intramédullaires. Dans la syringomyélie (cavité Confusion avec NCB C8. Le syndrome du canal de Guyon est
médullaire et non véritablement tumeur), des douleurs radi- très exceptionnel et seulement au cours de rares formes post-
culaires avec abolition de réflexes peuvent précéder les signes traumatiques.
médullaires, de la même façon qu’exceptionnellement pour les • Nerf radial. Il peut être comprimé dans la gouttière humérale
tumeurs intramédullaires neurologiques. (fractures de l’humérus et compression externe du bras) : déficit

EMC - Appareil locomoteur 11


15-831-A-10  Cervicalgie commune et névralgies cervicobrachiales

moteur de l’ensemble du territoire sous-jacent (muscles bra- avec la sclérose latérale amyotrophique. Les potentiels évoqués
chioradial et extenseur commun des doigts et extenseurs du moteurs, plus sensibles, permettent un dépistage infraclinique
carpe) avec respect du muscle triceps brachial et du réflexe tri- et un repérage de niveau.
cipital.
• Des compressions multiples le long d’un même nerf sont fré-
quentes : double sinon triple crush syndrome. Traitement
Myélopathie cervicarthrosique [68] Traitement médical
Chez un sujet avec étroitesse anormale du canal rachidien, une Le traitement des NCB communes est avant tout médical. De
cervicarthrose peut retentir sur la moelle cervicale. En flexion, très nombreux traitements sont proposés, souvent empiriques et
la moelle est menacée par un bombement discal et des ostéo- il n’y a pas de consensus établi.
phytes en avant, en extension par le ligament jaune en arrière Pour la plupart des techniques, le niveau de preuve est insuffi-
et le bord postérieur du corps vertébral en avant. Dans la phy- sant [59] .
siopathologie interviennent des phénomènes compressifs, des • Repos. Une activité normale doit être maintenue toutes les fois
microtraumatismes, des anomalies vasculaires (stase veineuse plus où cela est possible. La position la plus antalgique est souvent
qu’ischémie), et surtout des lésions d’étirement, conséquences la position demi-assise avec discrète surélévation des membres
de la cinématique anormale d’un canal étroit, dont les segments supérieurs, tête en position neutre. Position à plat ventre et tra-
C4–C5 et C6–C7 ont une mobilité accrue, alors que la mobilité au versin la nuit sont déconseillés. L’efficacité de ces mesures n’est
niveau du segment C3–C4 est significativement inférieure à celle guère démontrée.
observée chez des sujets normaux avec canal large [69] . Une accélé- • Collier. Un collier cervical souple est souvent proposé type C1 :
ration du processus arthrosique peut intervenir du fait de certains collier en mousse souple apportant un soutien léger, un effet
sports ou activités : facteurs dynamiques de souffrance médullaire. thermique décontracturant et un rappel de posture, ou C2/C3
Une part appartient aussi à des facteurs statiques : blocs rachidiens afin d’assurer une bonne contention, de limiter l’amplitude
congénitaux ou acquis, à côté de l’étroitesse anormale du canal. des mouvements et de réaliser une immobilisation plus ou
• Le début peut être aux membres inférieurs ou supérieurs en moins importante (C3 plus que C2). Il ne doit pas être conservé
règle après la cinquantaine, plus souvent chez l’homme avec longtemps compte tenu du risque d’accoutumance, et peut-
des troubles moteurs et/ou sensitifs d’installation insidieuse, être d’atrophie musculaire par inactivité. L’efficacité antalgique
parfois avec décompensation brutale après un traumatisme cra- n’est pas établie et il n’y a pas de preuve de supériorité d’un
niocervical mineur et des tableaux cliniques variables selon la type de collier sur un autre. Les colliers rigides sont souvent
présence ou non de troubles sphinctériens généralement peu mal tolérés, les colliers mous limitent peu la mobilité, les col-
marqués, et l’importance des manifestations motrices ou sensi- liers semi-rigides sont peut-être ceux à privilégier [70] . Avec un
tives, et de leur siège. niveau de preuve faible, un collier ne semble pas plus efficace
• Aux membres inférieurs, il peut s’agir de fatigabilité anormale que la physiothérapie à court terme ni que les tractions dans
à la marche, d’une démarche ataxique avec chutes fréquentes, une revue de 15 publications [71] .
d’une paraplégie prédominant à la racine améliorée au repos et • Manipulations. Bien que contre-indiquées [36] , certains ont pu,
accentuée à l’effort, de paresthésies très fréquentes, de troubles il est vrai dans une revue de chiropracticiens [72] , considérer qu’il
sphinctériens. Les réflexes sont vifs, parfois avec clonus. Il y a un s’agit « en toute prudence » d’une option thérapeutique. En fait
déficit moteur avec syndrome pyramidal et signe de Babinski, et les études valables sont rares.
classiquement signe de Lhermitte. Les troubles sensitifs objec- • Tractions vertébrales. On admet généralement qu’elles sont effi-
tifs souvent absents ou discrets ont une limite supérieure floue, caces [59] , peut-être davantage si elles sont intermittentes. Dans
variable d’un examen à l’autre. Les réflexes cutanés sont abolis. une courte série où elles sont combinées avec le port d’un col-
• Aux membres supérieurs les signes sensitifs subjectifs lier, une réponse est obtenue dans 75 % des cas [73] .
à type de paresthésies des mains parfois très pénibles, • Acupuncture. L’efficacité paraît meilleure qu’avec les massages
d’engourdissements, ou de pertes d’agilité sont fréquents. Les et dans une revue Cochrane [41] , une amélioration modérée mais
troubles moteurs déficitaires s’accompagnent d’amyotrophie et significative par rapport au placebo dans des cervicalgies chro-
de fasciculations, avec diminution, abolition ou inversion de niques avec radiculalgies est signalée à court terme : moins de
réflexes ostéotendineux. Un signe de Hoffmann est fréquent. trois mois.
Les signes sensitifs objectifs sont discrets ou manquent. Les • Antalgiques, myorelaxants, AINS. Leur but est de diminuer
signes cervicaux rachidiens sont souvent discrets ou absents. les symptômes et les limitations ; leur prescription doit être
• L’évolution, difficile à prévoir, est parfois rapide, sur un adaptée à chaque cas. On utilise en priorité les antalgiques de
mode continu (20 %), ou discontinu par étapes (75 %), vers niveau 1 ou 2, parfois un myorelaxant ou un hypnotique. Les
l’aggravation, avec parfois de longues périodes de stabilisation. AINS sont justifiés en phase aiguë en tenant compte des contre-
Plusieurs index permettent un suivi. indications et de l’âge, mais pas dans les formes chroniques. En
• Les radiographies standard montrent la cervicarthrose et cas d’inefficacité, on fait appel à la corticothérapie à des doses
peuvent dépister des anomalies telles que des blocs cervicaux d’attaque de 20 mg/j à 1 mg/kg par jour, devant être réduite
congénitaux. La TDM est indiquée pour l’étude du canal : ensuite. Tramadol et morphiniques sont à réserver aux échecs
étroit ou rétréci si le diamètre antéropostérieur mesure moins et pour de courtes périodes seulement ; ils ont une bonne effi-
de 13 mm au niveau de la zone de rétrécissement maximal cacité comme dans les autres douleurs neuropathiques, surtout
(C5–C6/C6–C7). L’IRM est l’examen de choix. Plus performante à moyen terme [74] . La prégabaline paraît efficace [75] de même
que la TDM, elle apprécie les dimensions du canal rachidien, les que la gabapentine.
saillies disco-ostéophytiques, les hypertrophies postérieures des • Injections. Les infiltrations épidurales sont pratiquées dans
ligaments jaunes et des capsules articulaires postérieures, ainsi la littérature le plus souvent par voie interlamaire (peu uti-
que les anomalies du signal intramédullaire (hypersignal en lisée en France), ou par voie juxtaforaminale (plus exposée).
T2) témoignant d’une myélomalacie. Elle montre aussi en hau- Les deux techniques ont été responsables d’un petit nombre
teur l’étendue du processus arthrosique, et permet d’éliminer de complications, généralement mineures, mais aussi parfois
une cause compressive extrinsèque autre. Myélographie et myé- dramatiques en cas de piqûre de l’artère spinale antérieure,
loscanner ne sont indiqués qu’en cas de contre-indication à de la vertébrale, d’artères foraminales à destination médul-
l’IRM. laire, ou de la moelle [76, 77] . Les risques d’accidents ont été
• Explorations électriques. L’EMG montre des signes neurogènes réduits avec l’utilisation de techniques guidées. Des recom-
périphériques non spécifiques, plutôt d’allure radiculaire que de mandations ont été faites par l’Agence nationale de sécurité
corne antérieure. Il est utile pour un diagnostic différentiel avec des médicaments et des produits de santé (ANSM) [78] qui
la sclérose en plaques alors que les potentiels évoqués somesthé- les considère comme une alternative au traitement chirurgi-
siques toujours perturbés au membre inférieur, moins souvent cal après évaluation du rapport bénéfice/risque dans les NCB
au membre supérieur, sont utiles pour un diagnostic différentiel évoluant depuis plusieurs mois et résistantes au traitement

12 EMC - Appareil locomoteur


Cervicalgie commune et névralgies cervicobrachiales  15-831-A-10

Tableau 6.
Synthèse des différentes techniques en fonction des voies d’abord ainsi que leurs spécificités et leurs complications.
Techniques chirurgicales Voie antérieure Voie postérieure
Gestes de décompression Dissectomie, uncussectomie corporectomie (deux disques) Foraminotomie–laminoplastie
Un espace discal (ou deux ou trois) Double corporectomie (trois disques) Laminectomie
Lamino-arthrectomie
Gestes de stabilisation Cage intersomatique Ostéosynthèse (vis ou crochets)
Entre deux vertèbres (trois ou quatre) Plaque d’ostéosynthèse
Prothèse de disque
Gestes de correction de courbure Cage intersomatique antérieure Ostéotomie postérieure
Entre deux vertèbres (trois ou quatre) Exceptionnelle
Indications Hernie discale molle Canal cervical étroit (deux à cinq niveaux)
Hernie discale dure Hernie discale foraminale extraligamentaire
Canal cervical étroit un à deux niveaux
Complications liées à l’abord Dysphagie Brèche de dure-mère
chirurgical Hématome cervical suffocant Lésions musculaires
Lésion du nerf récurrent Lésion médullaire
Lésion de la chaîne sympathique Déstabilisation
Lésion œsophagienne Perturbation de l’équilibre sagittal (cyphose
Lésion trachéale cervicale)
Plaie de l’artère carotide
Plaie de la veine jugulaire
Autres complications Pseudarthrose Pseudarthrose
Cal vicieux Cyphose cervicale
Syndrome de dégénérescence adjacente Paralysie de C5 par recul des structures
Cyphose cervicale (si dissectomie sans fusion) [108] neurologiques
Résultats Dissectomie avec ou sans arthrodèse aussi efficace Laminoplastie ou foraminotomie
93 % de fusion [107] 91 % bons résultats sur la radiculopathie [90]
Prothèse discale équivalente à l’arthrodèse [106]

médical bien conduit ; en précisant que leur efficacité n’a pas musculaire réduisent à court terme la douleur dans les radicu-
été formellement démontrée et qu’il existe un risque d’accident lalgies aiguës, avec un niveau de preuve faible. Ils pourraient
vasculaire cérébral potentiellement fatal et d’infarctus médul- trouver une justification dans la constatation d’anomalies de
laire. L’ANSM souligne l’importance d’informer le patient du l’endurance de plusieurs muscles cervicaux en cas de radiculo-
risque de tétra/paraplégie inhérent à la réalisation de ce type pathie cervicale [83] .
d’injection, de ne pas cathétériser les foramens cervicaux afin
de rester à distance d’éventuelles artères à destinée médullaire,
Traitement chirurgical
d’éviter de réaliser une injection radioguidée sur rachis opéré,
car les complications y sont moins rares. Si on y recourt, il est Il ne se conçoit qu’après un échec du traitement médical bien
important de se cantonner aux principes actifs bénéficiant de conduit ou bien en cas d’indication de chirurgie en urgence quelle
l’autorisation de mise sur le marché (AMM) dans cette indica- qu’en soit la cause (dégénérative, tumorale, infectieuse ou trau-
tion. Cependant, bien que plusieurs études soient en faveur de matique). Pour le traitement chirurgical, nous nous limitons au
leur efficacité avec un effet à court terme et également prolongé traitement chirurgical de la NCB commune.
sans différence significative selon le produit [79] , bien supérieur Le traitement chirurgical doit répondre à l’analyse étiologique
à celui obtenu par une injection dans les muscles du cou [80] , avec trois composantes principales : la sténose, l’instabilité et la
dans une étude contrôlée, par voie interlamaire, à deux ans, déformation du rachis cervical. L’objectif thérapeutique est donc
une efficacité sur la douleur et la fonction supérieure à 50 % composé d’une décompression, d’une stabilisation et d’une cor-
est constatée chez 68 % des malades traités par anesthésique rection de la déformation si nécessaire.
et corticoïde, contre 72 % chez ceux traités par anesthésique La voie d’abord est ensuite déterminée en fonction de la posi-
seul [81] . Ces données doivent faire réfléchir sur l’intérêt de ces tion de la compression, de la technique de fixation et du besoin
injections, et sans doute comme le suggère Wybier [43] , conduire de correction sagittale ou frontale. Elle peut être réalisée par voie
au choix de les éviter. Les infiltrations intradiscales, également antérieure, par voie postérieure ou les deux par une double voie
efficaces, seraient à l’origine de 40 % de succès, mais comportent combinée.
un risque de spondylodiscite [43] .
• Physiothérapie. Les techniques utilisées sont les mêmes que Voie d’abord
pour les cervicalgies ; elles semblent de peu d’intérêt avec des Voie antérieure. C’est la voie classique, de pratique quoti-
niveaux de preuve faibles ou très faibles. On peut cependant dienne ; elle comprend une cervicotomie antérolatérale et plus
y recourir en cas de persistance de limitations ou d’incapacité, précisément une voie pré-sterno-cléido-mastoïdienne dans la
de faiblesse musculaire, de douleurs, ainsi qu’à des exercices majorité des cas, décrite par Cloward ou Smith en 1958 [84, 85] .
d’étirement musculaire : paraspinaux, muscles de l’épaule, etc. Elle implique la traversée prudente de l’axe aérodigestif
• La technique des radiofréquences pulsées pratiquées au voi- et jugulocarotidien avant d’atteindre le disque par l’avant. Il est
sinage du ganglion radiculaire postérieur pourrait avoir chez nécessaire de retirer le disque complètement avant d’atteindre
certains une efficacité, significative à trois mois, avec une réduc- l’espace périmédullaire ou foraminal, ce qui constitue le pre-
tion significative des prises d’antalgiques à six mois dans les mier geste de décompression : la dissectomie. Cette voie d’abord
formes chroniques, sans effet secondaire [82] . peut être réalisée en regard d’un, deux ou trois niveaux en fonc-
• Kinésithérapie. Des massages doux à visée antalgique et décon- tion des besoins. Il est décrit dans la littérature des méthodes
tracturante complétés par des applications locales de chaleur, « mini-invasives » avec des systèmes endoscopiques qui cherchent
des mobilisations cervicales passives prudentes, puis actives, à diminuer les effets iatrogènes de la voie d’abord chirurgicale,
sont généralement proposés. Les exercices de renforcement principalement liés à la voie d’abord [86–89] (Tableau 6).

EMC - Appareil locomoteur 13


15-831-A-10  Cervicalgie commune et névralgies cervicobrachiales

Voie postérieure. Elle est classique également, mais réservée peut être réalisée par voie postérieure ou double voie avec des
le plus souvent aux compressions médullaires ou à prédominance ostéotomies postérieures dans le cadre des cyphoses cervicales
postérieure ou impliquant plus de trois niveaux intervertébraux. rigides (spondyloarthrite ankylosante ou cal vicieux secondaire
Elle comprend une cervicotomie médiane postérieure. Il ne à une fracture) [103, 104] mais exceptionnellement pour une NCB
s’agit pas ici de décrire les techniques de laminotomie ou de commune.
laminectomie plus fréquemment utilisées dans la myélopathie
Résultats
cervicarthrosique que dans la NCB commune, mais plutôt de la
foraminotomie postérieure qui permet l’exérèse d’une hernie dis- Concernant les résultats à court terme, la résection de la hernie
cale par voie postérieure sans risque lié à la voie d’abord antérieure, discale avec ou sans arthrodèse antérieure est à l’origine de bons,
peu utilisée en Europe. Cela peut être réalisé de manière mini- voire excellents résultats dans 66 à 90 % des cas sur la radiculo-
invasive endoscopique ou avec l’assistance d’un microscope [90–94] . pathie dans la littérature internationale [99, 100, 105] . La dissectomie
Chaque voie d’abord comprend des risques opératoires spé- isolée semble amener un taux plus élevé de cyphose postopéra-
cifiques (Tableau 6) mais aucune voie d’abord n’a prouvé sa toire, pouvant aller jusqu’à 55 % des cas. L’arthrodèse antérieure
supériorité sur une autre car cela reste une question d’école et limite ce risque, et la fusion est obtenue dans plus de 90 % des
de stratégie chirurgicale ou de cas particuliers. cas [105] . En revanche, il existe des facteurs prédictifs classiques en
pathologie rachidienne (positifs ou négatifs) avec de bons résul-
Décompression tats lorsqu’il y a une bonne concordance anatomoclinique, mais
Voie antérieure. C’est le geste de référence pour retirer une parfois de moins bons résultats en fonction du statut socioprofes-
hernie discale, le gold standard ; il permet la libération radicu- sionnel (contexte médicolégal ou accident du travail), du bénéfice
laire grâce à une dissectomie isolée dans le cas des hernies discales secondaire, du statut neurologique préopératoire [101] .
molles [95] . Une corporectomie peut être indiquée pour atteindre Concernant les résultats à long terme, en l’absence de
deux espaces adjacents. L’ablation du ligament commun vertébral complications, le résultat postopératoire est quasi immédiat sur
postérieur est souvent recommandée. Ce geste peut être associé la radiculalgie et plus ou moins différé sur la cervicalgie. La dif-
à la résection des uncus et des ostéophytes lorsque le complexe férence entre arthrodèse cervicale et prothèse cervicale n’est pas
ostéophytique est prédominant dans le foramen dans le cas des encore démontrée dans la littérature [106] .
hernies discales dures [96] . Concernant les complications, à court terme, chaque geste
Voie postérieure. Elle associe une arthrectomie partielle et présente sa propre morbidité en fonction de la voie d’abord
une foraminotomie. Ceci consiste à agrandir une partie du canal (Tableau 6). À moyen terme, on peut aboutir à une pseudarthrose
vertébral et ainsi augmenter l’espace périmédullaire tout en reti- ou à un cal vicieux, à une cyphose postopératoire.
rant le fragment de hernie discale exclu dans le canal vertébral, À long terme, la pseudarthrose semble plus fréquente dans les
mais c’est une technique moins répandue en Europe pour la NCB arthrodèses à plusieurs niveaux [107] ; le syndrome de dégénéres-
commune par hernie discale. Elle est plus fréquemment utilisée en cence adjacente à l’arthrodèse est décrit au niveau cervical, ou
Asie et doit être réservée aux équipes entraînées, ou en deuxième encore une ossification hétérotopique est décrite pour les pro-
intention [90–94] . thèses discales [102, 105, 108] .
Stabilisation La chirurgie de reprise est une chirurgie difficile qui nécessite
une analyse des paramètres responsables de l’échec à court ou long
Antérieure. L’arthrodèse est la technique de stabilisation la
terme [109] .
plus répandue dans le monde, malgré les bons résultats, décrits par
Pointillart, des libérations simples sans arthrodèse [95] . La fixation
primaire de l’espace intersomatique opéré se fait habituellement Indications
par cage intersomatique isolée ou maintenue par une plaque Un traitement médical (repos, anti-inflammatoires, antal-
d’ostéosynthèse [96] . Cette fixation est pérenne dès l’obtention de giques, voire corticothérapie par voie orale ; collier cervical)
la fusion intervertébrale (greffe autologue, allogreffe, ou substituts est toujours préconisé en première intention. Dans la forme
osseux), permettant de pallier à un certain degré d’instabilité et habituelle d’intensité moyenne, on recourt à la prescription
de déséquilibre mais au prix de complications propres [97] . d’antalgiques de niveaux 1 ou 2, ou morphiniques, selon la
Plus récemment introduites, les prothèses de disque interver- sévérité de la douleur. Dans les formes sévères, on associe cortico-
tébral inspirées du remplacement discal lombaire auraient pour thérapie, kinésithérapie, tractions vertébrales. La plupart des NCB
avantage de préserver la mobilité du rachis cervical en flexion guérissent en quatre à six semaines. Il est important d’éliminer la
et extension et ainsi de protéger la dégénérescence des étages possibilité d’une NCB symptomatique. En cas d’inefficacité, après
adjacents, mais sa supériorité vis-à-vis de l’arthrodèse cervicale deux mois, une solution chirurgicale est à envisager. Un recours
antérieure n’est pas encore démontrée dans la littérature [98–102] . à la chirurgie est à discuter dans les formes avec déficit moteur
Ceci est probablement lié au fait que le geste efficace sur la sympto- important, ou évolutif, mais même dans ces cas, l’abstention chi-
matologie clinique est la décompression initiale à la stabilisation. rurgicale n’empêche pas une possible évolution favorable et une
Postérieure. L’arthrodèse postérieure est rarement retenue, récupération complète.
surtout dans le cas d’une chirurgie sur un étage, mais en cas
de décompression trop large avec arthrectomie, il est préférable
d’associer un geste de stabilisation par une ostéosynthèse posté- Déclaration d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts en
rieure par vis articulaires ou par crochets sus- ou sous-lamaires. relation avec cet article.
Choix. Entre arthrodèse ou prothèse discale, cela reste encore
une question d’école mais les deux techniques sont sûres et les
résultats sont comparables puisque la décompression est iden-  Références
tique. C’est le mode de stabilisation qui change, sans preuve
actuelle de la supériorité de l’un sur l’autre [100] . [1] Guzman J, Hurwitz EL, Carroll LJ, Haldeman S, Côté P, Carragee
Le choix de la voie d’abord reste une question d’école, même si EJ, et al. Bone and Joint Decade 2000–2010 Task Force on Neck
la voie antérieure est beaucoup plus diffusée dans le monde [99] . Pain and Its Associated Disorders. A new conceptual model of neck
L’immobilisation par collier reste encore débattue mais celui-ci pain: linking onset, course, and care: the Bone and Joint Decade
n’est pas recommandé pour les prothèses de disque cervical. 2000–2010 Task Force on Neck Pain and Its Associated Disorders.
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Correction de courbure [2] Fouquet B, Doury-Planchout F. Whiplash actualités. Rev Rhum
Il est rare de planifier en plus de la décompression et de la 2013;80:67–71.
stabilisation une correction de courbure cervicale, mais elle peut [3] Hoy D, March L, Woolf A, Blyth F, Brooks P, Smith E, et al. The
s’envisager par voie antérieure à l’aide d’implants lordosés (plus global burden of neck pain: estimates from the Global Burden of
hauts en avant qu’en arrière), redonnant quelques degrés de lor- Disease 2010 study. Ann Rheum Dis 2014;73:1309–15.
dose cervicale perdus par la dégénérescence discale cervicale et [4] Borghouts JA, Koes BW, Vondeling H, Bouter LM. Cost-of-illness
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Cervicalgie commune et névralgies cervicobrachiales  15-831-A-10

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C.-H. Roux, MD PhD (ROUX.C2@chu-nice.fr).


Service de rhumatologie, Hôpital Pasteur 2, 30, voie Romaine, CS 51069, 06001 Nice cedex, France.
Laboratoire Motricité Humaine Éducation Sport Santé (LAHMESS) EA6309, Université de Nice Sophia Antipolis, 261, boulevard de Mercantour, 06205 Nice
cedex, France.
N. Bronsard, MD PhD.
Service de chirurgie rachidienne orthopédique et traumatologique, Hôpital Pasteur 2, 30, voie Romaine, 06001 Nice cedex, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Roux CH, Bronsard N. Cervicalgie commune et névralgies cervicobrachiales. EMC - Appareil locomoteur
2016;11(2):1-17 [Article 15-831-A-10].

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